20 | Erreur(s)

Hello- (enfin plutôt bonsoir, mais bon ^^')
Excusez moi de poster plutôt tard, mais c'est toujours le jeudi ahah xD
Enfin bref, toujours un grand merci à toi si tu as continué à lire jusqu'ici ♡

Bonne lecture :3
(Le prochain chapitre sera donc le jeudi 12 mars ^^)

~


La première pensée de Lewis fut de se demander à quel moment il s’était trompé.
A quel moment il avait provoqué la disparition de Cassandra.
Et il ne voyait pas ce qu'il avait mal fait.
Théoriquement, la jeune femme brune appartenait aux Gaénessé, Famille de l’élément terre. Elle n'avait rien donc à craindre de cette même organisation qui avait décidé la mort de Ketleen.

Mais, lui souffla sa conscience, il existe trois autres Familles.

Désemparé, Lewis fit craquer ses phalanges, tandis qu'il observait le visage décomposé qu'affichait Miwen.
Malgré leurs disputes, l'ancienne héritière semblait sincèrement tenir à Cassandra.

— Tu as pensé à prévenir le Général Black ? intervint Isak.
Et le soldat à peau sombre remercia de tout son cœur la prise de parole du blond, qui était peu intimidé par l'ancien rang de la jeune femme.

— Je… hésita Miwen. Non, je comptais le faire plus tard, après être sûre de mon affirmation.
— Plus tôt tu le préviens, mieux c'est.
— Je… répéta t-elle encore une fois. Oui. Oui, je n'y avais pas pensé sur le coup.

Angie et Elo échangèrent une expression de surprise totale, tandis que Lewis se sentit abasourdi par la confession de l’ex-héritière.
Ketleen semblait peu impressionnée, rejoignant l'expression neutre d'Isak.

Et sur ces derniers mots, Miwen disparut en coup de vent par l'embrasure de la porte.
Quasiment tous les regards de la pièce convergèrent vers le blond qui se frotta la nuque, gêné de l’attention soudaine dont il bénéficiait.

— Tu n'a aucun respect pour l'ancienne héritière pour t’adresse à elle comme ça, ou alors tu n'es simplement pas originaire de ce monde, avança fermement Maël.
Isak ouvrit la bouche dans l'intention de se défendre, mais il fut coupé par l’arrivée du Général Black. Le regard du brun qui l'avait interpellé se noircit, promesse que le sujet n’était pas entièrement clos.

La jeune femme blonde accompagnait l’ancien capitaine, faisant de grands gestes au fur et à mesure qu'elle racontait les événements passés.

— Je comptais faire un compte-rendu de votre première session d’entrainement, commença le général en claquant des mains.
Immédiatement, toute l'attention se focalisa sur lui.
— Mais apparemment, je vais devoir le reporter.

L'homme au visage buriné se racla la gorge avant de déclarer d'un ton solennel :
— Qui a vu Cassandra en dernier ?
Les yeux de Lewis parcoururent de long en large la petite assemblée. Une deuxième vague de surprise le traversa quand il remarqua que Ketleen venait de lever la main avant lui.

— Moi. Ou Lewis, cela revient au même. Cassandra allait m’éliminer, et Lewis l'a sortie du jeu avant qu'elle ne puisse réussir. À moins que quelqu’un l'ait croisé pendant sa rentrée aux vestiaires, on est les deux seuls à l'avoir vu.
— Bien Ketleen. Je te remercie.

La jeune fille haussa les épaules, et le soldat aurait juré l'avoir vue en train de rouler les yeux.
Le Général Black inspecta tour à tour leurs visages de ses prunelles, qui n’étaient plus si rieuses que cela.

— Je vais en référer aux autres généraux, finit-il par décréter. L’exercice est terminé pour aujourd’hui.


~


Lewis passa une main dans ses boucles brunes encore humides après son passage aux vestiaires. Il repéra immédiatement Ketleen qui tournait en rond dans la cour des Quartiers Généraux, visiblement perdue une fois de plus.

