Chapitre 4
Hi! J'espère que vous allez bien?
Merci infiniment pour votre soutien, pour vos commentaires sur le précédent chapitre. Je sais que je me répète mais je tiens à vous remercier encore et encore parce que ça compte énormément pour moi, vraiment. Merci de vivre l'aventure NINE à mes côtés!
J'espère que ce chapitre vous plaira!
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CHAPITRE 4
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(Where Do We Go From Here_Ruelle)
Louis.
« Comme l'a dit Adelaide, je m'appelle Michael.»
C'est le nom de l'homme qui suit Adelaide depuis tout à l'heure. Celui qui nous a demandé de le suivre jusqu'à la sortie du dôme. Nous sommes actuellement dans le couloir qui mène à celui-ci, nos têtes tournées vers l'homme, Michael donc. Il a le visage fermé et parle comme un automate. Et, nous, on l'écoute, silencieux. En même temps, on ne peut qu'être silencieux après tout ce que nous venons d'entendre. Et c'est beaucoup trop confus dans ma tête actuellement pour me demander ce que j'en pense. La raison d'avoir eu Paul comme mentor, le fait qu'il me gardait en sécurité, certes, mais qu'il me surveillait également. Je savais qu'il surveillait ma santé, mes progrès, que ça soit mentalement ou physiquement, mais jamais je n'aurais pu imaginer que ça soit pour un projet.
Un projet qui consiste à sauver toute l'humanité.
Rien que ça.
Je soupire discrètement, parce que ça fait beaucoup trop d'informations en peu de temps. Je ne porte plus mes vêtements mais ceux du projets NINE. Je ne suis plus seul avec Paul mais accompagné de ces huit autres adolescentes et sans Paul. Je ne sais pas où il est actuellement et j'ai tellement de questions à lui poser sans vraiment savoir par où commencer. Il m'a demandé de lui faire confiance, ce que je fais, mais ce secret qu'il a gardé est beaucoup trop gros pour que je puisse aussi facilement le digérer. Je ne suis même pas sûr de réaliser tout ce qui est en train de se passer. Je crois que personne ne le réalise vraiment.
Tous mes repères ont disparu et je me sens tellement perdu.
Je n'ai jamais été aussi entouré et, pourtant, je me sens plus seul que jamais.
« Je suis ingénieur et scientifique pour la base une et... »
Michael s'arrête en entendant la porte du dôme s'ouvrir. Nous tournons tous la tête vers la porte où apparaît le garçon aux cheveux bouclés. Celui que j'avais déjà vu dans les couloirs de l'infirmerie. Harry. Ou Mars, selon les noms qu'on nous donne ici. J'avais remarqué qu'il ne nous avait pas suivi lorsqu'on sortait du dôme. Et je ne suis pas vraiment surpris de le voir nous rejoindre le visage fermé et les sourcils froncés. Je ne sais pas pourquoi il est resté plus longtemps dans le dôme avec Adelaide mais je me doute que ce n'était pas pour lui dire qu'il était ravi d'être là. Il est le seul avec Chiara à s'être un minimum exprimé sur la situation.
Je comprends leur colère. Je pense qu'on est tous en train de paniquer et de réaliser petit à petit mais que, eux, sont plus facilement sur la défensive. Je ne pense pas qu'on puisse leur en vouloir. Ça fait beaucoup trop à entendre et comprendre en si peu de temps. Mais après les images qu'on nous a montré sur les autres bases, sur ces enfants, ces parents, ces personnes qui meurent, je me dis que, peu importe comment je le prendrais, j'ai du mal à envisager l'idée de refuser ce projet. La faculté que j'ai est peut-être inexplicable, je peux cependant trouver une raison à son utilité. Même si ça me terrifie d'avoir cette responsabilité de sauver l'humanité. J'ai besoin d'y voir plus clair. J'ai besoin de parler à Paul.
Je sors de mes pensées en croisant le regard d'Harry. Il a toujours les sourcils froncés et lâche finalement mon regard pour remarquer que tout le monde a la tête tournée vers lui. Alors il baisse la sienne et Michael reprend :
« Je disais, je suis scientifique pour la base une et l'assistant d'Adelaide pour le projet NINE. C'est moi qui vais principalement m'occuper de vous ici.
-Donc vous êtes nounou aussi. » Intervient Chiara avec un sourire moqueur.
On entend alors qu'un seul rire étouffé. Qui vient d'Harry. En l'entendant, Chiara tourne la tête vers lui et, lorsque leurs regards se croisent, ils sourient légèrement tous les deux avant de regarder de nouveau Michael. Les autres, on ne réagit pas, regardant la réaction de Michael. Je m'attends à une réprimande. A ce qu'il soit en colère. Mais, à la place, il sourit légèrement également. Et pas un sourire nerveux ou moqueur, non. Un vrai sourire qui nous surprend tous, surtout Chiara. Encore plus lorsqu'il répond:
« Et guide touristique aussi apparement puisque je dois vous faire visiter vos quartiers ici. »
Il ne nous laisse pas le temps de réagir à sa blague qu'il nous tourne le dos pour se mettre à avancer dans le couloir. On reste tous immobiles quelques secondes puis c'est finalement Liam qui se met à avancer, nous entrainant tous par la suite. J'ai remarqué qu'on faisait ça depuis le début, malgré le fait qu'on ne se connaisse pas. Suivre le mouvement. C'est l'effet de groupe, j'imagine, même si on en a jamais fais parti d'un jusqu'à maintenant. Je ne pense pas qu'on puisse dire qu'on se fasse confiance, tous les neuf. On ne se connaît pas. On ne se parle pas.
Mais, d'un côté, on sait déjà qu'on a pas d'autre choix que d'aller dans la même direction.
Être perdus et vulnérables ensemble est moins effrayant que l'idée de l'être seul.
Lorsqu'on arrive devant une première porte avec une demande d'empreinte pour l'ouvrir, Michael s'arrête et se tourne vers nous pour nous expliquer:
« La sous-base se situe sous terre. Sous la base une. Dont son nom. C'est là où nous sommes actuellement. La sous base est immense et divisée en plusieurs quartiers. Il y a un quartier pour vous, pour le PROJET NINE, avec des salles qui vous sont réservées. C'est là où nous nous trouvons déjà. Chaque porte de votre quartier demande une empreinte et nous allons enregistrer les vôtres maintenant pour que je puisse configurer les accès. Mais ça ne sera pas le cas des autres quartiers dont vous n'aurez donc pas l'accès. Comme le quartier des mentors, par exemple.
-On ne va plus revoir nos mentors? » Demande Polly, légèrement inquiète.
Et je la comprends. A l'instant où elle pose cette question, je sens mon coeur se serrer légèrement. Je me pince les lèvres, à l'inverse de Chiara que je surprends en train de sourire légèrement en coin. Mais elle perd rapidement son sourire lorsque Michael répond:
« Si, ne vous en faites pas pour ça. Vos mentors font également parti du projet NINE. Mais leurs dortoirs se trouvent dans un quartier différent du vôtre. Ça n'empêche pas qu'ils seront souvent présent dans le quartier du projet NINE. D'ailleurs, ils partageront votre réfectoire lors des repas. »
Bien, ça me rassure. Paul sera toujours près de moi. Et, je ne sais pas quelle heure il est, je ne peux même pas me fier au soleil pour me faire une idée, je ne sais pas combien de temps on est resté endormis, mais j'espère que c'est bientôt l'heure d'un repas. Non pas parce que j'ai faim mais parce que je veux revoir Paul le plus tôt possible.
