Epilogue


EPILOGUE

(Can't Catch Me Now_Olivia Rodrigo)

Harry.

Assis contre un arbre, je laisse ma tête se renverser en arrière pour regarder les nuages bouger lentement dans le ciel. Je prends une grande inspiration, savourant l'oxygène qui s'infiltre dans mes poumons. Il en manquait lorsque nous sommes arrivés mais Chiara a travaillé durant des mois pour arranger ça. Pour faire en sorte qu'on puisse respirer correctement sur cette nouvelle planète. Et je n'ai jamais autant aimé le faire. Respirer. Parce que j'ai cru beaucoup trop de fois que ça n'arriverait plus.

Je plante une main dans la terre. Je la regarde glisser entre mes doigts. Je souris. Je regarde les fleurs autour de moi et je souris encore. Je n'avais jamais vu autant de vie autour de moi. Et j'espère que plus personne n'oubliera à quel point elle peut être fragile, rare, mais surtout éphémère.

J'ai toujours un pincement au coeur lorsque je pense à eux. Aux autres enfants. A ceux qui n'auront jamais la chance d'assister à ça. Eux qui ont passé toute leur courte vie à avoir du mal à respirer et à ne regarder qu'un ciel gris et une terre morte.

« On arrive demain. » Résonne la voix de Silas.

Je sors de mes pensées et regarde l'hologramme posé devant moi. Le visage de Silas s'y affiche, un masque à oxygène autour de sa bouche. Les traits de son visage sont tirés et on peut voir à quel point ça devient difficile de survivre là-bas. Mais il n'en parle pas. Jamais. Il ne se plaint pas. Il a décidé que c'était son choix.

Qu'il ne quitterait pas la Terre tant qu'il ne saurait pas tout le monde en sécurité.

Heureusement pour lui, on y est enfin arrivé.

Silas quitte la Terre demain avec le dernier groupe de survivants.

« Tout est prêt pour vous accueillir. » Je lui réponds.

Ça n'a pas été facile. Il a fallu être organisé, au fur et à mesure que des groupes arrivaient. Des Hommes comme des animaux pour peupler cette nouvelle planète. On a décidé de travailler par petits groupes. Zayn, Louis, des volontaires et moi construisions des cabanes pour loger tout le monde, dans plusieurs zones de cette planète. Ça a évidemment prit des mois et des mois. Et ces cabanes, ces camps, seront bientôt remplacés par des maisons, des pays délimités. En attendant ces zones sont gérées par des commandants éphémères. Ceux qui géraient déjà leurs bases sur Terre. La politique est forcément bancal lorsqu'on recommence à zéro tout en ayant les souvenirs d'une ancienne politique. On sait qu'il y aura forcément des conflits, des idées différentes. Mais, pour le moment, l'euphorie d'avoir survécu nous permet de rester calme le temps que tout se mette en place. La mort du commandant a légèrement apaisé la rancoeur de certaines personnes ayant vécu l'enfer à cause de lui. Même s'ils n'oublieront jamais. Et qu'ils n'arrêterons pas d'en parler.

Parce qu'on ne peut pas oublier.

On ne doit pas oublier.

Chiara est partie en expédition avec Liam pendant des mois pour créer de plus en plus d'oxygène et pour créer des étendues d'eau. Eden a fini par partir elle aussi avec Shawn qui ne voulait pas être sans elle autant de temps. Elle a crée des glaciers pour accueillir les animaux qui ont besoin de vivre dans cet environnement là.

Polly a crée des montagnes, accompagnée par Luna pendant que Niall était obligé de rester au camp, créant plusieurs feux, plusieurs sources de chaleur pour les nouveaux foyers.

Gwendoline a décidé de prendre en charge un orphelinat, accueillant des enfants qui ont malheureusement survécu sans leurs parents. Des volontaires l'aident tous les jours à s'en occuper, à les nourrir, à faire leur éducation, à les soigner. Et je m'y rend tous les jours également. Plusieurs orphelinats ont vu le jour, un peu partout sur cette planète, mais celui de Gwendoline se trouve dans le premier camp que nous avons crée. Celui où nous sommes naturellement restés et revenus après nos nombreuses expéditions.

