13 | Échéance

Hello !
Désolée si je poste tard ^^
Mais ce n'est pas tellement ma faute xD

Spydie09 et HopeSoldier m'ont un peu (beaucoup) menacé donc voici ce chapitre xD !

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Les gouttes d'eau venaient s'écraser contre la vitre dans un bruit régulier de clapotis.

Lewis se tenait devant la fenêtre brouillée par le tissu de pluie qui se déversait au dehors. Les longues traces d'eau masquaient une grande partie de la visibilité.

Mais pourtant Lewis n'y prêtait pas une grande attention, sa posture devant la fenêtre relevant plus de la mise en scène.

Comme la fois précédente, il y avait plut toute la nuit pour continuer dans la matinée du vendredi. Sans grande surprise pour le brun, les entraînements avaient été annulés et les recrues s'étaient dispersées.

Mais le soldat à la peau brune avait tenu à rester avec Ketleen dans la salle de repos, au lieu de rentrer directement sur Koelte comme il en avait l'habitude lors des fins de semaines.

— Tu aurais pu rentrer plus tôt chez toi, constata d'une voix atone la jeune fille. Pourquoi ?

Lewis fût tenté d'ignorer sa question. Mais pourtant, il répondit :

— Je n'aime pas la pluie. Je ne voulais pas rentrer sous cette averse.

C'était un demi mensonge, mais pour l'instant, la jeune soldate s'en contenterait.

Le regard mordoré de Ketleen se fixa sur la fenêtre martelée de gouttes de pluie, puis l'ancienne étudiante haussa les épaules.

Le jeune homme lui jeta un bref coup d'oeil : la rou— l'auburn était attablée devant la table, les coudes posés dessus.

Il profita de la vue de la jeune fille bien vivante sous ses yeux.

C'était la seule et unique image qu'il voulait garder d'elle. Et non celle d'un cadavre.

Un frisson descendit le long de sa colonne vertébrale, et Lewis s'obligea à détourner ses pensées. Il ne revivrait pas cette scène : il réussirait.

Il fallait y croire.

La fois précédente, songea le jeune homme, il était parti, laissant Ketleen seule dans les Quartiers Généraux.

Qui sait ce qui avait bien pu arriver ?

Qu'il possède le pouvoir de remonter dans le temps ou de prédire l'avenir, cela n'avait d'importance : seul le futur de Ketleen comptait.

S'il avait une chance, même infime de changer l'avenir, alors il ne ferait pas dans la demi-mesure.

Tout pouvait avoir un éventuel impact sur l'avenir : Lewis ne négligerait aucun facteur.

Même si cela signifiait une vigilance constante des derniers événements.

Dans quelques jours, Ketleen et lui auraient un entraînement commun avec les autres recrues. Lewis commencerait par enquêter de ce point là.

Isak possédait aussi une pièce manquante du puzzle, pensa la brun. Ce dernier n'échapperait pas à l'interrogatoire.

Le soldat brun s'apprêtait à poser une question à l'auburn, quand les portes de la salle de repos s'ouvrirent pour laisser passer une Cassandra détrempée.

— Ce temps est juste horrible pour les cheveux ! gémit la jeune femme. Est-ce que mon maquillage a coulé ?

Elle se pencha vers Ketleen, une véritable pointe d'inquiétude dans la voix.

— Non.

— Ah mon dieu, merci ! soupira théâtralement la brune.

Si Ketleen ne releva pas l'expression, Lewis, lui, nota très bien le singulier du mot "dieu".

Ainsi Cassandra était monothéiste.

C'était plutôt rare : la plupart des gens croyait en l'existence des quatre Dieux Fondateurs de Diképhios, un pour chaque élément.

Mais certains mages reconnaissaient uniquement le dieu associé à leur élément.

Ces divisions de croyances n'aidaient pas particulièrement les peuples de Diképhios à être soudés.

Lewis refusa de fonder son avis sur Cassandra uniquement après l'entente d'une expression qui pouvait très bien être une faute de langage.

C'étaient de simples suppositions.

