Chapitre 8

Hi! J'espère que vous allez bien?
Merci du fond du coeur pour vos nombreux commentaires sur le précédent chapitre. Ça me touche plus que tout. J'espère que le long chapitre d'aujourd'hui vous plaira !❤️

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CHAPITRE 8

(Love And War_Fleurie)

Harry.

Je me suis toujours demandé comment l'être humain avait-il pu s'habituer à autant de situations différentes. Lorsque Esha nous parlait d'histoire, à l'orphelinat, elle nous parlait de guerres, de crises, de pandémies, de génocides, et je lui posais toujours la même question en retour. Comment l'être humain a t-il pu accepter certaines situations et s'habituer à celles qu'il n'avait jamais demandé? Surtout lorsqu'ils savaient ce qu'était la liberté et qu'on leur retirait subitement? Comment s'y habituer? Je ne pensais pas un jour trouver la réponse dans mon quotidien. Parce que je suis né dans un monde détruit et dans un système de base qui ne cache rien d'autre qu'une dictature que certains voient et d'autres non. Ou que tout le monde a vu depuis le début mais à laquelle on s'est... habitué.

Je ne pensais pas devoir un jour m'habituer à un autre quotidien que celui que j'avais depuis ma naissance. C'est à dire se lever avec le ventre vide et les lèvres sèches après une nuit à avoir été réconforté par les plus grands avant de grandir et de me retrouver à être celui qui doit réconforter les plus petits. Puis tenter de trouver à manger en se préparant déjà à gérer la crise des gardiennes et des enfants affamés en rentrant les mains vides. Me préparer à me battre pour un fruit pourri parce que mon estomac en vient à me faire oublier toute empathie et politesse. Creuser des trous parce que les malades se multiplient et que des plaies s'infectent trop rapidement. Recevoir des coups d'une gardienne estimant que je ne creuse pas assez vite et que l'odeur des cadavres devient insupportable. Comme si elle pouvait être supportable une seule seconde.

Ouais, je m'étais habitué à tout ça. Parce que je n'avais jamais eu le choix. Et je n'estime toujours pas avoir ce choix, même si mon quotidien a changé radicalement. A changé beaucoup trop rapidement et violemment même si les gens d'ici n'emploieraient pas le mot violent. Pourtant c'est celui qui me vient à l'esprit. Une toute autre forme de violence que celle que je connais pourtant par coeur. Mais j'estime que ça reste violent de nous arracher des habitudes qu'on avait pour nous enfermer dans cette cage dorée pour nous préparer à sauver l'humanité.

Alors, oui, je me suis toujours demandé comment l'Homme réussissait toujours à s'habituer.

Pourtant c'est ce que je suis forcé de faire depuis que je suis arrivé il y a deux semaines.

Même si ça me tue de l'avouer, j'ai dû m'habituer. M'habituer à toujours avoir l'estomac rempli malgré le fait que mon organisme le rejetait les premiers jours en me donnant souvent la nausée. M'habituer à toujours avoir des vêtements propres et à dormir dans un lit chaud et confortable, même si les cauchemars continuent à hanter mes nuits, me réveillant presque toutes les deux heures en sueur et le souffle court. Dans certains je cours en direction de l'orphelinat, dans d'autres je revis le moment où j'ai tué la gardienne, croisant les regards apeurés de Gwendoline et Ismael. Certaines nuits je me réveille après avoir entendu des bébés pleurer, comme ceux à l'orphelinat qui pouvaient pleurer de douleur et de faim toute la nuit. Puis j'ouvre les yeux et c'est terminé.

Et à ça aussi je m'y suis habitué.

A ce que le cauchemars ne continue pas une fois réveillé.

Je m'habitue à ces cours qu'on nous donne tous les jours même si je ne m'habitue toujours pas à leur contenu. L'écart entre les autres et moi est énorme, même si je ne le montre pas et que les mentors font bien attention à ne pas m'interroger. Ce qui me réconforte dans l'idée qu'ils savent. Ils savent très bien d'où je viens et, apparement, eux aussi n'essaient pas de le faire savoir aux huit autres.

A eux aussi, je m'y habitue. A leur présence. Deux semaines c'est peu et beaucoup à la fois, lorsqu'on vit h24 ensemble, en communauté. Parce qu'on est tout le temps ensemble, même si on a tendance à se séparer lors des temps libres. Mais, au final, c'est souvent en plusieurs groupes qu'on se sépare. Donc on est toujours avec quelqu'un. Et si on ne se parle pas, on s'observe. Ça aussi ça semble être humain. De s'observer, avec peu ou beaucoup d'intérêt. Parce qu'on a que ça à faire, enfermés ici. En cours, si tu décides de ne pas écouter, qu'est-ce que tu fais? Tu observes. Et lorsque tu n'as pas de fenêtre, pas d'extérieur, alors tu observes ce que tu as sous les yeux. Et ici, ce qu'on a toujours sous les yeux, ce sont les autres.

Un coup dans mon visage me sort violemment de mes pensées. Je sens ma tête être propulsée sur le côté et le haut de mon corps suivre le mouvement. Même si le coup me surprend, je ne ressens aucune douleur grâce aux casques de protections que nous avons dans la salle d'entrainement.

« T'es pas avec moi. » J'entends Louis dire.

Et même s'il ne rit pas, je savais déjà avant même de le regarder que j'allais tomber sur son sourire amusé. Peut-être parce que je me suis justement habitué à nos entrainements également. Tout comme je me suis habitué aux courbatures que je ressens presque tous les jours. Mon corps tente de s'habituer à ces nouvelles activités physiques et au fait de se muscler, petit à petit, même si je suis encore loin d'avoir rattrapé le niveau des huit autres. Il y a des jours où, blasé et démotivé, je dis à Louis que je ne veux pas qu'on s'entraine aujourd'hui. Mais, la plupart du temps, je débarque une heure après dans la salle de repos pour le trouver près de la bibliothèque, avec Polly. Dans ces moments-là, Louis secoue la tête en me voyant arriver, plus amusé qu'embêté, en comprenant que j'ai changé d'avis et a la gentillesse de me suivre sans faire de commentaires.

« Je suis fatigué. » Je réponds à Louis en tentant de me concentrer.

Ce qui n'est pas qu'une lamentable excuse. Je suis vraiment fatigué. Ça pourrait paraître contradictoire, parce que je suis censé avoir tout ce qu'il me faut pour être en forme et reposé ici. Pourtant, je me sens épuisé mentalement. Malgré ces habitudes que j'ai pu citer, j'ai l'impression que mes pensées ne s'arrêtent jamais. Tout comme les questions que je continue de me poser. J'ai pris la décision de me fixer un but dans un premier temps. Celui de tenter de rattraper le niveau des autres mais aussi d'apprendre à maitriser ma faculté. Parce que c'est ce dont j'aurais besoin si je décide un jour d'agir en solo. Je ne dis pas que c'est forcément mon projet, mais je préfère mettre toutes les chances de mon côté si ça devait arriver. Je ne leur fais toujours pas confiance et je sais que ce n'est pas prêt d'arriver. Mais c'est épuisant mentalement d'être tiraillé entre le fait de leur faire croire que je suis de leur côté et le fait de ne pas savoir où j'en suis personnellement. Parce que je n'en sais pas assez, justement.

