15 | Papier froissé
Hello ! It's Rainy~
Bonne année à vous ! (Même si c'est un peu dépassé d'un jour mais bon xD)
Je tiens à vous remercier énormément pour ces vues et ces votes TwT
(Je sais bien qu'il n'y a pas autant de lecteurs qui me lise mais quand même : ça ne m'empêche pas de vous remercier ^^)
(C'est aussi la deuxième semaine des vacances– ne me remerciez surtout pas pour cette info TwT)
Breeef, je m'excuse de mon léger retard ^^'
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Destany avait mis du temps à s'interposer lorsque le garçon avait commencé à l'insulter. Un seul de regard noir de la part de la jeune fille avait suffit pour le réduire au silence.
Un murmure de louanges était passé entre les rangs des spectateurs qui la félicitaient de son courage.
Elle, elle ne savait pas qui est ce qu'elle avait le plus envie de frapper. Le garçon qui venait de l'insulter ou sa propre sœur qui l'utilisait comme un moyen pour être plus populaire ?
La colère avait bouillonné dans ses veines, et elle s'était mordue la lèvre afin ne pas passer pour l'ingrate de service.
Destany n'avait pas tenu sa promesse : au fils des années de Secondary School, sa sœur avait arrêté d'être toujours de son côté.
Elle s'était lassée de toujours prendre sa défense. Elle avait des choses plus importantes à faire maintenant.
Destany avait menti.
Elle s'y ferait, c'était sûr. Mais Ketleen ne pourrait jamais lui pardonner le goût du mensonge sur la langue.
~
Ketleen avait passé la nuit à dormir sur un banc. Autant dire que son corps était parcouru de courbatures au réveil.
D'ailleurs, elle n'avait toujours pas compris quelle mouche avait piqué Lewis et Isak.
Elle avait accepté de les accompagner uniquement parce qu'elle avait senti que leur affolement était on-ne-peut-plus véridique.
La jeune fille examina le visage de Lewis. Des cernes noirs lui encadraient les yeux, et ses cheveux déjà bouclés à l'ordinaire, étaient totalement décoiffés.
Il n'avait pas la tête victorieuse de quelqu'un qui avait réussi à sauver les gens d'un potentiel danger de mort.
À ses côtés, Isak n'avait pas meilleure mine : ses yeux semblaient se faire tous petits dans leurs orbites, et des cernes ornaient également le dessous de ses paupières.
Quand ils remarquèrent que Ketleen n'était plus endormie, leur incessant discours se stoppa.
— Eh bien ? Pour des personnes qui viennent de sauver le monde, vous n'avez pas l'air très joyeux.
Même si cela semblait être du sarcasme, une vraie question se dissimulait derrière. Il suffisait de savoir lire entre les lignes. Ce n'était pas donné à tout le monde, elle en avait bien conscience.
— Je–, balbutia Lewis d'une voix pâteuse à croire qu'il avait parlé toute la nuit. C'est beaucoup plus compliqué que je ne l'avais cru.
— Tu as le temps de m'expliquer, vu que nous ne sommes pas encore morts ?
— On ne décédera pas aujourd'hui, assura Isak. L'anglaise ne trouva pas cette remarque particulièrement rassurante.
Lewis passa une main dans ses boucles.
— Vous avez bien des mythes sur Terre ? Des histoires à dormir debout que tout le monde raconte ? Des organisations mystérieuses qui soi-disant opèrent dans l'ombre ?
Ketleen opina du chef : la Terre avait son lot de croyances, entre les platistes et Illuminati.
— Des théories du complot qui n'ont aucun sens, tu veux dire.
Le brun trépigna, détournant le regard pour venir le poser sur la cour. La jeune fille se fit la réflexion qu'ils avaient dormi à la vue de tous, et pourtant, personne n'était venu les déranger.
— Eh bien, il se trouve... commença Lewis avant de se racler la gorge. Il se trouve que ceux à l'origine du "massacre" sont en réalité une légende urbaine.
Devant l'air interdit de Ketleen, il crut bon de continuer :
— Les gens disent qu'il y a quatre Familles, une pour chaque élément. Et ces quatre familles tirent en réalité les ficelles du pouvoir dans l'ombre. Qu'elles nous font croire n'importe quoi. Il y a un nombre fou de personnes qui pense ça.