Pourtant, Lewis les rangea dans un coin de sa tête : c'était un sujet à éclaircir.

— Tu ne rentres pas chez toi ? s'enquit le soldat brun. Sa curiosité était véridique.

— Non... Ma maison est située plutôt loin d'ici.

— Tu n'as pas des parents, intervint Ketleen, qui peuvent éventuellement venir te chercher si faire le trajet par toi-même en voiture te semble trop difficile ?

Cassandra sembla aussi surprise de cette intervention que le fût Lewis. Tous les deux connaissaient l'aversion non dissimulée de la jeune fille envers Cassandra.

Malgré les apparences, Ketleen portait tout de même de l'attention à la conversation qui se déroulait.

— Ma mère est suffisamment occupée comme ça, répondit la brune. Elle battit de ses cils pleins de mascara. Et mon père... C'est une personne importante qui ne peut pas se libérer comme ça.

— Qui est ton père ? demandèrent à l'unisson les deux recrues. Ils échangèrent un regard étonné pour Lewis et morne pour Ketleen.

Cassandra hésita avant de répondre :

— C'est un haut sénateur.

Si Ketleen ne montra aucun signe de stupéfaction, ce ne fût pas le cas de Lewis.

La jeune fille ne savait sûrement pas ce qu'était un haut sénateur.

Ketleen n'était pas une native de Diképhios : cela expliquait son manque de connaissance sur le fonctionnement de ce monde.

Un haut sénateur était le représentant de la nation de mages auquel il appartenait : air, terre, eau et feu. Les hauts sénateurs étaient au nombre de quatre, un pour chaque nation.

C'était le peuple qui choisissait son représentant, qui pourrait ainsi conseiller le Roi.

Ce système donnait une garantie aux peuples qu'ils avaient un moyen de se faire entendre auprès du Roi.

Est ce que cette méthode portait réellement ses fruits, il fallait se pencher sur l'Histoire pour y répondre.

Lewis n'était ni historien, ni politicien : ce n'était pas à lui de constater. Mais si le régime avait duré, le jeune homme supposait que c'était parce qu'il avait déjà fait ses preuves.

Finalement, le père haut gradé de la brune n'étonnait pas plus que ça Lewis : toute la panoplie de maquillages sophistiqués de Cassandra devait coûter un bras.

— Qui est ton père ?

Lewis qui n'allait pas relancer le sujet, sursauta face à l'intrusion soudaine. Alice, qu'aucun des trois soldats n'avaient remarquée, s'était faufilée derrière la jeune femme brune.

La réaction de la soldate ne se fit pas attendre : elle pivota sur ses hauts talons pour faire face au caporal.

— Je l'ai déjà dit : un haut sénateur.

La brune battit des paupières, comme si elle espérait pouvoir convaincre la jeune femme par ce geste.

— Je sais. Mais son nom ? Quel est son nom de famille ?

Cassandra fronça les sourcils, peu enchantée par le ton autoritaire de sa supérieure. Elle sembla songer à refouler cette dernière, mais finit par se raviser.

— Moore. Comme le mien, en fait.

Ses propos parurent convenir à Alice qui hocha la tête en se raclant la gorge.

— Désolée d'avoir autant insisté, sourit d'un air contrit la jeune femme. J'étais juste curieuse : n'étant pas une native, on m'a tant parlé de ces hauts sénateurs !

— Tu viens de quel pays de la Terre ? intervint soudainement Ketleen. Lewis pouvait comprendre son intérêt soudain.

— États-Unis, répondit simplement la jeune femme aux mèches noires.

— Ah.

Le jeune militaire à la peau brune eut soudainement conscience du front plissé de l'auburn et du regard suspicieux qu'elle jetait sur Alice.

Il se promit d'éclairer cette affaire. Encore une de plus.

Cassandra papillonna des cils quelques secondes avant de déclarer rapidement :

— Bon, je cherchais Miwen qui ne se sentait pas très bien ces derniers jours... Mais vu qu'elle n'est pas ici, je m'en vais poursuivre mes recherches !