— Hey !
La jeune fille se tourna dans sa direction.
— De l’aide, pour trouver ton chemin ?
— Je ne suis pas perdue, murmura Ketleen.
— Absolument pas. Je te savais sarcastique, mais de mauvaise foi ?

L'auburn lui décrocha un regard noir qui promettait de nombreuses souffrances.
— Je ne le suis pas. Qui ne te dit pas que c’est toi que je cherchais ?
Le jeune homme leva les mains en signe de reddition.
— D’accord, d’accord : admettons que c’est moi que tu cherchais et non pas le chemin des dortoirs.
— Très bien. À toi l’honneur, répondit-elle d'une voix sans ton. Je te suis.

Lewis lui sourit une fois de plus, malgré la culpabilité qui lui pesait sur les épaules, et se mit à avancer dans la bonne direction. Immédiatement, Ketleen vint se placer à sa hauteur sans dire un mot.
Ce fut lui qui, finalement, brisa le silence.

— Tu penses que la disparition de Cassandra a un lien avec les Familles ?
Cette question lui brulait les lèvres depuis un bon moment. Et il avait envie de connaître l’avis de la jeune fille.
— Il y a trois autres Familles, si je me souviens bien ?
Le brun hocha la tête, attendant la suite de son raisonnement.
— Alors, peut-être qu'elles sont en concurrence les unes par rapports aux autres. Un peu comme les mafias sur Terre. Alors oui, c'est sûrement une réponse possible à sa disparition. Mais n’exclus pas trop vite le fait que Cassandra a peut-être juste voulu rentrer chez sa famille.
— Ça serait trop simple, répliqua sur le champ Lewis. Et elle aurait au moins prévenu Miwen.
— Pas si ses nerfs ont soudainement lâché. Pas si c'était devenu une nécessité pour elle.

Il devait l’admettre, cela restait une éventualité même si elle semblait beaucoup trop évidente.
En raccompagnant Ketleen, Lewis se jura mentalement qu’il trouverait l'erreur qu'il avait commise. Et si jamais il en avait l'occasion, il ferait tout pour la réparer.
Le jeune homme ne pensait pas se soucier autant du sort de Cassandra, surtout qu'elle était en grande partie responsable de la première mort de Ketleen.
Mais pourtant, c'était le cas.
Le visage dévasté de Miwen parlait suffisamment.


~


Le soldat à la peau chocolaté fixa avec attention les mots marqués au Velléda sur le tableau.
« Raisons pour lesquelles cette mission a été un échec » était écrit en gros, difficilement manquable.
— J'attends vos retours, intervint le Général Black. Et plus vite que ça, si possible.

Angie leva la main.
— Parce que l’on n’était pas assez soudé, affirma t-elle de sa voix fluette. Idéalement, si on se connaissait mieux, on n'aurait pas passé autant de temps à trouver une solution. Avoir une petite idée de la manière de penser de l'autre peut aider, je pense.

Pour son plus grand étonnement, ce fut Maël, la mine sombre, qui prit la parole en deuxième.
— On a été naïf.
Son regard se durcit lorsque ses pupilles passèrent sur la petite blonde aux tresses.
— Naïf de croire que l'on aurait pu sauver Taale avec peu d'aide et pas de plan digne de ce nom. Naïf de croire que le code du soldat s’applique dans chaque situation.
— Très intéressant. Quelqu’un d'autre veut s'exprimer ?

— On n'a pas directement pris l’entraînement au sérieux, finit par déclarer Isak après un léger temps d’hésitation.

L'ancien capitaine acquiesça, visiblement satisfait de leurs réponses.
— Oui : vous avez tous soulevé des points intéressants. Et c'est une bonne chose que vous ayez assez de recul pour vous en apercevoir.
— On a tous été surpris que Miwen soit la cible, intervint cette fois-ci Elo. Surtout parce qu'on est habitué à la traiter différemment, étant donné son rang.
— Sauf qu'elle est désormais au même niveau que vous. Et il faut que cela vous rentre dans la tête, une bonne fois pour toute.

