Chapitre 1
Hi! J'espère que vous allez bien?
Merci infiniment pour votre soutien énorme sur le prologue de NINE. Vraiment, vous ne pigez pas savoir à quel point ça me rend heureuse et à quel point ça m'encourage de lire vos commentaires. J'espère que ce premier chapitre vous plaira et vous donnera envie de découvrir cette histoire.
C'est parti!
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CHAPITRE 1
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(Smells Like Teen Spirit_Malia J)
Harry.
Tout mon corps tremble alors que le vent se calme soudainement. Je ne comprends pas ce qu'il vient de se passer. J'ai l'impression de sentir encore le vent souffler en moi, plus fort que tout, retournant mes entrailles. Oui, c'est l'impression que j'ai eu. Ce n'est pas la première fois que je ressens ça lorsque je m'énerve. Mais c'est la première fois que ça explose. La première fois que ça a d'aussi grosses conséquences.
Je regarde Isabel, les yeux grands ouverts et agonisant contre le mur de l'orphelinat. Elle ne bouge plus, respire beaucoup trop rapidement et a du sang qui coule le long de sa tête. Et je crois que je respire aussi rapidement qu'elle. C'est pas possible. Tous les autres enfants me regardent, à la fois choqués et apeurés. Alors, mon premier réflexe est de tourner la tête vers Gwendoline qui a Ismael dans ses bras. Je voulais juste les protéger.
« Gwen... » Je murmure, complètement perdu.
Cette dernière me regarde, ses yeux bleus ne laissant paraître aucune horreur envers moi. Je dis ses yeux bleus parce que je l'ai connu avant qu'elle perde le second d'une infection. Sous son cache oeil se cache le regard le plus beau que je connaisse. Celui qui a toujours été là pour me rassurer ou me réconforter. Et, même si elle ne comprend pas non plus ce qu'il vient de se passer, elle s'approche de moi en gardant Ismael contre elle. Sauf que, au moment où elle allait me parler, on entend un cri. Un cri qui me fait réaliser que, jusqu'à maintenant, aucun de nous n'avait émit le moindre son.
Lorsqu'on tourne la tête, on voit Maria, une autre gardienne, arriver avec la petite Suzy dans les bras. Elle continue de crier, alertant la dernière gardienne, Esha, qui ouvre grand les yeux en apercevant la scène face à elle.
« Harry a juste voulu nous défendre! » Lâche soudainement Ismael en tentant de garder l'équilibre contre Gwendoline sans ses béquilles.
« Qu'est-ce que tu as fait?! » Hurle Maria en s'accroupissant à côté de Isabel.
Puis elle relève la tête, remarquant apparement quelque chose dans le ciel. Je suis son regard et mon sang se glace en voyant un drone. Gwendoline ouvre grand les yeux en le remarquant aussi et, dans ses hurlements apeurés, Maria se met soudainement à rire en me gueulant:
« Ils vont venir te tuer!
-Non! » Cri Gwendoline en retour, passant son bras libre autour de moi.
Si nous avons le même âge, du moins nous le pensons, je suis physiquement plus grand qu'elle. Alors, quand elle se positionne devant moi avec Ismael pour me protéger, je sais d'avance qu'elle ne pourrait réellement rien faire si on venait vraiment me chercher. A cette pensée, je regarde les buttes de terre tout autour de nous. Je me suis toujours dit que je mourais comme eux. Affamé, assoiffé, ou à cause d'une épidémie.
Mais jamais exécuté par des gardes de la base une.
« Retournez tous dans vos chambres! » Ordonne soudainement Esha.
Les autres enfants l'écoutent et l'un d'eux récupère Suzy des bras de Maria pour que cette dernière puisse rentrer Isabel à l'intérieur également. Elle peine à la tirer et je comprends rapidement au visage inerte d'Isabel que cette dernière est morte. Morte. Je l'ai tuée. Et si cette idée m'effraie, le fait que je ne ressente aucune tristesse envers elle m'effraie encore plus.
Une fois tout le monde à l'intérieur, Esha s'approche de Gwendoline, Ismael et moi.
« Elle le méritait! » Hurle soudainement Gwendoline.
Je ne suis pas choqué par ses paroles. On devrait l'être, mais on ne peut pas. Pas dans nos conditions de vie. Pas après tout ce qu'on subit. Et Esha le comprend aussi. De nos trois gardiennes, Esha est la seule à ne pas avoir sombré dans la folie. La seule qui ferait tout pour les enfants. Qui essaie de nous protéger un minimum des autres gardiennes et de cette vie.
Mais comment nous protéger complètement d'une vie dont elle est elle-même victime?
Ça fait bien longtemps qu'ici, à la base dix, c'est chacun pour sa peau. L'espérance de vie est si faible qu'il y a plus d'enfants que d'adultes et aucune personne âgée. Nous sommes la base la plus proche de la grande explosion qui a complètement détruite les autres bases au dessus de la nôtre, il y a dix-huit ans. Le monde entier a été frappé. Mais les bases les plus éloignées de la grande explosion s'en sont mieux sorti.
