Chapitre 17
Bonjour! J'espère que vous allez bien?
J'ai été très touchée par vos commentaires sur le chapitre précédent alors vraiment merci infiniment de prendre le temps à chaque fois de me donner la chance de lire vos réactions, vos retours, j'aime tellement les lire et y répondre alors merci mille fois!
J'espère que ce chapitre vous plaira!
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CHAPITRE 17
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(Hanging On_Ellie Goulding)
Harry.
Je prends une grande inspiration lorsque j'arrive au niveau du grand hall, en même temps que tous les autres. Nous sommes tous accompagnés de nos mentors et portons la même tenue. Seuls nos noms de codes changent au dos. Les mentors aussi portent la même tenue blanche. Je comprends que, contrairement au dîner avec le commandant, ils restent avec nous cette fois. Parce qu'ils font parti du projet. Un projet qui sera bientôt dévoilé au monde entier. Ou du moins à ce qu'il en reste.
Mon coeur se serre à cette pensée et, en même temps qu'on nous fait nous aligner devant Adelaide, je croise rapidement le regard de Louis. Je n'ai pas besoin de lui demander pour comprendre qu'il est stressé. Les traits de son visage sont tirés et ses lèvres pincées. En fait, je crois que nous sommes tous dans le même état. Même Niall semble fermé, ce qui n'est pas dans son habitude. Chiara a la tête baissée, s'installant auprès de Zayn qui regarde chacun de nos mentors. Luna prend de grandes inspirations, à côté de Eden qui garde la tête droite. Sans surprise, Liam a un air sûr de lui, donnant un coup de coude à Polly pour l'encourager à relever la tête.
Lorsque je rejoins la ligne, je me retrouve à l'extrémité, avec seulement Louis sur ma droite. Nous tournons la tête l'un vers l'autre en même temps et je profite que les mentors se rejoignent pour murmurer à Louis cette phrase complètement déconnectée de la réalité:
« J'ai envie de t'embrasser. »
Il ouvre un peu plus grand les yeux et je ne peux m'empêcher de sourire en coin face à sa réaction. Je sais ce qu'est en train de se dire Louis. Pourquoi je lui sors ça comme ça. Pourquoi maintenant alors qu'on s'apprête à vivre un moment beaucoup trop important. Il doit même se dire que je ne prends peut-être pas cette prestation au sérieux. Mais, si. Tellement au sérieux que j'ai ce creux à l'estomac et ce noeud dans ma gorge. Alors, pourquoi cette phrase? Pour cette chaleur qui vient réchauffer ma poitrine lorsque Louis se met à sourire discrètement. Pour ce sentiment de légèreté malgré le fait que l'atmosphère soit plus lourde que jamais.
Et parce que je suis sincère aussi.
Je préfèrerais être en train d'embrasser Louis qu'être ici. Je préfère ce que lui arrive à me faire ressentir. Il a ce pouvoir sur moi. Il me donne parfois l'impression d'être loin, très loin. Même si je n'oublie rien, il me donne au moins la chance d'imaginer ce que je pourrais ressentir constamment dans une autre vie. Dans une vie où la douleur, la haine et les traumatismes ne sont pas ancrés en moi au point de me rappeler chaque seconde de ma vie que des milliers de baisers ne suffiront jamais à me les faire oublier. Jamais.
Voilà pourquoi cette phrase.
Pour au moins ressentir l'illusion d'une normalité.
« Je suis pas sûr que ça soit le moment. » Répond finalement Louis, avec le même sourire discret.
« Ah bon? » Je chuchote, ironique, sans le regarder. « La base une pourrait apprécier.
-Tu veux jouer aux amants maudits?
-Mars et Saturne les amants maudits du projet NINE. Un peu long mais ça sonne bien. »
Louis pouffe discrètement à côté de moi et, du coin de l'oeil, je le vois tourner de nouveau la tête vers moi. Je l'imite alors, ancrant mon regard dans le sien. Je peux voir la façon dont les stylistes ont fait disparaître ses cernes et les moindres petites rides aux coins de ses yeux qui apparaissent seulement lorsqu'il sourit. Je le préfère avec ce que les autres désignent d'imperfections. Je n'aime pas l'idée de gommer le moindre détail de Louis.
« J'ai envie de t'embrasser aussi. » Il murmure soudainement.
Son regard ne lâche pas le mien lorsque ces quelques mots s'échappent d'entre ses lèvres et je peux sentir un doux frisson parcourir ma nuque. Un léger sourire commence à naître sur mes lèvres mais il se fane aussitôt lorsque Adelaide décide de prendre la parole. Louis et moi tournons alors la tête, nous lâchant du regard, et ça ne fait que me rappeler qu'une illusion est souvent de courte durée.
Heureusement. Parce qu'une illusion devient dangereuse lorsqu'elle dure trop longtemps. Lorsqu'on commence à y croire au point de la confondre avec la réalité. Au point d'espérer la voir devenir réalité.