Et il se trouve que la Famille de la Terre existe et qu'en plus de ça, c'est elle qui est à l'origine du massacre.
Ketleen papillona des yeux face la déclaration du soldat : sa vie ne faisait que se compliquer une fois de plus, s'emmêlant encore et encore.
Cela ne la surprenait pas.
— Quel est l'intérêt de massacrer tous les soldats ? questionna l'auburn. A condition que ce massacre ait bien eut lieu, évidemment.
— Il a bien eu lieu, répondirent d'une seule et même voix les deux jeunes hommes.
Ces derniers échangèrent un regard surpris.
Ketleen n'avait plus qu'une seule envie : que tout ce délire se termine et qu'elle puisse enfin retrouver son lit, même si cela signifiait devoir affronter Miwen.
— Bref, continua le blond. Justement ce qu'on ne sait pas c'est pourquoi ? Pourquoi attaquer des innocents ?
L'indignation était visible autant par son froncement de sourcils que par son timbre de voix.
— En quoi c'est si important que ce soit la Famille...
— Gaénessé, termina à sa place Isak. La jeune fille le remercia d'un hochement de tête.
— Plutôt qu'une autre personne ?
Lewis secoua la tête.
— Tu ne comprends pas. Les Familles ont pour réputation de contrôler totalement le roi et les hauts fonctionnaires.
Il attrapa une de ses mèches brunes entre ses doigts.
— Soi disant les Familles sont à l'origine de toutes les décisions de Diképhios. Sauf qu'elles n'existaient pas. (Il jeta un regard noir à Isak.) Jusqu'à maintenant.
Lewis se mit à faire les cent pas, les doigts s'acharnant sur ses cheveux. De là où elle était, Ketleen pouvait très bien voir les rouages tourner à toute allure dans son cerveau.
— Ça brise toutes mes certitudes.
Le jeune soldat lança un énième regard noir à Isak, comme si c'était uniquement la faute du jeune homme.
— Mais alors qui ? marmonna Lewis d'une voix à peine intelligible.
Il leva soudainement les yeux sur Isak et dit d'un ton empli de sérieux :
— Cassandra.
Le blond en face de lui hocha lentement la tête, un air navré se peignant sur ses traits.
— C'est elle qui nous a ramené le livret. Le livret de Ketleen, je veux dire.
— Quoi ?!
Lewis et l'anglaise s'étaient exprimés en même temps.
Devant leurs yeux écarquillés et leurs bouches grandes ouvertes, Isak continua son explication :
— Oui. Je n'étais pas spécialement au courant mais il fallait à tout prix que Ketleen intègre la Famille. Morte ou vivante, cela n'avait pas d'importance du moment qu'elle n'était pas contre nous.
Le soldat brun était au bord de l'explosion. Cela se voyait à ses lèvres serrées en un trait fin et à ses ongles plantés dans son cuir chevelu.
— C'est ça ! Ketleen avait donc parlé à Cassandra la première fois ! s'exclama Lewis.
Il s'adressa à Isak, une tempête naissant dans sa voix.
— Tu n'aurais pas pu la mentionner plus tôt ? Pour éviter qu'on se fasse un sang d'encre ?
Ketleen n'avait jamais vu le jeune homme aussi survolté qu'en cet instant. Ses pupilles étaient écarquillées reflétant une détresse pure.
Elle se sentit obligée d'intervenir.
— Première fois ? Je te l'ai déjà dit : je n'ai jamais parlé à Cassandra !
Isak était sur le point de lui répondre quand Lewis le coupa abruptement.
— Oh bordel ! C'est vrai que tu ne sais pas tout. Pour faire court : on est tous morts massacrés par la Famille de Cassandra et on est revenu un mois en arrière. Et seuls Isak et moi se souvenons des événements.
— Quoi ?! s'exclama t-elle à son tour.
Ketleen tenta de rassembler les dernières informations qu'elle possédait afin d'en tirer un sens logique.
On ne pouvait pas être mort et revivre. C'était absurde.