Et aussi rapide qu'une bourrasque, la brune bien maquillée disparut de la salle de repos.

— Bien. Roxane m'attend pour boucler des dossiers, fit Alice. Ravie d'avoir discuté avec vous !

Elle ponctua ses paroles d'un sourire timide.

Quand Lewis fût sûr et certain que les deux jeunes femmes étaient suffisamment loin de la petite pièce, il s'adressa de nouveau à la jeune fille :

— Tu ne crois pas Alice.

C'était une affirmation. Et là où la plupart des gens auraient cherché à atténuer les faits, Ketleen n'en fit rien.

— Oui.

— Pourquoi ?

Le regard dénudé de vie de l'auburn prit un léger éclat sérieux :

— Je suis anglaise. Et je sais reconnaître les accents des gens qui parlent ma langue natale. Alice a tout sauf un accent américain.

Lewis haussa les épaules : il parlait suffisamment bien anglais pour pouvoir discuter avec les non natifs de Diképhios, pas pour porter un jugement sur l'accent des autres.

— A quoi correspond son pays, selon toi ?

— Je ne sais pas, admit Ketleen. Mais elle avait des intonations dures et sèches. Comme si elle faisait des phrases très courtes qu'elle crachait les unes après les autres.

Elle scruta le visage de l'autre soldat.

—Tu ne me crois pas.

— Qu'est-ce que tu en sais ? Je me fie à toi : l'anglais n'est pas ma langue natale.

Ketleen le détailla de haut en bas, testant sa véracité de ses prunelles mordorées. Lewis ne cilla pas : il était parfaitement sincère.

Quand la jeune fille eut terminé son examen approfondi, elle croisa les bras sur sa poitrine.

— Si tu le dis.

— Je le dis. Je peux le crier même.

L'anglaise plissa ses paupières, et Lewis sût qu'elle était en train de considérer l'option "dire oui".

Le jeune homme à la peau chocolaté vivrait sûrement un des moments les plus gênants de son existence s'il se mettait à hurler, mais il s'en remettrait.

— Non, finit par lâcher l'auburn. Tu sais quoi ? Je tiens à mes oreilles. Et que tu m'exploses les tympans ne faisait pas parti de mon planning d'aujourd'hui.

Le soulagement l'envahit. Il avait évité une potentielle humiliation sur son futur lieu de travail.

— Et que comptais-tu faire aujourd'hui ? répondit Lewis, la mine enjouée.

Il en arrivait presque à oublier la date d'échéance qui se rapprochait à grands pas.

— Aller à l'entraînement. (Ketleen donna un coup de tête équivoque en direction de la fenêtre.) Et éviter ma chambre. Pour je-ne-sais trop quelle raison, Mademoiselle la petite princesse est sur les nerfs.

Difficile de manquer le sarcasme présent dans chacun de ses mots.

Lewis passa outre la pique lancée à Miwen, qui, il y a moins d'un an, était encore sa future reine.

Il préféra se concentrer sur la nouvelle information, bien qu'elle ne le surprenait pas tellement et qu'elle semblait sans grand intérêt : même si cela concernait les sautes d'humeur de l'ancienne princesse, tout était bon à retenir.

Remarquant que Lewis n'était pas plus étonné que cela, Ketleen prit une moue sérieuse.

— Tu es au courant. Qu'est-ce qu'elle a, qui la rend si nerveuse ?

Le grand brun haussa les épaules.

— C'est connu que la princesse Miwen a des sautes d'humeur. Et qu'il vaut mieux ne pas trainer dans les parages à ces moments là.

Les yeux de la jeune fille s'écarquillèrent tandis que l'information progressait jusqu'à son cerveau.

— Et pourquoi c'est moi que l'on sacrifie avec la tarée du coin ?!

Devant le peu de tact envers l'ancienne héritière au trône dont faisait preuve Ketleen, le jeune homme ne put qu'éclater de rire.

~

Ce matin, Lewis avait très sérieusement considéré l'option "se recoucher et ne plus sortir de son lit".

