Eren

Une fois que les trois membres de mon groupe favoris sont parti chacun dans leur voiture respective, je mets mon Nikon dans mon sac à dos et me dépêche de partir du stade, et ce, presque en courant.

Nan pas presque: en courant pour ma vie.

Cependant courir comme un gros gogole ne m'aide pas beaucoup (une fois de plus) puisque arrivé à proximité de celui-ci je vois avec dépit que le chauffeur actionne son clignotant gauche.

- Oh non non non putain !

Puisant dans mon dernier souffle (je suis pas sportif) j'accélère encore ma vitesse puis toque de justesse à la double porte en verre du véhicule au moment même où celui-ci se mets en mouvement.

Le chauffeur, un vieux à l'air peu sympathique soupire profondément avant d'ouvrir les portes.

- La prochaine fois, arrive à l'heure sale môme, parce que sinon j'te laisse pas monter. Est-ce que c'est bien clair ?

- Ouais ouais, bonsoir à vous aussi, je réponds en me dirigeant vers une double place dans le milieu du car.

Plus sympathique tu meurs.

Je m'assied sur une place côté fenêtre et pose mon sac sur l'autre siège à ma droite. Je pris un (grand) instant pour reprendre mon souffle et calmer le rythme affolé de mon cœur avant de sortir mon téléphone portable.

J'ouvre alors la gallerie photo de celui-ci afin de vérifier si je n'ai pas rêvé. La dernière photo prise me prouve bien que non.

Saint bordel de Dieu.

L, le plus célèbre chanteur de cette année m'a fait un bisou sur la joue.

C'était pas la première fois qu'il fait ce genre de chose et je le sais parfaitement. L est connu pour être une star assez joueuse, mais quand même. Je ne peux réprimer un sourire idiot.

Je vais ensuite dans les notes de mon téléphone, puis re-lis encore son message. Qui était d'ailleurs LA raison pour laquelle j'avais faillis louper mon putain de bus.

Bordel. J'ai le numéro de téléphone que des millions de personnes veulent. Moi, Eren Jäger, simple étudiant en photographie, j'ai le putain de numéro de mon idol numéro un.

Et il m'a embrasser la joue.

Faut que j'arrête d'insister avec ça.

Je dois sûrement trop m'en dire, il l'a sûrement donner à des tas d'autres personnes... Et peut être que ce n'est pas son numéro perso...mais je l'ai quand même !

Quand Armin va savoir ça. Je vais faire des jaloux.

Je relis la dizaine de mots que le chanteur a laissé sur mon téléphone. Plus précisément, 7 mots.

"Jolies photos sur Facebook, envoie les moi,
L"

Sur Facebook ? Il avait été sur mon Facebook ? Nan, il avait juste du voir celles que j'avais publié sur un groupe de No Name.

C'est donc qu'il observe les groupes dédiés à son groupe ?

Je me sentis rougir légèrement à l'idée qu'il ait pu voir mon travail, ce que je trouvais d'ailleurs​ complètement con: les photos c'est fait pour être regardé.

Mais je ne peux m'empêcher d'être flatté par ses compliments sur mes photos.

Je range mon portable et prends mon Nikon dans mon sac, soudainement gonflé d'énergie. Je l'allume puis parcours les photos que j'ai pris tout au long du concert. Voyant que certaines étaient floues, je décide illico presto de commencer mon habituel tri. Plus motivé que jamais. Ce même si mon tri allait être assez long puisque j'ai remplis une carte mémoire de 30Go durant ce concert.

Ainsi, j'en étais à peine à la moitié du premier tri des photos floues et mal cadrées que le bus arrive à mon arrêt, (arrêt que j'ai failli louper d'ailleurs).

Je prends alors ma marche d'une dizaine de minutes dans le silence de la nuit, troublé seulement par le bruit de quelques voitures et de mes pensées de fan excité avant d'enfin arriver au campus de ma fac'.

Je suis actuellement en bachelor photographie à Nancy, dans une fac plutôt pas mauvaise.

- Enfin rentré Eren ? me demande le gardien de nuit en ouvrant la grille.

- Yep, je réponds toujours avec mon air perché sur un petit nuage.

- C'était bien ?

- Trop, j'ai pris plein de photos et j'ai réussi à m'incruster à la sortie des artistes !

- Sympa ! Tu me montrera les photos ?

- Si tu veux Hannes, dis-je en m'éloignant.

L'employé me salue avant de reprendre son poste. Lui n'écoute pas spécialement No Name, mais il s'intéresse souvent aux activités des jeunes de l'école. Et surtout: il cherche à sortir avec une secrétaire du bahut complètement gaga de L. Et uniquement de L d'ailleurs.

