•53. Réflexions•

Livaï

Le médecin, une fois mes proches sorti, me posa mille et une question concernant l'accident.

J'y répondais honnêtement, bien sur. Qu'aurais-je pu faire d'autre de toutes façons.

Mais lâcher les mots « suicide » et « Erwin » dans la même phrase m'avait réellement écorché la bouche.

- Pensiez vous que Mr Smith était dépressif ?

Silence, puis réponse.

- Oui.

- Le soupçonniez vous avant l'accident ?

Nouveau silence, nouvelle réponse.

- Oui.

- En quoi ?

- Cernes, mauvais humeur, encore plus renfermé que d'habitude.

- Aviez vous un passif avec lui ?

- C'est à dire ?

- Vos contacts étaient-ils uniquement professionnel ou bien étiez vous ami en dehors ?

Je sers légèrement la mâchoire, et ment allègrement.

- Uniquement professionnel.

Le docteur note, à quoi cela va lui servir ? Je n'en ai aucune putain d'idée. Mais je ne peut pas me résoudre à salir la mémoire d'un homme mort. Et avouer qu'il avait « abusé » de moi ivre il y a quelques années était impensable pour moi.

Je suis très extravertis, et dire que j'aime le sexe serait un euphémisme. Je ne me suis pas senti abusé, ce jour là avec Erwin. Non, je regrettais juste le malentendu entre nous, malentendu qu'étant ivre, je n'avais pas éclairci.

Je voulais du sexe, il cherchait l'amour. J'étais un coucheur, lui un romantique. Son patron, mon employé.

C'est con à dire, mais Eren m'a radicalement changé. J'ai conscience qu'il à souffert ces dernières heures, mais j'évite d'y penser, car cela me mets la boule au ventre. C'est inexplicable, mais je l'aime, et je sais qu'il m'aime. J'ai confiance en lui. Et je n'ai pas eu peur de lui donner cette confiance. C'était presque... un automatisme.

J'ai toujours été en confiance avec Eren, jamais je n'ai eu « peur » de sa trahison.

Contrairement à d'autre. Erwin, par exemple, aurait sûrement vendu des informations sur moi contre de l'argent. Il était très proche de son argent. Et ça, je l'ai toujours constaté. Et c'est une des raisons pour lesquels sa femme l'a quitté. Elle était dépensière et impulsive, il était radin et autoritaire.

Ce n'était pas complètement un défaut. Au moins, il était responsable. Mais malheureusement, il était incompris. Il n'a pas trouvé sa bonne personne et a fini par en perdre la tête. Les diffamations de son ex à son sujet n'arrangeant rien, elle voulait une pension, elle voulait toujours plus. Et étant bien entourée et bonne actrice, elle avait ce qu'elle voulait.

Elle a extrait la vie de son ex compagnon à la paille, elle l'a séché complètement. Il ne lui restait plus rien que son travail, et il a commencé a perdre la tête.

Il s'est rapproché de moi, je l'ai écouté parler. Il s'est mépris, nous avons couché quelques temps plus tard.

Je l'ai rejeté. Il a été seul, encore. Il s'est senti minable. Et s'est encore plus renfermé.

Que ce serait-il passer si j'avais réagi différemment ?

Au fond... Est-ce de ma faute ?

- Monsieur Ackerman vous m'ecoutez ?

- Hein quoi ?

Je relève la tete sur le medecin qui fronce les sourcils.

- Vous allez bien ?

- Aussi bien qu'on peut aller après un accident de la route.

- Vous me sembliez ailleurs.

- Je pensais.

- À quoi ?

- Rien qui ne vous concerne.

Il allait répondre lorsque la porte de la chambre s'ouvrit avec fracas sur un Kenny d'assez mauvais poil.

- Dehors toi j'veux parler à mon neveu.

- Je suis en plein entretient c'est à vous de...

- Casse. Toi.

Kenny plonge son regard gris et froid comme l'acier sur l'homme de science. Et en deux secondes à peine, celui-ci devint translucide. Il me jeta un rapide coup d'œil, maronna un rapide « nous poursuivrons plus tard » et quitta la pièce rapidement.

