•29. Belle famille•
Livaï
Je m'avance doucement vers ma mère en la saluant et la prend doucement dans mes bras.
- Maman, je m'attendais pas à te voir ici aujourd'hui, Kenny est avec toi ? J'ai vu sa voiture dehors.
- Oui ton oncle est là, mais il est parti faire une sieste à l'étage, il n'a pas la forme aujourd'hui.
- Cette vieille carne peut tomber malade ? je m'étonne.
Ma mère glousse doucement et me met une petite tape sur le sommet du crâne avant de déplacer son attention sur Eren, qui était tendu de surprise derrière moi.
- Tu ne me présente pas ton ami mon doudou ?
Je ne relève pas le surnom enfantin que me donne ma mère et fais avancer l'étudiant.
- Maman je te présente Eren Jäger, le stagiaire photographe dont je t'avais parlé.
Elle sourit doucement puis s'adresse directement au garçon tendu à mes cotés.
- Enchantée Eren.
- Moi aussi madame... euh... (il semble se rendre compte qu'il ne connait pas mon nom de famille) madame, il conclu penaud.
Je souris amusé en même temps que ma mère tandis qu'elle reprend la parole.
- Appelle-moi Kuchel, j'espère que tu aimes bien les ramens au bœuf ?
- D'accord, sourit timidement Eren. Et j'ai jamais eu l'occasion de goûter ça, il avoue.
- Tu dormiras moins con ce soir, je me moque gentiment en m'asseyant au bar de la cuisine.
Il me coule un regard stoïque, tenant toujours contre lui sa sacoche de travail et sa veste.
- Tu comptes repartir ? je lui demande.
- Pourquoi ça ?
- Tu ne lâches pas tes affaires.
Il ouvre la bouche (sûrement pour me sortir une réplique bien sentie dont il a le secret) avant de se raviser en regardant ma mère.
Celle-ci, nous observant dans le reflet de la fenêtre de la cuisine, se tourne vers l'étudiant, un sourire amusé que je connais bien aux lèvres.
- Ne te gène pas pour le remballer, dit elle, il le mérite. Mon fils fait trop le malin avec son caractère d'ours mal léché susceptible, il a besoin de se faire remettre à sa place de temps en temps sinon il prend trop la confiance.
Elle me regarde avec un air espiègle tandis qu'Eren lui répond.
- Ça pour avoir mauvais caractère, il est insupportable.
- Eh ! je me plains.
Il passe à coté de moi en me mettant un soufflet sur le haut du crâne avant de sortir de la pièce.
- Je vous laisse je vais poser mes affaires.
Je soupire et me sers un thé avant de m'asseoir au bar de la cuisine.
- Il a l'air d'être un gentil garçon, remarque ma mère tout en cuisinant.
- Il l'est, je confirme.
- Le travail avec lui se passe bien ?
Je porte ma tasse à mes lèvres et bois avant de lui répondre.
- Il ne travaille pas qu'avec nous mais oui, il a fait de l'excellent boulot jusqu'ici. Et d'après son chef il apprend vite.
- Tant mieux ça. Et niveau cohabitation ?
- Oui ?
- Tu as l'air de bien t'entendre avec lui, remarque la femme de ma vie.
- Oui, je l'aime bien, répondis-je honnêtement.
Je n'ai aucune envie de mentir à ma génitrice, et même si je le faisais, elle lirait en moi comme dans un livre ouvert pour me tirer aisément la vérité. C'est un don qu'a ma mère, l'instinct maternel peut-être, mais elle me connait mieux que je ne me connais moi même.
- Mmmh mmh, elle opine en me regardant avec un petit sourire ampli de sous entendu.
Elle et mon oncle sont parfaitement au courant de mes orientations amoureuses, et ils ne m'ont jamais rien dit. Homme ou femme, ma mère m'a toujours encouragée à choisir mon bonheur. Plus facile à dire qu'a faire, surtout pour mon tempérament très volage. Mais le soutient de ma mère est pour moi la chose la plus précieuse que je possède.
- Tu veux bien aller réveiller ton oncle s'il te plait Livaï ?
- Ouais, eh dis...
- Oui mon ange ?
- Il travaille pas trop hein, Kenny.
Elle ne répondit pas. Se concentrant d'abord sur sa casserole avant de soupirer.
- Il est têtu, et ce n'est pas le seul dans la famille.
Je soupire et me dirige à l'étage en direction des chambres, sachant parfaitement dans laquelle mon oncle se repose.
Celui-ci est étalé de tout son long sur le matelas, vêtu d'un débardeur blanc et d'un pantalon noir tout ce qu'il y a de plus simple, son sempiternelle chapeau demeurant sur son torse.
J'entre doucement et m'approche de lui, le secouant doucement par l'épaule.
- Eh, ojisan...
- Nani...
Il baille à s'en décrocher la mâchoire avant d'ouvrir les yeux et d'encrer son regard d'acier dans le mien.
- Ohayo, Livaï, me dit-il en japonais.
