05 | Croire

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O.o merci ❤ (je sais que ce n'est rien comparé à d'autres histoires, mais ça me fait quand même plaisir ^^)

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Ketleen ouvrit les yeux. Autour d'elle, les murs blancs la fixaient. L'auburn avait le souffle court, comme si elle s'était amusée à courir un marathon.

Ce n'était pas le cas.

Les hurlements résonnaient dans son esprit, sans lui laisser une seconde de répit. Elle se saisit la tête de ses mains, tirant sur ses mèches ; agrippant fermement son cuir chevelu. Le sentiment de peur qui s'était logé dans sa poitrine était toujours présent. Elle était réveillée, elle était réveillée, elle était réveillée...

La jeune anglaise inspira et expira le plus lentement qu'elle put, essayant de retrouver une respiration normale.

Elle ouvrit grand les paupières pour terminer de dissiper la brume du sommeil.

Le monde était flou. La jeune fille eut beau cligner des yeux plusieurs fois d'affiler, le décor refusait de se stabiliser, de s'éclaircir.

Sa poitrine semblait être lesté d'un poids inconnu, les battements de son cœur accélérant à chaque seconde.

Ketleen porta une main à sa poitrine, comme si elle pouvait l'alléger de cette masse imaginaire. Ses mains se serrèrent en un poing, ses ongles se plantèrent dans sa paume et dans son thorax. La douleur était l'un des derniers fils qui la raccrochait à la réalité.

Elle sera encore plus fort, laissant des sillons en demi-lune dans sa peau.

L'auburn ferma les paupières, s'accordant un répit de cinq secondes. Cinq secondes avant d'aller affronter la réalité.

Un. Cris de peur.

Deux. Impact. Hurlements.

Trois. Verre cassé.

Quatre. Rouge, rouge, rouge.

Cinq. Tombée de rideau. Noir.

Ketleen ouvrit brutalement les yeux. Les murs la fixaient toujours. La peur s'épaissit autour d'elle, l'envahissant ; la noyant dans un océan noir.

Ses orbes balayèrent la salle. Un goût de bille commença à lui remonter dans la gorge : elle n'avait strictement aucune idée de l'endroit où elle se trouvait.

Ne supportant plus le regard blanc des murs, l'anglaise jeta sur le côté la couverture et passa ses jambes par-dessus le matelas.

L'air ne passait plus dans ses poumons : Ketleen ouvrit grand la bouche pour recevoir plus d'oxygène. Les contours des objets étaient encore brouillés, bien qu'ils soient plus clair.

Dès que ses pieds se posèrent contre le sol, Ketleen détala en courant dans la direction de ce qui ressemblais plus à une porte selon elle.

Quelque chose heurta sa jambe lui envoyant des étincelles de douleur mais l'auburn ne stoppa pas sa course pour autant. Il fallait qu'elle sorte, il fallait qu'elle quitte cet endroit. Vite.

La seule chose qu'elle parvenait maintenant à distinguer était les battements irréguliers de son corps qui résonnaient dans sa tête éclipsant tous les autres sons.

Sa main rencontra ce qui semblait être une poignée. Sans hésiter, Ketleen poussa le battant de toutes ses forces. L'étudiante tituba quelque instant quand la porte se déroba sous ses doigts.

La jeune fille était sur le point de reprendre sa course quand elle entendit une voix l'interpeller :

— Hé ! Attends !

Ketleen se dirigea vers la source du bruit pour rencontrer les yeux les plus verts qu'elle n'avait jamais vu. Un jeune homme à la peau chocolaté ; élancé tout en hauteur sans la moindre once de graisse, la fixait avec ses pupilles vert brillant posées sur elle.

— Quoi ? Sa réponse était volontairement agressive. Elle n'avait pas de temps à perdre à lui répondre. Contre toute attente, le jeune homme leva un bras pour bloquer sa voie.

— Tu ne peux pas partir comme ça. Le général Miller t'attend.

— Est ce que j'ai l'air de m'en soucier?

La brume qui obstruait sa vision commençait à se disparaître, petit à petit. Par contre l'étau qui enserrait son cœur était toujours présent, lui.

— J'ai bien peur que tu n'aies pas le choix, lui répondit le garçon sans se départir de son sourire. J'avais pour ordre de te ramener.

Ketleen croisa les bras sur sa poitrine, maintenant entièrement focalisé sur cet étranger aux pupilles vertes et au drôle d'accent anglais.

— Et j'ai bien peur que j'en ai toujours rien à faire. (Elle fit un pas dans la direction qu'il bloquait.) Et maintenant, j'aimerai passer, si tu veux bien. Ma mère va s'inquiéter.

