16 | Éclats de verre

Hello !
Arg- la rentrée TwT (n'en parlons pas trop xD)
Sinon, comment ça s'est passé pour vous :3 ?
(Je sens que je vais me prendre un vent mais bon ;-;)

Voici le chapitre ^^
Bonne lecture !

___

Ketleen poussa la porte des Quartiers Généraux avec la promesse d'expliquer la plupart des choses à Lewis lors de son retour.
Elle n'avait aucune idée de qui pouvait bien la connaître, ici, sur Diképhios.


Mais en tous cas, cette personne avait un rapport avec sa mère. Et peut-être même avec sa sœur.
Ketleen ne pouvait pas ignorer cet important détail. 
Ses gènes magiques étant héréditaires, il fallait forcément que dans sa famille il y ait un natif de Diképhios.

Son père était aussi présent qu'un fantôme depuis sa naissance –Ketleen ne l'avait jamais connu– il ne lui restait que les origines de sa mère à investiguer. 
Autant dire que cette lettre tombait à pic.
Un peu trop au bon moment selon l'auburn.

Suivant les instructions de la blondinette dont le nom échappait déjà à Ketleen, elle descendit la rue. 

Elle s’attendait à trouver un vieux manoir sinistre au portail en fer forgé tombant en ruine, et avec pour couronner le tout, un jardin en friche où la nature avait repris le contrôle sur le béton. Mais il n'en fut rien.

Ketleen se trouvait devant le bâtiment le plus blanc qu'elle n'avait jamais vu. L'ensemble des locaux donnait l'impression à un empilement de formes géométriques par un enfant maladroit.

Cela dégageait une impression de modernité que l'anglaise n'aurait jamais soupçonné venant de la part d'une association de ce genre.

Les quelques mètres de verdures étaient proprement entretenus, resplendissants de bonne santé.

Se donnant mentalement du courage, Ketleen appuya sur l'interphone aux côtés du grand portail fraîchement repeint.

— Oui ? s'enquit une voix déformée par l'appareil. C'est pour quoi ?

— On m'a dit de venir ici. Implicitement, ajouta l'anglaise après un certain temps.

— Nom et prénom, je vous prie ?

Malgré le fait que cela la mettait mal à l'aise de donner son prénom à un total inconnu, la jeune fille s'exécuta.

— Ketleen Carthew.

Seul le bip indiquant que la personne avait lâché le bouton de communication lui répondit. Décontenancée, elle vit s'ouvrir sous ses yeux les battants de fer qui coulissèrent dans une parfaite harmonie.

Les objets électroniques n'étaient pas censés être rares ici ? s'interrogea Ketleen.

Apparemment, elle avait affaire avec des gens bien plus puissants qu'elle ne l'imaginait.

Ce n'était pas spécialement rassurant.

Elle s'engagea sur le chemin de pierre, les sens en alerte. Elle était venue pour chercher des réponses, pas pour mourir.

Pas aujourd'hui en tout cas.

À l'intérieur, les murs étaient également blancs, totalement épurés de toutes décorations.

Alors que Ketleen tournait lentement sur elle-même pour avoir une meilleure vue sur l'ensemble, un discret toussotement la fit sursauter.

Lorsqu'elle fit volte-face, elle croisa les yeux du standardiste qui se tenait derrière son bureau.

— Mademoiselle Ack va vous recevoir, fit-il. Attendez là, je vous prie.

— C'est elle l'auteure de ce mot ? demanda Ketleen au lieu de se plier à l'ordre. Joignant le geste à la parole, elle déposa le bout de papier sur le bois verni.

L'homme en face d'elle fit quand même l'effort de se pencher pour mieux lire l'écriture malgré l'exaspération évidente sur son visage.

— Qui d'autre ? murmura ce dernier comme s'il avait peur de réveiller les fantômes.

— C'est justement pour ça que je vous posais la question.

Ketleen s'éloigna du bureau et s'attarda sur l'acronyme en bas de page. D.E.A.T.H. Qui pouvait bien trouver un acronyme aussi peu discret ?

Apparemment cette "Mademoiselle Ack" aimait beaucoup les surnoms voyants.