Cette planète n'aurait jamais été vivable sans nous.

Mais ça reste difficile à accepter lorsqu'on sait comment on nous a crée.

On nous voit comme des héros alors que, tous les neuf, on a encore du mal à accepter la raison de notre existence.

On culpabilise pour tous ceux qui sont morts à notre nom.

On essaie d'apprendre à vivre avec.

« Vous avez réfléchi à ma proposition? » Demande Silas.

Je souris légèrement et hoche la tête.

« On a eu une réunion hier soir. »

En même temps que je prononce cette phrase, je regarde le ciel prendre une teinte orangée. Le soleil est en train de se coucher, m'offrant un spectacle magnifique qui me fait oublier le temps de quelques secondes cette conversation.

« On était tous contre. » J'annonce.

Silas n'est pas surpris par ma réponse. Et, honnêtement, même si on en a parlé tous les neuf en présence de Delilah et Michael, je savais déjà qu'on serait tous d'accord. Surtout après ces derniers mois à nous épuiser pour gérer l'organisation sur cette planète et à calmer les conflits lorsqu'il y en avait.

« On a accepté de tout gérer en attendant ton arrivée, Silas, mais on ne veut pas devenir des commandants. » Je lâche.

C'était ça, sa proposition. Qu'on devienne tous commandant d'une zone. D'un futur pays. Parce que les Hommes nous sont tellement redevables d'avoir réussi cette mission que Silas pense qu'ils nous écouteraient plus facilement en cas de conflit ou de grande décision à prendre. Et peut-être qu'il n'a pas tord. On en a longuement discuté. Des pour, des contre. Jusqu'à décider qu'on refuserait. Pour plusieurs raisons.

« Ces gens ont le droit d'avoir le choix. De voter pour qui ils veulent comme commandants. Ce serait malsain de nous imposer en estimant qu'ils nous sont redevables à vie. Puis toutes ces personnes qui ont aidé à la survie de leur base sur Terre méritent de pouvoir se présenter. Parce que pendant que nous on mangeait à notre faim et étions protégés par la base une, eux ils étaient prêts à se sacrifier pour leur base. » Je dis d'abord.

Silas hoche la tête et je prends une grande inspiration avant d'ajouter:

« Et, plus égoïstement, on veut juste être tranquilles maintenant. »

Hier, lors de notre réunion, on pouvait voir à quel point ces derniers mois nous avaient épuisés. On ne regrette pas tous ces sacrifices quand on voit le nombre de personnes sauvées aujourd'hui. Mais on ne peut pas oublier non plus qu'on ne nous a jamais vraiment laissé le choix. On est né pour ça. C'était notre mission. Une mission qu'on a jamais choisie.

Et on aimerait qu'elle se termine aujourd'hui.

« On s'est crée un endroit rien qu'à nous pas loin du camp. On sera toujours là évidemment, on aidera à l'évolution du camp, on aidera pour les ressources, je travaillerais à l'orphelinat avec Gwen, mais on veut vivre comme tout le monde à partir de maintenant. Ou du moins essayer. »

Silas sourit derrière son masque et tousse légèrement avant de me répondre:

« Vous le méritez. »

Cette fois, c'est moi qui souris doucement. Un silence apaisant s'installe entre nous. Un silence qui n'en est pas vraiment un lorsqu'on fait attention au bruit des feuilles remuées par le vent, aux oiseaux qui se perdent dans les branches, au bois qui craque, aux voix des habitants de mon camp un peu plus loin. C'est réconfortant.

C'est vivant.

« Et concernant le nom de cette planète, vous avez aussi réfléchi à ma proposition? » Demande Silas.

Cette fois, je ne peux m'empêcher de rire légèrement.

« Quoi? » Il s'insurge, un sourire amusé sur les lèvres.

« T'es vraiment pas allé chercher loin. » Je ris en le regardant à travers l'écran.

« Excuse-moi mais j'avais d'autre choses à gérer ici. Comme survivre, par exemple.