Une ombre passa sur son visage et son sourire se fana quelque peu.

— Tu... Tu n'as aucune idée d'où tu te trouves?

— Non. (L'auburn ravala une remarque désobligeante au dernier moment.)

Le jeune homme ébouriffa ses mèches brunes bouclées, les décoiffant davantage. Sa paume d'Adam remonta et descendit.

— Alors... (Il affermit sa voix) Je pense vraiment que tu devrais me suivre.

— Ma mère m'a toujours dit de ne jamais suivre les inconnus, répliqua Ketleen campant sur ses positions.

Il laissa échapper un soupir ; son éternel sourire disparut totalement cette fois-ci.

— Je suis Lewis. (Ses pupilles se fixèrent dans celle de Ketleen) Ça va? Je ne suis plus un total étranger, maintenant. Tu es contente?

— Non. Laisse-moi passer, Lewis. (L'anglaise avait bien conscience de s'entêter mais elle avait besoin de vérifier si sa mère n'était pas dehors, en train de l'attendre)

Le jeune homme ne bougea pas d'un iota.

— On va faire quelque chose de plus simple, d'accord ? (Le sourire de Lewis était revenu) Tu m'accompagnes voir le Général Miller, et juste après tu pourras faire un tour dehors.

Ketleen aurait été folle si elle déclinait cette proposition : c'était sûrement le meilleur compromis qu'elle pouvait en tirer.

— Après toi...

Lewis s'inclina et lui désigna de la main le fond du couloir.

—Ketleen, répondit l'auburn, s'apprêtant à s'engager dans la direction montrée. Mais Lewis la retint par le bras.

— Tu as changé d'avis ? railla l'anglaise, Je peux finalement rentrer chez moi ?

Le jeune homme secoua négativement la tête :

— Non, mais tu devrais au moins mettre les chaussures fournies. (Il ajouta :) Je suis sûr que tu ne veux pas déambuler en chemise d'hôpital et pieds nus.

En même temps que Lewis prononçait la dernière phrase, Ketleen eut la prise de conscience soudaine que un, elle était en blouse blanche –elle était quasiment sûre de ne pas s'être habillée comme ça ce matin–, que deux elle était pieds nus.

Et trois : le poids qui était logé dans sa poitrine s'était évaporé.

Le plus vite qu'elle put, la jeune fille fila dans la chambre.

~


Lewis la guidait dans un dédale de carreau gris. Ketleen avait depuis longtemps perdu le sens de l'orientation.

Ils finirent par arriver devant une large porte qui les dominait de toute sa hauteur. Le brun se planta devant le large panneau et toqua quelques coups, rapides et vifs.

Un "entrez" atténué par l'épaisseur des murs atteignit leurs oreilles.

Lewis poussa la porte et comme la fois précédente, il s'effaça devant Ketleen pour la laisser passer, dans un parfait exemple de gentleman.

L'auburn pénétra dans la pièce, sans un regard pour lui.

Autour d'une table en bois vernie placée au centre, se tenait trois personnes : une jeune femme blonde à la silhouette arrondie, une autre brune au visage allongé avec une frange stricte et un homme brun dont les longs cheveux retombaient sur ses épaules, attachés en une queue de cheval. Dès qu'ils entendirent le bruit de la porte, ils se retournèrent vers la source du son.

Si les deux femmes avaient un air de déjà-vu aux yeux de Ketleen, ce n'était absolument pas le cas de l'homme.

À côté d'elle, Lewis se raidit et prit une posture de garde à vous. Avant que l'étudiante ait put lui demander ce qui lui prenait, la brune à la frange prit la parole :

— Enchantée de te revoir, Ketleen. (Elle lui tendit une main. Ketleen réalisa que, un : la jeune femme brune portait un treillis militaire, et deux : elle avait prononcé le mot "revoir".)

Avec que la jeune fille puisse réagir, Lewis choisit ce moment précis pour tousser.

Sans attendre, la blonde darda son regard bleu sur lui.

Le grand brun passa une main sur sa nuque, abandonnant pendant quelques secondes sa position.

— Hum... Je tenais à préciser un fait... (D'un signe de tête la blonde l'encouragea à continuer.) Elle m'a confié ne pas savoir où elle se trouvait.

— Impossible, répondit la femme blonde sans la moindre hésitation, Je suis allée la voir hier.

— Désolé ! (Lewis paraissait de plus en plus gêné, de minutes en minutes.) Mais pourtant c'est ce que Ketleen m'a dit !

