19 | Couleurs
Hello ! Je suis vraiment désolée, je sais que ça fait longtemps depuis mon dernier chapitre–
Mais si ça peut aider, celui-là est plus long que les précédents ^^'
Une nouvelle fois, je suis désolée de poster plutôt tard (je m'y prends un peu tard pour corriger mes chapitres–)
Sans oublier, un énorme merci pour tous ceux qui ont continué à lire mes chapitres, et qui ne se sont pas découragés ♡
Je vous remercie pas assez, je crois ^^'
Bref, bonne lecture !
~
Ce fut un bon début par rapport aux fois précédentes : Ketleen ne nia pas tout en bloc.
—Ma sœur ? répéta t-elle sans trop réfléchir.
—Oui, fit Lewis. Elle doit être quelque part sur Diképhios, si tu veux mon avis.
L'auburn secoua une fois de plus la tête :
—Impossible. C'était il y a plusieurs années. Elle ne serait pas restée en vie pendant tout ce temps sans que je le sache. Destany aurait cherché à me joindre.
Elle ne savait pas qui elle essayait de convaincre en prononçant ces mots : Lewis ou elle ?
Sa sœur ne voyait pas l'utilité de s'encombrer de personnes à long terme. Même si l’on parlait de sa propre famille : au final, Ketleen n'avait pas tenu très longtemps avec qu'elle la déclare inutile.
Des deux, Destany avait décidé qu'une seule pouvait réellement briller, se démarquer de l'autre. Et évidemment, c'était Ketleen qui était restée en retrait, éteinte.
Toute leur courte vie sur Terre, sa jumelle et elle avaient couru derrière leur propre identité en tant que deux individus différents.
Aux yeux de Ketleen, il n'y avait rien de plus horripilant que quelqu’un pensant qu'elle ne formait qu'un avec sa sœur.
Depuis ses plus anciens souvenirs des années de collège, elles s’étaient toujours battues contre ces préjugés.
Destany n’aurait jamais cherché à la joindre par pur principe.
Et Lewis n'avait pas spécialement besoin de le savoir.
—Comment voudrais tu la retrouver de toutes manières ? Tu n'as pas un grade assez élevé pour accéder aux archives.
Le brun se mordit la lèvre tandis qu'il réfléchissait.
—C’était juste une supposition… Que tu ne sois pas surprise si tu te retrouves nez à nez avec ta sœur.
—Ça ne risque pas d'arriver.
Ketleen remarqua très bien la lueur d’hésitation dans les yeux de Lewis quand il entendit sa dernière phrase.
Lui poser une question ? Ou ne pas le faire ?
Finalement, le soldat brun pencha pour la deuxième option : ils continuèrent leur marche côte à côte.
—Juste… Réfléchis à ce que je t'ai dit, céda le jeune homme. Peut-être qu’après réflexion, tu auras une nouvelle idée ?
—D'accord.
Elle chercherait à entrer en contact avec sa mère. Et même si cette éventualité la rebutait, elle devrait sûrement faire appel à Delilah.
Ils arrivèrent devant les portes de l'ascenseur.
Comme une seule personne, les deux soldats pénétrèrent dans la cage dès que celle-ci fut ouverte.
Sans hésiter, Lewis pressa le bouton marqué du chiffre cinq. Ainsi, il avait encore décidé de jouer les chevaliers galants et de la raccompagner jusqu'à sa chambre.
Le brun était loyal au point qu'un jour, cela pourrait se retourner contre lui.
Et étrangement, Ketleen aurait souhaité pouvoir protéger ce sourire de ces personnes plus intéressées qu’autre chose.
Mais Lewis était un grand garçon totalement capable de se débrouiller tout seul : il n'avait aucunement besoin de son aide.
Sans mot dire, ils se retrouvèrent très vite devant la porte 512. Avant de se tourner une bonne fois pour toute, le jeune homme la gratifia d'un sourire.
—N'oublie pas que demain c'est rendez-vous avec le psychologue de l'armée.
—Quelle heure ?
—Sept heures.
