09 | Détonation
Coucou ! Me voici pour un nouveau chapitre xD (et il n'est pas encore 18h 👀)
Étant donné qu'on ne peut dédicacer ses chapitres qu'à une seule personne (tristesse T^T) Nikkunemu pour le personnage de Esteban (j'ai été gentille avec lui, pour l'instant-)
Merci de prendre le temps de s'arrêter sur cette histoire et de la lire !
(Petite note : J'ai changé la couverture, et je comptais aussi changer le titre en "No Escape from Reality" pas beaucoup de changement vous me direz mais bon xD
Dites moi ce que vous en pensez ^^)
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Leur mère les avait mitraillées de photos. C'était un grand jour, disait-elle. Leur premier jour de cours dans leur Secondary School.
Destany s'était prise au jeu posant et souriant devant la caméra.
Elle avait eu plus de mal. Son sourire n'était pas naturel, trop crispé et déformé.
Elle n'aimait pas son sourire. Pas comme celui de sa sœur, Destany, qui était grand et éblouissant.
—"Mais non ! Aie confiance en toi ! s'était exclamée sa sœur. Ton sourire est parfait ! Je taperais la personne qui dira le contraire, promis !"
Elle l'avait cru.
Sa mère les avait regardés tendrement et toutes les trois ensemble, elles avaient fait une jolie photo.
Quoiqu'il arrive, Destany serait là pour la protéger, pensait-elle en regardant le cliché. C'était elle l'aîné, après tout.
Destany tiendrait ses promesses. Elle les tenait toujours.
Elle avait confiance en sa sœur : jamais Destany ne lui mentirait.
Jamais.
~
Une routine s'était installée. Chaque matin, Lewis venait trouver Ketleen à la porte de sa chambre pour ensuite l'accompagner vers le stand de tir ou un autre lieu du bâtiment dédié aux exercices d'entraînement.
Généralement, l'auburn demandait des détails au jeune homme, et souvent son prénom. Lewis n'avait jamais cherché plus loin quant-à sa terrible mémoire.
Il se contentait de répéter les choses, tout en conservant son éternel sourire.
Ketleen lui en était reconnaissante.
Alors que la jeune fille relisait une dernière fois sa liasse de papier toute cornée, elle remarqua une annotation dans le coin de la page :
"Proposition de Cassandra refusée. Dire encore non."
Étonnée, elle fixa les mots pendant quelques secondes avant de décréter que ce n'était pas important : quelle que soit cette proposition, la brune n'était pas venue la renouveler.
Avant qu'elle puisse s'attarder sur la nature du marché que la soldate brune voulait passer avec elle, quelques coups furent frappés contre la porte.
Lorsque l'anglaise ouvrit, un grand brun se tenait dans l'embrasure, un grand sourire aux lèvres.
Ketleen creusa dans sa mémoire, tentant de retrouver le prénom de son interlocuteur. Cela commençait par un L, l'auburn en était sûre.
—"Lewis, fit immédiatement le jeune homme en face d'elle, anticipant sa question. On fait un entraînement commun avec les autres recrues aujourd'hui."
Rencontrer de nouvelles personnes signifiait retenir de nouveaux noms supplémentaires. Bien que Ketleen était persuadée d'avoir croisée un ou deux nouveaux mais leur nom et visage s'étaient effacés de sa mémoire.
Réticente à faire connaissance avec plein de nouvelles têtes, l'auburn suivit tout de même Lewis dans le dédale de couloirs et d'ascenseurs.
Elle inspira et expira profondément, obligeant les battements de son cœur à garder leur rythme de pulsations habituel.
Malgré le fait que ses articulations grinçaient et protestaient à chaque pas, Ketleen parvint à atteindre le bâtiment réservé aux entraînements.
Marcher était douloureux.
Un homme d'environ la taille de Lewis et à la peau burinée vint les accueillir. Ses yeux verts étaient rieurs, avec à leur coin quelques petites rides. L'auburn lui donnait une quarantaine d'années, mais son instinct lui soufflait qu'ici sur Diképhios, atteindre quarante ans était rare.
Il les conduisit dans le gymnase que Ketleen commençait à bien connaître.
D'autres personnes attendaient déjà : une petite blonde avec deux tresses lui encadrant le visage accompagnée d'un garçon aux cheveux rabattus en une mèche. Non loin de là, se trouvaient deux personnes –une fille et un garçon– typés asiatique.
