« NO REGRETS »
by @kaguyathemilf

    Assise sur le sable chaud agréable, face à la mer scintillante qui émerveillait ses prunelles et aux rayons de soleil qui lui caressaient la peau, Hange Zoe pensait. Elle aimait se perdre dans ses pensées et dans ses souvenirs. Tous ces souvenirs s'enchaînant les uns dans les autres dans sa tête. Or, malgré le volume de tous ces souvenirs où quiconque s'y perdrait, un d'entre eux se démarquait des autres par le vaste vide qu'il lui laissait dans la poitrine. Il s'agissait de la dernière fois qu'elle avait vu Moblit.

    Elle aimait Moblit et elle allait toujours aimer Moblit. Les images de sa mort allaient la hanter jusqu'à la sienne, ou qui sait, peut-être même dans l'au-delà. Plusieurs mois s'étaient écoulés depuis son départ pour les étoiles, mais Hange n'arrivait point à faire son deuil et accepter son décès. Elle s'en voulait. Les regrets et les remords la rongeaient de l'intérieur, accompagnés de leurs phrases préférées  « j'aurais dû » et « je n'aurais pas dû ».

    Hange regrettait de ne pas avoir été plus présente pour ce dernier. Elle regrettait, les disputes inutiles entre eux qui avaient pu être évitées. Or, ce qu'elle regrettait le plus, c'était de ne pas avoir assez exprimé sa reconnaissance envers lui et la flamme impétueuse de son amour pur. Elle savait que Moblit l'aimait également, raison de plus pour la faire regretter et culpabiliser.

    Désorientée par ses émotions et ses pensées, Hange Zoe commença à tracer des coeurs dans le sable, délicatement, tentant d'échapper au danger psychique destructeur qu'était le regret. Toutefois, chaque élément qu'elle observait autour d'elle le ramenait à lui. Dès qu'elle détournait son attention de quelque chose de captivant, qui demande toute son attention, la culpabilité venait frapper son cœur.

Ne pouvant retenir le chagrin de se manifester en ayant la gorge nouée, elle laissa quelques perles salées se déverser sur ses joues qui s'échouèrent sur le sable. Hange souffrait, énormément. Elle ramassa un grand coquillage trônant sur le sable et le serra contre sa poitrine, comme si cela allait soulager sa peine, en se remémorant toutes les fois où Moblit lui avait dit qu'il souhaitait partir à la chasse aux coquillages avec elle.

— Qu'est-ce je vais faire à présent, Moblit ? demanda-t-elle comme si elle attendait une réponse tombant du ciel, le temps qu'une larme finisse sa trajectoire sur son coquillage blanc cassé.

— Arrête de te lamenter, Hange, rétorqua une voix masculine plus lointaine.

    Ce n'était pas le signe de Moblit qu'elle espérait. C'était Levi Ackermann. Cet homme, dont les cheveux noiraudes cachaient son regard glacial et peu rassurant, avec qui elle avait passé la plupart de son temps depuis le décès de Moblit. Il s'assit auprès de sa coéquipière, écoutant les sanglots de son esprit souffrant, sans qu'un seul mot ne sorte de sa bouche. Il se contenta de la regarder évacuer son mal-être, la tête enfouie dans ses genoux marqués par les combats, sans exprimer aucune empathie particulière.

— C'est à propos de Moblit, hein ? demanda-t-il.

Elle releva la tête et répondit en faisant oui de la tête, les yeux à présent devenus rouges dû aux pleurs.

— Hange, la vie continue. Ça ne sert à rien de s'attacher au passé ou alors, tu n'avanceras jamais. Le sacrifice de Moblit doit te forger et te pousser à aller de l'avant, ainsi qu'à te battre pour ce qui est tien. Je sais que tu en ai capable, dit-il en lui ébouriffant les cheveux.

— Mais je regrette Levi, je regrette toutes ses fois où-

— Arrête Hange. Les regrets ne servent à rien, ils ne font que torturer l'esprit. Je ne pense pas que Moblit voudrait te voir dans cet état. Il ne s'est pas sacrifié pour que tu pleurniches sans arrêt. Ne rend pas son sacrifice pour toi inutile. Rend le fier et va de l'avant, répondit Levi, la coupant dans son élan.

    Hange ne répondit guère mais ses pleurs avaient cessé, malgré que les paroles du Ackermann étaient compliquées à accepter. Ils se regardèrent pendant un instant et un long silence s'installa. Toutefois, ce n'était pas un silence pesant où les deux coéquipiers ne savaient pas quoi se dire, non. C'était un silence paisible, où le bruit des vagues bleutées s'échouant sur la plage leur berçait les tympans. Une mélodie qui, apaisait leur âme.

Hange savait qu'elle pouvait compter sur Levi, malgré que ses mots étaient comme des dagues qui lui traversaient le coeur. Or, elle savait qu'il n'avait pas tord et qu'elle avait besoin d'entendre ces paroles. Mais ce raisonnement logique et guérisseur ne pouvait s'empêcher d'être troublé par un brouhaha de petites voix négatives qui faisaient culpabiliser son esprit endolori.

    Levi Ackermann brisa le silence en se levant du sable et tendit sa main à Hange, pour l'aider à se relever. Elle lui tint sa main en retour, acceptant son aide. Un léger sourire s'esquissa sur le faciès du caporal pendant qu'une douce brise leur parcourut les cheveux, les faisant danser dans les airs.

C'est ainsi, que les deux vétérans marchèrent sur la plage dorée afin de retourner à la maison, le dos caressé par les derniers rayons du soleil de la journée. Hange se sentait plus apaisée, malgré que la mort de Moblit en elle-même restait toujours difficile à accepter. Tirer un trait sur un événement traumatique et douloureux est impossible, nous apprenons uniquement à vivre avec. Hange le savait. Cependant, à présent, un de ses plus grands souhaits, était de rendre Moblit Berner fier d'elle.