« Mettez-vous les un derrière les autres que je puisse enregistrer vos empreintes. Et, une fois que vous pouvez passer la porte, attendez les autres dans le hall. »
Je ne sais pas de quel hall il parle, si c'est le même que par là où nous sommes arrivé ou non, mais j'imagine que c'est la salle suivante. On se met donc tous les uns derrière les autres, Liam demandant à être le premier. On le regarde poser sa main sur la tablette à côté de la porte pendant que Michael entre dans les configuration de cette dernière, cliquant sur beaucoup trop de boutons pour que j'arrive à suivre. Je remarque juste que, d'un coup, la ligne rouge qui entourait la main de Liam sur la tablette devient verte petit à petit, jusqu'à ce qu'un son retentisse et que la porte s'ouvre, coulissant sur le côté.
Liam sourit et n'hésite pas à passer la porte qui se referme à la seconde où elle ne détecte plus sa présence. Et elle se referme rapidement. Très rapidement.
« La porte détecte le nombre de personne qui passe. Si quelqu'un essaie d'entrer en se collant à la personne qui a accès, une alarme se met à retentir et toutes les autres portes se verrouillent. » Nous explique Michael.
« Et des robots avec des armes se mettent à nous courir après? » Plaisante Niall.
Michael rit légèrement avant de répondre très sérieusement:
« Non, ce sont des humains qui tiendront les armes. »
Niall cesse alors de rire, déglutissant difficilement.
« Vous plaisantez? » Demande Luna.
Michael secoue négativement la tête.
« Non. Il s'agit des gardes de la sous-base. »
Puis il sourit à nouveau en disant:
« Mais je vous rassure, ils sont seulement là pour votre sécurité.
-Vous n'êtes pas du tout rassurant. » Lui répond Chiara en s'avançant pour enregistrer son empreinte.
Michael se pince alors les lèvres, remettant ses lunettes sur son nez dans un tique nerveux. Il se tait, comme nous tous, enregistrant l'empreinte de Chiara qui disparaît ensuite derrière la porte. Je suis le prochain dans la file alors je m'avance à mon tour, posant ma main sur la tablette froide. Je regarde la ligne verte longer le contour de ma main, de mes doigts, jusqu'à effacer complètement le trait rouge qui l'entourait auparavant. Les portes s'ouvrent et j'avance rapidement, retrouvant Liam et Chiara de l'autre côté.
Mais ces derniers ne me regardent pas, et je comprends pourquoi.
Nous ne sommes pas dans le même hall que tout à l'heure. Celui-ci est plus petit mais le plafond est incroyablement haut. Et surtout fait en verre. Enfin, c'est la matière qui me vient à l'esprit mais j'imagine que c'est un verre beaucoup plus solide que celui auquel je pense. Peu importe. Tout ce que je sais, c'est que le plafond est complètement transparent. Nous laissant apercevoir le ciel orangé qui me fait comprendre que la nuit est en train de tomber. Si nous sommes sous la base une ça veut dire que ce plafond se trouve tout au bout de la base une ? Mais les murs autours restent blancs donc on ne peut pas voir leurs locaux pour autant. On traverse juste la base une, d'une certaine manière, sans les voir et sans qu'ils nous voient non plus.
Mais on voit le ciel et cette lumière naturelle donne un côté beaucoup plus réconfortant à cette pièce. Ça change des lumières artificielles qui nous suivent de partout depuis que nous sommes arrivés.
J'entends la porte s'ouvrir à nouveau et Harry apparaît. Son regard croise le mien mais, rapidement, il finit par relever la tête en remarquant la vue qu'on a sur le ciel. Sa tête penchée en arrière, je remarque à quel point sa mâchoire est serrée. Comme si les muscles de son visage ne se détendaient jamais. Je le vois encore plus maintenant, remarquant à quel point les traits de son visage sont fins. Lentement, il arrête de froncer les sourcils au fur et à mesure qu'il se met à contempler le ciel au dessus de nous. Et le reflet orangé du couché du soleil donne une teinte presque dorée à la peau d'Harry. Même de profil, je peux voir que la lumière rend encore plus clairs ses yeux verts.
Je détourne le regard en même temps qu'il baisse de nouveau la tête pour regarder dans notre direction, à Liam, Chiara et moi. Au même moment, Eden passe la porte.
« Wow, c'est magnifique. » Elle dit en regardant le hall.
« Une jolie prison avec vue sur le couché de soleil. » Lui répond Chiara, sarcastique.
« Parce que tu penses qu'on est emprisonnés? » Lui demande Liam en fronçant les sourcils.
« On nous a endormi et emmené de force ici en nous faisant comprendre qu'on allait y rester. Donc, ouais, c'est l'idée que je me fais d'une prison personnellement.
-T'oublie le fait qu'ils prennent soin de nous depuis qu'on est bébés. » Continue Liam.
Polly arrive à son tour, ne comprenant pas tout de suite le sujet de conversation entre Liam et Chiara. Et, sans qu'ils ne s'y attendent, c'est Harry qui intervient en regardant Liam dans les yeux:
« Les astronautes aussi prenaient soin des chiens qu'ils comptaient envoyer sur la Lune. »
Un silence s'installe et c'est comme si la remarque de Harry continuait de raisonner dans le hall. Je vois Eden se pincer les lèvres en regardant Liam qui ne lâche pas Harry du regard. Chiara sourit légèrement et Polly, elle, me lance un regard gêné avant de tourner la tête vers Niall qui arrive à son tour dans le hall. Mais il n'a pas le temps de s'émerveiller qu'on entend Liam répondre à Harry:
« Tu nous compare à des chiens, là?
-Oh, non. Les chiens ne comprenaient pas ce qu'il se passait ni ce qui les attendait. On pouvait les envoyer là où on voulait sans leur demander leur avis. »
Harry s'arrête quelques secondes, regardant Liam avant de reprendre, hautain:
« Tu n'es pas aussi simple à manipuler qu'un chien, quand même?
-Je suis fidèle à ceux qui se sont occupés de moi.
-Comme un chien. »
Liam ouvre grand les yeux et s'avance vers Harry qui ne bouge pas, les bras croisés contre son torse et un léger sourire sur les lèvres. Instinctivement, je vois Eden s'approcher de Liam tandis que Chiara retient un rire contre sa main. Niall, Polly et moi regardons la scène sans bouger, ne sachant pas quoi faire.
« Il se passe quoi? » Demande Luna qu'on a pas entendu arriver.
Nous n'avons pas le temps de lui répondre que Liam reprend, tout près d'Harry:
« Si t'es assez égoïste pour voir des enfants crever, alors je préfère largement ressembler à un chien qu'à toi.
-Assez égoïste pour voir des enfants crever? » Répète Harry dans un rire nerveux.
Sauf que, la seconde d'après, son sourire n'est plus du tout amusé. Il n'y a plus de sourire, en fait. Son regard devient beaucoup plus sombre, tout comme celui de Liam. Ils se menacent silencieusement et je vois les poings d'Harry se serrer. Même Chiara ne semble plus amusée. Eden pose sa main sur l'épaule de Liam, pour tenter de le faire reculer, mais Harry pousse Liam au même moment. Eden s'écarte instinctivement et Liam repousse Harry en retour. Mais je ne pense pas qu'il y mette toute sa force contrairement à Harry qui ne cherche pas du tout à se contrôler. La colère se lit dans ses yeux et, comme s'il craquait, il fonce de nouveau vers Liam.
Mais, au même moment, Zayn apparaît soudainement entre eux pour les séparer. Pendant une seconde je me demande comment il a atterrit là si rapidement, lui qu'on a même pas vu passer la porte, puis je me souviens de sa faculté. Celle de la rapidité.
« Hey! Qu'est-ce qu'il se passe là?! » On entend Michael lancer en nous rejoignant.
« Mec, recule. » Conseille Zayn à Liam.