Sauf qu'elles nous ont abandonnés à notre sort.
Du moins, c'est ce que les gardiennes nous ont racontées. La plupart d'entre nous ne savons même pas l'histoire de nos parents. Soit on a été retrouvé orphelins après la grande explosion, soit on a été déposé par nos parents malades ou mourants, soit notre mère est morte à la naissance. Esha m'a raconté que, moi, j'avais été emmené deux ans après la grande explosion par mes parents qui ne pouvaient plus subvenir à mes besoins. J'aurais aimé leur dire à ce moment là que mourir à leurs côtés aurait toujours été mieux que de me retrouver ici. Je n'ai aucun souvenir d'eux. Ils doivent être morts depuis. Il y a tant de raisons de mourir ici. J'ai toujours eu l'espoir qu'ils reviennent me chercher. Je voulais au moins connaître leurs visages. Savoir à qui je ressemble. Ils ne m'ont rien laissé d'eux. Seulement mon prénom.
« Gwendoline, retourne dans ta chambre et prends Ismael avec toi. »
La voix de Esha me sort de mes pensées. Je la vois s'approcher précipitamment de nous, récupérant les béquilles de Ismael au passage pour les lui rendre. Elle lui caresse la joue par la même occasion avant de regarder Gwendoline qui refuse de me lâcher en paniquant:
« Est-ce que c'est vrai? Est-ce qu'ils vont vraiment venir le chercher?
-Gwendoline, il faut que tu rentres.
-Comme si tuer était toujours interdit ici! »
Je vois Esha fermer les yeux quelques secondes. Elle est étrangement calme et, pourtant, lorsqu'elle ouvre à nouveau les yeux, je peux voir la peur dans son regard. Je suis étrangement calme moi aussi. Peut-être parce que mourir ne me parait pas être une si mauvaise idée. Du moins, la seule chose qui me retient ici, c'est Gwendoline et Ismael qui sont devenu ma seule famille. Ceux pour qui je ferais tout.
Pour qui je tuerais.
Même si je ne pensais pas en être réellement capable jusqu'à aujourd'hui.
« Ils nous tuent, eux aussi, en nous laissant mourir. » Continue Gwendoline.
« Mais comment tu as fait? » Demande soudainement Ismael, d'une voix innocente.
Son regard noisette s'ancre au mien et je passe mon regard de lui à Gwendoline plusieurs fois. Elle se pince les lèvres et lance un regard à Esha avant de me regarder à nouveau. Nous avons appris à nous comprendre en silence. Il le faut, ici. Et je vois bien que Gwendoline m'invite à garder le silence sur ça. Même si je n'ai pas l'explication moi-même. Mais seule Gwendoline sait que j'ai cette sorte de faculté. Sauf que, dès petite, elle m'a invitée à le cacher et à ne surtout pas en parler. Elle était déjà très intelligente et me faisait comprendre que j'étais le seul à réussir à faire ça.
Et qu'être différent n'est pas toujours un avantage.
« Je ne sais pas. » Je réponds alors à Ismael.
Sauf que, lorsque je croise le regard d'Esha, j'ai l'impression qu'elle ne me croit pas. Pourtant je ne ment qu'à moitié. Je ne sais vraiment pas comment j'ai fais pour que ça soit aussi puissant cette fois. Je n'ai pas pu le contrôler.
« Gwendoline, Ismael, rentrez. Je dois raccompagner Harry jusqu'à sa chambre.
-Mais...
-C'est bon. » Je coupe doucement Gwen. « On est même pas sûr qu'il se passe quoi que ce soit. Et si ça devait arriver, jamais je ne partirais sans vous dire au revoir. »
Gwendoline me regarde, semblant hésiter, et l'idée que je puisse vraiment partir fait naître des larmes de rage et de tristesse dans son regard. Sauf qu'elle ne peut pas craquer. Pas lorsqu'on entend soudainement Ismael se mettre à sangloter.
« Je veux pas que tu meurs. » Il dit en relevant la tête vers moi.
Mon coeur se serre douloureusement et, seulement maintenant, dans le regard larmoyant de Ismael, la peur vient lacérer mes entrailles. Alors ma seule réaction est de le prendre dans mes bras et de le serrer contre moi. De toutes mes forces. Qu'on vienne me tuer ou non, je me battrais. Se battre contre la base une est un suicide assuré. Mais je ne peux pas être lâche. Je ne peux pas accepter de mourir sans au moins essayer de rester. Pour Ismael. Pour Gwendoline.
« Quoi qu'il arrive, reste avec Gwendoline. D'accord? » Je dis en prenant le visage de Ismael entre mes mains.
Il renifle difficilement et hoche la tête malgré tout. Parce qu'il me fait confiance. Parce que j'ai toujours été comme un frère pour lui, tout comme il l'est pour moi. Puis je me retourne vers Gwendoline qui fonce immédiatement dans mes bras. J'enfouis mon visage dans sa nuque et j'essaie de ne laisser aucune émotion me trahir. Ni la peine, ni la peur. Mais Gwendoline me connaît mieux que n'importe qui.