Du côté de Maël, Lewis l'entendit murmurer un « on ne se débarrasse pas des bonnes habitudes comme ça » avant de reporter son attention sur le général.
Le brun détourna le regard, ne voulant pas que l'autre le surprenne, et s’empressa de hocher la tête. Il faisait sûrement preuve de mauvaise foi à son tour : le fait d’établir une distance respectueuse entre l'ex-héritière et lui relevait d’un automatisme bien ancré dans son éducation.

Seuls Isak et Ketleen ne semblaient pas le moins du monde concernés par la dernière remarque. Si le blond essayait de conserver un reste d'attitude impliquée, ce n’était absolument pas le cas de la jeune fille.
Elle fixait le mur en face d'elle depuis un bon moment, comme si elle essayait d'en déceler toutes les imperfections avec la seule force de son regard.

— Bien !
Black claqua des mains pour ramener l’attention générale sur lui.
— Est-ce que tout le monde a bien retenu les points soulevés ? Ou est-ce que quelqu’un a encore une chose à dire ?
— J'ai une question.
C'était Angie qui venait de prendre la parole.

— On nous dit tout le temps qu'il ne faut laisser aucun soldat derrière, mais pourtant, si l'on a perdu, c'est en grande partie parce que l'on a décidé de ne pas abandonner Taale. C'est contradictoire.
— Cette règle fait parti du code, c'est vrai. Mais malheureusement, il y a une différence entre l’écrit et la réalité. C'est triste à dire, mais cela dépend uniquement de votre analyse de la situation.

La blondinette se mordit la lèvre, pensive. Le regard de Lewis dériva sur Ruka qui fixait le sol, la tête entre les épaules.
Est-ce que la jeune fille se sentait coupable pour ne pas avoir mieux réussi l’entraînement ? songea le brun.
Il aurait aimé lui parler pour en avoir le cœur net.

Mais sa démarche fut coupée court, car n’obtenant aucune réaction supplémentaire, l'ancien capitaine poursuivit :
— N'oubliez pas les remarques faites : la prochaine fois, vous aurez un entrainement plus spécialisé.

Comme un seul homme, ils acquiescèrent. Le général sembla ravi de leur réaction synchronisée. « Un premier pas vers l'unité » comme le Général Black aurait pu s'exclamer.
Lewis espérait qu'il ne se trompait pas.


~

Une semaine était passée. Et Cassandra manquait toujours à l'appel.
Alice avait assuré qu'elle avait parlé au père de la jeune femme brune et que ce dernier lui avait apprit qu'il n'avait pas vu sa fille depuis un bon moment.
Cela écartait donc la probabilité que Cassandra soit retournée chez elle à cause d’une quelconque pression subie.
Et cela renforçait la théorie de l’enlèvement par une des Familles. Il restait à savoir laquelle.

Il y en avait une pour chaque élément. Les Néro pour l'eau, les Éphotia pour le feu, les Gaénessé pour la terre et les Hasaéos pour l'air.
Cela faisait trop de noms nouveaux et inconnus pour qu'il puisse partager ce savoir avec Ketleen. La jeune fille aurait déjà oublié qui était qui la seconde après son explication.

Lewis tenta de se remémorer chaque chose qu'il avait entendue à propos des Familles. Mais il y avait tellement de récits différents qui circulaient qu'il était difficile de démêler le vrai du faux.
Au moins, il avait un début de piste.

Quelqu’un le bouscula, et il tituba avant de se remettre d’aplomb. C'était Ruka qui venait de le pousser.
La jeune fille continua sa route avec un léger regard en arrière, un vague soupçon d’inquiétude dans les yeux.
Elle gardait la tête baissée, les poings serrés, et les yeux rivés au sol.