L'étudiante qui venait de noter que tout le monde dans la salle portait un treillis kaki – à part l'homme qui était vêtu d'une blouse blanche – reporta immédiatement sur attention sur la conversation en entendant son prénom.

— Si jamais vous avez un doute, railla l'auburn, Je peux vous affirmer que j'ai des oreilles qui fonctionnent parfaitement bien.

Les yeux de Lewis s'écarquillèrent tandis que l'autre homme portait un regard incrédule sur elle.

— Roxane, commença la brune, la voix hésitante.

Celui suffit à Ketleen pour savoir d'où venait cette impression de connaitre leurs visages. La chambre d'hôpital. Revoir, disait la noiraude ; non Alice.

Elle suffoqua, fouillant au plus profond de sa minuscule mémoire, essayant de mettre la main sur un souvenir.

Par habitude, l'anglaise agrippa son cuir chevelu, enfonçant ses ongles dedans.

Une seule phrase résonnait dans sa tête. Tu es morte. Tu es morte. Tu es morte.

Ketleen ressenti à peine le choc dans ses genoux quand ses jambes la laissèrent tomber. Tu es morte.

La jeune anglaise se regroupa au sol. La douleur ; se concentrer sur la douleur.

Tu es m...

Une main attrapa ses poignets, l'obligeant à lâcher son crâne.

— Hey, respire : c'est quand même pas mal important pour vivre. (Une voix grave emplit ses oreilles. Ketleen ne put réprimer un léger sourire.) Expire en même temps que moi, d'accord ?

Sans savoir pourquoi, l'auburn se surprit à suivre ses conseils, suivant son rythme de respiration.

Ses battements de cœur reprirent lentement une vitesse normale.

Ne souhaitant pas rester prostrée par terre comme une souris apeurée, Ketleen prit appui sur ses avant-bras pour se relever.

Elle croisa immédiatement les yeux verts de Lewis, agenouillé à ses côtés. Prenant appui sur son bras, elle se remit sur ses pieds.

Une fois debout, Ketleen affronta les regards consternés des trois personnes en face d'elle.

Roxane fût la première à rompre le silence :

— Bien. Maintenant que tu as terminé ta crise de nerf, reprenons tout depuis le début.

~

L'auburn contemplait ses mains, comme si elles étaient devenues un sujet d'étude très intéressant.

En face de la chaise sur laquelle elle était assise, les deux femmes et l'homme au catogan – Noray si elle se souvenait bien– guettaient la moindre de ses réactions.

La jeune anglaise s'autorisa à relever la tête après avoir pris une grande inspiration. Elle aurait aimé que ses souvenirs ne resurgissent pas en plein milieu d'une conversation. Ou qu'ils ne resurgissent pas du tout.

— Est ce que je pourrais avoir une photocopie de tout ce que vous venez de me dire ? (Quatre regards étonnés vinrent se poser sur elle.) Je ne m'en rappellerais jamais, sinon.

—Bien, plus tard. (La femme blonde agita la main.) Autre chose ?

— Ne me faîtes pas croire que je suis dans un hôpital. (D'un signe de menton, l'anglaise désigna leurs tenues.) Ça a peut-être marché au début mais maintenant, non. Alors, Où. Je. Suis ?

Étrangement Roxane ne protesta pas :

— Quartiers généraux de l'armée du Roi de Diképhios, à Korolya. (Une pause.) C'est bon, maintenant ?

La jeune fille trouva la force d'acquiescer. Elle n'avait aucune idée d'où lui venait cette capacité à encaisser tout ce qu'on lui disait. Elle n'avait aussi aucune idée comment les gens normaux réagissaient, quand on leur annonçait qu'ils étaient morts. Morts, mais bien vivants dans un monde parallèle de surcroît.

Sa mère. Qu'allait faire sa mère, toute seule dans ce petit appartement ? Ketleen aurait souhaité lui parler : elle n'était pas prête à faire des adieux à celle qui lui avait donné la vie.

La jeune anglaise s'attendait à ce que Roxane reprenne la parole, mais ce fût Noray qui parla :

— Très bien. (Il repoussa sa chaise et se leva. Le jeune homme se tourna vers le fond de la pièce, où se tenait une autre porte que Ketleen n'avait pas remarqué.) Suis-moi dans la salle suivante : je t'expliquerai là-bas.

Un énième frisson courra le long de sa colonne vertébrale, déclenchant de la chair de poule sur ses bras.

Elle n'allait pas aimer ça.

La pièce suivante ressemblait étrangement à une salle d'auscultation classique de la Terre. Une table en bois était placée sur le côté, et au fond se trouvait un fauteuil en cuir vert avec quelques perfusions accrochées au-dessus. Ce sentiment de déjà-vu la rassura.

