Chapitre 9

Hi! J'espère que vous allez bien?
Je n'ai pas eu le temps de répondre à vos commentaires cette semaine et j'en suis sincèrement désolée. Je vais me rattraper mais en attendant sachez que je les ai tous lu et qu'ils me touchent plus que tout et que je vous suis tellement reconnaissante d'être là.
J'espère que ce chapitre vous plaira.❤️

...

CHAPITRE 9

(Kill Em With Kindness - Accoustic_Selena Gomez)

Harry.

Je suis le premier à me réveiller. Et ce n'est pas à cause d'un cauchemar cette fois. Parce que je n'en ai pas fait de toute la nuit. Je pourrais même dire que c'est la première fois depuis notre fuite que j'ai l'impression d'avoir réellement dormi. De m'être réellement reposé. Pourtant, ce lit une place est loin d'être confortable lorsqu'on se retrouve à être deux à l'intérieur. Mais je regarde Louis à côté de moi, contre moi, et je sais qu'il est la raison pour laquelle ma nuit n'a pas été aussi sombre que les dernières.

Je soupire doucement, regardant son visage endormi mais apaisé. Ses jambes sont collées aux miennes et, instinctivement, son bras est venu s'enrouler autour de ma taille. Ce simple contact me donne l'impression de brûler intérieurement. C'est horrible de réaliser que c'est exactement ce dont j'avais besoin. Oui, c'est horrible de se l'avouer lorsque c'est autant le bordel à l'extérieur qu'à l'intérieur de mon coeur.

Je déglutis difficilement, osant approcher ma main de son visage. Elle tremble légèrement et mon doigt vient à peine frôler la joue de Louis. J'aimerais pouvoir faire plus. J'aimerais pouvoir le prendre dans mes bras et ne plus jamais le lâcher. Mais il y a cette noirceur dans ma cage thoracique, ce trou noir qui me donne l'impression d'aspirer le moindre sentiment agréable que j'ose ressentir. Comme si je n'en avais pas le droit.

Une sonnerie retentit soudainement dans le vaisseau et Louis se réveille en sursautant. Je vois alors la panique dans ses yeux alors qu'il se redresse violemment. Son visage se tourne vers moi et je le rassure immédiatement en disant:

« C'est juste le signal pour qu'on se lève et qu'on se prépare pour le départ. »

Ma voix est calme alors que, au fond de moi, je peux sentir mon estomac se retourner dans tous les sens. Ça y est. On va quitter la base dix. On va prendre un vaisseau jusqu'à la base neuf et y rencontrer ses habitants avant de continuer notre quête à travers des tunnels. On va de nouveau être enfermés sous terre. Sans lumière naturelle. Mais avec le risque de mourir chaque jours.

A cette pensée, mon regard retrouve celui de Louis qui ne m'a pas lâché. Est-ce qu'il est prêt pour ça? Est-ce qu'il est prêt à prendre autant de risques? Ou est-ce qu'il finira par regretter de m'avoir suivi dans cette rébellion? Et moi? Est-ce que je suis prêt à prendre le risque de le perdre chaque jours? A ressentir cette angoisse chaque seconde?

« Ça va aller. » Il murmure face à mon regard.

« Tu n'en sais rien. »

Louis ouvre la bouche mais la referme aussitôt lorsque je reprends:

« C'est pour ça aussi, que je ne t'ai rien dis. »

Il fronce légèrement les sourcils et je prends une légère inspiration avant de reprendre:

« Je ne te faisais pas assez confiance, c'est vrai. Tu avais raison sur ce point-là. Mais c'est aussi parce que je ne savais pas ce qui était le plus dangereux entre t'embarquer dans cette rébellion ou te laisser dans la sous-base où tu avais plus de chance de te retrouver sur cette planète, en sécurité. »

Louis écoute mes aveux sans m'interrompre. Je ne lui ouvre peut-être pas mon coeur comme lui a pu le faire mais c'est tout ce que j'arrive à sortir de ma poitrine à cet instant. Ça et un dernier aveux que je lui murmure enfin:

« J'ai déjà perdu Gwendoline et Ismael. Je ne supporterais pas de te perdre toi aussi. »