Ketleen ne prit pas la peine de fouiller dans sa mémoire pour en faire ressurgir les prénoms de ses camarades : ce serait peine perdue de toute manière. Jamais son cerveau aurait pu enregistrer autant de chose en si peu de temps.
Le militaire en face d'eux qui arborait plusieurs médailles, caressa sa barbe noire avant de s'adresser aux jeunes soldats :
—"Bien ! Pour ceux qui ne me connaissent pas de réputation, je suis le Général Black, aussi connu sous le nom de Capitaine Black ! (Il cligna de l'oeil, un sourire charmeur sur les lèvres.) Je dirige le Régiment d'Attaque et c'est aussi moi qui suis chargé de l'entraînement des petits nouveaux."
Le militaire sourit encore une fois, découvrant des dents si blanches qu'elles aveuglèrent la jeune anglaise pendant un court moment.
Il poursuivit :
—"Évidement, la tendre Alice m'accompagnera aujourd'hui, dans cette séance (L'homme fit un pas sur le côté, révélant la noiraude qui jusque-là était cachée dans son ombre.)
—Courage à vous !" s'exclama la caporal, au sourire plein de douceur aux lèvres.
Étrangement, Ketleen ne se sentit pas du tout rassurée.
—"Très bien... (Une pause.) Alors maintenant faites moi 30 tours de terrain !"
L'auburn ne put s'empêcher de penser que c'était une vaste blague orchestrée par le destin. Venait-elle vraiment de mourir et ainsi échapper à tous les cours de sports, pour que sur Diképhios, on la fasse courir ?
Apparemment c'était le cas.
~
Un feu avait pris dans ses poumons. Chaque respiration était plus dure que la précédente. Sa gorge était asséchée, demandant désespérément de l'eau.
Une douleur envahissante au point qu'elle éclipsait tout le reste, lui transperçait le flanc.
Lewis, en bon gentleman, était resté à sa hauteur, lui annonçant le nombre de tours qu'il restait à effectuer.
Quand ils eurent enfin terminé leur trente tours imposés, Ketleen n'avait qu'une seule envie : retrouver son lit et ne plus en sortir pour les dix prochaines années.
—"Vous avez cinq minutes de pause avant de recommencer !" s'exclama le Général Black, avec beaucoup trop entrain au goût de l'anglaise.
Le soldat à la peau chocolaté entraîna la jeune fille vers des robinets qui se trouvaient derrière le gymnase.
Les quatre autres recrues avaient eu la même idée qu'eux : ils se retrouvèrent face à face devant les deux robinets.
—"Laisse moi passer, Mage d'air ! cracha l'adolescent asiatique. Dans sa bouche, ce qualificatif sonnait comme une insulte.
Lewis fit un pas de recul, sous le choc. La disparition de son éternel sourire confirma les craintes de l'anglaise : le soldat brun venait de se faire insulter.
Avant que l'étudiante puisse répondre d'une remarque bien sarcastique, la jeune fille aux côtés du garçon asiatique lui asséna un puissant coup de coude.
L'adolescent jeta un regard haineux sur cette dernière.
—"Sérieusement Ruka ?! s'écria t-il, Qu'est ce que j'ai fait encore ? Oh, tu m'en veux toujours pour ce matin–"
Un deuxième coup vint faire taire le jeune soldat, bien que cette fois-ci, il fût envoyé sur le haut de son crâne.
—"Je te pensais intelligent. Apparemment je m'étais trompée. Tu le sais très bien. (Voyant que l'adolescent était sur le point de protester, elle le coupa avant que la première phrase ait pu se former :) On en reparlera plus tard."
Elle se tourna vers Lewis.
—"Je m'excuse au nom de mon petit frère. Ce n'est pas une insulte facile à entendre. (Son regard posé sur son frère se durcit.) Et il le sait. Mais ce n'est pas un de ces bons jours..."
Le jeune homme brun resta silencieux pendant quelques instants, comme s'il considérait l'option de refuser les excuses de Ruka.
Finalement Lewis prit la parole :
—"Ce n'est rien. J'ai l'habitude."
~
—"Pourquoi ?
— Pourquoi quoi ?" répondit le grand brun.
Après s'être hydraté, les nouvelles recrues avaient reprit les tours de terrain. Sauf que cette fois-ci, le Général Black avait trouvé l'excellente idée de leur rajouter des poids à porter pendant la course.