« Aujourd'hui est un grand jour pour le projet NINE. Il faut que vous preniez conscience de l'importance de ce moment. C'est aujourd'hui que nous allons redonner espoir à une humanité se pensant pourtant condamnée. Et donner de l'espoir est sûrement la partie la plus simple. La partie la plus compliquée est de faire de cet espoir une réalité. Et c'est ce que nous comptons faire aujourd'hui. Vos prestations ne sont pas là pour les faire rêver mais bien pour leur prouver que vous allez y arriver. Pas que vous pouvez mais que vous allez y arriver. Je vous rappelle qu'il n'y a pas que la base une qui vous verra mais bien toutes les bases. Jusqu'à la base dix. »
Mon estomac se retourne à l'entente de ces derniers mots et je déglutis difficilement en pensant immédiatement à Gwendoline, Ismael, Esha ainsi que tous les enfants. Il n'y a pas un jour où je ne pense pas à eux. Pas un jour où je ne ressens pas ce manque me lacérer les entrailles et me crever le coeur. Mais l'idée qu'ils puissent me voir derrière un écran aujourd'hui, sans que je ne puisse le faire en retour, alourdi ce poids dans ma poitrine et me donne envie de leur hurler tout ce qu'il se passe ici. Envie de leur hurler que je ne les ai pas abandonné. Qu'on m'a endormi, qu'on ne m'a pas laissé le choix.
Qu'on ne m'a même pas laissé leur dire au revoir.
La colère réapparait dans mes veines comme une brûlure à laquelle on a fini par s'habituer mais qui, pourtant, continue de laisser des traces qui nous feront souffrir sans qu'on ne puisse les soigner.
Et je n'ai même pas le droit de hurler. Comme si un scotch invisible m'en empêchait. Ou comme si on m'avait enfoncé un bout de tissus dans la bouche pour que mes hurlements fassent autant de bruits qu'un chuchotement.
« Nous allons traverser des couloirs souterrains qui vont nous mener jusqu'à une plateforme où nous attend le commandant. Vous devrez alors vous mettre en place en arc de cercle derrière lui. Et sur les côtés se trouveront vos mentors ainsi que moi. La plateforme, qui est en fait un ascenseur va ensuite se mettre à monter et le plafond s'ouvrira pour nous faire arriver jusqu'à une scène montée par la base une, au centre de cette dernière. Le commandant parlera en premier afin de présenter le projet NINE aux habitants et vous passerez faire votre prestation à votre tour une fois qu'il vous appellera. Là, vous ferez exactement ce que vous avez préparé durant toute la semaine. »
Un lourd silence suit le discours d'Adelaide. Cette dernière nous regarde chacun notre tour, terminant par ancrer son regard dans le mien. Et je ne sais pas ce que je dois lire dans son regard. Un avertissement, peut-être? Je sais qu'elle ne me fait pas confiance. Et elle a raison. Surtout lorsque je ressens déjà cette colère au fond de moi. Je l'ai ressenti à l'instant où j'ai vu la base une et ses habitants à travers la fenêtre de l'appartement du commandant. Je ne sais pas comment je vais réagir en me retrouvant au milieu de tous ces gens qui font comme s'ils ne pouvaient réellement rien faire pour les bases les plus éloignées. Est-ce qu'ils sont endoctrinés au point de réellement y croire ou est-ce que c'est plus réconfortant de faire comme s'ils y croyaient, gardant ainsi toutes leurs ressources et leur confort pour eux-même? Ce que je leur reproche, c'est de ne même pas essayer de les aider. Et maintenant qu'on va leur annoncer ce projet, ils seront bien contents de n'avoir jamais eu à partager leurs ressources. Ils feront peut-être même les hypocrites à être heureux pour le monde entier alors que, en réalité, ils seront encore et toujours heureux pour eux-mêmes et personne d'autre.
Mais des gens et des enfants sont morts et continuent de mourir tous les jours. Partir sur cette planète ne les feront jamais revenir.
Je serre légèrement les poings, en même temps qu'Adelaide nous demande de suivre les gardes qui vont nous escorter le long des couloirs. Je croise une dernière fois le regard d'Adelaide et serre les dents avant de me mettre à suivre les autres. On se retrouve tous les neuf encerclés par des gardes ainsi que par nos mentors qui nous suivent de près. Adelaide est tout devant, ouvrant la marche et déverrouillant les nombreuses portes avec son empreinte.
Alors qu'on traverse les couloirs, je ne peux m'empêcher de réaliser qu'ils ont réussi. Qu'ils ont réussi à m'emmener jusqu'ici. D'abord, ils m'ont endormi de force. Ensuite, ils m'ont appris à contrôler ma faculté même si je ne la comprends pas plus puisqu'eux-même n'ont pas d'explications logiques à nous donner sur la raison de leurs existences. Ils ont réussi à me faire tenir jusqu'ici malgré la colère que je ressens. Ils ont réussi à me faire comprendre que je n'avais pas d'autres choix si je voulais sauver les personnes que j'aime et qui sont encore coincées dans la base dix. Ils m'ont coincé et, au final, ont eu de moi ce qu'ils attendaient. Un soldat de plus pour leur projet.
Je sors de mes pensées en sentant des doigts venir effleurer mes poings fermés. Je réalise seulement maintenant à quel point mes doigts sont serrés, au point de faire ressortir quelques veines au niveau de mes poignets. Puis je glisse mon regard jusqu'aux doigts de Louis en train d'effleurer ma peau pour avoir mon attention. La douceur de son touché contraste complètement avec ce que je ressens à cet instant.
« Stressé? » Je l'entends me murmurer lorsque je relève la tête vers lui.
Je me pince les lèvres. Stressé n'est pas le mot que j'aurais choisi. Enervé. Enragé. Coincé. Triste. Auraient déjà été des mots plus appropriés. Je déglutis alors que Louis continue de me questionner du regard.
« Ouais, stressé. » Je finis par mentir.