« Je peux pas vivre sans toi ici. » Elle murmure difficilement entre deux sanglots.
Je la serre un peu plus fort contre moi, fermant les yeux de toutes mes forces tant qu'elle ne peut pas le voir. J'aimerais la rassurer, lui dire qu'il ne se passera rien. Mais j'en ai aucune foutue idée. Tout ce que je sais, c'est que la base une est censée faire régner l'ordre et qu'ils doivent déjà être en train de visualiser les images à l'instant même où je serre Gwendoline contre moi.
« S'ils viennent me tuer, il le faudra. Et tu continueras de protéger Ismael.
-Non...
-Gwen, ressaisis-toi! » Je dis plus fort en me séparant d'elle pour prendre ses joues trempées au creux de mes mains.
« C'est pas juste, c'est pas juste... » Elle panique, s'étouffant avec ses propres sanglots.
« On doit se dépêcher. » J'entends Esha dire derrière moi.
« Monte à l'étage avec Ismael, je vous rejoins, ok?
-Harry...
-Ismael a besoin de toi, Gwen! » Je hausse le ton à contre coeur.
A ce moment-là, Gwendoline grimace de tristesse et de douleur à la fois. Sa main s'accroche à ma manche comme elle s'accrocherait à sa propre vie.
« Gwen, je vous rejoins. » Je murmure sans lâcher son regard.
Je déteste devoir lui faire une promesse aussi incertaine. Mais quitte à venir me tuer, j'espère bien que la base m'accordera un dernier souhait. Et mon dernier souhait sera toujours celui de dire au revoir à Gwendoline et Ismael.
Gwen finit par hocher la tête à contre coeur et, le coeur serré, je dépose un long baiser sur son front avant de la lâcher pour la laisser s'éloigner. Elle prend alors Ismael dans ses bras, qui se débat pour rester avec moi. Je déglutis difficilement, les regardant entrer dans l'orphelinat par la grande porte principale.
« Je vous rejoins. » Je murmure une dernière fois, ma vue se brouillant malgré moi.
Une fois seul, je me permets de laisser quelques larmes s'échapper. Esha le remarque et prend une grande inspiration avant de s'approcher de moi pour prendre ma main et me tirer derrière elle. Je la laisse faire, ne sachant pas quoi faire d'autre de toute façon. M'échapper avant qu'ils n'arrivent? Je n'irais pas bien loin. Ils nous retrouvent toujours. On ne peut pas quitter la base dans laquelle on se trouve.
Je regarde le ciel gris au dessus de moi jusqu'à ce qu'il laisse place à un plafond presque noir de crasse. Esha vient de me faire rentrer dans l'orphelinat mais par la porte arrière qui emmène directement aux cuisines. Ses doigts serrent tellement fort mon poignet qu'il commence à me faire mal. Je la sens tendue et aussi angoissée que moi.
« Ils seront là d'une minute à l'autre. » Elle dit soudainement en lâchant mon poignet.
Mon sang se glace malgré moi.
« Alors ils vont vraiment venir me tuer, pas vrai? » Je demande, d'une voix plus tremblante que je ne le voudrais.
Ici, refouler ce qu'on ressent est une question de survie. J'ai appris à le faire depuis longtemps. Depuis toujours. Mais, à cet instant, alors que je suis destiné à attendre que la mort vienne toquer à ma porte, je sens soudainement l'angoisse prendre possession de mon corps. Mon souffle est court, mon estomac se retourne désagréablement et l'idée de ne plus revoir Gwendoline et Ismael me donne envie de hurler de douleur.
Esha se met à faire les cent pas devant moi tout en lâchant ces mots que je ne comprends pas:
« Je ne sais pas où ils se sont trompés, mais tu n'aurais jamais dû être là, Harry. »
Je fronce les sourcils, la suivant du regard. Si Esha m'a toujours paru être la plus douce des gardiennes, j'ai maintenant l'impression de la voir devenir folle. Surtout lorsqu'on entend soudainement le bruit d'un avion au loin. Un bruit tellement fort que les volets de l'orphelinat se mettent à claquer. Je me fige, et Esha aussi. Elle tourne rapidement la tête vers moi et vient s'accrocher à mes épaules en disant rapidement:
« Je ne sais pas ce qu'ils préparent, Harry, mais ne leur fais pas confiance. Jamais. A aucun d'entre eux. Mais fais semblant, pour te protéger.
-Esha, je ne comprends pas... » Je panique en entendant l'avion se rapprocher.
« Ne leur dis jamais ce que je viens de te dire, d'accord? Fais semblant de les croire, quoi qu'ils te disent, mais ne leur fais pas confiance.
-Ne pas faire confiance à qui?! Et pourquoi?!
-Il m'avait dit de te dire ça à l'aube de tes vingt ans, si tu étais encore en vie, mais ce qu'il vient de se passer a dû accélérer les choses...