"On commence petit," avait lancé l'homme au visage buriné. Résultat : l'auburn s'était retrouvée avec dix kilos supplémentaires. Il faudrait revoir la définition de 'petit' du Général.
Ketleen avait failli décéder une deuxième fois.
—"Pourquoi 'Mage d'air' est une insulte ?" précisa l'anglaise tout en marchant dans le couloir aux côtés de Lewis.
Ce dernier prit le temps de réfléchir avant de lui répondre.
—"Est ce que tu te rappelles des conditions pour activer ta magie ? demanda le brun.
— Non, mais je suis sûre que tu vas me le redire dans quelques secondes."
À ces paroles, Lewis eut un sourire microscopique.
—"En effet. La condition la plus importante est d'être en contact avec ton élément. (Il déglutit.) C'est pour ça que certains sont plus faciles que d'autres à manipuler. Dans l'ordre de facilité, cela donne : air, terre, eau et feu.
— Tu possèdes l'air, si mes souvenirs sont bons.
— Oui. (Sa voix avait pune tonalité grave.) Le plus simple à maîtriser donc. C'est suffisant pour déclencher la haine des envieux, qui sont surtout des mages d'eau ou de feu peu compétents."
Ketleen ouvrit de grands yeux, incrédule :
—"Pardon mais c'est quoi ce prétexte de merde ?"
Le mage eut un bref rire amer.
—"C'est aussi l'une des raison principales de la guerre civile.
—Quoi ?
— La jalousie. L'envie.
—Si tu le dis. Mais une guerre civile ? (Un mal de crâne commençait à se pointer.)
—Tu n'étais pas au courant ? s'étonna Lewis. Il eut rapidement sa réponse en voyant la moue que tirait l'auburn. Cela fait plus d'une dizaine d'années que les quatre nations de mages s'entre-tuent."
Ketleen refusa de se sentir concernée par le sort de Diképhios. Ce monde, tout comme la Terre avait ses propres problèmes, ses propres guerres.
C'était la triste réalité de la vie.
—"Peut-être, commença Lewis.
— Non, coupa l'auburn refusant d'entendre la phrase en entier. Quoique tu dises, je refuse.
— Tu pourrais changer la donne : pas forcément en utilisant tes pouvoirs, mais juste en faisant pression sur les nations... (Ses orbes s'illuminèrent.) Tu pourrais même faire pencher la balance en faveur de Dikephios ! Treikomos serait alors obligé de s'incliner !"
(L'auburn ne put que se sentir assommée par tous ces noms. Au fur et à mesure qu'il parlait, Lewis semblait réaliser l'importance de ses propos : une étrange lueur s'allumait dans ses yeux.)
—"Tu pourrais sauver Dikephios ! conclut le brun, un sourire béat et triomphant sur son visage.
— Non. (Lewis écarquilla les yeux.) Je ne suis pas une héroïne. Je ne suis pas la sauveuse que vous attendez tous ou je ne sais trop quoi. (Elle se pencha en avant.) Dans un an, je serais morte et enterrée. Et puis Lewis, ce monde a ses propres problèmes comme un autre. Alors dis moi pourquoi, devrais-je aider Diképhios et pas la Terre qui m'a vue grandir ?
Le soldat à la peau brune ne répondit pas, prenant le temps de réfléchir à ses prochaines paroles.
—"Ça serait l'occasion de changer la donne– Tu n'as pas pu sauver ton monde alors pourquoi pas donner une chance à celui-là ?
— Ecoute moi bien, Lewis. (Elle articula bien, s'arrêtant sur chaque mot.) Ce n'est pas que j'ai peur de ne pas être à la hauteur. Ce n'est pas que je crains de ne pas être assez puissante. Ce n'est pas que je ne crois pas en mes capacités. C'est juste que j'en ai rien à faire de Diképhios.
Instinctivement, le jeune homme brun eut un mouvement de recul qu'il ne put supresser. Le silence tomba entre eux, plus lourd que du plomb.
La jeune fille s'humidifia les lèvres, avant d'enchaîner sur un sujet plus léger pour briser ce malaise qui s'était installé entre eux.
—"Pourquoi se fait-il appeler Capitaine ? demanda l'auburn.
— Le Général Black ?
— Oui."