Une lueur passe dans le regard de Louis alors que je déglutis difficilement. Je lui tourne ensuite le dos, laissant mes jambes pendre dans le vide. Je m'apprête à partir lorsque Louis murmure dans mon dos:

« Alors accepte le aussi. »

Même s'il ne peut pas le voir, l'incompréhension traverse mon regard. Je reste dos à lui et lorsqu'il comprend que je ne me retournerais pas, il reprend:

« Accepte le fait que je ne puisse pas te perdre non plus, Harry. »

Je me tends légèrement alors que mon coeur se réchauffe et se serre violemment. Parce que dans toutes les versions que je me fais de l'avenir, je ne vois pas comment Louis pourrait ne pas me perdre. La base une veut ma mort et ma culpabilité le veut aussi. J'ai plus de raison de mourir que de vivre. En fait, ma raison de vivre se bat seule contre tout le reste. Et elle se résume à une personne dont la respiration se fait plus saccadés dans mon dos.

Je prends une grande inspiration puis saute de sa couchette, me dirigeant vers la sortie du dortoir sans me retourner. Parce que le regarder serait lui montrer que, pour l'instant, je suis loin de l'avoir accepté. Même si je me doute que, au fond de lui, il le sait. Mais je le connais assez pour savoir qu'il continuera de s'acharner. Pour lui. Pour moi.

Je me dirige directement vers la salle de bain du vaisseau où de nouvelles tenues sont accrochées et nous attendent. Des tenues semblables à celles que l'on portait dans la base une. C'était l'idée de Michael, de garder ces combinaisons qui, en plus de pouvoir nous protéger un maximum, ont nos noms de codes inscrits dans le dos. Il a dit que c'était une bonne façon de montrer à la sous-base que leur propre armée se retournait contre elle.

Je m'approche de ma tenue, entièrement noire. La seule différence c'est que MARS n'est plus inscrit en blanc mais en rouge. La couleur du sang. La couleur de la rébellion. Je ne sais pas quoi en penser. Je ne cherche pas vraiment à le faire. Si la dernière vision du commandant s'avère être mon dos et ce nom que lui-même m'a donné, alors ça me va.

Sous la douche, je prends mon temps. J'entends les autres arriver et repartir et je sais qu'on va m'attendre mais je m'en fiche. Je savoure cette dernière douche chaude. Je savoure le fait de me sentir un minimum en sécurité pour la dernière fois. Je savoure l'odeur du savon et le calme autour de moi.

Parce qu'à la seconde où j'enfile cette tenue, mes yeux rivés sur le miroir en face de moi, je sais que tout ça est terminé.

Lorsque j'arrive au centre du vaisseau, tout le monde est là. Les huit autres. Les mentors. Eliaz et Robyn. Ces derniers sont en train de parler avec Silas alors que tout le monde prépare son sac ou prend des forces en déjeunant. Je remarque Louis assis dans un coin de la pièce avec Polly et Niall. Ils parlent tous les trois tout en remplissant leurs sacs de provisions. Je décide de prendre mon sac et, après avoir regardé la salle autour de moi, d'aller m'installer à table à côté de Chiara qui tient difficilement sa tête d'une main. Elle a une gueule de bois monumentale et ça pourrait presque me faire sourire. C'est assez ironique comme situation.

« T'as une sale gueule. » Je lui lance en même temps que je pose mon sac sur la table en face de moi.

Elle marmonne une réponse que je ne comprends pas, me tendant son majeur. Un très léger sourire naît aux coins de mes lèvres et, en le remarquant, elle me dit:

« Et toi t'as ta gueule est plutôt pas mal pour une fois.

-Merci.

-Ça a peut-être un rapport avec le fait que t'étais pas dans ton lit... » Elle chuchote avec un sourire moqueur.

Je lève les yeux au ciel et lui répond:

« C'est flippant d'espionner les gens quand ils dorment.

-J'étais juste trop bourrée pour trouver mon lit. Alors je les ai tous vérifié. La vision de toi avec Louis m'a presque rendue sobre.

-Fermes-là... »

Chiara rit discrètement, s'appuyant encore plus contre sa main qui glisse le long de sa joue. Son regard passe de Louis à moi et son sourire se fait plus triste. Mais plus sincère aussi.