-Petit joueur. »

Il rit à son tour et je finis par hausser les épaules en répondant:

« On n'avait pas d'autres idées de toute façon.

-Donc c'est validé?

-Apparement. »

Silas sourit et hoche la tête, se voyant déjà annoncer le nom de notre planète à tout le monde.

« La planète NINE. »

(To Build A Home_The Cinematic Orchestra, Patrick Watson)

Mon sac sur le dos, je marche le long de la route tout en ne pouvant m'empêcher de regarder les étoiles au dessus de ma tête. Je souris doucement, pensant à eux. Je penserais toujours à eux. Ma main se resserre autour de la hanse de mon sac alors que j'aperçois notre quartier au bout de la rue. Je me dirige vers le grand portail et tape le code afin de l'ouvrir.

A l'entrée de notre quartier se trouve une statue. C'est Silas qui a insisté pour la placer ici. En guise de cadeau, de remerciement, d'honneur. La statue représente les planètes. Nos planètes. Toutes ensemble. Réunies. La Lune, Mercure, Jupiter, Uranus, Neptune, Venus, Pluton...

Je souris en voyant les deux dernières, l'une contre l'autre.

Mars et Saturne.

Je contourne la statue et emprunte ce chemin que je connais par coeur maintenant. C'est une grande allée où neuf maisons sont alignées les unes en face des autres. On pouvait se séparer si nous le voulions. Mais les années sont passées et aucun de nous n'en a ressenti l'envie. Il y a ce lien entre nous qui nous rappelle tout ce que nous avons vécu ensemble. Et je crois qu'on aura toujours besoin de ne pas être loin les uns des autres.

Je passe devant ce qui est censé être la maison à mon nom. Mais ça n'a jamais vraiment été le cas. C'est Gwendoline qui y a vécu dès le premier jour, prenant avec elle un petit garçon de l'orphelinat auquel elle s'était beaucoup attachée. Elle ne l'a jamais avoué mais je crois qu'il lui a toujours fait penser à Ismael, même si elle a conscience qu'elle ne reverra jamais ce dernier. Mais Charly, ce garçon de onze ans maintenant, aura au moins eu le droit à un foyer aimant. Il est devenu le petit-frère de tout le monde ici.

Moi, je vis dans la maison à côté de celle de Gwendoline. Je sors d'ailleurs mes clés pour ouvrir la porte d'entrée et m'y engouffrer. Je sais déjà qu'elle est vide. C'est pourquoi je ne m'attarde pas trop, me dirigeant vers la chambre pour y poser mon sac et récupérer un pull qui traînait sur le lit. Ce n'est pas le mien mais le sien. Et c'est bien pour ça que je décide de l'enfiler, profitant de son odeur contre moi.

Mon téléphone vibre dans ma poche et je décroche en voyant le nom de Chiara s'afficher.

« Allô.

-T'es où? On t'attend.

-J'arrive. J'ai dû partir plus tard de l'orphelinat. Une petite voulait que j'attende qu'elle s'endorme.

-Que c'est mignon. » J'entends la voix de Liam résonner.

« Bref bouge-toi. » Rit Chiara en reprenant le téléphone.

« J'arrive. » Je réponds avant de raccrocher.

Je traverse de nouveau la maison et souris en voyant le livre d'astronomie sur la table de la cuisine. C'est celui de Gwendoline. Enfin, celui de Charly maintenant. Il adore se promener avec et je devine qu'il a dû passer l'après-midi ici. Il peut passer des heures à écouter Louis lui expliquer tout ce qu'il sait sur l'Univers, sur les planètes. Et il adore qu'on lui raconte comment on a sauvé le monde même s'il a déjà entendu l'histoire un millier de fois. Que ça soit avec nous ou à la télé où ils en parlent chaque année pour célébrer notre arrivée sur la planète NINE.

Comme ils l'ont fait aujourd'hui pour fêter les dix ans.

Je sors de la maison et referme la porte derrière moi avant de m'éloigner vers un autre chemin qui se cache derrière nos maisons et qui mène à un immense terrain qui nous est réservé. On aime bien s'y retrouver tous ensemble et aujourd'hui c'est un peu comme si on fêtait notre anniversaire. Celui de notre seconde chance.