Mais malheureusement, ce choix n'avait pas sa place parmi ceux dont disposait Lewis.

S'il se souvenait bien, aujourd'hui était le jour de l'entraînement commun.

Et impossible de s'y dérober : le brun s'était juré de ne pas lâcher Ketleen d'une semelle.

Même si cela signifiait revivre la scène de l'insulte.

Il aurait bien voulu éviter le point d'eau, mais après un effort cela n'était pas conseillé.

Ce n'importait pas vraiment : ce n'était pas la première fois que cela lui arrivait. Mais pourtant, le seul fait d'y penser hérissait les poils de ses avant-bras.

— Isak ! appela t-il doucement dans la pénombre de la chambre. Contrairement à la dernière fois, le jeune homme blond faisait parti des nouvelles recrues de moins d'un mois.

Seul un grognement indistinct lui répondit. Lewis se mordit la lèvre : Isak devait se lever, il n'avait pas le choix.

Il ne restait plus qu'à employer les grands moyens.

— Lève toi, bon sang !

Il n'obtint aucune réaction. Agacé, le brun se dirigea d'un pas décidé vers la forme sombre qu'était Isak.

D'un mouvement ample, le soldat se saisit de la couette et la balança en arrière.

Avec un cri à moitié étouffé, Isak se retourna sur le dos, ses prunelles brunes s'affolant dans tous les sens.

— Où... où... où... haleta t-il. Les mots peinaient à sortir de sa bouche.

— Tout va bien, assura Lewis avec toute la conviction qu'il put rassembler. Tout va bien, d'accord ?

Au son de sa voix, Isak parut reprendre peu à peu ses repères. Ses pupilles dilatées arrêtèrent de voltiger d'un point à un autre : elles se fixèrent dans celles de Lewis.

— Tout va bien, répéta encore une fois ce dernier.

Le blond baraqué prit une longue inspiration. Avant de briser leur contact visuel.

— Ça va. Merci, ajouta t-il après un temps d'hésitation.

Lewis n'osa lui demander quel était son cauchemar dont il avait eu tant de mal à le tirer.

Son instinct lui souffla à l'oreille que ce "rêve" n'était pas lié directement au massacre à venir, mais à un mal plus profond qui rongeait Isak.

Petit à petit.

Insidieusement.

Dans un sens, Lewis le comprenait.

Les insultes ne s'arrêteraient jamais.

~

— Laisse moi passer, Mage d'air !

Le jeune homme brun ferma à demi ses paupières : la confrontation qu'il redoutait tant était arrivée.

Il jeta un rapide coup d'œil autour de lui.

Ketleen avait les sourcils plissés de concentration, comme si elle essayait de lire entre les lignes de la phrase. De l'autre côté, Isak n'avait pas eu plus de réaction que cela. Pendant un instant Lewis s'en étonna, avant de décider de se reconcentrer sur son problème actuel.

Malgré tous ses efforts, Lewis sentit son sourire se fissurer, se réduisant en miettes.

Il ne pouvait plus rien faire, lorsqu'il s'agissait de recoller les morceaux.

Ce qui était cassé ne serait jamais vraiment réparé.

La jeune fille asiatique, Ruka, si la mémoire du brun était bonne, se confondit en excuses.

Cela allégea un peu le poids qui alourdissait son cœur, sans toute fois le faire disparaître entièrement.

— Ce n'est rien, j'ai l'habitude.

Il n'aurait jamais dû avoir cette habitude. L'habitude de se faire insulter dans la rue. L'habitude de croiser des yeux chargés de dégoût après la lecture de ses papiers d'identité.

Pourtant il l'avait, cette habitude.

Mais le jeune homme espérait au plus profond de lui-même que les mentalités allaient changer. Et tant pis s'il passait pour un éternel optimiste en pensant ainsi.

Il lui fallait de l'espoir pour vivre.

Comme Lewis s'y attendait, Ketleen l'interrogea ensuite sur le terme de "Mage d'air".