— Oui je sais : tu me prends pour un débile ! soupira Lewis, excédé. Mais c'est strictement la vérité et je ne te le dirais pas sinon.
— Crois le.
Elle tourna la tête vers Isak qui venait d'intervenir dans la conversation.
— Vous savez que la drogue c'est mauvais pour la santé et pour l'esprit ? Je commence à m'inquiéter pour vous, là.
Lewis eut un mouvement d'impatience, et chose étonnante ce fut le blond à l'imposante carrure qui adressa un geste apaisant dans sa direction.
Le brun parut se ressaisir devant l'improbable de la situation. Il remercia Isak d'un signe de tête.
— Peu importe si tu me prends pour un fou ou non. Ce que tu dois absolument savoir, je vais te le dire. Y'a de grandes chances pour que Cassandra t'ai déjà proposé un marché dans la première "version". Et j'ai bien peur que ta réponse ne lui ait pas plu.
— Et alors ? D'après toi ça c'est déjà mal fini à cause de ma "réponse". Ça ne me concerne plus, dans la "nouvelle version" comme tu le dis si bien.
Lewis semblait déjà avoir retrouvé son éternel calme.
— Tu es au courant qu'il faut se méfier de Cassandra.
— Encore faut-il que je ne l'oublie pas, répondit du tac au tac Ketleen.
Tout le calme que Lewis avait plus ou moins reconstruit vola en éclat à sa dernière réplique.
— N'ose même pas essayer de me sortir cette excuse. Personne n'oublie aussi vite, alors fais preuve de bonne volonté bordel !
La dernière phrase du brun atteignit son cerveau plus gravement qu'elle ne l'aurait voulu. Elle tenta de se débarrasser de la mauvaise impression qui étreignait ses entrailles.
Même si Ketleen savait que c'était la fatigue après une nuit blanche qui parlait pour Lewis, elle rentra dans son jeu, haussant le ton à son tour.
Sa mémoire était un sujet sensible.
— Bien sûr, je suis tellement idiote que mon cerveau ne peut pas tout retenir ! ironisa l'auburn sur le point de déverser sa colère. Non ! Évidemment que non ! Je ne me suis pas réveillée un jour en me disant " tiens, si j'oubliais tout ?" Évidemment que non !
— Quelle est la raison alors ? Dis le, je commence à devenir curieux.
Ketleen mordit sa lèvre inférieure avant que le flot de paroles qui menaçaient de sortir de sa bouche réussisse à passer.
Le brun haussa un sourcil à son égard, la défiant de lui répondre.
Elle était acculée.
— Ketleen, commença Isak. Ce n'est pas très grave si tu ne veux pas le dire.
— Non c'est bon, répondit la jeune fille qui en menait pas large. C'est bon.
Elle inspira profondément.
— J'ai eu un accident de voiture, il y a quelques années. Et j'ai eu un sévère traumatisme crânien. Résultat : j'ai récupéré une amnésie antérograde. Ou pour être plus claire : j'ai du mal à me souvenir des choses récentes.
Mais j'ai très bien en-tête comment était ma vie avant l'accident, contrairement à ce que je prétends, termina mentalement Ketleen.
C'était la première fois qu'elle énonçait ce moment qui avait marqué à tout jamais sa vie.
Même Juliet avait du se contenter des explications de sa mère.
Le dire à voix haute renforçait la réalité.
Peut-être que Ketleen n'avait jamais vraiment fait son deuil.
La jeune fille vit dans les yeux de Lewis que ce dernier regrettait d'avoir insisté, d'avoir perdu le contrôle de ses nerfs.
Elle haussa les épaules, et se leva pour quitter la cour à grandes enjambées malgré son engourdissement.
~
— Eh ! Oui, vous !
Ketleen s'était retournée à l'entente de l'apostrophe et pointa un doigt vers elle.
Aucun doute : c'était bien elle que la standardiste appelait.
La jeune fille s'était perdue entre les bâtiments lorsqu'elle avait essayé d'atteindre les douches communes pour éviter au maximum Miwen.
— Quoi ? Il y a un problème ?
