- Jamais je ne me serais douté... jamais.

- Louis - 



Lorsque je gare la voiture dans une des ruelles proches de son immeuble, la nuit commence à doucement tomber.

Nous ne sommes pas dans le coin malfamé de la ville, mais ça n'est pas non plus le grand luxe. A chaque fois que je me rends chez Harry, la réalité de notre différence de milieu me saute aux yeux, même malgré-moi.

Je suis issu d'une très vieille famille, éduqué sur de solides bases religieuses. Nous avons de l'argent, certains en ont même trop, et j'ai tellement de cousins éparpillés partout dans le pays que je n'en connais pas le tiers. Harry lui, vit seul avec sa mère, que j'ai toujours connue à enchainer les doubles boulots. Sa famille je ne l'ai jamais vue, il n'en parle pas beaucoup.

C'est drôle d'être autant opposés dans nos vies, mais tellement semblables dans nos passions et nos rêves.

Je trouve ça beau.

Perdu dans mes réflexions, je manque rater le sas rouge de son entrée d'immeuble. C'est pourtant le seul point coloré au milieu de ces hauts bâtiments gris. J'appuie chez les Styles, rapidement le bip retentit et me permet d'ouvrir la lourde porte vitrée.

Ça sent le renfermé dans ce couloir sombre et défraichi, même cette vapeur fruitée de produits ménagers n'arrive pas à le masquer. Un immense miroir est accroché au mur entre deux rangées de boites aux lettres grises. J'y jette un œil, un type en sweat de sport bleu m'y regarde depuis le couvert de sa capuche. C'est drôle, j'ai l'air assorti.

Ça n'est pas vers l'ascenseur que je me dirige, mais la porte des escaliers. J'en ai une peur atroce des ascenseurs. C'est franchement naze comme phobie, surtout que je ne l'explique pas. Il ne m'est jamais rien arrivé dans une de ces boites de métal qui pourrait le justifier, je ne suis même pas claustrophobe. Pourtant c'est comme ça. Monter là-dedans serait une épreuve, rien que de le songer j'en ai des palpitations. Harry se fout tout le temps de ma gueule à ce sujet, j'essaye de dédramatiser en répétant que les escaliers sont bons pour la santé, lui me rétorque que je suis une petite bite.

Les escaliers en questions, je ne les ai jamais grimpés aussi vite. Je les enjambe quatre par quatre même tant je suis impatient. Arrivé au quatrième étage je frappe doucement à la porte verte puisque la sonnette n'a jamais fonctionné. C'est la petite tête souriante de Nita qui apparait dans l'entrebâillement. Ça ne semble jamais l'étonner que je sois toujours essoufflé quand elle m'ouvre.

La bonne odeur de leur foyer remplace celle du couloir, un mélange de plats délicieux, de lessive et de fleurs fraiches.

— Louis mon chéri, ça fait longtemps.

C'est vrai, ça fait des mois. C'est rare que je vienne ici. Harry fait en sorte de squatter chez moi la plupart du temps, ou sinon, il me demande de de me garer sur le trottoir en warnings.

Nita se décale pour me faire passer, j'entre et me penche la serrer. Elle est petite comme une vraie mama latina. Sa peau est légèrement halée, ses cheveux sont aussi noirs et ondulés que ceux de son fils. C'est bien la seule chose qu'ils ont en commun, les cheveux, car Harry est la copie conforme de l'homme-à-la-photo-dans-le-tiroir-du-bureau.

— Vous allez bien madame Reyes ?

Ses mains chaudes me prennent tendrement le visage en coupe.

— Arrête avec tes « Madame », tu es trop bien élevé.

— On me le dit tout le temps.

Son rire est petit lui aussi, chaleureux. Une voix maussade résonne alors derrière nous.

— Tu bouges du couloir où je viens te chercher ?

Harry est appuyé au chambranle de sa porte. Il arbore sa tronche des mauvais jours et nous scrute tour à tour. Nita soupire exagérément en englobant son fils d'un geste.

— Dire que celui-là c'est moi qui l'ai élevé...

Nous échangeons un sourire complice tandis que je rejoins Harry. Il me tient la porte puis la referme sur nous. Une intense odeur de cigarette m'arrache une quinte de toux. Sans même y mettre les formes, je fonce vers sa fenêtre que j'ouvre et fais battre en appel d'air. Harry ne relève même pas, il va directement s'asseoir sur son matelas.