Je les vois au loin, installés sur de grands draps posés sur l'herbe fraiche. Gwendoline est debout, à côté de Charly qui utilise un télescope. Mais pas n'importe lequel. La dernière invention de Delilah et Michael, qui sont juste à côté, le regardant fièrement.

En me voyant approcher, Gwen sourit et s'approche de moi pour me prendre dans les bras. Je la serre doucement contre moi et dépose un baiser sur sa joue avant de m'approcher de Charly pour lui ébouriffer les cheveux. Il est tellement concentré qu'il ne râle même pas, écoutant attentivement les conseils de Michael.

« Enfin là! » S'exclame Chiara, assise sur un drap avec Liam.

Je lui tend mon majeur et elle rit en se laissant retomber contre Liam lorsque ce dernier passe son bras autour de ses épaules.

Chiara passe beaucoup de temps dans un centre qui recueille des jeunes filles et des femmes ayant subit des agressions. C'est elle qui a demandé à Silas de mettre ça en place et l'idée a été supportée par énormément de soignants qui ont directement voulu travailler avec elle. Liam l'accompagne parfois lorsqu'elle le lui demande. Lorsqu'elle en a besoin.

« Quelqu'un veut un sandwich? » Demande Zayn en arrivant avec un plat dans les mains. « Oh salut mec. » Il ajoute en tapant amicalement mon épaule.

« Nous on en veut bien s'il te plaît! » Demande Eden en se relevant, Shawn à ses côtés.

Tous les deux ont décidé de voyager d'écoles en écoles pour apprendre aux enfants la langue des signes. Une langue qui avait été rejetée par le commandant Cooper lorsqu'il était encore au pouvoir sur Terre.

« Je suis vraiment jaloux du fait que tu puisses préparer une vingtaine de sandwichs en deux secondes. Littéralement. » Il signe.

« Ecoute faut bien que ma faculté serve à quelque chose maintenant que je suis à la retraite. » Pouffe Zayn en lui tendant le plat.

Je ris légèrement en secouant la tête. Zayn n'est pas vraiment à la retraite comme il le dit. Il travaille avec Michael sur ses dernières inventions. Il l'aide à bidouiller de nouvelles machines et, grâce à sa faculté, il arrive à monter plusieurs pièces en seulement quelques secondes. Ce qui est bien pratique, en plus de son intelligence. Polly travaille avec eux aussi, son imagination étant d'une aide précieuse. Et Liam finit toujours par les rejoindre, incapable de ne rien faire.

Une équipe reste une équipe finalement.

Niall passe devant moi en me saluant, rejoignant Luna assise plus loin. Elle me fait un signe de la main, le sourire aux lèvres. Tous les deux portent un certain intérêt à la faune et la flore. Ils militent pour l'écologie et font de la prévention pour rappeler à quel point on s'est battu pour cette planète et qu'on ne doit surtout pas refaire les mêmes erreurs. Ils rappellent à quel point ça doit être une priorité pour tous les commandants.

Je cherche Polly du regard et la trouve un peu plus loin, assise près de la réelle personne que je cherchais depuis le début. Je savais qu'ils seraient ensemble. Je m'approche discrètement d'eux, passant devant Silas qui me sourit, un verre à la main. C'est rare qu'il ait le temps de traîner avec nous, étant un commandant, celui de notre territoire, mais dès qu'il le peut il le fait, ayant besoin de souffler lui aussi.

Entendant mes pas derrière eux, Polly et Louis se retournent en même temps. Ce dernier me sourit doucement alors que Polly se relève en disant:

« Salut Harry. Je vais aller me chercher un sandwich.

-Tu pouvais rester si tu voulais. » Je ris à l'entente de son excuse.

« C'est bon. En plus je devais parler de notre dernière invention avec Zayn. »

Je hoche la tête, n'insistant pas, et étant bien heureux de m'asseoir près de Louis que je n'ai pas vu depuis ce matin lorsque je me suis réveillé à ses côtés. Il me suit du regard et sourit un peu plus lorsqu'il se penche vers moi pour murmurer près de mes lèvres:

« Salut.

