•30. Shooting•
Eren
Déjà presque un mois que je suis en stage à Paris, le temps passe vite. Incroyablement vite.
Et ça me fait peur.
J'ai de plus en plus peur du retour à la réalité, à la vie normale d'étudiant lambda.
Et ceci va sûrement s'accentuer étant donné que j'ai obtenu deux jours de « repos » durant lesquels j'irais chez mes parents pour fêter un « heureux événement » : Sieg va être papa.
Déjà six ans que mon demi-frère (de 33 ans maintenant) est marié. Et il m'avait téléphoné il y a deux jours pour m'annoncer l'heureuse nouvelle: après beaucoup de péripéties, sa femme, Yelena, est enceinte de 3 mois. Ma mère a alors sauté sur l'occasion pour organiser un repas de famille pour fêter ça, me suppliant de prendre mon week-end pour venir.
Je ne suis d'ailleurs pas du tout opposé à cette idée: la famille avant tout, et je suis, de plus, vraiment heureux pour mon frangin. Et j'ai vraiment envie de voir mes parents.
Mais j'ai un pincement au cœur de laisser mon ambigüe chanteur, même pour un pauvre petit week-end. Le temps avec lui m'est précieux.
Avec Livaï il n'y a toujours pas d'amélioration. Nous sommes proches, trop proche pour prétendre qu'il n'y a rien... Mais il n'y a rien d'officiel, à mon plus grand damn. Et ce flou m'est de plus en plus inconfortable.
- Eren t'es prêt ? On y va, m'appelle mon maître de stage.
- Oui !
Je me lève et prends vite ma sacoche de travail pour suivre mon employeur jusqu'a l'ascenseur de l'entreprise.
Aujourd'hui, séance photo avec No Name pour des goodies qui accompagneront probablement le prochain single du groupe.
Notre ascension, à moi et Auruo, passe en silence, celui-ci ci n'étant pas très bavard. Il me laisse de plus en plus prendre des photos, me donnant tout de même quelques conseils (pas toujours très concluant).
Les portes s'ouvrent finalement sur un couloir au murs blancs et au sol couvert de moquette rouge. Nous avançons ensuite jusqu'au plus gros de tout les studios de l'entreprise et commençons à préparer notre matériel.
- Tu t'occuperas des photos, m'informe Auruo. On commencera sur des photos en groupe, et après il faudra faire des individuelles.
- D'accord boss.
La porte s'ouvre alors sur Nile, le chef de la sécurité de No Name avec, à sa suite, les trois membres du groupe, visage bandé et dissimulé sous des pulls à capuches noires.
Derrière eux, fermant la marche, se tient un homme que j'ai rencontré quelques semaines auparavant: Moblit Berner. Un grand brun qui se charge du groupe en tant que représentant de leur producteur (un certain Mr.Pixis).
- Bonjour tout le monde ! lance Moblit à mon intention ainsi qu'a celle d'Auruo et des autres assistants photographes qui s'activent dans la pièce.
- Bonjour Mr.Berner, répond poliment Auruo en lui serrant la main.
Il fit de même avec les trois stars qui se débarrassèrent de leurs habits noirs, faisant apparaître leurs costumes de scène classique en dessous.
Je dis bonjour à tout ce beau monde, mon regard croisant celui de Livaï, à moitié dissimulé par ses bandages.
- On a un emplois du temps très chargé aujourd'hui ! reprend Moblit. Nous pouvons commencer ?
- Oui bien sur, on commence par les prises en groupe, cela vous convient ? lui demande le photographe officiel.
- C'est parfait pour moi, sourit le brun.
Les trois stars se dirigent alors tranquillement vers le fond blanc tout juste installé dans la pièce. Mais l'un d'eux s'arrête à mon niveau et s'approche de mon oreille, un sourire espiègle aux lèvres.
- Nettoie bien ton objectif... j'ai pas le temps de niaiser...
Le souffle de Livaï sur ma peau m'arrache un frisson. Et, toujours aussi fluide et comme si rien ne s'était passé, il rejoint à sa place, entre Mike et Hanji.
S'en suivis un quart d'heure complet de photographies de groupe dans diverses poses. Avec instruments. Sans instruments. Debout. Assis. Dans diverses poses...
