10 | Une seconde de plus
Coucou ! Tout d'abord : CETTE HISTOIRE A ATTEINT LES 500 VUES (ça veut rien dire, je sais-) merci énormément xD
Ensuite : voilà un nouveau chapitre :3
Alors, je remercie girlfolle et Nikkunemu (flemme de vous le dédicacer, c'est galère xD) pour l'inspiration de deux personnages ^^ (promis, peut-être qu'ils souffriront moins que les autres-)
*Ahem*
~
Lewis se souvenait de la première fois qu'il avait croisé les yeux de Ketleen.
Il avait été frappé par leur jolie couleur mordoré mais encore plus par le vide qu'ils reflétaient. Ses pupilles étaient sans fond, dénudés de la moindre étincelle, du moindre signe de vie.
Comme au moment précis où la balle s'enfonça dans la cuisse de Ketleen dans un horrible bruit de chair qui s'écrasait.
Ses yeux se révulsèrent sous le choc et la douleur, perdant le peu d'éclat qu'ils avaient gagné ces derniers temps.
La jeune fille tomba à genoux et sa respiration haletante envahit le couloir.
Sa main qu'elle avait instinctivement pressé contre l'aine, se tentait de rouge. Bientôt, sa paume ne suffit plus à contenir l'hémorragie et Lewis du se contenir pour ne pas se jeter à ses côtés, dans le risque de se faire lui-même abattre.
Le jeune homme remarqua la façon du leader de contempler l'auburn agenouillée et il haïssa ce qu'il y vit.
Le chef portait le même regard sur Ketleen que celui que l'on portait sur un animal que l'on savait déjà condamné.
Il refusait cette possibilité.
L'anglaise croisa les yeux de l'autre homme et un éclair de compréhension traversa son visage : Lewis serait le prochain à mourir ici.
Vert brillant dans mordoré éteint.
Ketleen était hors d'atteinte.
La jeune fille brandit son bras en l'air, surprenant ainsi le groupe de soldats en face d'eux.
Répondant à son geste, un tremblement secoua la tête, obligeant Lewis à s'appuyer contre le mur pour se stabiliser.
Un instant plus tard, une épaisse lame de terre perfora le carrelage blanc, pour venir empaler les hommes tels des vulgaires bout de viande au bout d'une brochette.
Son ventre se contracta au bruit de la chair découpée. C'était trop. Il ferma un bref instant les paupières pour s'épargner ce spectacle.
Le son d'un corps rencontrant avec force le sol le fit rouvrir les yeux.
Devant Lewis se tenaient plusieurs stalagmites perforant le couloir dans tous les sens. Au milieu de la terre solidifiée, un amas de bras, de jambes, de torses indissociables à l’œil nu, pataugeant dans une mare de sang.
Sans plus attendre, son regard fût attiré vers gauche.
Ne craignant plus aucune représaille, le brun fonça aux côtés de Ketleen, glissant à moitié sur le carrelage détrempé de liquide rouge.
—"KETLEEN !" s'époumona t-il. Il en avait rien à foutre de signaler sa position à tous les ennemis du coin. Le plus important était l'auburn.
Lewis se jeta à terre, ne prêtant aucune attention à son pantalon qui s'imbibait de sang.
Il attrapa son poignet, cherchant un pouls qui n'existait plus.
—"Bordel Ketleen, réponds moi !" Sa voix faisait des haut et des bas. Il ne jurait jamais, d'habitude. "MERDE ! Aller ! Bouge, cligne des paupières, souffle, je sais pas, fait un truc !"
Le jeune soldat brun se pencha en avant dans l'espoir de sentir un subtil souffle d'air venant de la nouvelle recrue. Rien. Lewis secoua faiblement les épaules de cette dernière.
—"Ketleen... (Sa voix se brisa.) S'il te plaît..."
Elle ne lui répondit pas et ne lui répondrait plus jamais.
