- Je voulais jouer les grandes

[dédicace à Sweetheartandkiss]


- Carrie -



Dans la vie il y a des choses que l'on sent, et d'autres non... ce soir je suis mitigée.

Charlotte a littéralement saccagé sa chambre, la moitié de sa penderie est renversée sur le lit. Je l'observe piquer une crise en contenant difficilement mon sourire amusé.

Elle ne trouve pas de quoi s'habiller pour la fête de Zayn, ça la rend folle. Son visage est écarlate.

— Mon cul est énorme, se lamente-t-elle.

Mieux vaut ne rien répondre, car le moindre mot la fiche dans une colère monstre. Pendant qu'elle repart dans une fouille dévastatrice du tas de fringues sur son lit, moi je m'installe à sa coiffeuse, histoire d'essayer de tirer quelque chose de mes cheveux.

Chaque minute de chaque jour de ma vie, je regrette cette coupe à la garçonne très courte que je me suis délibérément infligée sur un coup de tête. Mes cheveux m'ont toujours gêné, je déteste devoir m'en occuper, avec la danse intensive c'était une corvée... du coup j'ai tout coupé. Sur le moment j'étais satisfaite et débarrassée, mais ça c'était avant de venir ici, avant de réaliser que je désirais plaire. Maintenant que je commence à m'intéresser à l'aspect général que je peux bien refléter, je constate que cette coupe n'aide pas du tout les garçons à me trouver jolie. Si encore je savais me maquiller et possédais des vêtements adéquat, mais non, j'ai juste mes jeans et mes hauts sans formes. L'autre jour, pendant qu'on achetait des boissons, le magasinier m'a même appelé « jeune homme ». C'était peut-être le déclic dont j'avais besoin.

Ça et deux paires de fossettes.

Dépitée, je tire sur les mèches au-dessus de mes oreilles comme si ça pouvait miraculeusement les allonger.

Charlotte finit par trouver son bonheur avec une robe plutôt courte, très courte même, qui dévoile un décolleté osé dans lequel je coule un regard avec envie.

Il n'y a pas que mes cheveux qui devraient pousser...

Plusieurs tours devant son miroir la rendent satisfaite, alors elle soulève une autre tunique noire et me l'agite sous le nez, le sourire diabolique. J'écarquille quand les yeux devant si peu de tissu, avant de secouer négativement la tête. Hors de question.

— Carrie, c'est une fête, y aura plein de garçons, alors ta tenue de plage tu la vires !

Ennuyée par la comparaison, je retire piteusement mon vieux short en jean et mon débardeur. A contrecœur, j'enfile cette tunique aux fines bretelles et la lisse nerveusement. C'est court et il n'y aucun rempart entre les jambes contrairement à un short. Si jamais j'avais le malheur d'à peine me pencher ce soir, ce serait spectacle gratuit pour tout le monde. Puis ce décolleté qui baille sur du vide et mes os saillants...

— Lottie...

— Shhhhh, me coupe-t-elle.

Comme si ça ne suffisait pas, elle m'attrape le bras et m'assoit devant sa coiffeuse. Je sais déjà que c'est une mauvaise idée, mais je n'arrive rien à lui refuser, comme toujours.

Est-ce que je suis influençable ? J'essaye de me persuader que non, que ça vient de Charlotte et de son magnétisme de leadeuse. Il y a quelque chose d'hypnotisant chez elle qui m'empêche de penser raisonnablement, comme une sorte de curiosité morbide de toutes les choses dont je suis interdite chez moi. Entre autres : un sacré trait d'eye-liner à la pin-up et une bouche rouge fluo.

Seigneur...

Quand elle se recule, ma première réaction en me regardant dans le miroir est d'exploser de rire. Ça la vexe beaucoup, surement parce qu'elle s'est maquillée de la même façon. Pour me rattraper, je me racle la gorge et relève des sourcils contrits.

— C'est très joli ! Mais moi ça me va pas...

— Tais-toi, m'assène-t-elle. Le rouge ça va à tout le monde.

— J'ai pas l'habitude, je vais être mal à l'aise...

— Mais non, s'impatiente-t-elle.

Elle me vaporise de son parfum puis me tire le bras pour qu'on y aille. Plus de retour en arrière possible. Je récupère mes sandales noires et nous dévalons discrètement les marches de sa maison pour rejoindre le lotissement.

Jeremy, son chéri actuel, est déjà là à attendre dans la Clio d'un de ses amis garé sur le trottoir. L'excitation m'envahit.

Je suis une grande qui va à une fête en voiture avec des amis. Une fête. Des amis. La nuit.