« Ça va aller. Je crois en toi et en ta faculté. » Il murmure toujours, un léger sourire se traçant sur ses lèvres.
Un sentiment de culpabilité m'envahit et je n'arrive pas à lui rendre son sourire. Je ne peux pas. Il y a ces moments où je me sens si proche de Louis et d'autres moments comme celui-ci qui me rappellent à quel point on est à des années lumières l'un de l'autre.
Il ne connaît même pas le garçon qu'il embrasse.
Ses doigts continuent d'effleurer les miens mais il laisse rapidement tomber sa main le long de son corps lorsqu'il se remet à regarder en face de lui. Je fronce légèrement les sourcils et suis son regard pour finalement croiser celui d'Eden qui semblait déjà nous regarder. Son regard passe de nos mains maintenant séparées à nos visages avant de tourner rapidement la tête, les lèvres pincées.
« Je crois qu'elle nous a vu. » Chuchote Louis sans me regarder.
« J'en ai rien à foutre.» Je réponds, d'un air détaché.
Louis se pince les lèvres et regarde rapidement les mentors à plusieurs mètres derrière nous avant de me regarder à nouveau. Je le vois ouvrir la bouche pour la refermer la seconde d'après et je fronce les sourcils jusqu'à ce qu'il finisse par m'avouer plus bas:
« Paul m'a dit que les mentors savent qu'on... enfin qu'on s'est embrassé.
-Je sais. Fallait s'en douter avec les caméras. »
Louis hoche simplement la tête et, tout en continuant de le regarder, je demande en réalisant soudainement:
« Est-ce qu'il t'a dit autre chose? »
Parce que, ça, par contre, ça m'intéresse. Je sais que le commandant peut se servir de Louis contre moi. Il me l'a déjà fait comprendre lors du repas qu'on a eu avec lui. Il sait à quel point nous n'avons pas la même vision des choses, lui et moi. Mais si le mentor de Louis lui a parlé de ce baiser, peut-être qu'il a pu lui dire des choses qui me concernent. Ou du moins qui nous concernent. Je pourrais au moins savoir si les mentors veulent profiter de cette faiblesse également.
« Non. » Finit par souffler Louis sans me regarder.
Je ne le lâche pas du regard pour autant et il finit par tourner la tête vers moi pour reprendre:
« Il a juste voulu être protecteur envers moi et s'assurer que je n'allais pas pour autant me déconcentrer. »
Je souris nerveusement. Ouais, c'est surtout cette partie là qui doit l'intéresser. Vais-je déconcentrer son petit protégé qu'il a si bien programmé durant dix-ans? Il ne faudrait pas que je sois une faille le système.
Au lieu de rendre l'ambiance plus lourde qu'elle ne l'est déjà, je décide de reprendre avec ironie:
« Il a peur que mes baisers soient si incroyables que tu en oublies de sauver l'humanité? »
Louis sourit légèrement à l'entente de ma phrase mais pas assez pour que l'ambiance se fasse plus légère pour autant. Surtout lorsqu'il me répond:
« Non. Il sait que je ne l'oublierais pas. »
Louis regarde ma réaction et je me force alors à sourire en coin. Mais mon sourire est plus amer. Parce que je sais qu'il ne l'oubliera jamais. Et c'est exactement pour ça que je me tais sur mon passé. Parce que Louis me fait ressentir des choses que je n'ai jamais ressenti avant et que je sais que tout ça se fanerait si je l'entendais continuer de défendre la base une après avoir pourtant entendu mon histoire. Parce que c'est ce qu'il ferait. Il leur trouverait des excuses. Des excuses qu'on lui a fait croire toute sa vie.
Et peut-être qu'on en revient à cette fameuse illusion.
Une illusion à laquelle je m'accroche un peu trop.
Une illusion où Louis et moi sommes les fameux amants maudits dont il parlait alors que, en réalité, ce n'est pas moi qu'il choisirait.
Je tente de balayer ces pensées, même si je sais au fond de moi qu'elles restent dans un coin de ma tête, attendant le meilleur moment pour me rappeler à quel point ça me préoccupe plus que je ne l'aimerais.
Je ne réponds plus rien à Louis et nous restons silencieux jusqu'à ce que Adelaide déverrouille une dernière porte, nous faisant entrer dans une immense salle où le commandant nous attend. Ce dernier sourit en nous voyant arriver. Un sourire que j'ai détesté à la seconde où je l'ai vu pour la première fois. Je n'ai pas confiance en cet homme et ça me tue de l'intérieur de savoir que, à cet instant, il me contrôle comme une de ces neuf marionnettes. Je le vois dans son regard. Cette fierté. Cet air imperturbable. Il se sent puissant. Parce qu'il l'est. Peut-être même beaucoup plus que je ne le pensais.
« Bonjour, les neuf. Adelaide vous a déjà expliqué comment ça allait se passer alors je vous demanderais de vous mettre en place afin qu'on ne perde pas plus de temps. J'attends de vous que vous soyez irréprochables durant cette prestation. Ce que vous vous apprêtez à faire, ça s'appelle marquer l'histoire. Ne me décevez pas. Ne décevez pas l'humanité.»
Le commandant nous regarde nous mettre en en arc de cercle derrière lui et je me demande ce que je suis en train de faire. Il y a ce poids dans ma poitrine, ce noeud à l'estomac qui me rappellent que je ne suis pas à ma place, contrairement à ce qu'ils veulent me faire croire. Je ne veux pas sauver l'humanité. Je veux sauver Gwen. Je veux sauver Ismael. Je veux sauver Esha et tous les enfants de l'orphelinats. Je veux sauver ce qui souffrent mais, surtout, je veux les venger.
