20.
Allongé sur le sable, face à la nuit, la mer sombre et agitée, les étoiles dansantes dans les vagues et fanant dans l'écume ; un goût amer s'était installé dans la gorge d'Elvio depuis le dernier message de Mathilde. Il l'avait relu en chemin, ahurit.
> De : Mathilde
Comme tu pars bientôt en Espagne, demain je fais une soirée ! J'ai invité Achille, j'espère que ça te dérange pas ?
Il n'avait même pas répondu, un peu en colère. Entre les deux messages, il ne savait pas lequel l'agaçait le plus. Ses doigts jouaient nerveusement avec le sable froid. Le vent se levait un peu et il était plutôt glacial si proche de la mer.
C'est capuche sur la tête, les mains enfoncées dans ses poches, qu'Achille fit son entrée sur la plage, marchant jusqu'à Elvio.
« Ça va ? Demanda t-il en s'asseyant à côté de son prétendu ami d'enfance.
- Si... »
Puis Elvio ferma les yeux un bref instant, écoutant le bruit de l'eau contre les rochers, du vent contre le sable... ce genre de chose le détendait.
L'envie de parler de Mathilde à Achille lui brûlait la langue. Elvio se releva pour faire face au garçon capuché. Sa bouche s'ouvrit et se referma presque instantanément. Ce qui le gênait le plus, dans cette affaire, était les probables sentiments de sa meilleure amie envers l'homme qu'il aimait. Il n'existait pas plus indélicat comme situation et il ne voulait certainement pas compromettre son amitié avec Mathilde.
« Tu es préoccupé, observa Achille.
- Tu ne l'es pas, toi ?
- Si, un peu... »
À son tour, Achille enfonça ses mains dans le sable froid, émiettant les restes de coquillages abîmés. Il était rare qu'Achille se retrouve prit au dépourvu. Ce qu'il se passait entre lui et ce beau latino le dépassait. Habituellement charmeur, joueur, malicieux... il se retrouvait assit dans un sable presque humide, béat, triste. Il n'était pas du genre à s'attacher, avait-il toujours pensé. Il s'était découvert autrement ces dernières semaines. Elvio avait fait ressortir des facettes de lui-même qu'il ignorait.
« On se retrouvera, souffla Achille en regardant la mer et ses vagues, je reviendrai dès que je pourrais. »
Elvio le contempla un moment, incertain.
« Tu aimerais, corrigea l'espagnol, ne faisons pas de promesses qu'on ne saurait tenir. »
Piqué, Achille se tourna vers l'autre jeune homme, planta son regard dans le sien. C'était ce genre de chose précise qui rendait Elvio fiévreux. Il en mordit l'intérieur de ses joues. Achille était un être d'une absolue magnificence.
« Je te le promet. »
Il avait l'air si sûr de lui qu'Elvio se mettait à y croire.
« Même si c'est dans cinq ans, poursuivra Achille, je souhaite vraiment qu'on se retrouve. »
Intenses et sincères, ses paroles firent battre le cœur d'Elvio un peu plus fort.
« On s'est bien retrouvés sur la plage, cher ami d'enfance.
- On s'est trouvés tout simplement, sourit Elvio.
- Oui. Merci, dit Achille avant de marquer une courte pause. Merci pour cet été. Merci d'être toi. »
Elvio renfila, retenant ses larmes. La lune brillait si fort qu'elle se reflétait dans l'eau et éclairait la jolie plage. Quand un nuage, pousse par le vent, passait devant, il faisait soudainement plus sombre. Achille était la lune de ses nuits estivales.
« On peux garder la séquence émotion et les adieux pour plus tard ? Suggéra le latino.
- Je ne sais pas si j'aurai le courage. »
Achille semblait aussi préoccupé, tout autant que lui. Elvio se rapprocha, glissant son bras autour de ses épaules, cherchant son regard. Un petit air de malice éclaira ses prunelles brune.
« Aller, sourit. C'est une belle soirée. »
Malgré lui, un sourire illumina le visage d'Achille, son visage si somptueux, beau, harmonieux. Ne plus pouvoir l'admirer sous toutes ses coutures manquerait atrocement à Elvio.
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