Charlotte grimpe derrière, je monte à côté d'elle puis salue les deux garçons. Ma tunique remonte dangereusement sur mes cuisses, c'est carrément indécent, je suis obligée de tirer dessus. La voiture démarre sur rap assourdissant, j'attache vite ma ceinture après un premier virage pris à fond. Lottie glousse de plaisir, moi j'ai vissé un sourire crispé sur mon visage pour masquer ma peur.

Mes grands airs de grande n'auront pas fait long feu.

Grâce à dieu nous arrivons rapidement chez Zayn. Je suis sidérée par ce que je vois à travers ma vitre. Il a aménagé son jardin - ou plutôt le terrain vague à l'herbe brulée par le soleil qui lui sert de jardin - en une sorte de mini festival. Il y a une scène, des enceintes immenses, des spots et un bar sur des tréteaux.

C'est génial.

Carl se gare derrière la file des voitures le long du trottoir. Charlotte prend mon bras en piaillant quand nous sortons, moi j'observe tout ce qui nous entoure avec émerveillement.

Nous pénétrons dans le jardin ouvert, il y a des gens partout. Mon amie m'entraine dans la foule en tournant sur elle-même, comme si elle se trouvait dans véritablement son élément. Sans même le cacher, je la presse pour que l'on se rapproche de la petite scène artisanale. Les garçons s'y trouvent, ils s'éclatent sur la musique Teen Spirit de Nirvana. L'excitation et la folie m'envahissent presque immédiatement, je me mets à sauter et taper dans les mains moi aussi.

Dieu qu'ils ont beaux ! Mais le plus beau de tous se tient devant, à frapper les cordes de sa guitare et hurler les paroles avec Liam. Zayn et Niall semblent en transe eux aussi, on voit qu'ils prennent leurs pieds. Vu les corps transpirants, je suppose qu'ils jouent depuis un certain moment déjà.

Par réflexe je cherche Harry du regard, c'est étrange qu'il ne chante pas, le spectacle manque clairement de puissance. Que j'aime ou non le personnage, c'est indéniable qu'il est un chanteur incroyable. Seulement pas de traces du brun infect.

— Les filles vous voulez boire quelque chose ?!

Carl s'est penché sur nous. Charlotte lui crie sa réponse pour couvrir le bruit avant qu'il ne reparte au milieu des gens. Moi je retourne à ma contemplation du groupe, mais surtout, à ma contemplation de Louis. Il porte un jean troué aux genoux et un fin marcel plongeant, ne laissant plus de doutes sur la jolie musculature de son torse. Ce qu'il est beau.

Sans doute mon sourire stupide trahit-il mes sentiments, mais vu la tête des autres filles autour de moi, ça devrait passer inaperçu.

Carl finit par revenir avec des gobelets rouges entre les mains. Je porte le mien à ma bouche et tente de refréner une grimace. Charlotte en boit une grosse gorgée puis se penche à mon oreille.

— Audrey est là !

— Qui ça ?

— L'ex de mon frère.

Ma poitrine émet un sifflet pitoyable. Charlotte m'indique une direction d'un geste de la main, je fouille les têtes tout autour jusqu'à repérer la fille en question. Brusquement mon monde chavire, mes jambes flageolent.

C'est ça Audrey ?

Une superbe brune se tient droite à côté de nous, observant la scène avec une expression grave, entre l'agacement et la tristesse. Elle doit avoir dans les vingt ans, mais a vu de nez elle doit avoir un siècle de plus que moi. Ses longs cheveux noirs lui coulent superbement dans le dos, son bustier blanc moule une poitrine généreuse et elle porte un jean des plus serrés sur des hanches fournies.

Elle est pulpeuse à souhait.

Par désespoir je lui cherche un quelconque défaut, mais à part un peu de ventre ainsi qu'un léger bourrelet qui dépasse de la ceinture - qui finalement s'avère être sexy - je ne lui trouve rien du tout.

Mon moral chute dans mes chaussettes. Si l'on devait m'apposer un contraire absolu, cette fille correspondrait parfaitement.

— Je l'aimais pas, ronchonne mon amie.

— Pourquoi ?

— C'est une vraie princesse, y en a que pour elle, elle est hyper hautaine.

— Ils étaient ensemble depuis combien de temps ?

— Quatre mois.

Nouveau coup au ventre. Quatre mois c'est beaucoup pour notre jeune âge. Charlotte ne réalise pas dans l'état qu'elle me met à chaque nouvelle information, d'ailleurs elle se rapproche encore, la voix venimeuse :

— C'est lui qui l'a plaquée et regarde-la, à le traquer partout et baver sur lui. Elle essaye de le récupérer j'suis sûre.