— Ketleen. 

Au son des talons claquant contre le carrelage, et de son prénom, la jeune fille pivota vers la source du bruit.

Une femme blonde, dont les mèches légèrement bouclées retombaient avec légèreté sur ses épaules, s'avança.

L'anglaise remarqua immédiatement les pattes d'oies au coin de ses yeux, et les quelques plis qui ornaient ses joues.

Elle n'était plus dans sa toute première jeunesse.

Comment était-ce possible ?

Lewis lui avait déjà mentionné plusieurs fois que la durée de vie sur Diképhios était limitée. Or cette femme avait bien plus de trente ans.

Et si Ketleen devait choisir entre croire le soldat brun et une organisation aux buts obscures, la question ne se posait pas.

Elle ferait confiance à Lewis.

— Comment connais-tu mon nom ? attaqua en premier la jeune fille.

— Je connais beaucoup de choses sur toi, répliqua Mademoiselle Ack. 

Entendre ce genre de paroles donnait juste un peu plus envie à Ketleen de contredire la personne en face d'elle.

— Viens, allons dans mon bureau : on y sera plus au calme pour discuter.

— Ce n'est pas comme s'il y avait beaucoup de monde, mais si tu y tiens tant, répondit la jeune fille.

La femme eut un rapide froncement de sourcil avant de se remettre en route.

Après un escalator – décidément, cette entreprise aimait l'électronique – Mademoiselle Ack la guida à travers un dédale de portes, renfermant chacune un bureau différent.

Elles finirent par se stopper devant un battant qui n'avait rien de différent par rapport aux autres.

La blonde tapa quelques coups secs contre le bois avant de pousser la porte, sans attendre de réponse.

Ketleen nota tout de même le nom affiché : Telleiv Hush.

Essayant de garder l'information dans un coin de sa tête, la jeune fille pénétra à son tour dans la pièce.

Les larges fenêtres éclairaient l'entièreté du bureau, et de là où elle était, elle avait une vue imprenable sur les jardins.

Un homme aux traits durcis par le temps et aux épais muscles légèrement masqués sous son costard, les laissa entrer d'un œil inquisiteur.

Mademoiselle Ack se contenta d'un bref coup de tête à son égard avant de l'ignorer complètement.

Mais il ne parut pas s'en formaliser : il ferma la porte à la suite de Ketleen et se planta dans un coin, ses yeux parcourant la petite pièce.

C'était donc un garde du corps. 

La femme blonde s'installa derrière le bureau et fit signe à la jeune fille de prendre place sur la chaise en face.

Ne laissant pas tomber sa méfiance, elle s'exécuta tout de même.

— Tu connais ma mère, attaqua Ketleen avant qu'elle puisse en placer une. Comment ?

— Appelle moi Delilah.

L'anglaise roula des yeux : ce n'était pas le plus important.

— D'accord. D'où connais-tu ma mère ? répéta t-elle d'un air buté.

— Commençons par le commencement, tu veux ?

Elle haussa les épaules : c'était une question purement rhétorique, Delilah n'en avait rien à secouer de son avis.

— Sais-tu le but de cet endroit ?

— Non.

Sinon je ne serais pas ici, ajouta t-elle mentalement. Mais voulant éviter froisser son hôte, pour une fois dans sa vie, elle se retint.

— C'est un laboratoire.

Elle planta ses prunelles dans celles de Ketleen.

— On est financé par le roi, et officiellement on y mène des expériences pour rallonger notre durée de vie. Pour se débarrasser du fardeau qu'est la magie.

— Et officieusement ? demanda t-elle sachant très bien que la réponse avait très peu de chances de lui plaire.

— Et bien, c'est justement là où cette chère Annabelle intervint.

Ketleen leva un sourcil dans l'attente de la prochaine information.

— C'était un sujet d'étude... Enfin, elle n'était pas spécialement volontaire, murmura la femme pour elle. Non, elle se trouvait dans notre banque de données, reprit-elle à voix plus intelligible. 

— Qu'est-ce que tu lui as fait faire ?!

Une première vague d'anxiété vint s'écraser sur ses membres, son cœur et son esprit. Mais Ketleen tint bon.

