Epilogue : Yoongi


Hoseok. J'ai ce nom dans la tête depuis mon réveil. Je ne sais pas qui c'est, je ne sais rien de lui. Je ne sais même pas si c'est quelqu'un que je connais réellement. Mais ce nom reste en moi depuis près d'un an et demi et il faut que je sache. Depuis quelques mois j'ai commencé à faire des recherches. Pour en savoir plus que mon nom et ma date de naissance. J'ai retrouvé mes parents mais apparemment j'avais coupé les ponts avec eux. Je n'ai retrouvé aucun ami. En revanche, j'ai fini par retrouver la trace de mon précédent logement. Pas celui dans lequel j'ai tenté de mourir, non, celui d'avant. J'ai des factures à mon nom et j'ai la preuve que je l'ai quitté juste avant ma tentative de suicide. Aujourd'hui, c'est là-bas que je me rends. Je ne sais pas ce que j'y cherche, certainement ma propre identité. J'espère vraiment que je vais trouver quelque chose. Je ne me souviens de rien et j'ai espoir que des images de mon vécu pourront m'aider.

Tremblant, je m'examine dans le miroir. Mes cheveux noirs sont un peu longs mais je n'ai pas eu envie de les faire couper. Je trouve que ça me va plutôt bien. Il paraît qu'ils étaient bleus quand ils m'ont trouvé avec un trou dans la tête il y a deux ans. Je n'ai jamais osé refaire une coloration, peut-être parce que je me disais que ça appartenait à mon passé et que je ne pouvais pas le refaire tant que je ne l'avais pas retrouvé. Ma peau est pâle, j'ai l'impression que ça a toujours été le cas. J'ai peu d'impressions sur moi et sur qui je suis vraiment, mais là c'est réellement la sensation que j'ai. Ce n'est pas dû qu'à mon geste désespéré. Je soupire en tirant sur mon t-shirt. Il fait plutôt chaud mais ça me mets mal à l'aise de découvrir autant ma peau. Elle est marquée à de nombreux endroits et je ne sais même pas pourquoi. Le pire, c'est cette cicatrice dans le cou. A l'hôpital, ils ont dit que ça ressemblait à un engorgement. Comme un vulgaire animal. Ils ont fini par avoir confirmation quand ils ont eu mon dossier médical, mais ils n'en savent pas plus que moi sur le sujet. Autant dire qu'ils ne savent rien du tout. Une fois que j'ai fait le tour, je me résigne à attraper ma canne et à sortir de l'hôtel. Je suis arrivé hier soir mais je ne me suis pas encore approché de l'immeuble. J'avais peur et j'avais surtout besoin de me reposer. Je compte poser des questions au concierge s'il y en a un, ou aux voisins qui auraient pu me connaître. Très lentement, je prends un bus que me fera rejoindre la rue que je cherche en quelques minutes.

Quand j'arrive, je m'applique à respirer calmement. C'est étrange, je sais que j'ai vécu ici pendant plusieurs années mais aucune image ne me vient en tête. Je me sens un peu perdu. Mon ancien immeuble n'est pas loin mais je prends mon temps, faisant d'abord le tour du quartier. Ce prénom me revient encore en tête. Hoseok. Est-ce qu'il est lui aussi lié à cet endroit ? Je ne sais pas. Je ne me souviens même pas de son visage. Après une petite demie heure à tourner en rond, je me décide enfin à m'approcher. Doucement, à l'aide de ma canne, pas après pas. Je reste là, à observer la façade. Pendant longtemps. Mon coeur bat à tout rompre. Et j'ai peur de rentrer. Je vais faire une énorme découverte, j'ai ce pressentiment. J'en tremble encore plus. Alors que je me perds dans ma contemplation, mon manque de courage et mes larmes menaçantes, j'entends du bruit dans mon dos. Quelque chose tombe et se casse. Je veux me retourner pour aider et poser des questions. Mais tout mouvement m'est interdit à l'entente de ce simple mot.

- Yoongi ?

Je me fige, incapable de répondre. Mon coeur pulse encore plus vite et ce prénom revient encore à la charge. Hoseok. Est-ce que c'est lui ? Est-il vraiment l'homme que je cherche ? Celui qui, j'en suis sûr, me rendra ma vie ?