Cette fois-ci, Lewis ne retint pas son éclat de rire qui résonna dans les couloirs vides de monde.
—"J'oublie toujours que tu n'es pas une native de Diképhios. L'histoire du général est très connue, tu sais. Le Capitaine Black et le Navy ! (Ses yeux s'étaient remplis d'étincelles, les faisant briller à la lumière du jour.)
—"Navy ? s'enquit l'auburn, ce mot ne lui évoquait rien sinon la Marine de guerre des États-unis.
— Oui. Pendant des années, le Capitaine Black sillonnait les mers à bord de son navire, le Navy. On dit même qu'il a navigué sur les eaux des autres mondes. (Le soldat marqua une pause pour reprendre sa respiration.)
Black était un célèbre contrebandier, transportant tout type de marchandises. Même des personnes vivantes. Alors pendant des années, le Roi a cherché le capturer pour qu'il reçoive le châtiment approprié : la mort par pendaison.
— Laisse moi deviner : ils ne l'ont jamais attrapé.
— Le Navy est toujours sorti victorieux de ses batailles : il n'a jamais cédé à la flotte maritime Roi. Certain disait même que le navire était construit de bois béni par les Dieux Fondateurs...
Mais un jour, on dit qu'ils ont réussi à retenir Black sur la terre ferme, et tout le monde a pensé que sa fin était proche. (Lewis sonda son regard, essayant sûrement de trouver des marques d'intérêt. L'auburn s'inclina légèrement, comme si elle était suspendue aux lèvres du brun.)
Personne ne sait vraiment le fin mot de l'histoire, mais après un long entretien avec le roi, ce dernier a décidé de libérer Black à l'unique condition qu'il s'engage dans l'armée."
Ketleen s'autorisa quelques secondes pour méditer sur ses propos de Lewis, avant de répondre.
—"Aucun soldat ne lui a jamais demandé sa véritable histoire ? Et pas je-ne-sais quel ragot et légende à dormir debout ?
— Personne n'a osé. C'est un des cinq généraux : si l'envie le prenait, il pourrait te virer d'un simple claquement de doigts."
Ketleen haussa les épaules : rester dans les Quartiers Généraux ou non lui importait peu.
—"Je m'en fiche : je lui poserais la question la prochaine fois que je le croise."
Le regard vert de Lewis avait pris un étrange reflet, quand elle croisa ses yeux. L'anglaise décida de ne pas s'étendre sur la question.
Comme à leur habitude, le jeune soldat brun la raccompagna jusqu'à la porte de sa chambre avant de lui adresser un signe de main en guise d'au revoir.
La jeune fille lui fit un bref geste de la main en guise de réponse.
Par le judas de la chambre, l'auburn observa Lewis tourner les talons et remonter le couloir en sens inverse.
Demain, elle oublierait de nouveau son nom.
Encore.
~
Une sonnerie criarde à faire grincer des dents et donner la chair de poule, tira Ketleen de son précieux sommeil.
L'auburn balança sa main dans le vide, dans l'espoir de réussir à toucher son réveil à l'aveuglette.
Malheureusement pour ses oreilles –et heureusement pour le réveil– son poing ne rencontra que du vide.
Maudissant de tous les noms cet objet de malheur, la jeune fille se retourna sur le côté, et au prix d'un incommensurable effort, ouvrit les paupières.
Il n'y avait aucun réveil au chevet de son lit.
Prenant conscience que la sonnerie ne provenait pas de son côté mais d'un haut parleur que Ketleen n'avait jamais remarqué, cette dernière fit sa plus belle grimace avant de reposer sa tête sur son oreiller.
Miwen, les cheveux partant dans tous les sens, fit irruption pour secouer brutalement l'anglaise, terminant ainsi de la réveiller.
— "Dépêche toi. Si cette alarme résonne, cela ne signifie qu'une chose : un événement important a lieu.
— Quoi ? (La jeune étudiante avait la bouche pâteuse. Son cerveau peinait à enregistrer les informations.) Comment je suis censée savoir ça ? Il n'aurait pas mieux valu de me prévenir avant qu'une chose grave arrive ?
— Tu le sais maintenant."
La jeune anglaise roula des yeux. C'était un peu trop tard.
Décidant qu'elle prenait du temps, l'ancienne princesse empoigna son bras et le tira vers elle. Entraînée, Ketleen chuta de son lit pour heurter le sol dans un vacarme assourdissant.
