7- Pluie et neige

J+8 sans Tom

Une semaine sans lui, dehors il pleut des trombes d'eau comme si le ciel le pleurait aussi. Je ne travaille plus pour mon master en archéologie et histoire des mondes anciens, je ne m'occupe plus de l'entreprise et reste allongé, incapable de dormir ou de faire quoi que ce soit. Les cachets m'abrutissent et me permettent de somnoler.

J'ai coupé mon portable, cependant je viens de le rallumer pour découvrir une notification que je lis et relis incrédule.

Le message me fait sourire comme un bienheureux. Tom m'avait promis une surprise pour la fin du mois, sans me dire ce que nous ferions. Voilà je le sais, grâce à l'annulation impersonnelle de l'agence de voyage qui nous informe que le vol où ne nous sommes pas présentés et l'hôtel que nous n'avons pas rejoint à Londres, nous serons facturés.

Il voulait m'emmener à Londres, quel amour !

Je ne sais pas ce que trafique la famille de Tom. Ils sont restés quelque jour chez nous, j'ai entendu Evan s'engueuler avec sa mère et Elvire.

Il est monté me voir et m'a posé les mêmes questions que Maximilien et Sam, est ce que nous sommes mariés ou pacsés ? Qu'est-ce que je veux faire ?

Ils m'énervent tous, je n'aime pas leurs regards embêtés. Ils sont tous repartis et Elvire est restée quelques jours, pour s'occuper de moi.

Mon téléphone sonne, c'est mon professeur d'histoire qui m'appelle gêné, pour me présenter ses condoléance.

─ Nine j'ai déjà demandé un délai pour toi, prends le temps qu'il te faut et recontactes moi, quand tu veux reprendre.

─ Merci Monsieur Jernier, j'arrive à murmurer péniblement.

J'avoue que je n'ai aucune idée de quand j'irai assez bien, pour pouvoir reprendre ma vie d'avant.

Est-ce que des milliards d'hommes avant moi, on connut le chagrin de devoir continuer après avoir perdu leur astre et leur nord. Comment ont-ils fait pour se ressaisir ?

Elvire me monte un plateau qu'elle pose sur le bureau.

Elle ne m'aime pas !

Eve m'envoie des messages tous les jours, un message le matin et un le soir, je ne réponds pas, je ne les lis pas.

Quand nous étions jeunes, avant que les parents de Tom ne nous virent, nous sommes allés à une soirée ensemble tous les quatre, Evan et Elvire et nous deux. Tom m'a demandé de me déguiser en fille et j'ai accepté, parce que j'en avais envie. Je me suis coiffé les cheveux sur le côté, cela donnait la même coupe qu'Elvire, qui les porte courts. J'ai mis un peu de maquillage et j'avais une jupe et un chemisier de la mère de Tom. Nous avons rejoint le jeune couple d'interne, Elvire gueulait encore. C'était juste avant qu'Evan parte au Canada pour un échange universitaire.

─ Mon Elvire, est bien plus jolie que ton Elvire, a fait Tom qui aimait mettre les pieds dans le plat.

J'étais embêté pour Elvire, surtout qu'Evan a hoché la tête comme s'il était d'accord. Elle est partie en hurlant, ne cachant pas sa fureur et je me suis fait l'effet d'être un monstre voleur.

Je regarde la pluie dehors, comment je vais faire pour aller à la fac par ce temps ? Et notre Société ? Je vais devoir m'y mettre. C'est Tom qui s'occupait de tout, c'est terrible ! Il s'occupait des clients, des chantiers, des commandes, des impôts. Je sais où il rangeait les papiers, et nous avons une appli avec nos codes internet, mais je vais ramer pout tout récupérer.

Et qui le remplacera à la ferronnerie ?

Comment je peux arriver à penser à ça ?

Mon médecin généraliste est passé me voir et a diminué les doses de cheval que m'a prescrit Evan. Il n'est pas très content après son confrère.

Il pleuvait aussi quand mon père m'a jeté. Je frissonne en me rappelant la chambre de bonne insalubre, le papier peint moisi.

─ Tu seras très bien ici, m'a dit mon père en me laissant avec mes cartons. Ne viens pas embêter ta mère.

