•59. Un petit pas•

Livaï

Depuis ma première séance avec le Dr.Reiss, plusieurs semaines sont passées. Et j'y ai appris énormément de chose, sur la vie en général mais aussi sur moi même.

Depuis quelques jours, on m'a retiré mes plâtres, ne me laissant qu'une vague attelle à la jambe ainsi qu'une coudière. Comme le craignaient les docteurs, mes nerfs ont été atteint. Je n'ai donc plus vraiment de sensation de toucher sur la moitié inférieure de mon bras droit. Mais je ne peux pas m'en plaindre, j'aurais pu mourir. Alors une perte de sens et une cicatrice sur la joue sont bien peu impressionnantes en comparaison. 

Depuis que je vais chez la psy, je me sens plus calme. Plus...en accord avec moi même. Et d'après Frieda, je suis désormais « prêt à aller mieux », raison pour laquelle je vais commencer une rééducation sous peu.

Eren, comme à son habitude, veille sur moi, du moins quand il n'a pas le nez plonger dans ses épais livres de cours. Le pauvre sue à grosses goutes, révisant désormais chaque soir en vue de ses examens qui commenceront dans une semaine jour pour jour.

Quand j'ai réalisé que mon état l'avais fait prendre du retard sur ses révisions, j'ai vaguement culpabiliser, mais aussitôt, il m'a coupé en me rappelant que je ne suis pas responsable de mon état, chose que Frieda m'avait aussi longuement répétée.

Je suis malheureusement toujours en fauteuil roulant, ne pouvant pas avoir de béquilles puisque je ne peux pas imposer de poids sur mon bras fragilisé. Mais fort heureusement, j'arrive à me lever pour saisir des objets. Je ne suis pas encore apte à faire un pas, mais c'est déjà une petite victoire.

Avec grande joie je me suis donc remis à composer des chansons et des bandes son.

Mike et Hanji sont venus passer un petit week-end à la maison il y a quelques temps, mais globalement ils avaient compris mon envie de calme et d'isolement, et l'avaient parfaitement respecté.

Ma mère en revanche, ne faisait que de débarquer à l'improviste, traînant parfois Kenny dans son voyage. Mais je la comprenais. Si un jour j'avais un fils, je serais sûrement un de ces papas-poule continuellement inquiet pour sa progéniture.

C'est donc sans trop d'étonnement que j'entends la porte d'entrée s'ouvrir à la volée en ce lundi après-midi alors qu'Eren est à la fac et que Gaby fait ses devoirs sur la table de la cuisine.

- Salut mon doudou ! Je suis passé à la boulange, je t'ai pris une Tropezienne pour le goûter ! Je t'en ai pris une aussi Gaby ! dit ma mère en entrant comme une tornade.

- Euh...merci Kuchel, répondît Gaby en étant prise de cours.

- Maman, tu était là il n'y a pas trois jours. Tu est venue comment cette fois-ci ? Je croyais que ta voiture était en panne, je soupire amusé.

- Elle l'est, le démarreur m'a lâcher, ton oncle ne t'en a pas parlé ?

- Si justement, tu es venue comment ?

- En train, elle m'avoue.

- Je vais bien tu sais, t'as plus à t'inquiéter.

Elle marmonne quelque chose en japonais puis sors quatre gâteaux de la petite boîte en carton de la boulangerie.

- J'en ai pris une pour Eren aussi quand il rentrera, tu viens ?

Amusé, je coupe Netflix et me soustrait a la vue du magnifique Tommy Shelby et me pousse jusqu'a la table de la cuisine pour y rejoindre les deux femmes, Gaby poussant ses cours un peu plus loin sur le plan de travail.

Je suis toujours un peu surpris, lorsque je pose mes paumes sur l'aluminium froid des roues de mon fauteuil, de ne pas sentir de contact sur ma paume droite. Mais comme l'ont dit les médecins, je m'y ferais. Et je n'ai pas le choix puisque cette pathologie là est irréversible.

- Alors doudou, tu as fait quoi de beau aujourd'hui ?

- Il a matter Tommy Shelby tout l'aprem, me charrie Gaby en croquant dans sa pâtisserie.

- Tommy qui ?

- Un acteur maman, je glousse.

- Oh, d'accord. Et a part ça ? dit elle en roulant des yeux.

- Pas grand choses à vrai dire. 

- Eh bien bravo. Tes fans sont de moins en moins tenable tu sais.

- Ah ?

Depuis l'accident, je vais peu sur les réseaux sociaux. Et je l'avoue, j'ai complètement décroché sans me soucier de rien. Et je n'imagine même pas la galère qui doit en découler sur mes deux collègues.

- Oui, Pixis est passé à la télé en personne pour calmer les plus grosses ardeur.

Je hausse un sourcils. Mon directeur de production, à la télévision ?

- Ah oui ?

- Oui, mais ne t'inquiète pas ça s'est bien passer. Et pour Eren alors ça va ?

- Depuis il y a trois jours oui, il va bien.

- Et toi Gaby, tu as aussi des examen dans ta filière ?

Je termine mon gâteau puis m'essuie les mains alors qu'une conversation s'engage entre elles. Mon regard dérive sur la fenêtre, et je fixe quelques instants les goutes de pluie rouler sur la baie vitrée du salon. Je consulte alors l'heure à ma montre puis roule jusqu'a la salle de bain pour me saisir d'une grande serviette puis fait un crochet par ma chambre pour prendre un des sweat-shirts d'Eren ainsi qu'un de ses jogging.

