•51. Éveil•

Livaï

Tout résonne dans ma tête. Les sons sont flous, abstraits et incohérents. Tout m'échappe, je ne comprend rien. Je suis perdu.

C'est un peu comme si l'on me tenais couché, les oreilles dans une bassine d'eau et les yeux bandés. Aucun de mes sens ne m'aidant à comprendre où je suis. Incapable de comprendre quoi que ce soit.

Presque comme si je n'étais pas dans mon corps mais coincé à quelques mètres.

Un certains temps passe, une minute ou une heure, ça je ne sais pas. Mais ma tête est comme coincée dans un étau.

Puis je parviens a distinguer plusieurs voix, peut-être trois.

C'est comme si j'émergeai enfin, je reconnais la voix douce de ma mère. Puis celle agitée d'Eren.

Je papillonne des yeux, aveuglé malgré le peu de luminosité de la pièce. Mais c'est là comme une révélation.

Plusieurs flash roulent devant mes prunelles: l'accident. Les tonneaux. Erwin.

Je tente de bouger mais c'est impossible, ma respiration se fait légèrement irrégulière et ma vue se brouille. J'ai horriblement mal au crâne et je me sens faible et fatigué.

- Je-...

Ma voix est terne, brisé et rauque. Elle m'est même douloureuse, le comble pour un chanteur. Mais mon intervention attire l'attention de mes trois invités.

Eren est assis au bord de mon lit sur ma droite, ma mère se tient sur un tabouret à ma gauche et me tient délicatement la main.

Quant à la troisième personne, je pense que je ne l'ai jamais vue, ou alors je ne m'en souvient pas. C'est une femme plutôt mince et grande, aux longs cheveux bruns et aux yeux d'un vert qui ne m'est pourtant pas étranger. Mais d'où Tout m'échappe, ça m'énerve.

- Eh eh eh chut, pas bougé mon doudou, prononce distinctement ma mère en redoublant de caresse sur ma main.

- Je vais prevenir le médecin, annonce calmement l'autre femme en quittant la pièce.

Je la regarde sortir et tente vainement de tourner la tête vers Eren, mais je ne récolte de ce geste qu'une vive douleur me remontant en puissance dans le crâne, écrasant lamentablement mes pensées déjà bien bancale.

- Eh ne bouge pas 'Vaï, c'est fini

Je grimace, incapable de me concentrer sur mon sort, mes résidus de conscience focalisé vers mon chauffeur, accroché à l'espoir d'avoir déliré et imaginé mes dernier "souvenirs".

- Rwin...

Je tente lamentablement de prononcer son nom. Il ne peut pas être... J'ai mal vu, j'ai mal compris.

Et pourtant, les regards lourds d'Eren et de ma mère confirment mes craintes, et mon sang se glace dans mes veines.

- Bonjour monsieur Ackerman, coupe alors un médecin en entrant. Vous êtes un rapide dites donc, à peine deux heures que vous êtes en réveil. Vous pouvez parler ?

Eren s'écarte et le docteur se penche sur moi pour observer mes pupilles. La lumière pourtant faible de son négatoscope m'aveugle, et je tente de détourner le regard, l'homme de science le remarque et en prend notes dans son calepin.

- Il a la voix rauque, je crois que ça lui fait mal, l'informe ma mère.

- Bien, je le soupçonnais, vous avez dû crier un peu trop fort, ce n'est rien d'inquiétant ça passera sans problème, en tant que chanteur vous devez être habitué à ce genre de problème. Je note aussi un aveuglement de votre part, mais encore une fois: rien d'inquiétant.

Je hoche très légèrement la tête malgré l'attelle qui enserre mon cou et que je remarque seulement d'ailleurs.

Définitivement j'ai bien du mal à émerger. Lamentable.

- Bon, savez vous où nous sommes ? Pressez la main de madame si oui, dit-il en désignant ma mère.

J'ignore sa recommandation, mal m'en prend, et tente de parler.

- Hôpital.

Je croasse plus que je ne parle. Je ne reconnais pas ma voix et en plus je me fait mal à la gorge, excellent.

- Ecoute le médecin Livaï, me houspille Eren.

Je remarque alors ses yeux. Ces magnifiques orbes vertes que j'aime tant, voilées par l'inquiétude et rougies par les larmes. Je prend alors conscience de l'inquiétude de mes proches avec autant de douceur que si un boxer m'avait collé une droite en pleine tête.

Je serre la mâchoire.

- Bien, mais écoutez votre ami et ne forcez pas la voix, reprend le docteur de sa voix plate et professionnelle. Savez vous pourquoi vous êtes ici ?

J'obtempère et presse la main de ma mère.

- Vous rappelez vous de l'accident ?

Comment l'oublier ? J'en suis le responsable de par mon ignorance et mon égoïsme.

Je presse donc encore une fois la main de ma génitrice.

- Ok, j'écarte donc la principale crainte du chirurgien, Mr.Ackerman ne semble pas souffrir d'amnésie. Bien sur ça reste a prouver sur le long termes mais c'est encourageant, nous développeront cela la nuit passée quand vous serez un peu plus reposer.

