•39. À bientôt•
Livaï
Un mois ça passe vite. Trop vite.
Aujourd'hui, c'est le dernier jour de stage d'Eren. Et, en le voyant partir travailler ce matin, j'ai constaté qu'il était en grande déprime.
Je n'en mène pas large non plus d'ailleurs.
Mon étudiant évite drastiquement de parler de « l'après stage ». Je peux comprendre que cela le stresse. Mais je n'ai aucune idée de comment l'aider.
Étaler sur mon lit en en ce samedi après-midi, je fixe mon plafond. Jusqu'à ce que mon téléphone ne coupe le son régulier de mes pensées.
- Allo Livaï ! Comment tu vas ?!
- Isa ! Ça va, ça va, et toi ?
- Extra, devine quoi ?
- Quoi ?
- Avec Farlan ce matin, on a acheté deux billets pour ton festivaaaaaaal !
Son enthousiasme me vrille l'oreille mais m'arrache aussi un petit sourire.
Isabelle et Farlan, mes deux amis de toujours, vivent depuis pas mal d'années maintenant en Amérique, dans un patelin non loin de Dallas au Texas. Et malgré que nous nous appelons une fois par semaine, ils me manquent énormément.
- Cool ça ! Vous avez un hôtel et tout ?
- Ouais t'inquiète je gère ! me répond Farlan en fond sonore.
- On gère la fougère frérot ! Hâte de vous voir toi Mikey et Hanji ! Ça fait genre quoi, six mois qu'on s'est pas vu ?
- Environ oui.
- Trop long. Eh, ton copain sera là dis ?
Je laisse passer un petit soupir. J'aimerais tellement emmener Eren avec moi là-bas, mais celui-ci à du travail. Il doit passer une sorte d'oral de débriefing par rapport à ses deux mois de travail, et pour ça, il a besoin de se préparer au calme.
- Nan, il a du boulot à faire pour ses études, je lâche d'une voix un peu morne.
- Oh merde...
- Bon, bah tu nous le présentera le mois prochain alors ? reprend Farlan d'une voix espiègle.
- Le mois prochain ? Qu'est-ce qu'il y a le mois prochain ? je demande.
- On vient en vacances en France pendant deux semaines ! déclare Isa un sourire dans la voix.
- Sérieux ??
- Eh ouais !
- Vous viendrez dormir à la villa hein !
- Si c'est si gentiment proposé ! glousse la rouquine. J'ai hâte t'imagine même pas.
- Moi aussi.
- Regarde, Livaï devient sentimental, note Farlan.
- C'est sûrement à cause de son copain.
- Grâce à son copain tu veux dire. Comment il s'appelle déjà... Eden ?
- Eren, je corrige.
- J'y étais presque roh.
Je passe encore une bonne demi-heure au téléphone avec mes deux amis avant de raccrocher.
Je me lève de mon lit et me dirige vers ma cuisine en quête d'une activité, je me cuisine un petit déjeuner. Un oeuf au plat plus tard je me saisis de mon calepin et d'une guitare.
Les notes passent aisément, dans un réflexe, sur mon instrument alors que je cherche l'inspiration.
Eren rentrera aux environs de dix-huit heures aujourd'hui. Et il sera probablement d'une humeur massacrante. Encore.
Les hauts et les bas d'une relation je suppose. Des jours meilleurs nous attendent, j'en suis sûr.
Saisi d'une inspiration, je griffonne vite quelques paroles sur mon carnet.
L'inspiration est comme le vent: imprévisible.
~ ~ ~
Je passe ainsi l'après-midi à composer tranquillement, faisant glisser mes accords sur ma guitare, les accompagnants parfois de ma voix.
Je suis tellement concentré que je n'entend même pas mon joyeux petit ami rentrer.
Il s'avance donc discrètement vers moi et se penche au dessus du canapé pour venir poser ses lèvres sur ma tempe.
Je frissonne doucement et tourne la tête pour lui voler un baiser en posant mon instrument.
- Non non, continue, me dit-il en rompant l'échange.
- J'ai mal aux doigts, je te montrerais ce soir si tu veux ?
Il tire une moue boudeuse et accepte, je le tire vers moi et l'assied sur le canapé tout en le déchargeant de sa sacoche.
- Alors, ta journée ? je demande en passant mes mains dans ses cheveux.
Il fixe ses prunelles d'émeraudes sur moi en marmonnant une vague réponse incompréhensible.
- Pardon ?
Il me regarde toujours, puis, doucement, sournoisement, une larme traîtresse s'échappe du coin de son œil gauche.
Il la sent détourne le regard alors que je le prend dans mes bras.
- Ehh... Te mets pas à chouiner sale gosse.
Il cache sa tête contre mon torse et se sert contre moi comme si c'était la dernière fois.
- J'ai l'impression... Que tout va s'arrêter demain quand je vais monter dans ce putain de train qui va me ramener chez moi.
Je caresse ses cheveux en silence, le laissant parler.
- J'ai l'impression qu'en partant, tout ça va disparaitre, que je vais me réveiller et que ça n'aura été qu'un foutu rêve.