— Oh rien de grave ! sourit la jeune femme. Quelqu'un vous a laissé une lettre. On m'a dit "remettez la à Ketleen Carthew" et comme j'ai une bonne mémoire des visages, je me suis rappelé de vous sans avoir besoin de vérifier dans le registre !
Le babillage incessant de la standardiste – quel était son nom déjà ?– commençait déjà à lui taper sur les nerfs.
— D'accord.
Elle saisit la lettre que lui tendait la femme brune.
— Merci.
Ketleen n'avait strictement aucune idée de qui pouvait bien lui envoyer une lettre sur Diképhios. Aux dernières nouvelles, elle ne connaissait personne en dehors des Quartiers Généraux.
— Qui est-ce qui t'a donné ça ? s'enquit la jeune fille en agitant le papier.
— Oh je n'ai pas bien vu... La personne avait la capuche rabattue sur la tête, et elle m'a juste donné la lettre avant de repartir comme un voleur.
— Merci, c'est d'une grande aide, railla Ketleen.
— Je suis toujours ravie de servir à quelque chose ! s'exclama toute guillerette la standardiste.
La jeune fille roula des yeux dans ses orbites, avant de s'éloigner à grands pas sans lui répondre.
Alors qu'elle marchait, elle entreprit de décacheter l'enveloppe et d'en extirper le papier à l'intérieur.
On pouvait y lire :
Ketleen,
Il m'est avis que tu devrais sortir un peu plus que ça.
N'aies pas peur d'être curieuse.
D.E.A.T.H
L'écriture manuscrite était accompagnée d'un tampon qui montrait un bâton pourvu de deux grandes ailes et de deux serpents qui s'enroulaientt autour de ce dernier.
Un caducée.
Ketleen fronça les sourcils à la lecture de ce mot. Ni le style d'écriture, ni l'acronyme en bas de page ne lui évoquait quelque chose.
Elle avait besoin d'un avis extérieur. Un avis d'un natif de Diképhios.
Lewis ou Isak. Pas Cassandra si elle se souvenait bien.
Mais aller demander de l'aide au blond signifiait croiser le brun.
Elle n'était pas sûre de ce qui c'était passé hier, et elle ne voulait pas déclencher un règlement de compte dans les dortoirs.
Bien. Elle n'avait plus qu'à chercher une âme charitable qui voudrait bien la renseigner.
Ce n'était pas son option préférée, mais Ketleen ferait avec.
Oubliant pendant un instant l'idée de se rendre aux douches, elle se mit à déambuler dans les couloirs à la recherche d'une tête qu'elle pourrait éventuellement reconnaître.
Alors que la jeune fille tournait au bout du chemin, elle croisa deux personnes, un garçon et une fille, qui retinrent son attention.
C'était une petite blonde au visage en cœur encadré par deux tresses. À ses côtés, un jeune homme, un peu plus petit qu'elle, recoiffa d'une main sa mèche de cheveux bruns.
Leurs têtes lui étaient familières.
Ce fut pourquoi Ketleen se mit sur leur passage, bien décidée à obtenir des réponses.
— Désolée de déranger, commença l'auburn. Malgré les apparences, elle savait conserver un minimum de politesse. Mais est-ce que ce symbole vous évoque quelque chose ?
Elle avança le papier froissé à leur vue.
La petite blonde sursauta, triturant une de ses tresses.
— On s'est déjà vu à l'entraînement commun, balbutia cette dernière.
— Peut-être. Est ce que tu connais ce symbole ?
Accompagnant ses propos, Ketleen lui présenta le logo sous le nez.
La jeune fille plissa les yeux, l'étudiant attentivement.
— Oui, je le connais, finit-elle par déclarer. Il représente la Fondation, un institut médical.
Le garçon à ses côtés – son frère selon Ketleen – lui donna un rapide coup de coude dans les côtes.
— Et où est-ce que je peux trouver ce bâtiment ?
— Oh, le centre mère où se trouve la dirigeante se situe dans la capitale. En partant d'ici, il suffit de descendre la rue.
Ketleen acquiesça, reconnaissante des informations que la jeune fille lui avait apportées.
— Merci–
— Angie, termina la blondinette.
Ketleen la remercia d'un signe de tête, avant de s'éloigner.
