- Je sentais que cet été serait important

- Carrie -


Le grand moment arrive, je n'en pouvais plus, ça me rendait littéralement folle de compter les jours, les heures et les minutes.

Ma chambre est dans un désordre impossible depuis que je prépare mon sac de voyage et ma valise. Comme toujours je fais les choses au dernier moment. Pour éviter que ma mère ne me répète encore à quel point je suis désorganisée, je me dépêche de terminer avant qu'elle ne le remarque. Je fourre tous les shorts et les débardeurs dont dispose ma penderie dans le sac de voyage puis je passe aux choses sérieuses : mon I-Pad, mes écouteurs et mon livre de l'été, l'officiel et le non-officiel caché derrière des peluches.

Oui, parce que la semaine dernière j'ai acheté en douce le fameux Cinquante Nuances de Grey. Ma mère serait folle de le savoir, elle me hurlerait que je viens à peine d'avoir quinze ans, que c'est pornographique et compagnie... je sais, mais il faut que je le lise. Toutes les filles du collège l'ont déjà fait et le monde entier n'a que ce titre à la bouche ces derniers mois. C'était une manœuvre risquée, je ne veux même pas imaginer ce que je subirais si elle tombait dessus.

Ma mère m'éduque d'une façon très stricte, il n'y a que moi dans sa vie depuis dix ans alors ses attentes sont grandes, un rien l'affole. Me laisser partir si longtemps dans une autre région n'aurait pas été possible si elle n'avait pas été séduite par le concept de la famille très nombreuse de Charlotte guidée par de solides bases religieuses.

Evidemment, je me suis bien gardée de lui dire que, dans ce cas précis, les apparences sont parfois trompeuses.

Un rictus mutin m'échappe tandis que je range ma trousse de toilette et d'autres sandales.

Lorsque la tâche est achevée, je descends dans le salon et m'installe au comptoir de la cuisine. Ma mère y déambule, un énorme sourire aux lèvres, le genre stupide qui vous oblige à sourire aussi.

Il n'y a que les hommes qui la font sourire comme ça et en ce moment, l'homme en question se prénomme Marc.

Ma mère aime plaire, beaucoup. Mon père l'a quitté pour une autre femme quand j'étais petite et depuis elle ne vit que pour le regard des hommes, comme si ces regards la rassuraient et empêchaient ses traits de vieillir.

Elle est belle, une beauté blonde trop maquillée, une beauté qu'on juge naïve et superficielle, pourtant ce n'est pas le cas, elle n'a juste jamais eu confiance en elle. Malheureusement cet aspect qu'elle cultive n'attire que les mauvais regards, ceux d'hommes mariés ou pas très sérieux, alors souvent, après ces douces périodes de flirt et de grands sourires arrivent toujours ceux des pleurs et de la dépression.

─ Mon bébé tu vas me manquer, gazouille-t-elle en m'embrassant de partout.

Je souris et acquiesce, songeant silencieusement qu'il faudrait un jour qu'elle cesse de m'appeler son bébé, car le bébé en question rentre au lycée dans deux mois. Là encore c'est une autre façon de lutter contre le cruel temps qui passe.

Elle lisse tendrement mes cheveux très courts puis les glisse derrière mes oreilles en me couvant des yeux.

─ Tu me téléphones dès que tu arrives, et dès que tu as besoin de quoi que ce soit.

─ Bien sûr M'man, et toi aussi hein ?

Cette réflexion la fait glousser et elle me serre très fort. Je descends ensuite du tabouret, attrapant mon sac et ma valise au passage, puis dans un dernier signe chaleureux de la main, je quitte la maison.

Il ne me faut que deux minutes pour marcher jusqu'à la gare. Nous habitons littéralement sur les rails, c'est une des nombreuses raisons qui ont fait que ma mère a pu acheter cette petite villa après le divorce.

Une fois les portes automatiques passées, je déambule un peu dans la gare avec le nez en l'air. L'endroit est presque désert, ce n'est qu'une petite gare de petite ville, la seule excitation qui émane de ce lieu vient de moi.

Je n'ai qu'une très légère attente sur la voie. Mon train arrive, je trouve mon siège et m'y laisse tomber sans cacher mon ravissement.

Comment ne pas l'être, ravie, quand on sait que je vais passer plus de trois semaines là-bas !

*

Trois heures plus tard, l'annonce du micro me fait ranger le bazar éparpillé sur ma tablette puis je récupère ma valise. Le train s'immobilise, j'attends devant la porte comme une gamine impatiente, ce que finalement je suis. Une fois sur le quai, j'observe avec fascination cette grande gare ressemblant à une fourmilière survoltée.

Par réflexe je sors mon portable de ma poche, car je ne sais pas trop où aller et envisage de téléphoner à mon amie, mais finalement une tête connue devant l'entrée me fait pousser un cri. Charlotte et moi nous précipitons pour nous rejoindre, elle me percute et nous sautillons comme des hystériques en nous serrant très fort dans les bras. Nous nous hurlons dans les oreilles sans rien pouvoir discerner mais ça n'est pas grave, c'est fantastique de se revoir, elle m'a terriblement manqué.

