•50. Cauchemar•

Eren

Inquiet. Voilà le mot qui me définis le mieux en cet instant.
Voilà trente minutes que j'attends Livaï à la gare de Nancy. Et j'ai beau lui téléphoner, je tombe systématiquement sur sa boite vocale.

Ma paranoïa prend finalement le dessus et je compose le numéro d'Hanji.

- Allo beau brun, qu'est-ce qu'il t'arrive ?

- Salut Hanji, Livaï est avec toi ?

- Euuh, ben non, pourquoi ?

- Il répond pas au téléphone.

- Bizarre ça, attends. Mike essaye voir d'appeler Livai steuplé !

J'entends le concerné râler en fond avant qu'Hanji ne reprenne parole.

- Il est parti de l'interview qu'il avait il y a plus d'une heure pourtant. Il devait aller récupérer son sac au studio et prendre son train direct après.

- Je sais, mais justement j'ai pas de nouvelles depuis avant l'interview.

- Messagerie, annonce placidement Mike.

- Appelle Moblit demande si il est passé prendre son sac.

- J'appelle Erwin pour avoir plus de nouvelle, intervient alors une voix que je reconnais être celle de Nanaba.

Quant à moi, je déglutit. Et mus par un mauvais pressentiment, je consulte le tableau des départs direction Paris et me rend à la borne la plus proche.

- Messagerie aussi pour Erwin, annonce Nanaba. J'essaye son numéro perso.

J'entends vaguement la conversation de Mike avec Moblit puis Hanji reprend la parole.

- Panique pas ok Eren ?

- Quoi, je demande platement.

- Le perso d'Erwin sonne dans le vide et Moblit dit que Livaï est pas venu. Ils sont peut-être tout simplement tombés en panne alors...

- Alors je monte dans le premier train pour Paris, je le sens pas du tout.

- Voit pas tout négativement Eren.

- Je te laisse, à tout de suite.

Je raccroche et récupère mon nouveau billet. Rapidement, je me saisis de mes valises et me dépêche de me rendre à quai. J'y entre juste à temps et me trouve tant bien que mal un siège puis apelle ma mère.

Elle décroche aussitôt, elle.

- Allô mon chéri ?

- Ouais euh... Y'a un problème, au mieux on sera pas là à l'heure et sinon bah...

- Qu'est ce qu'il se passe ?

- Livaï répond pas au téléphone personne sait ou il est et son chauffeur et aussi au abonné absent...

- Oh... Rien de grave j'espère ?

- Je sais pas encore, du coup je pars pour Paris, j'ai un mauvais pressentiment.

- Tient moi au courant j'espère que ça ira.

- Moi aussi, bises.

Je raccroche et m'enfonce dans mon siège.

Livaï répond toujours. Jamais je n'ai entendus sa foutue messagerie avant aujourd'hui.

Et un sentiment de malaise m'enserre l'estomac.

Qu'est ce qu'il se passe putain.

Je passe plusieurs dizaines de minutes à penser à tout ça avant d'être coupé par la sonnerie de mon portable.

Je m'en saisis et consulte mon centre de notification.

Et mon sang se glace dans mes veines alors que je spam la notification cauchemardesque affichée par mon écran.

NewsMinute: Livaï Ackerman impliqué dans un accident de la route mortel: pronostic vital engagé !

Le tweet ne comprend que ça. Une phrase, infernale, que j'espère voir disparaître.

Ce qui se passe en quelques sortes, puisque mon écran se brouille et sonne suite à un appel d'Hanji.

Comme absent, je décroche et le porte à mon oreille.

- Dit moi que c'est pas vrai Hanji...

À l'autre bout du fil, j'entends la respiration irrégulière de la femme ainsi que plusieurs voix qui crient de façon trop troubles pour m'être compréhensible.

- Eh bah dit moi ce que tu pense et je te dirais si c'est mieux ou pire ! Mike les clés de la voiture PUTAIN !

- Ta gueule !

La panique des deux autres confirme l'information.

- Le tweet, je souffle.

- Y'en a pleiiiiiinnnnnn des tweet Eren sans vouloir te vexer.

J'entends une porte claquer et un moteur vrombir.

- Dit moi ce que tu sais merde, je lâche finalement.

- Je sais qu'Erwin et Livaï ont fait une sortie de route à grande vitesse sur une route limitée à quatre-vingt qui n'était pas sur leur itinéraire ?

- Et niveau santé ?

- Erwin est mort sur le coup apparemment. Et Livaï est en route pour l'hôpital, je sais rien de plus Eren. T'es où ?

- Dans le train... Envoie moi l'adresse de l'hosto, je vous rejoins au plus vite...

- Je te tient au courant, tient le coup Eren c'est pas complètement une tapette notre nain.

Sans attendre ma réponse, elle coupe la communication. Me laissant seul avec mes mauvaises pensées et mon envie de rendre mon repas.

C'est impossible. Ça ne peut pas se finir comme ça. Il ne peut pas me laisser, pas maintenant.

C'est égoïste, je sais, mais vrai. Nous ne sommes encore rien. Rien par rapport à ce que nous pourrions être, avec du temps.

Livaï ne peut pas mourir. Je n'y survivrais pas. Je m'en étoufferais. C'est si récent, et pourtant, si important, si colossal.

Je laisse mes émotions déborder. Et les larmes roulent sur mes joues.

Absent, je compose le numéro de ma mère et lui répète ce que je sais. Conciliante, elle me répond qu'elle saute dans le premier avion qu'elle trouvera direction Paris.

Comment mon rêve est-il devenu si cauchemardesque ? Que s'est-il passé ?