-Salut. » Je réponds de la même façon avant de lui voler un baiser.

Un baiser qu'il fait durer quelques secondes supplémentaires, sa main se posant sur ma joue et ses lèvres retenant les miennes afin que je ne m'éloigne pas. Je souris contre lui, approfondissant notre baiser avant de passer un bras autour de ses épaules pour le faire tomber contre moi. Son visage maintenant dans mon cou, il rit contre ma peau et l'embrasse avant de poser sa tête sur mon épaule, le visage tourné vers le ciel étoilé. Mon coeur se réchauffe en le regardant et je ne peux m'empêcher d'embrasser sa joue avant de tourner mon regard vers le ciel à mon tour.

On s'était promis de continuer à regarder les étoiles ensemble.

« Ta journée s'est bien passée? » Je demande.

Il hoche doucement la tête, venant prendre ma main dans la sienne en même temps qu'il me raconte:

« Je suis allé à l'association ce matin et, cet après-midi, Charly a voulu venir à la maison.

-Je sais. J'ai vu son livre dans la cuisine. »

Ça fait doucement rire Louis qui hoche la tête.

« Et ça allait à l'association?

-Il y a un garçon qui est venu parler de la mort de son père durant la révolte contre la base une. Il avait seulement sept ans quand il est mort. Il m'a dit qu'il pensait à lui tous les jours. Mais que, avec le temps, ça le rendait heureux de penser à son père. Qu'il commençait à penser aux bons moments aussi. Que ça le réconfortait. Il m'a dit qu'il avait culpabilisé au début, en réalisant qu'il était de nouveau heureux alors que son père était mort. Mais il s'est finalement dit que c'est ce qu'il aurait voulu aussi. Et qu'on ne pouvait pas culpabiliser toute notre vie d'être ceux qui ont survécu. »

Louis sourit tristement avant de tourner la tête vers moi pour murmurer:

« Je crois que ça m'a fait du bien de l'entendre. »

Je souris doucement et passe ma main dans sa nuque que je frôle du bout des doigts.

« On n'a pas à culpabiliser d'être heureux aujourd'hui, Harry. »

Les mots de Louis sont comme une douce caresse à cet instant. Dix ans en arrière, je n'aurais même pas prit le temps de recevoir cette caresse. Je l'aurais rejetée. J'aurais rejeté ces mots loin de moi, pensant aux enfants de l'orphelinat. De mon orphelinat. Celui dont il ne doit rester que des ruines aujourd'hui. Des ruines entourées de bottes de terre. D'enfants qui ne grandiront jamais.

Mon coeur se serre mais je sens aujourd'hui que j'arrive mieux à gérer cette douleur. Elle est toujours là mais elle ne m'empêche plus d'avancer. Elle ne me met pas instinctivement dans tous mes états. La colère ne prend plus le pouvoir sur moi comme elle a pu le prendre pendant de longues années. Ça ne veut pas dire que j'ai oublié. Je n'oublierais jamais.

Mais je crois que ça ressemble à ça de trouver finalement la paix.

Je souris à cette pensée et souris aussi à Louis qui caresse ma main du bout des doigts.

« Et toi? L'orphelinat? » Il finit par me demander.

Je me pince les lèvres et Louis fronce les sourcils en voyant la lueur de tristesse traverser mon regard.

« Ellie a encore pleuré quand elle a su que je devais rentrer chez moi. J'ai dû attendre qu'elle s'endorme. C'est pour ça que je suis en retard.

-Ça fait plusieurs fois qu'elle a cette réaction.

-Pratiquement tous les soirs. » Je confirme, le coeur serré.

Ellie est une petite fille de quatre ans que nous avons accueilli il y a bientôt un an, suite à son abandon. Sa mère ne pouvait pas s'en occuper et il n'y avait pas de père. On a beau se trouver sur une nouvelle planète et faire du mieux que l'on peut les tragédies existeront toujours. On ne peut pas tout contrôler.