Étant donné qu'il n'a pas le permis de conduire, mon étudiant rentrait en bus et finissait son trajet à pieds. Et au vu de temps, il rentrerait à coup sur trempé jusqu'à l'os.

Je n'ai toujours pas trouver les mots pour lui parler de mes découvertes personnelles. Et d'Erwin. Mais il ne m'en tient pas rigueur, et ne s'en vexe donc pas.

Je n'en veux pas à Erwin. Mes conversations avec Frieda m'ont bien fait comprendre une chose: rien n'est blanc ou noir: tout est gris.

Erwin à perdu la raison à cause du poids et des tumultes de sa vie. Et s'en est peut-être venger sur moi (triste à dire, mais nous ne pourrons jamais rien faire de plus que supposer tout cela), je n'étais pas consentant lors de notre rapport. Et c'est pourquoi je n'étais plus à l'aise avec lui. Ce n'est pas de ma faute si il a totalement dérapé, je n'ai rien fait de mal en exprimant le fait que je ne l'aimais pas.

Et je ne devais pas regretter de vivre, d'avoir survécu. Car Erwin avait choisi sa mort, en tentant de me tuer. De m'emporter avec lui dans le but égoïste d'être reconnu pour quelques choses.

Reconnu pour être Erwin Smith, l'homme qui aurait exécuté le célèbre chanteur que je suis.

Frieda m'avait fait admettre que j'était une simple victime collatérale de tout ceci. Et que je n'en était pas responsable.

Elle m'a aussi appris qu'être une « victime » n'est pas « être fragile ». Ma thérapie avait été un gros travail sur ma fierté, et l'est toujours d'ailleurs. Car, même si je me suis ouvert a Frieda, je bloque toujours avec mes proches

La porte s'ouvre et j'y vois mon copain, comme prévu bien trempé. Je me pousse jusqu'a lui tandis qu'il suspend sa sacoche et sa veste au crochet de l'entrée puis retire ses chaussures.

- Salut 'Vaï.

- Salut 'Ren, tient, je réponds en lui tendant la serviette.

- Merci cœur.

Il s'en saisi et se frotte les cheveux, les rendant encore moins ordonnés qu'il ne l'étaient de base.

- Ta journée ?

- Longue, j'ai eu que des cours que j'aime pas aujourd'hui, et Armin est malade j'étais solo.

- Pauvre chou, je me moque. Tient change toi.

- Au milieu de l'entrée comme ça ? il hausse un sourcil.

- Tu va tout tremper sinon, ma mère et Gaby sont en plein débat t'inquiète.

- Foutu maniaque, dit-il en se saisissant néanmoins des habits que je lui tend. Ta mère est encore là ?

- Eh oui. Que veux tu.

Rapidement, il troque sa chemise pour le sweat et son jean pour le jogging. Je me penche et attrape ses habits puis les dépose directement dans le panier à linge dans la salle de bain tandis qu'il va saluer les deux femmes. Récoltant une pâtisserie au passage.

Je mets en route la lessive puis retourne au salon. J'y freine mon fauteuil et prend appuis de mes paumes sur les accoudoirs du siège avant de doucement me lever. J'aperçois du coin de l'œil Eren, à quelque pas, qui me surveille en silence. Me voyant ramer, il pose son mets et s'approche pour m'aider.

- Tient toi à moi, tu veux aller où ?

- Au canapé.

Je me sens un peu stupide de ne pas être capable de faire seul les deux ridicules pas qui me séparent du sofa, mais je ne repousse pas l'aide d'Eren et me rattrape à ses bras alors qu'il saisi mes hanches.

- Vas-y, doucement, il m'encourage.

De façon hasardeuse, je soulève mon pied attelé et l'avance de quelque centimètres. Je suis alors surpris de la perte d'équilibre et me retient à Eren.

- C'est bien, continue, il me souffle.

Alors je continue, et je fait ses deux putain de pas. Je franchis cet obstacle insignifiant et m'assied seul sur le canapé.

- Doudou c'est super ! s'exclame alors ma mère en applaudissant.

- Maman, je soupire. J'ai fait deux pas.

- C'est déjà beaucoup quand même !

En souriant, Eren se mets assis contre moi et m'attire à lui, embrassant ma tempes.

Quelques minutes plus tard, Gaby nous laisse, rentrant chez elle. Et ma mère, constatant le vide de nos placards, s'enquis de la rude tâche d'aller en course.

Je reste donc seul, allongé dans le canapé devant Netflix, Eren étant assis au sol le nez dans ses cours.

- Oh, au fait, commence-t-il après un certain temps de silence. Mes parents nous invitent le week-end prochain, après ma semaine d'exam.

Je me redresse un peu et acquiesce.

- D'accord, je commanderais un chauffeur.

- Ça ne te dérange pas d'y aller ?

- Bien sur que non, ça fait déjà deux mois que ça devrait être fait.

- Mmh...

Je le tire et lui vole un baiser, lui arrachant un autre sourire, puis il se replonge dans ses cours alors que je passe ma main dans ses doux cheveux.

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