— Elle remplissait déjà tous les critères, tu sais.

La jeune fille avait la très désagréable impression de devoir extirper toutes les informations de Delilah.

— Quels critères ?

C'etait visiblement la question attendue par la blonde.

— Oh, voyons voir.

Avec le soin de la mise en scène, Delilah se mit à compter sur ses doigts.

— Puissante, encore dans la fleur de l'âge, et avec une forte probabilité d'enfanter des jumeaux. Il n'y avait plus qu'à trouver son homologue masculin.

Ketleen avait peur de comprendre. Et encore, peur était un bien petit mot.

Les points se reliaient sous ses yeux et pourtant, elle refusait d'en déchiffrer le sens.

Elle regrettait d'être venue.

Elle regrettait d'avoir voulu savoir.

Elle regrettait.

Delilah croisa son regard.

— Tu commences à comprendre, n'est-ce pas ?

Butée, la jeune fille secoua la tête négativement, comme si cela pouvait retarder le moment des révélations.

— La Fondation est certes un laboratoire mais il ne s'agit pas de chercher un remède contre la magie. Non, c'est bien plus intéressant. Surtout lorsque Treikomos est le point de départ de tout.

L'auburn sentait son crâne devenir bouillant. Quitte à entendre une vérité blessante, autant la connaître dans les plus brefs délais. Mais Mademoiselle Ack prenait un malin plaisir à prendre tout son temps.

— Treikomos ? répéta Ketleen d'une voix enrouée. Pourquoi Treikomos ?

— Parce que tout part de là-bas, ma chérie. Absolument tout. Et ce depuis le moment où les Treimos ont décidé d'envahir les autres mondes, des siècles auparavant.

Ah, très bien. Elle avait droit à la leçon d'histoire maintenant ?

— Ça pourrait être intéressant mais malheureusement, je m'en fiche, coupa l'anglaise. Alors, est-ce qu'on peut en venir aux faits ?

— C'est aussi ton histoire, que tu le veuilles ou non.

Elle leva les yeux au ciel.

— Bon. Continue, alors. En accélérant de préférence.

Delilah eut un grand sourire qui lui donnait un étrange air de ressemblance avec le chat du Cheshire. Un long frisson descendit le long de sa colonne vertébrale.

Elle n'était rien d'autre qu'une simple proie à la merci de son prédateur. Et elle avait eu tort de penser le contraire, même pendant une infime seconde : elle était en position de faiblesse.

La femme blonde dut remarquer l'éclair de compréhension traverser les pupilles de Ketleen, car son sourire s'agrandit encore plus.

— Bien. Pour en revenir à ce que je disais, Treikomos a eu le contrôle de Diképhios pendant de longues années. Avant que le premier descendant du dieu de la terre soit obligé de maudire notre propre monde pour nous sauver de l'envahisseur. 

— Une malédiction ? Il y a forcément une explication logique, murmura la jeune fille. 

La blonde agita la main dans le vide.

— Aucune importance croyances ou non. Tu ce que tu dois retenir, c'est que Treikomos a toujours eu un avantage sur nous. Toujours.

Delilah se pencha en avant. Son sourire n'avait plus rien d'amusant : ses lèvres étaient finement étirées sur les bords. À en glacer le sang.

— Il est grand temps que cela change, tu ne crois pas ?

Elle ne croyait rien du tout. Au départ, elle voulait juste savoir.

Ketleen se contenta du geste minimaliste qu'était hausser les épaules.

— Et c'est ici qu'intervient la Fondation. Pour faire enfin pencher la balance en faveur de Diképhios.

— Et la Terre dans tout cela ? demanda Ketleen. Cette question lui brûlait les lèvres depuis un petit moment, et même si elle sortait du sujet principal, la jeune fille n'avait pu s'empêcher de la poser.

— La Terre reste dans son ignorance voyons ! s'exclama la blonde. Elle ponctua sa phrase avec un petit rire sans joie. Pour quelles raisons viendrait-elle se salir les mains dans des affaires qu'elle a abandonnées depuis si longtemps ?

— Aucunes.

C'était la seule réponse évidente.

— Evidemment. Tu comprends plutôt vite.

