- Quelque chose a changé
- Louis -
Dès le premier œil ouvert, je m'arrache des bras de Loriane pour rentrer.
Elle est un peu boudeuse quand je déambule dans sa chambre pour me rhabiller, mais elle a la décence de ne pas râler, car je lui ai accordé une soirée en laissant mon invitée seule. Loriane était triste, inquiète, mais avec l'aide d'un bon restaurant et d'une tendre nuit, j'espère que je suis parvenu à la rassurer.
Jusqu'au dernier moment, j'espère qu'elle montera prendre le petit déjeuner que j'ai acheté sur la route avec nous, mais non, elle campe sur ses positions et ne veut toujours rien entendre. La voiture fait demi-tour.
Aucun son ne me parvient de la porte d'entrée, c'est même encore fermé à clefs. J'ouvre doucement et quelle est ma surprise lorsque je découvre un Harry profondément endormi sur le matelas par terre.
Que fout-il dans le salon ? Sur le matelas de Carrie ?
La principale intéressée me fait des signes de la main depuis la terrasse ensoleillée. Je l'y rejoins, non sans jeter un autre regard circonspect sur Harry. Elle me tends avidement les bras, nous nous serrons tendrement, puis elle retire ses longues jambes de l'autre chaise pour que je m'y asseye.
Sincèrement, je n'en reviens pas de la trouver aussi radieuse. Moi qui redoutais de la laisser seule avec lui, finalement c'était une bonne idée.
Elle me raconte la délicieuse soirée qu'ils ont passé, puis leur discussion dans le salon, jusqu'à ce qu'Harry s'endorme et qu'elle lui vole le canapé. Ma bouche ne s'est pas fermée, je peine à le croire même si les faits sont là, sous la forme d'un brun en jogging étalé par terre. C'est mon tour de parler, j'ai une super nouvelle à lui annoncer.
— Les trois garçons nous rejoignent ? C'est vrai ?
— Oui, j'ai eu la confirmation de Liam hier soir. Ils prennent la route demain, on organisera une super fête tous ensemble.
Elle tape dans ses mains avec excitation, moi aussi je suis impatient. C'est à ce moment qu'Harry déboule sur la terrasse en frottant son visage endormi. Je lui claque les reins pour le saluer, lui me secoue les cheveux avant de se pencher fouiller le sachet de la boulangerie. Je ne peux contenir ma reconnaissance plus longtemps.
— Au fait mec, merci d'avoir emmené Carrie voir le film, elle m'a dit qu'elle avait adoré.
Son sablé s'immobilise devant sa bouche tandis qu'il jette un regard en biais sur la blonde, qui a baissé le nez sur son mug.
— T'as adoré, répète-t-il de sa voix rauque du réveil. Cool. On retournera le mater alors.
L'intéressée manque s'étrangler dans son chocolat chaud, Harry lui, étire un sourire infect. J'ai doucement froncé les sourcils face à cette scène qui m'échappe, mais ce qui me perturbe le plus, c'est que je ne ressens plus aucune animosité entre eux. C'est bizarre.
— On va aux cascades aujourd'hui ? Fais-je en me reprenant.
Les yeux de Carrie s'illuminent à cette annonce. Harry toujours debout contre la table, nous scrute tour à tour, avec son habituel recul.
— C'est toi qui va conduire jusqu'à là-bas Harry ? Lance alors la blonde d'une voix sûre.
Il cesse de mâcher son croquant pour soutenir son regard. Là encore, il se passe un truc, ils échangent des mots silencieux.
— Evidemment ouais, marmonne-t-il. Louis roule comme une grand-mère, on mettrait trois heures à y aller.
— Tu roules vite... faut que je m'attache les cheveux.
— Vu que t'as la même coupe que les Playmobils je pensais que tu pouvais les retirer.
La main de Carrie imite une bouche qui cause dans le vent, ça le fait ricaner. Il fait ensuite mine de lui renverser la chaise en arrière pour la faire crier, puis il disparait dans le salon.
Moi je suis prostré sur ma chaise, totalement sonné. J'ai l'impression de m'être trompé d'appartement en revenant ce matin, non pire, trompé de réalité.
Qu'est-ce qu'ils s'est passé pendant mon absence ?