« Tu seras fatigué lorsqu'il faudra sauver l'humanité? » Lâche Louis en me regardant avec un sourire en coin.

« Oh fermes-là j'ai l'impression d'entendre Liam. » Je râle en lui envoyant un coup qu'il esquive facilement.

Ma réponse le fait rire et je le soupçonne d'avoir deviné à l'avance ce que j'allais répondre. Peut-être parce qu'il s'habitue à ma présence, lui aussi. Nos entraînements tous les jours nous forcent forcément à communiquer, à passer du temps ensemble même si je ne suis pas le plus bavard d'entre nous. Et je ne dis pas avoir cerné Louis en deux semaines, mais je pense avoir compris certaines choses sur lui.

Par exemple, il se vexe difficilement. Ça je l'ai rapidement compris parce que c'est sûrement notre plus grosse différence. Il est patient et moi impatient. Le nombre de fois où j'ai perdu patience en cours ou durant un entraînement, je pense avoir été plus d'une fois vexant, me renfermant sur moi-même et envoyant tout chier autour de moi, dont Louis, même s'il n'était pas visé personnellement. Et à chaque fois que je reviens, parfois plusieurs heures après, parfois une nuit entière plus tard, comme si rien ne s'était passé, Louis fait de même. Il ne revient jamais sur mes crises de nerf. Il ne me demande pas de compte. A la limite il lâche un sous-entendu d'un ton blagueur et ça me fait plus sourire qu'autre chose, même si j'essaie de le cacher.

Aussi, en l'observant dans nos différents cours et en le voyant toujours concentré et à la hauteur de ce qu'on lui demande, j'ai compris que Louis avait accepté ce projet. Alors, oui, on peut dire qu'on a pas vraiment le choix. Mais ne pas avoir le choix ne veut pas forcément dire accepter. Et je pense ne pas me tromper en disant que Louis l'a accepté. Même si je ne l'ai toujours pas vu reparler à son mentor. Louis ne parle pas beaucoup, pas comme Liam par exemple, mais je le trouve investi dans ce qu'on nous demande. Et la phrase qu'il vient de me lâcher, même pour plaisanter, semble me le confirmer.

Je crois que si demain on nous laissait le choix entre partir ou rester, Louis resterait.

Et cette pensée me serre le coeur plus que je ne le voudrais. Parce que Louis pourrait croire que je resterais moi aussi. Après tout, j'ai joué sur le fait d'être à la hauteur pour le projet lorsque je lui ai demandé de m'entrainer pour m'aider à rattraper le niveau. En me voyant m'entrainer autant, il doit également me trouver investi. Pourtant j'estime actuellement n'agir pour personne d'autre que moi. Pour pouvoir justement me laisser un jour le choix.

Voilà une autre de nos plus grandes différences avec Louis.

Il sacrifierait tout pour l'humanité.

Il se sacrifierait.

Moi j'estime qu'on m'a déjà sacrifié durant dix-huit longues années.

Et dans on j'entends l'humanité.

La même qui utilise l'excuse de ne pas avoir assez de ressources pour laisser des enfants crever.

Je sens la colère monter en moi, comme elle le fait souvent sans prévenir à n'importe quel moment de la journée, lorsque je me perds un peu trop dans mes pensées. Au même moment, j'envoie un coup en direction de Louis qui l'esquive à nouveau. Je tente de le prendre par surprise en enchaînant avec encore un autre coup mais il le voit arriver et réussit même à bloquer mon poing entouré d'un gant. Il me repousse en arrière et je lâche un long soupir, m'attendant déjà à recevoir un coup de sa part. Mais rien ne vient.

Lorsque je relève la tête vers Louis, ce dernier est en train de retirer ses gants et son casque, laissant apercevoir ses cheveux à peine trempés par la transpiration. On peut dire que je ne l'ai pas vraiment fait courir aujourd'hui. On avait décidé de se concentrer sur le combat pour cet entrainement mais il n'y a que moi qui ai reçu des coups.

« Qu'est-ce que tu fais? » Je lui lance.

« On a terminé l'entrainement. » Il répond en passant une main dans ses cheveux.

« Non. » Je réponds directement. « C'est bon, je vais me concentrer à partir de maintenant.

-Même si c'était vrai, on a cours avec Silas dans moins d'une heure. Et j'aimerais prendre une douche avant. » Me rappelle calmement Louis.

Je regarde l'horloge murale du gymnase et soupire en réalisant qu'il a raison. Je n'avais pas vu le temps passer. Déçu de moi-même, je retire rageusement mes gants que je laisse retomber à mes pieds, avant de retirer mon casque, sentant la sueur glisser dans mon cou. Je regarde Louis qui ne transpire pas autant et je suis énervé. Pas forcément contre lui mais toujours contre moi.

« Je progresse pas. » Je lâche en récupérant mes gants pour aller les ranger.

Louis, qui a rejoint la table avec nos bouteilles d'eau, tourne la tête vers moi avant de répondre en haussant les épaules:

« Ça fait que deux semaines qu'on s'entraîne. »

Je me retiens de lui faire ravaler le on. Parce que, non, ça fait toute une vie pour eux et deux semaines pour moi. Mais ça il ne le sait pas et ça serait injuste de m'en prendre à eux pour ça, même si je suis sûrement jaloux au fond de moi. Jaloux du confort dont ils ont eu le droit. La seule chose pour laquelle je suis reconnaissant de ne pas avoir le même passé, c'est de ne pas être endoctriné par la base une, contrairement à eux. Parce que, ça, c'est quelque chose qu'on ne me retirera pas. Eux n'ont pas le point de vue que j'ai et je suis persuadé que même si je leur avouais mon passé, ils auraient trop confiance en leurs mentors et en la base une pour ressentir la colère que je ressens chaque seconde au fond de moi. Cette colère qu'ils ne ressentiront jamais et qui crée ce fossé entre nous.

« J'aurais dû mieux m'entraîner aujourd'hui. » Je continue en rejoignant Louis.

Il prend une gorgée de son eau et s'essuie les lèvres avec le dos de sa main avant de me répondre calmement:

« La prochaine fois on commencera par le combat si tu veux. Et, je me répète, mais si tu veux de meilleurs conseils que les miens tu devrais demander à Miguel directement.

-Hors de question. » Je réponds, comme à chaque fois.

Je n'aime pas le mentor de Chiara. Et je n'ai confiance en aucun mentor ici. Miguel est stricte, froid. Il ne me fait pas peur, pas une seule seconde, j'estime avoir vu et vécu pire, vraiment pire, mais rien que l'idée de lui donner l'impression que j'ai besoin de lui me donne envie de vomir.

Louis garde son regard ancré dans le mien et je peux y lire le « pourquoi » qu'il se retient toujours de me demander. Autre chose que j'ai noté ces deux dernières semaines, Louis fait beaucoup attention aux autres. En tout cas, il fait attention à moi. Ce qui peut être touchant et embêtant à la fois, lorsque j'aimerais qu'il ne se pose pas plus de questions sur moi. Comme à cet instant où j'ai peur qu'il comprenne que j'ai quelque chose contre la base une et les mentors. Enfin, en soit, je pense qu'il s'en doute. Mais je ne veux pas qu'il comprenne à quel point je leur en veux. Je préfère qu'il s'imagine que j'ai juste du mal à m'adapter. Parce que si lui a décidé de sauver l'humanité comme je le pense, il risquerait de ne plus m'aider comme il le fait s'il comprenait que je ne me suis toujours pas positionné de mon côté.