Le brun masqua sa surprise du mieux qu'il put, lorsqu'il vit qu'Isak suivait attentivement la conversation comme s'il découvrait quelque chose.

À la demande de Ketleen, il enchaîna sur la très fameuse histoire du Capitaine Black. De nouveau, les pupilles du blond brillait d'un intérêt non dissimulé.

Lewis aurait dû être ravi d'avoir un petit auditoire suspendu à ses lèvres.

Pourtant, l'histoire de Black était mondialement connu : aucun natif de Diképhios n'ignorait ce récit.

Il avait de sérieux doutes quant à la nationalité d'Isak. Chose sûre : ce n'était pas un Dikos.

~

En tant normal, Lewis aurait du accompagner Ketleen jusqu'à la porte des vestiaires, pour ensuite rejoindre ceux qui étaient attribués aux hommes.

Les dernières semaines que venaient de vivre le brun étaient tout sauf normales.

Cela réglait la question.

— Je te raccompagne, affirma Lewis. Son ton ne laissait la place à aucune contestation.

Mais Ketleen semblait si abrutie par l'effort sportif qu'elle venait de faire, qu'elle ne songea pas à protester.

Cela l'arrangeait.

— Je... hésita Isak. Le brun lui fit signe qu'il pouvait les accompagner si l'envie le prenait.

Le grand baraqué était sur le point de leur emboîter le pas, quand un jeune homme inconnu aux pommettes hautes l'aborda.

Il ne devait pas être totalement inconnu car Isak sembla le reconnaître. Le blond fit un signe de tête en direction de Lewis, lui indiquant d'y aller sans lui.

Le grand brun ne chercha pas plus loin et entraîna Ketleen à sa suite.

L'absence du blond donna une occasion à Lewis de poursuivre ses recherches. À tout hasard, il demanda à Ketleen :

— Tu le décrirais comment, l'accent d'Isak ?

Ketleen leva la tête vers Lewis, de la surprise se reflétant dans ses yeux mordorés.

— Depuis quand tu te soucies de ça ?

— Ça n'a pas d'importance.

L'auburn haussa les épaules.

— Je ne sais pas. Il est difficile à décrire : c'est comme de la pâte à modeler. Son accent se module– Enfin je veux dire, son accent s'adapte : un coup il est tranchant et dur, une autre fois il est mélodieux et rapide, ou alors très accentué, et même par moment fluide.

Au fur et à mesure que la jeune fille parlait, les dernières pièces manquantes finissaient par s'emboîter dans l'esprit du brun.

Ce qu'était en train d'évoquer Ketleen, rappelait un peu trop à Lewis une certaine description d'accent qu'on lui avait déjà faite.

Ses théories se confirmaient : Isak n'était pas un natif de Diképhios.

Et pour cause : il était originaire de Treikomos.

Cela expliquait le manque d'informations flagrant du blond. Et puis, les habitants de Treikomos étaient reconnus pour avoir un accent modulable qui regroupait ceux de Diképhios.

Lewis devrait avoir une sérieuse conservation avec le blond à son retour.

— Est-ce que ça t'as aidé, au moins ? l'interrogea l'auburn.

— Oui. Plus que tu ne le crois.

Ketleen le détailla de ses prunelles vides, comme si elle essayait de percer les secrets de Lewis rien qu'avec ses propres yeux.

Si la jeune anglaise lui avait demandé, le brun lui aurait tout révélé sans hésiter. Ketleen méritait de savoir, mais uniquement si elle lui faisait la demande.

Jusque là, Lewis avait porté le poids du futur seul, et il pouvait continuer ainsi pour épargner cette charge à d'autres.

Il avait confiance : tout irait bien.

Les deux soldats finirent par arriver devant la porte marquée du numéro 512. Lewis fit un rapide salut à Ketleen.

— Essaie de survivre aux sautes d'humeurs de Miwen.

— Hilarant. Tu me prends pour qui ?

À sa grande surprise, la jeune fille entra dans son jeu, un léger sourire aux lèvres.