Derrière moi, Moblit analyse tous les clichés que je prends sur l'écran de l'ordinateur de mon supérieur, connecté via Bluetooth à mon appareil.
Je suis calmement leurs demandes et prends de nombreux clichés jusqu'à ce qu'ils soient satisfaits de mon travail.
Je sens parfaitement le regard pesant et profond de Livaï sur moi, et je dois me concentrer fort pour rester calme et professionnel. Ce qui semble l'amusé, cet enfoiré.
- Je pense que c'est bon pour les photos de groupe, un vrai petit talent Eren, me charie Moblit.
- Puisque vous êtes pressé, on peut se partager le travail pour les individuelles, si vous le souhaitez, propose Auruo.
- Oh... Eh bien si ça ne vous gêne pas, accepte Moblit.
- Je vais appeler du renfort.
Mon supérieur s'absente alors quelques minutes et revint accompagné de deux aspirants photographes de l'agence.
- Bon ok, alors, Eren tu t'occupes de-
- Je veux qu'Eren s'occupe de moi, le coupe Livaï.
J'hausse un sourcils.
Son intervention prit tout le monde de cours. Confus, mon patron interrogea Moblit du regard. Celui-ci haussa les epaules.
- Comme tu veux, L.
- Ok... alors... Eren avec L studio 2, Floch avec M studio 3 et Rico avec H ici, ordonna Auruo.
Floch Fordter et Rico Brzenska (ne me demandez pas de prononcer son nom) sont deux assistants photographes de 26 ans, ils ont tout deux beaucoup plus d'expériences que moi et sont en formation finale pour devenir photographe titulaire.
Autrement dit: il est tout à fait inopiné que je sois mis au même niveau qu'eux.
Mais les deux jeunes talents de l'entreprise ne dirent rien, ne discutant pas les ordres.
- Je te suis gamin, me dit Livaï.
- Euh, oui, vie- vennez, je me corrige.
Je me saisis rapidement de mon appareil et coupe le Bluetooth avant de sortir de la pièce et de me diriger comme convenu dans le studio 2.
La pièce ou nous arrivons, Livaï et moi, est plus petite que la précédente, mais largement suffisante pour des photos d'une seule personne. Elle est blanche (comme tout les autres studios) et comprend de nombreux éclairages tous orientés vers le fond de la pièce. Plusieurs meubles et décors sont rangés dans un coin, prêt à l'usage et parfaitement propre.
Deux mains se posent sur mes hanches, me rapprochant de leur propriétaire.
- Alors, tu veux que "je m'occupe de toi" c'est ça ? je souris.
Il souffle doucement du nez et laisse passer son légendaire sourire en coin.
- Oh, oui. Dans quel position voulez vous me prendre, Mr Jäger ?
Les sous entendu dans sa phrase est aussi discret qu'un gyrophare dans la nuit, mais ils m'amuse: ce n'est pas la première fois (loin de là) que Livaï en fait.
- On va commencer par du soft alors, je reprend sans faire cas.
- Prépare toi bien.
Il me bise le cou puis va se positionner devant les lumières que je règles de façon optimale tout en levant les yeux au ciel.
- Je vais en prendre des simples, ensuite je te donnerais un accesoire, un micro ça te va ?
- Ouep, il opine. J'te laisse gérer, je sais que tu feras de l'excellent boulot.
Un sourire moqueur lui monte.
- Eh puis... Je serais sur les photos... Elle ne peuvent pas être moches, il ajoute.
- Quelle modestie, je pouffe.
- Modestie ? Ça se mange comment ça ?
Je ris doucement devant sont air si fier de sa connerie et fini quelques menus réglages avant de me positionner devant lui.
Pour plus de confort et dans un premier temps, je place mon appareil sur un trépied, observe le rendu et réfléchis. À travers l'objectif, le chanteur me regarde. Je prends une première photo puis me redresse et l'observe.
Une idée me vint. La ligne directrice de la scéance est de jouer sur le physique avantageur du leader du groupe pour émoustiller ses fans. Et je sais parfaitement quoi faire.
Je m'approche de lui sous son air interrogatif et pose mes mains sur les bandages qui recouvrent son visage.
- Eren ? Qu'est-ce que tu fais ? me demande sérieusement le chanteur.
- Chut, fais moi confiance.