Je soupire.
- Je vais t'en coller du rêve moi ce soir, regarde moi Eren.
Timidement, il relève ses yeux rougit sur moi d'un air inquisiteur.
- On se parlera par messages comme avant, et tu pourras venir passer tes week-ends ici, on en a déjà parlé.
- Oui mais c'est pas...
- C'est pas pareil je sais. Un mauvais moment n'est qu'un moment, qui sera suivis d'un autre, puis d'un autre. Ainsi de suite.
Il hoche doucement la tête bien que peu convaincu.
- Quand t'auras fini tes études je te traînerais partout avec moi, tellement que t'en aura ras le bol de me voir tu saisis ça ?
Je pince doucement sa joue, le faisant grimacer.
- Sale gosse.
- Sale nain.
- Je suis pas sale.
- Propre nain ?
- Je préfère.
Un sourire m'échappe et je pose un rapide bisous sur ses lèvres.
- Assez déprimé Eren, j'ai faim, j'ai rien mangé de la journée, j'avoue.
- Moi non plus, tu veux manger quoi ?
- J'en sais rien, simple rapide et efficace ?
- Bolognaise ?
- C'est parti.
Il souffle du nez amusé puis nous nous dirigeons ensemble vers la cuisine pour confectionner notre repas de haute gastronomie.
- Mon frère et ma mère m'asticotent pour que je te les présente, dit-il en mettant l'eau à bouillir.
Je le regarde un instant et hausse les épaules.
L'étape « rencontre avec la famille d'Eren » n'est que le suite logique de notre relation.
De plus, lui connaît déjà mon entourage, que ce soir ma mère, Kenny, Mike ou Hanji, il les a déjà largement côtoyé. Seul Farlan et Isabel lui sont encore étrangers.
- Eh bien, oui, mais j'avoue que dans les prochaines semaines ça va être...
- Oh t'inquiète ! il me coupe. On fera ça quand tu seras dispo.
- Je veux pas m'imposer chez toi non plus. Cette semaine je peux pas.
- Logique.
- Mmh, celle d'après au pire mais... Non c'est trop tendu, la semaine suivante peut-être ? Dans trois semaines j'ai des invités à la maison.
- Ah bon ?
- Oui, j'espère que tu pourras venir dans le week-end, c'est des amis de longue date disons.
- J'essaierais.
- Donc la semaine après celle qui vient je devrais pouvoir me libérer.
- Te tracasse pas Livaï.
- Je ne me tracasse pas, moi, je rajoute devant ses airs de panique.
- Ah ah, très drôle.
- Je sais.
Je mets la bolognaise à mijoter et m'approche de mon homme. Je passe mes bras autour de lui et pose ma tête sur son torse. Doucement, il pose sa main sur mon dos et le caresse doucement.
- T'en fait pas Eren, ça ira avec tes parents, je tente de me convaincre moi aussi.
Il hausse les épaules et me sert.
- Sûrement oui, mais... Ce sera la première fois que je leur présente quelqu'un.
- Ouah, je me sens honoré Mr.Jager.
Il sourit et me vole un baiser (encore).
- Ma mère est excitée comme pas possible quand elle parle de toi. Elle avait peur au début.
- Peur ?
- Ouais, elle pensait que c'était genre...du sexe.
- Oh.
- Mais elle pense plus ça hein, je lui ai dis...
- Dis quoi ?
- Qu'on...qu'on est bien, tout les deux. Du coup, elle a commencé à vouloir te voir. Mon frère aussi, mais lui, ça faisait pas dix heures qu'on était ensemble qu'il réclamait déjà un droit de visite.
- Pourquoi tu ne m'en as pas parlé avant ?
- Je voulais pas presser les choses...
Je hoche doucement la tête et le sers un peu plus.
Je suis tombé sur le copain parfait.
~ ~ ~
Le lendemain, après une nuit bien mouvementée (et avoir redécouvert les côtés... dominants d'Eren) je l'accompagne à la gare.
Il se fait silencieux mais après en avoir longuement discuté, nous allons bien mieux.
Nous nous appellerons, et dès que possible, nous nous verrons. À Nancy ou à Paris. Nous tiendrons le coup.
J'immobilise doucement mon vehicule et coupe le moteur.
- Bon... Voilà...
Il se tourne vers moi et je lui souris pour le rassurer.
Je descends de la voiture, il en fait de même et l'aide à sortir ses bagages de la voiture.
J'avoue (et assume) que le voir ramasser ses affaires des chez moi, de ma chambre, m'a pincé le cœur.
Je sors sa valise et son sac de voyage, je tire la première et passe la lanière du second autour de mon buste, puis je prends sa main et entre dans la gare avec lui pour l'accompagner à quais.
Il se tient contre moi, en silence, jusqu'a ce que le TGV s'arrête devant nous dans un lourd fracas métallique.
Eren ressert sa prise sur ma main alors que je lui confie ses bagages.
Je me hisse à lui, et, faisant fuir des gens qui nous entourent, je scelle nos lèvres dans une étreinte douce.
- À bientôt 'Ren.
- À bientôt 'Vaï.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top