Et je comprends pourquoi c'est à Liam qu'il le dit. Parce qu'il suffit de regarder le visage et la position d'Harry pour comprendre que ce n'est pas ce dernier qui le fera en premier. Il semble déjà avoir du mal à se retenir de lui sauter à la gorge. Je n'ai jamais connu la colère ou la violence avec Paul. Je n'ai pu que la lire dans les livres, la voir dans les films. Mais c'est la première fois que je vois une personne perdre le contrôle en face de moi. Et je ne pensais pas que ça pouvait se passer aussi rapidement. Comme si une seule remarque avait suffit.
« Les garçons, reculez. » Lance Michael en s'approchant d'eux.
Liam déglutit et soupire en reculant le premier. Il fait quelques pas en arrière, rejoignant Eden qui tente de sourire légèrement pour le féliciter d'avoir mit sa fierté de côté. Quant à Harry, sa cage thoracique se soulève avec rapidité et il dégage la main de Zayn de son torse pour faire quelques pas en arrière également.
« Qu'est-ce qu'il s'est passé? » Demande Michael en regardant Liam et Harry à tour de rôle.
« Rien. » Répond froidement Harry.
Puis, lorsque Michael tourne la tête vers Liam, ce dernier répond en ignorant Harry regard:
« Rien. C'est juste une journée haute en émotions.
-Je comprends. » Soupire Michael.
« Je suis pas sûre que vous comprenez, non. » Lui répond Chiara qui est restée à côté de Harry, malgré le fait que ce dernier l'ignore. Ignore tout le monde, en fait.
Michael hoche la tête avant de tous nous regarder. Un silence s'installe. Un silence durant lequel je prends le temps de regarder tout le monde aussi. Liam qui se calme à côté de Eden. Luna et Niall qui échangent un regard inquiet. Polly qui se gratte nerveusement la nuque à côté de moi. Zayn qui fait quelques pas vers Chiara et Harry. Ces deux derniers sont tendus. Chiara regarde Michael avec colère et Harry, lui, garde la tête baissée, énervé et à la fois complètement absent.
Et je me demande comment ils peuvent espérer de nous une si grosse mission. Parce que je comprends le propos de Liam. Je le comprends lorsqu'il dit que les personnes qui sont ici sont aussi celles qui nous ont recueillis, qui ont prit soin de nous, qui nous ont nourris et protégés. Parce que je pense forcément à Paul. Et je comprends également son envie de ne pas abandonner toutes ces personnes dans le besoin.
Mais je comprends également la colère et la panique de Chiara et Harry. Je comprends leurs doutes. Et je comprends la métaphore d'Harry. On a prit soin de nous, c'est vrai, mais ils savaient depuis le début que nos facultés allaient leur servir, pas vrai? Est-ce qu'ils nous auraient donné autant d'attention sans ça? Ils avaient besoin qu'on leur fasse confiance. Est-ce que Paul n'a pas fait ça que par intérêt?
Je sens mon estomac se nouer à ces pensées et je prends une grande inspiration avant de déglutir difficilement, n'arrivant pas à dégager cette boule d'angoisse dans ma gorge. J'ai beaucoup trop de questions et beaucoup trop d'avis contradictoires qui se bousculent dans ma tête actuellement. Et je sais que je n'aurais ni les réponses ni un avis tranché en une seule soirée. Il va falloir être patient, même si ce n'est pas facile et que l'impatience amène forcément des tensions.
Michael finit par reprendre la parole, nous faisant tourner la tête vers lui. Sauf pour Harry qui continue de ne fixer que le sol.
« Tu as raison, Chiara. Je ne peux pas comprendre. Du moins pas totalement. Je ne peux pas comprendre ce que vous ressentez actuellement face à tout ce qu'on vient de vous dévoiler et tout ce que vous êtes en train de découvrir ici. Je sais que ça vous dépasse et, honnêtement, même si je me doute que ce n'est pas rassurant mais c'est au moins sincère, ça me dépasse aussi. Une telle mission ne peut que nous dépasser. Vous, nous, toute l'équipe. On aura le temps d'en reparler parce que je fais parti de l'équipe qui doit vous former. Mais, oui, c'est flippant. Et vous ne m'entendrez jamais vous reprendre ou vous réprimander parce que vous avez peur ou parce que vous êtes énervés. Les prochains mois que l'on va passer ensemble ne vont pas être faciles. Parce qu'on est des êtres humains et parce qu'on était censé rester sur cette Terre. Pas la quitter. Mais on était pas censé la détruire non plus. Et, sincèrement, je m'excuse que vous soyez ceux qui ont cette faculté. Ceux qui peuvent nous sauver. Ceux qui peuvent être la solution d'un problème qu'ils n'ont pas causé.
-Il se passe quoi, si le projet échoue? » Demande Luna.
Michael la regarde, surpris, et se pince les lèvres avant de hausser les épaules en répondant sincèrement:
« Il échouera, c'est tout.
-Et ça sera la fin de l'humanité, c'est tout. » Ne peut s'empêcher de rajouter Liam en regardant Luna également.
Chiara lance un regard mauvais dans la direction de Liam mais ce dernier l'ignore. Il y a de nouveau un silence et Michael en profite pour nous dire:
« On va continuer la visite. S'il y a de nouveau des désaccords, et il y en a aura, venez m'en parler.
-Ça serait bête de sauver l'humanité sans être copains. » Ironise Chiara en passant devant Liam.
Ce dernier l'ignore une nouvelle fois, levant les yeux au ciel et suivant Michael, rapidement suivi par Eden. Niall et Luna suivent, Polly aussi. Lorsque je me décide à les suivre à mon tour, je lance un regard par dessus mon épaule pour voir Zayn et Chiara se mettre à avancer, suivi d'Harry qui reste tout de même en retrait.
« Je supporte déjà pas ce mec. » J'entends Chiara dire à Zayn.
-Michael ou Liam?
-Liam. T'as vu ce qu'il a répondu à Luna? Il essaie de faire quoi là? Nous mettre la pression? Il croit qu'on est plus bêtes que lui qu'on a pas compris le principe de sauver l'humanité?
-Je crois que ce mec est né pour sauver l'humanité. » J'entends Zayn répondre ironiquement.
Toujours dos à eux, j'entends Chiara rire légèrement avant de répondre, plus amer:
« Ou c'est ce qu'on a voulu lui faire croire. »
Je déglutis et arrête de les écouter, ne les entendant de toute façon plus parler, pour me concentrer sur la visite de nos quartiers. On fait le tour du petit hall où se trouvent plusieurs portes. Une d'entre elles donne accès sur une salle de repos. Une salle avec une télé, des films, des livres, des jeux de société, des jeux de culture générale. L'autre porte donne accès à une grande salle de sport avec plusieurs machines plus modernes les unes que les autres. Juste à côté se trouve un couloir qui mène à un gigantesque gymnase. Avec, encore à côté, une piscine intérieur. Un autre couloir mène au grand hall où nous nous sommes rendu pour notre rencontre. Quelques portes plus loin se trouvent, en plus du dôme qu'on a déjà vu, le réfectoire, une serre, des salles d'études qui ressemblent à des classes. Michael nous explique que c'est ici qu'on travaillera la théorie. En plus de travailler notre physique dans le gymnase et la salle de sport ainsi que nos facultés dans le dôme. Il nous explique qu'il y a des salles de techniques et mécaniques, pour tout ce qui est fusées et autres mais que ça sera pour plus tard et que ça se trouve en dehors des quartiers du projet NINE. Il nous dit qu'il nous montre l'essentiel pour le moment. Qu'on aura le temps de découvrir le reste au fur et à mesure.