Ses membres, déjà douloureux de la séance de sport d'hier, protestèrent avec force contre ce traitement. Un gémissement à peine audible franchit les lèvres de l'anglaise.
—"Revêt ta tenue militaire : nous descendons dans la cour."
Accompagnant ses paroles de gestes, Miwen lança un pantalon et un T-shirt kaki dans la direction de l'auburn.
La jeune femme s'éloigna de quelques pas, pour donner un semblant d'intimité à Ketleen. Quand cette dernière eut terminé ses rapides préparatifs, Miwen finit par ajouter :
—"N'oublie pas ta veste. Il est quatre heures du matin : il va faire froid."
La jeune anglaise failli s'étouffer en plein bâillement. Cela avait intérêt à être très important pour la réveiller à une heure pareille !
Les deux soldates sortirent de la chambre 512 et traversèrent le couloir à toute allure pour atteindre les ascenseurs.
Évidement, les deux jeunes femmes n'étaient pas les seules habitantes de l'étage : bientôt d'autres personnes habillées aussi en treillis militaire, vinrent de joindre à elles.
Un jeune homme, les pommettes hautes et les joues creusées lui donna un coup d'épaule tout en réarangeant ses mèches châtain clair.
Un autre finit par pousser l'anglaise totalement dans la cabine, la séparant de Miwen par la même occasion.
Le dos de l'auburn se frappa contre la barre du fond de l'ascenseur, lui arrachant une grimace de douleur.
Le bout de métal lui rentrait dans la colonne vertébrale sans qu'elle puisse rien y faire. Les gens autour de Ketleen étaient trop nombreux, l'asphyxiant par leur simple présence.
Elle n'arrivait plus à respirer.
Alors que la jeune fille considérait l'option de frapper toutes les personnes sur son chemin pour enfin atteindre les boutons de contrôle, une pression fût exercée sur le creux de son bras.
—"Ketleen !"
Cette voix ne lui était pas inconnue. Abandonnant pour l'instant ses plans de fuites, la jeune étudiante fit volte-face.
Elle se retrouva nez à nez avec un immense jeune homme à la peau chocolaté et aux orbes verts brillants.
Ketleen le connaissait déjà, elle en était sûre.
—"Ton nom commence par un L, affirma l'auburn avec toute l'assurance dont elle disposait. Heureusement, le soldat ne la contredit pas.
— Oui, je suis Lewis. Avec un peu de chance, tu finira par retenir mon prénom complet avant la fin de l'année, plaisanta ce dernier.
— Je n'en serais pas si sûr, si j'étais toi," répondit la jeune fille.
Le soldat en face d'elle sourit, les yeux pétillants de malice, et Ketleen réussit à prendre une inspiration plus facilement que la précédente.
Lewis sembla sur le point de répliquer mais les portes s'ouvrirent à ce moment là, le coupant dans sa démarche.
De nouveau, la jeune anglaise fut ballottée comme de la paille par ce flot de personnes voulant atteindre le même but : la sortie.
Avec toute sa force possible, Ketleen réussit s'écarter de la marée humaine, bientôt rejoint par Lewis.
Sans échanger un seul mot, les deux soldats se mirent à marcher côte à côte, suivant de loin le flot de personnes.
Ils débouchèrent dans la cour des Quartiers Généraux, éclairé par la lune qui se découpait claire et nette dans le ciel noir. Au centre, entourés d'autres militaires, se trouvaient cinq personnes.
Les cinq généraux, comprit Ketleen.
L'auburn s'apprête à interroger son compagnon de marche sur l'identité des militaires, mais ce dernier la devança. Il pointa discrètement du doigt l'homme au visage buriné et à la barbe noire.
—"C'est le Général Black, dirigeant du Régiment d'Attaque. Je t'en ai parlé la dernière fois. (Il désigna une femme à la peau noire et au visage arrondie.) Générale Lilie Chusho, dirigeante du Régiment de Garde. (Le jeune homme passa au militaire à la frange qui encadrait son visage allongé.) Général Esteban McKlane, dirigeant du Régiment de Renseignements. Tu l'as déjà croisé.
— Sa tête me disait quelque chose."