Et je réalise seulement maintenant que c'est ce mot que je cherchais tout ce temps. La vengeance. Je voudrais que tous ceux qui vivent sans se préoccuper de nous ressentent la douleur que j'ai ressenti à chaque trou creusé, à chaque cadavre soulevé, à chaque larme qui a coulée. C'est peut-être cruel de ma part mais la cruauté a toujours été au centre de ma vie. Une part de moi a conscience que c'est mal mais l'autre part a beaucoup trop mal pour devenir quelqu'un de bon et de lisse.
J'imagine qu'on ne peut pas toujours attendre d'une victime qu'elle devienne irréprochable.
Je ne dis pas aimer cette part de noirceur au fond de moi. Je pense même la subir. Mais c'est plus fort que moi. Ces mauvaises pensées, cette haine, ce sang pourri qui coule dans mes veines. Ça fait beaucoup trop mal et je ne sais pas comment faire pour ne plus ressentir ça. Tout ce que je sais, c'est que je ne suis pas le héros qu'ils attendent. Que j'arrive au bout de ce projet ou non, que je finisse par aider à sauver l'humanité ou pas, même si j'arrive à mettre ceux que j'aime à l'abris, je suis destiné à pourrir.
J'ai vu beaucoup trop d'horreurs pour croire en l'espoir qu'on me demande pourtant de donner aujourd'hui.
Est-ce que la sous-base réalise seulement qu'il y a plein d'autres pommes pourries dans le panier? Qu'il y en a plein qui, tout comme moi, seront enterrés avec leurs traumatisme que ça soit sur une nouvelle planète ou pas?
« Montée de la plateforme dans dix secondes. » J'entends Adelaide annoncer.
Je prends une grande inspiration et tente de sortir de mes pensées mais je n'y arrive pas. C'est trop tard. La colère retourne mon estomac et je n'arrive plus à penser à autre chose qu'à toutes ces failles dans leur projet. Je repense à Esha qui m'a dit de ne pas leur faire confiance et que je continue d'écouter. Je repense à Mary. A cette phrase qu'elle m'a lâché avec un regard rempli de sous-entendu. Gloire aux survivants, Harry. Cette phrase que je connais déjà par coeur mais à qui il manquait pourtant une partie.
« Gloire à la base une. » Résonne justement la voix du commandant alors que la plateforme se met à se lever, nous faisant monter.
« Gloire aux survivants. »
Au même moment, tous les mentors ainsi que le commandant sortent un masque transparent de leurs costumes. Les mêmes masques que portaient les habitants de la base une lorsque je les ai vu derrière la fenêtre. Des masques dont on a apparement pas besoin, nous. Mais des masques dont toutes les autres bases auraient besoin. Des masques qui auraient pu être distribués à la base dix.
Je secoue la tête puis la lève en sentant soudainement de l'air au dessus de ma tête. C'est alors que je vois le plafond, vers lequel nous sommes en train de monter, s'ouvrir pour laisser apparaitre un ciel bleu. Mes yeux s'ouvrent un peu plus alors que je réalise seulement maintenant que je vais être dehors pour la première fois depuis qu'on est arrivés ici. Mais dehors pour être de nouveau enfermé dans la base une.
Je lance un regard en direction de Louis dont les yeux se mettent à briller d'admiration. Je me souviens alors que, lui, n'est jamais sorti de la maison de son mentor. Tous comme les autres. Et tout comme ça aurait été mon cas aussi s'ils m'avaient trouvé en même temps qu'eux.
Le calme des souterrains disparait soudainement lorsque la plateforme se retrouve totalement à la surface. Je plisse instinctivement les yeux, complètement éblouie par les rayons du soleil dont je n'étais plus habitué. A part à travers le toit en verre du petit hall, on ne les voit jamais dans la sous-base. Il n'y a que des lumières artificielles.
Une fois habitué à cette nouvelle source de lumière, je réalise soudainement le monde qui se trouve autour de la scène où nous sommes maintenant placés. Des milliers de personnes applaudissent l'arrivée du commandant sans même savoir ce qu'il vient annoncer. Devant la scène se trouve une allée délimité par des barrières et des réverbères où sont accrochés plusieurs drapeaux avec écrit dessus PROJET NINE. Il y a également au milieu de cette allée une fontaine vide et, plus loin, trois tas de pétales de roses blanches, comme prévu pour ma prestation. Sur les bâtiments qui nous entourent sont projetés des écrans géants où, pour le moment, on ne voit que nous. Les caméras se trouvent dans des drones qui nous survolent et, lorsque je vois mon visage apparaître dans l'écran, je réalise soudainement que c'est ce que doit voir Gwendoline aussi.
Elle doit me voir là, à la base une, dans cette tenue, me tenant derrière le commandant et devant tous ces gens qu'on insultait ensemble à l'orphelinat. Qu'on insultait à chaque nouvelle mort. Qu'on insultait après son opération de l'oeil. Qu'on insultait après chaque cauchemars d'Ismael qui finissait par nous rejoindre pour terminer sa nuit.
Et je déteste ce qu'elle voit à l'écran à cet instant.
Tout comme je déteste me voir sans elle à mes côtés.