Puis on revient sur nos pas pour emprunter un couloir du petit hall, c'est le nom qui est donné au hall avec le toit en verre. Au bout de ce couloir se trouvent plusieurs portes et Michael explique d'abord en montrant les deux premières:
« Ça, se sont des WC. Il y en a pour les filles et pour les garçons. Il y a des serviettes hygiénique, des culottes menstruelles, des tampons et des coupes menstruelles disponibles dans les toilettes des filles. Mais normalement vous prenez toutes une pilule qui stoppe vos menstruations.
-Je comprends mieux pourquoi, maintenant. » Commente Chiara.
Toute le monde tourne la tête vers elle et elle répond innocemment en haussant les épaules:
« Bah quoi? On peut pas sauver le monde en changeant notre tampon toutes les deux heures. »
Sa remarque me fait sourire et je lance instinctivement un regard vers Harry qui, lui, est toujours absent, tête baissée, visage fermé.
« Ici se trouvent les salles de bain. Une pour les fille et une pour les garçons, encore une fois. »
Il ouvre les portes et on peut rapidement voir l'intérieur avec des douches modernes, comme j'en avais à la maison. Ainsi que des lavabos et plusieurs trousses de toilettes. Une pour chacun. Brosse à dent, serviette, produits d'hygiènes. Il ne manque rien.
« Et enfin, voici votre dortoir. » Termine Michael.
Il déverrouille la plus grande porte et nous laisse y entrer avec lui. On découvre alors les dortoirs avec neuf lits. Neuf lits avec neuf armoires, neuf tables de chevet et, je le remarque, des cartons avec nos noms inscrit dessus. Je remarque alors que les filles ont été mises sur les quatre derniers lits du fond, juste à côté d'un grand rideau.
« Nous voulions que vous soyez dans les mêmes dortoirs pour la cohésion de votre groupe mais, les filles, vous pouvez tout de même appuyer sur le bouton qui referme le grand rideau afin de vous séparer des garçons. Dans vos placards se trouvent tous les vêtements dont vous aurez besoin. Tenues classique pour tous les jours, tenues de sport pour les cours physiques avec jogging ou short, maillot de bain, pyjama, et votre tunique spéciale pour les exercices dans le dôme. C'est une tunique faite dans une matière qui permet de mieux vous acclimater aux différentes températures et qui résiste à l'eau ainsi qu'au feu. Il y a des sous-vêtements également, des chaussettes, des paires de basket, des vestes, des élastiques pour ceux qui veulent s'attacher les cheveux... S'il y a des soucis de tailles, faites-le moi savoir. Je suis toujours disponible grâce à cette tablette. »
Michael montre la tablette à l'entrée du dortoir avec un micro juste à côté.
« Il y a mon numéro entré à l'intérieur et, vous avez pu le voir pendant la visite, il y a ce genre de tablettes partout dans les quartiers. Mais c'est surtout lorsque moi, ou quelqu'un d'autre du projet NINE, veut vous contacter pour vous faire passer un message, vous partager le programme de la journée, vous réveiller... Au moins on est sûrs que vous avez notre message. Parce que je vais également vous donner vos portables mais ,là, je suis moins sûr que vous me répondiez. »
Michael fait quelques pas vers une commode pour en sortir neuf téléphones noirs identiques. Il les distribue à tout le monde et, pour la première fois depuis son altercation avec Liam, Harry relève la tête. Il récupère le téléphone, le faisant tourner entre ses doigts. Comme s'il en voyait un pour la première fois. Lorsque Michael me tend le mien, je sais déjà comment ça marche. J'en avais un pour contacter Paul lorsque j'étais seul à la maison.
« Vous avez mon numéro d'enregistré, ceux de vos mentors, mais aussi les vôtres. Afin de contacter n'importe qui de vous neuf si vous en ressentez le besoin. »
Michael fait une pause puis regarde les lits avant de reprendre:
« Vos mentors ont mit certaines de vos affaires personnelles dans des cartons pour vous les ramener ici. Vous les retrouverez donc sur vos lits. »
D'une certaine façon, ça me réconforte. D'avoir un peu de la maison ici. Même si ça doit tenir que dans un seul carton.
« Je pense avoir fait le tour. Du moins, pour aujourd'hui. Ça fait déjà beaucoup d'informations et, si j'en ai oublié, je reviendrais dessus plus tard. Si vous avez des questions n'hésitez pas et, encore une fois, vous pouvez m'appeler à n'importe quel moment de la journée ou de la nuit. Ainsi que vos mentors. Pour le moment, je vais vous laisser découvrir votre dortoir, vos affaires, prendre une douche si vous le souhaitez même si vous en avez déjà prit une avant la rencontre. Je reviens dans une heure, pour vous accompagner jusqu'au réfectoire. Je ne l'ai pas précisé mais vous avez l'heure sur vos téléphones et sur la tablette, bien-sûr.
-Merci Michael. » Répond Liam.
Michael sourit simplement en hochant la tête puis nous regarde tous une dernière fois avant de dire:
« A tout à l'heure. »
Il sort rapidement de la chambre et, avant que les portes ne se referment, je peux le voir retirer ses lunettes pour se frotter les yeux tout en s'éloignant. Une fois les portes refermées, un lourd silence retombe. Se retrouver que tous les neufs est un peu intime pour des personnes qui ne se connaissent pas. Surtout avec tout ce qu'on a entendu, tout ce qu'on doit enregistrer.
Sans se concerter, on s'éloigne tous instinctivement vers les lits avec nos cartons dessus. Mon lit est tout au fond, entre celui de Harry et Polly. Harry sur ma droite et Polly sur ma gauche, qui peut être séparée par le fameux rideau.
Je regarde le carton posé sur mon lit et, toujours debout, je l'ouvre rapidement pour découvrir ce qu'il y a à l'intérieur. Mon coeur se réchauffe instinctivement en y retrouvant mes livres préférés mais aussi des carnets, des feuilles et des stylos. De quoi lire et écrire. Tout ce que j'aimais faire à la maison lors de mes temps libres. Je souris doucement, sortant les feuilles et les carnets en premier, les posant sur mon lit.
Alors que je vais pour sortir les livres, je sens un regard posé sur moi.
Je tourne alors la tête en direction du lit d'Harry. Et je ne sais pas pourquoi c'est vers lui que j'ai tourné la tête en premier, mais j'avais raison. Son regard est posé sur moi. Ou, du moins, sur ce que je sors de mon carton. Il relève son regard vers mon visage lorsqu'il comprend que je le regarde également. Puis il baisse de nouveau la tête vers son carton. Mais il n'en sort rien. Il le met simplement sous son lit avant de s'allonger sur ce dernier, dos à moi, déposant son téléphone sur la table de chevet.
Je décide donc de ranger mes carnets, feuilles, livres et stylo sur ma table de chevet. Même si ça prend de la place, j'aime les voir. J'aime me donner l'impression d'avoir une partie de mon ancienne chambre avec moi. Parce qu'il n'y a absolument rien d'autre qui lui ressemble ici. Je laisse mon carton vide à côté de mon lit avant de retirer mes chaussures pour m'asseoir en tailleur sur mon lit.
« On pourrait presque faire une bibliothèque commune. » J'entends sur ma gauche.
Je tourne alors la tête vers Polly qui me sourit timidement en montrant les livres éparpillés sur son lit. J'en reconnais certains que j'ai déjà lu également, mais pas tous. Ça me fait sourire malgré moi et je plaisante en lui répondant:
« C'est vrai que ça manque de bibliothèque ici.
-Il y en a dans la salle de repos.
-Oui, c'est ce que j'ai cru voir aussi. »
On sourit tous les deux et Polly me dit naturellement:
« S'il y en a des miens que tu veux lire, tu peux.
