•54. Maison•
Eren
Deux semaines plus tard, Livaï commença à reclamer sa sortie contre l'avis des médecins. Et étant considéré comme « hors de danger », on lui accorda de sortir tant qu'il n'était pas seul chez lui.
Kuchel avait donc proposé d'habiter avec lui, dans la villa de No Name. Mais a son étonnement, il avait décliné l'offre. Prétextant que la villa ne serait pas calme, que les médias tourneraient autour comme des vautour sur un cadavre à la recherche du moindre clichés de lui.
Il avait donc demandé à venir avec moi, à Nancy.
Raison pour laquelle, en ce joli lundi, je venais de signer le bail d'une petite maison de plein pieds en banlieue de Nancy, non loin d'une voie ferrée qui me permettait aisément d'aller et venir jusqu'à la fac pour les quelques temps qu'il me restaient à y tirer.
Nous avions engagé une infirmière à domicile, qui viendrait s'occuper de Livaï en mon absence. Il n'était pas d'accord, mais c'était ma condition.
Je ne cédais pas non plus à tout ses caprices.
L'agent immobilier relève la tête vers moi, me tendant les derniers papier.
- Monsieur Jäger, vous voilà propriétaire, félicitations.
Je souris rapidement et me saisis des documents. Inutile de préciser que c'est Livaï qui a payer la maison n'est ce pas ?
Ma mère quant à elle avait dû répartir à la maison après seulement quatre jours sur Paris. Elle m'avait néanmoins proposé de revenir si besoin, j'avais décliné.
L'administratif enfin fini et l'agent enfin parti, Armin et Mikasa, qui m'avaient accompagnés dans cette folle journée, se tournèrent vers moi.
- C'est quand même un truc de ouf, commenta Armin.
- Je crois que je réalise encore pas, j'avoue.
- Eren Jäger, gosse de première, propulsé dans la vie d'adulte par son mec la rock star, raille Mikasa. J'adore.
- Livaï arrive quand déjà ? me redemande Armin.
- Dans la nuit, vers minuit, en camionnette médicalisée privée.
- Ça nous laisse un peu plus de cinq heures pour aller chercher tes affaires à l'internat et tout ramener ici.
- En voiture les poto, le premier qui me salis ma fabuleuse Clio je le tue.
Armin ris et emboîte le pas à Mikasa. Je leur laisse de l'avance et envoie une photo de l'acte de propriété à mon copain.
« Nous voilà propriétaire, satisfait ? »
La réponse fut quasi instantanée.
« Très »
Je ne réponds pas et glisse mon portable dans ma poche, puis rejoins mes amis dans la voiture de Mikasa.
- Tu me diras combien je te dois pour l'essence, j'annonce en m'attachant à l'arrière.
- Au moins deux milles balles, tu peux payer en plusieurs fois si tu veux, elle se moque.
- Nan mais sérieux.
- Bah ouais sérieux. Eren franchement, si je me propose de t'aider c'est pas pour te dire de me payer un plein, abruti.
Je soupire et abandonne en marmonnant un vague merci. Mikasa est bien plus têtue que moi quand elle s'y mets.
Mes deux amis discutèrent ensemble durant tout le trajet, mais je ne participais pas, j'étais ailleurs.
J'étais contre la sortie de Livaï. Depuis une semaine, il portait un masque. Répétait « ça va, je vais bien » a qui voulait bien l'entendre. Mais moi je savais que ca n'allait pas du tout.
J'ai passé la semaine à son chevet, et je l'ai vu.
Vu se décomposer, le regard dans le vide, des images traumatisantes deffilant devant ses yeux.
Je l'ai sentis. Sentis me serrer un peu plus fort dans la nuit lorsqu'il était saisit de cauchemar.
Je l'ai écouté. Écouté se lamenter d'être faible, d'avoir mal.
Il ne va pas bien. Mais j'ai accepté de le laisser sortir pour une seule raison: je sais que jouer un rôle, porter son masque devant sa mère, Kenny et même Mike et Hanji, l'épuise.
Et je sais que mentalement, si fort soit-il, il s'approche du bout. Et bien qu'au fond je sois touché qu'il choisisse de craquer devant moi et non quelqu'un d'autre, j'ai mal. Mal pour lui.
Peut-être qu'au fond j'ai fait le bon choix. Où pas, ça seul le temps me le dira.
Arrivée devant la fac, Mikasa se présente devant l'entrée des véhicules et présente à Hannes l'autorisation d'entrer en voiture.
- Eh bah eh bah, dit le gardien. Ta sale tronche va me manquer Eren, mes petits paiements en pizza/ice-tea aussi.
- Trouve toi un nouveau souffre conneries Hannes, je retorque.
- Je passerais une annonce sur Le Bon Coin, allez dépêchez vous les jeunes.
Sans plus s'attarder (à mon plus grand bonheur) il ouvre la barrière et nous laisse entrer jusqu'au parking situé derrière l'internat.
Ensemble, nous descendons et gagnons ma chambre ou j'ai déjà jeter toutes mes affaires dans plusieurs cartons.
En dix bonnes minutes, l'entièreté de mes biens se retrouve donc dans la voiture de ma sœur adoptive. Et je ne me retient pas un petit pincement au cœur.
- Une page qui se tourne ? s'inquiète Mikasa.
- Ouais, c'est con, mais c'était mon premier « chez moi tout seul » ici.
- Pas faux ça.
- Mmh...
- Eh Eren...
Je tourne mon regard vers la jeune femme, interogatif.
- Je m'inquiète pour toi, t'es sur que ça va ?
- Oui, pourquoi ?
- C'est beaucoup de responsabilités d'un coup sur toi. Une maison, un copain blessé gravement et mondialement connu... Je sais que tu l'aime et tout. Mais toi, tu tient le coup ?