Et cette idée me déplaît plus que je ne l'aimerais.

Alors je décide de lui dire sans réfléchir, et pour mettre fin à sa question silencieuse:

« Je préfère m'entraîner avec toi. »

Louis semble surpris et je crois le voir sourire discrètement lorsqu'il apporte de nouveau la bouteille à ses lèvres. Une pointe de culpabilité me traverse et, en même temps, je n'ai pas l'impression de mentir à cent pour-cent. C'est agréable de s'entraîner avec Louis. Malgré nos différences, j'ai l'impression qu'il sait comment agir avec moi sans même avoir à y réfléchir. Mes crises de colère ne l'ont pas encore chassé et il ne me fait jamais de reproches lorsque je suis absent, perdu dans mes pensées. Ce qui ne nous empêche pas d'avoir de très bonnes séances aussi, où je sors du gymnase satisfait et n'ayant pas l'impression de faire tout ça pour rien. C'est ce que j'espère, en tout cas.

Avant d'attraper une bouteille à mon tour, j'attrape instinctivement le bas de mon t-shirt et me penche légèrement pour essayer mon front avec, ayant oublié de prendre une serviette avant de commencer l'entraînement. Lorsque je relève la tête, le bas de mon t-shirt toujours dans ma main, je surprends le regard de Louis sur moi. Du moins, sur le bas de mon ventre que je viens de dévoiler sous ses yeux sans réfléchir. Une boule de chaleur prend place dans mon estomac lorsque je réalise soudainement que j'ai peut-être dévoilé mes cicatrices. Sauf que je me souviens qu'elles ne se voient plus, grâce à la pommade donnée par la base une. Les plus profondes peuvent encore se voir, mais elles sont plus haut dans mon dos et sur mon torse. Je sais qu'arrivera le moment où on ira s'entrainer dans la piscine de la sous-base alors je dois penser à continuer d'appliquer de la crème après ma douche, même si une part de moi aimerait les garder. Comme des preuves. Comme pour ne pas oublier. Mais je sais que je n'oublierais jamais. Que mes plus profondes plaies sont celles qui ne se voient pas et qui ne cicatriseront jamais.

Je comprends donc avec soulagement que Louis ne regarde pas mes cicatrices. Pourtant il me regarde quand même. Son regard me donnant l'impression de brûler ma peau nue, toujours dévoilée. Je réalise au même moment que cette boule de chaleur au fond de moi n'est pas seulement de la peur. Sinon elle aurait disparue en même temps que cette vague de soulagement est apparue.

Mes doigts se crispent légèrement autour du tissus de mon t-shirt au même moment que Louis relève finalement la tête vers moi. Il semble enfin remarquer mon regard déjà posé sur lui et se fige un instant avant de détourner violemment le regard, allant même jusqu'à se mettre dos à moi pour reposer sa bouteille d'eau et ranger son équipement.

Je déglutis difficilement de mon côté, sentant cette boule de chaleur s'évaporer mais laisser une trace bien distincte au creux de mon estomac. Parce que je connais cette chaleur. Je connais cette tension qui vient de s'installer dans le gymnase alors que nos regards se fuient avec Louis.

Elle me ramène deux ans en arrière, alors que j'avais seize ans. Il y avait ce garçon, du moins cet homme, de peut-être vingt ans. Il accompagnait et aidait une infirmière qui venait parfois à l'orphelinat malgré son manque de matériel. Elle tentait de nous soulager avec des plantes qu'elle faisait pousser chez elle. Sauf que la terre et le climat étant catastrophiques, elle n'avait pas toujours de bonnes récoltes. Mais lorsqu'elle en avait, elle venait nous aider, au moins pour soulager des plaies. Cet homme était son frère, la seule famille qui lui restait. Il ne venait pas tout le temps mais le peu de fois où il venait, il retenait mon attention. On ne s'est jamais touché. Jamais. Mais il y avait ce même début de chaleur dans mon bas ventre lorsque nos regards se croisaient. Et ils se croisaient souvent, parce qu'on se cherchait, s'arrachant parfois quelques sourires silencieux.

J'en ai parlé à Gwendoline qui, inspirée par les livres qu'elle lisait, m'a parlé de l'attirance, du désir, de ces chaleurs qu'on ne peut pas toujours contrôler. Je connaissais déjà ces mots, évidemment. Je savais ce que c'était. Mais je ne l'avais jamais vraiment ressenti jusqu'à ce jour, jusqu'à ce garçon. Je ne connaissais pas son nom. Je savais seulement qu'il était muet, ayant perdu sa langue suite à une infection après avoir essayé de se nourrir d'un fruit qu'il ne savait pas empoisonné. C'est sa soeur qui nous a raconté comment elle a dû s'en occuper elle-même, ne voulant pas perdre son frère.

Il n'a jamais pu m'adresser la parole, mais nos regards et nos réactions parlaient d'elle-même. Gwendoline m'a dit que c'était souvent le cas, même lorsqu'on a la chance de pouvoir parler. Elle me disait que c'étaient nos corps qui parlaient en premier. Surtout nos regards qui font le premier pas lorsque nos lèvres tremblent rien qu'à l'idée de lâcher un simple premier mot. Comme si notre coeur était le premier à ressentir cette attirance, que notre corps était le premier à le prouver et notre cerveau le dernier à l'accepter.

Et, selon Gwendoline, on peut tomber amoureux sans que ces trois là se soient mit d'accord.

C'est là que ça deviendrait dangereux.

Je ne suis pas tombé amoureux de ce garçon. Mais il m'attirait. J'ai fait en sorte de l'aider avec sa soeur, le peu de fois où ils venaient. Cette chaleur était toujours là lorsque je le voyais arriver, parfois après des mois sans le voir. Même si on ne s'est jamais touché, jamais parlé, je reste persuadé que je lui plaisais aussi. C'est quelque chose qui se voit, qui se ressent, qui se comprend mais qui ne s'explique pas.

Puis, un jour, sa soeur est arrivée seule. Seule et le visage fermé. Cette fois, ce n'est pas mon coeur ni mon corps mais bien mon cerveau qui a reçu l'information en premier. Il ne me fallait pas un dessin pour comprendre. C'était la dernière fois que j'ai vu l'infirmière, et elle n'a lâché aucun mot.

Comme si c'était elle qui était devenue muette.

Je sors de mes pensées pour regarder Louis en train de ranger ses affaires. Je ne sais pas si c'est parce qu'il sent mon regard sur lui, mais il tourne légèrement son visage, me laissant apercevoir son profil. Il ne me regarde pas, du moins je pense qu'il fait semblant de ne pas le faire. Au souvenir de son regard posé sur mon torse nu, je sens cette chaleur voyager quelque part entre ma poitrine et mon estomac. Cette chaleur qui, je le sais depuis longtemps maintenant, a un nom. Et peut même en porter plusieurs à la fois.