Sur ces paroles, le soldat lui adressa un signe de main pour ensuite regagner sa propre chambre. L'auburn referma le battant lorsqu'il fut hors de vue.
La jeune fille jeta un coup d'œil circulaire à la pièce : Miwen ne semblait pas encore être rentrée. Tant mieux.
La blonde semblait être tout le temps sur les nerfs et d'un commun accord, elles préféraient s’éviter.
L'anglaise s'assit sur le rebord de son lit et déplia rapidement l’organigramme qu'elle conservait avec beaucoup de soin dans sa poche.
Après quelques secondes de recherches, elle finit par repérer la mention « psychologue » suivie du nom « Noray Johnson ». Elle était certaine d'avoir déjà fait une première rencontre avec ce « médecin ».
Ketleen verrait bien demain ce qu'il en serait.
~
La jeune fille avait au préalable réglé son réveil sur six heures, pensant qu'une nuit de sommeil un peu plus courte que les autres n'aurait pas d'impact.
Grave erreur.
Quand l’objet de tous ses malheurs se mit à sonner, Ketleen n’était absolument pas prête à entendre son bruit criard.
Ce fut un effort surhumain pour elle de se sortir de la chaleur accueillante de son lit pour venir poser ses pieds contre le sol gelé.
L'auburn étouffa un bâillement peu gracieux avant de se mettre en marche. Il lui semblait que son cerveau et ses neurones tournaient au ralenti, lui provoquant par la même occasion un sérieux mal de crâne.
Réprimant un soupir – elle ne souhaitait pas déclencher une scène avec Miwen dès six heures du matin – Ketleen se dirigea à pas lents vers le petit endroit qu’était la cuisine.
Elle se fit rapidement une tasse de café qu'elle but d'une seule traite.
La jeune fille finit par revêtir son uniforme militaire, par manque de choix qu'offrait sa garde robe, mais aussi parce que c’était la tenue imposée.
~
À sept heures précises, elle se trouvait devant la porte du psychologue, après avoir demandé son chemin à plusieurs personnes différentes et avoir vadrouillée dans les Quartiers Généraux.
L'auburn toqua trois coups secs contre le bois qui constituait le battant.
Un jeune homme, sûrement dans la vingtaine, vint lui ouvrir. Il portait ses cheveux en un catogan plutôt strict et ses yeux rieurs scrutèrent son visage.
La jeune fille pénétra dans un grand bureau espacé où il ne manquait rien. Les larges fenêtres étaient recouvertes d'un léger store à grilles.
—Ketleen ! s'exclama t-il. Je me souviens de toi.
Noray Johnson, psychologue de l’armée, se rappela mentalement la jeune fille. Un bref éclat de mémoire traversa son cerveau.
—Je me souviens aussi de toi. Tu es le médecin qui a peur des piqures ?
—Longue histoire, grimaça l’homme aux mèches noires.
—Ça ne t'as pas empêché pourtant : tu me la faites au final, cette prise de sang
—C’est une très longue histoire, répéta Noray. Entre : je dois procéder à la visite officielle avant de te déclarer apte au combat.
Ketleen se mordit la lèvre pour éviter de bailler au nez du psychologue : malgré tout, elle conservait un sens du respect.
L'homme au catogan soupira.
—J'ai bien peur que tu doives répondre à toutes les questions obligatoires fournies par la direction. Alors un peu d'entrain ne serait pas de refus. Toutes les autres recrues vont y passer.
La jeune fille rabattit ses mèches de cheveux par-dessus son épaule d'un geste nonchalant.
—D'accord.
—Comment as-tu vécu tes premiers jours à l'armée ? commença Noray.
—Bien.
—Tes premiers entraînements ?
—Bien.
—Ta relation avec les autres recrues ?
—Bien.
—Un avis particulier sur les locaux ?
—Non.
—Et sur les Généraux ?
—Non plus.
Le psychologue cligna plusieurs fois ses paupières avant de se masser les tempes.
—On reprend. Essaie de répondre sincèrement pour ce coup-ci.