Elle ne savait pas pourquoi Angie avait accepté de lui répondre aussi facilement sans poser de questions, mais elle n'allait pas se plaindre.
~
Après avoir pris sa douche, Ketleen s'était lancée à la recherche de son supérieur direct : Black.
Mais celui-ci était introuvable et de même pour Orion.
On lui avait déjà annoncé que Roxane et Alice étaient en conférence avec d'autres membres. Résultat : l'anglaise se retrouvait à sécher les séances de tir qui lui avaient été attribuées pour chercher un militaire haut gradé.
De la poche de sa veste aux couleurs kaki et marron, elle tira un papier froissé sur lequel elle avait eu la présence d'esprit de dessiner un rapide organigramme.
Ketleen avait plusieurs possibilités : soit le maréchal des armées Eiden Kierowac, soit le psychologue, Noray Johnson.
Très bien, elle chercherait d'abord le maréchal.
À son arrivée, Lewis lui avait indiquée où se trouvait les bureaux des généraux. Il ne restait plus qu'à s'en souvenir.
Ketleen déambula pendant encore un bon moment avant d'apercevoir la pancarte dorée qui indiquait "Bureaux".
La jeune fille soupira bruyamment, faisant sursauter les quelques personnes qui se trouvaient aux alentours.
D'un pas décidé, elle s'avança dans la direction indiquée par l'écriteau.
L'anglaise finit par arriver devant un long couloir où les plaques dorées se succédaient.
Elle continua jusqu'à ce qu'elle soit en face de la porte surmontée du nom "Kierowac".
Est-ce que c'était vraiment une bonne idée de déranger le maréchal pour une affaire aussi minime ?
Il fallait qu'elle enquête sur cette lettre.
Retenant sa respiration, Ketleen tapa trois coups secs contre la porte. Un "entrez" étouffé lui parvint et sans plus attendre, elle poussa le battant.
Eiden Kierowac leva les yeux sur elle quand la jeune fille pénétra dans la pièce. Ses pupilles s'éclairèrent d'une étrange lueur où se mêlaient confusion, détresse et soulagement.
— Mademoiselle Carthew, que puis-je pour vous ? susurra t-il tout en recoiffant ses mèches indisciplinées.
L'auburn refoula son malaise devant l'emploi de son nom de famille par le militaire. De ses maigres souvenirs, elle ne se rappelait pas avoir donné son patronyme.
Malgré tout, la jeune fille ravala ce sentiment, et s'adressa à l'homme en face d'elle :
— Je voudrais avoir la permission de sortir, Monsieur Kierowac. S'il vous plaît, ajouta t-elle rapidement.
— Je te l'ai déjà dit : appelle moi Eiden.
Ketleen haussa les épaules.
— Je n'y vois aucun inconvénient.
Il griffonna d'une écriture couchée quelques mots sur un papier qu'il lui tendis.
— Reviens me voir la prochaine fois que tu veux sortir des Quartiers Généraux.
— S'il y a une autre fois, marmonna l'anglaise.
— Evidemment ! Ne te gène surtout pas.
Il y avait de la détresse dans sa voix. Impossible pour Ketleen de ne pas la remarquer.
— Est-ce que je vous connais ? La jeune fille n'avait pu s'empêcher de poser la question qui lui brûlait les lèvres.
— Apparemment non . Je te l'ai déjà dit : tu m'as fait penser à quelqu'un que je connaissais bien.
— Qui ?
— Tu as une sœur ?
Ketleen haussa les sourcils face au changement de sujet. Tant pis : elle répondrait par une autre chose sans rapport.
— Bonne journée et merci.
Sans aucune phrase supplémentaire, la jeune fille tourna les talons et ferma la porte à sa suite, tenant triomphante, l'autorisation de papier.
Ketleen avait bien une sœur, mais Eiden n'avait pas besoin de le savoir.
Il fallait laisser Destany là où elle était.
Laissons les fantômes en paix.
~
— Ketleen !
Elle ne se retourna pas au son de son prénom. Elle était pressée, et faire la discussion ne faisait pas parti de ses priorités.
— Attends, s'il te plaît !