Depuis que nous nous sommes croisées dans cette colonie de vacances trois ans plus tôt, nous ne nous sommes plus jamais perdues de vue, et même si les quatre heures de voitures qui nous séparent peuvent sembler rédhibitoire pour une si jeune amitié, pour l'instant ça n'a jamais posé de problèmes. Même après de longs mois sans se voir c'est toujours aussi fort.

─ Je suis tellement contente ! Me clame-t-elle. On va passer un été fantastique !

─ J'en doute pas !

─ T'as grandi c'est fou !

─ Toi t'es toujours aussi belle !

─ T'es adorable ! Allez faut qu'on se bouge, mon frère est mal garé devant.

De légers papillons frémissent dans mon ventre en apprenant cette nouvelle. Charlotte saisit ma valise pendant que je réajuste la lanière de mon sac sur mon épaule avant que l'on ne se dépêche de sortir.

Dehors il fait déjà bien plus chaud et ensoleillé que chez moi, c'est agréable, comme si je m'étais téléportée ailleurs. Il y a des buildings énormes et très designs tout autour d'une place arborée avec de jolies fontaines.

En effet, là-bas, une voiture en piteux état est garée en warnings au milieu du trottoir. Nous accélérons le pas en zigzaguant entre les voyageurs et Charlotte la contourne pour ouvrir le coffre y mettre ma valise. J'approche côté passager avec une certaine gêne, à l'intérieur des épaules se penchent puis une tête. La première chose que je discerne dans l'ombre de l'habitacle sont une paire d'yeux si turquoises qu'ils semblent fluorescents, puis un large sourire, un sourire qui illumine tout.

─ Salut ! me dit-il chaleureusement.

─ Salut !

Il se penche davantage pour ouvrir la portière arrière, j'y entre m'y asseoir. Il passe le coude autour de l'appui tête en me faisant face, ravivant les souvenirs de son visage dans ma mémoire.

Ses traits ont à peine vieillis, ils se sont affinés et ont légèrement perdu cet aspect juvénile de la fin d'adolescence. Ses cheveux châtains clairs eux n'ont pas bougés, toujours en bataille sur sa tête dans des coiffures anarchiques qui lui donnent un aspect saut-du-lit assez craquant. On ne voit pas ses paupières, légèrement tombantes sur ses cils, ça fait ressortir le fluo de ses iris. Ses joues elles, sont creusées de fossettes tout près de sa lèvre quand il sourit, mais ce sont les fossettes sur son nez qui font tout le caractère de son visage.

Louis Tomlinson.

Ce nom résonne en moi comme une musique délicieuse. Je me doute bien qu'il ne se souvient pas de moi, après tout ça remonte à plus d'un an et c'était à peine quelques secondes durant la fête d'anniversaire de sa sœur, mais moi je me souviens encore parfaitement de lui.

Je ne dirais pas qu'il est extrêmement beau, non, je dirais qu'il est magnétique, voilà c'est le terme, il hypnotise. Certains garçons ont une beauté parfaite, mais ils sont fades et inexpressif tandis que lui déborde de charmes. D'ailleurs, exactement comme l'année dernière et sans m'en rendre compte, je me noie dans son air malicieux.

─ Alors ? T'as fait bon voyage ? s'amuse-t-il.

Je cligne des yeux en quittant mes pensées. Mes joues s'empourprent quand je réalise qu'il a fallu qu'il répète la question.

─ Oui pardon, c'était un peu la folie à l'arrivée.

Gros mensonge, mais ça justifiera mon état débile. Il hoche la tête puis nous regardons sa sœur entrer et s'asseoir à côté de lui. Il repose le dos sur le siège et démarre en vérifiant la circulation par la fenêtre. J'attache ma ceinture et libère un souffle ravi.

On y est.

Je caresse les sièges abimés autour de mes cuisses avec excitation, peinant à rester calme. C'est trop génial, je suis dans une voiture conduite par son frère de dix-neuf ans. Je sais déjà que cet été va être merveilleux.

Charlotte babille en me racontant tout ce qu'elle m'a déjà dit par téléphone des dizaines de fois, je lui réponds avec le même entrain, jusqu'à ce qu'à un feu rouge son frère nous interrompe et parle enfin :

─ Au fait excuse-moi, je me suis même pas présenté. Je suis Louis.

Évidemment, je fais comme si je ne le savais pas et lui souris à travers le rétroviseur.

─ Moi c'est Carrie.

─ Carrie tout court ? demande-t-il.

J'acquiesce, habituée à ce que l'on bute sur mon prénom, le prenant pour un surnom. Charlotte se tourne avec amusement pour lui parler.

─ Comme Carrie Bradshaw !

Louis arque un sourcil en regardant la route, nous signifiant par-là qu'il ne voit pas du tout de qui elle parle. J'en roule déjà des yeux.

─ Mais siiiii, la blonde canon dans la série Sex and The City !