—Je croyais que tu voulais te dépêcher, répliqua Ketleen.
—Oui, admit-il. Mais pas de cette manière. Je reste un psychologue et je suis payé pour faire mon boulot correctement, jusqu’à preuve du contraire.
L’auburn leva le plus discrètement possible ses yeux au ciel. Elle ne voyait pas vraiment ce que cela allait changer pour Noray si elle répondait à la va-vite ou sérieusement.
—Tu peux tout simplement marquer que tout va bien et me laisser partir. On gagnerait du temps tous les deux.
—Il me faut des vraies réponses, pas celles que tu lances à la va-vite.
—Qui te dit que je ne suis pas sincère ?
Le jeune homme balança les quelques mèches de cheveux noirs qui s’étaient glissées par-dessus son épaule, et vint placer ses deux mains à plat contre le bureau.
—Très bien. Alors, raconte moi, à quel point c'est agréable d'entendre que tu es morte sur la Terre, monde où tu as vécu depuis ta plus tendre enfance ?
Ketleen secoua légèrement la tête, si bien que son geste fut peu remarquable.
Noray venait de faire une bonne, une très bonne remarque, bien qu'elle le soit un peu trop à son goût.
C’était tout simplement sorti de sa mémoire le fait que le psychologue soit, lui aussi, originaire de la Terre. Elle aurait dû faire plus attention quant à ses réponses.
—D'accord, concéda la jeune fille. Je n'étais pas ravie. Satisfait ?
—C'est déjà un peu plus véridique. Peut-être que tu pourras répondre à la prochaine question sans t'arracher la bouche ?
—Ça devrait être faisable.
Le grand brun parut être satisfait.
—Je ne te demande pas non plus toute une dissertation en long et en large sur tes sentiments et tes ressentis. Juste l’expression la plus franche que tu peux.
Franche ? C’était une des choses auxquelles Ketleen arrivait le mieux.
~
Après avoir répondu à tout un tas de questions plus différentes les unes des autres, la jeune fille finit par arriver à bout de l'entretien.
Quand, enfin, Noray la congédia, ses épaules se relâchèrent et tous ses muscles se détendirent simultanément.
Elle ignora le bloc de note où le psychologue avait écrit quelques mots totalement illisibles.
Le jeune homme la ramena tout de même à la porte. Quand Ketleen sortit enfin, elle manqua de reverser la jeune fille asiatique qu'elle avait sûrement déjà vu.
D'un signe de main et de tête, l'anglaise s’excusa rapidement.
En réponse à ses mouvements, la jeune soldate se contenta d'un simple regard en biais.
La fraction de seconde pendant laquelle leurs regards se croisèrent, se stoppa net, et les deux jeunes filles continuèrent chacune leur chemin respectif comme si rien ne s'était passé.
Ketleen serait bien immédiatement allée se recoucher, mais malheureusement pour elle, elle avait des obligations : étant donné que la jeune fille avait fait sauté la dernière séance de tir, elle était obligée de la rattraper.
Manque de chance pour l'auburn, elle avait quand même des devoirs à remplir, malgré le fait qu’elle fasse partie de l'armée.
En se mordant la lèvre inférieure, elle ravala le futur bâillement.
C’était de nouveau Cassandra qui la supervisait. Cela allait promettre.
~
Ketleen se réveilla le lendemain matin, les bras totalement courbaturés. Chaque mouvement simple qu'elle faisait au quotidien lui arrachait une grimace de douleur.
Elle ignorait qu'elle possédait autant de muscles dans ses bras.
Si elle avait qualifié son mouvement pour attraper sa tasse de café d’élégant, elle aurait très certainement menti.
Ketleen possédait la grâce d'un éléphant tentant de devenir petit rat de l’opéra.
Heureusement pour elle, Miwen était encore réduite à l’état de forme sombre, lovée dans les couvertures.
La jeune fille n’était absolument pas d'humeur à se confronter à l'ancienne princesse de bon matin.
En plus de devoir se lever tôt, il y avait au programme une simulation de mission pour les recrues les plus récentes.