« Je l'aime bien. Il t'apaise. » Elle me dit soudainement.

Les mains dans mon sac, je me tends légèrement. Je fais mine de vérifier que tout est là alors que, en réalité, mes pensées sont déjà loin. Je lance un regard en direction de Louis, par dessus mon sac, et le vois relever la tête vers moi avant de sourire très légèrement et de détourner aussitôt le regard. Peut-être parce qu'il a peur que je ne lui souris pas en retour. Peut-être qu'il se protège de cette possibilité, de cette vision.

« Je suis loin d'être apaisé. » Je finis par répondre à Chiara.

Cette dernière ancre son regard dans le mien et hausse simplement les épaules avant de me répondre:

« En tout cas c'est avec lui que tu t'en rapproches le plus. »

Puis elle ne rajoute rien, et moi non plus. Elle prend une pomme sur la table et croque dedans, me tendant la deuxième. Je l'accepte, croquant à mon tour dedans en même temps que je regarde les autres autour de nous. Liam est debout dans un coin de la pièce, son sac déjà sur le dos et prêt à partir. Ce qui contraste complètement avec les cernes sous ses yeux et ses traits tirés. Il doit être celui qui a le plus bu avec Chiara. A côté de lui, Eden semble perdue dans ses pensées, tenant fermement son sac contre elle. Louis, Niall et Polly finissent par se lever et sont rejoint par Zayn et Luna qui ont leurs sacs sur les épaules. En me voyant, Zayn vient s'asseoir à mes côtés, jetant un coup d'oeil à Chiara avant de me dire:

« C'était peut-être pas la meilleure idée de se bourrer la gueule avant de sauver l'humanité.

-Au contraire, c'était une excellente idée. » Le contredit Chiara.

« Toi tu n'as pas bu? » Je demande à Zayn.

Il hausse les épaules.

« Pas autant que les autres. Je pilote avec Eliaz. Je vais éviter de nous tuer avant d'être arrivé.

-Ça serait sympa, effectivement. » Intervient justement Eliaz en arrivant vers nous.

Je relève la tête vers lui et il me sourit avant de reprendre:

« D'ailleurs, tu peux venir avec nous aux commandes. Je te laisserais essayer de piloter avec Zayn, si tu veux.

-Vraiment? » Je réponds, surpris. Et stressé aussi.

« Vraiment? » Répète Chiara en ouvrant grand les yeux.

« Merci pour ta confiance. » Je marmonne.

« Evidemment que je n'ai pas confiance! Vous deux en train de piloter pour la première fois avec MOI à bord.

-Je serais toujours là en cas de soucis. » La rassure Eliaz.

Absolument pas rassurée, Chiara soupire et laisse tomber sa tête sur la table en disant:

« Et on a même plus d'alcool... »

Quelques minutes plus tard, nous sommes tous debout avec nos sacs sur le dos. Des sacs contenant des provisions, des soins, des munitions pour les armes qui nous attendent déjà dans l'autre vaisseau. A nos sacs sont accrochés des tentes et des gourdes. Ils sont lourds et j'aimerais déjà m'en débarrasser alors que nous allons marcher des mois entiers avec.

Au moment des au revoir, je décide de m'isoler. Je sors déjà du vaisseau, ne voulant pas prendre les mentors dans mes bras ou entendre ce qu'ils ont à nous dire. Je ne veux pas entendre leurs discours encourageants ni les entendre nous répéter qu'ils font équipe avec nous même s'ils restent dans la base dix. Par précaution, qu'ils disent. En attendant, c'est encore nous en première ligne.

Il fait encore nuit et seules les lumières venant du vaisseau m'éclairent. Je lève la tête et aucune étoile ne brille dans le ciel. Il y a trop de nuages. Même le ciel a compris que je ne voulais pas de ses encouragements.

Malheureusement, des pas se font entendre derrière moi et, lorsque je me retourne, Silas est en train de sortir du vaisseau. Je détourne aussitôt le regard, l'ignorant lorsqu'il vient se placer à mes côtés.

« Je suis désolé, Harry. » Il lâche.

Mais je l'ignore toujours. S'excuser n'efface rien. S'excuser est égoïste. C'est pour se sentir mieux. Pour apaiser un minimum sa culpabilité. Tant mieux pour lui s'il y arrive. Moi je n'y arrive pas.