Mais ça Louis ne le sait pas. Et ça me frappe d'un coup. Tout comme les autres, et contrairement à moi, il a grandit seul. Du moins, seul avec Paul. Ça ne fait que deux semaines qu'il connaît la vie en communauté avec d'autres personnes de son âge. J'imagine que ça doit faire beaucoup de nouvelles sensations, de nouvelles émotions, dont il ne connaît pas le nom.

Je n'ai peut-être pas eu les meilleures expériences, mais j'en ai eu. Contrairement à eux qui n'en ont eu aucune.

A l'instant, je ne sais pas quoi faire de cette chaleur. Alors je préfère l'ignorer, brisant le silence qui commence à devenir pesant:

« On y va? »

Louis me lance un regard et hoche simplement la tête. Nous jetons nos bouteilles d'eau dans une poubelle à la sortie du gymnase. Et, alors qu'on traverse les couloirs en direction des dortoirs, nous croisons Paul en train de discuter avec Michael. Ces derniers tournent la tête vers nous et je remarque immédiatement la façon dont Louis baisse la sienne. C'est ce qu'il fait depuis deux semaines, ignorant complètement son mentor qui se pince les lèvres à cette vue. Même lorsqu'on a cours de robotique avec lui, Louis écoute mais fait bien attention à ne pas croiser son regard. Une part de moi s'en réjouit, celle qui dit à Paul que c'est bien fait. Mais, d'un autre côté, voir Louis dans cet état n'a rien de satisfaisant.

Alors, une fois qu'on les a dépassé, je me surprends à lui demander:

« Tu ne comptes toujours pas lui parler? »

Surpris également, Louis tourne la tête vers moi et prends une grande inspiration avant de hausser les épaules.

« Je sais pas. Tu as pardonné à Silas, toi? »

Je me retiens de grimacer à l'entente de sa question. Silas n'a jamais été mon mentor et ne le sera jamais. Mais Louis et les autres sont persuadés que mon passé ressemble aux leurs. Que Silas a été mon seul pilier durant mes dix-huit premières années alors que je ne le connaissais pas il y a encore deux semaines. Et je ne le connais toujours pas. Je sais juste qu'il tente de prendre cette place de mentor en me demandant comment je vais et en tentant de me conseiller. Mais la plupart du temps, soit je l'ignore, soit je fais semblant de l'écouter.

« J'étais déjà pas si proche de Silas. » Je ne mens qu'à moitié. « Pas autant que tu semblais l'être de Paul. »

Louis semble se mordre l'intérieur de la joue, formant un creux à la surface de cette dernière avant de finalement me répondre:

« J'ai envie de lui pardonner. » M'avoue Louis.

En le voyant se confier à moi, je commence à regretter mon initiative de lui en parler. Je ne devrais pas m'en mêler. Je ne devrais pas tant me concentrer sur les autres, sur Louis. Je suis déjà bien assez torturé avec mes pensées pour écouter celles des autres.

« Mais c'est plus difficile que ce que je pensais. » Il termine plus bas, comme s'il culpabilisait de l'avouer.

Je hoche simplement la tête. Je ne suis pas dans son cas, pas comme il le pense en tout cas, pais j'essaie de m'imaginer à sa place. J'imagine Esha m'avouer avoir prit soin de moi comme on prend soin d'une expérience ayant comme seul but de faire parti d'un projet. Au fond, Esha se doutait de quelque chose. Du moins, on lui avait dit qu'on reviendrait me chercher. Cet homme lui avait dit. Ce il. Cet inconnu. Et elle avait cette mission de me répéter les mots que ce il lui avait confier. De me dire, au moment venu, de ne faire confiance en personne. Et elle l'a fait. Est-ce que je lui en veux de me l'avoir caché jusqu'à mes dix-huit ans? De m'avoir laissé croire que c'étaient mes parents qui m'avaient déposé ici? Peut-être un peu. Et, d'un autre côté, elle ne semblait pas en savoir tant que ça. Elle était paumée, elle aussi, n'ayant que les mots d'un inconnu. Pas comme les mentors qui savaient très bien ce qu'ils faisaient depuis le début.

« Puis parfois je me demande si je n'aurais pas fait pareil à sa place. » Lâche soudainement Louis.

Je fronce légèrement les sourcils et tourne la tête vers lui. Il me regarde un instant, se pinçant les lèvres avant de continuer:

« Je veux dire, jusqu'où peut-on aller lorsqu'il s'agit de sauver l'humanité? »

Sa question résonne en moi comme le son d'une pierre faisant plusieurs ricochets. C'est discret, un simple son qui ne fait pas beaucoup de bruit mais qui se répète, encore et encore. Qui peut durer plus longtemps qu'on ne le pense avant de se mettre à couler, laissant un lourd silence derrière lui. On se rend alors compte qu'il en faisait plus qu'on ne le pensait, du bruit.

Mon regard s'ancre dans le regard de Louis et je tente de garder un air détaché lorsque je lui réponds, la mâchoire serrée:

« C'est justement cette question qui m'effraie. »

Parce que jusqu'où irais-tu, toi, Louis?

(Game Of Survival_Ruelle)

Louis.

Aujourd'hui, pour notre cours sur la maîtrise de nos facultés, Silas nous a emmené dans le dôme. Le même que celui où on nous avait emmené pour notre arrivée. C'est ici qu'on travaille nos facultés, dans cet espace qui reproduit à l'identique une planète parfaite avec toutes les ressources dont on a besoin sur la nôtre. Le dôme nous donne une idée d'à quoi ressemblait la Terre avant l'arrivée de l'être humain. Et c'est effrayant de réaliser que nous avions tout là où, aujourd'hui, nous n'avons plus rien. Comme une cercle vicieux, nous avons besoin de ce que nous avions pourtant dès le début. Le pire, c'est qu'on nous apprend en histoire que l'Homme n'a pas vu ce changement arriver. Mais Chiara, elle, préfère intervenir en cours pour répéter que l'Homme savait très bien ce qui allait arriver mais qu'il a simplement préféré porter son regard ailleurs, trop lâche pour accepter sa propre erreur.

Je sors de mes pensées en croisant le regard de Silas, qui marche calmement devant nous, les bras croisés dans son dos et regardant fièrement les combinaisons que nous portons. Celles qu'il nous demande de toujours porter dans son cours. Des combinaisons faites pour éviter tout accident. Qui supportent la pire des froideurs comme la pire des chaleurs. Qui nous empêchent de nous brûler ou de nous écorcher. Elles ont été conçue exprès pour nous et, d'apparence si fines, on ne dirait pas qu'elles sont aussi efficaces et confortables. Pourtant elles le sont.

« L'exercice d'aujourd'hui est sûrement mon préféré. » Annonce Silas avec un léger sourire.

« C'est pas un poil narcissique lorsqu'on sait que c'est toi qui les crées? » Lâche Chiara.

Silas tourne la tête vers elle et Chiara sait très bien avec qui elle peut se permettre ce genre de remarques. Tout comme elle sait qui elle peut tutoyer. Par exemple, avec Miguel, son propre mentor, on ne l'entend jamais. Avec Michael, elle pourrait être irrespectueuse mais, je sais pas, je crois qu'on apprécie tous ce dernier. Il n'a pas la même approche que les autres mentors. Peut-être parce qu'il n'en a jamais été un, justement. Je crois que Chiara déteste Delilah, le mentor de Luna qui nous donne les cours de biologie, depuis que cette dernière a remit Chiara à sa place, en ayant apparement marre de ses interventions et de son sarcasme. Avec Silas, c'est encore différent. Je ne pourrais pas dire si Chiara l'aime ou pas mais elle a au moins compris qu'il rentrait dans son jeu la plupart du temps.