Cela ne l’enchantait pas plus que ça, mais Ketleen était obligée de se plier aux règles comme les fois précédentes.
La jeune fille avait enfin enfilé son équipement militaire, c’est-à-dire ses larges bottes noires et son treillis aux couleurs kaki, quand quelques coups se firent entendre.
Elle entrebâilla la porte, même si elle avait une idée très précise de qui cela pouvait bien être.
—Oh par tous les dieux, tu es vivante ! expira Lewis, comme s'il venait de lâcher son dernier souffle.
Les pupilles de Ketleen croisèrent, par pur automatisme, celle du jeune homme, anormalement étendues. Le blanc de l'œil semblait avoir quasiment disparu, envahit par le brun de la prunelle.
L'auburn frissonna à la vision du regard du soldat, qui n’était que l'ombre de celui qu’il portait les autres jours.
Quelque chose n'allait pas, et il n'y avait pas besoin d’être un devin pour le comprendre.
Mais Ketleen ne se risqua à enfoncer la porte grande ouverte devant elle. Au contraire : elle garda sa contestation pour elle.
—J'ai toujours été vivante, assura la jeune fille.
À sa phrase, Lewis parut s’étouffer avec sa propre salive avant de retrouver une posture droite.
Il marmonna uniquement pour lui quelques mots, maugréant contre elle ne savait trop quoi.
Le soldat brun finit par réaliser l'expression consternée qui commençait à se peindre sur le visage de l'anglaise.
—C'est vrai, souffla t-il aussi légèrement qu’une plume venant se déposer au sol. Tu es encore en vie dans cette version là.
Il était impossible de manquer la note d'espoir qui s’était glissée dans le ton du brun. Comme il était impossible de ne pas remarquer que la posture du soldat s’était affermie et que son visage semblait s’être éclairé d'une lueur nouvelle.
De la détermination.
—Allons-y, fit simplement Lewis avant de se détourner de l'embrasure de la porte.
Pourquoi tant de force et volonté brillaient dans ses prunelles, Ketleen n’aurait su répondre. Mais pourtant, elle s'engouffra à la suite du jeune homme sans réfléchir plus que cela.
~
—Très bien ! hurla le Général Black avec toute la puissance de sa voix.
Les recrues assemblées devant lui échangèrent des expressions douloureuses. Mais personne n'osa lui faire remarquer qu'il parlait un peu trop fort pour leurs tympans, de bon matin qui plus est.
Pas même Ketleen, qui ne voyait pas l'utilité de cette démarche, ne s'y risqua.
—Vous êtes ici pour une raison bien précise, et je pense que vous le savez pertinemment !
La jeune fille jeta un discret coup d'œil aux autres membres.
Si elle se souvenait bien, c’était les mêmes personnes que celles de l’entraînement commun précédent.
L'auburn repéra Isak qui se trouvait aux côtés d'un brun au visage anguleux. Quand le blond remarqua son regard posé sur lui, il lui adressa un sourire suivi d'un léger signe de main.
Prise au dépourvue, Ketleen se contenta d'un rapide hochement de tête, à défaut de n'avoir rien de mieux.
—Le but de l’entraînement d’aujourd’hui est de simuler une fausse mission d’assassinat.
Des murmures parcoururent la petite foule.
Le jeune garçon aux mèches brunes ébouriffées leva immédiatement la main.
—Une question Elo ? l’interrogea le Général.
—A quoi cela peut-il servir puisqu'on appartient au Régiment d'Attaque ? On ne vise pas une division spécifique, alors pouvez vous nous dire quel est le but de cet entrainement ?
Un silence de plomb, si lourd que Ketleen pouvait sentir son poids imaginaire contre ses épaules, s’abattit sur la petite assemblée.
La blonde aux côtés de celui qui venait de parler se mordit la lèvre et sembla prendre sur elle pour ne pas réagir.
—C'est une très bonne question, en effet, répliqua Black après un léger temps de retard. J'imagine que Elo parle pour vous tous dans ce cas.
