•57. Douloureuse vérité•
Livaï
En ce jeudi après-midi, assis en face du docteur, je maudis profondément mon petit ami.
Les questions de la psychologue, Frieda Reiss (la demi-sœur d'une amie d'Eren), s'enchaînent sans que j'aie l'impression d'être aidé en quoi que ce soit.
Je pousse donc un énièmes soupire et regarde (pour la millième fois peut-être) l'horloge au mur, horrifié de constater que je suis ici depuis à peine une dizaine de minutes.
- Vous ne croyez pas en la psychologie, n'est-ce pas Mr.Ackerman ? demande alors le Dr.Reiss sur un ton plus familier, presque en souriant.
Je porte mon regard sur elle et fronce les sourcils.
- Vous êtes venu ici en étant convaincu que ça ne marcherait pas. Vous partez perdant. Ou peut-être niez vous avoir besoin d'une aide mentale.
- Je suis là parce qu'Eren voulait que j'essaye.
- Eren s'inquiète pour vous.
- Eren s'inquiète pour tout. Je vais bien j'ai pas besoin de me lamenter auprès de vous.
- Je n'attends pas de lamentations, simplement de la discussion. Faisons un deal Mr.Ackerman.
- Un deal ?
- Nous sommes ici coincés ensemble pour une heures, alors plutôt que de perdre notre temps dans le silence. Discutons ?
Je plisse les yeux.
- C'est votre métier de faire parler les gens vous me prenez pour un idiot ?
- Loin de moi cette idée, glousse la psychologue. Non, discutons de choses et d'autres. De banalités. Au moins peut-être que je pourrais vous changer les idées ?
Je hausse les épaules et regarde une nouvelle fois l'horloge dont la grande aiguille insolente semble aller au ralenti.
- Si ça vous amuse, j'abandonne d'ennuis.
- Vous avez été connu très tôt avec votre groupe, c'est beaucoup de pression non ? demande t-elle en posant son maudis calepin sûrement pleins de notes sur des faibles d'esprits venu lui causer de leurs pauvres petits malheurs avant moi.
- J'ai toujours aimé faire ce que je fait, alors le succès ne m'a jamais paniqué.
- Mais c'était de la pression quand même ?
J'y réfléchis un instant. Le rythme de vie d'artiste m'a toujours plus.
La vie, au jour le jour. Mais néanmoins ponctuée d'attentes, de dates à tenir. De concert à assumer. De fans à combler. Bien sur, la conséquence à cela, c'est le doute duquel découle de la pression.
Vais-je tenir ? Est-ce que ça va leur plaire ?
J'ai toujours dis ne pas faire cas de l'opinion des gens sur moi. Mais ça, c'est plus facile à dire qu'a faire.
- Ouais, je confirme donc.
- Et depuis que votre identité à été révélée cela doit être encore plus dure, plus possible de faire une séparation entre travail et vie privée.
- Ce qui me plait le moins c'est qu'on aille faire chier mes proches.
- C'est pour ça que vous n'avez rien dit pour Eren et vous ?
- Oui, pour qu'il finisse ses études tranquillement.
- C'est très aimable d'avoir fait ça. Garder votre relation secrète. Ça a un petit côté excitant je trouve, glousse-t-elle.
- Si vous le dites.
- Et en dehors d'Eren et votre groupe, vous avez beaucoup de proches ?
- Ma mère et mon oncle.
- Et des amis ? Ou le staff de votre groupe fait partit de vos amis proches également ?
- J'ai des amis d'enfance qui résident à l'étranger, je les vois pas souvent. Et oui je parle bien avec mon staff, pourquoi cette remarque ?
- Vous connaissez personnellement vos employés ?
- Comment ça ?
- Erwin Smith par exemple, vous connaissiez quoi de lui ? Juste son nom, ou plus ?
Je me bloque. Réalisant que ce serpent de médecin venait de téléguider une conversation au allures banale en un but précis. La jeune femme au cheveux noir me lâche un sourire, s'amusant de ma réaction.
- Alors ?
- Je n'ai pas envie de vous répondre.
- Est-ce un soucis de jalousie ? Si vous aviez une liaison, même adultère, avec lui, je suis tenue au secret professionnel. Je n'en dirais rien à Eren, quand bien même il est l'ami de ma petite sœur.
Je reste béat suite à sa tirade. Elle me suspecte avoir tromper Eren ? Avec Erwin ?
- Je suis pas infidèle ! je lâche finalement par réflexe. Vous êtes complètement débile ou quoi ?! Je suis pas un crevard !
- Alors, pourquoi êtes-vous si affecté par le décès de Mr.Smith ? C'était un ami ?
- Je...
Les mots ne me viennent pas. Erwin, un ami ? Avant le fameux gala, peut-être avons nous été amis, un court instant. Mais après, à part des remarques cyniques et des regards noirs, nous n'échangions pas grand choses.
