•34. Nana•
Eren
- Bah Eren c'est quoi cette tête de déterré ?! On dirait que t'as chialé mon frère !
Je fais un énorme bond avant d'être projeté deux mètres plus loin par une « petite » tape dans le dos de la part de mon demi-frère.
- Arrête de charrier ton frère Sieg, dit doucement ma mère.
Elle et moi avions discuté une demie heure d'un certain chanteur aux cheveux corbeau. Ma mère, d'abord inquiété par la popularité de mon "Dom-Juan", avait écouté l'intégralité de mon récit, particulièrement la fin. Elle m'a aussi aider à "analyser" la situation avant de conclure de lui laisser du temps, s'il l'avais réclamé. Tout en gardant néanmoins une certaine protection devant moi, bien que ceci soit très abstrait.
- Que de joie Eren, dit-il en m'attrapant par les épaules. Moi quand je chialais comme ça c'est que j'avais un chagrin d'amour !
Discuter de tout ceci avec ma mère m'avais fait (à mon plus grand damn) pleuré comme une madeleine. Et les signes évident de cette tempête intérieure que j'avais évacuée par la parole sont mes yeux rougis, probablement à faire peur.
- Occupe toi de toi Sieg.
- Rooh ça va détend toi.
- Vous avez pas fini vous deux ? intervint ma mère.
- Non il commence seulement m'man.
- Exact, confirma le grand blond.
Il en était ainsi entre moi et mon demi-frère, toujours à se chicaner et à se chercher des poux l'un à l'autre, mais malgré tout, je sais que je peux compter sur lui et lui sur moi.
Cependant, je ne veux pas étaler mes problèmes à frère pour l'instant, si je pouvais éviter de le faire ce week end plus particulièrement. La vedette doit revenir à mon/ma futur(e) neveux/nièce.
Je jette un rapide coup d'oeil à mon portable, mon regard s'attardant sur le message de Livaï, message auquel je n'ai pas répondu. Simple petit caprice.
- Bonjour jeune homme.
Je me tourne dans la direction d'une voix grave qui m'est bien connue: celle de mon père. Je m'approche de lui et lui fais une accolade tandis qu'il en profite pour me décoiffer.
- Tout va bien mon fils ? il me demande en voyant mon visage.
- T'inquiète p'pa. On est pas là pour ça, je répond. On en parle que ce gros gamin va être papa ? je poursuis en montrant Sieg du regard.
- Arrête, le coup de vieux ! ricane mon père.
- Il a la mentalité d'une balle en caoutchouc ! je me plains.
- Eh ! proteste le blond.
- Tu ne peux pas vraiment dire le contraire, remarque ma mère.
- Vous êtes tous ligués contre moi c'est un scandale, il soupire sous nos airs amusés. Je vais aller réveiller Yelena, on mange bientôt ?
- Le temps que tu la réveille et on passe à table, continue la seule femme de la pièce. Chéri, Eren, mettez les couverts.
- A vos ordres chef, lui répond mon père en posant rapidement ses lèvres sur sa joue. Eren tu viens ?
- Je te suis p'pa.
Je suis donc mon géniteur jusqu'à la salle à manger et dresse la table calmement avec lui tout en discutant de mon travail à Paris.
- Eren ? dit-il finalement.
- Oui ?
Il se gratte la nuque, me regardant de ses yeux bleus tandis qu'il semble chercher ses mots.
- Tu étais turbulent quand tu étais petit et je ne suis pas quelqu'un de très expressif non plus mais-
Je me fige, suspendu à ses lèvres tandis qu'il me lâche un petit sourire.
- J'espère que ça va marcher pour toi à Paris, je suis fier de toi mon fils, que tu vives de ta passion me ferais énormément plaisir pour toi.
Me bouche forma un "oh" silencieux. Je suis pétrifié de surprise à l'entente de ses paroles. Et c'est seulement lorsque mon père me le dit que je remarque que quelques larmes traitresses se sont échappées de mes yeux.
- Eh bien, tu es très émotif ce soir, désolé, dit-il en me prenant dans ses bras.
- Merci papa, je répond simplement en le serrant.
- Eh bah, eh bah, qu'est-ce qu'il se passe ici ? nous coupe la voix de Yelena en entrant dans la pièce.
Je lâche mon père et me tourne vers elle et son ventre légèrement arrondi.
- Yelena ! Comment tu vas ? je demande en lui faisant la bise. Félicitation !
- Oh eh bien quand ton frère me laisse dormir je me porte comme un charme, encore heureux que la nourriture de ta mère soit une raison valable pour que je me lève, rit-elle. Et toi comment tu vas ?
- Moi ça va, je répond en riant légèrement.
- Aller à table tout le monde ! intervient ma mère en posant un énorme plat de choucroute sur la table.
Plat allemand le plus cliché ? Impossible, mais la choucroute de ma mère est tout simplement incroyable. Raison pour laquelle nous nous installons vite tous à table.
Le repas se passe à merveille, nous discutons tous ensemble de tout et de rien, mais essentiellement du petit être humain qui grandi en ma belle-sœur. Puis ma mère apporta le dessert: une forêt noire très généreuse en kirsch, soit pile comme je les aimes.