Si j'aime tous les enfants de cet orphelinat, j'ai crée un certain lien avec Ellie. Depuis le jour où elle jouait dans un bac à sable et que, sans trop réfléchir, j'ai crée un tout petit tourbillon de sable. Quand elle l'a vu, elle s'est mise à rire. A vraiment rire. Je ne l'avais jamais entendu rire avant et, à ce moment-là, je n'ai pas pu m'empêcher de me mettre à rire avec elle.

J'ai réalisé que ma faculté avait plus tué qu'elle n'avait fait rire. Ce jour-là, c'est comme si Ellie lui avait donné un autre sens, en seulement quelques secondes. Un autre goût. Beaucoup plus doux.

Je me suis beaucoup attaché à elle. Un peu trop peut-être puisque, aujourd'hui, mon coeur se serre à chaque fois que je dois la laisser à l'orphelinat pour rentrer chez moi. Ses pleurs me crèvent le coeur.

« J'adore cette petite. » Je dis à Louis en souriant tristement.

« Et elle t'adore aussi.» Il me sourit en retour.

Je hoche doucement la tête. Louis m'accompagne souvent à l'orphelinat pour nous donner un coup de main à Gwendoline et moi, en plus des autres adorables personnes qui y travaillent. Il a pu voir Ellie plusieurs fois et je crois qu'il est tombé sous le charme aussi. Il me demande souvent de ses nouvelles si je ne lui en ai pas déjà donné à la seconde où j'ai mit un pied dans la maison.

Les doigts de Louis s'arrêtent de caresser ma main et c'est ce mouvement qui me fait relever la tête vers lui. Son regard s'est perdu dans les étoiles au dessus de nos têtes et il semble complètement dans ses pensées. J'en profite pour le regarder, souriant doucement sans pouvoir le contrôler.

Puis il tourne de nouveau la tête vers moi pour me dire:

« Et si on lui offrait une famille?

-Quoi? »

J'ai très bien compris. J'ai juste du mal à croire que c'est vraiment ce que j'ai entendu. Mon coeur se met à battre un peu plus vite alors que je fronce légèrement les sourcils sous le regard profond de Louis qui se mord la lèvre inférieure avant de reprendre:

« Je vois que ça te fait mal à chaque fois que tu dois te séparer d'Ellie. Et, de ce que tu me dis, ça lui fait mal aussi. Alors pourquoi on ne la ramènerais pas à la maison?

-Tu veux qu'on l'adopte?

-Au fond de toi, tu l'as déjà fait et tu le sais. Il y a ce lien entre vous. Et je me suis attaché à elle moi aussi. Je suis conscient que ça serait beaucoup de responsabilités mais... je crois qu'on en serait capables. J'en suis sûr, en fait. Tu sais mieux que n'importe qui ce que c'est que d'attendre d'avoir enfin une famille. Et c'est ce que Ellie attend à son tour aujourd'hui. Puis, on s'en sort vraiment pas mal avec Charly lorsqu'on le garde. Il a encore jamais fini à l'hôpital. »

Alors que mon coeur et mon estomac se retournent dans tous les sens, je ne peux m'empêcher de sourire d'amusement à l'entente de cette dernière phrase. Je ris, à la fois de joie et de nervosité, avant d'ancrer de nouveau mon regard dans celui de Louis. Il brille d'excitation.

« Tu es sûr, Louis? »

Il sourit doucement en hochant la tête.

« Je pourrais venir avec toi demain à l'orphelinat pour en parler avec la directrice. Et, si elle estime que c'est une bonne idée, que c'est possible, on pourrait aller voir ensemble Ellie et lui en parler...

-Je travaille avec la directrice. C'est même moi qui l'ai choisie, comme toutes les personnes qui y travaillent. Elle ne dira jamais non s'il s'agit du bonheur d'un enfant.

-Alors il va falloir qu'on vide notre deuxième chambre. » Il me répond en haussant les épaules.

Je ne peux plus m'arrêter de sourire, sentant mes yeux briller. Louis rit doucement en me voyant dans cet état et je ne peux plus me retenir de me jeter dans ses bras. Littéralement. Je le fais tomber en arrière, m'allonger sur lui et attrapant ses lèvres avec les miennes. Si au début il rit contre ma bouche, il finit par répondre à mon baiser, caressant mes joues avec toute la tendresse du monde. De notre monde.