« Et je sais que mes prochaines paroles n'auront aucun sens pour toi aujourd'hui mais j'espère qu'elles en auront un jour. Je veux que tu saches que je n'irais pas sur cette nouvelle planète. Je compte mourir ici. Ma mort ne sera belle que si je sais avoir réussi. Pour les autres bases, pour vous, pour toi. Parce que même si tu n'es pas d'accord avec moi, tu mérites d'aller sur cette planète, Harry. Tu mérites plus que n'importe qui ce nouveau départ. »

Un léger rire s'échappe d'entre mes lèvres. Un rire nerveux lorsque j'entends ces deux derniers mots. Je tourne alors ma tête vers Silas, ancrant mon regard dans le sien pour lui lâcher les seuls mots que je lui réserverais aujourd'hui:

« On a qu'un départ, Silas. Le premier. Et c'est trop facile de m'en souhaiter un nouveau lorsque vous avez bousillé le seul que j'avais. »

Je ne prends même pas la peine de regarder sa réaction. Je ne sais pas si je le reverrais un jour mais je suis ok avec le fait que ça soit les derniers mots que je lui adresse.

Eliaz et Robyn sortent de notre vaisseau au même moment et je les suis rapidement jusqu'au leur. Une fois à l'intérieur, je pose mon sac dans le coin où ça leur ai réservé et, rapidement, les autres me rejoignent. Je fixe mon sac à mes pieds, tentant de calmer ma respiration et ce sentiment d'injustice qui brûle au fond de ma poitrine. Ce genre de sentiment qui vous font vous répéter de façon pitoyable « pourquoi moi ? » .

Je sors de mes pensées en sentant le regard de Louis posé sur moi. Il vient de déposer son sac à côté du mien et me questionne du regard lorsque je relève la tête vers lui. Je réalise seulement à ce moment là que mes yeux sont plus humides qu'il y a quelques minutes.

« Installez-vous tous à une place. Nous avons plusieurs heures de vol. Harry, tu nous rejoins? » J'entends Eliaz dire à l'avant de vaisseau.

Je croise alors son regard par dessus l'épaule de Louis qui réagit:

« Oh, tu vas piloter?

-Oui. Eliaz m'a proposé de le rejoindre avec Zayn. »

Louis hoche simplement la tête, lançant un coup d'oeil à Eliaz avant de reporter son attention sur moi. A ce moment-là, son regard se perd une demie seconde sur mes lèvres. C'est rien, une demie seconde. C'est presque inexistant. Pourtant je l'ai remarqué. Et mon coeur qui bat un peu plus vite l'a remarqué aussi. Louis se pince les lèvres et finit par détourner le regard en me disant simplement:

« Bon courage, alors.

-Merci. »

Un dernier regard. Un dernier regard à travers lequel je repense à cette nuit contre lui et je repars en direction de l'avant du vaisseau. Zayn est déjà installé, cachant comme il peut sa nervosité. Ses mains tremblent légèrement alors qu'il fait quelques vérifications et je me retrouve dans un siège entre Eliaz et lui. Je les regarde faire et me remémore tout ce que m'a appris Eliaz cette semaine.

« Vous pouvez les avertir qu'on arrive. » Dit ce dernier dans une radio ancrée au vaisseau et relié à celui des mentors.

Lorsque nous n'aurons plus de vaisseau, nous passeront à l'autre dispositif de communication. Tout aussi moderne et, surtout, facilement transportable. Ce sont comme des téléphones mais la technologie est plus poussée. Ce sont des sortes de cubes qui peuvent transmettre des messages mais également appeler en direct et afficher l'hologramme de la personne qu'on appelle, afin de la voir en direct. Les brouilleurs dans les tunnels empêcheront la base une de suivre nos appels.

« Bien reçu. » Répond la voix de Silas.

Eliaz éteint la radio, souriant légèrement face à l'impatience de retrouver sa base. Mais, surtout, de leur redonner de l'espoir. Je le comprends. C'est ce que j'aurais aimé pouvoir faire avec la mienne.