- Eren tu attends que tout le monde soit servi, me gronde ma mère en m'empêchant de piquer une cerise sur le gâteau.
- Pfffff, je soupire en posant ma tête sur mon poing.
- Je croyais que c'était moi l'enfant ? intervient mon frère.
- Toi, chut, je le contredis.
- Bon et sinon, explique nous pourquoi tu tirais la tronche tout à l'heure ! C'est un chagrin d'amour ? Si c'est ça, tu sais ce qu'on dit non ? « Une de perdue, dix de retrouvées» nan ?
- Ferme là Sieg.
- Sieg laisse ton frère, intervint ma mère pour dévier le sujet.
- Je le taquine Carla roooh.
- J'aimerais bien t'y voir toi si Yelena te largue, je le contre.
- Tu me verrais entrain de me balancer au bout d'une corde, dit-il dans le plus grand des calmes. Et pas pour faire de la balançoire si tu vois ce que je veux dire n'est-ce pas.
- Que c'est romantique, soupire la concernée.
- Merci de ne pas parler de suicide à table, coupa mon père. Nan, en fait, merci de ne pas parler de suicide tout court.
- Merci ma chérie, dit-il en lui volant un baiser en gloussant. Et merci Eren d'avoir confirmé que c'est un chagrin d'amour ! Aller balance maintenant !
Je soupire suite à cette remarque alors que mon père et mon frère interrogent ma mère du regard, celle-ci leur accorde comme seule réponse un vague haussement d'épaules. Les deux hommes se regardent donc, cherchant à comprendre je ne sais quoi.
Mon père est un homme plutot fort, portant de petites lunettes rondes sur ses yeux bleu gris profonds identiques à ceux de Sieg. Ils se ressemblent énormément sauf sur un détail: Sieg est blond aux cheveux courts, mon père brun aux cheveux longs.
- Vous avez quoi à me fixer putain, c'est gênant, je les interpelle finalement.
- C'est la première fois que tu me fais des cachotteries comme ça Eren, reprend mon frère. T'étais avec depuis quand ta nana ?
Ma mère tique au féminin et me lance un regard calme.
- T'occupe, je tente vainement de ne pas aborder le sujet.
- Pourquoi tu veux pas en parler ? insiste Sieg.
- C'est pas que je veux pas en parler avec toi c'est que je veux pas en parler pour l'instant, c'est pas le moment, je répond fermement.
- Sieg fous lui la paix, intervient Yelena en ma faveur.
- Mais je veux savoir pourquoi sa nana l'a largué moi.
Et d'un coup s'en fut trop. La goute qui fait déborder le vase. Le pompon. La cerise sur le putain de gâteau, en l'occurrence la forêt noire.
- Mais qui te dit que c'est une nana ?
Son regard et celui de mon père se braquèrent sur moi.
- Eren...
- Maman laisse moi parler. Pourquoi une nana ? Hein ? je m'emporte devant son mutisme. T'as voulu savoir alors répond !
- Tu...?
- Je suis gay !
Je regrette immédiatement mon aveu colérique en croisant le regard désapprobateur de ma mère, celui troublé de mon père et celui gêné de mon frère.
Pris de lâcheté, je quitte précipitamment la pièce. Enervé contre moi-même d'avoir ruiné l'ambiance de cette soirée censée fêtée une naissance.
Je me saisis vite de ma veste et de mes chaussures avant de sortir de cette maison, honteux de moi-même et ignorant les appelles de ma mère.
~ ~ ~
- Et donc...tu as sortis en plein repas que tu est gay ?
- Oui, non seulement j'ai flingué la soirée mais en plus imagine ils le prennent mal... Armin bordel, j'aurais pas dû balancer ça comme ça...
- C'est fait c'est fait Eren, point. Et tu m'as bien dit que ta mère avait accepté plutôt facilement non ?
- Oui mais c'est ma mère...
Le vent frais fouette mon visage, me rappelant que c'était une très mauvaise idée de sortir en forêt à 22h afin de passer un coup de fil à SOS amitié. Ou plutôt à Armin. Même si théoriquement je n'étais pas loin de SOS amitié...
- Ouais mais bon, tu verras bien. Et ça fait pas de toi un monstre donc je vois pas où est le problème.
- Oui mais bon...
- Relax Eren c'est bon.
- Non c'est pas...
Je m'interompt de stupeur au beau milieu de ma phrase à cause d'un double appel. Un double appel surprenant.
- C'est pas quoi ? Eren ? T'es toujours là ?
- Armin il m'apelle...
- Sieg ?
- Non ! Livaï !
- Bah réponds bouffon !
- Mais...
- Réponds ! Rapelle-moi après ! Directement après ok ? Ça te changera les idées.
- Remplacer un problème par un autre ce n'est pas une solution Armin.
- Ferme là et répond lui aller !
- Ok, ok, je soupire.
J'accepte donc l'appel du chanteur au cheveux noirs.
- Allo Livaï ?
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top