- Non. Pas vraiment.
- Pas vraiment ?
Je me sens comme au bord d'un gouffre. J'avoue que cette Frieda Reiss a un don pour son métier. Elle a l'art de faire parler les gens.
- Vous n'avez rien à perdre a me parler Mr.Ackerman, remarque-t-elle. Je peux peut-être vous offrir un regard neuf sur votre situation ?
Je sers la mâchoire, peu confiant envers cette femme. Mais je ne peu nier qu'effectivement, un regard neuf et neutre ne serait pas forcément une mauvaise chose.
- Erwin et moi avons eu... Un... Un léger passif.
- Quel genre de passif ?
- On s'entendait plus très bien après ça, je l'ignore.
- Il va falloir me dire de quoi retourne ce « ça » Mr.Ackerman si vous souhaitez que j'y songe avec vous.
Je me détourne et réfléchis. Je n'ai jamais parler à personne de la « relation » que nous avions eu, Erwin et moi. Pourtant, là, assis dans mon misérable fauteuil roulant face à cette femme que je ne connais ni d'Eve ni d'Adam, je ressent le besoin étrange d'en parler.
- Commençons par le début, elle reprend. Mr.Smith était votre chauffeur depuis longtemps ?
- Cinq ou six ans je dirais, depuis presque le début en fait.
- Vous le connaissiez d'avant ?
- Non.
- À quand remonte votre passif ensemble ?
- Environ deux ans.
La femme face à moi se tait, surement pour me laisser parler. Alors je pèse mes mots.
- Un soir, pendant l'été, le groupe était invité à une sorte de repas associatif. Bref, après ce gala, on s'est retrouvé à une petite fête. On était encore anonyme, donc on avait pas de problème.
Je marque un temps de pause, absorbé dans mes souvenirs.
- Ce soir là, j'ai trop bu. Et finalement Hanji à appeler Erwin pour qu'il me ramène.
- C'était son travail effectivement, dit le Dr.Reiss alors que je marque un long temps d'arrêt. Ensuite ?
- Je me souviens pas précisément de tout. Mais je sais qu'il m'a aider à rentrer chez moi parce que je ne tenais pas débout.
De nouveau, la femme hoche la tête en silence et m'invite à poursuivre. Mais je me sens idiot de parler de ça. De toute façon, Erwin est mort en conséquence.
- Ça sert à rien que je vous parle de ça c'est débile. T'façon il est mort.
- Oui, il est décédé. Mais vous non, et vous n'êtes pas en paix avec son souvenir. Il est de mon travail de trouver ce qui torture votre esprit. Les blessures dont nous ne sommes pas conscient sont les pires Livaï, je peux vous appeler Livaï ?
Je hausse les épaules et me renfrogne un petit peu.
- Que s'est-il passé pour que vous ayez peur ainsi ?
- Je n'ai pas peur.
- Prouvez le en parlant alors.
Je soupire. Au point ou j'en suis, autant en finir.
- Alors il est pas parti. Il est resté, je m'en rappelle pas des masses mais je sais qu'on a coucher ensemble. Au matin il agissait comme si tout était normal, comme si on était un p'tit couple ou j'sais pas quoi. Et j'l'ai tej. C'est bon vous me lâchez maintenant ?
Mon ton se fait cynique et froid. J'ai plus qu'envie de partir. Mais malheureusement pour moi, la torture n'est pas finie.
- Erwin Smith à couché avec vous alors que vous étiez ivre ?
Je marmonne en guise de réponse et la jeune femme se penche en avant sur son siège.
- Une personne en état d'ivresse n'est pas apte à manifester un consentement Livaï.
- Qu'est ce que vous voulez dire ?
- Je veux dire que les viols ne sont pas toujours brutaux.
Mon sang se glace dans mes veines et je me tends à mon paroxysme.
- Je n'ai pas été violé, je m'étrangle presque.
- Alors vous auriez accepté de coucher avec lui même sobre ?
- Je...
- Si ça ne vous gênait pas du tout, vous l'avez refait alors ? C'était « juste du sexe » non ?
Je reste tétanisé devant le médecin.
Moi, violé ?
La femme au cheveux noir se rassied plus confortablement, posant un regard doux sur moi.
- La première étape de la guérison c'est d'avoir conscience de son mal Livaï. Le travail de Monsieur Smith était de vous ramener et de veiller sur vous il a outrepassé ses fonctions en couchant avec vous alors que vous étiez ivre. Loin de moi l'idée de salir sa mémoire, mais un rapport non consentit par les deux partis, c'est un viol.
Je pose une main sur mes yeux, l'autre étant de toute façon prisonnière d'un plâtre épais et encombrant.
Mais malheureusement pour moi, Frieda Reiss n'a pas fini son monologue.