- Yoongi, c'est bien toi ?

Sa voix tremble, je comprends qu'il sanglote. Il me connaît. Il sait qui je suis, et il vient à moi. Lentement, prenant soin de ne pas tomber, je me retourne. Mon coeur rate un battement quand mes yeux se posent sur son visage. Je ne le connais pas, mais j'ai la certitude qu'il est Hoseok. Je le ressens.

- C'est moi, je souffle doucement. Tu ... Tu es Hoseok ?

Il a l'air surpris que je ne sois pas sûr de moi. Il ne doit pas savoir ce qu'il s'est passé. Moi-même je n'ai pas toutes les pièces du puzzle. Je n'arrive plus à retenir mes larmes en le regardant et alors que ma vue se brouille, il se jette sur moi pour m'offrir une étreinte d'une force incroyable. Je suis surpris et dans mon envie de le serrer aussi contre moi, je lâche ma canne qui tombe à terre. Il sursaute en entendant ce bruit et je l'entends pleurer. Je ne sais pas qui il est ni qui je suis pour lui, mais il a l'air de tenir à moi. Il s'écoule de longue secondes avant qu'il ne tente de se reculer. Je sers ma prise sur lui pour l'en empêcher.

- Ne me lâche pas. Je vais tomber.

Si je n'ai aucun appui, je suis incapable de tenir debout. J'ai mis du temps à pouvoir remarcher. Les médecins m'ont dit que la balle avait touché des zones du cerveau impliquant la marche, mais aussi d'autres impliquant les souvenirs. Je ne retrouverai certainement jamais la mémoire. Hoseok n'ose plus bouger et je souris légèrement.

- Tu peux ramasser ma canne s'il te plaît ? Tu pourras me lâcher ensuite, promis.

Il marmonne quelques mots et s'exécute. En se baissant, il prend soin de me tendre sa main pour que je me tienne et il me rend mon précieux objet. Je le remercie à voix basse. Hoseok se recule un peu et m'observe. Je n'arrive pas à savoir ce que disent ses yeux. J'ai peur qu'il ait pitié de moi et qu'il me laisse là. J'ai peur de le décevoir. J'ai peur de ne pas avoir été quelqu'un de bien avec lui. Je sais que j'ai besoin de lui. Sinon, le destin ne m'aurait pas amené ici. Je ne veux pas qu'il m'abandonne.

- Je t'ai attendu pendant deux ans. Je croyais ne jamais pouvoir te revoir, et pourtant, tu es devant moi. Yoongi, dis-moi que je ne te rêve pas et que tu es revenu.

- Je suis là Hoseok, je suis réellement là. C'est bien moi, je suis réel.

Ses yeux brillent encore. Il a l'air heureux après mes paroles. Je ne sais pas pourquoi mais ma poitrine se réchauffe en voyant le regard qu'il me porte. Il s'approche à nouveau de moi et je retiens un mouvement de recul quand il pose ses mains sur mon visage. Ses doigts viennent essuyer mes larmes avec douceur. Il me sourit tristement.

- Où étais-tu passé pendant tout ce temps ? Me murmure-t-il.

Je ne sais pas quoi lui répondre. Même pour moi c'est flou.

- Je ... Je ne sais pas trop ce qu'il s'est passé. Je me suis ... réveillé à l'hôpital. Je ne savais même pas qui j'étais.

Son visage fait une grimace et ses mains se plaquent encore plus sur mes joues. Il est inquiet pour moi.

- J'ai fait une connerie Hoseok. J'ai passé tout ce temps à courir derrière des souvenirs ... à jamais perdus. Je ... Tout ce que j'avais, c'était ce prénom. Hoseok. Et puis j'ai cherché dans mes affaires et j'ai retrouvé cette adresse. Je ... Je te demande pardon.

Il me sonde encore un instant. Je ne sais pas ce qu'il pense. J'ai l'impression qu'il est déçu de quelque chose. Je me prépare mentalement au pire quand il tourne les yeux vers ses courses au sol. Silencieusement, il ramasse le tout, même ce qui est cassé. Il remet ça dans son sac et revient vers moi. Sa main se glisse dans la mienne et il me regarde en souriant.