Une heure plus tard, nous sommes prêts à partir. Carrie meurt d'impatience contre la vieille Américaine, secouant son sac de plage en osier rempli de milliers de choses dont elle ne se servira pas. Harry attrape les deux guitares que je lui tends puis les range dans le coffre sur les serviettes. Il prend place au volant, moi j'ouvre le siège pour laisser monter Carrie puis m'installe. Il démarre trop brusquement, nous obligeant à nous accrocher aux portières en gueulant lors de son demi-tour.
Nous voilà partis sous ce soleil de plomb. J'ouvre la boite à gant et donne la casquette de base-ball à Carrie, qui retient piteusement les cheveux qui lui fouettent le visage. Harry abaisse ses lunettes puis allume le poste, il choisit de vieilles musiques acoustiques qui rappellent le soleil et la plage, plages que nous n'avons pas dans cette région, mais qui sont remplacées par des lits de rivière aux bassins naturels magnifiques.
La route file, la musique des Beach Boys enchaîne, j'en tape le rythme de ma main sur la carrosserie. À travers le miroir du pare-soleil, je réalise tout à coup que Carrie est en train de danser. Ses bras sont levés, elle les fait lentement bouger tout en ondulant le buste. Ses mains frôlent sa nuque immense puis repartent dans leur ballet envoutant, c'est tellement beau, il émane une telle grâce de ses mouvements.
Je donne alors un coup de coude discret à Harry, qui pivote les lunettes vers les miennes. Je pointe le rétroviseur du menton, il décale la tête pour regarder et ne bouge plus durant de longues secondes lui aussi, jusqu'à ce qu'il repose son attention sur sa conduite.
Après une bonne heure à sillonner la petite montagne, nous atteignons enfin le parking sauvage. Quelques voitures sont garées de çà et là, mais ça semble plutôt calme aujourd'hui. Nous virons les t-shirts et passons les lanières des guitares sur le dos avant de nous lancer dans le sentier terreux. C'est Harry qui ouvre la marche pendant que j'explique le lieu à Carrie, lui repoussant les branches ou les feuilles du passage.
Rapidement nous percevons le bruissement de l'eau, sauf qu'il y a des voix et des rires aussi, alors Harry bifurque dans l'autre sens sans même que l'on ne puisse s'approcher du premier bassin.
Lors de la vérification du second, Carrie peut au moins découvrir le sublime paysage du haut des rochers. Elle souffle d'émerveillement en contemplant cette grosse piscine naturelle d'un vert clair alimentée par des rapides, le tout protégé d'une végétation impénétrable. Une dizaine de personnes nagent ou sont étalées sur les pierres lisses, ce qui fait malheureusement dix personnes de trop pour notre chanteur asocial qui nous traine dans les feuilles à nouveau.
L'expédition reprend, et elle s'avère plus difficile maintenant puisqu'il n'y a plus de sentier. Harry vise les plus petits bassins, ceux à l'accès compliqué qui rebutent la majorité des personnes. Carrie a un peu de mal à suivre, je lui tends inlassablement la main pour l'aider à grimper la roche, et je suis agréablement surpris par sa patience et sa nature agréable. Loriane nous avait littéralement maudit et avait râlé tout le trajet.
Les feuillages s'écartent enfin, nous sommes arrivés. Nous nous postons tous les trois au bord de la petite falaise, là où la cascade jaillit puis dégringole dans les failles sombres de végétation, comme une sorte grotte qui se referme sur elle-même. L'accès à l'eau semble impossible, mais nous connaissons bien le lieu et avançons prudemment à travers les méandres de roches et de plantes grimpantes, jusqu'à arriver au fameux trou.
Cette enclave n'est connue que par très peu de personnes, souvent des grimpeurs ou des fous de sensations fortes. Nous déposons les affaires tout autour, lorsque Carrie émet un couinement inquiet. Elle regarde Harry qui s'approche du trou, puis crie de panique lorsqu'il se balance dans le puit sombre. Il n'y a plus aucun bruit pendant quelques secondes, puis nous entendons son corps frapper l'eau six mètres plus bas. Son cri rauque résonne contre les parois, j'en souris et me penche regarder.
Il nage tout au fond dans les eaux sombres, puis s'accroche à la mousse pour entrer la tête dans le flot de la cascade. Je me suis toujours dit que cet endroit lui ressemblait, il est mystérieux, impénétrable, sauvage.
Accrochée à mon maillot de bain, Carrie se mord la lèvre avec envie.
— Vas-y, lui dis-je, ça craint rien !
— C'est trop haut, se lamente-t-elle.
— C'est ça qui est génial !