- J'y vais franco avec vous Livaï car j'ai le sentiment que si je ne suis pas marquante, mon travail avec vous sera vain.
Je ne réponds pas et attends la suite.
- Les violeurs ne sont pas toujours fondamentalement mauvais. Attention je ne les dédouane pas, un abus reste un abus. Mais en l'occurrence, et bien que je ne le connais pas, je ne pense pas que Mr.Smith ait été conscient de son crime. Parfois, le cerveau humain s'auto-censure en lissant la réalité. Il me semble que sa femme l'a fait souffrir et qu'il avait perdu la garde de sa fille ? Il y a deux ans, tout comme votre passif.
Ses mots font chemin dans mon esprit. Je ne la regarde pas. Je ne dis rien. Ses mots me font mal. Plus qu'elles ne le devrait. Est-ce là la douleur de la vérité ?
- Ce ne sont que des supposition, détrompez moi si j'ai tort. Mais peut-être s'est il raccroché a vous en -passez moi l'expression- se faisant un film autour de votre rapport ? Vous m'avez dit qu'il agissait comme si vous étiez en couple c'est ça ? Peut-être niait-il la réalité.
Après un temps de silence, je reprend la parole avant que la maudite psychologue ne continue.
- C'est n'importe quoi... J'ai toujours eu un comportement osé... J'ai dû lui envoyer des mauvais signaux et il s'est mépris c'est to-
- Erwin était responsable de vous. Il était sobre vous étiez ivre, peut importe vos agissements, il a décidé lui-même de votre consentement: c'est un viol. Ôtez vous de l'esprit les clichés du viol, un rapport non consenti, violent ou non, en est un. C'est tout.
De nouveau, je sers la mâchoire.
- Les victimes des ce crime ne sont pas toujours des femmes blessées et couvertes de bleus, les hommes aussi peuvent être violé. Et pas forcément blessé physiquement. Vous m'avez bien dit qu'après cela, vous l'avez «tej » et vos échanges sont devenus froid ?
- Il m'en voulait... Il me parlait plus du tout... Me vouvoyais... Je savais pas quoi lui dire.
Je suis dépité de ses paroles. Et ma voix morne et traînante m'agace. Mais je n'arrive pas à passer outre.
- Livaï, vous n'en avez peut-être pas conscience mais vous en souffrez, de cet abus. Vous avez un trauma donc vous n'aviez même pas conscience. Vous ne saviez plus comment agir avec lui c'est ça ?
Mollement, je confirme.
- Inconsciemment, vous vous méfiiez de Mr.Smith. Cette blessure invisible vous a handicapé dans vos rapports envers lui. Et lui n'a jamais pris conscience d'avoir abusé de vous. Voilà ce que j'en pense Livaï.
- C'est ridicule...
- En quoi ?
- Quand je me suis réveillé, qu'il agissait mielleusement là. Il m'a dit qu'il m'aimait !
- Et alors ?
- Et alors je l'ai cassé en lui disant que moi je l'aimais pas que c'était que du cul et rien d'autre, vous expliquez comment ça hein ?!
- Je ne l'explique pas, vous vouliez faire quoi d'autre ?
- J'ai été méchant avec lui normal qu'il m'aie détesté après !
- Vous auriez voulu faire quoi d'autre ? Lui mentir ? Vous forcer à être avec quelqu'un que vous n'aimiez pas amoureusement ? Le résultat aurait été pire encore quand il en aurait pris conscience. Erwin n'est pas le méchant de l'histoire, mais il n'est pas tout blanc pour autant.
De mon poing valide, je tape sur l'accoudoir de mon fauteuil.
- Il n'y a que la vérité qui blesse.
Et en croisant son regard, je sais qu'elle ne parle pas que d'Erwin en disant ça.
Ma colère nouvelle s'évanouit. Toutes mes croyances sont remises en question.
Je me sens vide. Comme dans un état second.
Et plus de cinq minutes passe en silence avant que Frieda ne reprenne doucement.
- Dites-le.
Je sais de quoi elle parle. Oui, et je comprend son raisonnement.
Erwin n'est pas le méchant de l'histoire.
Il est une victime de la vie qui a commit des erreurs.
Et l'admettre n'est pas une faiblesse. Parler, c'est accepter d'être aider.
- Allez-y, elle m'encourage encore.
- Je...
Les mots me brûlent. Comme de l'acide que l'on m'aurais fait boire directement à la bouteille.
- J'ai... été...violé par...Erwin...
———
NdlA/Disclaimer: Je ne suis pas psychologue, et je n'ai jamais consulté personnellement.
Je me suis documentée afin d'avoir un raisonnement logique et d'avoir le personnage de Frieda Reiss aussi crédible que possible.
Mais je ne me prétend pas experte.
Je prend tout vos conseil volontiers afin de m'améliorer.
Respect et bonne soirée/journée à tous ;)
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