Lewis poursuivit tout en montrant une jeune femme aux boucles blondes :
—"Générale Roxane Miller, dirigeante du Régiment des Services Externes. C'est elle qui t'a accueilli. (En effet : Ketleen se souvenait encore de son visage. Le brun lui indiqua le dernier général, un homme au visage dur semblant constamment froncer les sourcils.) Général Orion Emstern, dirigeant du Régiment de Planification."
La voix de Lewis avait pris une intonation respectueuse en prononçant son nom. La jeune fille décida de ne pas chercher plus loin et pour cause : le Général Black venait de prendre la parole :
—"Les terres de l'air sont en danger, et Koelte, la capitale encerclée de toute part, nous envoie des signaux de détresse. (Le grand brun tenta de masquer son hoquet de surprise mais l'auburn le remarqua tout de même.) Alors en tant qu'armée neutre, nous leur devons assistance pour éviter un massacre de civils inutile."
Un murmure d'approbation se répandit entre les rangs de soldats.
—"Le Régiment d'Attaque, suivi de celui de Garde, vont de rendre sur les lieux. (Des éclats de rire fusèrent à la mention du Régiment de Garde. Lilie Chusho serra la mâchoire et ferma ses poings.) Les nouvelles recrues de moins de trois mois et qui n'ont pas eu le temps de recevoir la formation militaire restent ici."
Ketleen haussa un sourcil, surprise : elle ne mourrait pas aujourd'hui. Pas encore.
Roxane prit la parole :
—"Une partie du Régiment des Services Externes qui sera commandé par le Caporal McKlane, reste sur place pour superviser les soldats.
— Le Régiment de Renseignements viendra en renforts et n'agira que si la situation ne tourne mal," expliqua Esteban. Même dans cette situation, son visage était impassible, ne trahissant aucune trace d'inquiétude.
Sur ces derniers mots, le brouhaha reprit de plus bel et les soldats commencèrent à se disperser pour effectuer leur tâche assignée.
Une main s'empara de son coude, et Ketleen se retourna sans attendre, prête à en découdre.
Une Cassandra, les cheveux éparpillés dans tous les sens et les pupilles dilatées lui faisait face. Mais ce ne fût pas la vue de la brune sans aucun artifice qui surpris le plus l'anglaise.
Ce fût la longue cicatrice qui partait de sa pommette droite pour atterrir vers le milieu de son menton, coupant ainsi le coin de sa bouche. La chair était refermée et déjà cicatrisée : cette blessure n'était pas récente.
Cassandra perçut le regard de Ketleen qui s'attardait sur sa joue. Comme si le bras de l'auburn était devenu incandescent, elle lâcha précipitamment ce dernier avant de se mêler à la foule.
L'anglaise n'avait pu s'empêcher de noter les yeux exorbités de la jeune femme.
Elle s'apprêtait à se lancer dans la tâche difficile qu'était retrouver Cassandra au milieu de cette foule, quand l'auburn fût tirée dans une autre direction.
Cela commençait à bien faire : Ketleen n'était pas une vulgaire marionnette qu'on pouvait se permettre de manipuler !
Le visage inquiet de Lewis apparut dans son champ de vision tandis que ce dernier finissait de la traîner à l'écart de l'agitation.
—"Est ce que ça va ? interrogea ce dernier, une réelle inquiétude pointant dans sa voix.
— Bien, répondit Ketleen. Mais ça irait beaucoup mieux si je n'avais pas passé cette journée à me faire trimballer dans tous les sens. (Elle ajouta après une pause :) Ah, et aussi : ça irait bien mieux si on ne venait pas de me réveiller pour m'annoncer une bataille qui ne me concerne même pas."
Le jeune homme eut un sourire contrit tout en haussant les épaules :
—"Je suppose qu'il y a de meilleurs jours."
~
Ketleen était avachie sur sa chaise, la tête posée entre les coudes dans le vain espoir de re-gagner ses heures de sommeil.
Cela faisait environ une heure et demie que les troupes étaient parties, et bien vite, Lewis et Ketleen avaient décidé d'envahir la salle de repos.
Inutile de dire qu'ils avaient été rejoints par la plupart des soldats.
Inutile également de préciser que Ketleen avait négocier pour quitter cet endroit bondé.
Alors, les deux soldats s'étaient assis sur les bancs dans les vestiaires du bâtiment des entraînements.
L'auburn était sur le point de s'endormir quand le premier tremblement résonna. Lewis et elle échangèrent un regard perplexe, et finalement ils décidèrent de ne pas y prêter d'importance.
