- On a parlé
- Carrie -
Nous passons une journée merveilleuse, Louis et Harry rejoignent des amis en ville et nous nous installons autour d'une table de café au soleil. Ils sont tous musiciens, alors après seulement deux verres, ils dégainent leurs guitares et les jambés normalement prévus pour le parc et nous offrent un fantastique concert improvisé qui enchante toutes les terrasses autour. Je les filme avec excitation et je fais même une visio avec ma mère pour lui montrer.
Louis rayonne, ses cheveux aux reflets roux sous la lumière se secouent dans le rythme de sa guitare et son sourire illumine plus que le soleil. Dieu que je suis amoureuse, ça me fait mal dans le ventre, une douleur délicieuse qui explose au moindre de ses regards pour moi ou de ses doigts qui m'effleurent. C'est stupide, mais je ne contrôle plus rien, à quoi bon de toute façon ? Nous n'avons qu'une vie. Nous n'avons que quelques jours. Alors je lâche complètement prise et absorbe tout ce que je peux savourer sans aucune retenue.
Harry lui, est heureux aussi, ça se voit, même à sa très faible mesure. Il chante de sa voix si grave et raillée qui surpasse toutes les autres et sa main tape son jean slim troué.
C'est génial... pourtant, il y a une ombre à ce superbe tableau, et elle vient d'Harry justement.
Même s'il semble de bonne humeur, dès qu'il pose un œil sur moi, son visage s'assombrit. J'ai l'habitude qu'il me traite comme il l'a toujours fait, mais j'étais persuadée qu'avec mes efforts, nos rapports allaient s'améliorer. Depuis ce matin c'est différent, ça n'est plus son habituel agacement, non, c'est bien plus imperceptible et grave.
La panique me gagne d'heures en heures, car la situation ne s'arrange pas du tout, elle empire même. D'habitude il me ronchonne toujours ses réponses au nez, mais là il n'en prend même plus la peine, ses iris verts ne daignent même plus se poser sur mon visage et ses mâchoires se serrent quand j'approche.
En fin d'après-midi, le long des rues pavées de la ville et après un énième dédain face à mes vaines tentatives, je perds tout espoir et la terreur me gagne. Fatalement je repense à ma conversation de la veille avec Louis et je redoute soudain d'être la prochaine sur la liste. Hier j'en plaisantais, aujourd'hui ça n'est plus la même histoire. Hier je me sentais différente et à l'abri, là tout de suite je me sens en danger.
Nous retournons à l'appartement et je contiens difficilement mon émotion, j'offre trop de sourires pour noyer le poisson et je téléphone à Fabien ou mon père sur la terrasse pour quitter le regard de Louis. J'ai peur qu'il se doute de quelque chose et que cette affaire vienne sur le tapis. Si c'était le cas, alors je ne sortirais pas vainqueur de l'altercation car peu importe les tords, ça sera toujours Harry avant le reste du monde.
Quand le soleil se couche, Louis tourne et retourne dans le salon sans parvenir à partir, il prend des choses puis les repose ou entre et sort des pièces. Il est embêté de me laisser pour passer la soirée et la nuit chez Loriane comme il le lui a promis.
Après un nouveau tour, il vient se poster devant moi assise dans le canapé, sa mine se fait désolée.
— Tu es sûre que ça ne t'ennuie pas ?
— Louis, vas-y ! Je t'assure que c'est rien, on est pas obligés d'être toujours agglutinés ! C'est injuste pour ta chérie de ne pas te voir.
— Ok... très bien. On se voit demain matin alors, je rapporte le p'tit dej !
J'acquiesce avec un grand sourire et il se penche pour me serrer fort dans ses bras, je glousse quand il nous balance un peu avant de reculer. Il s'éloigne et sort sur la terrasse rejoindre Harry en refermant la baie-vitrée, il se poste devant lui contre la rambarde et commence à lui parler, il pointe parfois le salon d'un doigt ferme et Harry regarde de l'autre côté avec une gueule renfrognée. J'en mords ma lèvre, supposant qu'ils parlent de moi.
Louis finit par revenir en arborant un sourire détaché et il me dit à nouveau au revoir, jusqu'à ce que des coups de klaxons ne le fassent détaler hors de l'appartement. Semble-t-il que Loriane ne montera pas nous saluer, elle doit toujours vouer une profonde colère vis-à-vis d'Harry.