Lewis se laissa glisser au sol, sans aucun contrôle de ses muscles : rester prostré ici avec pour compagnie des cadavres lui aurait convenu, si des bruits de fusillades n'avaient retentit
Il fallait qu'il bouge sinon Ketleen serait morte en vain.
Respiration. Il ravala sa tristesse au plus profond de lui-même : ce n'était pas le moment de pleurer.
Un dernier coup d'oeil approfondi sur la blessure qui avait coûté la vie de l'anglaise, lui apprit que la balle avait très certainement touché l'artère fémorale.
Ketleen n'aurait jamais pu survivre à cette balle.
~
Lewis était revenu sur ses pas, faute de meilleur choix, puisque son unique chemin de retraite avait été bloqué par Ketleen.
Rester vivant une seconde de plus.
C'était l'unique but qu'il conservait dans sa tête : cela lui permettait de ne plus entendre ses pensées.
Il atteignit plus vite qu'il ne l'aurait imaginé la cour dévastée. Maintenant, tous les arbres étaient soit en morceaux calcinés au sol,
soit en train de flamber.
Toutes ces flammes étaient-elles uniquement l'oeuvre d'Alice ? D'ailleurs la jeune femme n'était nulle part en vue.
Un cri de rage derrière lui.
Il sursauta, son rythme de battements du cœur augmentant brutalement de quelques dizaines de pulsations.
Un poids sur son dos.
Déséquilibre.
Lewis se serait très certainement explosé la cervelle contre les pavés dissociés, s'il n'avait pas eu le réflexe de projeter ses mains en avant. Les débris de carrelage lui entaillèrent les mains. Il n'en avait cure.
Rester vivant une seconde de plus.
La personne qui s'était jetée sur son dos, voyant que Lewis était toujours bel et bien vivant, changea de stratégie : elle referma ses bras sur le cou du brun. L'oxygène ne rentrait plus dans ses poumons.
Il ouvrit grand la bouche, dans l'espoir de capter un souffle d'air, dans l'espoir que les bras qui comprimaient sa gorge le lâchent.
Pour survivre juste une seconde de plus.
Son menton était à moitié enfoncé dans la terre et dans les débris de tuile. Battant des yeux pour chasser la poussière qui commençait à se loger dans ses orbes, un discret reflet noir accapara son attention.
La crosse d'un pistolet, à demi enseveli sous des morceaux de cendres.
Lewis devait atteindre l'arme, sinon il ne survivrait pas.
Des points noirs obscurcissaient sa vision et le jeune homme battit faiblement des bras, se rapprochement centimètre par centimètre de son objectif. Son assaillant n'y prêta aucune attention, persuadé que c'était les derniers sursauts d'un mort.
Grave erreur.
La main écorchée de Lewis se referma sur la crosse, et sans laisser le temps à son adversaire de réaliser le retournement de situation, le brun tordit son bras et tira à l'aveuglette dans la supposée direction de l'ennemi.
Le soldat brun vida toutes les balles restantes dans le chargeur, jusqu'à ce qu'il sente la prise sur son cou se desserrer et une goulée d'air bienfaitrice lui traverser la gorge.
Ayant reprit son souffle, Lewis se dégagea du corps qui le surplombait. Quand il se força à examiner le corps de plus près, il constata que ses balles avaient touché l'homme à la poitrine et à la cuisse. Lewis avait été chanceux : il avait réussi à tirer sur des artères qui entraînaient une grande perte de sang.
L'idée qu'il venait de tuer quelqu'un de sang froid le percuta à la vitesse d'un TGV. Son estomac ne supporta plus la vue du sang une seconde de plus : plié en deux, le jeune homme vomit le fond de ses tripes à même le sol.
Il venait de tuer quelqu'un.
Pour rester en vie. C'était lui ou son assaillant.
Une petite voix lui souffla à l’oreille que s'il ne s'était jamais engagé dans l'armée, il n'aurait jamais eu à choisir.
Lewis étouffa sa conscience au plus profond de lui-même.