Les trois autres soufflent de soulagement, et je retourne lentement mon regard sur la femme brune, toujours debout au bout de mon lit.

Et seulement la je tilt.

Je tilt que j'ai face à moi la mère d'Eren. Celle la même que j'étais censer rencontrer il y a... Je ne sais pas trop combien de temps en fait.

Mais quel con je suis de pas avoir fait le lien avant ! Je suis frappé de leur ressemblance.

Moi qui voulait faire une bonne impression pour la rencontre avec la famille d'Eren, ça commence très mal.

Je baisse les yeux, soudainement gêné et remarque que l'intégralité de mon bras droit est en plâtre: je n'ai même pas un doigt qui dépasse. De la même façon, je sens une atelle sur ma jambe droite et un corset qui m'enserre le torse.

Décidément, je doit faire peine à voir.

Le médecin, étranger à cela, poursuis calmement son examen pendant plusieurs minutes en prenant des notes avant de finalement se redresser.

- Bien, répète-t-il encore. Je ne remarque rien d'anormal, je vais donc vous laisser, mais avant je vais vous résumer votre état de santé Mr.Ackerman.

Je pose mes yeux sur lui et l'encourage à parler.

- Vous avez eu un accident de voiture: vous êtes un miraculé, au vu des circonstances.

Il marque une pause pour accentuer l'effet dramatique, puis reprend.

- Pour commencer, vous avez une commotion cérébrale avec une coupure sur votre front et votre joue causé par des morceaux de verres. Ensuite, vous avez plusieurs cotes cassé mais miraculeusement aucun organe de gravement touché, plus de peur que de mal: l'opération à réussi à régler ces menus problèmes. Vous comprenez ?

J'approuve et il reprend tranquillement sa liste.

- Vous avez une fracture du tibia, nous vous poseront un plâtre sous peu, nous avons consolidé vos os et cela se réparera naturellement, vous ne pourrez pas marcher pendant un ou deux mois et il vous faudra surement un peu de rééducation mais rien de bien compliqué.

Ma mère et Eren sont comme suspendus au lèvres du médecin. Quant à moi, je commence à ne plus suivre son petit bulletin. Pas que je ne le veuille pas: je n'y arrive pas. Et il le remarque.

- Monsieur Ackerman vous m'écoutez ?

Je presse la main de ma mère, il note quelque chose sur son bloc puis reprend.

- Votre plus grosse blessure provient de votre bras gauche: malheureusement vous aurez des séquelles au niveau du coude, vous avez une fracture de type trois, c'est à dire que vos os se sont brisé en fragments et vos ligaments présentent des dommages non négligeable, vous devez probablement être réopéré plus tard. De plus, vous avez eu une fracture ouverte de l'humérus, d'où le plâtre, votre nerf radial est gravement touché, nous soupçonnons une perte de sensation de votre coude jusqu'à vos doigts sur ce bras, c'est à suivre.

Il a beau être très clair et concis, je ne comprend qu'un mot sur deux et fini par décrocher. Je résume le tout par: j'ai le bras en miette, une jambe cassée, une commotion et un homme est mort.

Erwin est mort.

Et ça, personne n'en parle. Pourquoi ?

Je ferme les yeux, le médecin fini par partir en me conseillant de dormir un peu. Je sers la mâchoire, soudainement en colère, je ne sais même pas réellement pourquoi.

Puis une main se pose doucement sur ma joue, et je croise le regard doux de ma mère.

- Vient, ont les laisse un peu tout les deux, dit Eren en se levant et en posant une main sur l'épaule de sa mère.

Sa voix est assez évocatrice quant à son envie de partir: inexistante. Mais il sort et me laisse avec ma génitrice.

Celle-ci laisse le silence s'établir, et caresse simplement ma main tout en me jaugeant du regard.

- Je t'aime mon fils.

Je sers les lèvres et acquiesce doucement, espérant qu'elle comprenne que moi aussi.

- Je sais que tu refuse qu'on se plaigne sur toi durant des heures, alors je ne dirais rien.

Un bon point pour elle.

- Quand tu le pourra... Il faudra qui tu explique ce qu'il s'est passé...

Je fronce les sourcils. Ne l'ont-ils pas deviné ? Quoique...en y réfléchissant... Ils ont eu toutes les raisons d'avoir peur, nous étions sur une route qui ne faisait pas partit de notre itinéraire et a une vitesse vraiment...suicidaire.

Je soupire.

- Ton oncle arrivera demain, son avion à été annulé.

- Quand...

Je tousse salement, ma gorge aussi sèche et râpeuse que du sable.

- On t'as dit de ne pas forcer, tait toi. Tu veux savoir quel jour on est ?

J'approuve en serrant sa main.

- Tu as passé six heures au bloc environ, et deux heures en réveil. Il trois heures du matin, mais tu n'as pas sauté de jour.

Je ferme les yeux de nouveau, envahi de fatigue.

- Dort Livaï, repose-toi.

J'approuve vaguement, déjà envahi par le sommeil. Et je sombre de nouveau dans le noir.

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