Finalement j'éprouve de la compassion pour elle, ainsi que pour Audrey, Rachel et Lydie. Quelle ironie.
Tandis que je commence à envisager une paisible soirée télé ou bouquinage, Harry rentre dans le salon et vient me surplomber de toute sa hauteur, je lève le nez avec curiosité et il me parle d'une voix basse.
— Mets une veste, on s'en va.
— Quoi ?!
— On va au ciné, m'informe-t-il simplement en s'écartant.
Mes yeux clignent stupidement puis mes sourcils se relèvent, je devine que c'est Louis qui le lui a expressément demandé. Ennuyée, j'hésite un instant à lui proposer d'éviter la corvée de supporter ma présence et de lui dire que ça ne me dérangerait pas de ne rien faire ce soir, mais après mure réflexion, j'y vois là la chance de peut-être recoller les morceaux.
Pleine d'un nouvel espoir, je me lève et enfile mes sandales avant de prendre mon petit sac à franges et ma veste en jean. Il est déjà prêt avec son perfecto en cuir sur le dos et patiente devant la porte en me suivant de ses yeux verts. J'éteins les lumières et il ferme l'appartement. Nous rejoignons le parking et grimpons dans la vieille américaine rouge, il démarre bruyamment comme toujours et je m'accroche à la portière, il fonce sur la route plongée dans l'obscurité et nous prenons la direction de la ville.
Du voyage il ne dit pas un mot, je regarde souvent son beau visage si fermé et j'essaye de deviner ses pensées. Que cachent ses sourcils toujours froncés ? Cette mâchoire serrée et ce regard si intense ? Que voit Louis que personne d'autre ne voit ?
J'aimerais tellement le voir moi aussi.
Dix minutes plus tard, il gare la voiture dans une zone industrielle remplie de restaurants et de boutiques. L'endroit m'est familier, nous avons déjà dû passer par ici, il me semble en fait que le bowling n'est pas très loin.
Il referme la capote du cabriolet puis me devance rapidement dans le parking, je trottine derrière lui et nous sillonnons les voitures jusqu'à la gigantesque entrée du cinéma. Nous y pénétrons et il y a un monde fou massé devant les caisses, j'observe avec admiration ce hall flambant neuf, décoré d'une façon moderne avec cette touche rétro habituelle de cette franchise de cinémas. Il doit être récent.
Je rejoins Harry devant l'une des bornes automatiques et lui tends un billet de vingt avec un large sourire.
— Laisse-moi t'inviter !
— La borne prend que les cartes bleues, t'invitera la prochaine fois.
Ma nouvelle tentative échoue, j'acquiesce piteusement en rangeant le billet et je regarde la liste des films projetés ce soir. Il y en a beaucoup, il les fait défiler et lorsqu'il presse le doigt sur l'affiche du dernier Exorciste, je me raidis et lève un doigt timide.
— Heu...
— Quoi, rétorque-t-il en tournant un regard plissé sur moi. Il te pose un problème ce film ?
Ma bouche hésite un instant tandis que je le jauge, puis soudain, je comprends. Je devine dans son regard qu'il est au courant de la peur panique que j'éprouve pour les films en rapport avec le diable, les esprits, les possessions ou tout ce qui est religieux. Il sait que, plus qu'une simple peur, c'est carrément une phobie.
Il sait.
— J'ai très envie de le voir, insiste-il, ça te gène ? Tu veux en choisir un autre ?
Son ton me met au défi. Il n'attend que ça que je fasse ma pleureuse et lui supplie de changer de film. Sans un mot, je secoue négativement la tête, serrant les poings en enfonçant mes ongles dans ma chair. Ses paupières se plissent imperceptiblement et il repart à la sélection sur la borne avant d'insérer sa carte bleue. La machine imprime les tickets et il se dirige vers l'espace confiserie.
Je n'ai toujours pas bougé, prostrée au milieu de ce hall, triste et désillusionnée.
Avec le cœur gros, je finis par le rejoindre, il s'est choisi des Skittles et un Coca. Moi je ne prends rien, je ne pourrais de toute façon rien avaler, je n'ai déjà plus de salive.
Nous faisons la queue devant l'escalator et je triture nerveusement mes mains moites. J'essaye de faire le vide dans ma tête, de me persuader que j'ai vieilli, que je peux endurer ça... pourtant, quand nous prenons place dans nos sièges à droite de la salle, mon rythme cardiaque accélère.