Je ravale difficilement ma salive alors que le commandant commence à parler à travers un micro. Sa voix résonne dans toute la base, faisant taire toutes les personnes qui nous entourent en seulement quelques secondes. Il a suffit d'un seul mot du commandant pour qu'ils se taisent. L'entente de sa voix suffit à les concentrer sur la seule et même chose et c'est effrayant à voir. En même temps qu'il parle, des images de la nouvelle planète découverte défilent sur les écrans.
« Aujourd'hui est un grand jour pour nous. Pour la base une mais pas seulement. Pour toutes les bases qui me voient et m'entendent à cet instant. Moi, votre commandant de la base une, vous annonce avoir trouvé une solution pour sauver toute l'humanité. Je vous annonce qu'une nouvelle planète nous attend. Une planète où il n'y aura plus de peine, plus de perte, plus de douleur. Où nos femmes ne mourront plus en donnant naissance et où nos enfants pourront grandir en bonne santé. Une planète où la fertilité ne sera plus rare et où l'oxygène ne sera plus toxique. Une planète où vous n'aurez plus d'heure de sortie et de confinement. Une planète où la vie et non plus la mort nous attend. Nous attend tous. Parce que, là-bas, il n'y aura plus de bases. Il n'y aura que des survivants. Un nouveau peuple unis et avec les mêmes chances de survies. Les cartes seront redistribuées. Les ressources seront les mêmes pour chacun. Bien-sûr, un tel exploit ne se réalise pas tout seul. Il faut aller le chercher. Il faut aller explorer et rendre cette planète vivable. Ce qu'un homme ordinaire ne peut pas faire. Mais la vie nous a fait un signe. Après cette grande explosion qui nous a tous détruit, la vie semble pourtant nous avoir donné une seconde chance. Parce que derrière moi se trouvent neuf enfants étant nés avec des facultés inexpliquées suite à la grande explosion. Des enfants, que dis-je, des miracles que la base une a su protéger. Et, aujourd'hui, ces enfants ont grandit et son devenus des adultes qui veulent nous protéger en retour. Sans plus attendre, laissez-moi vous présenter nos sauveurs! »
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(Dark Horse_Katy Perry)
« Mercure! Un garçon ayant la faculté de contrôler sa vitesse mais également le principal pilote du projet NINE! Sa vitesse et ses réflexes lui permettent de maitriser une fusée comme personne ne peut le faire. »
Zayn s'approche alors de la scène pour en descendre, se retrouvant en moins d'une seconde au bout de l'allée en face de nous, à plusieurs mètres de distance. Des cris de surprise se font entendre autour de nous et, rapidement, un écran apparait devant Zayn. Le simulateur d'un écran de contrôle. Plusieurs boutons s'illuminent, simulant plusieurs problèmes en même temps et Zayn se met à bouger ses bras si rapidement qu'on a parfois à peine le temps de voir un bouton s'allumer. C'est rediffusé en géant sur tous les écrans autour de nous. Lorsque l'écran disparait, Zayn réapparait à nos côtés sans qu'on ait eu le temps de le voir faire le premier pas. Il reprend sa place dans l'arc de cercle, sous les applaudissements et les regards ahuris des gens autour de nous.
Le commandant sourit fièrement avant d'annoncer:
« Je vous invite maintenant à retirer vos masques. »
Tous les regards posés sur nous se remplissent de surprise et le commandant lâche un rire chaleureux, un rire qui sonne faux à mes yeux, avant de répéter:
« Faites-moi confiance. »
Sans hésiter une seconde de plus, tout le monde retire son masque. Et, encore une fois, c'est effrayant de réaliser la confiance aveugle qu'ils ont en leur commandant. Ce qui confirme malheureusement mes doutes. Il est beaucoup plus puissant que ce que j'imaginais.
« Je vous présente Jupiter! Et je sais déjà qu'elle va vous plaire. Parce que Jupiter contrôle le gaz. Et comme vous le savez, l'oxygène est un gaz. Alors... respirez! »
Je tourne la tête vers Chiara qui avance pour sortir de l'arc de cercle. Son regard croise celui de son mentor avant qu'elle ne tourne la tête vers Adelaide qui hoche légèrement la tête. Je fronce légèrement les sourcils à ce geste avant de voir Chiara prendre une grande inspiration et fermer les yeux pour se concentrer. Si l'air toxique ne semble pas attaquer notre système immunitaire, je sens tout de même la différence. Je prends instinctivement une grande inspiration et ça n'a rien à voir avec ce que je respirais dans la base dix. L'air y était presque irrespirable. Sans parler des odeurs. On se protégeait le nez avec de vieux draps, des vêtements sales ou simplement avec notre bras. On évitait de sortir au maximum, à part lorsque la famine nous poussait à aller creuser le moindre centimètre de terre.
Mon coeur se serre et le cri de joie que j'entends soudainement résonner a alors un goût amer. Dans le public, une femme vient de se mettre à hurler de joie, les larmes dévalant ses joues alors qu'elle serre son enfant contre elle. L'euphorie est rapidement partagée et tout le monde se met à hurler de joie, à pleurer et à applaudir et remercier Chiara. Cette dernière réouvre les yeux, ne semblant pas comment réagir face à tout cet engouement. On dirait qu'elle est tiraillée mais, pourtant, elle finit par sourire légèrement en voyant toute l'émotion autour d'elle.