S'essuyant rapidement les mains sur son pantalon avant de se relever, le brun reprit sa course comme s'il n'avait pas manqué de se faire tuer. Comme si Ketleen n'était pas morte.
Se calmer. Rester vivant encore une seconde de plus.
Si Lewis ne pouvait atteindre la sortie par le souterrain des dortoirs, alors il prendrait la porte principale.
Le jeune homme trouverait bien une solution : si Alice ne pouvait pulvériser les stalagmites de terre, alors il tenterait avec son propre pouvoir bien que ce dernier soit plutôt faible.
Il s'agissait de trouver Alice.
Ses yeux parcoururent la scène, cherchant une chevelure noire.
Quand enfin il la repéra, ses pieds s'étaient déjà élancés dans la direction voulue.
Alice se tenait aux côtés de Noray Johnson, le psychiatre de l'armée. Lewis s'interrogea sur sa présence ici : Noray n'était pas un combattant, il n'appartenait à aucun Régiment. Du moins, c'était ce qu'il croyait.
La noiraude se craquait les phalanges tandis qu'à côté d'elle, l'homme au catogan semblait lui murmurer des paroles rassurantes.
Le soldat brun n'attendit pas une seconde de plus qu'un nouvel ennemi tente de le tuer : il s'empressa de franchir les quelques mètres qu'il lui restait pour atteindre la cachette.
—"Caporal ! haleta Lewis. Psychiatre Johnson !"
À l'entente de leurs noms, les deux têtes pivotèrent dans sa direction.
—"Soldat Horton, content de voir que vous êtes toujours vivant," le salua Noray. Alice ne montra aucun signe de reconnaissance envers le brun, qui s'en étonna.
Le catogan du psychiatre s'était défait, laissant ses cheveux retomber en cascade sur ses épaules. Des taches de suies lui couvraient quasiment la totalité de son visage.
Alice n'était pas en meilleure forme : les mèches de sa frange étaient éparpillées sur son front tandis que le reste de ses cheveux semblait former un amas de nœuds.
—"Caporal ! (Lewis était à bout de souffle. Pourtant il se força à continuer.) On va se faire massacrer si on ne sort pas d'ici au plus vite. Caporal, est ce vous pourriez défoncer les stalagmites de terres qui bloque notre passage ?"
La noiraude partit dans un rire gras.
—"Moi ? Je ne suis pas assez puissante ! (Le grand brun lui décrocha un regard incrédule : il l'avait pourtant vu allumer des allumettes sans briquet, tout à l'heure.) Noray a réussit à envoyer un signal de détresse aux troupes parties."
Le jeune homme aurait dû se sentir soulagé. Mais si le signal venait d'être envoyé, alors cela signifiait qu'il fallait attendre que les secours arrivent.
Il fallait survivre quelques heures de plus : le calvaire n'était pas encore terminé.
Noray dû capter la défaite dans ses yeux car il posa une main qui se voulait rassurante sur l'épaule du brun.
Ça ne l'apaisa pas le moins du monde.
—"On attend ici les secours, très bien : j'ai saisi, commença Lewis. Mais les autres ? Les nouvelles recrues ?
— Je suis désolé... (Alice eut un reniflement moqueur.) Mais je ne pense pas qu'ils soient encore en vie."
À l'entente de ces mots, le grand brun se glissa lourdement au sol, sonné par la nouvelle.
Il repensa à Ruka, la recrue asiatique et son petit frère qui l'avait insulté. Il repensa à la petite blonde aux tresses et l'autre garçon qui l'accompagnait.
Étaient-ils morts eux aussi ?
Le jeune homme agrippa les mèches bouclés de ses cheveux et tira dessus.
Cet enfer prendrait-il fin un jour ?
Lewis était condamné à espérer.
—"Le rapatriement des troupes est plutôt rapide, fit Noray. Ils seront là plus vite que tu ne le crois."
Le soldat à la peau chocolaté s'efforça de prendre un ton détaché.
