- La première fois qu'on a parlé, je l'ai détesté

- Carrie -



Trois semaines se sont déjà écoulées.

Une certaine panique commence à m'envahir, car je réalise avoir passé la première moitié de mon séjour chez les Tomlinsons.

Je m'amuse tellement, ils sont si fantastiques, que malgré le fait que ma mère me manque, je ne veux pas retourner chez moi. Là-bas j'ai peu d'amis, ici je m'en suis fait des géniaux. Pour la première fois de ma vie je me sens grande et heureuse.

Puis il y a Louis... le si beau et merveilleux Louis. Comment survivrai-je sans plus le voir ? Sans plus le croiser le matin dans les couloirs, un sourire craquant au visage et la tignasse en bataille. Sans plus entendre ses rires, attraper ses regards complices ou l'écouter jouer de la musique le soir. Comment ferai-je quand les papillons qui fourmillent sans arrêt dans mon ventre se seront envolés ?

Non, je ne veux pas repartir... je n'arrive même pas à le concevoir.

*

Charlotte se repose un peu en baladant sur son facebook, elle met à jour les milliers de photos de nos vacances. C'est vrai que l'on ne s'arrête pas, tous les jours s'enchainent de nouvelles activités et de nouvelles rencontres.

─ Ho nan ! Carrie tu vas pas le croire !

Je quitte les yeux de mon livre pour la regarder, assise en tailleur sur son lit. Son excitation et cette lèvre qu'elle mord ne peut que me rendre curieuse.

─ Jeremy vient de m'envoyer un message !

─ Jeremy ?

─ Le mec à la casquette au skatepark qu'on a rencontré hier ! Il s'est trop passé un truc entre nous et il a pris mon numéro, discrétos. Han, j'espère qu'il va vouloir qu'on sorte ensemble.

L'incompréhension fait cligner mes paupières.

─ Mais tu flirtais pas avec Marc ?

─ Ouais ben... il a pas l'air de se bouger alors je m'en fous.

Quoi répondre à ça. Ma bouche se pince et je décide de me lever, j'ai besoin de m'isoler un peu dans ma chambre. Christian Grey m'y attend, secrètement planqué dans le fond de ma valise.

L'échange de livre se fait rapidement puis je m'étale sur le lit. Je meurs d'envie de le continuer, je l'ouvre avec le cœur battant.

Jamais je n'aurais cru être happée comme ça par ce genre de bouquin, c'est dur d'assumer s'intéresser à un semblant de pornographie, mais j'en ai besoin. Je ne connais rien du sexe, ma mère ne m'a jamais rien expliqué, comme si c'était un tabou, une honte, comme si c'était sale. J'éprouve alors une curiosité presque morbide à découvrir les scènes de sexes de ce livre, je les survole honteusement avec les joues rougies, incapable de lire les mots choquants dans leur intégralité.

Pourquoi ne pas regarder un film X dans ce cas ? Parce que les images sont trop violentes, qu'il n'y a pas d'histoire de fond et que je sais que la femme y est souvent mal représentée. La lecture impose un imaginaire, une distance.

C'est vrai, le sexe me travaille beaucoup. J'envie Charlotte et le désir qu'elle attise chez les garçons, ils tournent autour d'elle comme si elle libérait des tonnes de phéromones. Où sont les miens ? Quel bouton faut-il presser ?

Les deux petits boutons de tes seins Carrie.

Mon soupir fait frémir le papier, je tourne une nouvelle page. Alors c'est ça que l'on ressent à faire l'amour avec un garçon ? Le plaisir ok, je connais, cependant je n'arrive pas m'imaginer ressentir un truc qui ferait autant crier ou s'évanouir.

Nouvelle page, nous revenons à l'histoire d'amour. C'est ce qui me transcende dans ce livre, cet amour brulant, cette tension incroyable, ces démons impossibles à vaincre et ce duel entre deux êtres. Je meurs de savoir si elle va réussir à le sauver, s'il va parvenir à abandonner son mode de vie particulier par amour pour elle, et si enfin il va lui avouer les sentiments qui le torturent.

Secrètement, je jalouse cette femme fictive. Un jour moi aussi j'aimerais pouvoir rendre un homme fou au point de tout chambouler dans sa vie, qu'il abandonne tout pour moi et que je devienne le centre de son univers. Plus que tout, je désire connaitre un amour incroyable et puissant, peu importe sous quelle forme, mais différent de toutes ces tristes histoires de couples qui se font et se défont en un claquement de doigts, comme dans les téléréalités ou même autour de moi, Charlotte comprise.

Depuis le début des vacances je l'observe minauder, battre des cils puis finir par embrasser un garçon qu'elle ne connait que depuis une heure, ce même garçon qu'elle quittera deux jours plus tard après trois échanges de textos.

C'est si fade, si loin de la passion dont je rêve.