-Merci beaucoup, c'est gentil. Tu peux lire les miens aussi s'ils te tentent.
-Merci.
-De rien. Je ne sais pas combien de temps on va rester ici mais on aura sûrement le temps de tout lire. » Je ris nerveusement.
Polly rit légèrement aussi, mais, tout comme moi, ce n'est pas vraiment sincère. Elle est aussi nerveuse et perdue que moi. Elle replie ses jambes sur elle-même, les entourant de ses bras afin de poser son menton sur ses genoux. Elle soupire légèrement, avant de s'appuyer sur sa joue, la tête tournée vers moi. Avec un léger sourire, elle me répond:
« De toutes les histoires que j'ai pu lire, aucune ne ressemblait à la nôtre. »
Je me pince les lèvres en hochant la tête. Moi non plus.
« Super choix de couleurs! » Lance soudainement Chiara.
Polly et moi regardons dans sa direction. Elle vient d'ouvrir son placard avec des tenues toutes prêtes. Je me doute que je dois avoir les mêmes dans le mien. Tout comme la tenue que nous portons, les autres sont noires avec PROJET NINE d'inscrit dessus. Chiara sort tout un par un. La tenue qu'on porte déjà et qu'on a en plusieurs fois. Des pantalons noirs. Des vestes. Des t-shirt. Des pulls. Des chaussures. Elle sort même les sous-vêtements. Puis elle termine par la tunique plutôt moulante.
« Regarde au dos. » Lui lance Luna, sur le lit en face d'elle.
Chiara fronce les sourcils et retourne sa tunique. C'est seulement maintenant qu'elle remarque, et moi aussi, l'autre mot inscrit en gros. JUPITER. Chiara sourit en voyant ce détail. Mais d'un sourire plutôt ironique. Avant de ranger la tunique et de refermer le placard.
Je décide alors de me lever pour m'approcher de mon propre placard. Je l'ouvre et en sort directement la tunique pour la voir de plus près. Comme je l'imaginais, il y a aussi mon nom de code inscrit au dos.
SATURNE.
Je regarde ce nom longuement. Un nom étranger à mes yeux. Un nom que je n'arrive pas à m'assimiler. Alors je range la tunique avant de refermer le placard et de retourner m'asseoir sur mon lit. Harry, sur ma droite, n'a toujours pas bougé. Je me demande même s'il ne s'est pas endormi.
Personne ne parle. Et je crois que j'aimerais m'endormir aussi, pour que cette heure passe plus rapidement. Ou pour me réveiller chez moi et que tout ceci ne soit qu'un rêve. Un rêve un peu trop angoissant pour en être réellement un.
Je fais le tour du dortoir du regard. Liam est debout devant son armoire, examinant les vêtements un par un. Niall s'occupe avec un Rubik's cube. Zayn a entre les mains ce qui ressemble à un carnet à dessins, avec une énorme trousse remplie de crayons et une autre avec des feutres. Je vois même un kit de peinture. Harry ne bouge pas, toujours dos à moi. Eden s'attache les cheveux avant de s'asseoir sur son lit avec un casque de musique et un mp3. C'est très vieux, d'ailleurs. Je ne savais pas qu'on pouvait encore en avoir. Polly a déjà commencée à bouquiner. Luna s'est allongée sur le côté. Elle ne dort pas mais elle semble complètement perdue dans ses pensées, comme tout le monde ici. Chiara, elle, s'est assise non pas sur son lit mais par terre. Les genoux pliés et le regard perdu dans le vide.
Je me pince les lèvres et récupère mon téléphone. Je me dirige vers le contact de Paul mais je suis déçu en remarquant qu'on ne peut pas envoyer de SMS. On peut juste appeler. Et je ne suis pas sûr de vouloir lui parler là maintenant, au milieu de tout le monde. En fait, j'aimerais surtout lui parler en face. Pas par téléphone. J'ai besoin de lui parler en l'ayant en face de moi. Mais il va falloir attendre le diner pour ça, apparement.
Alors je me laisse retomber sur le lit, fixant le plafond gris.
Et n'ayant pas l'impression que ma place soit ici.
✦
(Deep End_Ruelle)
Le réfectoire est immense, avec plusieurs plats proposés autour d'une grande table qui nous est réservée. A tous les neuf. On dort ensemble et on mange ensemble aussi, apparement. Il y a d'autres tables de dressées, pour les autres membres du projet Nine j'imagine, pour les mentors aussi. Mais leur table est vide. On s'attendait tous à les retrouver en entrant dans le réfectoire, moi le premier, mais Paul n'est nul part. Tout comme les autres mentors.
Lorsqu'on est arrivés, je l'ai directement cherché du regard. Puis Michael nous a demandé de nous installer et nous a annoncé par la même occasion que nous ne prendrions plus de traitement pour le moment. Plus de vitamines, plus de médicaments pour notre santé. Seulement les pilules pour les filles. Ça m'a fait bizarre d'entendre ça. Je pensais que ça nous était indispensable. On le prend quand même depuis dix-huit ans. Mais, selon Michael, le traitement serait en contradiction avec notre nouvelle hygiène de vie ici et notre futur programme. Ça n'a fait que me perdre un peu plus.
Ça n'empêche pas certains de manger. Surtout Harry. Ce dernier, qui n'a toujours pas prit la parole depuis son désaccord avec Liam, enchaine les plats. Il mange rapidement, très rapidement, ne relevant même pas la tête vers nous. Il le fait seulement lorsqu'il entend Eden lui dire:
« Tu sais, la nourriture ne va pas s'en aller. Tu peux prendre ton temps. »
A ce moment-là, Harry relève la tête, une cuisse poulet entre ses mains et de la sauce autour des lèvres. Il passe son regard de Eden à son assiette vide pour la troisième fois. Puis il regarde les autres, il nous regarde manger avec des couverts et tranquillement, sans sauter sur la nourriture. Puis, sans qu'on ne s'y attende, il lâche soudainement sa cuisse de poulet et s'essuie rapidement la bouche avec une serviette, le visage fermé. Eden fronce légèrement les sourcils avant de reprendre:
« C'était une blague, tu fais ce que tu veux. Enfin, je voulais juste pas que tu te rende malade en mangeant aussi vite.
-Tu sais ce qui me rend malade? » Il la coupe avec un sourire.
Mais un sourire qui n'a rien de sincère ni de rassurant.
Un silence s'installe et tout le monde regarde dans la direction d'Harry, en particulier Liam qui est assis à côté de Eden. Mais Harry ne fait pas attention à lui, continuant de fixer Eden qui ne se laisse pas impressionner pour autant:
« Non, mais je t'écoute?
-Ce qui me rend malade, c'est qu'on pourrait justement se rendre malade en mangeant trop pendant que d'autres, sur la même planète que nous, ne mangent pas assez ou ne mangent pas du tout. » Il déclare, le regard dur.
« Il n'y a pas assez de ressources pour tout le monde et... » Tente de répondre Eden.
« Oh, non, il n'y en a vraiment pas assez. » Rit nerveusement Harry en montrant la table d'un signe de main.
« Ce que je veux dire, c'est que la base une réussit à nourrir les premières bases, jusqu'à la quatrième, mais que c'est beaucoup plus compliqué ensuite. Nos ressources sont rares et fragiles et il y a énormément de virus dans les zones les plus proches de la grande explosion... » Continue tout de même Eden.
« Mais la base une a pensé au projet NINE pour sauver tout le monde, tu l'as entendu comme nous. » Se permet de rajouter Liam.