— "Ça va. Je ne m'inquiétais pas."
Le brun aux longs cheveux le gratifia d'un regard peu crédule, lui montrant le peu de véracité qu'il accordait aux propos de Lewis.
Pourtant, il ne fit aucun commentaire.
—"Tiens donc ? (Une voix moqueuse s'éleva.) Le célèbre Caporal serait-il mort ?"
Alice se figea de la tête aux pieds tandis que les bruits de bottes contre les dalles se rapprochaient dangereusement de leur cachette.
Les pas s'arrêtèrent. La respiration de Lewis était coupée.
—"N'est-ce pas charmant tous ces cadavres... (La personne laissa sa phrase en suspense pour leur donner le temps le temps de s'imprégner de ses mots.) Morts en voulant sauver leur misérable vie ? (Un craquement leur parvint lorsqu'elle écrasa la tête d'un corps calciné, la réduisant en cendres.) Regarde tous ces cadavres brûlés vifs... Je sais que c'est ton œuvre, Alice."
Le soldat brun avait beau se concentrer de toutes ses forces, il ne parvenait pas à déterminer si leur interlocuteur était une femme ou un homme.
—"Allons allons, ma petite Alice, où te caches tu ?"
Cette voix, qu'elle soit modifiée ou non, était aussi agréable à entendre qu'un couteau crissant sur de la porcelaine.
Lewis jeta un bref coup d'oeil à la noiraude. Cette dernière pétrifiée, n'effectuait aucun mouvement, comme si cela suffirait pour que leur assaillant se lasse et s'en aille.
Son visage était hermétiquement fermé et la jeune femme murmurait à voix basse une litanie qu'elle seule pouvait comprendre.
—"Ma petite Alice ? sussura la voix. Ça ne sert à rien de te cacher : je te retrouverai toujours, où que tu sois, tu sais."
La noiraude prit une profonde inspiration avant de rouvrir les yeux. Toute trace de peur s'était effacée de son visage.
Elle se redressa totalement, bombant le torse et s'avança hors du renforcement.
Quand elle vit Alice apparaître, la personne ennemie se focalisa entièrement sur elle, oubliant ainsi les éventuels survivants.
Elle ronronna tel un félin prêt à sauter sur sa proie. Cela n'augurait rien de bon.
Pourtant la noiraude ne se départit pas de son calme apparent.
—"Je savais bien que tu finirais par te montrer, ma petite Alice. J'ai toujours eu confiance en toi, tu sais ?
— Ferme-la. (La voix rauque de la noiraude était plus dure que du béton.) Je ne te connais pas.
— Oh, tu me blesses là ma petite, gémit la personne mimant un air déçu. Dire que je me faisais une joie de te rencontrer en chair et en os.
— Je ne suis pas disponible pour le moment, répliqua Alice. Réessaye plus tard."
En guise de réponse, l'opposant de la jeune femme éclata de rire, concluant ainsi la discussion. L'instant d'après, des coups de feu retentirent et des secousses ébranlèrent la terre.
Lewis fût tenté de passer sa tête hors du petit refuge pour observer le combat, mais Noray le maintint fermement en place.
—"Arrête : elle gagne du temps. Ne gâche pas tous ses efforts. (Comme pour souligner ses propos, un nouveau tremblement fit trembler les murs.) Tu vois ? Qu'est ce que je disais ?"
Avant que Lewis puisse répondre, un éclat de rire débordant de joie résonna dans la cours.
—"Alice, Alice, je pensais que tu savais mieux viser que ça !"
La noiraude ne répondit pas à cette dernière réplique : un nouveau coup de feu retentit, seul et unique réponse.
Quand le soldat sentit la poigne du psychiatre se refermer sur son bras et le tirer en avant pour le faire avancer, il ne protesta pas.
Le brun avait la désagréable impression qu'une tornade avait balayé sa vie, la déchiquetant en petits morceaux qu'il serait obligé de recoller les uns après les autres.
C'était sûrement le cas.
