•27. Tout bénéf•

Livaï

La nuit fut bonne. Très bonne.

J'émerge doucement de mon sommeil de plomb aux alentours de midi (heure très tardive pour mon cycle de sommeil si particulier) et porte mon regard sur le jeune homme aux yeux émeraudes toujours endormi contre moi, m'entourant des ses bras finement musclés.

Le plan improvisé "faire rester le môme à la maison pour la nuit" est une réussite totale, et je me délecte de ses airs interrogatifs à chacun de mes sous entendus.

La soirée que nous avons passée ensemble était si normale, si agréable et inhabituelle pour moi. Cela fait presque une décennie que je ne m'étais pas posé devant un film avec autre que mon cercle d'amis restreint, et j'apprécie grandement ma nouvelle rencontre avec le jeune étudiant.

Je passe ainsi quelques minutes à passer doucement ma main dans ses épais cheveux bruns avant qu'il ne se réveille, baillant fortement avant de finalement s'étirer. Et s'étonner de mon contact.

- Bien dormi gamin ?

Il se recale doucement avant de finalement me regarder.

- Super, et toi Livaï ? demande-il d'une voix endormie mais contrôlée.

Je me délecte une fois de plus d'entendre mon prénom passer ses lèvres avant de lui répondre.

- Nickel, tu as faim ?

- Pas vraiment non, il est quelle heure ?

- Presque midi gamin, on a pioncé comme des loirs.

- Effectivement, dit-il en s'asseyant doucement. Je vais m'appeler un taxi.

- Pourquoi ? Tu peux rester encore un peu si tu veux, je lâche innocemment.

- J'ai pas d'habits propres et je pue de la gueule, mes affaires sont à l'hôtel.

- Oh, je te ramènerais plus tard si tu veux, je vais pas te faire repartir en taxi. Et j'ai des brosses à dents d'avance si ça t'embête tant que ça de m'embrasser avec mauvaise haleine...

Une brève rougeur passe sur ses joues tandis que je lui sers mon plus joli sourire en coin.

- Tu es infernal tu sais ?

- Merci ça me flatte beaucoup ce que tu dis là, je pouffe en me levant. Allez suis-moi morveux. Je vais mettre tes vêtements d'hier à laver vite fait le temps qu'on mange.

Il acquiesce et me suis tranquillement, portant toujours la tenue que je lui avait prêté pour la nuit et qui, je l'avoue, le serre un petit peu de façon très agréable visuellement parlant.

Je vais tranquillement dans la salle de bains annexe de ma chambre et sors une brosse à dents neuve du paquet avant de la tendre à Eren, lui passant également mon tube de dentifrice.

Et dans une scène aussi étrange que banale, nous nous brossons les dents ensemble, côte à côte, nous observant en chien de faïence dans le miroir face à nous.

Puis Eren lâcha un petit souffle discret avant de finalement partir en fou rire franc, m'arrachant je l'avoue un sourire.

- Qu'est-ce qu'il t'arrive crétin ? je lui demande, la bouche débordante de dentifrice moussant.

Il se rince la bouche à l'eau du robinet avant de me répondre, un sourire aux lèvres.

- Oh allez, avoue que la scène est drôle, il glousse.

Je me rince aussi la bouche avant de lui répondre avec un sourire en coin.

- Bon j'avoue, ça fait bizarre.

Il passe doucement une main dans ses cheveux dans le vain objectif de les remettre en ordre avant de reposer son regard sur moi.

Je m'approche doucement de lui et me saisis de ses coudes pour l'attirer plus proche de moi.

- Qu'est-ce que tu fais encore ? il me demande en se laissant faire sans rechigner.

- Tu n'as plus aucune excuse pour ne pas m'embrasser là...

Il se mord doucement la lèvres inferieure alors que je l'attire contre moi et scelle nos lèvres ensemble. Notre baiser ne dura pas très longtemps mais n'en fut pas moins agréable pour autant.

Juste normal, et agréable.

- Bon, tu veux juste un petit dej' ou tu veux que je prépare quelque chose ?

Il serra la mâchoire, semblant réfléchir à toute autre chose que ma question avant que finalement son estomac me réponde.

- Ouais d'accord je saisis le topo, je pouffe. J'te préviens, t'aura rien de plus que des pâtes. J'ai la turbo flemme.

- Tu me mets au régime ? Tu n'as pas honte ? Je suis en pleine croissance...moi...

Il me regarde un instant, l'air fier de sa connerie alors que je lui coule un regard blasé.