Va-t-elle y arriver ? Pitié faites que non. Il ne reste plus beaucoup de temps avant que je ne reparte, je ne supporterais pas de le voir amourachée d'une fille.

Charlotte libère un feulement à l'attention de la brune. Elle est semble-t-il très jalouse des copines de son frère, raison de plus pour ne pas lui avouer ce que je ressens.

Comme si cette situation l'énervait, elle s'enfile presque son gobelet d'une seule traite. Je fais les gros yeux tout en me forçant à tremper mes lèvres dans le mien. Déjà que c'est une corvée, si en plus le cœur n'y est plus, ça ne va rien arranger. Cette brune sexy me rend triste, elle me renvoie toute la stupidité de mon petit coup de cœur impossible de l'été, ça me démoralise.

Les garçons finissent leurs shows dans un tonnerre d'applaudissements, d'autres montent à leur place pour enchainer. Nous les acclamons de toutes nos forces tandis que je me tortille pour réussir à les voir au milieu de cette cinquantaine de gens. Malheureusement ils se dispersent très vite et disparaissent de mon champ de vision.

La musique reprend, mais je suis un peu moins fan du registre. Charlotte boit beaucoup et vite, comme pour impressionner son mec. Ils se mettent à danser d'une façon plus que suggestive et s'embrassent fougueusement. Ça me gêne de rester là à tenir la chandelle, alors je quitte la foule histoire de déambuler un peu.

Je décide de m'assoir un peu plus loin sur un muret, abandonnant mon verre sur le béton. A quoi bon se forcer, je n'y trouve aucun plaisir.

Après ça je sors mon téléphone de mon petit sac et décide de filmer la scène. Ma mère sera contente de recevoir la vidéo, elle aime que je lui montre un peu tout ce que je fais pendant mes vacances.

Des cris retentissent tout à coup, et pas des joyeux. Je me penche pour regarder curieusement, jusqu'à ce que mon cœur cesse de battre. Louis traine furieusement sa sœur hors de la foule, ils se hurlent dessus en faisant tourner toutes les têtes. D'ici je n'arrive pas à entendre ce qu'il lui crie, mais il semble hors de lui. Zayn trottine à sa suite, lorsqu'ils se rapprochent je perçois enfin leurs exclamations.

— T'es complètement irresponsable !

— Lou respire sérieux...

— Je vais te respirer la gueule tu vas voir !

— C'est pas si grave franchement.

— Pourquoi tu les as invités ?!

Ho merde... ne me dites pas que...

Zayn lève les bras en signe d'incompréhension, il semble blasé.

— Elles étaient à la piscine à côté de nous quand ça s'est organisé, elle m'a demandé, je voyais pas en quoi ça serait mal, je savais pas qu'elle t'avait rien dit !

Louis se tourne vers Charlotte et la pousse en direction de la voiture.

— Monte et dépêche-toi ! Si tu verses une seule larme Lottie je te jure sur ma tête qu'en rentrant je te balance tel quel dans la chambre des parents, t'en auras des putains de raison de pleurer.

— Mec, relax c'est bon... souffle Zayn.

Louis lui refait face et lui pointe un doigt frémissant sous le nez.

— Relax ?! Elle a quinze ans et je la retrouve ivre morte en train de se faire arracher le peu de fringues qu'elle a sur le cul par un type au milieu de ton jardin !

Le bassiste fend l'air de son bras en signe de fatigue puis retourne dans la fête. Louis se passe furieusement les mains dans les cheveux puis je vois qu'il commence à se dresser sur la pointe des pieds, cherchant du regard dans les invités. J'imagine que c'est la deuxième gamine stupide qu'il essaye de retrouver : moi.

Avec appréhension, je me lève de mon mur et j'approche en mordant ma lèvre. Lorsqu'il m'aperçoit il ne fait même pas l'effort de cacher son choc. Ses yeux transparents s'écarquillent en me détaillant des pieds à la tête, avant de se plisser comme l'a fait son nez. Il rejoint soudainement la voiture dans de trop grandes enjambées, je suis obligée de trottiner pour arriver à le suivre.

Une fois au parking, je rejoins Charlotte à l'arrière de la voiture. Nous sommes recroquevillées sur la banquette, bien loin de l'image de la femme fatale que nous cherchions à montrer. Louis n'a pas un regard pour nous, il démarre et manœuvre hors du lotissement. La façon dont il conduit, ses coups de volants et sa main rigide sur le levier de vitesse, trahit la colère qu'il éprouve.