Et il nous le prouve une nouvelle fois en répondant:

« Tu sais, ce projet n'est le fruit que de personnes narcissiques. »

Je crois que Chiara tente de cacher son sourire amusé, mais en vain. Alors Silas sourit également, satisfait, avant de s'arrêter de marcher pour nous faire face, annonçant le but de l'exercice d'aujourd'hui:

« J'ai caché un drapeau bleu, quelque part dans ce dôme qui est bien plus grand que vous ne pouvez le penser. Votre but est de trouver ce drapeau en premier mais surtout de l'attraper.

-Celui qui attrape le drapeau a gagné, donc? » Comprend Liam.

Silas hoche la tête.

« A gagné quoi? » Demande Eden, intéressée.

« La victoire ne te suffit pas? » Sourit Silas, un sourcil relevé.

Eden semble surprise de cette réponse mais, après avoir échangé un regard complice avec Liam, ils se mettent à sourire tous les deux, satisfaits. Mais surtout la compétition se lisant dans leurs yeux. C'est quelque chose que j'ai remarqué, entre eux. En plus de bien s'entendre, ils semblent apprécier l'idée de se mettre en compétition. Je ne suis pas sûr qu'ils prennent cette compétition vraiment au sérieux. On va dire qu'ils semblent surtout aimer se surpasser.

« Et quelles sont les règles? » Demande Zayn d'un air détaché.

Silas tourne la tête vers lui et Zayn renchérit:

« Parce que j'imagine qu'il y a des règles?

-Il y a toujours des règles. » Pouffe Luna.

« Effectivement, il y en a. » Répond Silas. « Déjà, celles que je répète depuis votre arrivée.

-Ne pas chercher à blesser les autres. » Récite Niall, amusé.

« Du moins, ne pas chercher à les blesser volontairement. » Le corrige Luna.

« Parce que involontairement ça passe? » Demande Chiara en regardant Luna qui se met à sourire.

Silas secoue la tête avant de reprendre pour éviter qu'on ne s'éparpille:

« Les règles sont que vous ne cherchez pas à vous blesser volontairement. Vous devez empêcher les autres de rejoindre le drapeau avant vous, oui, mais en partant du principe de les ralentir plutôt que d'essayer de les empêcher d'avancer tout court. Un blessé et l'exercice s'arrête. Dans ce dôme, aujourd'hui, interdiction de toucher les autres physiquement. Pas de contact physique, pas de combat comme vous pouvez l'apprendre lors de vos cours avec Miguel. Pour le moment dans ce dôme, vous n'avez le droit qu'à vos facultés. C'est la raison de ce cours, après tout. Je veux que vous appreniez à les maitriser comme si elles étaient votre dernière chance de survie. »

C'est exactement ce que dirait Miguel avec notre corps lors des combats. Lui veut nous apprendre à nous battre, à utiliser des armes (même si on a pas encore commencé) comme si nous n'avions aucune faculté. Et Silas, lui, veut nous apprendre à survivre avec nos facultés comme si nous ne savions pas nous défendre autrement. Ils veulent qu'on soit les meilleurs dans tous les cas. Ça me donne l'impression qu'ils attendent de nous qu'on soit invincibles. Mais est-ce que ça pourrait vraiment être le cas?

A cette pensée, je regarde Polly à côté de moi. Je la regarde parce que, je ne sais pas vraiment pourquoi en fait. Peut-être parce que j'ai l'impression que c'est celle qui me ressemble le plus. Je ne sais pas si, dans la vie d'avant, dans cette vie en communauté que je n'ai jamais connu jusqu'à aujourd'hui, l'Homme cherchait à être différent. L'histoire me ferait parfois penser que oui, et d'autre fois elle me ferait penser tout le contraire. Que l'Homme peut aussi chercher à faire parti d'un groupe, à ressembler à tout le monde, afin qu'on ne le remarque pas. Ça dépend des personnes. Personnellement, en deux semaines de vie en communauté, je n'ai jamais autant voulu ressembler à quelqu'un. Comme si c'était la seule façon de me sentir moins seul.

Polly croise mon regard en même temps que cette pensée me traverse et, même si elle ne peut pas la deviner, cette pensée, son sourire a tout de même quelque chose de réconfortant. Alors je lui souris doucement en retour. C'est souvent comme ça, entre elle et moi. Il y a ces regards, ces sourires qui réconfortent. Je pense qu'on peut dire que nous sommes les plus en retrait du groupe, du moins à notre manière.

Par exemple, on voit Liam et Eden parce qu'ils sont du genre à s'imposer. Et on entend Chiara et Harry parce qu'ils pensent toujours à vous haute. Encore plus lorsque quelque chose les dérange. Même si Harry semble savoir se faire plus discret que Chiara lorsqu'il veut. Luna et Niall, eux, sont ceux qu'on entend le plus rigoler. Ceux qui donnent le plus l'impression que nous sommes dans un camp de vacances et non pas dans une sous base qui attend de nous que nous sauvions l'humanité. Il y a Zayn, aussi, qui est plus difficile à cerner. La plupart du temps il reste seul mais, lorsque ce n'est pas le cas, il est avec Harry et Chiara. Pourtant on ne l'entend pas autant qu'eux. Puis il y a Polly et moi qui écoutons en cours, qui travaillons, mais qui restons discrets. J'aime bien la présence de Polly. Elle est réconfortante. On a jamais parlé du projet ensemble, par exemple. On parle des cours, des livres que nous lisons, mais pas du projet ni de notre vie d'avant. Peut-être parce qu'on est tout simplement pas prêts. Je ne sais pas. Deux semaines c'est rien mais c'est pourtant assez pour donner l'impression de commencer à cerner les gens avec qui nous vivons. Mais j'ai toujours l'impression de vivre avec huit autres inconnus.

Avec Harry, c'est un peu différent. Je me pince les lèvres et regarde dans sa direction à cette pensée. Et, instinctivement, son regard croise le mien mais je tourne la tête pour ne pas faire durer cet échange. Je ne sais pas pourquoi mais notre entrainement une heure plus tôt me revient et je suis soudainement mal à l'aise. Je revois la façon dont son t-shirt a dévoilé le bas de son ventre et je ressens surtout cette chaleur que je n'ai pas compris tout de suite. Cette chaleur dans mon estomac, dans ma poitrine, qui s'est transformée en brûlure soudaine lorsque j'ai réalisé que Harry me surprenait en train de le regarder de cette façon. Quelle façon? Je ne suis même pas sûr de pouvoir l'expliquer, de trouver un mot qui correspond. C'était juste... différent. Et déstabilisant.