De nous trois, mon oncle Kenny est le plus attaché à nos origines nipponnes, et il est aussi celui qui utilise notre langue d'origine avec le plus d'aisance.
- Comment tu te sens le vieux ?
Il s'assied dans le lit et s'étire calmement tout en passant au français.
- Mieux que tout à l'heure, j'avais une putain de migraine t'imagine même pas gamin.
- Vas pas faire du surmenage ça me ferais chier de devoir m'occuper de toi si tu tournais de l'œil.
Il se lève et me regarde d'un air espiègle en me répondant.
- Les pires partent en dernier, je suis increvable, mon petit neveu d'amour.
Je lève les yeux au ciel.
- Qu'est-ce que ta mère à fait à manger ?
- Ramens au bœuf.
- Super ça, je vais m'exploser le bide, dit-il fier de lui. On est seul ou on a de la compagnie ?
- Nan j'ai un... Ami à la maison.
- Un ami ? il m'interroge suite à mon hésitation.
- C'est un stagiaire photo qui bosse un peu pour le groupe, et bref il dort ici le temps de son stage.
- Comment il a fini ici ?
- C'est moi qui l'ai recruté, j'avoue.
- Mais, il sait pour toi ? M'fin, tu m'as compris. Je croyais que tu ne devais pas te familiariser avec tes fans.
Je soupire, mon oncle résume si bien ma vie tenue au secret depuis trop longtemps que ça en est désespérant.
- Oui il sait, et j'en ai marre de ça.
Il souffle du nez, amusé, avant de me répondre.
- On a qu'a dire que c'est l'exception qui confirme la règle ?
- Ouais, on a qu'à dire ca, je pouffe.
Je sors de la pièce, mon oncle sur mes talons, et retourne au rez-de-chaussée ou nous retrouvons Eren en compagnie de ma mère. Ils discutent calmement du travail de l'étudiant tandis que celui-ci dresse la table pour quatre personnes.
- Bonjour et rebonjour, lance Kenny en entrant dans la pièce et en allant directement s'asseoir à table.
- Bonjour monsieur, lui répond poliment Eren en distribuant les verres sur la table.
- Eh gamin, appelle-moi Kenny j'suis pas encore un fossile.
Eren opina en lâchant un petit sourire en coin suite à sa réplique.
- Moi c'est Eren, sourit l'étudiant.
- Tu te sens mieux ? demande ma mère à son grand frère.
Ma mère est toujours restée proche de son frère, même lorsqu'elle était avec mon père. Ils avaient grandis ensemble, tout les deux, sans parents, ne comptant que l'un sur l'autre. Et ceci avec crée un lien de fraternité incassable entre eux.
- Oui, ma putain de migraine est passée, j'avais l'impression d'avoir un marteau piqueur dans le crâne c'était super.
- J'imagine, sourit ma mère. Aller à table les garçons, merci d'avoir mis la table Eren.
- De rien Kuchel, répond l'intéressé.
Je m'assieds à coté de lui face à mon oncle tandis que ma mère nous sers le repas qui sens (comme d'habitude) divinement bon.
- Alors gamin, comment t'as fini ici ? s'intéresse mon oncle en s'adressant à Eren.
Il avale une bouchée avant de sourire gaiment et paisiblement comme il le fait si souvent.
- Oh, j'ai eu beaucoup de chance. Livaï a aperçu mes photos d'un concert sur les réseaux sociaux et ça lui a bien plu alors Il m'a contacté disons.
Ma mère et mon oncle échangent un regard calme tandis que je mange en silence mes ramens.
- Je vois, eh bah t'as le cul bordé de nouilles en gros. Ça doit te filer une sacré opportunité de bosser pour le groupe, en terme de visibilité, reprend Kenny.
- Oui c'est une vraie chance, en plus j'apprend beaucoup avec mon stage, j'aurais rien pu vouloir de mieux.
Je remarque qu'Eren est beaucoup plus calme que lorsque nous sommes arrivés, je me demande de quoi il a bien pu discuter avec ma génitrice.
Je pense alors seulement qu'Eren est le seul (sur le plan relationnel) à avoir rencontrer ma famille. Je pense que si nous avions été dans le cas inverse je n'en aurais pas mener large.
Il n'y a toujours rien d'officiel entre le photographe et moi, mais je me délecte de nos rapports, je joue avec le feu.
Et cela me plait énormément.
- Et vous Kenny, vous travaillez dans quoi ? demande rhétoriquement Eren puisque je lui ai déjà parlé du job de Kenny.
- Voyons, tutoie ta belle famille, lâche mon oncle doucement et sournoisement.
L'étudiant avale de travers et toussote en rougissant (ce qui, je l'avoue, m'amuse beaucoup).
- Kenny, je souffle sans trop d'entrain pour le rappeler à l'ordre bien que ce concept de "belle famille" me plaise beaucoup.
Ma mère, quant à elle, rit doucement et décide (pour le bien d'Eren) de poursuivre la conversation comme si de rien n'était.