-Il? Qui ça il?! »
Je m'énerve et panique complètement, le bruit de l'avion faisant de plus en plus claquer les volets et trembler les murs. A l'entente de ma question, Esha ancre enfin son regard dans le mien et déglutit difficilement avant de me répondre cette phrase qui a l'effet d'une bombe:
« Ce ne sont pas tes parents qui t'ont emmené ici, Harry. »
Plus aucun son ne sort de ma bouche. Je n'arrive même pas à trouver la force de prononcer une question. Je ne saurais même pas par où commencer. Je ne comprends rien. Si ce ne sont pas mes parents qui m'ont emmené, qui est-ce? Et où sont mes parents? Qui est ce il?
On entend soudainement des pas résonner entre les murs et Esha s'accroche une dernière fois à moi pour me répéter:
« Suis-les, quoi qu'il arrive, mais ne leur répète jamais ce que je t'ai confié. Il m'a dit que tu ne devais pas leur faire confiance.
-Esha...
-Promets-le moi! »
Sauf que je n'ai pas le temps de dire quoi que ce soit que les pas se font maintenant entendre derrière la porte de la cuisine. Esha ferme les yeux quelques secondes avant de me murmurer cette phrase que je ne comprends pas tout de suite:
« Je suis désolée, Harry. »
Et, en même temps que la porte s'ouvre, Esha me met une claque en se mettant à hurler:
« Tu l'as tué! Pauvre petite merde, tu mérites de crever aussi! »
Mes yeux s'écarquillent alors que j'apporte ma main à ma joue sous le choc. Mais quand je regarde Esha, je ne vois pas une folle. Je vois ses yeux m'implorer de l'excuser jusqu'à ce qu'elle se tourne vers les personnes qui viennent de pénétrer dans la pièce.
Il y a des gardes de la base une, avec un uniforme bleu clair et un casque tout blanc où on ne peut pas voir leurs visages. Mais ce qui attire mon regard, c'est surtout la femme qui se tient droite devant nous, dans son tailleur bleu également. Ses cheveux blonds sont coiffés dans un chignon. Je me suis toujours imaginé que, sans la crasse, Gwendoline avait les cheveux blonds elle aussi. Les yeux noirs de la femme s'ancrent dans les miens et, après m'avoir scruté du regard, un sourire apparaît sur son visage.
Je ne sais pas si je dois le trouver rassurant. Surtout lorsque les mots de Esha tournent en boucle dans ma tête.
« J'espère que vous allez le tuer! » Lance justement cette dernière.
« Raccompagnez-là à l'étage avec les enfants, s'il vous plaît. » Dit calmement la femme.
Deux gardes sur cinq s'avancent donc vers Esha qui se contente de les suivre sans lâcher un mot. Elle me regarde une dernière fois, par dessus son épaule, et c'est seulement à cet instant que je peux voir une larme couler sur sa joue. Puis elle disparaît en dehors de la cuisine alors que j'aurais aimé qu'elle reste. Parce que, malgré le fait que je ne comprenne rien à ce qu'il passe, à ce qu'elle m'a dit, elle représentait encore un minimum de sécurité ici.
Les autres gardes n'ont pas bougé, comme s'ils savaient à l'avance que l'ordre n'était pas pour eux. Je les regarde, les scrute, et ils ressemblent plus à des robots sans vie qu'à des humains actuellement. Des armes vivantes sur deux jambes. C'est donc eux, les gardes de la base une. Ceux qui veillent à ce que les lois soient respectées. Des lois qu'ils ont eux même crées.
Ça doit être plus simple d'être du côté de ceux qui ont le choix.
J'imagine qu'ils ne sont pas maigres et sales sous leurs casques. J'imagine qu'ils ne leur manque pas un oeil ou une main. Qu'ils sont aussi propre que la femme qui se tient toujours devant moi. Qui regarde sûrement mes cheveux trop long, trop gras. Qui doit bien remarquer mes ongles noirs et ma peau pâle. Et encore, c'est seulement ce que je ne peux pas cacher.
Un sentiment de haine coule soudainement dans mes veines à ces pensées.
« Vous êtes venu me tuer? » Je leur crache.
« L'idée ne semble pas t'effrayer. » Me répond calmement la femme.
Je ris nerveusement. Bien sûr que si. Je suis terrifié, même. Mais pas pour moi. Pour Gwen et Ismael. Je sais que, s'ils doivent me tuer, ils le feront. Ça ne sert à rien de les supplier de m'épargner. Ça fait bien trop d'années qu'on les supplie déjà de nous sauver.
« Je me laisserais faire, si vous me laissez dire au revoir aux autres. »
Je me doute que c'est ridicule de les menacer. Que je me laisse faire ou non, ils sont plus nombreux et plus forts que moi. Je suis faible. Mais j'ai moi aussi mon arme. Bien plus forte que je ne le pensais.