Lewis fut tenté de l’arrêter pour lui demander ce qui n'allait pas, mais son instinct lui souffla que l'asiatique ne lui répondrait pas de toute manière.
Quelque chose lui disait que malgré le fait qu'elle se soit imposée pendant l’entraînement, ce n'était pas le cas en dehors.

Le soldat brun était sur le point de continuer ses recherches pour trouver Ketleen, quand des éclats de voix qui lui étaient familiers, résonnèrent.
— Je ne te permets pas !
— Oh, je vois : suis-je censé obéir à sa capricieuse majesté ?

Le jeune homme écarquilla les yeux quand les silhouettes de Taale et Elo se distinguèrent nettement devant ses yeux. Depuis l’entrainement, il avait toujours pensé que les deux garçons s'entendaient bien.
Visiblement, il avait une nouvelle fois eu tort.
Un peu plus, un peu moins, qu’est-ce que cela allait changer ?
Pourtant, il n'arrivait pas à s'habituer au goût de défaite qui envahissait sa bouche.

— Oh mon dieu, tu veux pas la fermer pour une fois ? Juste une fois ?! s’exclama Elo.
Angie tenta de faire un pas dans sa direction, afin d'apaiser les choses, mais son frère lui jeta un regard noir qui la fit battre en retraite.
— Moi ? Me taire ? réplica Taale d'un ton incrédule. C'est une blague j’espère ? Tu parles au moins trois fois plus que moi !
— Peut-être parce que j'ai des choses intéressantes à dire ? Pas comme toi.

Maintenant, Lewis comprenait mieux la démarche renfermée de Ruka, qui n’était pas visible aux côtés de son frère.
Ce dernier fit craquer ses articulations -geste que Lewis ne l’avait jamais vu effectuer auparavant- avant de se mordre la lèvre.
Ce fut à ce moment précis que le brun remarqua qu'elle était en sang.

— Tu as raison, tu as raison : je n'ai qu'à me suicider alors !
— Je… balbutia Elo, visiblement pris au dépourvu par cette dernière réplique. Je… Non !

Lewis fit un pas en avant malgré la foule environnante, afin de pouvoir s’interposer le plus rapidement possible.

— Non ? C'est pourtant ce que tu as sous entendu. Serais-tu trop lâche pour assumer tes paroles ?
— Je ne voulais pas–
Le jeune garçon brun balaya le hall du regard, comme s'il cherchait une issue de secours.
— Taale, je…
— Oh, ne t'en fais pas : tu m'as déjà raconté à quel point tu détestais ton frère et le fait que–
— Ne termine pas cette phrase.

Le ton de Elo était devenu menaçant, grondant comme un orage prêt à exploser.
— Et le fait que tu sois–

L’adolescent n'y tint plus : il se jeta sur Taale, le poing levé, prêt à l’abattre sur ce qui se trouvait à sa portée.
Lewis poussa quelques personnes qui s'étaient amassées devant lui pour atteindre les trois soldats.
— Elo !

Le cri apeuré de Angie déchira la pièce, couvrant les murmures des spectateurs qui s'étaient rassemblés en cercle autour d'eux.

— Arrête, arrête ! Je t'en prie !
Sa voix se brisa.
— S'il te plaît…
Mais son frère ignora complètement sa supplique : il asséna son poing sur le nez de Taale. Ce dernier émit un gémissement de douleur
Lewis était sur le point de s'interposer pour séparer les deux jeunes hommes, quand une forme floue le dépassa à toute vitesse.
Ruka.

— Ça suffit Taale.
Son frère tourna son regard vers elle. Elo était toujours au dessus de lui, se tenant la main, une grimace de douleur sur le visage.
Frapper faisait aussi mal qu'être frappé.

Profitant de l'hébétude de « l'assaillant » de Taale, la jeune fille utilisa la force de sa course effrénée pour venir percuter Elo et l’obliger à lâcher son frère.
Cela marcha puisque le petit brun fit quelques pas en arrière, une expression meurtrière passant sur son visage.