Depuis ce qui lui avait paru une éternité, une étincelle de vie rapide mais bien présente, s'éclaira dans les yeux de Ketleen.

Il était heureux de retrouver ces pupilles un peu plus remplies de vie.

Cela lui avait manqué.

~

Lewis redescendait les marches à toute vitesse. L'ascenseur étant plein de monde, il avait choisi l'option des escaliers même si cela signifiait utiliser encore une fois ses muscles.

Tant pis, il s'en remettrait.

Alors qu'il atteignit enfin le rez-de-chaussée pour se lancer à la recherche d'Isak, quelqu'un le percuta.

Lewis était sur le point de continuer sa route, trouvant cet incident minime, quand une main lui saisit le bras.

— Où est Ketleen ?

Le ton impétueux de Cassandra lui hérissa immédiatement le poil.

— J'en sais rien. Sûrement pas dans sa chambre, en tout cas.

Lewis tenta de garder autant de contenance possible, bien qu'il avait l'impression que son mensonge était lisible sur son visage.

Il n'aurait su dire pour quelles raisons il avait décidé de dissimuler la vérité.

Son instinct, à la réflexion.

La jeune femme brune eut un bref ricanement.

— D'accord, d'accord. Quand tu la croiseras, dis lui que je veux lui parler.

Le soldat à la peau brune hocha affirmativement la tête.

Cassandra n'avait pas compté sur la mémoire désastreuse – et encore ce terme était faible – de Ketleen.

Lewis n'en tiendrait pas non plus compte. Il glisserait l'information à la jeune fille et la laisserait oublier cette dernière.

La soldate fût satisfaite de sa réponse, car elle lâcha le bras du brun avant de se mêler à la foule.

La première fois,Cassandra s'était-elle entretenue avec Ketleen ?

Il avait bien peur que oui.

Lewis continua son chemin vers les vestiaires : ils n'avaient pas tous la chance d'avoir une salle de bain personnelle ici.

Il croisa une Miwen survoltée qui quittait les douches des femmes d'un pas décidé.

— Ketleen est rentrée ? demanda t-elle abruptement.

— Normalement, répondit Lewis tout en conservant le soin d'être évasif.

Il résista à l'ancienne habitude de s'incliner devant son ancienne héritière au trône.

Les habitudes ne s'effaçaient pas aussi vite.

— Oh bordel ! jura la blonde. Lewis était toujours surpris de l'entendre prononcé un mot vulgaire : c'était normalement interdit par le protocole royal.

Miwen n'en avait cure, apparemment.

Sans plus d'échanges, l'ancienne princesse poursuivit sa route, laissant ainsi Lewis sur place.

Bon sang. Les gens étaient déréglés aujourd'hui.

Tant pis, il ferait avec.

Et Lewis se remit à la recherche du blond. Autant tenter de trouver une aiguille dans une botte de foin, cela aurait revenu au même.

Soit le brun avait de la chance, soit il devrait espérer qu'Isak ne tarde pas à rentrer dans le dortoir : il ne comptait pas planter toute la nuit à l'attendre.

Après avoir tourné dans la cour pendant une bonne demi-heure, Lewis décida que cela ne servait à rien et qu'il valait mieux qu'il rentre dans sa chambre.

Le soldat brun passa rapidement récupérer son repas à la cantine des Quartiers Généraux.

Si à midi, il y avait assez de monde pour que le self soit ouvert, ce n'était pas le cas du soir. La plupart des quelques pensionnaires en profitaient pour retrouver le calme de leur chambre ou pour prendre l'air tout en mangeant.

Aujourd'hui, Lewis était pressé : il ne voulait pas courir le risque de manquer Isak.

Il entra dans sa chambre pour constater que le blond était aux abonnés absents. Bien, que cela ne tienne : Lewis disposait de tout son temps, maintenant.

~

Ce fût seulement lorsque Isak poussa le battant, que Lewis eut conscience qu'il se tenait dans la position d'une mère prête à réprimander son enfant. Malgré tout, il conserva la pose en jetant un regard sombre sur le blond qui venait de faire son entrée.