Un jour, j'étais à la laverie et Il pleuvait comme aujourd'hui des trombes d'eau. Assis pendant que les machines tournent, j'ai le temps de bosser mes cours. Je n'avais pas revu Tom, depuis ce jour étrange ou il m'a offert un ordinateur et un téléphone. Le temps que je rentre chez moi mon linge serait à nouveau trempé. Je l'ai appelé et il a décroché tout de suite.

─ Salut Nine tu as besoin de quelque chose ?

J'ai grimacé, vexé qu'il m'ait démasqué.

─ Non pas du tout je suis à la laverie et je m'ennuyais, j'ai pensé à toi.

─ À la laverie ! Tu penses à moi à la laverie ? la voix est moqueuse.

Je regarde la pluie, triste. Je ne veux pas lui dire que j'ai froid, que j'en ai marre et que je veux qu'on vienne me chercher.

─ Tu veux que je vienne te chercher ?

Je pousse un sanglot de soulagement. Je sais qu'il habite à trente minutes en voiture et c'est la tempête dehors. Jamais ma famille ne se serait déplacée.

─ Non ce n'est pas...

─ J'arrive !

Il est venu et m'a déposé devant chez moi. Je ne lui ai pas proposé de monter c'était trop minable. Nous sommes restés à parler d'histoire dans sa voiture, un long moment et puis il y a eu la soirée d'Halloween. Ensuite je l'ai vu de plus en plus souvent.

***

Elvire est repartie, je lui ai promis que j'allais mieux.

C'est extrêmement rare, mais nous avons une tempête de neige dans le Sud pour la mi-décembre. Je me dirige enfin vers l'atelier de notre Société. Nos ouvriers sont autonomes, des artistes comme nous. Je ne suis pas inquiet ils ont dû assurer et se débrouiller.

Au départ, Arnaud notre contremaitre était homophobe, il trouvait cela dégoutant notre couple. Tom lui a proposé de l'aider à trouver du travail ailleurs, mais il a préféré rester.

Notre belle victoire, c'est qu'avec le temps, il a changé complétement d'avis, parfois il réclamait même parfois que nous nous embrassions. Je suis surpris du calme en m'approchant, je ne les imaginais pas tire-au-flanc. Je comprends mieux quand j'arrive, l'endroit est désert avec une affichette sur la porte.

C'est un avis notarial indiquant que la société est fermée pour succession avec les coordonnées d'un notaire à qui s'adresser. Comment se fait-il qu'on ne m'ait pas demandé mon avis ?

J'appelle Arnaud, puis Sam, j'ai le même discours, ils avaient interdiction de me déranger et mon beau-frère s'est occupé de tout.

Je répète le mot sans comprendre.

─ Le frère de Tom ! Et tu devrais prendre un avocat pour te protéger mon bonhomme, ajoute Sam.

Le pauvre se bat contre un cancer de la prostate en ce moment et il a perdu sa maman. Je ne suis même pas là pour l'aider.

J'appelle Evan, il décroche et sans m'encombrer de salutations, j'attaque :

─ Eve pourquoi tu as fermé l'entreprise ?

─ Le notaire l'a demandé. En attendant que la succession soit faite et puisque tu m'appelles, je t'informe que nous avons rendez-vous chez lui pour l'ouverture de la succession mardi prochain à onze heures.

─ Mais de quel droit ...vous ...vous... Mais cela ne vous regarde pas ! Vous n'êtes pas concernés par la succession de Tom.

Il soupire.

─ Tu veux faire quoi Nine ensuite ?

─ Je ne sais pas encore, aucune idée.

Mais de quoi il se mêle lui !

─ Mais je suis son ma... non son copain, son concubin.

─ Cela n'a aucune valeur juridique. Ma mère ne veut pas te faire de cadeau !

─ Mais c'est moi qui aie fondé cette société, elle est à mon nom. Vous n'avez pas le droit !

─ Va voir un avocat pour te faire conseiller, mais je crains qu'il n'y ait pas grand-chose à faire. Tom et toi, vous auriez dû vous marier ou au moins vous pacser.

─ Vous êtes des pourris !

─ Je vais faire ce que je peux Nine !

─ Vous n'avez le droit à rien vous n'êtes rien pour Tom.

─ Calme toi Nine je passe te voir ce week-end.

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