Ketleen se contenta de fixer Delilah dans l'attente de la prochaine information.

— Tu sais, ma chérie, ce qui changerait suffisamment la donne ? Des espions connectés à travers les mondes. Un bon moyen de pression pour forcer Treikomos à nous aider.

— Sauf que vous n'avez pas les moyens de développer des objets de communication hyper sophistiqués. Officiellement, du moins, ajouta t-elle en posant son regard sur les portes automatiques.

La femme blonde hocha la tête, un air satisfait apparaissant sur son visage.

— Et quoi de plus connecté que des jumeaux possédant ce fameux lien décrit comme si fort ? Capable de ressentir les émotions de l'autre ? Ou de partager ses pensées avec son jumeau ?

Pendant qu'elle parlait, ses pupilles s'éclairaient d'une lumière folle.

— C'est faux. C'est faux, répéta t-elle un peu plus fort.

— Tu es bien placée pour le savoir, je suppose ?

Ketleen ignora totalement sa question.

— Ça n'a rien d'excitant d'être toujours confondu avec quelqu'un d'autre. D'être toujours pris pour une seule personne alors que vous êtes en réalité deux identités bien distinctes.

La jeune fille enchaîna rapidement pour ne pas laisser le temps à Delilah d'intervenir.

— Je ne sais pas ce que vous compter faire avec vos jumeaux espions, mais croyez moi, le lien gémellaire n'existe pas.

Quand Ketleen se tut enfin, ses mains étaient agitées de sursauts incontrôlables. 

La femme blonde finit par prendre la parole.

— Oh, mais je suis bien plus ambitieuse que ça. De simples jumeaux espions, tu dis ? Et que dirais tu d'armes de destruction massive à la place de vulgaires agents ?

— Non... murmura l'anglaise. 

Le tremblement de ses doigts ne s'était pas calmé. Au contraire.

— Je suis la dirigeante de cet endroit.

Son large sourire était réapparut sur son visage. Ketleen avait envie de l'effacer, de la faire disparaître de sa mémoire.

— Et c'est moi qui ait participé à ta naissance. Et celle de Destany, par la même occasion.

— Comment. Sais. Tu. Tout. Ça ? grinça t-elle, les dents serrées à s'en déloger la mâchoire. 

— Je viens de te le dire. Ou peut-être que tu as besoin de quelque chose plus explicite ? Très bien, cela me va.

La dirigeante prit une profonde inspiration.

— Annabelle Carthew est née en 1985. Le huit avril ou six jours avant toi, plus précisément. C'est une chanceuse : elle a beau naître dans la capitale des mages de la terre, c'est à Korollya, la ville centre de Diképhios qu'elle grandit. Mais malheureusement, elle s'avère beaucoup trop puissante, un taux de soixante et un pourcents, si ma mémoire est bonne.

Alors bientôt, la Fondation la recrute, ordre du roi. Impossible de s'y dérober. Je continue ?

Chaque phrase prononcée par Delilah était un couteau lancé en direction de Ketleen. Impossible de tous les éviter. Sa mère était donc une dikos. Une dikos. 

Elle était née sur Diképhios.

— Elle est forcée d'intégrer le programme gémellaire : elle est puissante et sa famille possède de nombreux cas de jumeaux. Avec son homologue masculin, c'est-à-dire un homme remplissant les même critères, elle conçoit des jumeaux. Mais évidemment, elle accouche sur le Terre sous le strict contrôle de la Fondation.

Il n'y avait pas de manière plus violente que celle-ci pour apprendre le passé de sa mère. Une personne totalement extérieure lui narrant sa vie en l'espace de dix pauvres secondes.

Dix pauvres secondes pour anéantir toutes ses croyances.

— Arrête.

Delilah écarquilla ses grands yeux, trop surprise de son interjection pour continuer à parler ou pour protester.

— Ensuite, elle–

— STOP. Il y a quoi de difficile dans "arrête" ?

Ketleen avait bien conscience de s'adresser à la dirigeante de la Fondation, une entreprise ayant pour but de créer des jumeaux surpuissants qui plus est, mais son esprit n'avait plus rien de rationnel.