Elle est oppressante et sombre cette chambre. C'est une petite pièce longiligne qui ne contient qu'un lit poussé contre le mur, un bureau et une armoire parallèle à celui-ci; le tout jonché d'un sacré bordel où trônent deux guitares. L'univers Rock est représenté partout, que ce soit les CD éparpillés dans le foutoir ou les murs couverts de posters de différents groupes.

Pour ne pas rester stupidement debout, je tire la chaise du bureau et m'y installe à l'envers, une jambe de chaque côté du dossier, sur lequel je croise les bras.

— Salut Styles, dis-je simplement, ne sachant pas trop comment briser la glace.

Silence. Il ne répond rien et se contente d'étirer le bras vers le bureau pour atteindre son paquet de clopes. Ses gestes sont brusques lorsqu'il s'en saisit d'une et la porte à ses lèvres pour l'allumer. Il est nerveux.

J'en profite pour l'inspecter. Ce qui me saute immédiatement aux yeux, ce sont les deux énormes cernes violettes qui descendent sous les siens, elles touchent presque ses ailettes du nez. Son teint est blafard, plus que d'habitude du moins, et au vu de ses joues creusées, je dirais qu'il a perdu trois bons kilos. Cette vision me resserre l'estomac. Je ne comprends pas.

Putain mais qu'est-ce qu'il t'est arrivé ?!

Il tire une première latte de sa clope, la conserve le temps de s'accouder sur ses genoux, puis la souffle fort vers le sol. L'ambiance est devenue si tendue que respirer ne m'est plus automatique.

Les minutes passent, la cigarette raccourcit et il n'a toujours pas ouvert la bouche. Mes yeux sont rivés sur ses deux doigts qui serrent la clope et la déforment, mon pied s'agite d'impatience.

Il n'arrive pas à parler. Ça lui semble trop difficile.

Comment l'aider sans le brusquer ? Sans risquer de faire foirer ce début délicat de première approche ? Je ne sais pas, c'est tellement délicat. J'ai la sensation d'être face à un animal sauvage, prêt à s'enfuir en grognant au moindre mouvement.

Mais il faut bien faire quelque chose, alors avec beaucoup de précautions, je fais rouler la chaise pour me rapprocher de ses genoux. Ma voix se fait encourageante.

— Où est-ce que tu étais cette semaine ?

A tout instant je redoute la crise, cette nervosité qui se muerait en colère et lui ferait me hurler à la gueule de me barrer d'ici ; sauf que contre toute attente, il recrache simplement la fumée en fronçant les sourcils. Son visage est toujours penché vers le sol, sa nuque rentrée dans les épaules.

— J'étais ici les trois premiers jours, j'suis pas sorti.

Pas sorti ? Qu'est-ce que ça veut seulement dire ? Qu'il est resté cloitré dans cette chambre sans même utiliser son téléphone ? Je ne comprends rien.

Voyant que son début de réponse ne fait que me troubler davantage, il reprend la parole.

— Après ça j'suis allé à l'hôpital, j'y suis resté un peu.

— A l'hosto ? Pourquoi ?

Pas de réponse. Ses sourcils s'abaissent. Moi j'envisage tout de suite une violente bagarre, un accident de voiture ou quelque chose du genre. Vu le personnage et ce à quoi il m'a habitué, ça ne m'étonnerait pas. Seulement cette hypothèse ne tient pas la route, car il m'en aurait parlé s'il n'était question que d'une vulgaire embrouille soldée par deux côtes cassées et une dent en moins ; une histoire qu'il se serait empressé de me raconter en se marrant.

C'est alors qu'une autre option émerge dans mon esprit, si terrifiante et atroce que j'en retiens un hoquet. Se pourrait-il qu'il cache une sorte de cancer ? Ou autre saloperie du genre ?

La panique s'empare rapidement de moi, elle fait tressauter ma jambe et grincer mes dents. J'ai besoin de savoir, j'en crève, alors tant pis si je le brusque.

— Bordel Harry ! Pourquoi t'as été hospitalisé ?

Les deux doigts tenant sa clope viennent gratter son front, il ne me regarde toujours pas, on dirait qu'il évite le contact oculaire.

— Parce que je dormais plus depuis trois jours.

L'incompréhension me cloue sur la chaise. Ne plus dormir ? Comment ne peut-on plus dormir ? Et pourquoi se rendre à l'hôpital pour ça ?

Cette fois son visage remonte face au mien, il est particulièrement tendu. Son regard vert me scrute sans ciller.

— Je sais ce que tu te dis, mais non, pas ce genre d'hôpital là.

— Quel genre ? Je rétorque, incrédule.

— Le genre rempli de fous.