—Hum, je- oui, murmura la jeune fille aux tresses. Elle reprit en raffermissant sa voix. Oui. Mon frère ne veut en aucun cas remettre en cause votre enseignement, mais il soulève juste une question que l'on se pose tous.
La mine sérieuse du général s'effaça en un instant, remplacée par son rire guttural et de bon cœur.
—Simplement pour perfectionner votre entraînement, répondit l'homme après s’être calmé. Il faut que vous ayez fait face à la plus grande diversité de situations possible pour avoir la meilleure réaction sur le terrain.
Le dénommé Elo hocha la tête tout en passant une main dans ses cheveux afin de les ébouriffer. À côté de lui, sa sœur se détendit, visiblement soulagée de la réponse de leur supérieur.
—Bien !
L'homme au visage buriné claqua ses deux mains l'une contre l'autre.
—Maintenant que tout le monde est à jour, je vais distribuer les rôles. Lewis, puisque tu fais parti des tireurs d'élite, tu seras en position sur le toit. Ce sera à toi de diriger les unités, accompagné de Ruka.
La jeune fille asiatique bomba le torse à la mention de son prénom.
—Taale et Elo vous serez en éclaireurs.
Ceux qui semblaient être les deux garçons nommés, échangèrent un regard sérieux.
Ils en faisaient tous un peu trop pour une simple simulation, songea Ketleen. Il n'y avait rien à gagner, rien à perdre. Alors pourquoi le prendre comme s'il s'agissait d'une question de vie ou de mort ?
—Les autres, acheva l'ancien Capitaine du Navy, vous suivrez les ordres des éclaireurs et de Lewis et Ruka.
L’auburn secoua affirmativement la tête en entendant les ordres qui la concernaient. Rien de bien difficile en somme.
Son regard dériva sur la structure de béton qui les entourait.
Du sol bétonné du terrain d’entraînement, elle pouvait facilement distinguer les contours du plus haut point du parcours.
Si la structure imposante des Quartiers Généraux découpée en quatre interrogeait Ketleen sur la taille de la capitale de Diképhios, elle n'avait pas pris en compte les terrains mitoyens.
Grave erreur.
La surface des locaux était toute aussi grande que celle des bâtiments principaux.
Si elle se souvenait bien, il y avait un gymnase, non loin de là, le terrain bétonné, suivi d'un espèce de labyrinthe aux murs épais.
Et malheureusement, les événements du jours allaient avoir lieu dans ce dédale de ciment.
Ce n’était absolument pas une perspective réjouissante pour la jeune fille, contrairement aux autres.
—Règles de dernières minutes ! s'exclama le Général Black. Le but ultime de la mission : atteindre le cœur du labyrinthe et se débarrasser de la cible. Ce sont des fusils de paintball : dès qu'une bille de peinture vous a touché, vous êtes hors-jeu ! Et enfin, limitation de la magie à son strict minimum : vous n’êtes pas à l’armée pour vos talents de magicien !
—Oui, général ! répondirent toutes les recrues d’une même voie.
Pour une fois, Ketleen se joignit faiblement aux autres.
—Bien ! hurla leur dirigeant. À vos équipements !
~
L'auburn avait enfin troqué son éternel treillis militaire pour un équipement entièrement noir de la tête aux pieds.
Elle n'avait pas encore eu l'occasion de revêtir la tenue en entier et elle ne s'en plaignait pas : rien que le gilet réglementaire l'alourdissait.
C’était un mal pour un bien, songa la jeune fille en terminant d’ajuster les lanières. En contrepartie, elle disposait d'une protection plus ou moins efficace contre les balles.
Elle avait également enfilé ses genouillères qui laissaient tout de même entrapercevoir de la peau.
Le Général Black avait lorgné ses mèches auburn d'un air mauvais avant de déclarer qu'il fallait impérativement qu'elle dissimule la couleur.
Par chance, ses cheveux étaient coupés en un carré assez court mais qui lui laissait suffisamment de longueur pour qu'elle puisse coincer ses mèches dans son casque.
