•15. Virée en Porsche•

Livaï

Je suis affalé sur le canapé dans une position plutôt originale, et j'ai faim, plutôt envie de sucre.

Je viens tout juste de m'entretenir au téléphone avec mon staff au sujet du stage du gamin, et la maison de production n'en ayant pas grand choses à faire, ils m'avaient dit de venir récupérer les pré-documents à remplir.

Ma mère est partie il y a un peu plus de vingts minutes, après avoir écouté patiemment toute l'histoire.

- J'veux du sucre.

- Mais du coup on fait comment par rapport à ce dont je t'ai parlé Hanji ?

- Un croissant ?

- Je sais pas mais moi en tout cas il me faut des nouvelles cordes de guitare.

- Un pain au chocolat.

- Et moi des nouvelles baguettes, il ne m'en reste que deux paires.

- Oh nan je sais, un escargot au raisins !

- Livaï, ta gueule ! finissent par craquer mes deux amis.

- Mais j'ai toujours envie de sucre.

- Hanji va te faire un gâteau.

- Nan ça ira en faite, j'ai plus trop envie, dis-je en me levant.

- Quoi ? Mais Livaï, tu ne veux pas que je te fasse un bon petit gâteau? Des cookies ? ironise Hanji.

- Tu t'arranges toujours pour cramer tout ce que tu fais, même un McCafé c'est culinaire à côté.

- Mais il y a des microbes au McDo ça se trouve.

- Moins que sur tes mains.

- Vous m'épuisez, fait remarquer Mike dans un magnifique soupir.

- On sait t'inquiètes, un jour tu seras récompensé pour ta patience Mikey.

- Super.

Las, le blond s'allonge sur le canapé tandis que je me mets en quête de quelque chose à manger. Ne trouvant rien, je jète mon dévolu sur un malheureux yaourt à l'abricot avant de retourner au salon.

- Du coup tu vas renvoyer un message à Eren ? demande Mike.

Ma cuillère reste en suspension entre ma bouche ouverte et le pot tandis qu'un cheminement tout sauf logique, une idée foireuse, fuse dans mes pensées.

- Mh, il est quelle heure exactement ? Hanji ?

- 14h35.

- Il n'y a que deux heures de route entre ici et Nancy non ?

- Environ deux heures et demie, attends, tu comptes quand même pas y aller ?

Je jete un coup d'œil à mon yaourt puis me lève en renonçant à ma petite cuillère.

- Et pourquoi pas ? J'ai rien d'autre à faire. Et je préfère ses beaux yeux aux vôtres, lâchais-je avant d'incliner le dit yaourt devant ma bouche pour le boire.

- Mais c'est à 240 bornes !

- Et alors ? J'me suis acheté une voiture, pour une fois que j'ai l'occasion de m'en servir !

- T'es épuisant le nain. T'y va pour pécho de l'étudiant ?

- Tu es pire que moi travelo, j'vais passer au staff qu'il me filent les papiers aussi, je lui réponds en jetant mon pot désormais vide.

- Non, vous êtes égaux dans la connerie vous deux, et moi je veux un psy bordel, déplore Mike. Tu vas quand même pas te taper Eren par plaisir ?

- Pourquoi cette question ?

- Je croyais que tu ne t'intéressais pas aux fans, Livaï. Je pensais d'ailleurs que cette règle était limpide entre nous. C'est trop risqué.

- Calme Mikey, je gère. Et puis je vais juste aller lui emmener quelques paperasses. Je trouverais bien une autre...distraction dans le coin.

Mike soupire.

- Dieu sait que j't'aime hein Livaï, mais t'es quand même une ordure de première.

- Depuis quand t'es croyant toi ?

- Mort de rire Livaï.

- Je sais je suis hilarant. Bon salissez pas la baraque ou j'vous tue, à plus.