Le pire dans cette histoire c'est que je pourrais regarder n'importe quel film d'horreur, du moment qu'il est simplement rempli d'hémoglobine et d'os éclatés, de tueurs en séries fous ou ce genre de choses. Dans ces cas-là, j'ai peur et sursaute comme tout le monde, mais ça en reste là, je ris de bon cœur à la fin et je passe à autre chose... mais pas lorsque ça parle d'esprits, de religion antéchrist ou de tablettes de Ouija, là ça m'atteint au plus profond de mon être, ça réveille des craintes atroces.
La salle se plonge dans le noir total après les bandes annonces et Harry plie sa jambe pour poser le pied sur son genou, il déchire le paquet de bonbons et reste de marbre à côté de moi, comme si je n'existais pas. Moi, je suis au bord des larmes, tellement déçue d'avoir cru que nous pourrions peut-être passer une bonne soirée et tisser des liens.
En réalité, il m'en veut d'avoir été forcé à venir ici, et il me le fait bien payer.
Le film commence doucement, l'intrigue s'installe.
La jeune fille est réservée et mal dans sa peau, elle fait de mauvais rêves et ressent des choses étranges. Très vite les sursauts arrivent, elle a des visions, elle perçoit une présence et entend des chuchotements autour d'elle.
Mon malaise débute, j'ai posé les mains sur mes cuisses au ras de mon short et mes ongles se plantent dans ma peau.
Le film accélère et les minutes sont interminables, il y a maintenant une bonne sœur effroyable en tant qu'entité démoniaque qui se matérialise, elle est monstrueuse et hurle en se projetant sur nous. Je retiens mes premiers hoquets et j'ai si mal au ventre, je suis terrifiée.
La jeune fille lévite, convulse atrocement et déchire son propre corps en pleurant. Je transpire désormais, je sens que mon cœur bat dans mes tempes et à chaque nouvelle scène horrible, ma peur décuple.
L'exorcisme commence avec un prête accompagné de quelques membres de sa famille, et la dernière partie du film s'enclenche : la maison tremble, les croix aux murs se retournent et les cris se font en latin au milieu de ses vomissements de sang.
C'est trop. Je n'y tiens plus et me lève en enjambant Harry pour quitter la salle, je grimpe les marches illuminées de petits points rouges et pousse les lourds pans de portes pour sortir. Le couloir est vide alors je me précipite dans les toilettes, je m'accroche à la ligne de lavabos épurés et je contemple mon reflet livide aux yeux écarquillés. Même ici je panique encore, j'observe les cabines de toilettes et j'ai peur qu'une effroyable bonne sœur n'en jaillisse et ne me fixe à travers la vitre.
Honteuse, je lâche une plainte en me mouillant le visage. Je ne peux pas retourner là-bas, rien que d'y songer je suis prise de tremblements.
Des larmes de colère et de tristesse me montent le long de la gorge et font rougir mes yeux, je m'entoure de mes bras et finalement, je quitte les toilettes avec résignation, prenant la honteuse décision d'aller attendre sur l'un des canapés du hall que le film se termine.
J'ouvre la porte et fais quelques pas sur la moquette, lorsque tout à coup je pousse un cri en sursautant. Harry se tient appuyé contre le mur et me regarde. Immédiatement, je frotte mes yeux et renifle mes larmes pour cacher toute trace de faiblesse, en sachant pertinemment que je ne dupe personne. Mes bras m'entourent, comme pour me protéger de lui, et mes jambes me font reculer jusqu'à la banquette contre le mur. Je m'y assois très lentement, m'enfonçant dans le velours rouge moelleux, exactement comme je m'enfonce dans le renoncement.
Je n'ai plus la force de l'affronter.
Il quitte son appui et avance de quelques pas pour me surplomber. J'observe mes pieds avec les yeux à nouveau luisants, les siens, intenses comme toujours, me scrutent.
— Pourquoi t'es entrée dans cette salle Carrie.
Mes doigts s'entrelacent fort pour empêcher mes larmes de couler. Je n'ai pas la force de lui répondre.
— T'as pigé que c'était pour te faire volontairement du mal mais tu y es quand même allée. Pourquoi ?
Il attend. Sa silhouette est si sombre, si imposante, il m'impressionne. Mes mots sortent de ma bouche en souffles légers, comme si je ne pouvais pas faire mieux que ça.
