•28. Smooth Criminal•

Eren

Cela fait maintenant deux semaines que je réside chez Livaï, enfin dans la villa du groupe.

Je travaille cinq jours par semaine et j'ai vite trouvé mon rythme étonnement, me délectant chaque matin de ma situation. Je ne travaille pas toujours au contact de No Name, je travaille également sur d'autres tâches confiées par mon maître de stage.

No Name n'est, comme je l'ai appris, qu'un des nombreux contrats de l'agence de monsieur Bossard, ainsi, je m'occupe également de photographier pour divers autres magazines très variés. Rien de très prenant certes, surtout de petites tâches comme photographier un objet ou un vêtement, mais le tout est très intéressant et me permet d'obtenir des savoirs variés sur ma (je l'espère) future profession.

Au final, je me plais plutôt bien sous les ordres du pas si vieux photographe, il est certes trop sur de lui, hautain, et peu agréable mais, paradoxalement, il me guide bien dans mes premiers pas dans le monde du travail. Monsieur Bossard est un mauvais photographe c'est indéniable, mais il est très fort dans l'univers du métier, il gère parfaitement tout le coté administratif et relationnel de la chose grâce à un sens très aiguisé du commerce, à un point où je me demande pourquoi il tient tant à prendre lui-même ses clichés puisqu'il m'a avoué être médiocre l'appareil en main.

Parallèlement à ceci, je passe mes week-ends et certaines de mes soirées en compagnie de Livaï ainsi que, parfois, des deux autres membres du groupe qui, après avoir appris que leur leader m'avait révélé son prénom, ont fini par me dire les leurs. Malgré ceci, je sens toujours une certaines méfiance envers moi de la part de Mike

- Cette histoire ne me plaît pas, nous nous étions mis d'accord tout les trois sur beaucoup de choses, et ta présence ici remet tout en question, m'avait-il dit il y a quelques jours.

Je le comprend, et je lui prouverais avec le temps que je n'ai aucune mauvaise intention envers le groupe.

J'ai également eu des nouvelle de mes proches durant ce laps de temps. La croisière de mes parents s'est déroulée à merveille, ma mère, bien que fatiguée par leur voyage, rayonnait de bonheur.

Armin et mes autres amis de la fac sont tous très appliqués dans leurs stages respectifs.

Bref, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Ne reste que Livaï comme inconnue à l'équation.

Suite à mon installation dans la villa, il m'avait donné une chambre afin que je puisse tout de même "avoir un coin à moi et une certaine dose d'intimité". Ainsi, il évite drastiquement de venir dans la pièce, d'autant plus quand je m'y trouve.

Ce geste (que j'apprécie énormément) n'empêche pourtant pas certains de nos rapprochements. Ainsi, de plus en plus souvent il prend l'habitude de m'embrasser, et je dois avouer que moi aussi je me suis pris au jeu.

Mais nous n'avons cependant pas parler de notre situation, la laissant dans le floue, dans la peur de casser l'idylle.

Je suis coupé dans le fil de mes pensés par le vibreur de mon téléphone qui, devant moi, affiche un message de mon chanteur.

"Oï gamin, tu finis à quelle heure ce soir ?"

Je souris devant l'éternelle délicatesse de l'Apollon aux cheveux noirs avant de lui répondre.

" Je finis dans vingt minutes, à dix huit heures pourquoi ?"

La question est purement facultative, lorsqu'il me demande mon horaire, c'est qu'il vient personnellement me chercher à l'agence. Et ce n'est pas pour me déplaire.

De ce que je sais, lui et le groupe travaillent sur les prémices d'un nouvel album. Rien de bien concret étant donné que leur précédante tournée vient à peine de s'achever avec le concert du Stade de France, mais Livaï passe ses soirées à griffonner des mots aléatoires dans un de ses petits carnets à couverture en cuir qu'il garde en permanance sur lui.

" Je t'attends devant l'agence"

Un sourire amusé m'échappe.

Prévisible le bel Apollon.

* * *

- Alors, ta journée ? me demande le chanteur alors que je referme la portière passager de sa voiture hors de prix.

- Essentiellement de la paperasse aujourd'hui, et toi ?

- Longue et pleine de bla-bla.

Il se penche sur moi, pose une main sur ma joue et (comme à sa nouvelle habitude) pose ses lèvres sur les miennes, profitant des vitres teintées du véhicule. Je réponds avec joie et mouve doucement mes lips sur les sienne durant quelques délicieuses secondes avant qu'il ne se recule et passe tranquillement la première vitesse de la voiture, s'élançant sur la route.