« Vous avez vu la vidéo, non? Je l'ai tuée. »
Je me trouve ridicule à l'instant où la femme se met à sourire de nouveau. Je ne suis pas sûr de l'impressionner. Je pense plutôt que je l'amuse. Et ça m'énerve encore plus. C'est humiliant. En même temps, je m'attendais à quoi? Et est-ce que je pourrais vraiment faire quelque chose contre eux? Ça ne vient pas sur commande. Je ne contrôle même pas totalement cette... faculté?
« Nous avons vu la vidéo, oui. Mais nous ne sommes pas là pour te tuer. » Elle répond, ne relevant même pas la dernière partie de ma phrase.
Je fronce légèrement les sourcils. Et je repense à ce que m'a dit Esha. Fais semblant de les croire, quoi qu'ils te disent, mais ne leur fais pas confiance. Elle parlait d'eux, non? Elle ne pouvait que parler d'eux. Comment je suis censé faire semblant de leur faire confiance si je dois en même temps me méfier d'eux? Et surtout comment faire lorsque je ne sais même pas pourquoi?
Je sais juste qu'ils nous laissent crever ici depuis des années. Et j'imagine que c'est suffisant pour les détester, même si ça doit se faire en secret. Sauf que, s'ils ne sont pas là pour me tuer...
« Pourquoi vous êtes là, alors?
-C'est ce que nous comptons t'expliquer. Mais, pour ça, il faut que tu viennes avec nous. »
Suis-les, quoi qu'il arrive, mais ne leur répète jamais ce que je t'ai confié.
Non. Non je n'ai aucune envie de les suivre. Ce qui est complètement paradoxale lorsqu'on sait que tout le monde rêverait de partir d'ici. Mais pour aller où? On sait ce qu'on perd mais on ne sait pas ce qu'on gagne. Qu'est-ce qu'ils me veulent? Je ne sais même pas qui ils sont. Les gardes, je le sais, mais cette femme j'en ai aucune idée. Elle continue de me regarder comme si elle pouvait lire dans mes pensées et, si c'était vraiment possible, je ne sais même pas si elle s'y retrouverait.
« Oh, j'allais oublier. »
La femme se retourne et murmure quelque chose à un garde qui sort alors de la cuisine le temps de quelques secondes seulement. Lorsqu'il revient, mes yeux s'écarquillent et mon estomac se tord immédiatement. Il tient dans ses bras un panier rempli de nourriture. Je vois des aliments que je n'ai jamais vu pour la plupart. Des fruits. De beaux fruits. Pas des fruits à moitié pourri comme on peut en trouver ici. Des biscuits. Des gâteaux. Du chocolat. Du pain. Du fromage. Plusieurs bouteilles d'eau potable. J'en salive immédiatement et je déteste l'idée de me faire appâter comme un chiot affamé. Pourtant c'est ce que je suis.
Le garde vient déposer le panier sur la table à côté de moi. Et je me retiens de me jeter dessus. J'ai tellement faim. Tellement l'habitude aussi. La famine est devenue une douleur constante au creux de mon estomac. Je me demande si je ne me rendrais pas malade avec seulement quelques bouchées.
Puis je pense au fait qu'eux ont tout alors que nous n'avons rien. Alors la haine calme mon appétit un instant. Mais je ne peux m'empêcher de sentir mon coeur louper un battement lorsque la femme déclare:
« On en a une dizaine comme ça dehors. Et ces paniers seront pour l'orphelinat.
-C'est du chantage? Si je vous suis, vous leur laissez la nourriture?
-Non. Nous la laisserons dans tous les cas. » M'affirme t-elle.
J'ai du mal à la croire. Et je serais tenté de lui répondre de me laisser tranquille et de partir dans ce cas. Mais je ne saurais alors jamais ce qu'ils me veulent. Puis les phrases de Esha continuent de résonner en moi. Elle m'a dit de les suivre quoi qu'il arrive. De faire semblant d'avoir un minimum confiance en eux. C'est ce qu'on lui a demandé de me dire. Ce qu'il lui a demandé, si je reprends ses mots. Mais c'est qui, ce il? J'ai encore du mal à digérer tout ce que je viens d'entendre et l'odeur de la nourriture ne m'aide pas à me concentrer. J'imagine alors Gwendoline et Ismael manger à leur faim...
« Si je viens avec vous, je veux qu'ils reçoivent des paniers comme ça toutes les semaines. » Je déclare.
La femme hausse un sourcil, peut-être surprise par le fait que j'ose décider moi-même de notre arrangement. Quitte à ce que je risque ma vie en les suivant, je veux que celles de Gwendoline et Ismael durent le plus longtemps possible. Et dans de meilleures conditions. Peut-être même que, s'ils me veulent tant, peu importe pour combien de temps, je pourrais continuer de faire du chantage en leur donnant ce qu'ils veulent seulement s'ils acceptent de me donner ce que je veux en retour. C'est à dire nourrir et protéger les enfants d'ici.
« On meurt de faim ici. S'il vous plaît. » Je me retrouve à quémander comme je m'étais pourtant promis de ne pas faire.
Mais là, il ne s'agit plus seulement de moi.