Mais, moi, je n'arrive toujours pas à sourire. Je regarde les écrans et j'imagine Gwendoline derrière, en train de continuer à s'étouffer dans la base dix pendant qu'ici on hurle et on pleure de joie. Même si elle devrait en profiter aussi sur cette nouvelle planète, pour l'instant, elle étouffe toujours et ça suffit à creuser un peu plus ce trou dans ma poitrine.
« Pluton! Peut créer des montagnes et des cratères. Mais est surtout dotée d'une très grande intelligence. Un élément indispensable à notre équipe. »
Polly s'avance et fixe rapidement un coin du public avant de prendre une légère inspiration. Elle soupire plusieurs fois puis, tout en tendant un peu ses mains en avant, l'endroit qu'elle fixait se met à trembler. Les personnes s'y trouvant semblent légèrement effrayés mais sont rapidement rassurés par le commandant qui les invite à ne pas bouger. Ce qu'ils font. La seconde d'après, ils s'élèvent peu à peu vers le ciel, poussés par la terre qui se transforme en montagne sous leurs pieds. Ils ouvrent grand les yeux, surpris, se prenant même dans les bras avant d'applaudir Polly qui rit légèrement en voyant leur réaction.
« Neptune! Comme vous le savez, l'eau est la vie. Sans elle, nous mourrons. Et ces derniers temps, l'eau potable se fait de plus en plus rare. Oui, vous voyez très bien où je veux en venir. Et vous pouvez continuer de sourire parce que Neptune contrôle l'eau et, surtout, peut nous créer de l'eau potable à volonté. Ce qui sera indispensable sur cette nouvelle planète! »
Liam sourit et avance fièrement jusqu'au devant de la scène. Il relève la tête et regarde la fontaine vide au milieu de l'allée. Il sourit un peu plus et, la seconde d'après, la fontaine se met à se remplir d'eau sous les regards brillants des gens autour. Comme ils ne peuvent pas y accéder à cause des barrières, Liam se met soudainement à créer des jets d'eau en leur direction et certains ouvrent même la bouche afin d'avaler le plus d'eau possible. Ils crient de joie et, encore une fois, je pense à Gwendoline. Je pense au peu d'eau que nous avions et que nous devions toujours filtrer. On buvait de l'eau chaude lorsqu'elle ne venait pas de la pluie. Et, lors des sécheresses, nous devions filtrer notre urine afin de la boire et de nous hydrater pour ne pas mourir.
Je détourne le regard, écœuré, alors que la colère continue de pulser dans mes veines.
« Uranus! Contrôle la glace, le froid. Peut refroidir n'importe quelle pièce, élément et corps lors des grosses chaleurs qui ont malheureusement été mortelles pour beaucoup d'entre nous. »
Pour nous. Pas pour vous. Pour nous.
Eden sourit en frappant dans le poing que Liam lui tend et, en seulement quelques secondes, transforme les jets d'eau de Liam en glace. Elle cristallise également quelques gouttes d'eau dans les mains de certaines personnes, donnant l'impression qu'ils ont maintenant un diamant entre leurs doigts. De nouveau cris de joies se font entendre et Eden lance un regard fier à son mentor qui le lui rend.
« Lune! Peut contrôler sa gravité! »
Aussitôt, Luna se met à voler au dessus de la scène, allant à la rencontre des habitants de la base une qui n'en croient pas leurs yeux. Certains lèvent leurs bras et Luna sourit en venant effleurer leurs doigts. Elle fait tout le tour, allant à la rencontre de tous ceux qui le demandent. Lorsqu'elle revient sur scène, elle atterrit auprès de Niall qui lui murmure quelque chose, la faisant sourire.
« Venus! Peut contrôle le feu et la chaleur! »
Luna donne un coup de coude à Niall qui sourit en s'approchant à son tour. Il regarde l'allée où les habitants ne peuvent pas aller et se met à créer un feu, faisant sursauter ceux qui sont au plus près des barrières. Niall sourit un peu plus, faisant s'élever un peu plus haut quelques flammes. La glace dans la fontaine se met alors à fondre mais les gens sont trop impressionnés pour réaliser que nos facultés peuvent se compléter comme se détruire.
« Mars! Peut créer de fortes rafales de vent et des tornades! » J'entends soudainement.
Je relève les yeux vers le commandant qui sourit en se tournant vers moi puis, instinctivement, je tourne la tête vers Louis qui m'offre un sourire encourageant en attendant d'être le prochain à passer. Je déglutis et m'avance à mon tour à l'avant de la scène, regardant tous ces gens en face de moi. Ils sourient, ils sont heureux. Ils sont impressionnés, ils se voient déjà sauvés en ayant jamais vraiment eu le temps de se voir mort. Ils sont né au bon endroit en s'en foutant complètement de ceux qui n'ont pas eu cette chance. Je regarde ces enfants qui me regardent en retour avec des étoiles dans les yeux alors que tous ceux que j'ai connu ont finit avec de la terre à la place de ces fameuses étoiles.
Je tourne la tête vers les mentors. Silas me regarde, les bras croisés sur son torse, aucune émotion ne le trahissant. A côté de lui se trouve Adelaide qui semble respirer un peu plus rapidement que d'habitude. Elle ne le montre pas, mais elle a peur. Je le sais. Je le sens. On sait peut-être cacher nos émotions tous les deux mais ça ne les empêche pas de nous consumer.