Différent est vraiment le mot, finalement. Et déstabilisant aussi. Lorsque je passe un moment avec Harry, j'ai remarqué que ce n'était pas comme avec Polly. Ce n'est pas aussi réconfortant. Enfin, si, ça l'est d'une certaine manière mais pas de la même façon. Il y a autre chose. Une sorte de tension qui me rend plus nerveux. Mais qui ne me fait pas vraiment peur pour autant. Je veux dire, Harry est imprévisible. Il peut se vexer et s'énerver très vite mais je ne crois pas avoir déjà eu peur de lui une seule seconde. Et, au contraire, il peut me surprendre en lâchant soudainement un léger rire à une blague ou une simple remarque que j'ai lâché sans réfléchir. Puis, d'autres fois, je me surprends juste à le regarder en me demandant comment étaient ces dix-huit premières années avec son mentor. Ce qu'il aimait faire de son temps libre, lui qui en montre et dévoile si peu ici. Tout ce que je sais, c'est qu'il écrit tous les soirs. Je ne sais pas quoi, mais il écrit, me redemandant des feuilles à chaque fois qu'il lui en manque.

Je me suis surpris plus d'une nuit à me demander ce qu'il pouvait écrire. Ce qui demandait tant à sortir de sa poitrine pour finir écrit noir sur blanc.

Parce que c'est comme si c'était la seule chose qu'il avait ramené de sa vie d'avant. La seule chose qui lui tient autant à coeur, en tout cas. Qui mérite de ne pas être oublié.

« J'ai quelques précisions à rajouter. » Continue soudainement Silas.

Nous reportons tous notre attention vers lui lorsqu'il explique:

« Cet exercice peut durer une heure comme plusieurs heures. Cela ne dépendra que de vous. De plus, nous allons nous amuser avec le dôme. Il se pourrait que, soudainement, il fasse nuit. Pour refaire jour quelques minutes plus tard. Les températures changeront également. Comme tout n'est qu'illusion dans le dôme, nous vous avons préparé un sac chacun, avec de l'eau et de quoi manger. Il y a également un sac de couchage.

-Un sac de couchage? » Relève Luna, inquiète. « Attendez, on peut vraiment passer plusieurs heures ici?

-Je l'ai dit, ça ne dépendra que de vos choix.

-Nos choix? » Répète Liam en fronçant les sourcils.

« Oui. Déjà, savoir si vous décidez de vous aventurer seul ou en équipe. »

A l'entente de cette question, on se regarde tous, perplexe, et c'est Eden qui demande:

« Je croyais que c'était une compétition.

-Ça ne l'est que si vous faites en sorte que ça le soit. » Répond calmement Silas.

Je suis un peu perdu. Il a dit que celui qui attraperait le drapeau gagnerait.

« Vous avez parlé de victoire. » Je lâche donc.

Tout le monde tourne la tête vers moi et, du coin de l'oeil, je remarque le regard d'Harry posé sur moi également. Il a les bras croisés contre son torse, un bras relevé vers son visage alors que ses doigts jouent nerveusement avec ses lèvres. Je tourne légèrement la tête vers lui, mon regard déviant sur ce geste qu'il continue de faire sans même s'en rendre compte. En fait, il semble réaliser la façon dont il torture ses lèvres seulement en remarquant mon regard posé dessus. Alors il arrête et je tourne la tête, tentant d'ignorer la façon dont mon estomac se retourne.

« Et? » M'insiste à continuer Silas.

J'ancre mon regard dans le sien et répond simplement en haussant les épaules.

« Et une victoire sous-entend une compétition.

-Tu penses? » Il me demande en souriant.

Je fronce les sourcils et Silas continue de me regarder un moment avant de détourner le regard, ne répondant pas vraiment à ma question. A la place, il tape dans ses mains pour annoncer:

« Prenez chacun un sac et concertez-vous. Quant à moi, je vais sortir du dôme et je ferais retentir une sonnerie pour vous faire comprendre que l'exercice commence. »

Silas commence donc à s'éloigner pendant que les autres se dirigent vers les sacs. J'allais les suivre jusqu'à ce que je remarque Harry se mettre en face de Silas pour lui barrer la route et lui dire:

« Je peux retourner aux dortoirs?

-Nous sommes en plein exercice, Harry.

-Ça ne sert à rien que je le fasse puisque je ne sais pas contrôler ma faculté.

-Ces exercices sont justement faits pour t'aider.

-Jusqu'au prochain accident? »

Accident? Je fronce légèrement les sourcils, me retenant de tourner la tête vers Harry et Silas. Déjà que je dois être assez suspect, à ne pas vraiment bouger à seulement quelques mètres d'eux. Je fais comme si je regardais les autres, comme si j'étais perdu dans mes pensées. Mais pourquoi Harry parle t-il d'accident? Il s'est passé quelque chose avec Silas lorsqu'ils étaient chez eux? A cause de la faculté d'Harry? Je pourrais le comprendre, moi-même j'ai cassé plusieurs objets lorsque je n'arrivais pas à contrôler ma faculté. Mais jamais rien de bien grave.

« Tu te concentre beaucoup trop sur ce que tu pourrais contrôler, Harry.

-Parce que ce n'est pas le but? » Il rit nerveusement.

« Personnellement, je te conseillerais d'abord de comprendre ce qui te fait perdre le contrôle. »

Il y a un long silence. Harry ne répond rien. Et, malencontreusement, j'ai le réflexe de regarder dans sa direction. Ce que je regrette à l'instant où je croise son regard. Je déglutis difficilement alors que Silas, lui, passe son regard d'Harry à moi avant de sourire simplement et de s'éloigner pour sortir depuis les portes principales du dôme qui se verrouillent instinctivement après son passage, changeant d'apparence pour se confondre avec le reste du décor. On sait qu'elles sont là et, pourtant, c'est comme si elles avaient disparues. Se confondant avec tous ces autres arbres crées par des intelligences artificielles.

Mais ce qui ne disparait pas, c'est le regard d'Harry posé sur moi. Il finit par soupirer et secouer la tête, passant devant moi pour aller récupérer un sac. Et, s'il ne s'arrête pas, il a pourtant le temps de me glisser:

« Apprend à être plus discret lorsque tu écoutes les autres parler. »

Mon estomac se tord, beaucoup plus désagréablement qu'il n'a pu le faire avant. Alors je décide de suivre Harry, récupérant le sac à côté de lui tout en répondant:

« Désolé de vous avoir écouté. »

Harry relève son regard vers moi en même temps qu'il règle les anses de son sac. Il semble toujours agacé mais sûrement un peu surpris aussi. Surpris que je m'excuse? Ou que je ne cherche pas à nier? Paul m'a peut-être apprit beaucoup de sciences, il m'a aussi inculqué beaucoup de valeurs. Comme l'honnêteté. Même si ce n'est pas la valeur la plus facile à assumer. La preuve avec Paul. C'est tellement ironique quand j'y repense, maintenant.

« Alors... il y a eu un accident? » Je demande plus bas, ne pouvant m'en empêcher.

C'est plus fort que moi, cette envie d'en connaître plus sur Harry, sur son passé. Et est-ce que je peux vraiment m'en vouloir dans une telle situation? Je suis censé vivre avec ces huit autres personnes, désormais. Même si peu osent l'avouer, je pense qu'on aimerait tous se connaître par coeur afin de se rassurer... ou de savoir de qui se méfier. Je pourrais frissonner à cette dernière pensée, pourtant ce n'est pas comme si c'était la première fois qu'elle m'effleurait l'esprit. Comment savoir en qui on peut faire confiance en seulement deux semaines après avoir vécu dix-huit années seul et protégé?