« Nous le ferons. » Elle me confirme.
A ce moment là, j'oublie le conseil de Esha de ne pas leur faire confiance. Parce que les gardes se mettent à rentrer dans la cuisine une dizaine de panier. J'imagine la réaction de Gwendoline et Ismael lorsqu'ils découvriront les paniers, tout comme les autres enfants. Je sais que Esha se chargera de leur distribuer à part égale. Mon coeur se serre à l'idée de laisser Gwen et Ismael, mais il se réchauffe à l'idée de contribuer à l'amélioration de leur quotidien. Même si je ne comprends toujours pas pourquoi c'est à moi que la base donne cette importance.
« Et toi, tu n'as pas faim? »
La voix de la femme me sort de mes pensées et je ne peux m'empêcher de déglutir en voyant toute la nourriture autour de moi. Bien sûr que j'ai faim. Je suis affamé. Et tout ce qui est en train de se passer n'arrive pas à me faire oublier ce besoin vital. Toutes ces questions rationnelles que je me pose sont balayées par ce creux de plus en plus douloureux. Je ne sais pas comment j'ai fait pour tenir jusqu'à maintenant.
Comme un animal, j'attrape un pain et gâteau à la fois. Mes mains sont sales mais je m'en fous complètement. Je me mets à les dévorer sans pouvoir m'arrêter. Je découvre une sensation et des goûts que je ne connaissais pas. J'ai l'impression que les saveurs explosent dans ma bouche. Je gémis, parce que c'est plus fort que moi, tandis que mon ventre se met à gronder. Il en veut plus, toujours plus.
La femme me regarde sans rien dire et toujours en souriant. Puis son sourire devient flou. Je fronce les sourcils et relève mes yeux jusqu'aux siens qui ne sont plus noirs mais tout blanc. Tout comme le plafond de la cuisine qui semble soudainement plus clair. Je sens quelque chose rouler sur mes doigts et, en baissant la tête, je réalise que je viens de faire tomber mon morceau de pain. Fixer le sol me donne soudainement l'impression de tourner sur moi-même et je me retrouve dans les bras de deux gardes sans même avoir le temps de comprendre. Je sens qu'on m'empêche de tomber, puis qu'on me tire.
Ma bouche est pâteuse et ma tête retombe en arrière. J'ai de plus en plus de mal à garder mes yeux ouverts. Tout devient flou.
Pourtant, juste avant que je me retrouve plongé dans le noir, j'arrive à entendre le murmure qui s'échappe d'entre mes lèvres:
« Je dois leur dire au revoir. »
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(Running up that Hill, Orchestra version_Samuel Kim)
Louis.
Assis autour de la table du salon, je regarde le soleil se coucher de l'autre côté de la baie vitrée. Sous la fatigue, ma tête repose contre ma main et je continue de fixer cette feuille. Cette feuille que je fixe depuis des années. Une feuille de l'arbre du jardin. Cet arbre est bien plus vieux que moi. Il a toujours été là depuis que je suis arrivé, bébé. Et du plus longtemps que je m'en souvienne, cette feuille a toujours été là elle aussi. Elle n'est jamais tombée. Elle a changée avec les saisons, mais n'ai jamais tombée.
Je sors de mes pensées en entendant la porte d'entrée s'ouvrir. Je tourne instinctivement la tête mais ne suis pas surpris de voir Paul arriver. Il n'y a que lui qui sort et entre de la maison. Il n'y a que nous deux, ici. Moi, j'ai seulement accès au jardin. Jamais plus loin. Parce que c'est trop dangereux. J'ai déjà de la chance d'être un adolescent en bonne santé. C'est devenu rare. Très rare.
Paul est mon mentor. Celui à qui on m'a confié. Mes parents sont morts dans la grande explosion et la base une m'a sauvée pour me trouver une nouvelle famille. Et cette famille, c'est Paul. Cet homme petit de taille aux cheveux bruns qui tirent de plus en plus vers le gris. Il veille sur moi et m'aide à prendre un traitement afin de me garder en bonne santé. Pour ça, il travaille dans un centre de recherche médical de la base une. Ils cherchent des traitements et un moyen de rallonger l'espérance de vie que nous avons perdu. Je suis un privilégié en ayant accès à ces soins.
Je me redresse instinctivement en voyant Paul mais mon sourire se fane en voyant ses traits de visage tirés. Il semble fatigué et, surtout, il semble encore perdu dans ses pensées. Comme si quelque chose le tracassait.
« Tu rentres plus tard que d'habitude.
-Oui, j'ai eu une grosse réunion de dernière minute. » Il me répond avec un sourire pincé.
Je hoche alors la tête et, parce que je sais qu'il déteste quand je fais ça, je regarde les deux assiettes que j'ai préparé dans la cuisine et me concentre pour les faire se soulever du plan de travail. Elles tremblent légèrement puis se mettent à léviter jusqu'à moi, où je les fait tourner autour de ma tête.