Il tenta de faire quelques mètres en avant pour s'approcher de Ruka, mais Angie intervint, lui saisissant un bras.
Le regard hargneux d’Elo changea de cible pour venir se poser sur sa sœur. Mais cette dernière ne céda pas.

— Que se passe-t-il ici ? intervint une voix froide, brisant le duel de regard de la fratrie.
Un jeune homme aux joues creuses et aux pommettes saillantes entra dans le champ de vision de Lewis.

Immédiatement le soldat brun reconnut le nouvel arrivant : Maël, le brun avec lequel Isak semblait plus ou moins bien s'entendre.
— Ne commence pas, menaça Angie. N'ose même pas lui adresser un mot.
La poigne déterminée qu'elle exerçait sur le bras de son frère devint protectrice.
Le jeune homme à la peau chocolaté s'étonna de la familiarité avec laquelle le petite blonde parlait au soldat plus âgé, mais ce n'était pas le plus important pour l'instant.

— Tout le monde se calme, intervint Lewis en s'avançant dans le cercle. Tout le monde, insista t-il en fixant Maël droit dans les yeux.
Ce dernier comprit la demande implicite car il secoua légèrement la tête, un air exaspéré sur le visage.

— Je n'ai rien fait, du moins pas encore, susurra ce dernier en direction d’Angie.
La jeune fille serra les dent et renvoya un regard de pure haine qui déformait ses traits, à celui qui venait de prendre la parole.
— Tente toujours, essaie de nous atteindre, juste pour voir…

La menace, peu dissimulée, flotta dans l'air pendant quelques instants. Mais cela fut suffisant à Ruka pour reprendre ses esprits et tirer Taale à sa suite, l’éloignant de la scène de conflit.

La fuite de la fratrie asiatique ne parut pas avoir d'impact sur Maël, dont l'attention était entièrement focalisée sur Angie et Elo.
Duel de regards hargneux.
Les veines de son cou ressortant étrangement, le brun continua à se concentrer sur le frère et la sœur en face de lui.

Et sous les yeux écarquillés de Lewis, Angie commença à s'abaisser, les muscles parcourus de tremblements, pour venir poser un genou à terre. Puis le deuxième.
Quand son corps s'affaissa au sol, une expression de rage pur déformait et étirait le visage en cœur de la blondinette, habituellement doux.
C'était quelque chose qu'il n'aurait jamais imaginé voir, surtout venant de la jeune fille, calme et souriant en temps normal.

La voix de Angie s'éleva dans le hall, et Lewis eut la chair de poule lorsqu’il l'entendit.
Le timbre de la jeune fille était déformé, plus vibrant, plus grave, et avec un accent plus modulé, mais pourtant, le son provenait bien de sa propre gorge.
— Je… reconnais… ta supériorité…
Chaque mot semblait être un calvaire à prononcer.

Maël eut un étrange sourire satisfait, effaçant tous les traits de son visage qui marquaient sa concentration. Et sans rien dire de plus, il tourna les talons et se fonda la foule.

Dès que le regard du soldat brun avait lâché Angie, cette dernière s’écroula comme une pierre au sol. Elo, oubliant sa colère, se précipita à ses côtés, et lui tendit une main secourable.

Lewis cligna plusieurs fois des paupières, se demandant à quel genre de scène il venait d'assister.
Cela cachait quelque chose de gros, d'immense.
Le jeune homme se craqua les phalanges.


~


— J'ai entendu parler de la dispute entre Taale et Elo.
Lewis dévisagea curieusement Ketleen qui venait de lui adresser la parole.
— Tu t’intéresses à ça, toi ? Depuis quand ?
La jeune fille roula des yeux.
— S'il te plaît. Tout le monde est au courant. Sans exception. C'était Miwen qui râlait sur cette jeunesse pleine de décadence, ajouta t-elle, anticipant la future remarque du brun.

Lewis allait justement lui demander comment elle avait été mise au courant. Peu impliquée dans la vie aux Quartiers Généraux, il était invraisemblable que Ketleen se soit informée sans aide extérieure.
Il avait sa réponse maintenant.