Le regard de Harry se voile à l'entente de ma question et j'ai l'impression de le voir partir loin, très loin dans ses pensées. Un silence pesant s'installe et je me sens obligé de le briser en continuant:

« Est-ce que tu as peur de ta faculté? »

Cette fois, Harry me regarde à nouveau mais, vu son regard, je crois que j'aurais préféré qu'il continue de m'ignorer.

« Tu aurais dû te contenter de t'excuser. » Il me répond froidement.

Je fronce les sourcils et, peut-être par fierté, ou alors par colère ou frustration, je réponds en le regardant:

« J'essaie juste de comprendre.

-Tu n'as pas à comprendre ma faculté.

-Peut-être que si puisqu'on est censé travailler ensemble.

-Ou peut-être que tu me poses ces questions parce que tu as peur que je sois dangereux? »

Je me fige et ne trouve rien à lui répondre. Harry me regarde, riant nerveusement en secouant la tête. Qu'est-ce qu'il veut que je lui réponde? Que, oui, je pourrais m'inquiéter qu'il soit dangereux? Mais est-ce que ce n'est pas humain de me le demander dans cette situation? Deux semaines qu'on vit tous ensemble en faisant comme si on ne se posait pas autant de questions. Ce projet me tient à coeur, oui, mais je ne suis pas le seul à y participer. Et je réalise un peu plus chaque jours que l'équipe qu'ils attendent qu'on soit n'en est absolument pas une pour le moment.

« Petit rappel, Louis, on est tous dangereux ici. » Lâche Harry en me regardant.

Je déglutis difficilement et Harry, sous la colère, ne peut s'empêcher de rajouter:

« Avec ou sans faculté. »

A cet instant, je ne sais pas s'il parle de lui ou s'il parle des autres membres du projet. De ceux qui l'ont crée. De ceux qui nous dirigent. Ceux qui n'ont pas de faculté et qui ,pourtant, font également parti du projet NINE. Tout ce que je sais, c'est que Harry est en colère. Ça je le sais depuis son arrivée. Mais je ne sais plus si c'est tout ce changement qui le met dans ces états ou s'il y a plus que ça.

En tout cas, je sais que ça m'atteint plus que je ne l'aimerais. Je le regarde et je ne sais même pas ce qu'il peut lire dans mes yeux. De la colère également? Parce qu'il s'énerve contre moi sans chercher à comprendre ce que je peux ressentir. De la déception? Parce qu'il me rejette comme il le fait à chaque fois lorsqu'un seul mot ne lui plaît pas. De la tristesse? Parce que je réalise que je ne devrais pas lui donner autant d'attention mais que c'est plus fort que moi.

Harry me regarde une dernière fois, soupirant discrètement avant de s'éloigner pour rejoindre les autres. Je me mords nerveusement l'intérieur de ma joue et secoue la tête. Je vais me concentrer sur cet exercice et c'est tout. Que Harry fasse une nouvelle crise de colère ne me regarde pas. On est neuf, il trouvera sûrement quelqu'un d'autre que moi sur qui se défouler. Là, contrairement à d'habitude, je n'ai pas la patience d'attendre qu'il se calme. Il faudrait peut-être qu'il réalise qu'on vient tous du même endroit et qu'on a tous vécu approximativement la même chose et qu'on continue de le faire en se retrouvant ici. On a le même passé, le même destin, et s'il pense être le seul en colère, il se trompe. Moi aussi je suis en colère. Moi aussi j'ai peur. Moi aussi je suis perdu. Mais, contrairement à lui, je ne le fais pas subir à ceux qui sont dans la même situation.

Je rejoins donc le reste du groupe, ignorant Harry lorsque je passe devant lui pour me mettre à l'opposé, à côté de Polly qui tourne la tête vers moi. Je crois qu'elle remarque mes traits figés parce qu'elle me demande dans un chuchotement:

« Est-ce que ça va?

-Ça va, merci. » Je mens.

Finalement, l'honnêteté n'aura pas été de longue durée.

« Bon, je propose qu'on ne forme qu'une seule équipe. » Lâche soudainement Liam.

Ce qui me surprend, je l'avoue.

« Toi vouloir former qu'une seule équipe? » Rit Chiara.

Liam fronce les sourcils avant de lui répondre:

« Qu'est-ce que tu sous-entend?

-Oh je t'en prie Liam, on sait que tu veux être le meilleur, le leader. Même si on ne formait qu'une seule équipe tu ne te gênerais pas pour être celui qui finit par soulever ce drapeau. »

La remarque de Chiara semble sincèrement touché Liam qui répond, en colère mais surtout déçu:

« T'as si peu confiance en moi?

-Bien-sûr qu'elle n'a pas confiance en toi. » Intervient Harry, près de Chiara. « Et je pense qu'elle n'est pas la seule. »

Chiara sourit fièrement en regardant Harry alors que Liam détourne le regard, définitivement blessé. Je regarde Harry et Chiara l'un à côté de l'autre , échangeant un regard complice. Et ,je ne sais pas si c'est parce que la colère coule toujours dans mes veines, mais il y a cette chaleur beaucoup plus désagréable qui prend place en moi et qui me fait intervenir:

« Que vous ayez confiance ou non, Liam a raison. »

Tout le monde semble surpris par le fait que je prenne parti. Surtout Harry qui fronce les sourcils en croisant mon regard alors que Liam, lui, se met à sourire. Même pas un sourire fier. Plutôt un sourire reconnaissant. Alors, sans lâcher Harry et Chiara du regard, je continue:

« On sera plus efficaces ensemble que divisés. Plusieurs cerveaux. Plusieurs facultés.

-Je suis d'accord avec Louis. » Intervient Eden avant de rajouter en regardant Chiara: « La seule qui semble chercher la compétition là, c'est toi.

-Dit-elle alors qu'elle rêverait que son nom soit inscrit en gros avec celui de Liam sur la liste des grands héros de l'humanité.

-Je préfère avoir mon nom inscrit sur cette liste plutôt qu'avec le tiens ou celui d'Harry, avec les gens qui préfèrent faire des caprices plutôt que de s'inquiéter de la survie d'innocents qui n'ont rien demandé.

-Parce que toi tu t'en es inquiété de la survie de ces innocents? » Crache Harry en s'approchant d'Eden.

Instinctivement, Liam se met devant Eden et Harry s'arrête d'avancer, levant les yeux au ciel avant de continuer:

« Vous me faites bien rire avec vos grands discours de sauveurs de l'humanité alors qu'il y a encore deux semaines vous dormiez sur vos deux oreilles.

-Parce que tu te crois différent?! » S'énerve Liam.

Harry ouvre la bouche et, alors que je m'apprête à l'entendre gueuler encore plus fort, il se tait. Aucun son n'en sort. Il referme la bouche, la mâchoire serrée, et Liam en profite pour rajouter:

« Voilà, c'est bien ce que je pensais. »

Je baisse le regard sur les poings d'Harry que je vois se fermer. Son corps est tendu et Eden n'aide en rien lorsqu'elle ajoute à son intention:

« Oui, il y a deux semaines je dormais encore sur mes deux oreilles. Oui, j'ai peut-être eu besoin d'atterrir ici et de voir les images qu'on nous a montré pour réaliser que, tout ce que je voulais dorénavant, c'était d'aider ces innocents. Mais moi, au moins, je le veux. Alors vivre dans le passé ne sert à rien. Je n'en ai plus rien à foutre de la personne que j'étais. Je préfère me concentrer sur la personne que je souhaite devenir. »

Chiara lève les yeux au ciel tandis que Harry ne répond rien, toujours aussi tendu. Il respire plus rapidement, ne regardant personne.