Le vaisseau se met à trembler lorsque Eliaz et Zayn le démarrent et j'enfile le casque en face de moi. On en porte tous un pour pouvoir s'entendre plus facilement. Je me retourne légèrement sur mon siège pour regarder les autres assis derrière nous. Mon regard s'ancre dans celui de Louis qui prend une grande inspiration. Puis il hoche la tête et je hoche la tête en retour.

Je pourrais encore l'entendre me dire, alors qu'on était tous les deux dans la chaleur de son lit:

Ça va aller.

(Mad World_2WEI, Tommee Profitt, Fleurie)

Louis.

Je passe le vol à regarder discrètement Harry tenter de se débrouiller avec les commandes. Et il le fait plutôt bien. Il est concentré et écoute attentivement ce que lui disent Zayn et Eliaz. Même su la présence de ce dernier près de Harry me fait toujours ressentir ce mauvais sentiment, cette chaleur désagréable dans mon ventre, je fais un effort pour ne pas trop y penser. Ce qui n'est pas si compliqué, au final, lorsque la peur et l'appréhension vous bouffe de l'intérieur. Je ne peux m'empêcher de me dire que, ça y est, nous sommes plus que tout en danger. Que nous allons rencontrer des personnes qui, peut-être, voudront nous livrer à la base une. Qu'il suffit d'une seule personne. Une seule personne pour tuer Harry ou Chiara.

« Nous arrivons à la frontière entre la base dix et la base neuf. » Annonce au même moment Eliaz.

Sa voix résonne dans mon casque et mon sang se glace. Nous nous penchons tous sur nos sièges pour regarder au mieux l'extérieur derrière la seule vitre présente. Celle en face des pilotes.

« Nous allons perdre en altitude progressivement. » Continue d'expliquer Eliaz en faisant sa manoeuvre. « Les habitants de la base neuf se sont regroupés non loin de la frontière. C'est là qu'on a construit notre village autour d'un lac. Même si ce dernier est sec depuis plusieurs années maintenant. »

En même temps qu'Eliaz parle, le vaisseau perd de plus en plus en altitude. On se rapproche petit à petit de la terre qu'on ne voit pratiquement pas à cause des nuages gris.

« C'est dangereux pour le vaisseau s'il se met à pleuvoir? » Demande Niall, les mains accrochées à son siège.

« Non. » Pouffe Zayn.

« Ça sera plutôt une chance pour la base neuf. » Renchérit Eliaz.

« On sera sorti des nuages dans combien de temps?

-D'ici quelques secondes. » Répond Eliaz. « Village en vu dans cinq... quatre... trois... deux... »

Le un n'arrive jamais.

La voix d'Eliaz s'éteint alors qu'on entend un cri retentir du côté d'Eden. Un cri d'effroi. Mon coeur rate plusieurs battement et mon sang se glace à nouveau lorsque les nuages s'évaporent pour nous laisser voir le village. On voit des bâtiments détruits mais, surtout, on voit le grand creux qui représente là où se trouvait le lac avant.

Et où des corps baignent maintenant dans leur sang.

« Bordel. » J'entends Zayn souffler dans son micro.

Soudain, le vaisseau part sur le côté, nous renversant tous sur nos sièges auxquels on s'agrippe fermement. Eliaz, choqué, vient de lâcher les commandes. Harry tourne la tête vers lui, terrorisé, alors que le vaisseau commence à s'approcher dangereusement du sol sans respecter les différents paliers. Mes oreilles se bouchent et se mettent à siffler et mon estomac me donne l'impression de remonter dans ma gorge, m'empêchant de hurler.

A la place, j'arrive seulement à dire dans le micro relié au casque:

« Harry! Prends les commandes avec Zayn!

-Faites quelque chose s'il vous plaît! » Supplie Luna.

Rapidement, Harry se remet face aux commandes et on les entend alors parler avec Zayn. On les entend mais on ne les écoute pas. L'adrénaline se mêle à une peur beaucoup trop soudaine et trop violente. Je m'accroche fermement à mon siège, voyant les autres faire de même. Là où ça devrait être le chaos, on ne hurle pas. On retient tout. Le temps est en suspend alors qu'on sent le vaisseau sur le point de s'écraser près du village.

« Maintenant! » Gueule Zayn.