Mon buste se redresse bien droit, le temps que l'information me grimpe au cerveau. Elle n'y arrive pas. Je ne comprends pas. Ou ne veut pas comprendre. Harry lui, a posé les coudes sur ses genoux, le front dans sa paume. Jamais je ne l'avais vu comme ça. Jamais sa voix n'avait résonné comme ça.

— Je suis malade Louis. Depuis toujours. Schizophrénie.

Le silence qui précède ce terrible mot pèse le poids de cet immeuble. Il y aurait eu tellement de bonnes façons de réagir, mais non, moi j'ai choisi la pire : j'ai plaqué ma main sur ma bouche en bloquant une respiration. C'est comme si ça l'avait scié en deux. Un instant il a cherché mes yeux, presque désespérément, avant de brusquement se relever, agitant ses doigts et sa clope sous mon nez.

— La voilà la putain de réaction que j'attendais !

La culpabilité me fait bafouiller, mais c'est trop tard, Harry déambule rageusement dans ce mince couloir que forme l'espace entre son lit et le bureau. Plein de colère et de rancœur, il me vocifère dessus.

— Je savais que tu réagirais comme ça ! Tu me regardes comme un détraqué qu'on enferme dans une camisole, comme un fou dangereux. Ha par contre si je t'avais dit que j'avais une saloperie de leucémie là t'aurais fait ta gueule désolée hein ?!

— Harry, arrête !

— T'es comme les autres, j'aurais pas dû te le dire !

— STOP !

Il faut qu'il se calme, que je le calme, alors je bondis de ma chaise et lui empoigne le col du t-shirt pour lui donner une secousse. Ses yeux se plantent dans les miens, agressifs, mais je ne me démonte pas, au contraire, je l'affronte moi aussi.

— Stop, tu la boucles. Je te jugeais pas Styles, c'est juste la surprise. Tu m'aurais annoncé aimer les mecs ou faire carrière en politique j'aurais eu la même réaction. S'il te plait, assis-toi et explique-moi calmement.

Ses iris perdent progressivement cette lueur sauvage qu'il utilise pour se protéger. Je le pousse à se rassoir sur le matelas et j'en fais de même contre lui, épaule contre épaule, accoudés sur nos genoux. Son bras se tend pour saisir une nouvelle cigarette, ça ne me plait pas quand il en enchaine deux, mais je sais que ça le soulage, c'est une sorte de carapace cet écran de fumée blanche.

Après l'avoir rapidement allumée, il souffle la première bouffée sur le côté, loin de mon visage, puis relève le sien droit face au mur.

— J'ai toujours eu un comportement particulier. On disait que j'étais un gamin caractériel et perturbateur, qui s'entendait mal avec les autres et ne s'intéressait à rien. Au collège ça s'est empiré. Les conseillers défilaient, ils pensaient que c'était le divorce de mes vieux, mais après mon deuxième renvoi on m'a collé une psy, qui elle a compris. Le comportement est devenu officiellement une maladie.

Ma bouche s'est entrouverte, je crois que je ne respire plus. Rares ont été les moments aussi intenses dans ma vie, je crois que pour lui c'est la même chose. Puisque sa voix a baissé au fil du récit, je rapproche mon oreille et presse ma joue contre son épaule. Outre le fait de mieux l'entendre, je voudrais que ce contact le rassure, lui prouve que je ne le rejette pas.

— Le terme exact, reprend-il gravement, c'est schizophrénie simple. Je suis atteint d'un stade très bas, pourtant crois-moi Louis, c'est pas simple...

— Comment cette psy te l'a diagnostiqué ?

— Elle me posait des tas de questions, sur mes colères, mes crises, ma solitude.

— Tes crises ?!

La taffe qu'il s'empresse d'aspirer me laisse deviner que j'ignore beaucoup de choses, des choses graves. Son regard se perd dans le vide.

— Quand je vais mal, ça se finit en crises parfois.

Mes yeux clignent, j'essaye de me souvenir. Harry est un chieur caractériel, qui râle dès qu'il peut. Il cherche la merde, se bat quelques fois et on s'engueule fort, mais rien d'anormal, rien qui ne m'a jamais choqué au point de nommer ça une crise.

— Tu ne m'as jamais vu quand je vais très mal, répond-il seul à mes pensées.

— Ho... et comment elles se manifestent ?

Ses sourcils s'abaissent, il bouge un peu contre mon épaule.

— Au début c'est léger. Je suis énervé, pas concentré, les gens m'insupportent. Le lendemain j'ai la sensation qu'on me regarde de travers, j'ai des pensées sombres, l'impression d'être une merde et qu'on me le reproche. Je me sens agressé, persécuté, un moins que rien. Du coup je dors pas de la nuit, je ressasse tout ça. Les jours suivant la fatigue amplifie mon état, ça devient carrément du délire, je me monte des machinations tout seul.