Harry sourit à nouveau, ironiquement, avant de secouer négativement la tête. Puis, tout en se levant, il dit:
« Ils ne sauveront jamais tout le monde. Puisque plus de la moitié sont déjà morts. »
Avant de terminer avec un sourire crispé:
« Bon appétit. »
Je regarde Harry quitter la table, tendu, avant de se diriger vers la sortie du réfectoire, sous le regard d'Adelaide qui ne quitte pas pour autant sa table. Michael, lui, décide tout de même de se lever, s'essuyant la bouche avec sa serviette avant de se diriger vers notre table.
« Tout se passe bien? » Il nous demande.
« A merveille. » Ironise Chiara.
« Où sont les mentors? » En profite pour demander Polly.
« Ils avaient une réunion de dernière minute. Je dois d'ailleurs bientôt les rejoindre. Votre arrivée demande beaucoup d'organisation et on doit peaufiner le programme qui vous attend.
-Quand est-ce qu'on en saura plus? » Demande Niall.
« Dès demain, durant le petit-déjeuner. Je viendrais vous voir pour parler du programme. Mais je peux déjà vous dire de vous mettre en tenue de sport avant de venir au réfectoire. »
Nous hochons tous la tête et Michael nous sourit légèrement, ne posant pas plus de questions en voyant nos airs fatigués et toujours aussi perdus.
« Bien, lorsque vous avez terminé vous pouvez rejoindre vos dortoirs. N'attendez pas notre permission pour ça.
-Je crois qu'Harry l'avait compris. » Répond encore une fois Chiara.
A côté d'elle, Zayn lève les yeux au ciel avec un léger sourire amusé. Michael, lui, doit comprendre que c'est encore tendu mais il n'insiste pas pour en savoir plus cette fois. Il se pince les lèvres et nous souhaite une bonne fin de repas avant de s'éloigner.
Instinctivement, je me lève de table pour le suivre. Je n'ai pas terminé mon assiette, je l'ai à peine touchée, en fait. Je suis trop perturbé et trop fatigué pour avaler quoi que ce soit. Ça fait beaucoup trop de changements d'un coup. Je ne me sens pas forcément bien et ça joue sur mon appétit.
« Michael! » Je lance en suivant ce dernier.
Il s'arrête au milieu du réfectoire, surpris de me retrouver derrière lui.
« Oui, Louis?
-Est-ce que... Est-ce que vous pourrez dire à Paul que j'aimerais lui parler, dès qu'il a un moment? »
Michael sourit légèrement et hoche la tête avant de me répondre:
« Bien sûr. Je pense qu'il comptait déjà venir te voir dès qu'il le pouvait, de toute façon.
-Vous pensez?
-Même s'il n'est plus tout le temps avec toi, il ne cesse de demander comment ça se passe de ton côté. Et ce n'est que la première journée.»
Je ne peux m'empêcher de sourire légèrement. Malgré ces incertitudes depuis que je connais les raisons de ma présence dans la vie de Paul. Malgré les phrases que Harry nous a sortie plus tôt dans la journée, nous comparant à des chiens domestiques à qui on peut faire faire ce qu'on veut une fois leur confiance gagnée. Ça tourne en boucle dans ma tête malgré moi. Mais j'ai aussi les derniers mots que Paul m'a lâché à l'infirmerie, me demandant de lui faire confiance, qu'il sera toujours là pour me protéger. Tout se mélange et... je crois que j'ai définitivement besoin de me coucher.
« Merci. » Je dis finalement à Michael.
Puis je décide de m'éloigner à mon tour afin de sortir du réfectoire. Je tente de me souvenir comme je peux du chemin à prendre avant de retrouver les dortoirs. Je déverrouille la porte avec mon empreinte et, lorsqu'elle s'ouvre, je remarque directement la silhouette d'Harry dans son lit. Il est allongé sur le ventre, les bras sous l'oreiller. Il n'a pas prit le temps de se changer. Je ne sais pas s'il dort mais, dans le doute, je tente de faire le moins de bruit possible lorsque je rejoins mon lit.
Je retire ma veste et décide de garder le jogging et le t-shirt que je porte, n'ayant même pas la force de me changer non plus. Je m'assois sur mon lit, dos à Harry, pour retirer mes chaussures mais aussi mes chaussettes. Je m'assois en tailleur sur les draps, tendant tout mon corps pour récupérer une feuille blanche et un stylo trainant sur ma table de chevet.
Chez moi, j'aimais bien écrire. Imaginer des histoires comme celles que je lisais. Je n'avais que mon imagination pour imaginer l'extérieur d'un monde meilleur. Jamais je n'aurais cru qu'il allait se trouver sur une autre planète et que ça allait être à moi d'aller la découvrir en premier. En plus des huit autres personnes avec qui je n'échange pas grand chose. Je fais parti des plus silencieux pour le moment. Alors que, chez moi, avec Paul, j'étais bavard, blagueur. Je pourrais même dire moqueur, parfois.
Je ne me reconnais pas depuis que je suis ici. Et, comme l'a dit Michael, ça ne fait qu'une journée. Je me demande si ça va changer. Si je vais m'habituer. Si on est fait pour s'habituer à tout, finalement. Que ça soit positif ou négatif. Les Hommes ont dû prendre des habitudes plus qu'effrayantes dans toute l'histoire de l'humanité. S'habituer à des guerres, à des virus, à des maladies, à des exécutions, à des morts... Parce qu'ils n'avaient pas le choix.
Et je n'ai pas l'impression d'avoir plus le choix qu'eux, actuellement.
Est-ce qu'on a vraiment le choix d'accepter cette mission ou non?
Je sors de mes pensées en sentant, une nouvelle fois, un regard posé sur moi. Ce n'est pas la première fois. Et comme il n'y a qu'Harry ici, ça ne peut être qu'encore lui. Alors, je tourne la tête en direction de son lit, surprenant son regard posé sur moi. Non, son regard posé sur la feuille que je tiens entre mes mains. Sa tête est toujours posée sur son oreiller mais il semble très loin actuellement. Je crois que je le fais moi aussi sortir de ses pensées lorsque je lui demande:
« Tu veux une feuille? »
Son regard s'ancre alors dans le mien et la lumière que produit sa lampe de chevet est légèrement orangée. Tout comme la mienne. Ça me fait penser à la couleur du couché de soleil sur son visage, tout à l'heure, mais en plus artificiel. Et son visage n'est plus aussi détendu. Enfin, s'il l'a été à un moment. J'avais l'impression que oui, légèrement, lorsqu'il regardait le ciel. Mais si c'était le cas, c'était sûrement le temps d'une demi-seconde.
« Non. »
Sa réponse est froide et, rapidement, il détourne le regard pour tourner de nouveau la tête dans l'autre sens. Bon. Je ne suis même pas sûr d'être vexé. C'est beaucoup trop bizarre comme situation. Être ici, ces huit personnes que je ne connais pas, passer de n'avoir jamais vu d'autres personnes de mon âge, personne tout court à part Paul, à devoir soudainement vivre en communauté.
J'abandonne de nouveau la feuille et le stylo sur ma table de chevet et soulève ma couette pour me glisser entre les draps. Ces derniers sont froids et je soupire, n'éteignant pas ma lampe, tout comme Harry garde la sienne allumée. Ça a un côté rassurant, de continuer de voir ce qu'il se passe dans un endroit qu'on ne connait pas.
Je tourne la tête vers Harry, toujours dos à moi. Puis je regarde le plafond. Et mon armoire. Et les autres lits. La porte dès que quelqu'un rentre, silencieux, pour aller se coucher. Lorsque c'est le tour de Polly, cette dernière me sourit gentiment avant de disparaitre derrière les rideaux que Chiara a fermés avant de se coucher.
Mais j'entends tout de même Polly me chuchoter derrière le rideau:
« Bonne nuit. »
Et ça me fait sourire. Ça me fait me sentir moins seul le temps d'un instant. Même si on a pas beaucoup parlé elle et moi.