Je ne sais pas ce qu'ils font mais le vaisseau se redresse soudainement en même temps qu'on approche du sol. Nous y atterrissons violemment, décollant presque de nos sièges, et le vaisseau traine sur plusieurs mètres, embarquant avec lui le peu de végétation et d'arbres qui étaient sur son passage.

Lorsque le vaisseau s'arrête, je peux sentir mon coeur battre beaucoup trop vite et trop fort dans ma poitrine. Je respire fort, n'osant pas lâcher mon siège même si nous sommes maintenant en sécurité. Enfin, non, on est pas en sécurité. Les images des corps ensanglantés me reviennent et je relève la tête pour voir Eliaz se détacher. Il se lève de son siège, prend son sac et une arme, puis sort rapidement du vaisseau.

« Eliaz! » S'exclame Robyn en l'imitant.

Assis sur nos sièges, nous nous regardons tous de la même façon. Effrayés, choqués, et sachant pertinemment que, ça y est, la guerre a été déclarée. Si elle n'a pas été déclarée bien avant.

Alors nous faisons la même chose. Difficilement, nous ignorons cette peur qui nous ronge l'estomac pour nous lever, prendre nos sacs et nos armes et s'approcher de la sortie du vaisseau. Mais, juste avant, la radio grésille et on entend la voix de Silas nous demander:

« Que s'est-il passé? Tout va bien? »

C'est Harry qui appuie sur le bouton pour lui répondre d'une voix tremblante et sèche en même temps:

« Les habitants de la base neuf ont été tués. Mais oui, tout va bien, Silas. »

Puis, sur ces mots, il sort du vaisseau. Nous le suivons tous, restant sur nos gardes lorsque nous mettons un pied sur la terre de la base neuf. Mais c'est silencieux. Le genre de silence que l'on entend qu'après un drame. Un silence qui fait froid dans le dos. Et, en même temps que nous faisons le tour du vaisseau, il y a cette odeur. L'odeur du sang.

Alors on voit le lac.

Je crois qu'on pourrait presque entendre nos souffles s'arrêter en même temps. Puis on entend les genoux de Robyn frapper le sol lorsqu'elle tombe devant le lac. Eliaz, lui, reste debout. Il reste silencieux. Dos à nous, je ne peux pas voir son expression. L'expression d'une personne dont les proches ont été exécutés. Dont la base a été détruite. Tout comme Harry.

J'ose un regard dans la direction de ce dernier dont le visage reste fermé.

Puis j'entends des vomissements sur ma gauche et découvre Eden, pliée en deux face à la scène à laquelle on assiste. Liam la rejoint rapidement, posant une main sur son dos. La seconde d'après, c'est un sanglot s'échappant de la bouche de Niall qu'on entend retentir. Polly le regarde puis me regarde, les yeux brillants de tristesse mais surtout de terreur.

« Regardez. » Lâche soudainement Chiara, brisant le silence.

Toutes les têtes, sauf celle d'Eliaz, se tournent vers elle. Elle pointe du doigt un bâtiment à plusieurs mètres. Un bâtiment qui ressemble à une grande tour maintenant détruite. Sur les murs de cette tour sont affichés nos neuf visages. Mon estomac se retourne à cette vue et encore plus lorsque je vois des lettres tracées juste en dessous. Tracées avec du sang.

REVENEZ OU ELLE SERA ASSASSINEE.

Nous n'avons pas le temps de comprendre la phrase que le son d'un drone retentit soudainement. Au dessus de la tour en question apparaît un drone blanc et bleu ciel. Un drone de la base une. Il s'arrête juste devant nos visages pour faire apparaître un hologramme. Une vidéo s'affiche alors sous nos yeux. Une vidéo qui doit, en ce moment-même, être divulguée dans toutes les bases.

Il s'agit d'un message du commandant.