On ne voyait plus qu'une fine ligne rougeâtre qui parcourait la longueur de son cou. Ketleen estima que cela était négligeable.
—Tout le monde hors des vestiaires ! Je veux vous voir devant l’entrée du « labyrinthe » dans cinq minutes !
Des grognements de protestations s’élevèrent.
Malgré tout, les soldats accélérèrent leur rythme de préparation, si bien qu'en trois minutes, toutes les recrues furent dehors, prêtes à en découdre.
Les imposantes portes en fer forgé se dressaient face à eux, tentant de les intimider par leurs ombres noires.
Ketleen jeta un bref regard aux membres : ni Lewis, ni Ruka n’étaient en vus.
—Est-ce que tout le monde se souvient se comment on fait fonctionner le système audio du casque ? les interpella l'ancien capitaine.
L'auburn aurait bien voulu répondre par l’affirmatif mais il était inutile de préciser que ce genre d’informations avait déserté sa mémoire.
Elle tapota le petit objet à son oreille tout en laissant balader son regard sur les paysages des alentours.
Un petit grésillement résonna dans sa tête, et l'anglaise espéra que cela signifiait que le dispositif était fonctionnel.
Elle le saurait bien assez vite.
—Votre cible à abattre est cette femme.
Il sortit de sa poche une photo où l'on pouvait voir une jeune femme blonde dont les boucles reposaient délicatement sur ses épaules.
L'ex-héritière. Miwen Leidster.
A l'unisson, le groupe eut un hoquet de surprise en réalisant que l’ancienne princesse jouerait le rôle de la victime.
—Mais… bredouilla une voix au hasard.
—Cette personne est Julie Santiago. Bien évidemment, c'est une personnalité protégée. Une balle de peinture contre son gilet, et vous aurez réussi votre « mission ». Est-ce que c’est clair ?
Une vague d'approbation peu convaincue parcourut les rangs.
—Bien ! s'exclama Black. À vos positions !
~
—Est-ce que tour le monde m'entend ? demanda la voix modifiée par l'appareil de Lewis.
Ketleen, accroupie sur le sol aux côtés des autres, dans l'entente du retour de Taale et Elo, sursauta. Elle se rétablit en écartant peu gracieusement les bras.
—Pour me répondre, appuyez simplement sur le côté droit de l'oreillette, précisa le jeune homme.
—Est-ce que tu ne nous prendrais pas pour des idiots ? grommela une voix qu'elle reconnu comme étant celle de Taale, le jeune garçon asiatique.
Ketleen ne répondit rien, mais au fond d'elle, elle savait pertinemment que la dernière remarque du soldat à la peau noire s'adressait à elle.
Lewis était parti du principe qu'elle avait déjà oublié le fonctionnement des appareils, et il avait totalement raison.
—Taale, gronda une voix féminine. Tu es en reconnaissance alors ne parle pas !
La jeune fille l’identifia comme étant celle de Ruka. Si les souvenirs de l'auburn étaient corrects, alors c’était cette même fratrie qui avait insulté Lewis.
—Okay ? intervint une autre voix masculine. La voie est libre dans un rayon de cent mètres. Faites attention.
—Bien reçu, murmura Isak.
Et d'un geste silencieux de la main, il fit signe d'avancer.
À moitié debout, à moitié baissée, Ketleen suivit le mouvement des autres.
Ce n’était pas un labyrinthe à proprement parler : si de hauts murs entouraient l'infrastructure, ce n'était pas le cas de l’intérieur.
Des palissades plus ou moins grandes étaient réparties de façon irrégulière dans la zone. A nouveau, l'anglaise tenta de repérer la position de Lewis.
Mais il y avait trop de points élevés pour qu'elle en estime une avec précision et sûreté.
Isak, talonné d'un jeune homme brun, fut le premier à s’élancer. Ketleen attendit un peu avant de les suivre, se retrouvant côte à côte avec une petite blonde.
La jeune fille était sûre de lui avoir déjà parlé, de lui avoir déjà demandé son prénom. Mais ce dernier continuait à lui filer entre les doigts.