Cette décision dura jusqu'à l'entente du troisième coup.
—"Il faut aller voir, déclara soudainement le grand brun. Les autres recrues sont toujours dans la salle de repos, en plus de celle qui patrouillent à l'extérieur.
— Et alors ? Ils savent se défendre, non ?
— Mais tu ne veux pas savoir ce qui se passe ? Ce qui provoque ces bruits ? insista Lewis.
— Pas vraiment, non."
Le jeune soldat médita ses paroles quelques temps pour enfin déclarer :
—"Contrairement à toi, je suis curieux. Mais hors de question de te laisser ici pour que tu te perdes ensuite : tu viens avec moi ! C'est non négociable."
Ainsi, Ketleen se trouva à demi réveillée dans les couloirs, s'appuyant sur le bras de Lewis pour avoir une trajectoire de marche plus droite.
Des hurlements parvinrent aux oreilles de l'anglaise, lui vrillant les tympans par la même occasion. Une sonnette d'alarme se déclencha dans son esprit : quelque chose ne tournait pas rond.
Les deux soldats pénétrèrent dans la cour des bâtiments. Sous leurs regards ébahis, une scène surréaliste se déroulait.
Des immenses stalagmites perçaient le sol et certains murs des bâtiments, dans une image apocalyptique. Les arbres avaient pris feu par endroit, de ça et là.
Hurlements d'agonie à sa droite. Volte-face.
Un homme tout en noir se jeta sur un soldat en treillis.
Stalagmites qui transpercent ce dernier.
Quelque chose de chaud atterri sur ses mains : Ketleen n'eut pas besoin de vérifier pour savoir que c'était du sang.
Mordre sa lèvre jusqu'au sang pour ne pas crier. Surtout ne pas crier.
Le corps mollasque du soldat tué s'était arqué, pendant dans le vide.
L'homme en noir releva la tête, et l'auburn put dire avec certitude qu'il la fixait à travers son masque.
Une lueur malsaine s'éclaira dans ses pupilles et, la seconde suivante, il bondit.
Cri de panique de Lewis à sa gauche. Ketleen tenta vainement d'appeler sa magie à elle.
Détonation.
Postillons de sang.
L'homme ennemi s'effondra au sol, un trou béant entre les deux yeux.
Alice, un pistolet semi-automatique encore fumant à la main, les dépassa sans leur accorder le moindre regard.
De sa main gauche, elle envoya un bâtonnet en l'air. Dès qu'il eut quitté sa paume, il s'embrasa. Satisfaite du résultat, la noiraude envoya le missile de feu parmi leurs opposants.
Explosion de lumière et de feu.
—"Qu'est ce que vous faites encore ici ?! (Alice se racla la gorge.) Koelte n'a pas été attaquée : c'était une diversion."
Et la noiraude disparut dans la mêlée sur ces derniers mots. Lewis relâcha une longue expiration qu'il retenait bloqué dans ses poumons. Sa mère ne craignait rien.
Les deux nouvelles recrues observèrent Alice foncer dans le tas, ses yeux parcourant la cour comme si elle était à la recherche de quelqu'un.
Un jeune homme blond aux larges épaules qui lui donnaient la carrure d'une armoire prête à en découdre, se trouvait sur son chemin.
Pendant une seconde, ils retinrent leur respiration : Alice était un insecte insignifiant face à ce colosse.
Alors que ce dernier semblait hésiter, ce ne fût pas le cas de la noiraude.
Cette dernière sortit une énième allumette de sa poche. (Ketleen ne put s'empêcher de se demander combien de bâtonnets de bois se trimballait Alice en temps normal.) Aussitôt, le bout de bois prit feu dans sa paume, pour ensuite devenir une véritable boule de feu.
Elle la lança en l'air tandis que les yeux de son opposant se fixaient dessus.
Sans attendre plus longtemps, la jeune femme sortit un pistolet de sa main droite. L'homme blond ne le vit que trop tard.
Détonation.
Le soldat ennemi s'affaissa lourdement au sol, un trou béant entre ses deux yeux.
Alice passa par dessus le corps et continua son chemin comme si elle ne venait pas de tuer un homme de sang froid.
Ketleen ressentit le besoin urgent de vomir le peu qu'il lui restait dans son estomac.