Ses mots me font tellement de peine que je presse plus fort ma joue sur son épaule, y collant même le nez. C'est malheureusement le seul contact qu'il m'autorise sans me repousser.

— T'es soigné pour ça ?

— Ouais, je prends des neuroleptiques tous les jours, ça bloque les effets, j'oublie presque que je suis malade des fois, pendant plusieurs mois même, jusqu'à ce qu'une crise déboule.

— Il n'y a rien à faire pour arrêter ces crises ?

— Si, j'ai un traitement lourd quand ça arrive, un cachet à avaler, sauf que je ne le prend jamais.

— Pourquoi ?

— C'est un puissant calmant, je deviens un légume pendant dix heures après ça, genre bave qui coule, je le vis très mal. Sans compter que dans mon délire je suis toujours persuadé que je peux m'en sortir seul, alors que non, j'peux pas.

— Ta mère te force pas à les prendre ?

— Je te laisse imaginer comment je réagis sur le moment quand elle essaye. Elle n'a jamais réussi à me le faire prendre, jamais, même en pleurant, négociant, suppliant ou tout ce que tu veux.

— Merde...

— Ouais. Quand elle voit que la crise traine sur une semaine, elle passe un coup de téléphone aux urgences psychiatriques à domicile. Deux types viennent me chercher pour m'emmener à l'hosto. Si je me laisse pas faire j'ai le droit à la piqure dans le cul, et c'est souvent le cas. Là-bas je dors douze heures d'affilées, je reste une journée à balader dans le jardin avec les dépressifs et les suicidaires puis on me fait causer avec la psy. Quand ils estiment que je vais mieux, je rentre chez moi comme si de rien n'était et ça repart pour quelques mois.

Brusquement tout devient logique, comme si mon monde s'éclaircissait.

Il est là le fameux secret. Elle est là l'aura sombre que je détectais chez lui à certains moments. Ces disparitions s'expliquent enfin.

Mais plus que ça encore, tout chez lui prend un sens, y compris ce personnage qu'il entretient. Voilà ce qu'il planquait derrière ses airs affreux et son cuir noir. De cette manière, personne ne détectait rien. Durant ses mauvais jours, il n'est qu'un Harry Styles bien plus infect que d'habitude, rien d'autre. Personne ne peut se douter, même moi son meilleur ami n'y ait vu que du feu.

Mais pourquoi ne rien dire ? Garder le secret ?

Peut-être pour ne jamais se faire regarder de la façon dont je l'ai regardé tout à l'heure, même si c'était malgré-moi.

Je m'en veux tellement. Bien que je sois de nature altruiste, jamais je n'ai réussi à ressentir la même compassion entre un malade physique et un malade psychologique. J'éprouve une admiration sans fin pour les handicapés physiques et une profonde affection, tandis que les gens avec des troubles psychiques me font peur et me gênent.

Ho mon Dieu, combien de fois ai-je grimacé face à des personnes aux comportements bizarres... même en présence d'Harry !

Quel con.

Maintenant je m'en veux énormément, pour chacune de mes pensées ou réactions face à quelqu'un d'étrange ou de dépressif, car ça touche une personne de mon entourage, une des plus proches.

Le marmonnement d'Harry me fait sursauter.

— T'es en train de penser des trucs moches sur moi Lou ?

Une décharge électrique me traverse.

— Jamais de la vie.

Son œil se plisse, il hésite à me croire. Je lui souris tout en poussant son épaule de la mienne.

— C'est vrai. Je me demandais juste si ça avait un rapport avec le fait que tu sois un sale con.

Un rire inespéré lui échappe, dans son regard je perçois du soulagement, de la gratitude même, comme si jamais personne n'avait osé se moquer de son état ou en parler avec légèreté.

— Nan, réplique-t-il sur le même ton, je suis vraiment un sale con, c'est quand je deviens le pire des sales cons de la planète que tu dois te poser des questions.

— Mmmh-mmh... et sinon, tu te prends pour Napoléon de temps en temps ?

Un rictus amusé s'étire autour de la clope.

— Ferme-la Tomlinson.

— Mais quand tu regardes un plan de métro et que tu vois la flèche rouge « vous êtes ici », ça te fait flipper ?

Cette fois il libère des rires de fumée, se pressant l'arcade en fermant les yeux. Moi aussi je rigole, toutes nos tensions s'éloignent.

— Je flippais mec, m'avoue-t-il, ça fait un an que j'essaye de te le dire.