Bordel Livaï... ne nous laisse pas.

~ ~ ~

À peine le train immobilisé, je me suis hâté de sauter dans un taxi direction l'hôpital. Trainant toujours négligemment derrière moi mes deux valises et capuche couvrant mon crâne, je bouscule la foule naissante et compacte demeurant devant l'entrée principal de ce foutu mouroir.

Deux agents de sécurité demeurent de l'autre côté des portes en verre, glissant leurs regards froid sur les gens, foule compacte et stupide de mouton curieux dont j'aurais pu faire partis il y a quelques mois.

Perdant patience, je bouscule plus d'une perso ne et atteint enfin les portes.

- Ouvrez !

Ma plainte n'a aucun impact dans la cacophonie ambiante. Je me sens impuissant. Et incroyablement stupide.

Le froid m'envahis, je me recroqueville sur moi même. Je me sens partir dans le désespoir...

Il est là, tout près et je ne peux pas l'atteindre. C'est peut-être ce que je me dis, mais c'est aussi ce que doivent se dire tout ces gens autour de moi, tout ses fans venu le voir mais qui ne le verront pas. Tout ces gens qui pensent lui être agréable en venant ici. Quel erreur.

De l'air, il me fait de l'air. Mais avant, il faut que je trouve comment entrer.

Je sors mon portable et compose le numéro d'Hanji, encore une fois, elle décroche presque instantanément.

- Je suis devant les portes en bas c'est fermé fait moi entrer !

- Je vais voir tout de suite, sors de la foule je vais essayer de te faire entrer par ailleurs c'est trop le bordel par devant.

Aussitôt, elle coupe. J'obéis et me soustrait a la foule ambiante. Il faut croire que j'ai un petit pour-cent de chance aujourd'hui, car aussitôt sortis de la masse de corps compacte, j'entrevois deux camionnettes de police s'immobiliser sur le trottoir d'en face. Une dizaine d'agents des forces de l'ordre en sortent, en équipement complet, et s'attellent directement à la destruction de l'agitation. Priant les belligérants de mettre les voiles, prétextant à juste titre qu'un hôpital n'est pas un champ de foire.

Je regarde l'action devant moi d'un œil morne, absent, mes foutues valises toujours à côté de moi, dans l'attente de nouvelle de l'intérieur.

Je sursaute finalement en sentant une main se poser sur mon épaule.

Je me tourne et fait face à Nanaba, capuche rabattue sur sa tête.

- Suis moi.

Je ne discute pas et lui emboite le pas, un ambulancier nous ouvre la porte des urgences et nous entrons ensemble dans le bâtiment par l'arrière, à l'abris des regards.

- Comment va-t-il ? je demande tremblant.

- Toujours au bloc, les docteurs veulent rien nous dire tant qu'ils ne sont pas sur de leur coup.

Je resserre ma prise sur la poignée de mes bagages et inspire un grand coup.

- Qui est là-haut ?

Nous entrons ensemble dans l'ascenseur et elle appuie négligemment sur un des boutons. Une fois les portes closes, elle reprend:

- Mike, Hanji et Kuchel, c'est tout. Moblit était là mais il est parti gérer le gros de la crise. Kenny est en route mais il est coincé à l'aéroport.

- Mmmh... Ma mère aussi va venir... Elle s'est trouvé un avion apparement...

- D'accord, tu me préviendras quand elle sera là, j'irais la faire entrer, d'accord ?

- D'accord... elle devrait atterrir d'ici une heure à Charles de Gaulle... Faut que je lui appelle un taxi...

- Donne moi son numéro et je vais m'en occuper ok ? Toi va t'assoir avec les autres Eren. Te préoccupe pas de ça.

- Ok... Merci Nanaba.

Je ne refuse pas sa proposition et lui communique le numéro de ma mère, sentant le peu de détermination qu'il me reste me quitter au fur et à mesure que nous montons les étages.

Finalement, les doubles battants s'ouvrent sur un couloir blanc barré par deux autres agents de sécurité. À peine ouvrent-ils la bouche que Nanaba les coupes.

- Ce garçon est avec nous, c'est un proche de la famille.

L'information semble les contenter, et ils s'écartent de notre chemin. Je suis donc la blonde jusqu'a une salle d'attente ou demeurent Mike, Hanji et Kuchel.

Cette dernière a les traits tirés, et je n'ose imaginer la douleur qu'elle doit ressentir présentement de savoir son fils, son enfant, dans une pièce non loin, quelque part entre la vie et la mort.

La guitariste, assise à ses côtés et lui caressant le dos dans une veine tentative de la rassurer, relève son regard marron sur moi.

- Eren...

À son tour, Kuchel me regarde.

De son regard gris similaire au sien.

Comme un vase en cristal, je me sens me briser.

Je craque totalement.

Je me décompose et me laisse tomber mollement sur un siège.

La japonaise se rapproche de moi et, a mon plus grand étonnement, me prend dans ses bras, mêlant ses larmes au miennes, je l'entends me parler à l'oreille.

- Mon fils est fort... Livaï ne mourra pas comme ça, ça ira Eren... Calme toi...

Je n'arrive pas à réagir ni à répondre et me contente donc de la serrer dans mes bras.

Ses paroles ont beau être franches, je ne peut m'ôter les pensées qu'elle tente de se convaincre elle même.

Toujours cet horrible doute. Ce "et si..." qui nous pourrit  la vie et l'existence.

Chaque contexte possède ses remises en question.

Mais présentement, je n'en ai qu'une.

Et si Livaï ne revenait pas ?

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