Heureusement, Lewis ne fût pas de cet avis et la tira en arrière tandis qu'une balle perdue venait s'encastrer dans le mur, là où se tenait la tête de l'auburn quelques secondes auparavant.
—"Il ne faut pas rester ici, articula le brun pour couvrir les bruits de lutte.
— Merci, je n'y aurais jamais pensé sans toi," ironisa Ketleen.
Ses pulsations étaient anormalement hautes.
Lewis ne perdit pas de temps à lui répondre et lui indiqua de la main les pointes de terres qui bouchaient l'accès au bâtiment principal.
—"Il faut réussir à atteindre la sortie, hurla le soldat brun pour se faire entendre. En passant par le souterrain des dortoirs, on devrait y arriver !"
Ils s'élancèrent à travers la cour endommagée de toutes parts, esquivant les dalles sautées et les bouts de bois calcinés.
Cri de douleur.
Ketleen avait envie de se boucher les oreilles.
Détonations.
Elle n'arrivait pas à distinguer les ennemis des alliés.
Ils finirent par arriver devant l'entrée voulue et sans hésiter, ils se précipitèrent à l'intérieur.
Dans le calme factrice du bâtiment, il semblait à l'auburn que le bruit effrénée ses battements se répercutait sur les murs, signalant ainsi leur position.
Ils ne leur restaient que quelques mètres. Ils allaient y arriver. Ils—
—"Qui va là ?! tonna une voix. Arrêtez d'avancer et déclinez votre identité !"
Avec une lenteur exagérée, les deux soldats ralentirent pour s'arrêter complètement. Devant eux, un groupe de soldat habillés de la tête aux pieds en noir, sortit de l'ombre, les menaçant avec un pistolet.
—"Allez-y ! répéta celui qui semblait être le chef. Déclinez votre matricule !"
Alors que Lewis était en train d'ouvrir la bouche, Ketleen sût au plus profond d'elle qu'elle ne pouvait pas le laisser mourir. Pas ici, pas comme ça.
—"Pourquoi devrais-je vous obéir ? (L'anglaise prit toute sa force mentale pour affermir sa voix.) Vous n'êtes pas mon superieur, à ce que je sache."
Elle ignora le regard horrifié de Lewis. Des deux, c'était elle qui avait déjà un pied dans la tombe. Prendre des risques ne changeait rien : l'auburn finirait par mourir. Un peu plus tôt ou un peu plus tard, il n'y avait pas de différence.
—"Je ne me répéterai pas une seconde fois : votre identité, sinon je n'hésiterai pas à tirer !
— Je vous en prie, commença le brun dans l'espoir de calmer le jeu. Mais l'ancienne étudiante le coupa.
— Vous voulez mon matricule ? Manque de chance je ne le connais pas par cœur !"
L'arme était désormais uniquement dirigé sur elle. L'auburn laissa remonter ses coins de lèvres dans un sourire maniaque.
—"Mais si vous insistez tant que ça, je peux vous donner mon nom, connard !" (Le leader du groupe se crispant sur la gâchette à l'entente de l'insulte. Au grand étonnement de Ketleen, il ne fit pas feu.)
À côté d'elle Lewis lui aggripa le coude. Elle poursuivit :
—"Je suis Ketleen Carthew, bande de pauvres cons ! (Elle sourit pour marquer son insolence, les lèvres tremblantes.) Retenez bien mon nom, car un jour, c'est moi qui vous collerait une balle dans le crâne !"
L'anglaise était volontairement vulgaire, dans l'espoir de voir le chef commettre une erreur sous l'emprise de la colère.
Elle ferma à demi ses paupières pour se concentrer sur le rythme de ses battements de cœur qui montait, montait dans l'attente de la douleur.
Lewis à ses côtés, était livide.
Le leader leva son arme.
Le sourire de Ketleen s'agrandit jusqu'à ce que ce soit physiquement impossible.
Retenir sa respiration. Calmer ses battements de cœur. Tout ira bien.
Détonation.
___
Moi ? Sadique ? Euh non, je ne crois pas xD
*fui à toute vitesse*
Alors, sinon, des petites questions :
Un avis particulier sur Alice :3 ?
Et que pensez vous de Lewis xD ?
Et cette fin... qu'est ce qu'il s'est passé selon vous ^^ qui a tiré sur qui ?
Voilà voilà, n'oubliez pas D'EXPLOSER la petite étoile jaune si ça vous a plu ^^
Bisous !
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