- Mon frère travaille dans le commerce, il est gérant d'un bar en banlieue parisienne, explique-t-elle.
- Depuis plus de vingt ans, reprend mon oncle.
- Ça doit faire beaucoup de travail, vous êtes tout seul à gérer ça ? Ou c'est familial ?
- Non... j'ai un... un associé.
Discrètement je fais signe à Eren de ne pas approfondir, il semble comprendre et opine doucement.
- Et toi, que font tes parents Eren ? ma mère change de sujet sentant le malaise venant de son frère.
- Mon père est plus ou moins à la retraite.
- Plus ou moins ? je demande.
- Et il faisait quoi avant ? demande Kenny.
- Il était chirurgien spécialisé en pédiatrie et en traumatologie, ça fait trois ans qu'il a arrêté. Il est reparti avec ma mère, qui était secrétaire, pour habiter dans la campagne pas très loin de Munich. Mais comme c'est un bled paumé et qu'il à toujours le droit d'exercer il aide en tant que généraliste dans le coin.
Je l'écoute attentivement, en apprenant encore un peu plus sur le garçon qui m'intéresse tant.
- Grand métier que médecin, opine ma mère. Tu as des frères ou des sœurs ?
- Un demi frère, il est beaucoup plus vieux que moi, mon père avait à peine vingt ans quand Sieg est né.
- Ah bon ? je demande. Ton père est remarié ?
- Non pas vraiment, répond Eren penaud. C'était pas... C'était pas vraiment officiel et... La mère de Sieg est morte en couche.
Devant moi, mon oncle se tend alors qu'Eren se gratte l'oreille gêné.
- Oh...
C'est tout ce que je trouve à répondre, nous voila les pieds dans le plat.
- Ma femme aussi, lâche mon oncle.
La gène d'Eren sembla se multiplier par mille tandis qu'il tente (vainement) de répondre à Kenny.
- T'inquiète gamin, c'est des choses qui arrivent.
Ma mère passe doucement sa main sur le dos de son frère tandis qu'il change de sujet, dissipant doucement le malaise.
* * *
Le reste du repas se passa plutôt bien, Eren ayant adoré les ramens de ma mère et celle-ci s'étant merveilleusement bien entendue avec l'étudiant.
Kenny et ma mère sont désormais partis, et Eren s'est absenté pour se doucher tandis que je vide tranquillement mon petit et fidèle lave vaisselle.
Je suis aux anges. Malgré un petit malaise, la rencontre entre l'étudiant et ma famille s'est très, très bien déroulée, et ceci me procure un plaisir indescriptible (et un peu niais j'avoue).
Mais c'est ainsi avec Eren en général, tout se passe bien, il est agréable à vivre et très sociable, surmontant bien vite ses petites gènes polie pour bien s'entendre avec n'importe qui. Et il me rend horriblement niais... Bon ok c'est moins cool ça.
- Livaï ? Eh oh ?
Je sursaute légèrement et me tourne vers l'étudiant en t-shirt et bas de pyjama ample qui m'appelle, ses cheveux encore mouillés.
- Oui ?
- Ça fait trois fois que je t'appelle, il sourit doucement, tu es dans la lune dis donc.
- Je repense à ce soir c'est tout.
- Ah oui ?
- Oui, ma mère semble vraiment bien t'aimer.
Il s'assied doucement derrière moi et passe une main dans ses cheveux.
- Je t'avoue que j'ai cru que j'allais faire une attaque quand j'ai compris qui c'était quand on est rentré.
- J'avais remarqué, je me tourne doucement vers lui et souris en coin.
- Eh, te foud pas de moi, j'aimerais t'y voir toi, devant mes vieux.
- Tu projette de me les présenter ? je le charrie.
Il se remarque coincé et soupire, puis saisi mes avants bras et m'attire doucement à lui, se montrant entreprenant.
J'en profite pour lui soutirer un baiser, passant mes mains dans ses cheveux humides tandis qu'il pose ses mains sur mes hanches.
- Ils passent Armageddon ce soir sur la une, tu regardes avec moi ? il me demande.
- Armageddon ? C'est quoi ça ? je fronce les sourcils.
Il prend un air étonné et me regarde dans les yeux.
- Ok, tu regardes avec moi, c'est un ordre.
- Nan mais d'où, je soupire amusé. C'est quoi ton truc ?
- C'est un film de Micheal Bay ! Il y a Bruce Willis et Ben Affleck dedans ! C'est un grand classique sérieux !
- C'est qui Ben Affleck ?
- Un beau gosse dans le film, il sourit fier.
- Attention je vais être jaloux, p'tit con, je lui mets une petite tape pour rire.
- Moh, bon alors ?
Je soupire.
- Ok ok, j'accepte rassuré par le réalisateur et le casting du film. Je te suis sale gosse.
Il me bise la joue et se dirige tout guilleret jusqu'au salon.
Et je passe la soirée calée contre lui, à regarder un film qui je l'avoue, n'est vraiment pas mal.
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