Plusieurs​ autres élèves étaient allé au concert de No Name, mais tous rentraient chez eux ce soir étant donné que demain nous serions le week end.

Quant à moi j'avais choisi de ne pas rentrer chez mes parents pour pouvoir me reposer au lieu de me farcir les 4h de train nécessaires au voyage jusqu'à chez eux, en Allemagne (surtout que j'ai dépensé mon argent de poche de la semaine pour aller au concert).

Je me dirige donc vers le bâtiment abritant le dortoir des garçons au moment précis où le petit Jésus eu une envie pressante, comme le dit toujours ma mère.

En d'autre termes: il pleut. Je presse donc le pas jusqu'à l'entrée​ du bâtiment, mais fini quand même trempé jusqu'aux os.

Je me dirige ainsi mouillé vers la cage d'escaliers puis me rends à l'étage des deuxièmes années, chambre 11.

Une fois rendu, j'entre dans mon espace personnel puis enlève mes Converses et mon manteau afin d'aller me doucher.

Puis, enfin, je m'échoue devant mon ordinateur portable sur ma chaise de bureau. J'y branche mon appareil photo et poursuis ce que j'avais entrepris dans le bus.

Ensuite, j'enregistre toutes les photos sur mon ordi et démarre mon logiciel de montage. Variant ainsi le contraste, la luminosité et la couleur et d'autre détails sur mes images afin de les améliorer le plus possible.

Sauf que, faible que je suis, je m'endormis sur mon clavier au trois quart de ma carte mémoire.

~~~

Quelque chose vibre contre ma cuisse...et une chanson résonne dans ma chambre... Je reconnais vaguement une des premières chansons de No Name... Puis l'information atteint mon cerveau.

Je me redressa puis sors l'appareil de ma poche pour décrocher, coupant malheureusement la belle musique, sans faire attention à l'appelant.

- Allô ?

- EREN !

J'écarte l'objet de mon oreille et me la masse, étant désormais complètement éveillé grâce au viol auditif que mon meilleur ami venait de me faire subir.

- Armin putain ! Ça sert à rien de gueuler ! Dès le matin merde !

- Désolé, mais alors ? C'était comment ??

- Hein ?

- Le concert de No Name espèce d'abruti ! Ça me fait trop chier de pas avoir pu venir...

- C'était extra, t'as raté un sacré truc mon gars. En plus j'ai réussi à être tout devant. Et j'ai même vu quand ils sont sortit du stade !

À l'autre bout du fil, mon ami hurle, faisant pleurer mon oreille.

- T'as pris des photos au moins ?!

- Nan j'ai joué au poker, pourquoi ?

- Je les veux toutes. Par mail. Et ce soir. C'est gé-pi ?

- Ouais ouais, bah t'attends que je les ai retouchés ! Et ça prendra le temps que ça prendra gros relou.

- Erennnnnnnnnnn. Allez sois pas égoïste là.

- Ta gueule.

- S'il te plaît mec !

- On verra, si j'ai le temps.

- Ok, il soupire, et sinon ? T'as pu matter ?

- Le ciel était particulièrement joli hier soir oui tout à fait.

Nous lâchons tout deux un rire puis je me rappelle de quelques " légers détails".

Le bisou. Le numéro. La photo.

Je lui dis ou pas ?

Mon oreille me rappelle que la voix d'Armin a une sévère tendance à partir dans les aigües dans ses moments de "joie" et surtout au téléphone, ce qui me fis pencher pour le "je lui dis pas pour le moment".

Alors je dis simplement.

- Faudra que je te parle d'un truc quand tu reviendras au campus.

- C'est quoi ? Trop de suspens vieux.

- Tu verras. Bon je te laisse, j'ai la dalle.

- Je t'ai réveiller au moins ? L'ordi était confortable ?

Ce blondinet me connais beaucoup trop bien.

- Oui et non.

- Voilà qui est clair. Allez à plus et bon app' Ren' !

- Ta gueule, plus plus Barbie.

Sur ces mots je raccroche puis reporte mon regard sur mon ordi qui s'était rallumé quand je m'étais redressé de celui-ci.

Mais c'est que j'avais pas fini moi !Je regarde l'heure. 11h52.

J'estime rapidement qu'il me reste environ 30 minutes de travail. Ce qui est correct pour me rendre au self après. Je reprends donc mon activité nocturne. Réfléchissant en même temps à ce que je pourrais bien dire à L par message.