- Tchüss, et oublies pas ton siège auto.

~~~

Je ne suis pas du genre à dépenser. Mais j'avoue avoir un péché mignon. En plus du sexe. J'adore les grosses voitures.

Après avoir récupéré les documents concernant le stage à mon agence, je prends la route direction Nancy au volant de ma neuve et flambloyante Porsche Taycan blanche.

Et tout allait bien sur ma route jusqu'à ce que ma vessie se fasse remarquer.

C'est donc au bout d'une heure et trente petites minutes de route que je sors de la chaussée afin de rejoindre une aire d'autoroute.

Je sors de la voiture et m'étire avant d'allumer une cigarette tout droit sortie de mon magnifique paquet neutre récemment acheté.

Je n'ai jamais compris l'utilité du paquet neutre, hormis traumatiser les gosses lorsqu'ils voient leurs parents sortir leur paquet avec des images juste immondes dessus. Apprendre par la peur ? Pourquoi pas. Mais un enfant n'est pas apte à comprendre que ces images dégueulasses sont produites par les cigarettes.

Est ce que je suis frustré d'avoir paumer ma clope électronique ? Tout à fait oui.

- Jolie voiture, fait soudainement une voix de femme sur ma gauche.

- Mh ? Ouais, merci, je réponds en tirant sur ma cigarette.

- Tu m'amènes faire un tour beau gosse ?

- Tu fais déjà très bien le tour du trottoir toute seule. Gratuitement qui plus est.

Sur ces jolis mots, je me redresse écrase mon mégot au sol. Je cède alors un regard à la femme (ou plutôt de l'adolescente à laquelle je ne donnais pas plus de 17 ans) qui me regardait d'un air béat.

Qu'on soit au point. Je respecte les prostituées. Certaines n'ont pas le choix de faire ça, ce fut même le cas de ma mère durant une courte période.

Hors, vraisemblablement, l'adolescente drague ainsi pour une raison: je roule en Porsche.

Sûr que si j'étais arrivé en Twingo 1 elle n'aurait même pas daigné poser un regard sur moi.

Je me dirige donc au toilettes (au combien dégueulasses) de la station puis retourne vite à ma voiture pour me désinfecter les mains au gel.

Je constate que la demoiselle de tout à l'heure n'est plus là. Quel dommage.

Je suis loin d'être du genre Sainte Nitouche. Au contraire, dans ma vie personnelle je possède pas mal d'ami(e/s) prêts à danser à l'horizontale avec moi. Mais aucun ne sais ni pour le groupe ni pour ma petite fortune personnelle. Eren serait peut-être bien l'exception qui confirme la règle...

J'allume le contact et me demande pourquoi j'ai pas simplement appelé le gosse.

Simple. J'ai envie de le voir. Et c'est dangereux. Comme l'a dit Mike il pourrait tout découvrir, tout comprendre.

Mais il faut croire que j'aime jouer avec le feu.

Et puis, j'allais seulement lui amener des papiers c'est tout.

Et si plus se présenté ? Accepterait-il ? Refuserait-il ? Que faire ?

Suivre l'envie ? L'étudiant est parfaitement dans mes goûts physiquement mais aussi mentalement, il est gentil et sociable. Je n'ai aucun doute sur le fait que si je l'avais rencontré en tant que Livaï et non en tant que L, je l'aurais invité à rejoindre illico presto mon lit.

Suivre la raison ? Eren est loin d'être idiot, déjà qu'il va peut-être travailler avec nous, si en plus j'ai une liaison avec lui il me suffirait d'une étourderie et il comprendrait. Et là, nôtre avenir serait entre ses mains. Nous balancer et devenir célèbre pour son exploit ou garder le silence.

Que faire ?

Ne trouvant aucune solution qui me convienne, je me concentre sur la route et jète un oeil au GPS.

Encore cents kilomètres.

~~~

La route se passe relativement bien. Jusqu'à l'arrivée à Nancy. Je n'ai jamais vu une ville donc l'accès et aussi foireux. Je me guide donc à l'aide du GPS dans cette ville labyrinthe jusqu'à mon objectif.

Je songe que cela fait longtemps que je ne suis pas venu ici seul. Depuis presque dix ans à vrai dire, depuis que mon oncle Kenny est parti d'ici.

Après plusieurs minutes à tourner en rond je finis par me trouver une place et me gare.

Je me penche vers ma boîte à gant et en sors le kit du blaireau incognito: bonnet noir, un cache oeil noir et une paire de lunettes. J'enfile le tout et sors de ma voiture en saisissant la pochette contenant l'administratif du stage.

Ainsi vêtu, je me dirige vers l'entrée des visiteurs. À l'heure qu'il est le gamin doit sûrement être en cours, il m'a signalé être interne. Il doit donc avoir une chambre dans le dortoir de l'école.

- Papiers d'identités s'il vous plaît.

Je me tourne vers la voix qui vient de m'interpeller.

- Vous êtes visiteur ? Depuis les incidents d'il y a quelques années on contrôle l'identité de nos visiteurs.