— Tu en penses quoi ?
— Je ne sais pas.
L'auburn haussa les épaules.
— C'est toi qui étais sur place, non ? Tu devrais avoir une meilleure idée que moi.
— Je veux un avis extérieur.
— Je ne pense rien de ce genre de petites disputes futiles. Dans une semaine, ils seront de nouveau amis.
— Qu’est ce qui te fait dire ça ? l’interrogea Lewis.
Il ajouta, après un petit temps de pause.
— Tu leurs as parlé ?
— Non, absolument pas. Ils ont quoi ? Quinze ans ? Seize ans ? Le sujet de leur dispute ne doit pas être aussi grave que quelque chose comme les Familles.

Ketleen avait raison. Mais Lewis n'arrivait pas à se sortir de la tête la scène dont il avait été témoin. Maël surplombant Angie de toute sa hauteur. De toute sa supériorité.
Il aurait fallu être dénué d’émotion pour ne pas le ressentir. Ce frisson glaçant qui vous figeait complètement sur place face à un prédateur.

Le jeune homme avait utilisé une magie sur la blonde. Lewis en était convaincu. Restait à déterminer de quel type de magie il s’agissait, et comment cela était possible.
— Est-ce que tu penses que l'on peut contrôler les gens avec la magie ? demanda soudainement le brun entre deux bouchées de son sandwich.

Ketleen, qui était assise sur le banc en face de lui, leva la tête de son plat, surprise par sa question.
— Est-ce que ça a un rapport avec la dispute ?
— Oui et non. C'est une scène qui s'est déroulée après, et…
Lewis se tut abruptement : il était sur le point d'accuser Maël d'avoir manipulé Angie comme une poupée, et il n'avait aucune idée de comment le formuler avec tact.

— Peu importe, fit l'auburn d’une voix atone. Ce n’est pas à moi qu'il faut poser cette question : demande à quelqu'un de plus compétent.
— Je sais bien. J'avais juste envie de savoir ton point de vue sur cette question.

L'étonnement précèdent semblait avoir déserté le visage de la jeune fille, qui se contenta de le dévisager, les traits neutres.
— Tu voulais mon avis ? Eh bien, le voilà : va voir un des généraux. Ou peut-être le psychologue, si tu es vraiment désespéré. Libre à toi de suivre mon « conseil ».

Lewis réprima un sourire : il n'en attendait pas moins de la réponse de son amie.
— Évite de passer pour un fou devant nos supérieurs. Cela serait dommage pour toi que tu te fasses interner.
— Je te manquerai beaucoup trop pour que tu ne viennes pas plaider ma cause, plaisanta le jeune homme.
— Absolument pas.

Le soldat éclata de rire, malgré les regards noirs que lui jetaient les gens aux tables environnantes.
Il fallait bien des courts moments de joie, aussi futile que celui-ci, s'il ne voulait pas sombrer dans la folie.


~


— Entrez.
Lewis déglutit péniblement avant de pénétrer dans le bureau Il ne savait plus pourquoi il avait décidé de suivre le conseil de Ketleen.
Mais le résultat était là : le brun se tenait actuellement devant le bureau de Noray Johnson.
L'homme au catogan était peut-être un psychologue, mais il espérait qu'il avait quelques bases en terme de magie.
Et puis, il prendrait moins de risque à s'adresser au psychologue qu'à un des généraux.

— Oh bonjour. Tout va bien Lewis ? s'enquit Noray quand il vit le brun apparaître sur le seuil de la porte.
— Oui, enfin, il me semble, murmura t-il.
Il se reprit.
— J’avais une question.
Son interlocuteur lui fit signe de poursuivre.
— Et il se peut qu'elle soit hors contexte de tes études et donc de ta capacité à répondre. Je ne remets absolument pas ton intelligence en cause ! s'exclama t-il brusquement en comprenant comment sonnait la fin de sa phrase.
— À tout hasard, poursuivit-il, je me demandais si tu savais s'il était possible de manipuler le corps de quelqu’un avec de la magie.