- Je peux t'aider à remettre la main sur certains souvenirs. Mais je te préviens, ils ne sont pas beaux. Si tu ne veux pas savoir, je ne te raconterai que le positif. Et si un jour tu es prêt pour le reste, alors je serai là.

Puis il fait un premier pas, faisant attention à ne pas aller trop loin ni trop vite. Pendant qu'il m'emmène, je lui jette des coups d'oeil. C'est étrange. Si je n'ai pas de souvenirs, il provoque des sensations en moi. Mais je n'arrive pas à comprendre. Il m'aide à monter les marches pour rejoindre son appartement et m'invite à m'installer dans le canapé. Il me demande ce que je veux boire et si je veux manger puis s'éloigne de moi pour s'en occuper. Mon regard se porte tout autour de moi. C'est à ce moment que je perçois une photo posée sur un meuble non loin. Sur la photo, lui et moi. Je ne peux pas dire que j'ai un souvenir flash, ça serait faux. Je comprends seulement à ce moment-là qui il est pour moi. Il est là moitié de moi-même que j'ai abandonnée, et j'ai essayé de tuer l'autre. Voilà ce qu'est Hoseok. Mon âme-soeur.

Il revient à mes côtés et je le regarde, troublé. Je ne me souviens toujours pas de ce qu'il s'est passé entre nous, mais je suis persuadé d'être sur la bonne voie. Il y a bien eu quelque chose. Et de fort. Le silence s'installe pendant que nous buvons et je ne sais pas comment aborder le sujet. Finalement, je lui pose une question assez simple.

- Qui es-tu ?

- Qui penses-tu que je sois ? Je peux être ce que tu veux, c'est toi qui décides, Yoongi.

- Je ... Je pense que tu ... Tu es cette personne, n'est-ce pas ? Celle qui chamboule une vie et qui a plus d'importance que soi-même.

- Je crois que je l'ai été, oui. Mais je ne sais pas si c'est toujours le cas. Beaucoup de choses se sont passées. On a tous les deux été brisés.

Je sens mon angoisse monter. Il n'a pas l'air de me reprocher quoi que ce soit, mais je sens que j'ai fait des choses moches. Sinon, pourquoi j'aurais tenté de me suicider ? Pourtant, malgré cette constatation, j'ai envie, besoin, de me rapprocher de lui et de le toucher. Je suis attiré par lui. Mon corps réclame d'être installé contre le sien pour se remettre de toutes ses souffrances oubliées. Je n'ose pas bouger. Je ne le regarde même pas, les yeux rivés sur sa table basse. Tout dans son attitude me dit que je suis déjà pardonné et qu'il veut de moi dans sa vie, mais je reste sur la réserve.

- Je ne me souviens pas de toi. Mais quand je te regarde, je ressens quelque chose de fort. De l'amour, sans doute ? Seulement ... j'ai l'impression d'arriver trop tard et de ne plus rien pouvoir faire pour nous deux.

Il soupire et je ne sais pas comment interpréter cette réaction. Je le sens se déplacer pour se rapprocher de moi et il m'attrape encore une fois la main pour lier nos doigts.

- Tu ne vas pas recommencer avec ça ... Il ne sera jamais trop tard pour nous deux. Si tout ce qu'il te reste de nous, ce n'est pas tes souvenirs mais tes sentiments, tu ne crois pas que c'est un signe ? Peu importe le passé ! Ce qui est important, c'est le présent, et adviendra ce qu'il adviendra dans le futur.

Je regarde nos doigts et sans me contrôler, je ressers les miens autour des siens. Sa peau est chaude et me réchauffe le coeur. Je dois l'écouter. Je dois écouter mes sentiments et ne pas me soucier du reste. Je sais que je l'aime, et il sous-entend m'aimer aussi. C'est étrange, j'imaginais notre premier échange autrement. Je pensais avoir le courage de lui dire dès le début ce que j'avais fait, puis parler ensuite de ce qu'il s'était passé entre nous. Mais Hoseok n'a pas l'air d'avoir envie d'y revenir tout de suite. Pourtant, je crois qu'on va devoir avoir ce genre de conversation. On tourne autour sans oser dire les mots franchement pour le moment. Son pouce finit par venir caresser le dos de ma main et m'apaise. Je me sens bien et sa tendresse me fait du bien. J'avais tellement peur de venir jusqu'à cet immeuble. Après quelques minutes de silence et de contact physique, j'entends du bruit venant d'une autre pièce. Surpris, je vois un chat arriver. Il s'approche doucement, me fixant de ses grands yeux verts. Puis il s'arrête. Et l'instant d'après, il me saute dessus en miaulant encore plus fort. Hoseok me lâche la main et le chat se frotte à mon visage. J'entends un rire à côté de moi.