Je glisse lentement à ses côtés, gardant un bras autour de sa taille.

« Je t'aime.

-Je t'aime. » Il me murmure en retour.

Puis je jette un regard autour de nous.

Je vois Charly derrière le télescope avec Silas qui l'a rejoint, sa main posée sur sa petite épaule. Michael et Delilah sont autour de lui aussi, discutant avec Gwendoline qui sourit doucement en surprenant mon regard.

Liam et Chiara sont assis avec Niall et Luna, discutant tout en dégustant les sandwich de Zayn qui s'est isolé plus loin avec Polly qui fait de grands gestes avec ses mains tout en parlant de ses prochaines idées. Je regarde de nouveau Chiara et la façon dont elle s'appuie naturellement contre Liam qui embrasse tendrement sa joue. Luna les regarde aussi en souriant et en lançant un regard complice à Niall. Je crois que même après toutes ces années on ne peut s'empêcher de sourire face à cette relation qui était une belle surprise.

Shawn s'est allongé, sa tête posée sur les genoux d'Eden qui sourit en lui caressant les cheveux, s'arrêtant seulement pour signer en même temps qu'elle lui parle.

« Ellie va rejoindre notre famille. » Je murmure à Louis, réalisant ce qu'on vient de se dire.

Il sourit et hoche la tête, regardant à son tour les autres autour de nous.

Puis il regarde de nouveau les étoiles sous nos yeux en me disant:

« J'ai du mal à réaliser qu'on était si proches d'elles...

-C'est vrai. Mais je suis content qu'on soit enfin arrivés. »

Louis tourne la tête vers moi et je le regarde en souriant doucement.

« Qu'on soit enfin arrivés chez nous. » Je murmure.

Mars et Saturne n'ont plus à s'inquiéter.

On leur avait promis de ne jamais les séparer.

...

J'espère que cet épilogue vous aura plu?

Je tenais à vous remercier de m'avoir soutenu durant toute cette aventure. Durant ces deux tomes durant lesquels j'ai pu douter mais où vos commentaires m'ont énormément encouragé. Après avoir supprimé sa première version j'avais très peur de ne pas y arriver une seconde fois. De vous laisser avec une histoire inachevée. De me dire que je n'arriverais jamais à terminer NINE. Alors je suis tellement heureuse d'avoir pu vous partager leurs aventures du début à la fin. Ecrire une dystopie c'est sortir de ma zone de confort et je pense sincèrement avoir encore besoin de beaucoup m'améliorer, je ne maitrise vraiment pas le sujet, mais j'ai prit beaucoup de plaisir et c'est le plus important finalement.

Merci d'avoir donné une chance à cette histoire, à ces personnages. Je serais curieuse de savoir lesquels ont été vos préférés et pourquoi!

Personnellement, et je pense que ça s'est ressenti, c'est le personnage d'Harry qui était mon préféré. C'était vraiment le personnage principal à mes yeux, aussi complexe soit-il. Et bien-sûr ma petite Chiara avec qui il formait un duo assez explosif! Mention spéciale quand même à mon Liam qui a beaucoup évolué du tome 1 au tome 2 et qui avait aussi ses raisons d'agir de cette façon lors du tome 1, même s'il a pu vous saouler ahah!

Je leur laisse vivre la vie qu'ils méritent maintenant, en paix et en famille.

Merci à @lousombre pour les bandes annonces et montages photos qu'elle a réalisée pour NINE tout le long de son histoire. Merci pour ton talent et pour nos discussions.

Encore merci mille fois pour tout, je ne répéterais jamais à quel point je vous suis reconnaissante.

Et si vous voulez découvrir une nouvelle histoire rendez-vous le 26 avril pour le prologue de
"Le lanceur de fleurs" et le 3 mai pour le chapitre 1! A partir de ce moment-là il y aura un chapitre chaque vendredi!

Plein plein d'amour.
-Océane❤️

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