La blonde détenait sa vie ou sa mort entre ses mains : d'un simple signe de tête, des gardes viendraient sur le champ l'abattre, l'auburn ne se voilait pas la face.

Il fallait que cela s'arrête. Maintenant. Elle ne supporterait pas un mot de plus, vrai ou faux, sur sa mère.

— Elle me racontera tout ça quand je lui parlerai, poursuivit Ketleen. Et laisse ma sœur jumelle où elle se trouve.

Delilah eut un sourire qui aurait pu être caractérisé d'angélique vu de l'extérieur. Mais pour l'anglaise, il était tout simplement démoniaque.

— Et où se trouve t-elle, cette chère Destany ?

Les mâchoires solidement refermées sur elles, Ketleen parvint tout de même à prononcer sa phrase.

— Dans un joli cercueil bien confortable sous terre.

Elle avait essayé d'insuffler de l'ironie à sa dernière réplique pour mieux masquer la douleur qui s'en dégageait. Elle haïssait dire ce dernier fait à voix haute.

— Si j'étais toi, je n'en serais pas si sûre. 

Avant que Ketleen puisse rétorquer quoique ce soit, les fenêtres teintées à double vitrage explosèrent.

~

Quand l'auburn ouvrit ses yeux qu'elle avait protégés de ses mains, elle vit un océan de glasse brisée.

Son premier réflexe fut de prendre appui sur ses paumes pour avoir une meilleure vision de son environnement. 

Grave erreur : les bouts de verre lui entaillèrent la peau.

Jurant à voix basse, Ketleen se redressa lentement.

L'impact contre les vitres devait avoir été beaucoup plus puissant qu'elle l'avait imaginé : la jeune fille avait été projetée hors de son siège, sur la moquette désormais tapissée d'éclats de verre.

Son regard se porta plus au loin. Contrairement à ce qu'elle s'y attendait, le garde du corps n'avait pas bondit aux côtés de Delilah.

C'était l'inverse.

La dirigeante s'était précipitée aux côtés de l'imposant homme, et déjà ses yeux parcouraient la pièce de haut en bas. Ce ne fut que lorsque son regard descendit vers le "garde du corps" accroupi derrière la porte qu'elle remarqua le pistolet que tenait la femme.

Et par la même occasion les biceps musclés de la blonde que révélaient sa veste déchirée.

Une chose était sûre : Delilah Ack n'était pas un PDG classique.

— Les Gaénessés, murmura la blonde entre ses dents.

Ce nom lui évoquait quelque chose. Il ne restait plus qu'à trouver quoi.

Sa main vint trouver automatiquement la poche de sa veste : allait-elle vraiment sortir ses feuilles ici ?

Pourquoi pas.

Sous les yeux incrédules des deux autres occupants de la pièce, la jeune fille repêcha la liasse de papier, la dépliant pour chercher ses annotations.

Elle finit par les trouver, et on pouvait y lire :

Gaénessés = Famille de Cassandra. Se méfier de Cassandra. 

Famille = mythe selon Lewis. Puissante. Réelle ?

"Se méfier" était entouré et souligné plusieurs fois.

Cassandra. La jeune femme brune se retrouvait encore mêlée aux affaires de Ketleen.

Mais elle avait du mal à croire qu'absolument tout ce qui lui était arrivé, était la faute de la soldate.

La Fondation avait un rôle dans tout ça. Et visiblement quelqu'un voulait maintenir la vérité dans l'ombre.

Une personne ne sachant rien était bien plus facile à manipuler.

Mais qui ? Qui aurait intérêt à la garder sous son contrôle ?

Les Gaénessés semblaient tout indiqué, mais la jeune fille préférait rester méfiante quant à ses déductions.

— Tout va bien ? demanda enfin le garde du corps.

— Je viens juste d'être projetée dans des éclats de verre, mais sinon merci de t'inquiéter : tout va bien.

Ketleen n'aurait jamais dû être aussi mordante, mais ses nerfs lâchaient prise.

Cela faisait un peu trop de choses à encaisser en très peu de temps.

Du répit serait-il trop demandé ? Apparemment oui.