- Ramène encore ta fraise et je te mets au pain sec et à l'eau, grand débile. T'as laissé où tes fringues d'hier ?

- Rohhh, dans l'autre salle de bain, celle où je me suis lavé. Celle ou il y avait le chauffage centralisé...

Je ne relève pas, l'air de rien.

- Ok, descends au salon je te rejoins, allume la télé, fais comme chez toi.

- Oui chef, dit-il en partant tranquillement.

Je vais donc récupérer ses habits de la veille et les place avec les miens dans la machine à laver avant d'aller à la cuisine pour mettre de l'eau à bouillir. Durant ce cours laps de temps, Eren avait allumé mon téléviseur et se tenait maintenant debout devant ma baie vitrée, observant le paysage.

Je m'approche doucement dans son dos et pose ma main sur ses omoplates.

- La vue est belle hein ?

- Oui, foutu riche, dit-il.

Nous restons ainsi quelques minutes en silence, moi caressant doucement son dos, le faisant frissonner, avant de finalement nous installer sur le canapé, il jette un bref coup d'œil à son téléphone et moi au mien. Je constate rapidement quelques messages insignifiants de Mike et Hanji sur notre groupe et un autre de mon ami d'enfance résidant aux États-Unis me demandant comment j'allais, je leur répond à tous puis mets les pâtes dans mon eau tandis qu'Eren met la table.

- T'es censé dormir à l'hôtel les deux mois de ton stage ?

- Eh ben... Oui, c'est vu avec l'agence il me semble, un mois à leur charge, l'autre à la mienne.

Je fronce les sourcils.

- Un mois à ta charge ? Mais ça va te couter une fortune un mois complet de frais de chambre d'hôtel, nan ?

- Oh, euh...j'en ai pour environ mille euros, mais je pouvais pas refuser le stage pour ça, j'aurais grave regretter, je me débrouillerais avec mon salaire, j'avais calculé vite fait je devrais avoir assez pour les frais de nourriture et d'hôtel avec le salaire obtenu durant le stage.

- Mais, du coup tu gagnes rien à travailler ?

- Je gagne de l'expérience, et des opportunités incroyables, c'est déjà largement suffisant.

- N'importe quoi, j'aurais dû y penser avant.

- Penser à quoi ?

- À tes frais. Tu ne te nourris pas d'expérience Eren, c'est con à dire mais on à tous besoin de fric.

Il hausse les épaules tandis qu'une idée germe dans mon esprit.

- T'as qu'à t'installer ici, puisque de toute façon, tu bosses pour le groupe, ça te retirerais le problème du logement mais aussi celui du transport. C'est tout bénéf.

- Mais je... Je veux pas m'incruster, je veux pas vous déranger, ne t'inquiète pas pour moi je vais gérer Livaï. Vraiment.

- Mais non, tu déranges pas du tout, gamin, accepte, ca t'arrange en tout point.

- Et toi tu m'aurais sous la main c'est ça ? il ajoute avec un air étrange.

- Bien sur, mais ce n'est qu'un détail ça, mon très cher gamin, je souris innocemment. Et comme si ça te dérangeais de passer du temps avec moi, hein ?

- C'est vrai...

Il soupire, semble hésité un instant avant de finalement reprendre la parole.

- Ok mais tu me laisse t'aider.

- M'aider à quoi ? je demande.

- Je veux participer aux frais de nourriture, je sais que t'en as absolument pas besoin mais j'ai horreur d'être dépendant des autres. Et je veux aider au ménage aussi, par contre... Il vaut mieux pas que j'approche de la cuisine...

Je pouffe devant son air piteux.

- T'es pas un cordon bleu ah oui ?

- Eh bien disons que je crame tout ce que je touche en quelque sorte, il avoue penaud.

- Espèce de boulet, je t'apprendrais quelques trucs si tu veux.

- Autant apprendre à lire à un aveugle, tu auras plus de chances de réussite.

- Tu es beaucoup trop pessimiste, un peu de positivité gamin.

- Je suis la positivité incarnée, j'admet juste mes faiblesses, je suis réaliste c'est différent, il rit doucement.

- Mais bien-sûr oui, je pouffe. Bon, on mange, on s'habille et on va récupérer tes bagages à ton hôtel, ça marche ? je demande en passant ma main dans ses cheveux.

- Ça cours, Livaï.

Je souris en moi-même. Voilà une situation qui arrange grandement ma petite affaire.

Mon envie de le connaître se fait de plus en plus forte.

Je veux ce gamin.

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