— T'aurais dû.

— Je voulais pas que tu me regardes différemment.

— Y avait aucune raison que je le fasse.

Il acquiesce. Nous devenons ensuite silencieux quelques minutes, comme pour sceller les mots échangés.

Il semble détendu, plus léger. Moi ce que je ressens est indescriptible. C'est comme si je venais d'enfin résoudre l'impossible énigme Harry Styles. Après toutes ces années, toutes ces disparitions, toutes ces inquiétudes... ça y est, j'ai compris.

Par contre maintenant, je culpabilise beaucoup du nombre de fois où je l'ai insulté par téléphone ou lui ai fait la gueule à ses retours, alors qu'il avait tellement besoin de mon soutien. Il aurait dû me l'avouer, ça n'aurait jamais rien changé entre nous. Ça n'est pas une petite pilule chaque matin qui peut nuire au lien si fort qui nous unit. J'espère vraiment qu'à l'avenir nous pourrons toujours tout nous dire sans crainte.

D'ailleurs, moi aussi j'ai des choses à lui dire.

Déterminé, je récupère sa moitié de clope et l'écrase dans le cendrier près du lit, ne lui laissant même pas le temps de m'engueuler.

— Je m'en vais Styles, dans une ou deux semaines.

Ses yeux s'arrondissent.

— Pendant que tu n'étais pas là, j'ai annoncé à mes parents que je plaquais la fac. C'est fait, c'est officiel, je prends ma caisse, ma guitare, deux jeans et je me tire faire un sacré tour de pays pendant un ou deux ans. Ça fait des jours que j'essaye de te le dire.

C'est à son tour d'ouvrir la bouche sans pouvoir sortir aucun son. Ses pupilles se dilatent, oscillent rapidement sous le fil de ses pensées, avant qu'il ne fronce les sourcils.

— J'en suis !

— Quoi ?! Fais-je d'une voix aigüe. Et ton bac ?

Il élude ce problème d'un geste sec de la main.

— Qu'est-ce que j'en ai à carrer du bac. Tu pensais que j'allais faire des études ?!

— Non mais...

— Un bac sans études derrière ça sert à que dalle, je me le taperai en candidat libre plus tard au pire.

— Ta mère voudra jamais.

— Ma mère veut que je sois heureux, elle ira pas contre ma décision.

— T'es complètement taré.

— Nous sommes au courant merci.

Cette vanne plus que douteuse m'arrache un souffle désabusé, je me cache même dans mes mains. Harry vient saisir mes cheveux et y donne une secousse.

— Je suis sérieux, tu te barres pas faire un road trip sans moi j'te préviens. A part si les meilleurs potes Shizo ça te branche plus.

— Avoir un meilleur-pote qui n'est pas Schizo c'est has been.

Nous échangeons un rire complice avant qu'il ne bondisse du lit en claquant des mains. Il se met alors à observer sa chambre avec excitation, comme s'il n'y voyait plus une pièce bordélique et sombre, mais tout un tas de projets d'avenir. Cette vision me noue la gorge d'émotion. C'est ce Harry là que je veux voir, pas cette ombre voutée et honteuse de tout à l'heure.

Pour la petite histoire, je ne mentirais pas en avouant que j'avais secrètement espéré qu'il m'accompagne. C'était assez égoïste de ma part, mais si juste, si évident. Nous ressentons la même passion, sauf que nous l'exprimons différemment. J'aime écrire la musique, lui aime la chanter. On se complète.

Harry se met à parler très sérieusement organisation, faisant des allers-retours contre mes jambes. Moi j'écoute en souriant largement. Si le projet m'emballait déjà, maintenant que je sais qu'il en fera partie, je sais que ça va devenir la meilleure expérience de ma vie. J'imagine déjà les heures de routes, les motels pourris, les rires, les conneries et la musique.

Tellement de musique.

Et tout ça avec le Harry Styles au complet, celui que je connaissais déjà, mais en mieux. Léger et libre, entouré de la même aura sombre qu'auparavant, mais contre laquelle je pourrais me battre désormais.



Mes pouleeeeees !

Chapitre dur à écrire. Maintenant vous connaissez le secret. Certaines le savent, cette maladie j'avais besoin d'en parler, c'est dans cette fic qu'elle va se matérialiser et s'exorciser.

Bon ben vous avez quasiment toutes trouvé la signification du tatouage ! Bravooooo !  be Crazy be Happy, contient les initiales de Carrie et Harry. Il assume parfaitement de l'afficher aux deux autres, Louis assume toujours tout.

Je vous embrasse fort <3

Rosie

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