Je deserre légèrement la bande, soulevant et détendant les morceaux de velcro pour leurs donner un aspect plus ample et relâchés, le tout sous le regard perçant du chanteur.
Je recule d'un pas et regarde le résultat, puis décide d'ajouter un détail: j'ouvre le premier bouton de sa chemise, laissant entrevoir la base de son cou et le début de ses fines clavicules.
Il semble comprendre ma volonté et lâche un petit sourire en prenant une pose osée.
Je me dépêche d'immortaliser le moment d'un coup d'appareil bien placé et me laisse aller avec Livaï, qui devant moi prend bien des poses, certaines plus évocatrices que d'autres.
Je finis par lui donner un micro pour accessoire et continue de l'ensevelir sous mes clichés tandis qu'il me jette des regards de braise.
J'enlève mon appareil du trépied et m'approche de lui pour varier mes angles, je m'approche, m'éloigne et me penche devant lui, lui qui se laisse aller devant mon objectif tout en cherchant constamment mon contact, effleurant mes cuisses et mon torse dès que je m'approche suffisamment de lui.
Puis il s'assied tranquillement au sol, et doucement se penche en arrière. Son sourire et son regard carnassier se fixent sur moi, une idée derrière la tète. Il remonte les bandages de son visage de façon à dissimuler ses deux yeux, et prend appui sur son coude en tenant son micro dans une main tout en portant l'autre à son visage.
Puis il pose délicatement son index sur ses lèvres.
Silence.
Juste le bruit du déclencheur de mon appareil qui capture cette pose absolument provocante.
Puis sa voix.
- Approche.
Un simple mot. Je suis comme envouté et obéis.
Il relève doucement son bandage et me fait signe de me baisser.
- Qu'est-ce que tu-
Il ne me laisse pas finir ma phrase et se saisit de ma cravate pour m'attirer à lui. Et il scelle nos lèvres ensemble.
Je lâche doucement mon Nikon et laisse mes mains partir dans les cheveux noirs de mon chanteur favori tandis qu'il me sert contre lui, amplifiant notre baiser comme jamais auparavant.
De sa langue, je le sens effleurer mes lèvres, et encore une fois, je lui obéis en ouvrant légèrement la bouche. Et son muscle rose vient danser avec le mien alors que je sens sa main passer sous ma chemise pour caresser mon torse.
Mon cerveau, bien qu'en en ébullition, est à peu près aussi efficace de de la compote. Et je n'arrive pas à me résumer la situation autrement que "Livaï est entrain de me rouler un putain de patin à même le sol de mon entreprise".
Mon Entreprise.
Putain.
Je suis celui qui rompt notre étreinte et je me recule de lui, jetant un regard inquisiteur dans le coin supérieur gauche de la pièce, là ou se trouve, comme je le pensais, une caméra de surveillance.
Je toussote pour attirer l'attention de Livaï dessus tandis que celui-ci se relève et se recoiffe.
- J'ai signé une close de confidentialité avec Shoot Photography, c'est pas pour rien, dit-il calmement.
- Oui mais quand même
- Je suis pas dans l'exhib' non plus ne t'inquiète pas, il rit doucement. Alors, c'est bon les photos ?
- Oui c'est c'est niquel je vais aller faire valider ca.
Je quitte rapidement la pièce et m'oblige à vite reprendre une contenance. J'ai chaud, très chaud. Notre contact avait été fort, et beaucoup plus intense que tout les précédents. Quelques secondes de plus et j'aurais bien pu avoir un problème au sud.
Je soupire et retourne au premier studio afin de faire valider mon travail par Auruo et Moblit.
- Wow, commence ce dernier. C'est du hot que vous nous avez fait là ! il glousse. Mais c'est exactement ce qu'on voulait, c'est parfait, tu lui ramènes son pull s'il te plait Eren ? On finit ici avec H et on s'en va, M et Floch on déjà terminé.
J'opine, prends l'habit du chanteur, le rejoins et lui explique la situation.
- Mmmh, d'accord, dit-il en se rhabillant. Eh bien
- Quoi ? j'interroge.
- J'ai hâte de rentrer, ce soir
Et c'est sur ces mots et un sourire dégoulinant de sous entendus qu'il sorti de la pièce.
M'y laissant seul.
Seul, et dans le flou de mes pensées.
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