— Je suis Noray Johnson mais tu peux m'appeler Noray, dit le jeune homme au catogan, Et je suis ce qui se rapproche le plus d'un médecin ici. Assis toi, je t'en prie.

Ketleen s'exécuta. Le brun prit place en face d'elle. Il posa ses mains croisées sur le plateau de la table.

— Il me semble que la Générale Miller t'a déjà parlé de la magie, commença-t-il.

— Générale Miller ?

— Celle qui s'est présentée à toi sous le nom de Roxane, répondit Noray. En effet, l'autorité qui émanait de Roxane lui semblait logique maintenant.

Noray eut un petit air satisfait avant de continuer :

— Laisse-moi te faire un résumé de ce qu'est notre merveilleux don. Quatre éléments pouvant être contrôlés : eau, feu, terre, air. Jusque-là, tu me suis ?

(C'était la base des romans de fantasy, voulu répliquer l'anglaise. Jusque-là, elle comprenait encore. Sa mémoire avait sûrement des capacités douteuses mais son cerveau marchait encore plutôt bien.)

— Ici, les mages n'ont le contrôle que sur un des éléments. Pour activer ta magie, tu multiplies en masse certaines cellules spécifiques dans ton corps. Elles présentent quelques différences selon l'élément que tu possèdes ; mais c'est suffisant pour moi pour les repérer.

La jeune anglaise hocha la tête : c'était la seule réponse compréhensible qu'elle pouvait encore donner.

— La Commandante Miller a dû aussi t'expliquer comment tu as atterri ici. (Oui, malheureusement, pensa Ketleen. Nouveau hochement de tête) Une fois mort dans leur monde d'accueil, seuls les mages possédant plus de 65% de cellules magiques, "retournent" dans leur monde d'origine. Et à la condition que le corps du défunt ne soit pas enterré dans les trois jours qui suivent.

C'était un détail que la jeune fille n'avait pas besoin d'entendre. Trop tard.

— Dans mon cas, mon monde d'accueil c'est la Terre... Et celui d'origine est Diképhios? hasarda Ketleen.

L'anglaise espérait que Noray éclate de rire avant de lui crier un "caméra caché". Mais le brun eut un sourire narquois :

— Bien vu, Sherlock!

L'auburn fronça les sourcils. Néanmoins, elle choisit de ne pas relever l'ironie évidente dans le ton de son interlocuteur.

— Eh bien ? (Elle prit un ton faussement étonné :) je n'attendais pas à ce que tu comprennes si vite, mon cher Watson." (L'anglaise n'aurait jamais imaginé trouver quelqu'un qui connaissait l'œuvre du grand Conan Doyle dans un monde parallèle. Elle se détendit légèrement : l'auburn avait le sentiment d'être en terrain connu.)

En réponse, Noray écarquilla les yeux, surpris de sa réponse. La jeune fille ne put s'empêcher de se sentir satisfaite.

— Tu as un accent anglais. (Elle ajouta rapidement pour éviter une autre remarque sarcastique :) Est-ce que... Tu es vraiment venu ici comme moi ?

Sa réponse fût sèche et concise :

— Oui. Reprenons maintenant, d'accord ? (Une pause.) Je vais mesurer ton taux de magie. Normalement, il devrait se situer aux alentours de 65%, ce qui est déjà trop haut... Je t'expliquerai les détails après.

Suivant les instructions du brun, Ketleen prit place sur le fauteuil en cuir et s'allongea. Contemplant le plafond, elle entendit Noray s'affairer autour d'elle, jurant à voix intelligible.

Le blanc de la bouse qu'il portait disparut de son champ de vision et quelques secondes plus tard, un tic-tac remplit la pièce, comme si quelqu'un traînait une lourde chose.

Quand Noray fût de nouveau à sa hauteur, l'auburn s'autorisa un coup d'œil sur le côté. Le jeune homme au catogan tournait des boutons sur un boîtier de commandes, muni d'un écran noir.

— Passe-moi ton bras, fit le brun, je vais te faire une prise de sang.

Sans réfléchir, Ketleen lui présenta son le creux de son coude. Sortant une seringue de son emballage plastique, il s'avança pas à pas vers l'auburn, tenant l'objet à bout de bras.

Voulant anticiper la demande du jeune médecin, l'anglaise contracta son poing, dans l'attente du garrot. Ses veines se gonflèrent et apparurent, bleues sur le blanc de sa peau.

La pomme d'Adam de Noray se souleva et descendit. Quand il attacha le garrot, ses gestes étaient si précautionneux que Ketleen avait la désagréable impression d'être mortellement contagieuse

— Dis, fit la jeune fille, Tu ne voudrais pas aussi que je me fasse moi-même cette prise de sang ?