Avec toute la discrétion que deux hommes de plus d'un mètre soixante-quinze avaient, ils se faufilèrent dans le dos de l'opposant tout de noir vêtu, pour atteindre la sortie.
Même si Lewis avait sa petite idée, Alice avait trouvé un moyen de pulvériser les blocs de terre qui bouchaient la sortie.
Ils faudrait qu'ils revoient ensemble sa définition de "peu puissante".
Malgré le fait qu'imprimer des dictionnaires était un luxe que Diképhios ne pouvait se permettre, le brun était sûr de la signification du mot.
Heureusement pour les deux soldats, l'adversaire d'Alice semblait captivé par cette dernière, ne la lâchant pas des yeux.
Le soldat brun tenta de se saisir de son arme pour abattre l'assaillant à distance, mais Noray le força à abaisser le canon du pistolet vers le sol.
—" Al' n'aime pas qu'on se batte à sa place, murmura le psychiatre en articulant bien chaque mot.
— Il n'est pas question de fierté, répondit Lewis sur le même ton, mais de survivre à ce massacre !"
Noray s'apprêtait à répondre quand la personne en noir esquissa un mouvement de recul pour esquiver une boule de feu d'Alice.
Il n'y avait plus de temps à perdre : l'homme au catogan poussa Lewis à travers l'entrée dégagée et se lança à sa suite.
Le grand brun aurait aimé raconter qu'il avait résisté de toute ses forces pour prêter main-forte à Alice. Qu'il avait donné du fils à retordre à Noray.
Mais cela aurait été mentir.
Vidé de toute énergie, Lewis aurait pu très bien être une poupée sans vie, le résultat aurait été le même : il s'engouffra dans la brèche, n'opposant aucune résistance.
Il n'en avait plus la force, en cet instant.
Le psychiatre ne perdit pas de temps une fois qu'ils eurent franchit la brèche : il partit au pas de course dans le couloir, entraînant Lewis dans son sillage.
A cet instant précis, rester debout était un défi pour le jeune homme.
Il enregistra à peine le fait qu'ils avaient atteints la sortie et qu'ils se trouvaient désormais sur le parvis des Quartiers Généraux.
Il remarqua à peine que les bruits de lutte avaient cessé.
Il sentit à peine la pression qu'exerçait Noray sur son bras, comme pour y trouver du réconfort.
Il était perdu dans un état second, flottant entre la réalité et l'inconscience.
Le jeune soldat ne sût combien de temps s'était écoulé avant que les renforts arrivent.
Trop tard.
Une voix autre que celle de Noray s'adressa à lui. Pendant un court instant, Lewis eut l'espoir fou qu'il s'agisse de Ketleen, venue pour le tirer de ce cauchemar.
Mais les intonations n'étaient pas les mêmes : celles de son interlocuteur étaient sèches et tranchantes.
A contre-cœur, le jeune homme ouvrit les paupières.
En face de lui, se tenait le Général du Régiment de Planification, aux côtés d'un Noray visiblement mal en point.
—" Je disais donc, soldat, reprit Orion Emstern, que s'est-il exactement passé après notre départ ?
— Ketleen, souffla faiblement Lewis avec le peu d'air dont disposaient ses poumons. Alice... (Il reprit avec plus de force.) Alice ?!
— Quoi Alice ?" intervint une version masculine de la noiraude. Esteban, comprit le brun. "Où est-elle ?"
Il était impossible de manquer la détresse dans la voix du général.
Lewis n'arriva pas à répondre correctement : les mots ne se formaient pas, ne voulant pas franchir la barrière de ses lèvres.
Cela suffit à Esteban pour comprendre ce que le jeune homme ne voulait dire. En un éclair, il dépassa les deux survivants pour s'engouffrer dans le bâtiment . Lewis fût tenté de l'avertir qu'il restait peut-être d'éventuels attaquants, mais il se ravisa au dernier moment.