— Lou, gémit mon amie, tu vas pas le dire à papa qu'on est sorties hein ?

Enfin il nous accorde un regard à travers le rétroviseur. Même dans l'obscurité, ses prunelles turquoise irradient.

— Tu le mériterais franchement ! Non mais sérieusement, qu'est-ce que vous avez dans la tronche ?! Vous vous êtes crues où ?!

— A une fête !

— Joue pas sur les mots Lottie parce que j'suis pas d'humeur ! S'égosille-t-il. Bravo en tout cas, t'as comploté ton bordel bien comme il faut. Tu pensais que j'allais pas remarquer que tu t'étais incrustée ce soir ?! T'as vraiment cru que je te verrais pas ?!

— Si mais...

— Mais tu pensais qu'une fois là-bas je pourrais plus rien faire hein ?! Que j'aurais pas envie de manquer une partie de la soirée pour te ramener à la maison ? T'es tellement futée frangine, à croire que tu me connais pas !

— Si je te connais, t'es exactement comme papa, crache-t-elle.

Pitié Charlotte ferme-la...

Raviver ce genre de problèmes familiaux juste maintenant n'est certainement pas une bonne idée. La preuve, Louis pile abruptement à un stop et se tourne vers l'arrière, appuyé du coude sur le siège passager. Son regard volcanique me ratatine sur ma banquette, je donnerai tout pour me téléporter hors de cet habitacle.

— Je veux bien croire que t'as les hormones en folie cette année, mais y a un minimum de respect à avoir, surtout quand je suis là et que ce sont mes amis tout autour.

— T'exagères tellement ! J'ai rien fait de si grave ! Comment tu peux faire partie d'un groupe et être aussi relou !

— T'as quinze ans putain ! T'as vu à quoi tu ressembles ?! Ce mec t'arrachait les fringues devant tout le monde !

— Justement ! Faut que tu te le rentres dans la tronche Lou ! J'ai quinze ans, je suis plus une gamine, t'es pas mon père et on fait ce qu'on veut !

Vous faites ce que vous voulez mais pas aux fêtes de mes potes et sous mon nez ! Vous irez vous bourrer la gueule et vous faire tripoter ailleurs que dans mes soirées la prochaine fois !

Aouch. Ça fait mal et c'est très blessant. Je sais bien que ce n'est qu'un grand frère protecteur qui parle sous le coup de la colère, que le « vous » ne m'est pas entièrement destiné, mais j'accepte tout de même le blâme, je le mérite. Oui je ressemble à une gamine qui se serait amusée avec le maquillage et les fringues de sa mère, et oui nous nous sommes incrustées à une soirée de jeunes adultes. Connaissant Charlotte j'aurais dû vérifier l'organisation.

Un calme affreux s'installe dans la voiture, nous ne disons plus rien jusqu'à ce qu'il se gare devant leur portail. Les phares s'éteignent, Louis rejoint le portillon d'une démarche qui ressemblerait à s'y méprendre à celle d'Harry. Nous nous précipitons à sa suite dans le jardin, mes bras encerclent honteusement mon corps, je n'assume plus du tout cette tunique minuscule. Il nous ouvre la porte et nous la tient, le visage crispé. Nous passons sous son bras pour entrer. Nous retirons ensuite nos chaussures et grimpons à l'étage sans un bruit pour ne réveiller personne.

Persuadée que Louis va faire demi-tour et rejoindre la fête, je suis des plus surprises lorsqu'il nous suit dans l'escalier. Charlotte a déjà disparue dans sa chambre, moi je m'immobilise un instant pour le fixer dans l'obscurité du couloir. Je voudrais parler, dire quelque chose, n'importe quoi, mais il entre dans sa chambre sans poser un œil sur moi.

Cette vision me donne envie de pleurer.

Ma propre porte se referme et je me laisse lourdement tomber sur mon lit, me cachant le visage dans les mains.

Cette soirée était mauvaise. Vraiment mauvaise. J'ai peur d'avoir brisé quelque chose, peur que ce regard turquoise si doux qui m'observait danser et se plissait d'amusement quand je riais ne se ternisse.

Heyyyyyy mes Zamours

Le week end est là, quel bonheur ! Sauf qu'il pleut, encore et encore.

J'espère que ce chapitre vous a plu, que j'ai réussi à bien vous faire vivre l'ambiance de la fête. On va commencer à rentrer dans l'histoire ça y est, les personnages et décors sont plantés.

A lundi les poules

Rosie

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