— J'ai vu que t'étais en colère contre moi aujourd'hui, encore plus que d'habitude. Alors je pensais... je voulais essayer...
Ma phrase se meurt dans un autre reniflement. Ses bras se croisent alors sur son torse, froissant le cuir du perfecto en un bruissement léger.
— Je vois ça que t'essayes. T'essayes très fort.
Ma respiration se bloque et je relève une tête perplexe. Il ne bouge pas d'un poil, son visage anguleux s'est teinté d'une expression qui m'est encore inconnue, comme un mélange de résignation et de réticence. Il avance de deux pas pour se rapprocher et je suis obligée de lever le nez pour continuer de le fixer depuis ma banquette. Mon cœur bat si vite.
— Là tout de suite tu pleures parce que tu flippes de l'exorciste ou parce que je te martyrise ? Me demande-t-il gravement.
Ma bouche s'ouvre et se ferme, hésitante, pour laisser finalement échapper une voix des plus faibles.
— Non, parce que j'ai peur que tu me fasses sortir de la vie de Louis.
Ses sourcils s'abaissent radicalement, comme s'il ne s'était pas attendu à cette réponse. Ses épaules se redressent tandis qu'il m'observe encore, de cette façon intrusive et peu concernée par les codes de la bienséance qui lui est propre.
— C'est vrai que je pourrais, commence-t-il sérieusement, en un claquement de doigts en plus.
Mes dents se plantent dans ma lèvre et la boule noue ma gorge à nouveau, car j'en suis parfaitement consciente.
— Mais si je le faisais, reprend-il, Louis m'en voudrait énormément et il serait malheureux... alors c'est pas franchement ce dont j'ai envie.
Ma bouche s'entrouvre tandis qu'il pivote le haut du corps en direction des escaliers, comme s'il réfléchissait intensément, avant qu'il ne me regarde à nouveau. Son expression est lasse et son soupir dramatique le confirme.
— On va faire cartes sur table Carrie ok ?
— O-ok, fais-je de surprise.
— Franchement j'en ai marre, ça fait un an que ça dure votre merdier et j'ai plus l'énergie de me battre contre toi.
— Je ne veux pas me battre avec toi...
— J'ai bien pigé ouais. Filer des coups aux gens qui tendent la joue sans jamais répliquer ça ne m'amuse pas. Que tu chiales sur ce canapé et que demain matin tu lui fasses des grands sourires en lui racontant que t'as passé la soirée de ta vie ça ne m'amuse pas.
Mes larmes embuent mes yeux à nouveau et je les renifle honteusement, incapable de savoir s'il m'engueule, me juge ou si au contraire ses mots sont encourageants. Un autre long soupir marque sa réflexion avant qu'il n'enchaine :
— Votre amitié je peux plus nier qu'elle est réelle, c'est fort ce que vous partagez, même sous cette forme digitale et bizarre que je ne pige pas. Je peux plus faire comme si je le voyais pas. En plus t'as l'air d'être une fille intelligente et t'essayes pas de te foutre entre nous, pour l'instant t'as bien été la seule à le comprendre. Donc pour tout ça je te respecte.
Ses mots inattendus me font l'effet d'une explosion brulante dans le ventre. J'esquisse un sourire inespéré et il remue enfin le corps en écartant les jambes.
— Donc voilà, pour le reste de ces vacances dont tu rêvais, je ne t'emmerderais plus si tu m'emmerdes plus non plus.
— Mais je n'allais pas t'emmerder, fais-je avec surprise.
— En le monopolisant tu le feras Carrie.
Je mords ma lèvre et acquiesce en signe de bonne foi, ça à l'air de le satisfaire puisqu'il lève légèrement le menton. Nous nous observons en silence et je n'ose plus ouvrir la bouche, ce moment est très important je le sens bien, j'ai peur de tout briser.
Quelqu'un ouvre une porte de service et je sursaute, c'est un jeune employé avec une balayette qui nous offre son sourire formel avant de dévaler les marches plus loin. Je relève mes yeux sur Harry debout devant moi et la tension s'empare de moi encore une fois. Son expression s'est faite plus grave tout à coup, tout comme l'est sa voix quand il me parle à nouveau.
— Maintenant faut que tu comprennes un truc Carrie. J'adore ma mère, vraiment, c'est ma mère quoi... mais Louis c'est tout ce que j'ai dans la vie, j'ai rien d'autre, je veux que tu le saches.