« Louis, je t'ai déjà dit de ne pas jouer avec la vaisselle. » Pouffe Paul, fatigué mais amusé également.
« J'arrive à les faire tourner plus rapidement. »
Les assiettes se mettent donc à léviter plus rapidement autour de moi, sans manquer de tomber contrairement à certaines fois. Paul sourit légèrement et hoche la tête avant de constater à voix haute:
« Tu as encore fait des progrès.
-Je crois. »
Paul sourit et, alors que je repose les assiettes à leur place, il vient récupérer son carnet dans un tiroir du salon. Je sais déjà qu'il est en train d'y inscrire la date d'aujourd'hui et le fameux progrès dont il vient de parler. Il suit cette faculté que j'ai depuis que je suis petit. Paul ne sait pas le faire, lui, mais ne m'a jamais fait me sentir anormal. Et la fois où je lui ai demandé d'où ça pouvait venir, petit, il m'a simplement répondu qu'il fallait que je vois ça comme une chance.
« Tu as fait ton sport de la journée? » Il me demande comme à chaque fois qu'il rentre.
« Oui.
-Tu as fait tes exercices d'astronomie?
-Oui. J'ai même prit de l'avance.
-Et les calculs mentaux?
-Karen avait à peine le temps de terminer de poser le calcul que j'avais déjà la solution. »
Karen, c'est le nom que j'ai donné au robot qui s'occupe de me faire travailler mes calculs mentaux. Elle calcule alors le temps que je mets à comprendre le calcul, à le décomposer et à y répondre. C'est aussi elle qui me fait passer tous mes tests dans les autres matières. Mais ce qu'on travaille le plus est l'astronomie, les calculs mentaux, les sciences en général en fait. J'ai aussi des exercices de compréhension écrite et de langue. A la base une, on parle plusieurs langues couramment. Même si le français et l'anglais sont les plus utilisées. Ça vient de deux pays qui n'existent plus.
Ça, je l'ai appris avec l'histoire. Les pays ont été remplacées par des bases il y a deux cent ans à peu près, on a pas de chiffre exact. Parce qu'il y a eu des guerres. Dont des guerres nucléaires. L'Homme a détruit ses propres pays, sa propre planète qu'il a fallu essayer de reconstruire. Il y a alors eu la politique des bases, avec des règles très strictes pour tenter de conserver le peu d'espoir de sauver notre planète. Et l'humanité avec. L'espérance de vie et la fertilité en avait prit un coup.
Mais ça a été encore pire avec la grande explosion.
Parce que celle là ne venait pas de l'Homme, mais de l'univers.
Les bases les plus proches de la grande explosion, le nom qu'on a donné à l'arrivée de la météorite, ont complètement été détruites. Sur trente bases, il en restait maintenant dix. Et, encore, il reste peu de survivants aux alentours de la base dix et neuf. Paul me dit que la base une fait tout pour réussir à les sauver mais qu'on a pas assez de ressources pour tout le monde. C'est justement pour ça qu'ils travaillent d'arrache pieds. Pour créer de plus en plus de ressources et de plus en plus de traitements. Afin d'aller sauver les derniers survivants des bases éloignées. Comme ils m'ont sauvé moi et d'autres enfants.
« C'est bien, je suis fier de toi. » Répond Paul avec un sourire sincère.
Mais son sourire me semble triste aussi. Ou alors c'est la fatigue qui lui donne cette impression.
« Tout s'est bien passé à ton travail? » Je demande en fronçant les sourcils.
Pendant un instant, je me demande si Paul a entendu ma question. Parce que son regard se perd dans le vide et que j'ai l'impression qu'il n'est pas du tout avec moi. Puis ses yeux retrouvent les miens et il sourit légèrement, ignorant ma question qu'il n'a peut-être pas entendu. Il vient ébouriffer mes cheveux avec sa main, me faisant rire et râler en même temps. Il fait ça depuis que je suis enfant. Je crois que je fais semblant de détester. Parce que j'aime ce genre d'attention qui, même si je sais que ce n'est pas le cas, me donne l'impression d'avoir réellement un père.
« Tu as déjà dîné?
-Oui, désolé, j'avais trop faim.
-Tu as bien fait. » Il sourit.
Puis il retourne vers son sac qu'il a posé à l'entrée, en sortant un sachet en plastique. Je fronce les sourcils et, lorsqu'il ouvre le sachet devant moi, je ne peux m'empêcher de sourire même si je n'ai vraiment plus faim.
« J'ai ramené ça du travail. Une collègue en avait préparé. » Il dit en me montrant les gâteaux.
« J'ai plus faim, mais j'en prendrais bien un quand même.
-Tu devrais en profiter pour prendre ton traitement avec. »
Je ne peux m'empêcher de soupirer en regardant Paul qui sait déjà ce que je m'apprête à dire. Parce que je dois toujours prendre mon traitement avant de me coucher. Et que...
« J'ai pas envie d'aller me coucher.
-Tu dois te reposer. » Il dit d'un ton sérieux qui ne lui ressemble pas.