Le brun cligna plusieurs fois ses paupières, le regard ironique :

—Puisque c'est si gentiment demandé...

Sa mâchoire se décrocha : un air de panique brouilla le visage de Ketleen.

— Ce n'est pas toi qui es sensé être le médecin ? répliqua le plus vite possible Ketleen.

—Oh... répondit le jeune homme comme s'il avait oublié son rôle, Oui, bien sûr...

L'auburn tendit un peu plus son bras, en guise de réponse.

Manipulant la seringue comme s'il s'agissait d'un élément radioactif, Noray enfonça lentement l'objet dans sa veine. Les dents serrées, Ketleen observa le liquide rouge remplir peu à peu la seringue.

Ensuite, le brun lui implanta une aiguille censée mesurée elle ne savait quoi, dans son poignet, reliée à la machine.

Après avoir terminé les branchements, le jeune médecin sortit une autre seringue qu'il tenait caché dans son dos. Sans prévenir, il lui planta dans le bras.

L'auburn poussa un petit cri, surprise par la douleur qui irradiait maintenant son coude.

— Désolé, (Noray n'avait en aucune manière l'air désolé, pas même l'instant d'une petite seconde.) Je n'avais pas le choix.

Mon cul, oui, pensa vulgairement Ketleen, mais pour le bien des oreilles environnantes, elle garda son juron pour elle-même.

La jeune fille se contenta d'un regard noir qui en disait long sur ses pensées.

Son regard croisa de nouveau celui de Noray, et Ketleen retint une exclamation de surprise : le visage de ce dernier était déformé, comme si quelqu'un s'était amusé à poser une loupe sur ses traits.

L'anglaise cligna des yeux. Une fois. Deux fois. Trois fois. Beaucoup de fois.

Rien à faire : les traits de Noray restaient toujours autant distordus.

— Que... voulu-t-elle commercer. Mais au même moment, une sensation de danger inexplicable se logea au creux de ses reins.

Quelqu'un était dans son dos. Quelqu'un l'observait.

Son cœur s'était mis à cogner dans sa poitrine, Ketleen aurait presque pu penser qu'il voulait en sortir tant il battait fort.

L'auburn fit volte-face, se tournant complètement vers le mur. Pendant quelques instants, ses yeux scrutèrent la peinture blanche à la recherche d'un éventuel agresseur.

Mouvement noir au coin de son œil. Avec une rapidité qui la surprise elle-même, l'anglaise tendit son bras libre, doigts écartés, vers l'endroit où elle avait aperçu quelque chose.

Dans un grincement sinistre, une large stalagmite émergea du sol. Ketleen n'effectua aucun mouvement, comme en transe.

La pointe de terre continua son avancée, brisant les objets sur son passage, jusqu'à se stopper à quelques millimètres de la paume de la jeune fille.

Son esprit émergea de l'espèce de brume dans lequel il était plongé : prise de stupeur, Ketleen fit la seule chose qui lui semblait logique.

Elle se jeta sur le côté.

Le lit d'auscultation n'ayant pas une largeur extensible, le corps de l'étudiante bascula dans le vide.

Son épaule, suivie de son dos, fit connaissance avec le carrelage dans un bruit mate.

Maudissant tous les dieux entre ses dents, Ketleen prit appuie sur le cuir pour se relever. Quand elle croisa le regard de Noray, l'auburn était déjà prête pour une nouvelle pique, une nouvelle remarque sarcastique ou alors de l'inquiétude parce qu'elle venait de détruire le sol, bon sang.

Mais elle n'était en aucun cas, prête à voir un Noray livide, les yeux écarquillés.

— Quoi ? demanda-t-elle. Ketleen était sèche, bien plus que l'on ne doit l'être lorsqu'on s'adresse à un médecin.

— Ton taux de magie est de 80%, souffla le jeune médecin, C'est anormalement haut.

Noray, qui jusque-là gardait la tête résolument baissée évitant son regard, releva le menton. Ses yeux hazel s'ancrèrent dans ceux de Ketleen.

— Tu vas mourir, (Sa phrase n'était qu'un murmure.) J'en suis désolé.

Cette fois-ci, Ketleen le crut.

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Coucou ! Ce chapitre est un peu plus loin que les autres ^^'

Une petite question : qu'avez-vous pensé de Diképhios et des personnages (rencontrés pour l'instant xD) ?

Merci de lire et si ça t'as plus n'hésite pas à voter en partant, ça me soutiendrait beaucoup ^^

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