Il lui semblait peu probable que leurs ennemis soient restés sur place, et même si c'était le cas, Lewis ne doutait pas que le général sache gérer la situation.
Voyant son collègue entrer dans les Quartiers Généraux, Orion fit signe à ses soldats de rester sur place, avant de passer les portes d'un pas décidé.
Sans hésiter, le Capitaine Black s'engagea à sa suite.
Ce fût ensuite Roxane qui passa devant le brun. Les deux autres généraux n'étaient nulle part en vue.
Mut par une impulsion, Lewis se remit sur ses jambes et fonça de nouveau à l'intérieur du bâtiment avant que quiconque puisse l'en empêcher.
Il avait la certitude que quelque chose d'important allait se produire. Lewis n'aurait su dire pourquoi.
Ses jambes avaient décidé de fonctionner correctement : au pas de course, le soldat à la peau brune déboula dans la cour ravagée par les flammes et par les impacts de balles.
Un hurlement inarticulé plein de douleur résonna au plus profond des os de Lewis. Ce dernier frissonna de la tête aux pieds, toutes ses pensées s'effaçant au profit de ce cri.
Il hanterait ses nuits.
Son regard fût immédiatement attiré par la scène qui se déroulait au centre de la cour. Le Capitaine Black était appuyé sur un Orion au visage renfrogné. La tignasse noire d'Esteban était agitée de soubresauts nerveux, penchée au-dessus d'un corps sans vie.
Alice.
Lewis n'était pas prêt lorsque la culpabilité le percuta aussi fort qu'un train lancé à toute vitesse sur lui. L'impact fit des dégâts.
Le soldat s'avança encore un peu pour avoir une meilleure vue sur le corps d'Alice. Mauvaise idée.
Une pique de terre avait transpercée la gorge de la noiraude, creusant un abîme dans sa peau. Au niveau de ses deux yeux, son front était orné d'un orifice sanguinolent d'où coulait un léger filet de sang.
Pour une énième fois dans la journée, Lewis faillit recracher son repas.
Au bruit de son gargouilli, le général releva brusquement la tête et la respiration du brun se bloqua dans sa gorge.
Deux pupilles bleues foncées tirant presque sur l'améthyste se fixèrent dans les siennes.
En cet instant précis, si Esteban avait sauté sur lui pour l'égorger, Lewis se serait laissé faire sans opposer de résistance.
Il le méritait : il n'avait pu sauver ni Ketleen, ni Alice.
Alors que le jeune homme s'attendait à ce que le général agenouillé dégaine son pistolet et fasse feu sur lui, sa vision commença à s'assombrir.
Lewis lutta de toutes ses forces pour empêcher un évanouissement, gardant les yeux bien ouverts et se mordant la langue jusqu'au sang.
Rien n'y fit.
Le monde devint noir.
~
—"Lewis. Lewis ! LEWIS !!"
Au son de son prénom, le jeune homme daigna ouvrir une paupière.
Et la réalité lui asséna une violente claque.
—"Ketleen !" s'exclama t-il, avant d'identifier complément son interlocuteur.
Qui n'était autre que sa mère.
—"Chut, tout va bien, murmura doucement Méloée en l'ensserrant dans ses bras. Calme-toi, tout va bien..."
Le ton de sa mère ressemblait à celui qu'on utilisait pour calmer un animal blessé.
—"C'est ton intégration dans l'armée qui te rend si nerveux ? continua sa génitrice tout en caressant ses cheveux. Elle continua sur un ton plus taquin. "Et qui est cette Ketleen ? Tu marmonnait son nom dans ton sommeil."
Restant muet, Lewis se fit la réflexion que c'était tout de même étrange que l'armée l'ait renvoyé à sa maison. Mais il balaya cette pensée d'un coup de main : il avait mieux à penser pour le moment.
—"Maman ! (Sa mère concentra son attention sur lui, surprise de son ton paniqué.) Il faut que j'aille aux Quartiers Généraux. Maintenant.
— Mais, tu n'es pas encore... protesta Méloée qui fût coupée par son fils.