Étant donné que, dans ce monde, il fallait obligatoirement se pencher sur la magie avant de prétendre à des études supérieures, Lewis avait un petit espoir que Noray ait une réponse.

L’homme au catogan réfléchit pendant quelques instants, sa main supportant le poids de son menton.
— J'ai les bases en histoire de la magie, tu as raison. Je suppose que tu connais les Illusionnistes juste de nom ?
Le noiraud avait raison : le brun avait vaguement entendu parler d’une autre classe de mages, mais ses connaissances s’arrêtaient là. Il ne disposait pas assez d'informations pour les mentionner à Ketleen : en effet, dans les écoles, les professeurs privilégiaient l’étude de la magie élémentaire.

— Je m'en doutais. Peu de gens connaisse leur histoire en détail. Ils sont bien dissimulés dans la population, de nos jours.
— Quel est leur pouvoir ?

Le jeune soldat mourait d'envie d’en apprendre plus sur une classe de mages qu’on avait dédaigné lui enseigner. Surtout si cela ouvrait une nouvelle voie de possibilités.

— La manipulation mentale. Ils sont capables de prendre l’apparence physique de n'importe qui, du moment qu'ils connaissent la personne en question. Ce sont les maîtres des illusions.
Lewis sentit sa bouche s’assécher. Est-ce que les Illusionnistes allaient vraiment s'ajouter à l’équation déjà compliquée du retour en arrière ?
Un mal de crâne commençait à se déclarer rien qu'à cette pensée.

— Comment ? s'exclama le brun. Pourquoi personne ne nous l'a jamais enseigné ?
— Parce que c'est un secret bien gardé. Peu de gens le savent, et encore : ce ne sont que ceux qui ont le courage de continuer les études, malgré leur date de décès rapide.

Lewis était sur le point de poser sa question suivante, quand une des paroles du psychologue l'interpella.
— Un secret ? répéta t-il. Si c'en est un, pourquoi tu as pris la peine de me l'expliquer ? Et si tu t'amuses à en parler à chaque soldat qui te pose la question, on ne peut même plus appeler ça un secret.
— Crois moi : je sais ce que je fais. Les secrets les mieux gardés sont les plus visibles.

Le jeune homme songea que rien ne l’empêchait d'aller dans la rue et de hurler son nouveau savoir. Noray n'avait aucune garantie qu'il tiendrait sa langue.

— Je sais à quoi tu penses, continua l'homme au catogan quand il aperçut la lueur de réflexion dans ses yeux. Et ce n’est que la partie émergée de ce secret. Celle que tout le monde peut connaître sans danger.

Lewis faillit demander pourquoi ce n’était pas un savoir commun et plus répandu, mais il se mordit la langue jusqu’à ce qu'un goût métallique envahisse sa bouche. Il fallait pas qu’il perde son objectif principal de vue.
— Je parlais plus de manipulation physique, s’obligea t-il à dire.
— J’ai bien peur que mon information soit hors sujet, alors. Je ne vois aucun élément capable de faire une telle chose.

Le jeune homme à la peau sombre hocha la tête, tentant d’être compréhensif malgré le fait que la déception l’envahissait.
— Si une idée me vient, je te ferais signe.
— Merci. Désolé du dérangement.

Lewis était sur le point de partir quand la voix de Noray retentit de nouveau.
— Pourquoi te posais -tu cette question ?
— Oh, tu sais…
Il haussa les épaules d'un geste qu'il espérait nonchalant.
— Les insomnies qui te tiennent éveillé jusque au bout de la nuit. C'est plutôt pratique quand il s'agit de réfléchir sur des choses insignifiantes.


~

Voilà, voilà ^^ merci d'avoir lu :3

Et si ça vous a plu, n'hésitez pas à EXPLOSER la petite étoile jaune ^^ (j'insiste sur la couleur, hein Spydie09 x)

Bisous :3

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