- Tu va finir pas te prendre un outrage pour mauvaise conduite Kenny.

Il me fixe mais ne répond pas. Fermant la porte d'un coup de pied bien placé.

Le silence est lourd. Si lourd que la gêne m'envahit et que je detourne le regard.

Je ne sais combien de minutes passent. Puis Kenny me prend de court.

D'un pas net et précis, il s'approche de moi. Puis, arrivé a ma hauteur, m'enlace maladroitement d'une main, approchant sa tête de mon épaule, délicatement.

Je me tétanise de surprise.

- Kenny je...

- Ferma là, dit-il pres de mon oreille. Juste, ferme-là gamin.

Son étreinte dura presque une minute. Maladroitement, j'avais posé ma main valide sur son dos.

- T'es le fils que j'ai jamais eu Livaï, nous fait pas le coup de mourir.

Ses mots me prirent au tripes. Il se releva et alla s'appuyer nonchalamment contre le mur de la chambre. N'osant néanmoins pas me regarder.

C'était beaucoup, qu'il me dise ça. Et je me sens honteux de ne pas avoir pensé à lui.

Toute ma vie, j'ai grandis avec lui et ma mère. Le décès de mon père lorsque je n'étais qu'un bébé ne m'avait jamais travaillé plus que ça. Car j'avais Kenny.

Kenny qui avait perdu sa femme et son enfant le jour même où il aurait du devenir père.

Kenny qui s'était occupé de moi comme si j'étais son fils.

- Ouais... T'inquiète pas, tu m'a éduqué plus coriace que ça.

- Mmmh...

Il ne me regarde toujours pas. Et je le devine grandement affecté par mon état.

- Merci Kenny.

- De ?

- D'avoir été là.

- Qu'est ce que tu m'chante encore ?

- T'es comme un père pour moi.

J'avoue que lorsqu'il reporte son regard sur moi, je détourne la tête autant que me le permettent mes plâtres.

- Bah v'la qu'on se mets au sentimental, y va neiger tu crois ? demande-il en brisant l'abcès après quelques seconde de silence.

- Surement, je pouffe doucement.

- Mmh... Bon, je vais chercher les autres, ça va ?

- Oui oui, vas-y.

Il se lève et sort puis revient quelques minutes plus tard en compagnie de ma mère, Eren, Carla, Mike et Hanji.

Une odeur de malbouffe envahit alors ma chambre, et mon regard se pose sur les sac en papier Mc Donald tenu par Eren et sa mère.

- J'ai vu la tronche de la bouffe de l'hôpital et je me suis dis que tu préférerais encore un MacDo, explique Eren.

- Et j'ai approuvé, enfonce ma mère.

À leur suite entre une infirmière, elle me salue, puis vient délicatement mettre mon lit dans une position un peu plus « assise » tout en me recommandant de ne pas trop bouger quand même.

Pendant ce temps, Carla et ma mère procédèrent à la distribution des « victuailles ».

Hanji et Mike en profitent donc pour venir s'installer à côté de moi.

- Jamais la banane, toujours debout ? me cite Hanji.

- Hilarant.

- Pas né ou mal barré le crétin qui voudra t'enterré, continue-elle en souriant.

- Tu nous à foutu les jetons Livaï, reprend Mike.

- Je sais.

Il me tapota amicalement mon avant bras valide puis laisse sa place à Eren, qui, les mains pleine de nourriture, s'installe à mes côtés.

Il dispose notre nourriture visiblement commune sur la tablette du lit d'hôpital et l'emmena doucement devant moi.

- De l'aide ? il propose.

- Je suis pas trop en position de refuser.

- Ta fierté s'en remettra, sourit-il en me volant un baiser.

Je passe mon bras intact autour de lui, assis sur le rebord du lit, et le laisse me nourrir d'une moitié de Big Mac que je mastique plus par besoin que par envie.  Je note que lui non plus ne mange pas beaucoup, et je souris de la tête que tire Kenny en découvrant la qualité « fast-food ».

J'ai de la chance d'être bien entouré.

Contrairement à certains.

Mais j'ai tout de même hâte de sortir d'ici.

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