Choquée, j'entrouvre les lèvres puis hoche doucement la tête.
— Je le sais parfaitement ! Moi non plus je n'ai pas grand monde dans la mienne à part lui.
Il acquiesce et ne répond plus rien, comme si tout était dit et qu'il n'avait aucunement l'intention d'amener une fin à cette conversation. Je le détaille verticalement et une question me brule les lèvres, mais j'ose à peine la lui poser. Il semble deviner mes pensées car ses sourcils s'abaissent tellement qu'ils pourraient toucher son nez.
— Bordel mais non ! Gronde-t-il. J'aime les femmes et pas qu'un peu ! Putain...
— Pardon, fais-je en devenant rouge.
— Bordel j'y crois pas, fulmine-t-il en rejetant le visage en arrière.
— Oui mais t'es très exclusif avec lui et je ne te vois jamais avec des filles.
— Je suis comme je suis et mes histoires de cul ne regardent personne !
— Ok, ok...
— Ouais, j'espère que c'est ok !
— Oui, c'est bon, j'ai saisi.
— Bien... alors tout est clair.
Rassurée, j'étire un mince sourire et frotte mon nez humide en le regardant, je ne peux pas cacher ma joie face à ce qu'il vient de se passer. Harry m'a parlé de ce qu'il ressentait et je n'aurais jamais cru que cela puisse un jour se produire. Peut-être est-ce le début d'une sorte de complicité.
D'une manière peu subtile, il recule le buste et me jauge comme une bête bizarre.
— Calme tes ardeurs tout de suite. C'est pas parce que je te propose une trêve qu'on va se faire des couettes et mater Grey's Anatomy. T'es insupportable et j'ai clairement pas l'intention qu'on devienne potes.
Ma bouche s'ouvre en grand et un souffle ahuri s'en échappe.
— Moi insupportable ?! Non mais tu réalises ce que tu me fais endurer depuis le premier jour ?!
— Fais pas chier, soupire-t-il en détournant les yeux, mais je le pointe du doigt.
— Non toi fais pas chier Harry Styles ! Si tu veux vraiment que le reste de ces vacances se passe bien t'as intérêt à arrêter de te comporter comme une enflure avec moi ! Toi aussi fais des efforts !
— T'es trop blonde et maigre pour me menacer !
Sa remarque m'arrache une exclamation rauque et j'en remue sur ma banquette, il arque un sourcil et je jurerai que ça l'amuse de me rendre folle, d'ailleurs j'intercepte un faible rictus en coin qu'il ravale vite.
— Bon, soupire-t-il, on peut au moins retourner voir si la copine du curé se fait déglinguer ? On s'est tapé quarante-cinq minutes du film.
Mes yeux se figent dans le néant, la peur me dévore à nouveau et des bouffées de chaleur puis des sueurs froides m'envahissent. La phobie s'empare de moi comme un voile terrifiant et tout disparait autour de moi, je ne discerne plus rien de ce couloir, il ne me reste que les visions de la sœur monstrueuse, les convulsions de la fille, ses hurlements, son sang et sa peau qui éclate dans ses lévitations.
La voix d'Harry me parvient de loin quand il penche un peu la tête vers moi.
— Non mais regarde ta tronche, tu vas sérieusement t'évanouir ?
Je ne réponds rien et tente de ravaler mes larmes paniquées, mais le couloir tourne, le haut de mon corps tangue et mes doigts s'accrochent au velours rouge du siège. Il plisse un oeil en me détaillant un instant puis lâche un râle fatigué.
— Pour de bon...
Et là, aussi incroyable que soit le geste, il me tend la main, une main ferme et bien droite. Je cligne mes yeux dilatés et pour le coup je vais véritablement tomber dans les pommes. J'avance la mienne et il la saisit de cette façon qui me rappelle celles des enfants, paume contre paume sans entrelacer les doigts. Dieu que sa poigne est dure.
Il me relève et me traine derrière lui sans trop de ménagements, je m'accroche bien à son bras et nous descendons le couloir plongé dans la pénombre. Arrivés à l'escalator il lâche ma main et me place à côté de lui, je ferme les yeux en inspirant fort pour calmer la folie qui s'est accaparée mon corps, mais j'ai besoin d'air, c'est urgent.