Je fais de nouveau face au public et me pince les lèvres en me concentrant sur les trois tas de pétales. Je fais comme Silas me l'a appris cette semaine. Je me concentre sur ma respiration qui doit être lente et calme. Je pense à un beau souvenir. A un souvenir qui me fait me sentir vivant. Je ferme les yeux et m'imagine sous le petit toit en verre en pleine nuit avec les reflets de la lune. Je me souviens voir ses reflets sur la peau d'un garçon aux yeux beaucoup plus lumineux que la nuit. Je repense à la façon dont mon estomac s'est retourné lorsqu'il m'a regardé. Je repense à cette phrase. On a jamais vu Mars embrasser Saturne. La seconde d'après, le souvenir de notre premier baiser fait s'emballer mon coeur et je sens mon ventre se retourner dans tous les sens. Je repense à nos regards qui ne cessaient de se chercher le lendemain et le vent qui souffle en moi crée un violent frisson le long de mon dos, remontant jusqu'à ma nuque avant d'exploser partout en moi.
J'entends des cris de surprise et des applaudissements autour de moi et je n'ai pas besoin de réouvrir les yeux pour savoir que les trois tas de pétales forment maintenant des tourbillons blancs au dessus de la base une. C'est comme si je les visualisais sans même avoir à les regarder. Je sais exactement où ils sont, même les yeux fermés. Et je sais que je les fais éclater dans le public, les arrosants de pétales blancs, lorsque ça explose également en moi et que des cris de joies retentissent.
J'ouvre alors les yeux et c'est là que mon coeur rate un battement.
Lorsque je me vois dans le grand écran. Lorsque je vois mon visage et la façon dont le vent a légèrement décoiffé mes cheveux. C'est tout con. Un simple détail qui me renvoie pourtant un violent souvenir. Je pense soudainement à la main de Gwendoline passant dans mes cheveux, comme elle avait l'habitude de le faire lorsque j'avais du mal à m'endormir. Je pense à ses mains attrapant mon visage alors que je suis en pleine crise d'angoisse, de panique, après avoir passé des heures à creuser et enterrer.
Le vent se remet soudainement à souffler en moi, retournant mon estomac d'une façon beaucoup plus désagréable. Je regarde mon reflet dans l'écran et j'espère que Gwendoline peut lire dans mes yeux à quel point je ne voulais pas être là. À quel point je ne voulais pas les abandonner. À quel point je déteste toujours autant ces gens. Je veux soudainement qu'elle voit que ma haine est toujours là. Que je ne pardonnerais jamais. Je veux qu'elle voit que je ne l'abandonnerais jamais même si je ne peux pas le hurler.
Et je veux que Esha sache que je n'ai pas oublié les derniers mots qu'elle m'a confié.
Alors, soudainement, je regarde un des drapeaux avec écrit PROJET NINE. Je me mets à en fixer un et un seul. Puis je regarde le feu que Niall a crée plus tôt. À ce moment-là, je ne contrôle plus rien. Comme si les flammes dansaient dans mes propres yeux. Ce vent que je ressens en moi n'a rien à voir avec le précédent. Il a fait s'envoler les beaux souvenirs pour me rappeler à quel point je n'ai pas le droit de me concentrer sur autres choses que sur les vrais souvenirs. Ceux qui sont beaucoup plus nombreux que les bons. Que je n'ai pas le droit d'être égoïste et d'oublier les plus douloureux. Parce que ça serait les oublier eux. Ceux avec qui j'ai tout vécu.
Je fixe de nouveau le drapeau qui se met à bouger dans tous les sens, de plus en plus violemment. J'entends le silence déconcertant autour de moi mais je n'y fais plus attention. Le vent finit par arracher le drapeau que je fais se diriger dangereusement vers les flammes que Niall a crée. Je veux symboliquement mettre ce projet au feu. Montrer à quel point la haine brûle en moi. À quel point il suffit d'une seule braise pour l'enflammer.
Sauf que, soudainement, une sorte de force invisible m'empêche d'emmener mon drapeau plus loin. Je fronce légèrement les sourcils et tente de faire souffler le vent plus fort sur ce drapeau seulement mais il reste immobile dans les airs, m'empêchant d'aller plus loin. Je ne comprends pas ce qu'il se passe jusqu'à ce qu'une personne arrive soudainement à mes côtés et que j'entende la voix du commandant résonner joyeusement:
« Saturne! »
Mon souffle se coupe et je sors de ma transe en tournant la tête vers la personne se trouvant à mes côtés. Louis. Ce dernier me regarde, complètement perdu et choqué, avant de me murmurer d'une voix inquiète:
« Qu'est-ce que tu fais? »
Je reprends ma respiration en le regardant, à la fois surpris et frustré par tout ce que je viens de ressentir et par ce qu'il vient de m'empêcher de prouver à Esha. Louis déglutit face à mon silence et finit par me lâcher du regard pour arracher tous les autres drapeaux et les amener jusqu'à lui afin de les faire tournoyer au dessus de sa tête. Et le drapeau qu'il m'a empêché de mettre au feu avec. Je regarde Louis qui sourit au public comme si de rien était. Ils se mettent tous à l'applaudir et je me pince les lèvres avant de reculer pour retourner à ma place.
Je sens les regards des autres sur moi ainsi que ceux des mentors mais je les ignore. Parce que j'ai beaucoup trop mal. Cette haine fait beaucoup trop mal. Cette tristesse fait beaucoup trop mal. Ces souvenirs font beaucoup trop mal. À cet instant, mon visage est fermé et pourtant j'ai envie d'éclater en sanglots comme je ne l'ai jamais fais auparavant. J'ai envie de hurler. Encore plus lorsque je vois Louis faire fièrement tourner ces drapeaux au dessus de sa tête, sous le sourire dangereux du commandant qui finit par me lancer un regard.