« Merci. Bonne nuit à toi aussi. »
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(Runaway_AURORA)
Je n'arrive pas à m'endormir. C'est impossible. Encore plus sans mon traitement habituel. J'entends quelques ronflements. J'entends des respirations régulières. Mais je suis incapable de m'endormir à mon tour. Et c'est parce que je ne dors pas que j'entends le lit de Harry se mettre légèrement à grincer. Ce qui attire forcément mon attention. Je tourne discrètement la tête, le voyant sortir de son lit pour se diriger vers la sortie des dortoirs. Je fonce les sourcils et, je ne sais pas si c'est parce que cette insomnie me monte à la tête, mais je ne réfléchis pas vraiment lorsque je décide de me lever à mon tour. Je ne sais pas si on peut parler de curiosité mal placée. Peut-être un peu. Mais je sais surtout que j'allais devenir fou à rester immobile dans ce lit. La fatigue est pourtant présente. C'est comme si mon corps et mon cerveau avaient décidés de ne pas se mettre d'accord. Pas cette nuit.
Alors, discrètement, je me dirige vers la sortie du dortoir également. Quelques veilleuses éclairent les couloirs et je vois Harry au bout du couloir en face de moi. J'avance dans la même direction, tentant de ne pas faire de bruit jusqu'à ce que je l'entende dire:
« Fais gaffe, on est sûrement surveillés par des centaines de caméras. »
Je me fige et, au même moment, Harry se retourne vers moi, les bras croisés sur son torse. Je suis si peu discret que ça? Je déglutis difficilement, me sentant soudainement ridicule et mal à l'aise. Je n'ai même pas d'excuses. Dire que j'allais aux toilettes? Ce n'est pas dans cette direction. Quoi que, je peux dire que je suis perdu. Ce n'est pas totalement un mensonge. Je m'attends à ce qu'il s'énerve, puisque c'est ce qu'il a fait toute la journée, mais il me surprend en me disant:
« Maintenant que t'es là, c'est par où le réfectoire déjà?
-Pourquoi tu veux te rendre au réfectoire maintenant?
-Pour m'échapper par le four à pizza, évidemment. » Il me répond avec ironie.
Je secoue la tête avant de soupirer. A l'entente de ce son, Harry reprend:
« C'est toi qui m'a suivi je te rappelle. Mais tu peux retourner te coucher, je trouverais le chemin.
-J'arrive pas à dormir.
-Ça arrive. Surtout quand on te demande de sauver l'humanité, j'imagine. »
Sa réponse m'amuse malgré moi et je souris en me frottant les yeux avant de le rejoindre en disant:
« Il faut passer par le petit hall, sur la droite. »
Je crois qu'Harry est surpris que je décide de le suivre mais il ne dit rien. Tout comme moi actuellement, il ne cherche pas à comprendre. Je lui suis utile et il l'est aussi d'une certaine manière, m'aidant à faire autre chose que de retourner mes pensées dans tous les sens dans un lit froid et inconnu.
Nous avançons silencieusement jusqu'à rejoindre le petit hall. Lorsque nous y pénétrons, je ne peux m'empêcher de relever la tête vers le plafond en verre. Et ce que j'y vois me fait m'arrêter malgré moi. Du coin de l'oeil, je vois Harry se retourner, se demandant sûrement ce que je fais. Puis il penche sa tête à son tour et ne peut que remarquer la lune et les étoiles qui se trouvent maintenant au dessus de nos têtes. C'est magnifique et effrayant à la fois. C'est impressionnant. Encore plus lorsqu'on sait que c'est là-haut qu'on veut nous envoyer. Ça me paraît fou, terrifiant et ridicule en même temps. Je ne vois pas comment je serais capable de faire ça. C'est impossible. Inaccessible.
Je déglutis difficilement et tourne la tête vers Harry. Ce dernier regarde toujours la lune et les étoiles qui nous dominent. Et je ne sais pas à quoi il est en train de penser actuellement, mais les traits de son visage sont soudainement plus doux. Et son regard légèrement plus brillant. J'ai l'impression de le voir partir là-haut le temps d'un instant. Mais, bien trop rapidement, il ferme les yeux. Et lorsqu'il les repose sur moi, son visage est de nouveau fermé.
« Et ensuite, c'est par où? » Il demande d'une voix neutre.
« Par là. »
Je passe devant lui, le sentant me suivre. Ça ne m'étonne pas qu'il ne sache plus comment se rendre au réfectoire. C'est immense et il a gardé sa tête baissée durant toute la visite et aussi lorsqu'on a dû se rendre au diner tout à l'heure. Ça se voyait qu'il était complètement absent.
Lorsqu'on arrive enfin devant le réfectoire, je me retourne vers lui pour lui demander:
« Et du coup, pourquoi on est là?
-Toi je sais pas. Mais moi, parce que j'ai faim. »
Je fronce les sourcils en le regardant avancer vers la porte verrouillée, qui demande une empreinte.
« Je suis pas sûr qu'on puisse y entrer en plein milieu de la nuit. Ni que nos empreintes soient enregistrées pour cette porte.» Je lui dis.
Mais il ne m'écoute pas. Il regarde la tablette à côté de la porte, posant sa main dessus. Sauf que, comme je l'avais imaginé, un trait rouge vient rapidement entourer sa main. Harry soupire avant de me dire:
« On doit bien pouvoir configurer la tablette. »
J'ouvre la bouche pour répondre mais rien ne me vient tellement ça me paraît ridicule. N'importe qui qui s'y connait un minimum en informatique sait que c'est impossible. Il y a une tonne de sécurités qui existe. Son mentor ne lui a jamais expliqué? Ça faisait pourtant parti des nombreuses choses que Paul m'a apprise.
Harry clique sur plusieurs boutons, n'importe lesquels, mais le contour de sa main devient de nouveau rouge. Je le vois s'énerver et, sur le coup, la situation m'amuse assez pour que je laisse un rire moqueur s'échapper d'entre mes lèvres. En l'entendant, Harry tourne la tête vers moi, les sourcils froncés, et je lui lance naturellement:
« Tu t'attendais à quoi? A une pancarte à côté avec des instructions pour expliquer comment pirater un ingénieur? Si tout le monde pouvait configurer les accès, ça n'aurait aucun intérêt.
-J'ai arrêté de t'écouter au mot pancarte. » Répond Harry en regardant de nouveau la tablette.
Je hausse les sourcils et décide de faire quelques pas vers lui, le regardant faire n'importe quoi sur la tablette.
« Tu veux peut-être que je t'explique au moins comment augmenter la luminosité? » Je lance en m'appuyant sur le mur à côté de lui.
Harry lâche un léger rire qui est un mélange entre sincérité et agacement. Je souris, moqueur, et il ancre son regard dans le mien. Et je ne sais pas à quoi il pense à cet instant, à quoi il réfléchit, mais son regard se fait plus intense et un sourire déstabilisant prend place sur ses lèvres.
« Tu te souviens ce que Michael a dit sur les gardes armés?
-Quoi? »
Mais je comprends soudainement l'intention de Harry lorsqu'il s'approche du bouton d'urgence de la tablette.
« Non! » Je m'exclame.
Je n'ai pas le temps de pousser sa main qu'Harry a déjà appuyé sur le bouton, déclenchant une alarme dans tout le réfectoire. Je le regarde, les yeux écarquillés, alors qu'il hausse simplement les épaules en me disant:
« J'étais même pas sûr que ça soit ce bouton là. Mais c'est toujours le bouton rouge, apparement.
-Mais qu'est-ce que tu as foutu?!
-Oh ça va, t'auras qu'à les désarmer avec ton pouvoir de saturne là.