On refusait de la laisser s'habituer à son nouvel environnement : à chaque fois que la jeune fille penser s'être adaptée, on lui jetait une autre vérité piquante au visage.

— On passe tous une mauvaise journée, répliqua l'homme.

Elle haussa les épaules.

— Et pourquoi vous me dites tout ça ? Quel est l'intérêt pour vous ?

Ketleen s'était adressée aux deux autres personnes présentes dans la salle.

Étonnement, ce fut l'homme qui lui répondit, Delilah étant toujours sur ses gardes, arme au poing.

— Telleiv Hush.

Il lui serra la main. L'anglaise concentra tous ses efforts pour se souvenir pourquoi ce nom lui était familier.

Pour la première fois depuis deux ans, elle maudit sa défaillante mémoire à court terme.

— Ketleen Carthew, répondit la jeune fille, même si elle avait la conviction que son interlocuteur le savait déjà.

— Tu étais une expérience du projet, commença Telleiv d'une voix plus calme et articulée qu'elle ne l'avait imaginé. Immédiatement, elle remarqua l'emploi du passé.

— La plus prometteuse des expériences, pour tout dire, continua t-il. Mais elle a échoué : ça ne sert plus à rien de respecter la procédure avec toi. De toutes manières quelque soit son déroulement, tu aurais été mise au courant d'une façon ou d'une autre.

— Pourquoi elle a raté ? Et je suppose que tu ne peux pas me dire précisément en quoi consistait cette expérience ?

— Tu supposes bien.

— Vous me dites que ma mère est originaire de Dikephios, que ma sœur et moi avons fait parties d'un programme visant à créer des mages surpuissants, et que cette expérience n'a pas marché. Au point où vous en êtes, dites moi tout, ce sera beaucoup plus simple.

L'homme jeta un regard qui se voulait discret en direction de Delilah. Il ne l'était pas. Curieuse d'entendre sa future justification, elle fit mine de n'avoir rien remarqué. La blonde eut un simple mouvement neutre. "Peu importe" sembla t-elle dire.

— C'est simplement confidentiel. De– Mademoiselle Ack a insisté pour que tu sois mise au courant. "Tu as le droit de savoir" a t-elle dit.

Telleiv avait une drôle de façon d'exprimer ses dernières phrases comme si c'était lui qui dirigeait la Fondation et non pas Delilah.

— Avoir le droit de quoi ? De savoir que ma mère m'a délibérément menti ? Que je ne suis née uniquement pour une expérience ratée ? Que je ne suis qu'un simple pion dans un immense échiquier ? Merci mais je pouvais m'en passer.

— Elle n'aurait jamais eu le courage de te le dire, intervint Delilah d'une voix douce. Cela contrastait avec son attitude précédente. Alors je le fais à sa place. Parce qu'une mère doit la vérité à son enfant.

Sa voix n'était plus qu'un souffle lorsqu'elle prononça sa dernière phrase.

— Est-ce que entretenir une communication entre Diképhios et la Terre est possible ? Sans mourir de préférence.

La blonde hocha la tête.

— Tu peux : par lettres. Mais cela coûte un bon paquet d'argent. 

Dommage.

Apparemment elle était à la disposition de l'armée : l’hébergement avec un léger salaire en échange de ses services.

— C'était là tout l’intérêt de notre programme : la communication entre deux mondes totalement gratuite !

— Encore une fois, je répète : vous rêvez tous ici, si vous pensez que ce genre de "lien gémellaire" existe. Parce que ce n'est pas le cas. 

Dans un total accord, Delilah et Telleiv haussèrent les épaules, peu convaincus par ses propos.

Tant pis. Elle les avait prévenus : on ne pouvait plus rien lui reprocher maintenant.

Alors que la jeune fille était sur le point de répliquer, des bruits de pas résonnèrent dans le couloir. La blonde qui s'était légèrement détendue, se redressa prête à attaquer.

Ketleen se figea, laissant sa main retomber sur les éclats de verre. Rappelée à l'ordre par la soudaine piqûre de douleur, elle se plaqua contre le bureau pour gagner en discrétion.

Les pas s'étaient rapprochés de leur position.