Et si ses yeux pouvaient parler, je sais ce qu'il serait en train de me dire à cet instant:
Tu es seul, Harry.
Parce que tout le monde ici continuera de choisir le projet.
Le commandant a raison de penser que Louis est ma faiblesse. Puisqu'il est sa force à lui.
Et ça me crève le coeur de le réaliser une nouvelle fois. Je prends une grande inspiration, tentant de ne pas craquer là maintenant. J'aurais jamais dû tuer la gardienne. J'aurais jamais dû me montrer. J'aurais dû garder cette faculté secrète comme me l'avais dis Gwendoline.
« J'aurais dû t'écouter... » Je murmure en baissant la tête, retenant les larmes de rage qui menacent de couler.
J'ai terriblement besoin d'elle et j'aurais aimé que ça soit moi qu'on filme à cet instant. Juste pour que Gwendoline voit à quel point elle me manque. Mais lorsque je relève la tête, je vois seulement le visage lumineux de Louis à travers tous les écrans même si je suis sûrement le seul à remarquer la façon dont son sourire n'est pas totalement sincère. Il est perturbé par mes actes et je le sais. Tout comme je culpabilise déjà du mensonge que je devrais lui sortir pour me justifier. Mon coeur se serre un peu plus et, lorsque Louis finit par lancer les drapeaux dans le public, tout le monde tente de les attraper, définitivement convaincu par tout ce qu'ils viennent de voir.
Le commandant vient serrer l'épaule de Louis et je ne peux m'empêcher de déglutir difficilement à cette vision.
« Le projet NINE va nous sauver! » S'exclame le commandant dans le micro.
Des hurlements de joie retentissent dans le public, se mêlant à des applaudissements qui font sourire les mentors derrière nous. Je regarde les autres qui sourient aussi sauf Chiara qui me questionne silencieusement du regard. Je me pince les lèvres et l'ignore, remarquant au passage la façon dont Liam fixe la main du commandant posée sur l'épaule de Louis.
« GLOIRE AUX SURVIVANTS! » On entend soudainement hurler dans le public.
Je fronce les sourcils à l'entente de cette phrase qui fait automatiquement écho à ce que Mary m'a murmuré plus tôt. Je cherche rapidement du regard l'homme qui vient de hurler cette phrase et je le trouve lorsque, au milieu de la foule, des gens se mettent à crier et à courir.
Mon coeur rate alors un battement en trouvant l'homme en question.
Il est armé.
Je le vois pointer l'arme vers le commandant et ,par conséquent, vers Louis aussi.
La seconde d'après, mon coeur se remet à battre mais beaucoup trop rapidement. Mon cerveau se déconnecte et je cours vers Louis qui est figé à cause du choc. J'attrape violemment son bras et il se retourne vers moi, les yeux remplis de peur et d'incompréhension.
« Baisse-toi! » Je lui hurle en plaçant mes bras autour de son corps.
On se baisse alors en même temps qu'un coup résonne autour de nous. Je sens Louis trembler légèrement contre moi, les mains posées instinctivement sur sa tête. Je regarde par dessus mon épaule et voit les gardes protéger le commandant qui n'a pas reçu la balle tandis que d'autres gardes foncent dans le public pour arrêter l'homme. Je me redresse légèrement, gardant toujours Louis contre moi mais tentant également de voir ce qu'il se passe. Je croise alors de nouveau le regard de l'homme qui ne bouge plus, laissant les gardes armés foncer sur lui. Je ne comprends pas pourquoi il ne bouge pas. Il n'utilise même plus son arme.
Je fronce les sourcils et n'ai pas le temps de comprendre que la plateforme se met soudainement à trembler sous nos pieds, signe qu'on redescend. Les mentors et Adelaide s'approchent de nous et tentent de ne pas paraître paniqués lorsqu'ils nous demandent de nous regrouper et de rester baissés jusqu'à ce qu'on ne soit plus à la surface. Mon coeur bat beaucoup trop fort contre le corps de Louis qui ose à peine relever la tête.
« Putain... » Il lâche d'une voix tremblante. « C'était quoi ça?! »
Gloire aux survivants. Résonne encore une fois dans mon esprit.
Pas gloire à la base une.
Gloire aux survivants.
« Un rebelle. » Je lâche alors dans un murmure.
« Tu n'es pas seul ici, Harry. » C'est ce que m'avait dit Mary. Mais peut-être qu'elle ne parlait pas seulement de la sous-base.
Et peut-être qu'elle avait raison. Peut-être que le commandant se trompe.
Peut-être qu'il y a bien une rébellion qui se prépare quelque part.
Peut-être que la sous-base cache des choses que j'ignore encore.
Et peut-être que j'ai un camp à choisir.
...
J'espère que ce chapitre vous aura plu...?
Harry qui perd le contrôle, encore une fois, et Louis qui l'empêché de brûler le drapeau...
Un homme armé qui cri cette fameuse phrase...
Des rebelles ?
Je vous dis à la semaine prochaine pour le chapitre 18! Un chapitre avec une scène entre Harry et Louis que j'ai particulièrement hâte d'écrire et de vous partager.🥰
Encore merci infiniment de suivre cette aventure avec moi.❤️
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