Elle se complait dans ses si nombreux flirts de jeunesse pendant que moi je ne pense qu'à vivre les amours d'adultes en désespérant de vieillir. C'est certainement moi qui ai tort et je regretterai surement d'avoir vécu trop longtemps dans le monde de ma tête au lieu de profiter de la réalité... mais pour l'instant ça me convient, nous verrons plus tard.

De la musique retentit soudain, je sors le nez de mon livre pour écouter. C'est le piano dans le salon.

Après avoir caché le livre dans la valise, je quitte la chambre et marche à pas de loups dans le couloir, m'asseyant discrètement devant la balustrade de l'escalier.

En bas, Louis est assis devant le vieux piano sombre et joue quelques accords, marmonnant les airs de temps en temps. Ma joue se pose sur l'un des barreaux et je soupire en l'écoutant. Il est beau quand il se plonge dans sa musique, même de dos je perçois qu'il est détendu et heureux.

C'est drôle qu'il ne joue jamais vraiment de longues mélodies. Que ce soit à la guitare ou au piano, il ne produit que quelques notes puis les écrits, comme si la musique se jouait dans sa tête.

Dès que je le regarde j'ai des papillons dans le ventre. Ça semble ridicule comparé à ce qui est puissamment décrit dans mon livre, mais c'est tout ce que j'ai. Il me plait beaucoup. Vraiment beaucoup. Souvent je me demande si ce n'est pas juste une impression, si je ne suis pas juste une ado qui admire un grand frère plus âgé parce que c'est cool et excitant, mais je me plais à croire que c'est plus que ça, que nos regards, nos conversations et nos rires signifient quelque chose, même pour lui.

Tout à coup quelqu'un entre par la baie-vitrée, je reconnais immédiatement Harry à ses cheveux si sombres. Sa présence ne m'étonne pas, vu qu'ils sont toujours englués tous les deux.

Il vient se poster contre Louis et l'écoute, moi je me déplie vite du sol pour tenter de filer discrètement, sauf que soudain il lève la tête vers moi, il m'a vue, il a compris ce que je faisais. Un sourire mauvais étire ses traits, j'ai terriblement honte et file dans le couloir avant de refermer la porte.

Ho merde.

Paniquée, je m'assois sur mon lit et me cache dans mes mains. Sans doute est-il déjà en train d'informer Louis que je l'espionnais et bavais sur lui depuis l'étage. Quelle horreur.

Est-ce qu'ils se moquent ? Est-ce qu'ils rient ? L'imaginer me noue le ventre douloureusement.

Après ça, je reste cloitrée dans ma chambre, jusqu'à ce que j'entende qu'ils quittent la maison et sois certaine de ne pas croiser Louis.

Le soir même, il rentre manger avec nous. Je suis si nerveuse, je ne le regarde même pas, pourtant il me sourit et me parle tout naturellement, comme si rien ne s'était passé.

*

Les jours suivants le comportement de Louis envers moi ne change toujours pas, il reste affectueux et jovial. Je ne peux qu'en déduire que soit Harry ne lui a finalement rien dit, soit ça ne lui fait ni chaud ni froid d'apprendre qu'encore une des amies de sa petite sœur craque pour lui.

Au fond de moi Je ne sais pas quelle option je préfère...

Après le déjeuner d'un nouveau jour, les garçons du groupe arrivent les uns après les autres pour se réunir dans le garage. On entend leurs rires et leurs chamailleries depuis le jardin. Ils ont répétition aujourd'hui et j'adore quand ils jouent.

Profitant d'une longue conversation téléphonique de Charlotte à son chéri du moment, je m'esquive et descends dans le jardin m'installer dans un des poufs colorés.

C'est amusant, il y a bien plus de rires, d'engueulades et de blagues que de musique qui m'arrive aux oreilles. La curiosité me ronge, j'aimerais entendre clairement ce qu'ils se racontent.

Pleine d'audace, je quitte le coussin et m'approche du portillon. Je m'y penche et tends l'oreille. Enfin je perçois des mots, ça me fait sourire.

Niall est en train de raconter une anecdote sur son travail à la boulangerie, les autres se moquent gentiment de lui. Après ça ils parlent un peu de filles, Zayn les informe qu'il va enfin rencontrer la nana avec qui il chatte la nuit. Ils ricanent en lui remémorant semble-t-il une mauvaise expérience sur Tinder. Au bout d'un moment, Louis hausse le ton et la musique reprend. Les accords d'Hotel California retentissent, ils le font vraiment bien, d'une façon plus moderne et rythmée. La voix d'Harry est sublime, il n'y a rien à dire, puissante et juste, on a la sensation qu'il vit vraiment ce qu'il chante.

C'est magnifique.

Totalement hypnotisée, je reste appuyée à la grille, penchée presque en un angle à 90°, jusqu'à ce qu'ils cessent de répéter et fassent une sorte de débriefing.

Je meurs de curiosité, est-ce qu'ils sont satisfaits ? Quelles sont les choses à améliorer ? J'aimerais pouvoir tout entendre, mais même dans cette position, je ne capte pas tous les mots de Louis.