Delilah enleva le cran de sûreté de son arme et elle commença à s'avancer vers la porte, prête à bondir et à faire feu.

Telleiv réagit avant la dirigeante : d'une poigne assurée, il obligea la blonde à baisser le canon de son pistolet.

En réponse, Delilah lui jeta un regard noir.

— Monsieur Hush ? Je suis Monsieur MacMillan, le responsable de la sécurité, vous vous souvenez ? Est-ce que tout va bien ?

Sans un bruit, la dirigeante de la Fondation fit non de la tête.

— Ça va aller, murmura Telleiv articulant plus qu'il ne prononça les mots. Je le connais.

— Je sais qui est MacMillan, répondit-elle avec de grands gestes silencieux. Mais est-ce que tu es sûr que c'est bien lui ?

— Oui.

— Non ! Tu n'en sais rien !

— Si. Fais moi confiance.

Ketleen avait assisté à leur échange muet sans rien dire. Delilah sembla vaincue avec le dernier argument de son garde du corps.

Elle fit un signe de tête en direction de Telleiv, lui indiquant qu'il avait gagné.

— Oui, rien à signaler ! Juste un peu secoué mais comme tout le monde j'imagine.

— Je suis ravi d'entendre ça Monsieur !

La poignée commença à s'incliner vers l'avant, signe que MacMillan allait bientôt pénétrer dans la pièce. Le garde du corps fit de gros yeux à la dirigeante blonde qui parut immédiatement comprendre le message.

Remettant en place le cran de sécurité de l'arme, Delilah bondit derrière le bureau et obligea la jeune fille à rentrer sa tête.

L'auburn se mordit la lèvre pour ne pas gémir de douleur lorsqu'elle sentit un éclat de verre lui rentrer dans la paume.

Au même moment où elles se plaquèrent entièrement contre le bois verni, la porte pivota sur ses gongs pour livrer le passage au responsable de la sécurité.

La dirigeante bâillonna fermement d'une main la jeune fille, interdisant tout son de sortir de sa gorge. Au contact d'une peau inconnue contre ses lèvres, ses entrailles et son cœur se soulevèrent.

Delilah pouvait décider maintenant qu'elle en savait trop et ainsi de l'éliminer sur le champ, en l'étouffant simplement.

Silencieusement, l'anglaise commença à se débattre pour manifester son désaccord et pour pousser la blonde à la lâcher.

— Est-ce que vous savez si tout va bien pour Mademoiselle Ack ? s'enquit Monsieur MacMillan.

Parfaitement bien, hurla mentalement Ketleen. Et elle risque de m'étouffer en quelques petites secondes, mais sinon elle va parfaitement bien !

— J'allais vérifier son état au moment où vous êtes arrivés, déclara Telleiv sans qu'un mouvement ne vienne trahir son mensonge. C'est mon rôle.

L'autre homme hocha la tête.

— Je vous fais confiance là-dessus, Monsieur Hush ! Cela fait longtemps que l'on n'a pas vu un garde du corps si dévoué !

La prise de la dirigeante sur son visage ne s'était pas relâchée malgré tous les efforts de la jeune fille.

MacMillan ouvrit un peu plus le battant.

— Je tiens à venir avec vous. Pour faire mon rapport et toute cette paperasse, ajouta t-il.

Telleiv réfléchit quelques instants avant d'accepter : 

— Bien.

Il balaya la pièce du regard.

— Il faudra envoyer le service de nettoyage ici : le sol est tapissé de verre.

— C'est comme si c'était fait !

Le garde du corps hocha la tête, avant de sortir et de refermer la porte à sa suite.

Ketleen frissonna.

Cela ne présageait rien de bon : elle était seule avec Delilah Ack.

A sa merci.


___

Oui oui- encore des nouveaux personnages T^T (mais promis ils vont apparaitre dans le glossaire x))
Sinon qu'avez vous pensé de ce chapitre :3 ?
Des révélations et tout le reste ?

(Je vais aussi rajouter un détail sur la chronologie dans le glossaire sur les retours dans le temps ^^)

Merci beaucoup de lire ! Et si cela vous a plus, n'oublier pas D'EXPLOSER cette petite étoile jaune !
Bisous ☆

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