En bas, il saisit mon épaule et me guide droit vers le stand des confiseries, il m'achète des M&M's et me force à en ingurgiter une poignée entière pendant que nous quittons le cinéma. Le sucre me fait tout de suite du bien, tout comme l'air frais.
Nous restons un peu devant les portes battantes condamnées, je fais de profondes inspirations et expirations tandis qu'il s'allume une cigarette sans me lâcher de ses yeux. J'ose à peine le regarder moi aussi, et je marmonne honteusement :
— Tu me trouves ridicule ?
— Non, répond-il. Je sais ce que ça fait d'avoir peur de quelque chose au point de perdre la raison.
Soulagée, je lui offre un sourire qui lui fait détourner le regard. Nous nous refaisons silencieux puis il m'escorte jusqu'à la voiture.
Durant le trajet de retour, personne ne parle, comme à l'aller, sauf que cette fois l'ambiance est différente, comme si nous avions baissé les armes.
Quand nous rentrons, je n'en mène pas large, j'ai si peur que l'idée même d'aller aux toilettes me terrorise. La véranda aussi est inquiétante, je n'ose pas regarder dans sa direction.
Harry me jauge en silence et je jurerai qu'il s'en veut un peu. Il me surveille d'un œil en vaquant dans le salon, puis il finit par me souhaiter bonne nuit et rejoindre la chambre.
Peu rassurée, je m'enroule dans les draps et je suis incapable d'éteindre la lumière, rien que d'y songer ma gorge se noue, alors je la laisse allumée.
Une dizaine de minutes plus tard, la porte de la chambre s'ouvre lourdement et je sursaute, Harry se ramène en bas de jogging d'une démarche agacée et grimpe sur le canapé avant de presser l'interrupteur pour nous plonger dans le noir. Je lâche un hoquet terrifié et me cache le visage dans mon oreiller.
— Non fais pas ça !
— Tu vas pas laisser cette foutue lumière toute la nuit !
— J'ai peur...
— Je crois qu'on a tous pigé ouais, MERCI !
— Ne me crie pas dessus !
Son grondement agacé répond à mes souffles inquiets pendant qu'il s'installe sur le canapé. Ma vision s'habitue doucement à la nuit mais ça n'apaise en rien ma panique, il doit le sentir.
— Carrie dors bordel. Ça existe pas les bonnes sœurs tueuses.
— Il y a un gros trou sous le clic-clac juste devant mon nez.
Ma jérémiade n'est même pas entièrement achevée qu'il bouge et me tire du matelas pour qu'on échange nos places, je grimpe et me jette sous les draps tandis qu'il s'allonge par terre.
— C'est bien fait pour ma gueule, rage-t-il. Quelle idée pourrie ce film, j'aurais dû m'en tenir au premier plan.
— C'était quoi ? Fais-je tristement.
— T'emmener faire du roller près des falaises ou sur l'autoroute.
Mon soupir répond au bruit furieux de ses draps qui bougent.
Pour me calmer dans ce noir terrifiant j'inspire très fort, et je réalise que l'oreiller et les draps sentent le parfum de Louis. J'esquisse un sourire et remonte le tissu sur mon nez en fermant les yeux.
Les minutes passent et nous ne bougeons plus, j'écoute la respiration d'Harry devenir plus lente et profonde tandis qu'il s'endort, ça me berce. Doucement je plonge dans le sommeil à mon tour et je n'ai plus peur.
L'odeur de Louis m'apaise et la présence d'Harry me rassure.
Mes loulouteeeeeees ! J'vous manque ?
Sérieux je suis dans un état, mais c'était génial l'Italie... j'ai pu écrire mais alors sorry l'illu c'était pas ça, je voulais pas rien vous mettre, alors j'ai gribouillé vite fait ce que je ressentais.
Alors !!!!! Parlons chapitre ! ENFIN vous allez me dire, et ouaiiiiiis. J'ai hâte d'entendre la façon dont vous avez perçu toutes ces petites choses, ce que vous ressentez, c'est à la fois subtil et important.
Ensuite, petit changement, on va se la jouer écrivain (ouaich) on va arrêter les paroles en gras à partir du suivant, ça vous va vous boudez pas ? (T'façon m'en fous je f'fais ce que Neu Veux)
Nous avons atteint les 9K de vues c'est ouf, merci mes choupinettes !
On se dit rendez-vous Vendredi <3 <3 <3
Clic clic l'étoile
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