Le gardien me dit quelque chose. Je l'ai déjà vu, serais-ce un copain de beuverie de Kenny ? Je décide de tenter.

- Vous seriez pas un pote de Kenny Ackerman ?

Son expression change, surprise.

- Si, vous êtes ?

- Son neveu.

- Oh bah la vache ! Comment va le vieux Kenny ?

- Comme un charme, toujours aussi casse couilles.

Il s'esclaffe devant moi.

- Bon, neuveu de Kenny, tu veux entrer ?

- Faut que je vois un des élèves ouais.

- Lequel ?

- Eren Jäger. J'ai de la paperasse à lui filer il m'a dit de lui amener dans sa chambre.

- Bon ok, tu passeras le salut à ton oncle ! Montre juste vite fait ton permis que j'sois sur que tu m'embrouilles pas. Vu comme t'es sapé.

- J'suis sapé comme jamais, je réponds en sortant le petit rectangle de plastique rose.

L'employé y jette un regard puis semble satisfait de lire mon nom. Il n'en reste pas moins négligeant car je garde le doigt sur la photo présente sur mon permis sans qu'il ne le remarque, ou sans qu'il le relève.

- Ok ! Chambre 11 bâtiment deux, il devrait pas tarder à finir ses cours !

- D'accord, merci.

- Par contre...j'ai pas fait toute les veriff' hein, je suis pas trop censé te laisser entrer, fais pas de vague ok ?Et prends ça, dit-il en me rendant une carte de « visiteur ».

- Pas de problème. Juste, comment vous vous appelez ? Que j'passe le bonjour à mon oncle de votre part.

Il sourit un peu, penaud.

- Hannes. Mais au fait, tu le connais d'où le gamin Jäger ?

Il serait peut-être temps de t'en inquiéter.

- C'est compliqué, on s'est connu un peu par hasard et il va peut-être faire un stage dans l'agence où je travaille, j'improvise.

Le gardien hoche doucement la tête, semblant hésiter un instant, puis secoue finalement la main.

- Allez va-y.

Je ne peux m'empêcher de constater que la sécurité sur le campus laisse à désirer. J'avance donc, pénétrant dans la cour commune de l'école, pleine de jeunes, certains travaillant, d'autres discutent en petits groupes. J'aperçois quelques solitaires calés avec écouteurs aux oreilles et livres ou portable sur les genoux.

Une grande école classique en soit.

Je relève la tête et suis la direction indiquée: « batiment 2 ». J'y entre comme dans du beurre et cherche la fameuse chambre numéro 11.

Le bâtant et simple, un simple écriteau signale l'identité de son propriétaire: Eren Jäger.

Je clenche la porte et constate sans surprise que celle-ci est fermée à clé.

Je ne m'avoue pas vaincu. Quitte à être dans l'excès autant l'être à fond. J'ai pas fait plus de deux cents bornes pour être stoppé devant un panneau de bois de deux pauvres centimètres d'épaisseur.

Je jète un coup d'œil autour de moi, ne voyant personne, je sors un petit couteau suisse et ma carte de crédit. Mon petit kit du parfait voleur en main, j'enfonce la lame du couteau de poche dans le trou de la clé et le secoue doucement tout en passant ma carte bleue entre la porte et le mur.

Trente courtes secondes de manipulation plus tard, la porte s'ouvre.

Et je tombe nez à nez avec...moi. En poster bien sur.

Pas de doute, c'était bien la chambre du gamin.

J'entre et referme la porte (sur laquelle figure un autre poster du groupe),

J'ai face à moi une chambre d'étudiant banale. Un deux pièce simple, relativement propre si on omet la poussière accumulée sur le rebord de la fenêtre et la centaines d'emballages de Twix qui dépassent de la poubelle.

Je soupire et m'assieds sur la chaise de bureau de l'étudiant en posant devant moi ma pochette de paperasse. Que faire pour m'occuper ?

Je sors mon téléphone et par donc checker mes réseaux sociaux

Et le temps passe à mesure que les conneries d'internet défilent devant mes yeux.

Puis, après ce qui me sembla durer une éternité, un grincement perce timidement le silence.

Je relève la tête de mon téléphone, après avoir rapidement réajusté mon cache œil yeux, et je tombe sur l'expression choquée d'Eren.

Je prends le temps de m'en délecter. avant de briser le silence.

- Ah quand même, ça fait deux heures que je t'attends gamin.

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