— Plus tard maman, plus tard."
Sa génitrice dût enfin déceler l'urgence dans sa voix, car elle lui tendit les clés de la voiture.
—"Tu as intérêt à m'expliquer quand tu reviens," fit sa mère.
Lewis refréna du mieux qu'il put son envie de hurler qu'il venait de survivre à un massacre, dont Méloée avait dû sûrement en entendre parler.
Le jeune homme déposa un baiser sur le sommet du crâne de sa mère, avant de descendre les escaliers. Tous ses muscles protestèrent sous l'effort et Lewis s'étonna que sa mère ne soit pas plus inquiète que ça.
Il y penserait plus tard.
Le brun prit rapidement place au volant de sa voiture après avoir claudiqué dans toute la maison.
Il démarra sans attendre et fonça en direction des Quartiers Généraux avec une vitesse largement supérieure à la réglementation imposée.
~
Lewis arriva comme un fou furieux à l'endroit où il s'était tenu quelques heures plus tôt, plein de blessures et de bleus.
Il poussa les portes et il dépassa le bureau de la secrétaire, Manon, s'il ne se trompait pas.
—"Hé ! Lewis ! l'apostropha la standardiste. Qu'est ce que tu fais ici ?"
L'interpellé jura mentalement : est ce que Manon était idiote au point d'ignorer tout des événements d'hier ?
—"A ton avis ? répondit sèchement le brun. Tu n'es pas au courant pour hier ?"
La jeune femme sembla fouiller au plus profond de sa mémoire, avant de répondre d'une voix peu vive.
—"Il s'est rien passé... Si ?"
Ce fût trop pour le jeune homme qui décida d'ignorer Manon au lieu d'attraper sa tête et de la fracasser contre son bureau.
D'accord, ce n'était pas une lumière, mais comment elle pouvait ne pas être au courant d'une attaque pareille ?
Lewis secoua la tête, espérant chasser ses pensées inutilement sanglantes.
Le jeune soldat avait presque atteint la cour quand une voix trop enjouée l'interpella pour la deuxième fois de la journée.
Il allait vraiment commettre un—
Lewis stoppa sa pensée avant qu'elle arrive au bout de sa formation. Il ne s'abaisserait pas à penser ça.
—"Soldat Horton ! (Ledit soldat se tourna pour apercevoir le Général Black.) On vous réquisitionne en salle d'accueil. Maintenant."
Lewis écarquilla ses yeux verts, son esprit s'affolant dans sa boîte crânienne. Le brun avait déjà vécu cette situation, il en avait la profonde certitude.
Un mauvais pressentiment accroché à sa gorge, il prit tout de même la direction indiquée par son supérieur. Un frisson descendit le long de sa colonne vertébrale tandis que de la chair de poule apparaissait sur ses bras.
Lewis n'allait pas aimer la suite.
Lorsqu'il arriva aux alentours du couloirs qu'il avait emprunté un mois auparavant, son malaise atteignait des sommets inimaginables. Le soldat brun déglutit, sa pomme d'Adam montant et descendant.
Le jeune homme à la peau chocolaté appuya sur la poignée, prêt à l'ouvrir. Mais cette dernière pivotanta avant qu'il ait eu le temps d'exercer d'une quelconque pression.
Et Lewis plongea dans les orbes mordorés les plus vides qu'il connaissait.
Ketleen.
—"Quoi ? Est ce que j'ai l'air de m'en soucier ?"
~
Alors ? Qu'en avez-vous pensé ? (Je ne suis pas sadique ;-;)
Une petite théorie sur les évènements :3 ? (J'ai bien conscience que tout ça n'est pas clair ^^')
Et sinon, que pensez vous des personnages pour l'instant ?
Voilà ! Un grand merci à vous de continuer à lire mon histoire ^^
Et n'oubliez pas d'EXPLOSER cette petite étoile jaune (un peu d'imagination voyons xD)
Bisous !
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