Son frère me fixe à nouveau dans le rétroviseur, il me détaille en vérité, alors je me ratatine un peu. C'est ennuyant de porter le nom d'un personnage, très sexy qui plus est, on souffre de la comparaison.

Carrie Bradshaw est une journaliste sûre et sublime, une blonde sauvage vêtue en haute-couture qui déambule dans les rues de Manhattan sur des talons de douze centimètres... moi je ne suis qu'une ado blonde pas encore trop sûre de sa direction, en jean usé et vieilles convers. Peut-être aurait-il mieux valu qu'elle me compare à l'autre Carrie : cette pauvre jeune lycéenne télépathe qui se reçoit un saut de sang de porc sur la tête au bal de promo et qui fait bruler tout le monde.

Charlotte repart dans sa conversation, Louis augmente légèrement la radio avant de poser le coude sur la portière.

Nous arrivons dix minutes plus tard devant chez eux, cette grande maison de lotissement qui dégage une chaleur indescriptible. On sent qu'elle est habitée par beaucoup de personnes et beaucoup d'amour. Charlotte dit toujours que c'est la « baraque du bonheur », ils y font un peu ce qu'ils veulent, la preuve, j'y suis invitée presque tout un été.

Nous descendons de la voiture et Louis récupère ma valise. Ils passent un petit portillon de fer forgé qui mène à un joli jardin ombragé de grands buissons, rendant l'endroit très intimiste, puis nous suivons une allée en vieilles dalles claires qui nous mène jusqu'à la porte d'entrée.

A l'intérieur, je regarde tout autour de moi pour me souvenir des lieux, une profonde plénitude m'envahit. Cette grande maison me plait, elle est dans un désordre sympathique qui prouve qu'elle vit.

Louis prend l'escalier, je le suis. Nous longeons un couloir jusqu'à une porte qu'il ouvre, celle de la chambre d'amis. Il y pose la valise et j'inspire l'air frais. On voit qu'elle a été préparée juste avant mon arrivée, elle est vraiment charmante cette pièce.

─ C'est joli ici !

─ Tu vas t'y sentir comme chez toi, déclame mon amie.

─ Je me sens déjà comme chez moi !

Elle sautille sur place tandis que je lui souris. Louis claque alors dans ses mains pour attirer notre attention.

─ Bon les filles, je vous laisse. Besoin de rien d'autre ?

Charlotte secoue négativement la tête, il me fait donc face.

─ Les parents vont pas tarder, on se reverra au repas.

─ Merci d'être venu me chercher, lui dis-je.

Il lève la main pour me signifier que ce n'était rien puis quitte la chambre en refermant. Charlotte se laisse tomber sur le grand lit et j'en fais de même, elle saisit mes mains et les secoue avec excitation, ça me fait glousser.

─ Carrie j'ai tellement hâte de te présenter mes potes, tu verras le voisin a une super piscine on y bronze tout l'après-midi, et le soir on va souvent au skatepark trainer un peu. Et tu sais la semaine prochaine il y a la fête foraine en ville on va s'éclater.

Je suis obligée de mordre dans ma lèvre pour contenir ma joie. Ces vacances je les ai tellement attendues, j'en rêvais même la nuit.

Avec Charlotte ça ne peut qu'être fantastique. Nous avons le même âge pourtant elle fait tellement plus vieille que moi, plus dégourdie aussi, sans doute parce qu'elle a des frères et sœurs plus âgés. Elle fait partie de ces filles qui dégagent quelque chose de fort et inexplicable, ce n'est pas physique non, elle n'a rien de particulier, mais c'est plutôt une sorte d'aura naturelle, un truc qui fait qu'on la remarque où qu'elle aille et lui confère un aspect jovial et sympathique, une aura de meneuse. Elle sent l'expérience et le vécu. Il suffit qu'elle ouvre la bouche pour qu'on l'écoute et l'apprécie. C'est un trait que j'envie beaucoup, car même si je ne suis pas une timide, je n'ai cependant pas ce pouvoir d'attirer le regard et d'illuminer une pièce par ma seule présence.

Discrètement, je tourne les yeux en direction de la porte, songeant que ce doit certainement être un trait de famille.



Hey hey !


Voilà la petite Carrie qui débarque ! J'espère que la nouvelle façon d'écrire vous plait.

Alors, ouais, truc important ! Les illus ! Attention ne les prenez jamais comme fidèles à l'histoire, parce qu'en plus elles seront postées sans aucun ordre d'âge, de chronologie ou de rapport avec le chapitre en question. Je dessine juste ce qui me vient sur le moment, des scènes dans lesquelles j'aurais eu envie de les voir et qui ne seront peut-être jamais traitées ni même techniquement possibles. Prenez ça un peu comme les couvertures de chapitres de Manga, qui ne représentent pas du tout la réalité de l'histoire. Le seul truc que vous pourrez tracer dans ces illus c'est leur âge, via la longueur des cheveux, le nombre de tatouages qui s'ajoutent, la barbe et compagnie. C'est tout.

Voilà, bordel je parle trop, rien que pour ça j'mérite un vote non didiou

J'vous kiffe.

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