•62. Tonton•

Eren

Le lendemain, après une grasse matinée confortable dans les bras de mon copain, c'est finalement ma mère qui se charge de nous appeler pour dîner.

Yelena se sentant mieux que la vieille, elle a aider ma mère à nous cuisiner de la purée et des steaks. Un dîner simple, mais efficace, qui se passe dans la bonne humeur, ma famille posant quelques questions à Livaï sur son travail.

J'aide ensuite ma mère à débarrasser, insistant lourdement pour que le chanteur reste assis, le faisant râler au même titre que Yelena qui elle aussi, était priée de rester assis.

- Les frères Jäger, il n'y en a pas un pour rattraper l'autre, soupire la femme enceinte.

- Non vraiment, lui répond mon copain. Ils nous croient en sucre.

- C'est parce que t'es à croquer mon petit chou, je le taquine.

- Beurk, overdose de niaiserie, grimace t-il en tirant la langue. 

- Tu veux un café mon rayon de soleil ? m'imite Sieg en s'adressant à sa femme.

- Je ne vous connais pas monsieur, répond l'interpelée en plaçant sa main sur le côté de son visage.

Je check la main de mon demi frère, fier de notre bêtise commune.

- Plutôt que d'étaler votre idiotie, faite chauffer le café, suggère notre père en soupirant.

- Oui chef, accepte Sieg en appuyant sur le bouton de la cafetière.

- Il faut que j'aille en course cette après-midi, annonce ma mère.

- Et moi il faut que j'aille couper du bois, annonce mon père.

Nos deux parents posent alors leurs regard lourds d'une demande silencieuse sur moi et Sieg.

- Alors là, Livaï, c'est un moment à regarder attentivement, annonce Yelena. Généralement, ils se battent pour aller en course plutôt qu'au bois.

- Ils se battent ?

- Te fait pas de film, c'est pas des hommes virils. Ils font un pierre/feuille/ciseau, au mieux. Au pire un combat de pouces.

- Je me disais aussi, il s'amuse.

Et effectivement, face à moi, Sieg tends ses mains.

- Une manche gagnante pour aller en course.

- Mais qui m'a donner des enfants chiffe molle pareil, soupire notre père.

- Ok, j'ignore. Pierre... Feuille... Ciseau !

Je tends la feuille, et Sieg tends la pierre.

- Et toc ! C'est pour toi la gadoue et les échardes !

- Super, maintenant que vous avez fini de vous donner en spectacle et que tu t'es engagé à venir avec moi Eren, sache qu'il faut qu'on aille au gaz et au gasoil.

- Eh merde.

- Dans les dents Ereh.

- Recommence pas avec se surnom ! je me plaint.

- Ereh ! Ereh !

- Pourquoi Ereh ? demande Livaï.

- Une fille qui l'aimait bien au collège l'appelait comme ça. Elle venait à la maison quand on habitait à Dijon, "j'ai fait des gâteaux pour Ereh", "Ereh est là ?", elle avait un accent un peu bizarre elle prononçait jamais le N, ricane Sieg.

- Ouais c'est bon on a compris, je remarque.

- Elle habitait en face de chez nous en plus elle était là toutes les dix secondes. Oh maintenant que j'y repense, je comprend pourquoi elle te gênait, tu rougissais pas à cause de ses gros nichons, t'étais déjà branché boules c'est ça ? Incroyable, poursuit mon frère.

- Sieg tu vois pas que tu gène ton frère là ? intervient Yelena en soupirant.

- Si et justement, j'adore ça.

Je lève les yeux au ciel, puis sers le café à tout le monde. Y compris à Livai qui n'a d'autre choix que de s'en contenter: ici, nous n'avons pas de thé.

De nouveau, je débarrasse la table. Puis je vais dans le salon avec Livaï alors que Sieg accompagne Yelena dans sa chambre pour la sieste qu'elle a pris l'habitude de faire depuis qu'elle est enceinte.

- Tu reste ici pendant que je vais avec ma mère ? je lui demande une fois seul avec lui.

- Oui t'inquiète, je survivrais.

Je passe une main dans ses cheveux et lui vole un baiser puis va m'habiller et me préparer à la tache alors que ma mère faire de même.

- T'es prêt mon ange ?

- Ouep.

Elle me souris puis prend ses clés et son sac. Ensemble, nous sortons et montons dans la Peugeot 3008 bleue des mes parents.

- Livaï a l'air de bien s'intégrer ici, remarque ma mère en démarrant. Il n'est pas du genre bavard mais ça a l'air d'aller non ?

- Si si, c'est bien.

- Ça te soulage ? elle se moque gentiment.

- J'avoue que oui. J'avais un peu... Un peu d'appréhension vis à vis de papa et Sieg.

- Quel genre d'appréhension ?

- Par rapport au fait que je ramène un homme à la maison. Je vous ai pas vraiment revu depuis que je vous ai avoué être gay. Ça aurait pu mal passer.

- Ton père s'en fout, et je t'ai déjà dit, on s'en doutais.

- Comment vous vous en doutiez ?