« Vous devriez vous calmer. » Intervient finalement Zayn. « Ce n'est qu'un putain d'exercice, personne aura sauvé l'humanité à la fin. Il faut juste soulever un stupide drapeau.

-Un exercice ne peut pas être qu'un exercice justement. » Lui répond Liam. « C'est censé être une opportunité pour donner le meilleur de nous-même.

-Tu exagères tout. » Soupire Chiara, dépassée.

« Et vous, vous ne le prenez pas assez au sérieux. » Renchérit Eden.

« Vous savez quoi? Faites déjà équipe tous les deux, vous serez merveilleux. » Sourit faussement Chiara en regardant Eden et Liam. « Une équipe de vainqueurs. »

Eden soupire en regardant Liam qui secoue la tête, semblant abandonner l'idée de n'être qu'une seule équipe.

« Faites ce que vous voulez, mais j'étais sincère lorsque je disais vouloir ne former qu'une seule équipe. » Il lâche.

Puis il se retourne vers Luna, Niall et Polly qui, jusqu'à maintenant, n'ont encore rien dit. Comme souvent, finalement.

« Vous voulez être avec Eden et moi?

-Euh... » Réfléchit Niall, prit de court. « Je sais pas enfin... Chiara a pas tort non plus. Il n'y aura qu'une seule personne qui lèvera le drapeau et, enfin, on sait que t'aimes bien la compétition et...

-Personne ne me fait confiance, en fait? » Il réalise en nous regardant tous.

Personne n'ose le regarder en retour. Et, lorsqu'il tourne la tête vers moi, je déglutis difficilement. Il s'attend sûrement à ce que je réponde positivement, parce que je l'ai défendu plus tôt. Mais là, sa question n'est pas de savoir si je suis d'accord avec son idée. Il demande si je lui fais confiance. Ce qui est difficile à faire depuis qu'il m'a demandé dès les premiers jours de surveiller Harry, ce que j'ai refusé. A cette pensée, je lui demande calmement en retour:

« Et toi, tu nous fais confiance? »

Il sait que c'est une question rhétorique. Il sait très bien ce à quoi je pense à cet instant. Je vois Harry relever la tête à l'entente de ma question. Il s'attendait sûrement à ce que je réponde positivement à Liam. Mais ce qu'ils n'ont pas compris, tous, c'est qu'on ne peut pas se permettre de choisir un camp. Et, en même temps, on ne se fait pas assez confiance pour n'en former qu'un seul. C'est exactement pour cette raison que l'idée d'être une seule équipe durant cet exercice ne marchera pas, contrairement à ce que je pouvais penser il y a encore quelques minutes.

La question que je pose à Liam reste sans réponse puisqu'une sonnerie retenti soudainement dans le dôme. Une sonnerie grave qui dure plusieurs secondes, suivi par un lourd silence. Je vois Liam prendre une grande inspiration avant de commencer à s'éloigner, sans un mot. Eden le regarde faire et, sans surprise, le suit rapidement. Ils s'enfoncent dans une forêt, nous laissant silencieux derrière eux.

Soudain, Zayn disparaît également. Se mettant à courir beaucoup trop rapidement pour qu'on ait le temps de voir dans quelle direction il est parti. Chiara finit par faire de même, regardant par dessus son épaule si Harry la suit mais ce n'est pas le cas. Niall et Luna échangent un regard et je les entend se souhaiter bonne chance avant de partir dans deux directions différentes. Je tourne alors la tête vers Polly qui me sourit timidement avant de me dire:

« Si on se retrouve dans le dôme et que tu as besoin de moi, n'hésite pas. »

Je souris légèrement, hochant la tête.

« Toi aussi. » Je réponds finalement avant de la laisser s'éloigner.

Harry et moi nous retrouvons seuls. J'ose tourner la tête vers lui et il fait de même. Il y a toujours de la colère dans son regard et je sais qu'il peut en lire en retour dans le mien. De la colère, de la rancoeur. Je ne comprends pas pourquoi il s'est mit dans cet état, pourquoi il a autant voulu rejoindre Chiara dans ses propos alors que, pour une fois, Liam proposait quelque chose de logique. Ils parlent de Liam mais eux aussi savent envenimer les choses.

« T'as sûrement raison. » Je lâche soudainement.

Harry continue de me regarder, attentif, et j'avoue malgré moi:

« On est peut-être tous dangereux. »

Harry fronce les sourcils en me regardant avant de déglutir, baissant la tête un instant. Mais il la relève rapidement lorsque j'ajoute:

« Mais j'aurais préféré qu'on ne le soit pas autant ensemble. »

Je prends une grande inspiration et commence déjà à m'éloigner, prenant une direction au hasard. Mais j'ai à peine le temps de faire quelques pas que j'entends Harry demander derrière moi:

« Si tu devais me croiser moi dans le dôme et non Polly, tu me ferais confiance? »

Sa question sortie de nulle part me surprend et je tourne la tête vers lui en fronçant les sourcils. Est-ce qu'il est sérieux? Il me demande ça calmement, son regard ne lâchant plus le mien alors qu'il le fuyait il y a encore quelques secondes, après notre dispute. Si on peut appeler ça comme ça? Il m'envoie chier puis il me demande si je lui ferais confiance? La façon dont il souffle le chaud et le froid me déstabilise et je prends le temps de réfléchir en le regardant. Mais la seule réponse qui me vient est une question. Est-ce que lui me ferait confiance?

« Il n'y a pas que moi qui écoute les conversations des autres. » Je fuis d'abord la question.

Harry se pince les lèvres dans ce que je devine être un début de sourire. Mais un sourire qui n'ira pas plus loin, cette fois.

« On verra lorsqu'on se croisera. » J'ajoute alors.

Cette fois, une lueur traverse ses yeux, et son début de sourire s'intensifie. Un sourire rempli de défi qui m'énerve mais qui réussit pourtant à me faire légèrement sourire en retour. Alors on se regarde une dernière fois, avant de partir dans deux directions différentes.

Et lorsque je réalise que, malgré ma colère, ce sourire persiste sur mon visage, la voix d'Harry résonne à nouveau dans mon esprit.

Ou peut-être que tu me poses ces questions parce que tu as peur que je sois dangereux?

Oui, Harry, j'ai bien peur que tu sois plus dangereux que je ne le crois.

Dangereux pour moi.

...

J'espère que ce chapitre vous aura plu...?

On voit que vivre en communauté et dans ces circonstances reste compliqué !

Nos neuf planètes sont bien différentes et on commence à le comprendre.

Dans le prochain chapitre, il y aura les points de vue de toutes nos planètes pendant l'exercice. Vous allez pouvoir mieux les connaître individuellement et non à travers les yeux de Harry et Louis!👀

On retrouvera quand même Mars et Saturne également bien sûr!

Encore merci infiniment pour tout. Je vous dis à la semaine prochaine pour la suite! ❤️

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