Elles finirent par rejoindre les quatre autres soldats derrière une large palissade.
—Lewis ? demanda Isak en portant la main à son oreille. Il faut que toi ou Ruka nous guide, aidé des éclaireurs. On va avoir du mal sinon.
—Reçu, grésilla sa voix en réponse.
Taale et Elo échangèrent un regard et un bref hochement de tête avant de partir tous les deux d'un côté opposé.
Condamnés à attendre, les soldats restant étaient contraints à l'immobilité.
Au moment précis où le petit groupe commença à se détendre et à se relâcher, une explosion de cris venant de leurs oreillettes leur vrilla le tympan.
—ELO ! À droite ! hurla Lewis.
Un sifflement de douleur lui répondit.
Au loin, des tirs de fusils s’élevèrent.
La blondinette se mordit la lèvre, hésitant à intervenir pour son frère, mais au risque de donner leur position à l'ennemi, elle réfréna son envie.
—Elo est hors-jeu, haleta Taale. Je suis à couvert.
—Reste là où tu es. Tu es cerné.
Ketleen observa le profil de la blondinette qui était désormais en train de se ronger les ongles, débordante d’inquiétude pour son frère.
Ce n'est que de la peinture, pensa l'auburn. Il n'y a aucune raison de s'en faire.
Mais cela n'eut pas l'air d'impacter les autres soldats de la même façon qu'elle : ils échangèrent tous des regards consternés.
Et là, la jeune fille comprit.
Pour les autres membres, cela signifiait qu'une seule chose : leurs « opposants » n’hésitaient pas à tirer sur un gamin de seize ans.
Ils prenaient cet entraînement très au sérieux.
Un peu trop à son goût.
—Je vais me faire prendre, souffla Taale. Une solution s'il vous plaît.
—Il faut faire une croix sur lui.
La voix du brun aux côtés d'Isak avait retenti dans la réalité. Il excluait volontairement Lewis et Ruka de la conversation.
—Maël !
Cette protestation venait droit de la bouche du grand blond qui avait les yeux écarquillés.
Ketleen essaya de retenir le prénom dans un coin de sa tête, sans prendre part à l'argumentation commune.
—On ne laisse personne derrière. Un point c'est tout.
Le brun darda son regard brûlant sur la petite blonde aux tresses, attendant visiblement qu'elle prononce son avis.
—Je me range aux côtés d’Isak.
—C'est ton choix Angie, fit simplement Maël même si l'on pouvait sentir son impatience.
L'ancienne étudiante se répéta encore quelques fois les prénoms dans sa tête. Elle était surprise que le ton d’Angie soit aussi déterminé, et non pas tremblant de peur.
—Ketleen ? Un avis ?
Elle sursauta en entendant la sollicitation d'Isak : elle avait presque oublié qu'elle faisait parti du groupe.
—Peu importe. Mais si vous ne vous décidez pas, je ne garantis pas qu’il y ait encore quelqu'un à sauver.
Le blond hocha une fois la tête dans sa direction.
—Indique nous le chemin Lewis.
A l'entente de ces mots, Maël renversa sa tête en arrière et roula des yeux, marquant son désaccord.
—À droite. Maintenant ! ordonna la voix étrangement autoritaire de Ruka.
L'auburn se jeta plus qu'elle ne courra derrière la palissade suivante.
—Foncez droit devant ! Et tirer si vous voyez des cibles.
De nouveau, Ketleen obéit, suivie du groupe.
Son regard fut attiré vers la droite, où se tenait Cassandra. La surprise la frappa, si bien que la jeune fille faillit se stopper net sous le choc. Ainsi, la femme brune faisait partie de l’équipe adverse.
Au ralenti, elle vit la soldate lever son arme chargée de peinture dans sa direction. L’idée de dresser un mur de terre devant elle lui effleura l’esprit, mais très vite les consignes et le manque d’expérience la rappelèrent à l'ordre.
Tir de peinture.
Ketleen rouvrit ses paupières qu'elle avait à moitié fermées. Aucun choc ne survint sur son plastron.