- On ne t'as jamais vu regarder de femmes, et puis tu déviais toujours la conversation quand on cherchait à t'en parler. On est pas idiots tu sais.

- Alors pourquoi vous m'avez pas forcer à avouer plus tôt ?

- On partais du principes que si tu ne nous en parlais pas, c'est que tu n'étais pas prêt à le faire. Bon, et puis ton père te pensais des deux côtés aussi.

- Il pensait que j'étais bi ?

- Oui, ça l'a surpris que tu sois gay. Mais ça ne lui a pas posé problème tu vois bien. Il avait juste de l'appréhension quant au fait que tu sorte avec une « star ».

J'hoche la tête en silence, comprenant parfaitement le point de vue de mes parents.

- Tu te rend compte ? Tu va être tonton dans à peine trois petits mois, sourit-elle. Je suis contente pour Sieg et Yelena.

- Et toi tu va être grand mère.

- Oui, enfin en théorie, elle glousse.

Je fronce les sourcils.

- Sieg te considère comme sa vraie mère tu sais. C'est toi qui l'a élevé.

- Oui bien sur Eren. Mais la génétique c'est la génétique. Tu comprendras ces choses la quand toi aussi, tu voudras un enfant.

J'hoche la tête doucement et regarde la route.

- Je revois Dinah dans Sieg tu sais, elle était mon amie quand j'étais petite. Bien sur que Sieg est mon fils, mais c'est aussi le sien, paix à son âme.

Je reste silencieux, n'ayant rien à répondre, puis quelques minutes plus tard, ma mère se gare devant les casiers à gaz de la station du magasin le plus proche de chez nous.

Je descend et décharge les anciennes bouteilles tandis qu'elle part chercher l'employée du magasin dans son guichet afin qu'elle ne lui donne la clé des cages métalliques. Ces derniers ouverts, j'y range nos vieilles bouteilles et en charges des neuves tandis que ma mère les payes.

- Et Livaï, il a quel genre d'avis sur les enfants ? Bien qu'il soit encore tôt pour vous deux d'en parler.

- Euh, eh bien on en à jamais parler. Justement. Et on a le temps, j'elude mal à l'aise.

- Tout ton temps même ! elle glousse en se garant face au magasin. Tient, va chercher un caddie, elle ajoute en me tendant un jeton.

Je le prend et sors du véhicule.

Je ne me projette pas si loin niveau « famille », je suis à peine avec Livaï qui se remet d'un grave accident. Je ne suis encore nulle part dans ma vie, ni diplômé ni embauché ou que ce soit.

Je suis simplement coincé dans un entre-deux flous et très gênant.

Bien sûr, je suis heureux pour mon frère. Heureux de bientôt pouvoir tenir mon neveux dans mes bras. Et bien qu'un jour, je souhaite évidement devenir père, ce n'est pas pour tout de suite.

Ma mère me rejoins et dépose les sacs de course vide dans le caddie avant de se saisir de celui-ci et de m'inviter à la suivre dans le supermarché.

- Tu as rappelé l'agence ou tu avais fait ton stage alors ? Tu m'avais dit que peut-être tu pourrais y travailler 

- Oui ils me l'ont proposé mais... Je préfère attendre d'avoir les résultats de mes examens avant d'appeler.

- Comme tu veux, moi j'aurais contacter ton responsable, comment il s'appelle déjà ?

- Auruo Bossard.

- Oui voilà. Il t'appréciais non ?

- Je suppose, enfin, d'après ce qu'on raconte oui.

- Et puis tu a l'aide de Livaï, ça ira mon fils, dit-elle en chargeant des provision dans le charriot.

- Je ne veux pas m'appuyer complètement sur lui, la dépendance, très peu pour moi.

- Je ne dis pas que tu dépend de lui. Mais pour un aspirant photographe, son aide peut être précieuse. C'est se servir de ses relations mon ange, et puis il serait ravi de t'aider.

Je bougonne une vague réponse et l'aide à déposer des packs d'eau dans le caddie.

- Tu sais, j'ai gardé contact avec sa maman.

- Kuchel ?

- Il en a plusieurs des mamans peut-être ? Gros bêta.

Je lève les yeux au ciel et reprend.

- Et vous vous dites quoi de beau ?

- Des banalités, c'est une femme très respectueuse je trouve. Et son fils tient beaucoup d'elle.

- Il a grandi seul avec elle et son oncle en même temps.

- Oui elle m'en a parler. Elle te trouve très ambitieux.

- Comment ça ?

- Elle s'étonne que tu souhaites quand même travailler, alors qu'au fond tu n'en ai pas réel besoin, du moins, tant que tu est avec Livaï.

- Niveau finance tu veux dire ?

- Oui.

- Et tu lui a répondu quoi ?

- Que tu est du genre à détester la dépendance. J'ai tors ?

- Non non. Livaï aussi m'a déjà fait la remarque.

Elle me sourit, puis passe sa main dans ses cheveux avant de rayer une ligne sur sa liste de course.

- Je te connais comme si je t'avais fait, et c'est le cas.

À mon tours, je souris. Mesurant la chance que j'ai d'être le fils de Carla Jäger.

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