— Je croyais que tu étais couché, Maman, grimaça Isak, un sourire narquois sur les lèvres.

— C'est drôle, mais je ne me rappelle pas avoir accouché, répondit-il sur le même ton.

Pendant un bref instant, les deux hommes se dévisagèrent en chien de faïence, ne sachant comment réagir. Puis d'un accord tacite, ils éclatèrent de rire en même temps.

Lewis finit par retrouver de son sérieux, et se souvenir du but premier de son attente.

— Tu n'es pas né sur Diképhios.

Ce n'était pas une question, et Isak le sentit bien. Toutes traces d'amusement se résorbèrent de son visage.

— Et ça pose un problème ?

Le blond confirmait bien la théorie de Lewis. Mais ce dernier ne ressentit aucune satisfaction à avoir eu raison.

— Non. Je ne peux pas dire que je suis enchanté, du moins, ajouta le brun. Mais je ne suis pas prêt à te faire la peau pour autant. Pas comme d'autres qui seraient ravis d'avoir ce prétexte pour se défouler.

Isak sembla frissonner à cette pensée.

— Pourquoi ? enchaîna Lewis. Pourquoi es-tu venu t'installer sur Diképhios ? Pourquoi n'es tu pas resté dans ton joli pays ?

Il n'avait pu cacher son dédain dans sa dernière question, et visiblement Isak le ressentit.

— Je ne représente pas le gouvernement de Treikomos, tu sais. Pas plus que les autres citoyens.

— Vous ne levez pas le petit doigt pour nous aider. Vous nous laissez crever !

Isak fit un pas en arrière vers la porte, choqué de l'accusation de Lewis.

Le brun se mordit la lèvre, regrettant presque aussitôt sa véhémence : il se mettait lui-même des bâtons dans les roues en dérivant ainsi la conversation.

— Oublie, marmonna Lewis. Pourquoi es-tu arrivé sur Diképhios ? Et comme par hasard, tu te retrouves mêlé au massacre des Quartiers Généraux ? C'est un peu gros comme coïncidence, tu ne trouves pas ?

— Treikomos n'a rien avoir avec ça, assura le blond avec aplomb. Ce sont des choses qui dépassent ton imagination.

— Alors explique moi. Quelle est réellement cette organisation dans laquelle tu t'es engagé ?

Isak hésita, considérant le poids de ses paroles futures.

— Je te le dirai si l'on survit au massacre.

Bon. Il avait une personne de plus à protéger d'une mort certaine. Une de plus, une de moins, au point où Lewis était, cela n'avait plus aucune importance.

— Promet le, énonça le grand brun. Sur ce que tu as de plus cher.

Le blond déglutit, avant de plonger son regard brun dans celui de Lewis.

— Je le jure. (Isak prit un ton mortellement sérieux.) Sur la mémoire de ma sœur.

Le soldat à la peau chocolaté hocha la tête, ne remettant pas en cause ses paroles. Il n'eut pas le cœur à lui demander ce qui était arrivé à sa sœur. Lewis ne voulait pas savoir, du moins pas tout de suite.

Sur un dernier échange de regards, Isak et le brun se séparèrent : le premier se rendit devant le placard qui contenait les vêtements, tandis que Lewis prenait la direction de son lit.

Alors qu'il se glissait sous ses couvertures, une pensée vint le déranger.

Inéluctablement la date à échéance se rapprochait, jour après jour, heure après heure.

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Alors ? Comment avez vous trouvé ce chapitre :3 ?
Quelques révélations bien plus importantes qu'il n'y parait d'ailleurs xD
(D'ailleurs, je vous conseille de prêter attention à certains petits détails... qui sait 👀 ?)

Comment vous trouvez Isak ?
Et est ce que vous pensez que Lewis va réussir :3 ?

Et ÉNORME merci à vous tous, et si ça vous a plus, n'oubliez de pas de DÉFONCER cette petite étoile jaune :3
Kisses ! (Coz I'm English xD)

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