Harry qui nage en surplace, lève le visage vers nous. Son cri retentit le long des parois humides.
— Allez saute Carine !
La pauvre hésite beaucoup, c'est normal, ça impressionne. Malgré tout elle retire sa tunique, me laissant redécouvrir ce joli corps de danseuses classique que je n'avais plus vu depuis longtemps. Ce maillot rouge noué à la nuque et aux hanches lui va à merveille, il souligne cette silhouette fine aux formes encore timides, à la fois innocente et sensuelle.
Voilà que j'en frissonne, m'étonnant encore d'éprouver cette douce attirance comme l'année passée.
Petite poupée tu me perturbes.
Avec les autres femmes c'est limpide et immédiat, soit elles m'excitent soit elle ne m'excitent pas. Carrie elle, c'est différent. Je ne sais pas du tout ce que je ressens en sa présence et je me pose toujours plein de questions.
Comment est-elle dans l'intimité ? Comment réagit son corps sous celui de Fabien ? Est-elle aussi douce et fragile qu'elle semble l'être ?
— J'ai pas pieds hein ?!
Sa plainte m'arrache de mes pensées peu glorieuses, j'en ai honte.
— Si je nage c'est que forcément t'as pas pieds débile de blonde !
— NE ME CRIE PAS DESSUS HARRY STYLES !
— SAUTE ET FAIS PAS CHIER TON MONDE !
— TU M'AIDES PAS DU TOUT !
Il pousse alors un hurlement strident en la pointant du doigt.
— Y A LA NONE DANS TON DOS ! SAUTE !
Elle lui montre son majeur, ça le fait ricaner dans le fond de sa grotte. De quelle none parlent-ils ?
— Vas-y d'abord Louis, me supplie-t-elle, alors je m'exécute.
Carrie a agrippé la poche de mon short, dans ce geste instinctif pour me protéger. J'approche face au vide, jaugeant l'enclave sombre ainsi que le relief verdoyant qui nous entoure, puis lui dédie un clin d'œil avant de me jeter en avant.
Le saut le long de la pierre ne dure que deux secondes avant que je ne frappe l'eau glaciale et ne remonte dans un geyser de bulles.
Bordel elle est gelée.
Mon visage perce la surface, je rejette mes cheveux en arrière puis nage sur place contre Harry, nos deux regards levés vers la faille lumineuse. Une petite tête blanche y est penchée, ses mains sont jointes sous son menton.
— Vas-y ! Tu vois ça craint rien ! Tu me fais confiance à moi ?
— T'insinue quoi par-là, rétorque Harry au ras de l'eau. Que forcément moi je veux l'entrainer vers une mort certaine ?
— Exactement.
— Ha ouais et pourquoi ?
— Parce qu'elle a des nichons et que tu hais tout ce qui a des nichons.
— Premièrement elle a pas de nichons (j'en soupire exagérément en essuyant mon visage trempé) et deuxièmement, tu te plantes, j'ai pas forcément envie qu'elle meure dans d'atroces souffrances.
— Ha ouais ?!
— Ouais.
— Donc si je suis ton raisonnement... contrairement aux autres nanas tu ne la détesterais pas parce qu'elle n'a pas de gros seins ?
— Dis comme ça c'est vrai que ça sonne bizarre...
— J'AI TROP PEUR JE PEUX FAIRE LE TOUR ? Nous crie-t-elle de là-haut.
— SAUTE BLONDASSE ! Hurle-t-il avant de me refaire face. Qu'est-ce qu'on disait ?
— Que t'aimais bien Carrie.
— Non, y a méprise, je disais que je la détestais pas.
— Donc tu « la tolères » c'est ça ?
— Disons que j'ai pas encore statufié de son probable intérêt.
— Et tu vas statufier quand au juste ? Elle repart dans deux jours.
— Je me suis pas encore concerté.
Je m'empresse d'éclabousser sa gueule fière de petit con, puis un geignement attire notre attention. Carrie jette un pied dans le vide et se laisse tomber en se bouchant le nez. Nous la sifflons et l'acclamons. Elle s'engouffre lourdement dans les remous puis en ressort en battant les bras, en recrachant encore plus d'eau que la cascade. Harry se fiche d'elle pendant que je crawle dans sa direction, je lui attrape le bras et la tire avec moi contre la roche.
— Hé ! Respire petite poupée !
Elle tousse si fort. Je lui rejette son rideau court de cheveux en arrière, riant doucement quand elle s'accroche à mon cou pour lever le nez vers la trouée de végétation.