Un coup de calgon me prend. Et ma sur m'ouvre simplement ses bras devant mon air dépité.
Je ne la repousse pas et l'enlace.
- Oui, je pense... Mais... Oui c'est un peu rapide.
- Mais ?
- Mais c'était un accident. Et il va mal aussi, j'ai mas le droit de faire l'égoïste tu comprend ?
- Je comprend. Mais si toi, tu as besoin de parler, oublie pas que t'es pas solo. Pour l'aider faut déjà que t'aille bien toi même.
- Ouais... Merci Mikasa... J't'aime.
- Moi aussi gros débile.
- J'interromps un moment émotion ? demande Armin en arrivant dans la chambre désormais vide. Moi aussi j'peux avoir un câlin ?
Je souris doucement et lui tend le bras puis les sert tout les deux contre moi. Mes deux meilleurs amis, mes confidents. Ma famille.
~ ~ ~
Seul, j'attends assis dans le salon de ma nouvelle maison. Il est désormais minuit moins dix, Livaï ne devrait donc plus tarder.
J'appréhende légèrement nos premiers jours ici. Je pense qu'ils définiront assez bien l'esprit de mon copain et donneront le ton sur la véritable raison de son isolement en banlieue Nancéienne.
J'entends un bruit de moteur et décide d'aller voir, le petit vehicule gris venait de s'engager dans la petite allée de la maison. J'enfile veste et chaussure puis sort à la rencontre du duo de chauffeur.
- Bonsoir, Mr Jäger ?
- Oui, comment s'est passé le voyage ?
- Bien, nous avons fait plusieurs détours comme l'a demandé Mr.Ackerman. Personne ne nous a suivi.
- Parfait.
Je suis les deux hommes jusqu'aux portes arrières du fourgon médical. Ils les ouvrent sur Livaï, dans son lit, et une infirmière encore visiblement assoupie par le trajet.
- Bonsoir, elle me salue en se levant et en s'etirant.
Livaï quant à lui, sans étonnement, ne dort pas. Et fixe ses prunelles grises sur moi.
Je le salue d'un hochement de tête sans commenter et observe les ambulanciers l'extraire du vehicule.
- Nous le sortons en brancard. Peut-on aller dans votre maison afin de vous montrer comment l'aider à passer en position assise ? me demande celui qui semble être le chef d'équipe.
- Oui oui, je vais vous ouvrir.
Livaï grogne de mécontentement, son égo surement à vif, mais ne dit rien.
Quelques minutes plus tard, nous sommes tout les cinq dans notre salon, heureusement plutôt grand.
L'équipe médicale m'expliqua alors en détails comment gérer Livaï. Où le soutenir pour l'assoir et l'allonger. Les zones à risques, les endroits à surveiller.
Je leur propose un café, et discute encore attentivement une dizaine de minutes avec eux, puis ils finissent par partir en emportant avec eux le brancard maintenant vide.
Aussitôt, le silence s'abat sur la maison. Livaï, désormais dans un fauteuil roulant adapté à sa situation, pose son regard sur moi.
- C'est joli, dit-il.
- Oui. Je te fait visiter ?
Doucement, il acquiesce. Assis dans son fauteuil, quiconque le verrait ne reconnaîtrait pas le célèbre L, chanteur de No Name.
Un bras et une jambe toujours prisonnier de leurs plâtres respectifs et un corset au torse agrémenté de cicatrices dont une très marquée au visage, Livaï est presque méconnaissable.
Je ne fait pas de commentaire et m'abaisse à lui pour voler un instant ses lèvres avant de passer derrière lui et de le pousser.
Je lui fait donc visiter notre maison, constituée d'un peu moins de dix pièces, dont un grand salon/salle à manger ouvert sur une cuisine tout équipée.
Notre chambre se situe au bout du couloir, face à la salle de bains. Ce sont des pièces spacieuses sans non plus être énorme. Une maison déjà un peu plus « normale » pour moi que la villa.
Mon chanteur fair quelques commentaire, aimant plutôt bien la maison. Puis un bâillement lui échappe.
- Je vais te mettre au lit.
- Tu dort avec moi hein ?
- Bah non sur le canapé, nunuche.
- Sale gosse.
Je souffle du nez et passe doucement une main dans ses doux cheveux noir et l'emmène dans notre chambre. Là, appliquant à la lettres les instructions de l'équipe médicale, j'aide Livaï à se dégager de son fauteuil puis l'accompagne doucement jusqu'à la position couchée.
Rapidement, je vais éteindre la télévision et couper les lumières, puis vérifie que la porte d'entrée est bien fermée. De retour dans la chambre, j'ôte mes vêtements et passe un bas de pyjama sous l'il fatigué de mon compagnon.
- Un camion avec mes affaires passera demain, et dans l'aprèm deux amis passeront poser une isolation dans la deuxième chambre.
- Une isolation ?
- Sonore. Pour que je me fasse pas trop entendre si je joue ou mets de la musique.
- D'accord.
Un bâillement monumental lui échappe alors, reflétant surement son état de fatigue.
- Dort Livaï.
- Oui oui.
J'entre dans le lit et m'approche de lui pour rabattre la couverture sur nos deux corps fatigué.
Et serré contre lui, je m'endors assez rapidement.
———
NdlA:
Je commence doucement à me pencher sur la réécriture de No Name, doucement mais sûrement.
Avez vous des suggestions de nom/prénoms ?
J'en ai déjà les trois quart mais je suis curieuse de vos propositions 🤣
Ps: Je rappelle une énième fois que la version Ereriren ne sera pas influencée par la réécriture. Que cette dernière sera faite sur un nouveau livre indépendant de celui-ci.
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