Comme par hasard, une tignasse noire déboule soudain dans les marches du portillon. Mon cœur lâche tandis que je bataille pour m'écarter. Harry s'est figé au milieu des dalles blanches, la surprise agrandit ses yeux verts avant qu'il ne les plisse. C'est foutu, je ne vais pas y manquer et j'attends la sentence.

Tandis qu'il ouvre le portillon, son regard désintéressé me balaye verticalement, prostrée contre la grille à triturer mes mains.

— Salut Harry, dis-je poliment.

— Salut Carine, marmonne-t-il en s'éloignant.

Un soupir plus bruyant que je ne l'aurais espéré m'échappe.

— C'est « Carrie », y a que deux syllabe c'est pourtant pas compliqué à retenir.

Mon Dieu, mais qu'est-ce qui m'a pris ? A croire que je tends vraiment le bâton c'est pas possible autrement. Harry s'est immobilisé, lentement ses épaules tournent vers moi. Recevoir la foudre sur la tête m'aurait moins électrifié que le regard acéré qu'il m'envoie. En deux pas il m'a rejoint et me surplombe de toute sa hauteur.

A qui avais-je certifié que ses airs de voyous ne m'atteignaient pas ? Parce que finalement je me trompais.

Harry renifle et croise les bras sur son débardeur noir, toute son aura m'enveloppe et me fait frissonner.

— Carrie, rectifie-t-il d'une voix qui prouve bien que je l'ai piqué au vif. Juste pour savoir, écouter en douce c'est un passion chez toi ou juste tu t'emmerdes ?

Prise de court, j'ouvre stupidement la bouche, avant de me forcer à arborer une mine dure moi aussi.

— Et alors, c'est pas un peu le but de se faire écouter quand on joue de la musique ?

Il plisse un œil puis me montre les marches d'un signe de menton.

— Si, alors vas-y fais-toi plaisir, descends nous écouter.

— Non je suis bien ici, je m'empresse de lui rétorquer.

— Ouais, t'aimes bien mater de loin, j'ai remarqué.

Je ne réponds rien, incapable de contrôler le feu de mes joues. Ok, il a pigé pour Louis, mais qu'est-ce que ça peut bien lui faire ?

Harry ne me calcule jamais d'habitude, ça ne pourrait pas continuer ? Je ne suis pas Charlotte, son agressivité et son dédain me dérangent, ils me mettent mal à l'aise, j'ai la sensation de revenir au collège avec ces loubards qui faisaient la loi.

Aucun de nous deux ne parle, il rejette ses cheveux noirs en arrière puis me jauge un long moment. Je sais ce qu'il est en train de faire, il savoure le fait de m'avoir grillée encore une fois. Je déteste les gens qui se complaisent lorsqu'ils ont l'ascendant sur les autres, ça me sort par les oreilles.

Orgueilleuse, je pivote le visage en arquant un sourcil impatient.

— Tu voulais quelque chose ?

Son sourire mystérieux me fait déglutir.

— Non, j'crois plutôt que c'est toi qui veux quelque chose.

Pour appuyer sa remarque il me montre la direction du garage avec le menton. C'est parfaitement clair, j'en mords ma lèvre. à nouveau ses yeux verts me détaillent de haut en bas, lentement, avec intensité.

Je ne peux plus respirer.

Pour couper court à l'échange, il m'offre un vague hochement de tête puis s'éloigne dans le jardin, la démarche insolente.

Presqu'une minute entière s'écoule avant que je puisse enfin inspirer une profonde goulée d'air. Pourquoi étais-je en apnée tout ce temps ? Pourquoi les poils de mon corps sont-ils tous dressés ? Que vient-il de se passer ?

Ma main se desserre lentement de la grille d'acier, elle est moite. Je ne me rendais même pas compte que je m'y accrochais à ce point. Je la pose sur mon cœur qui s'est emballé et la colère s'empare de moi.

Je m'en veux. J'ai honte de ne pas réussir à tenir tête à des soi-disant rebelles de cours de récréations. Je suis bien plus forte que ça, je ne devrais pas me laisser atteindre par un regard si dur et des sourires moqueurs. J'ai peut-être l'air faible avec cette dégaine de petite blonde effacée, mais c'est faux, je ne le suis pas.

Alors arrête de prouver le contraire...

Hystérique, je cogne même dans le portillon qui claque en se referment. Mon stupide rythme cardiaque s'est affolé au point de me faire transpirer, c'est ridicule, il n'y avait aucune raison.

Comme pour regagner un minimum d'estime de moi-même, je tourne les yeux en direction de la maison où il a disparu et plisse le nez.

T'es infect Harry Styles, je plains la nana qui sera assez maso pour tomber amoureuse de toi...



Hey SISTA'S !

J'vous ai manqué ? Moi vous m'avez manqué.

J'sais pas vous mais il fait tellement froid que mes doigts tombent quand je tape au clavier.

Allez, on vote et #jaifroidauxcouillesetlenezquicoule (dites le 10 fois très vite)

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