-Désarmer les gardes? Mais t'es malade!
-Malade je ne sais pas, mais j'ai toujours faim. »
Je secoue la tête, désemparé, et Harry me regarde avec un sourire moqueur jusqu'à ce que des gardes débarquent soudainement dans un couloir. Ils sont quatre, habillés en blanc et bleu clair mais surtout armés. Et pas qu'un peu. Je sens mon coeur s'emballer et, lorsque je lance un regard en direction d'Harry, ce dernier ne semble plus du tout amusé. J'imagine que c'est tout de suite moins marrant lorsque ça devient réel.
Puis il se met à courir dans la direction opposée et je panique en le voyant me laisser seul derrière lui. Je ne prend pas le temps de réfléchir. Instinctivement, je me mets à courir aussi, suivant Harry qui emprunte n'importe quel couloir qui ne demande pas de déverrouiller une porte.
Tout en courant, il regarde plusieurs fois derrière son épaule, croisant mon regard mais voyant surtout les gardes derrière moi qui se mettent à nous crier:
« Arrêtez-vous sur le champ!
-Là! » Je gueule à Harry, attrapant son bras pour le faire tourner avec moi.
Je reconnais le chemin menant au petit hall et donc bientôt aux dortoirs. Je lâche le bras d'Harry après lui avoir montré la direction mais, une fois dans le petit hall, des gardes débarquent d'un autre couloir, nous faisant ralentir et surtout faisant en sorte que les gardes qui étaient derrière nous nous rattrapent. Harry est essoufflé, beaucoup plus que moi. Il regarde partout autour de lui, reprenant son souffle en même temps que je déglutis en voyant les gardes s'approcher, ne pointant heureusement pas leurs armes sur nous.
Au même moment, Michael arrive soudainement d'un couloir, regardant les gardes autour d'Harry et moi.
« Il s'agit de Mars et Saturne, monsieur. » Lâche un garde derrière son casque.
Harry et moi échangeons un regard avant de nous tourner vers Michael lorsque ce dernier répond calmement:
« C'est bon, je m'en occupe. »
Avec cette simple phrase, les gardes se regroupent, de façon presque robotiques, avant de se mettre en ligne pour quitter le petit hall, ne s'intéressant plus du tout à nous. Je soupire longuement, réalisant seulement maintenant que je retenais mon souffle. Harry, lui, reste neutre face à Michael. Mais je sais que j'ai aussi vu l'inquiétude dans ses yeux, un peu plus tôt.
« Pourquoi l'alarme du réfectoire a t-elle été enclenchée? » Nous demande calmement Michael.
Je regarde Harry et ce dernier répond naturellement en ancrant son regard dans celui de Michael:
« Parce que j'avais faim.
-Harry, le réfectoire a des horaires d'ouvertures et...
-Et j'avais faim. » Il le coupe.
Mon regard passe du regard dur d'Harry aux lèvres pincées de Michael. Ce dernier semble presque gêné lorsque Harry rajoute:
« Je pense que vous pouvez comprendre. »
Il y a un silence durant lequel je ne comprends plus rien. Et je ne cherche pas à comprendre. Je suis fatigué et la dernière frayeur que je viens d'avoir semble m'avoir assommé. Je crois que, si j'allais me coucher maintenant, je m'endormirais enfin d'épuisement.
« Retournez dans votre dortoir, les garçons. » Nous demande Michael d'une voix plus sérieuse.
Je hoche la tête et commence à me diriger vers les dortoirs. Je m'arrête un instant en voyant qu'Harry ne me suit pas mais, après un dernier regard en direction de Michael, il finit par prendre la même direction que moi. On ne parle plus de tout le chemin retour. Lorsqu'on arrive aux dortoirs, on attire seulement l'attention de Liam qui ouvre un oeil, à moitié endormi, avant de se rendormir.
Harry et moi rejoignons nos lits et, alors que je m'apprête à m'allonger sous les draps, j'entends soudainement la voix d'Harry résonner:
« Est-ce que je peux finalement avoir une feuille, s'il te plaît? »
Surpris par sa question, je le regarde un peu perdu. Son visage me paraît maintenant plus fatigué que fermé. Il me regarde en retour, attendant une réponse. Alors je hoche simplement la tête en attrapant une feuille mais aussi un stylo pour les lui tendre. Harry se lève alors de son lit, murmurant faiblement en même temps qu'il les récupère:
« Merci. »
Puis je le regarde retourner sur son lit, s'asseyant contre l'oreiller et repliant ses jambes pour y déposer la feuille blanche. Si lui ne semble toujours pas décidé à s'endormir, moi je sens mes yeux devenir de plus en plus lourds. Alors je retourne sous les draps, toujours tourné du côté d'Harry. Je vois son visage devenir de plus en plus flou. Je m'endors par étapes, ayant parfois l'impression d'être perdu entre rêves et réalité. Je m'endors et me réveille pour mieux me rendormir la seconde d'après.
Mais à chaque fois que j'ouvre les yeux, Harry ne dort pas, lui.
Et la larme que j'ai l'impression de voir couler sur sa joue me provoque un rêve où, sur le toit en verre, se met soudainement à tomber la pluie.
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Salut, Gwen.
J'écris ces mots pour te les donner dès qu'on se reverra. Parce que je sais déjà que ça sera trop dur de tout te raconter en détails. Mais c'est ce que j'aurais fais si tu étais là, avec moi. Alors je le fais comme je peux. Mais, honnêtement, je ne sais pas par quoi commencer. Par ce projet auquel je ne suis pas sûr de pouvoir croire? Par ces personnes en qui je ne fais pas confiance? Par ce mec avec qui j'ai failli me battre dès le premier jour? Si tu les entendais, Gwen. Ils parlent de quelque chose qu'ils ne connaissent pas. Parce que c'est plus simple de parler à la place des concernés, pas vrai? Ça permet de se rassurer? Les autres sont en train de souffrir mais, hey, on a pas assez de ressources on fait du mieux qu'on peut. Tu parles, si tu voyais la nourriture ici... Ils n'ont jamais manqué de rien. Je déteste ressentir cette envie de tout manger mais de tout vomir ensuite. Je déteste manger à ma faim en sachant ce qu'il se passe dans les autres bases, dans la nôtre. J'espère que Adelaide a au moins tenu sa promesse et que vous mangez maintenant à votre faim. C'est le peu d'espoir auquel je me raccroche pour me calmer, même si penser à ce qu'on a toujours vécu et à ce que vivent d'autres personnes suffit à m'enrager de nouveau. Il y a au moins quelque chose que tu aurais aimé ici, c'est le toit en verre. Toi qui adore la Lune et les étoiles. En parlant de Lune c'est le nom de code d'une fille d'ici. Et elle vole. Je t'expliquerais cette partie-là en face, c'est beaucoup trop long. Je suis tellement perdu, je ne sais pas quoi faire, quoi penser de ce projet, j'aimerais que tu sois là pour me conseiller. Que tu sois là tout court. Je pense à toi Gwen. Tu me manques. Et Ismael aussi.
Tu sais, à l'orphelinat, je ne faisais que de répéter que je n'avais pas de chez-moi.
Maintenant que je suis ici, si on me demandait de rentrer à la maison, je sais que ça serait auprès d'Ismael et toi.
Je suis désolé d'être parti sans dire au revoir.
-Harry.
...
J'espère que ce chapitre vous aura plu...?
Un chapitre du point de vu de Louis, pour le découvrir un peu plus même s'il reste très neutre et très perdu pour le moment.
Certaines dynamiques entre les personnages commencent un peu à se dessiner... Hâte de que vous connaissiez mieux les plus discrets !
Encore merci infiniment d'être là. Je vous dis à très vite pour la suite.❤️
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