Au contraire. Cassandra recula d'un pas quand la balle atteignit sa poitrine.
Lewis.
—Dépêche toi, bordel ! la secoua Maël quand il passa à sa hauteur. Tu vas attendre les bras ballants que quelqu’un d'autre te vise ?!
Cela eut l'effet compté : la jeune fille jeta un regard noir sur le brun avant de se remettre à courir.
—Derrière le mur le plus à gauche ! hurla la voix paniquée de Ruka dans leurs oreillettes.
Ensemble, les quatre soldats plongèrent dans la direction indiquée.
Cri de douleur.
Volte-face. Du bleu partout, masquant la totalité du cou et du visage d'Angie.
Elle tendit une main vers la blonde, mais Maël la stoppa dans son geste.
—Bouge ! C'est trop tard pour elle !
Même si Ketleen n'apprécia pas le ton de l'autre soldat, elle devait reconnaître qu'il n'avait pas tort. Elle s’exécuta donc le plus vite possible pour évacuer la zone de tir.
—Taale n’est plus très loin, constata Lewis. Vous devez tenir encore un peu.
Hochement de tête. Continuer à y croire.
—Ils vont vous encercler ! hurla la voix paniquée de Ruka. Dispersion ! Maintenant !!
Sans réfléchir, l'auburn revint sur ses ppas en courant pour mieux contourner la palissade.
—Bon sang, je ne vois plus Taale…
Ketleen ne prêta aucune attention à son oreillette, trop occupée à trouver un nouveau chemin.
Elle avait perdu les deux autres soldats quand Ruka leur avait ordonné de se disperser.
—Isak ! Baisse toi !
La voix tendue et paniquée de Lewis résonna dans ses oreilles. Bien : jusqu’à preuve du contraire, elle n’était pas menacée de danger immédiat.
La jeune fille se plaqua contre le mur opposé à celui où elle se trouvait. Si elle pouvait atteindre Miwen, ou plutôt le personnage que jouait Miwen, elle remporterait la partie.
—Où crois-tu aller comme ça ?
L’intonation froide et sèche la fit se figer. Elle n'osait même plus respirer. Miwen.
Avec une lenteur exagérée, mais nécessaire pour préparer sa prochaine phrase, Ketleen se retourna.
La vision de l'ancienne princesse couverte de noir de la tête aux pieds et en habits militaires était quelque chose d’étrange.
La lueur de détermination qui brillait dans les yeux de son opposante ne la trompa : dans un mouvement rapide, Ketleen se laissa tomber au sol, paumes en avant.
Mais Miwen semblait avoir anticipé son coup, car elle fit feu.
L’impact fut brutal, plus brutal qu'elle l'avait imaginé.
La blonde ne s’embarrassa pas de doutes : elle tira deux fois d’affilées.
Ketleen recula d'un pas, les côtes en feu, le visage déformé en un pli de douleur.
—C'est terminé pour vous, cracha la blonde.
~
Ils attendaient, couverts de peinture et perclus de douleur, les remarques sur leur ‘entraînement’ par le général qui tardait à se montrer.
Angie frotta sa nuque, Lewis fit craquer ses doigts et Isak secoua ses mèches pleines de peinture.
Il était difficile de manquer la tension présente dans la pièce.
Ketleen étouffa un bâillement que les autres n’auraient très certainement pas apprécié. Même si l'issue de cet événement lui importait peu, elle tenait à ne pas se faire d’ennemis.
La porte pivota sur ses gongs.
Toutes les têtes se tournèrent dans la direction du bruit.
Le battant laissa passer, non pas le Général Black, mais une Miwen à l’uniforme désordonné.
—C'est Cassandra, dit-elle d'une voix hachurée. Elle a disparu.
~
Tantantaan-
Bon d'accord, j'arrête avec ce suspense x')
Bref, est-ce que vous avez des théories sur l'histoire :3 ? Ou des questions owo ?
Merci beaucoup !
Et si cela vous a plu, n'hésitez pas à me DÉFONCER cette petite étoile jaune !
Bisous ☆
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