Je m'attache et m'installe confortablement dans mon siège, puis, reconnaissant Smooth Criminal à la radio, je monte le son de deux crans.

- Fan de MJ ? me demande Livaï.

- Qui n'aime pas Mickael Jackson ? je souris. Mais t'inquiète, je te préfère toi, j'ajoute espiègle.

- Are you ok, Eren ? me dit-il de sa voix la plus suave possible.

Je frissonne alors que mon conducteur se met à pousser la chansonnette par dessus la voix du fameux Roi de la pop, connaissant visiblement les paroles par cœur.

- Chante donc aussi Eren, s'amuse t'il en me regardant à un feu rouge.

- Trop drôle, je raille. Je serais ridicule à chanter à coté de toi, je ris doucement.

- Mais n'importe quoi, allez lâche toi, dit-il en me mettant une tape à l'épaule.

Sa voix magnifique continue de chanter Smooth Criminal, et je finis (sous ses encouragements) par me prendre au jeu.

Nous chantons alors ensemble le dernier refrain.

Annie are you okay?
Will you tell us that you're okay?
There's a sound at the window
Then he struck you, a crescendo Annie?
He came into your apartment
Left bloodstains on the carpet
And then you ran into the bedroom
You were struck down
It was your doom Annie
Annie are you okay?
Will you tell us that you're okay?
There's a sound at the window
Then he struck you
A crescendo Annie
He came into your apartment
Left bloodstains on the carpet
And then you ran
Into the bedroom
You were struck down
It was your doom Annie

Livaï sort des paroles beaucoup plus claires que moi qui, sur certains mots produit un espèce de yaourt anglais, mais le moment est terriblement plaisant alors je n'y fait pas attention. L'homme aux cheveux noirs conclu alors notre moment en poussant un des petits cris de signature de Jackson avec un sourire charmeur aux lèvres.

- Aaow !

L'animateur radio coupe le son et se met à parler tandis que je baisse le son amusé.

- Tu as une jolie voix Eren tu sais, bon, l'anglais n'est pas ton fort mais c'est très bien, dit-il.

- Ne m'enfonce pas je vais pleurer, ris-je.

- Oh mais non, baby, c'était un compliment.

Je lève les yeux au ciel et soupire.

- Tu m'exaspère.

- Je sais, et c'est un plaisir, il sourit en coin.

À la radio, l'animateur fini par se taire et lancer une autre musique qui ne m'est pas étrangère. Et qui l'est encore moins au conducteur du véhicule puisqu'il en est le compositeur et le chanteur.

- Wow, tu passes après Mickael Jackson, rien que ça, je souris.

- J'avoue que c'est très flatteur, dit-il en changeant de station.

- Ehhh, mais pourquoi tu changes ? je me plains. J'aime bien le morceau là, le chanteur et pas dégueu en plus...

Il pouffe avant de me répondre.

- Je n'aime pas vraiment m'écouter par plaisir, ce serait très égocentrique quand même, tu ne trouves pas ?

- Vu sous cet angle, c'est vrai, je conviens. Ça devais te faire bizarre de t'entendre dans la vie de tout les jours au début, nan ?

- Si, t'imagines même pas, il m'avoue. Et je pense pas vraiment m'y être habitué, je suis toujours surpris quand j'entends mes chansons quelque part, genre au rayon pâtes du Leclerc, tu vois le tableau.

Je ris de l'exemple, m'imaginant difficilement Livaï aller faire ses courses de pâtes au supermarché du coin.

- Ouais on va dire que je le vois.

Nous discutons encore quelques minutes tranquillement avant qu'on ne passe finalement le portail de la propriété privée de No Name.

C'est alors que j'aperçois une Mercedes noire qui m'est complètement inconnue garée devant la villa.

- Tiens, tu as de la visite de prévue ? je demande.

- Non.

Il coupe le moteur et descend sans me dire un mot.

Je le suis prestement et entre dans la villa dans laquelle règne une délicieuse odeur de nourriture asiatique.

C'est en pénétrant dans le séjour ouvert que j'aperçois la femme aux fourneaux. Elle mesure à peu près la même taille que Livaï, de long cheveux d'ébène lâchés sur ses épaules. Elle est vêtue d'un haut blanc et d'un pantalon noir qui la font paraître jeune. Et c'est alors qu'elle se retourne vers moi et Livaï, nous scrutant un léger instant avec un air bienveillant et deux yeux gris qui sans plus attendre me fond comprendre qui est cette femme.

- Bonjour maman, sourit Livaï.

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