— Bordel de merde t'as vu ça ? J'arrive pas à croire que j'ai sauté !
C'est rare qu'elle soit vulgaire, elle doit déborder d'adrénaline, d'ailleurs ses yeux brillent de mille feux, j'en éprouve une immense satisfaction. Son visage tout trempé me fait alors face, il est si proche du mien que j'en perds un instant mes moyens. Je la lâche un peu trop vite, elle disparait sous l'eau puis remonte en gloussant. Elle nage ensuite vers Harry, qui tente d'escalader la cascade. Je reste en bas avec elle, pour toucher le puissant jet. Je suis obligé de lui tenir le coude, car elle manque partir au fond dès qu'elle y entre une main, tout frêle qu'elle est.
Harry réussit l'exploit de monter le plus haut possible, nous l'admirons et l'acclamons quand il se jette dans un superbe saut de l'ange. Il jaillit des remous en retirant les cheveux noirs de son visage, un sourire très fier.
Que c'est bon de le voir sourire.
L'heure suivante est rempli de nos plongeons et de nos rires. Avec Harry nous tentons les sauts les plus fous et les plus dangereux, l'un après l'autre ou en même temps. Nous en oublions même parfois la discrète Carrie, qui flotte gracieusement en observant le ciel plus loin.
Le souci avec ces cascades glacées, c'est qu'il est difficile d'y rester trop longtemps. Carrie est assise en bordure, l'eau au nombril, et me sourit de ses lèvres violettes quand je nage jusqu'à saisir ses jambes. Elle est gelée et je la soupçonne même de grelotter. Je m'assois contre elle, son bras m'enlace le cou et elle pose doucement sa tempe sur mon épaule, dans une accolade aussi juvénile et douce qu'elle.
— P'tite poupée t'es si blanche que tu vas devenir transparente.
— C'est pas la température de la mer, ça c'est sûr.
— Viens on va se réchauffer, tu vas voir la pierre est brulante là-bas.
Je lui tire la main et la relève, puis nous escaladons les roches jusqu'à atteindre la haute surface plane. On s'y allonge à même le sol, poussant des exclamations de plaisir sous cette sensation de chaleur qui dévore notre peau.
Harry s'octroie quelques derniers sauts, puis vient s'étaler de mon autre côté. Il n'y a plus que le bruit de la cascade et nos trois respirations, c'est si reposant, vivifiant. Je me sens terriblement bien, en phase totale, et c'est un sentiment rare.
Une fois réchauffés, Carrie distribue les sandwichs pendant qu'Harry et moi grattons quelques accords à la guitare, assis l'un en face de l'autre. Je surveille minutieusement ses doigts, replaçant ses mains lorsqu'il foire des notes ou marmonnant les mélodies pour l'aider. Il débute mais il est doué, il a l'oreille musicale alors ça aide. C'est un moment que j'adore quand nous jouons tous les deux et je sais que lui aussi apprécie, son visage est apaisé.
— Range ça ou je te jette dans le trou.
Mon œil quitte les cordes au moment où Carrie recule son spray solaire indice 50 qu'elle dirigeait vers le torse nu d'un Harry à la gueule dangereuse. J'en lâche un rire moqueur.
— Je devrais lui attacher une pancarte « danger ne pas toucher » autour du cou.
— Joue et fais pas chier, m'assène-t-il. Vous avez décidé de m'emmerder aujourd'hui avec votre coalition de blonds ?
— Je suis pas blond !
Il cesse de jouer pour me détailler verticalement.
— Ha ouais et t'es quoi au juste ?
— Châtain très clair... hum... avec une certaine base rousse ou un peu Vénitienne...
— Ok, t'es blond, et en plus t'es gay.
Carrie éclate de rire tandis que je lève les yeux au ciel, désabusé. Harry adresse alors un clin d'œil complice à la véritable blonde, qui se fige littéralement sur place, avant d'étirer un sourire si large qu'il dévoile entièrement ses jolies dents écartées.
Il y a définitivement quelque chose de changé aujourd'hui, et j'en suis fou de joie.
Hellooooooooo ! Pas grand chose à dire, c'est une chouette journée pluvieuse, il est beau ce nouveau chapitre non ? Tout mignon tout plein. Y aurait-il un début de trio ? Hihihi
Allez, je vous dis à lundi
Ps : Harry est tellement sexy sur l'illu, didiou.
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