- Ton chat a l'air de m'apprécier.

- Ce n'est pas mon chat. C'est le tien. Tu l'as laissé à madame Pyo quand tu es parti et je l'ai récupéré. Je crois qu'il t'a reconnu.

Hésitant, j'approche ma main pour lui faire une caresse. Je perçois un ronronnement et il ferme les yeux. Alors, j'avais un chat ? Pourtant, je n'aime pas trop les chats de base, il me semble. Je ne sais pas non plus qui est madame Pyo mais pour le lui laisser, je devais lui faire confiance. Nous discutons de ce chat pendant quelques minutes et je me prends à bailler. Je regarde Hoseok qui me couve du regard, un demi sourire aux lèvres.

- Je crois que je commence à fatiguer, je vais rentrer à l'hôtel. Je ... est-ce qu'on pourra se revoir ?

- Reste dormir ici. Je ... Je prendrai le canapé. Ne paye pas l'hôtel pour ça, ça coûte une blinde.

Je finis par hocher la tête après qu'il ait argumenté, même si de toute façon, l'hôtel a déjà été payé. Nous irons chercher mes affaires lorsque je me serai reposé. Je devrais avoir peur, je ne le connais pas. Mais je n'ai que lui. Je parle à peine à mes parents depuis mon réveil. Ils ne me soutiennent pas vraiment et je ne veux rien leur demander. J'ai probablement trop honte de moi pour oser. Hoseok m'aide à aller jusqu'à sa chambre et je m'installe sous sa couverture. Le chat saute aussitôt sur le lit pour s'installer à mes côtés. Il a réellement l'air de tenir à moi lui aussi. Alors que je ferme les yeux pour m'installer sur le côté et laisser le chat se blottir contre mon ventre, je sens Hoseok s'allonger à côté de moi. Il hésite et se rapproche encore pour finir contre mon dos. Il a sûrement besoin de ce contact pour se rassurer. Je le laisse faire sans rien dire. Ses doigts passent dans mes cheveux.

- Dis-le moi si tu veux que je parte.

- Reste. Je me sens bien comme ça.

- Je n'arrive toujours pas à croire que tu sois là. J'ai tellement envie de te serrer contre moi et de ne plus jamais te laisser repartir.

- Alors fais-le. Ne me laisse pas tomber. Je te promets de ne plus jamais t'abandonner.

Il ne lui faut pas beaucoup de temps pour m'enlacer en passant son bras autour de moi. Au passage, il fait une caresse au chat, profondément endormi. Je sens son souffle dans mes cheveux et je ferme les yeux, me disant que c'est encore mieux que ce que j'avais imaginé. Alors que je tombe dans le sommeil, mon esprit est embrouillé et je m'entends prononcer quelques mots sans savoir si c'est vraiment moi.

- Je me suis tiré une balle dans la tête. J'espère que tu me pardonneras un jour.

Il resserre son étreinte et place son visage dans ma nuque.

- Il y a longtemps que je t'ai pardonné.

C'est dans cette position que je finis par m'endormir, quelques secondes plus tard. Je ne sais toujours pas ce qu'on a vécu, mais je sais que l'avenir s'annonce radieux.


~~~~~~~~~~


Voilà, c'est la fin. Je sais, je sais, que ce n'est pas un épilogue tout ce qu'il y a de plus cohérent, et pour plusieurs raisons. Cependant, c'est comme ça que j'avais envie de l'écrire, il est tel que je voulais transmettre les choses. J'espère que vous comprendrez pourquoi j'ai préféré mettre légèrement de côté la cohérence des événements.

J'espère sincèrement que cette fanfiction vous aura plu, même si elle est sombre, même si elle est triste, même si elle est violente. N'hésitez pas à partager votre avis et votre ressenti, c'est comme ça que je peux avancer.


Je vous souhaite une bonne soirée !

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top