« Je viens vous annoncer une terrible nouvelle, aujourd'hui. La pandémie qui a tué la base dix s'est propagée jusqu'à la base neuf. Nous avons perdu tous ses habitants. Nous avons perdu des enfants qui étaient si proches d'enfin pouvoir grandir sur cette nouvelle planète. J'ai bien peur que cette épidémie continue de se propager. Nous devons quitter la Terre le plus rapidement possible et c'est pourquoi je vous demande d'être les plus vigilants possible concernants nos neuf disparus. Parmi eux se trouvent Mars et Jupiter qui sont dangereux. Si vous les voyez, prévenez-nous. Ils veulent vous empêcher de connaître ce nouveau départ. Ils veulent empêcher vos enfants de grandir. Quant aux sept autres, si vous m'entendez, l'humanité est en danger. Revenez ou d'autres bases mourront. »

Il n'y a pas d'épidémie. Mais ça les civils ne le savent pas. Cette épidémie dont il parle, ce sont les gardes qui viennent venger la base une en assassinant les rebelles que nous venions rencontrer. Silas avait raison. Ils ont toujours une longueur d'avance. Revenez ou d'autres bases mourront. Il fait comme s'il parlait encore de l'épidémie mais le réel message est pour nous. Pour les sept. Soit on revient, soit ils continuent de détruire les bases, une à une.

La voix du commandant résonne à nouveau:

« Gloire à la base une. Gloire aux... »

Le vent se met soudainement à souffler et le drone se retrouve écrasé par terre, faisant disparaître le visage du commandant. Je comprends rapidement qui a fait ça et tourne la tête vers Harry dont le visage fermé est maintenant trahit par ses yeux rempli de haine. Il reprend sa respiration alors que le silence retombe lourdement autour de nous.

« Si on ne se rend pas, ils vont tuer les autres bases. » Murmure Luna en regardant le lac.

Il y a des enfants aux corps meurtris. Des adolescents de notre âge. Des personnes à peine plus âgées. Tous ensanglantés par les balles. Ils se sont acharnés sur eux. Dans le ventre, dans la poitrine, dans la tête...

« On y va. » Lâche soudainement Eliaz.

Sa voix est froide et on comprend rapidement qu'il contient tout ce qu'il ressent à cet instant. Ses mains tremblent autour de son arme alors qu'il se met face à nous pour nous dire:

« Si vous avez tout récupéré dans le vaisseau, on se tire. On doit rejoindre les tunnels.

-Mais...

-On parle de tout ça une fois sous terre. Là, on a pas le temps. » Continue Eliaz en coupant Niall.

Puis il le regarde de nouveau pour demander:

« Brûle le vaisseau, s'il te plaît. »

Niall hoche la tête et ne cherche pas à comprendre. Il tend ses mains vers le vaisseau et, rapidement, ce dernier s'enflamme. Niall s'est amélioré depuis nos premiers entrainements dans la sous base. Maintenant, les flammes apparaissent directement gigantesques et plus brulantes que jamais. L'odeur de brûlé nous vient rapidement aux narines et Eliaz regarde le vaisseau brûler avant de nous répéter:

« On y va. »

C'est lui qui ouvre la marche, nous guidant jusqu'au point de départ des tunnels.

Alors qu'on contourne le lac, je ne peux m'empêcher de regarder les cadavres qui s'y trouvent. La cruauté du monde dans lequel on vit me frappe violemment. La haine et la tristesse se mélangent en moi. Je m'imagine les dernières pensées de ces gens. De ces enfants. Je les imagine attendre le retour d'Eliaz qui leur a promis un monde meilleur. Qui leur a promis une chance d'espérer.

Mon ventre se retourne violemment. Je suis sur le point de vomir, ou bien alors de pleurer, lorsque je sens une main se poser dans mon dos pour me pousser à avancer. Pour ne pas que je reste planté là, devant ces corps.

Lorsque je tourne la tête, je vois qu'il s'agit d'Harry.

Il ne dit rien mais il continue de m'encourager silencieusement à avancer. C'est alors ce que je fais, sa main toujours dans mon dos. J'avance, déglutissant difficilement. Puis des gouttes d'eau se mettent à tomber et c'est encore plus douloureux. J'imagine la pluie tomber sur les cadavres dans le lac.

Qui lui dit qu'elle est arrivée trop tard?

Sûrement pas nous.

lousombre
...

J'espère que ce chapitre vous aura plu...?

Je vous remercie encore infiniment d'être là et je vous dis à vendredi prochain pour le chapitre 10 qui devrait vous plaire.👀

Bon week-end et plein d'amour.❤️

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top