Ketleen finit par reconnaître la voix qui l'interpellait. Le nom de la personne continuait à lui échapper. Malgré tous ses efforts, Ketleen n'arrivait pas à retenir le patronyme qui continuait de lui glisser entre les doigts.
Sa curiosité l'emportant sur le reste, la jeune fille se retourna pour faire face à un jeune homme.
Il finit par arriver devant elle, un profond soulagement se peignant sur ses traits.
— Enfin !
Il reprit sa respiration, essoufflé par sa course.
— Je voulais m'excuser pour la dernière fois.
Un vague souvenir remonta à la surface. Ketleen fronça les sourcils, tentant de se remémorer plus en détails la journée d'hier.
Presque compulsivement, sa main plongea dans sa poche à la recherche du bout de papier froissé.
Quand elle sentit sous ses doigts le toucher caractéristique du papier, elle se détendit.
Aussi discrètement que possible, la jeune fille glissa un rapide regard sur chaque feuille jusqu'à trouver l'information qu'elle recherchait.
Lewis Horton.
— J'étais sous pression et mes nerfs ont lâché. Mais je n'avais aucune raison de te forcer à me parler de ta mémoire.
À la mention de cette dernière, Ketleen sursauta comme si elle s'était prise une petite décharge électrique.
— Tu avais oublié, fit Lewis quand il remarqua sa réaction.
— Partiellement, admit Ketleen.
Quelques images, quelques brides de conversation ressurgissaient dans son esprit.
— Tu aurais bien finir par t'en apercevoir, répondit d'un ton morne l'anglaise.
— Ça n'excuse en rien mon comportement. Je n'aurais jamais dû être aussi insistant.
— Mais tu l'as été, répliqua Ketleen. Lewis tressaillit. Mais c'est fait et c'est dans le passé. Va de l'avant.
Elle lui asséna une légère tape sur l'avant-bras, pour ensuite continuer son chemin vers la sortie.
— Attends ! Qu'est-ce que tu fais ?
Ketleen se retourna une énième fois vers son camarade d'infanterie.
— J'ai la permission de sortir. Je sèche l'entraînement aux armes à feu. C'est pas comme si cela allait me servir.
— Qui sait ? protesta Lewis. Tu pourrais très bien-être envoyée sur le front.
— Sur le front ?
Aussitôt, ses mains vinrent trouver le papier plié dans sa poche et le ramenèrent devant ses yeux.
— Il y a une guerre civile, déclara Ketleen après une rapide lecture. Mais un front ? Tu ne m'en as jamais parlé.
— Parce que le front bouge. L'armée du Roi n'intervient pas aux mêmes endroits : cela dépend des nécessités. Mais quand il y a un appel à l'aide, interdiction de l'ignorer.
L'anglaise hocha la tête : cela ne lui expliquait quand même pas quelle était l'importance de la leçon d'aujourd'hui.
— Le maniement des armes à feu ne me concerne toujours pas.
Lewis eut un léger soupir.
— C'est ton choix. Mais tu ne pourras pas éternellement te défiler.
Ce fut au tour de Ketleen d'avoir un petit geste désinvolte.
— Ça me réussit bien, pour l'instant.
— Pour l'instant, souligna le brun. Jusqu'à quand cela va durer ?
En guise de réponse, la jeune fille haussa les épaules. Elle ne put s'empêcher de noter l'éclair de déception qui traversa les prunelles de Lewis.
Et malgré tout ce que Ketleen put nier, cette rapide lueur dans le regard brun lui entailla la chair.
Elle haïssait ressentir cette impression de ne pas être à la hauteur.
Ça faisait longtemps que ce sentiment n'était pas revenu.
Pas depuis Destany.
___
Ce chapitre aurait pu être renommé "Quoi ?!" xDD
Après tout ce temps où je parlais de "Destany" vous savez enfin qui c'est :3
Et Cassandra ? Ça ne s'arrange pas pour elle après ces révélations–
Des petites théories pour le mot :3 ?
Ou de ce que va trouver Ketleen là-bas ?
Voilà voilà !
Si cela vous a plu, n'hésitez surtout pas à EXPLOSER cette petite étoile jaune !
Merci ☆
Bisous !
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