Enfin, si, Paul est toujours sérieux lorsqu'il s'agit de mon hygiène de vie mais je réussi parfois à retarder l'heure du coucher. Et donc retarder l'heure de mon traitement. Car il a comme effet secondaire de rapidement m'endormir, c'est pourquoi je le prends toujours avant d'aller au lit. Mais il me maintient en bonne santé et je dois me sentir chanceux d'y avoir le droit.
« Ok, ça marche. » Je n'insiste pas.
Je ne suis pas vraiment du genre à me rebeller, de toute façon.
Puis, je n'en ressens pas le besoin.
Je me lève de table pour aller chercher deux verres pendant que Paul va chercher mon traitement dans la salle de bain. C'est notre routine du soir, depuis toujours. Je me serre un verre d'eau et m'apprête à lui servir un verre de coca quand sa voix m'arrête:
« Je vais prendre une bière, plutôt.
-On fête quelque chose? » Je pouffe en le regardant.
De retour dans le salon, il me rend mon sourire mais, encore une fois, ce dernier n'atteint pas ses yeux. Je range donc le coca dans le frigo pour en sortir une bière à la place. Moi, je n'ai pas le droit de boire de l'alcool. Paul me dit que dix-huit ans c'est trop jeune et que ça ne va pas de paire avec mon traitement, de toute façon.
Je reste debout face à la table, mon verre d'eau dans la main, tandis que Paul se met en face de moi, échangeant mon traitement contre sa bière. Il me remercie et j'ouvre ma petite boîte du jour pour en sortir les gélules. Il y a des vitamines et d'autres médicaments qui me maintiennent en bonne santé depuis ma naissance.
« N'oublie pas ton gâteau. » Me rappelle Paul.
Je souris en hochant la tête et récupère le gâteau en question, croquant directement dedans. Paul suit mon geste du regard, se perdant une nouvelle fois dans ses pensées. Mais il ne veut pas en parler, apparement. Alors je ne vais pas insister. Il y a toujours des jours meilleurs que d'autres. Je suis tellement rassasié que je prends mon temps pour terminer le gâteau. Puis, prenant mes gélules d'une main et mon verre d'eau de l'autre, je plaisante en levant mon verre:
« Gloire à la base une. »
Paul ancre son regard dans le mien et sourit légèrement avant de lever sa bière en retour:
« Gloire aux survivants. »
J'avale mon traitement d'une traite, vidant mon verre d'eau avec. Je me lève ensuite pour m'apprêter à faire la vaisselle mais Paul m'arrête en me disant qu'il le fera. Que je peux aller dans ma chambre si je le souhaite.
« Bonne nuit alors, à demain! » Je lance en traversant le salon.
Sauf que j'ai à peine le temps de faire quelques pas que j'ai l'impression d'être prit d'un vertige. Je reconnais les effets secondaires de mon traitement mais, d'habitude, ils prennent plus de temps à arriver. Et ne sont pas aussi violents. Peut-être que Paul avait raison. J'avais besoin de repos et je supporte moins bien le traitement ce soir. Une douleur dans le bras me fait tourner la tête et je réalise seulement maintenant que j'ai titubé au point de me prendre le mur.
« Paul...
-Je suis là. »
Le bras de Paul vient s'enrouler autour de mes épaules et je m'appuie instinctivement contre lui, n'arrivant plus à marcher droit à cause de ma vue qui se brouille et de mes yeux qui ont du mal à rester ouverts. Je déglutis difficilement, ayant l'impression qu'une masse vient de retomber sur mon crâne. Je me sens lourd et fatigué. Vraiment fatigué.
Je me retrouve allongé sur mon lit sans même m'en rendre compte. Je croyais qu'on était encore dans le salon. Heureusement que je m'étais déjà mit en pyjama, parce que je n'aurais jamais eu la force de me changer. Je tourne difficilement la tête pour voir Paul se pencher au dessus de moi. Son visage est flou mais pourtant j'ai l'impression de voir son regard plus inquiet et triste que jamais. J'ai envie de lui dire de ne pas faire cette tête, que ce n'est pas bien différent des autres soirs où je prends mon traitement. C'est juste un peu plus fort, un peu plus rapide...
Du froid se pose sur mon front et je crois que c'est la main de Paul. Je sens une caresse dans mes cheveux mais, rapidement, tout devient noir et silencieux. Mais un silence assourdissant. Mon corps qui paraissait trop lourd me semble maintenant beaucoup léger.
Et, avant de m'endormir, je me demande si je suis en train de rêver lorsque j'entends cette phrase résonner:
« Je suis désolé, Saturne. »
...
J'espère que ce chapitre un vous aura plu...?
Nous avons ici deux personnages principaux déjà bien différents...
Vos premiers ressentis sur le personnage de Harry?
Et de Louis?
Evidemment, ce n'est que le début! Vous allez apprendre à les connaître...
Et d'autres personnages attendent aussi que vous les découvriez...
Je vous dis à très vite pour le chapitre deux.
Encore merci infiniment d'être là.❤️
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