2- Adieu ou Au revoir
— Tu reviendras, fils ?
Fils était un nom que grand-mère me donnait et qu'elle donnait à mon père avant moi.
Le problème, c'est que je ne peux rien lui promettre. Oui, je reviendrais, oui, elle me reverra, mais dans quelles conditions ? Les hommes qui tentent les jeux reviennent chaque jour physiquement, mais pas mentalement. Mon subconscient risque de rester bloqué dans une autre réalité durant tous les jeux. Et si je ne réussis pas, si je renonce ? Non, je ne renoncerai pas. J'irai jusqu'au bout. J'irai jusqu'au bout pour elle.
— Oui, bien sûr que je reviendrais, mentis-je alors pour ne pas l'inquiéter. Mais tu sais, on ne risque pas de pouvoir avoir de vraies conversations pendant un certain temps, mais tu me verras tous les jours.
À ces mots, grand-mère se mise à pleurer. C'était la première fois je la voyais pleurer. Grand-mère était une femme forte qui avait toujours tenu bon. Elle avait toujours fait passer les autres avant ses propres problèmes. Elle aimait les gens et les gens l'aimaient.
Voir l'une des deux seules personnes que j'aime se briser à ce point me déchira le cœur.
Pendant un instant, je faillis renoncer aux jeux, même s'il aurait fallu en subir les conséquences. Puis je me rappelai des raisons pour lesquelles j'avais accepté d'y participer. Déjà, je le faisais pour elle mais surtout pour prouver que je ne suis pas comme mes parents, pour prouver que je suis différant parce JE SUIS différant. Et puis, renoncer aux jeux montrerait que je suis bel et bien comme eux. Un lâche.
— Tu sais grand-mère, lui dis-je, c'est pour toi que je le fais. Ce n'est ni pour la gloire, ni pour la princesse. Et encore moi pour le pouvoir. C'est pour toi et uniquement pour toi.
— Mais Benjamin, renchérit-elle entre deux sanglots, je n'ai pas besoin que tu te risques à ces maudits jeux pour moi. On fera sans, je travaillerai 2 fois plus, jours et nuits s'il le faut, mais je t'en supplie ne participe pas à ces jeux.
Puis, Clémence pris la parole pour la première fois :
— Grand-mère, tu sais bien qu'il le faut, tu travailles déjà beaucoup trop. Les personnes de ton âge passent leurs journées devant la télé avec un jeu de mots croisés alors que toi tu te tues au travail. Tu ne prends même pas le temps de profiter de la vie !
— Mais c'est parce que je vous aime ! répondit-elle. Je vous aime plus que tout si vous saviez... Je ne peux pas m'arrêter de travailler c'est impensable !
— Oui bien sûr, je ne doute pas une seule seconde de ce que tu dis, je sais que tu nous aimes et que tu serais prête à tout pour nous, et Benjamin aussi le sais. Mais tu en as fait tellement pour nous depuis que...
Clémence arrêta sa phrase : mentionné le passage de la disparition de nos parents lui était impossible. Cette histoire lui faisait encore bien trop de mal pour en parler. Elle se mordit les lèvres et ferma les yeux pour s'empêcher de pleurer. Puis, elle reprit ses esprits et continua d'une voix plus fragile qu'auparavant :
— Tu as fait tellement pour nous depuis cette nuit-là et on ne t'en sera jamais assez reconnaissant, mais maintenant, laisse nous faire, c'est à notre tour de nous occuper de toi.
— Benjamin, m'interpella grand-mère, promets-moi au moins que c'est ce que tu veux réellement, au fond de toi. Promets moi aussi que tu n'épouseras pas la princesse si tu ne l'aimes pas. Je veux que tu sois heureux
L'idée que grand-mère pense que je puisse aimer la princesse me répugnait. Comment je pourrais être heureux à ses côtés. Elle est une enfant pourrie gâtée qui n'a jamais connu aucune difficulté. Et puis son père ! Son père est le genre de roi qui s'en fiche de son peuple, il n'est roi que pour le pouvoir et l'argent.
Ma grand-mère continua alors :
— Et surtout, fait attention à toi fils ! Tu sais aussi bien que moi à quel point le roi est sadique, et il n'hésiterait à créer des niveaux presque sans issue et extrêmement dangereux. Surtout s'il a eu l'aide des dieux. Dois-je te rappeler qui est son père ? Je préférai ignorer cette dernière question.
— Ne t'inquiète pas grand-mère. Je ferai attention et je serais de retour très bientôt, j'en suis sûr.
Je pense qu'il est temps que j'y aille, il ne faudrait que je tarde trop.
Sur ces mots, je prononçai mes dernières paroles avant de fermer la porte de la maison :
— N'oubliez pas, je vous aime.
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