16- En Grèce


Aout : Nine et Evan. (21 mois sans Tom)

Tu as ton passeport ?

─ Bien sûr ! Je réponds d'un air indigné.

Je vérifie inquiet qu'il n'est pas périmé, cela ne fait que la dixième fois que je contrôle. C'est bon, il me reste encore deux ans, nous l'avions changé il n'y a pas si longtemps. Dedans des tampons de pays où nous étions partis travailler ensemble. Je caresse le passeport, ému de penser à lui.

Nous avons confié Tomi à nos parents quelques jours. Nous n'avons pas de problème de gardes, juste un problème de partage de la garde. Mes parents et ceux d'Evan ont eu du mal à se mettre d'accord sur le découpage des jours. Ce sera deux jours chez mes parents, puis trois jours chez ceux d'Evan qui ont pris des congés exprès.

Je tends mon passeport au douanier, qui me sourit, amusé de mon air crispé. Comme le disait Tom, il ne vaut mieux pas que je m'essaye à jouer au Poker un jour, il ajoutait moqueur : ou alors au strip-poker.

Le douanier me rend le précieux sésame en me souhaitant de bonnes vacances, puis Evan me tire vers les portiques de sécurité. Nos doigts s'enlacent, j'assume et lui aussi, alors pourquoi nous cacher.

Nous sommes amants, depuis cette semaine où j'ai accueilli Tomi dans ma vie et où j'ai eu si peur pour ma sœur. C'est comme si Tom nous avait donné un signe de foncer.

Que dire, Evan cache bien son jeu ! C'est une bête de sexe. Nous profitons l'un de l'autre, jamais rassasié. Nous sommes heureux ensemble, souvent sur la même longueur d'ondes et surtout les non-dits se sont envolés.

Il doit croire parfois que je pleure trop Tom, je m'inquiète aussi de l'avenir, je n'en parle pas. Pour l'instant je n'ai pas à me plaindre j'ai un amant parfait, parfois très tendre et horriblement coquin !

Il y a eu un matin gênant ou nous étions au lit chez lui, Tomi dormait dans sa chambre, quand sa mère a débarqué.

Evan a fait les présentations en insistant sur le fait que j'étais son petit copain, et qu'il fallait repartir de zéro. Le message d'Evan était clair.

Elle a écarquillé les yeux, je ne sais pas si elle aurait rouspété ou accepté car c'est le moment qu'a choisi le bébé pour se manifester en se mettant à pleurer.

Elle y a été avant nous, l'a pris dans ses bras, a admiré la chambre avec son prénom écrit en gros : Tomi. Elle l'a regardé avec des yeux ronds, l'a pris dans ses bras, elle était déjà conquise. Je crois que Tomi nous a reconcilié ou alors c'est le temps. Elle me parle peu, mais elle est respectueuse et nous laisse vivre notre couple.

Elle adore Tomi.

Une fois j'en ai parlé avec Elvire et Sophia me demandant pourquoi elle avait accepté l'homosexualité d'Evan si facilement alors qu'elle a été si dure avec Tom. Pour Elvire, elle avait tenté un coup de bluff avec Tom. Cela a été un fiasco et ensuite les malheurs successifs lui ont fait comprendre combien il était important de laisser passer certaines choses.

Le beau papa, lui se demande ce que ses fils me trouvent.

Je ne sais pas non plus, mais je ne lui dis pas, ce que moi je leur trouve, car je ne voudrais pas le mettre mal à l'aise. Ce sont des super mecs, pour mon bonheur.

Je n'ai jamais bien réfléchi au temps que durerait notre histoire, à Evan et à moi, j'ai bien vu comment les certitudes s'envolent en fumée d'un claquement de doigt. J'avoue que je stresse un peu parfois.

Je recommence à compter énormément sur lui et le jour où il me lâchera, il y aura à nouveau un Nine à la mer. Sauf que cette fois, ce sera un Nine et Tomi. Heureusement, désormais j'ai mes parents et ma sœur, mes amis, Elvire et Sophia et même les parents de Tom.

Ma Société marche bien, surtout Evan m'a ramené tous les meubles, les pièces qui étaient dans la maison, que j'ai pu mettre à mon catalogue. J'en ai vendu quelques-unes pour renflouer ma trésorerie.

Il y a de cela trois jours, je gémissais sous ses coups de rein, heureux, savourant un intense moment. Il est allongé de tout son poids sur moi, bien lourd, son souffle chaud au creux de mon oreille.

Il s'est retiré et nous nous faisons face.

─ Je voulais te parler d'un truc important.

─ Je joue avec les ridules de son visage.

─ Tu veux qu'on aille en Grèce quelques jours, je te montrerai notre maison de vacances ? a soufflé Evan.

C'était la proposition a laquelle je ne m'attendais pas. Je me suis tourné pour écraser ma tête dans les draps. Cela me fait très plaisir. J'avoue que j'ai toujours rêve d'y aller.

─ Et Tomi ?

─ Pour quelques jours tes parents ou les miens peuvent le garder ? Comme c'est peu de temps, je préfère éviter de l'emmener, mais si nous partons plus longtemps on l'emmènera bien sûr.

La Grèce et leur maison là-bas, nous avions songé à y aller avec Tom, juste avant qu'il se fasse dénoncer.

Le trajet en avion côte à côte est passé à la vitesse de l'éclair. Lui lit un rapport médical et moi un traité historique. Nous atterrissons directement sur l'ile quelques heures plus tard.

─ L'ile accueille trop de touriste c'est infernal en aout ! rouspète Evan alors que nous sortons de l'aéroport.

─ Regardez-moi ce local qui se plaint des touristes !

Je me moque de lui.

Certes il y a du monde, mais le taxi s'éloigne déjà des grands axes par des petites routes désertiques et sinueuses. L'air est chaud, les paysages magnifiques.

─ Heureusement, nous avons des motos ici, nous nous déplacerons à deux roues.

La mer du plus profond des bleus est tentante à souhait, c'est la couleur des yeux des frères.

─ J'adore la couleur de la mer, je fais concentré sur l'eau.

─ Si tu veux me dire que j'ai de beaux yeux, tu peux.

Il sourit et m'entraine vers une maison à la verticale par rapport au portail, comme s'il n'y avait pas de jardin et que l'architecte étrange avait voulu construire un mini immeuble. Je m'imaginais un truc beaucoup plus « genre palais ».

En réalité, c'est une maison typique toute blanche, assez simple.

─ Cette maison, Tom et moi, on l'aimait plus que tout, explique Evan en ouvrant la porte de bois ouvragé.

Je le sais bien, car Tom m'en a souvent parlé. Il n'a jamais oublié et espérait en acheter une autre, similaire, un jour, sur cette même ile.

Evan m'embrasse devant la maison, sans rien dire il me porte pour me faire franchir le seuil.

─ Prêt à découvrir notre domaine ?

Je hoche la tête tout sourire. Il me repose. Je me précipite et pousse un cri de joie quand je le vois.

Je n'y crois pas et c'est merveilleux ! Finalement Tom n'est pas mort ou plutôt tout n'est pas mort derrière lui. J'ai les larmes aux yeux, bêtement. C'est presque comme s'il était là en pensée avec nous.

─ Evan ! Evan, c'est incroyable !

─ Je suis content qu'il soit là aussi !

Je me suis approché, intimidé, foulant les carreaux anciens de couleur bleu, pour aller caresser l'escalier ouvragé de Tom. Il a fait la route d'Avignon jusqu'à cette ile et c'est clairement sa place en ce lieu, dans cette maison.

Un sentiment d'éternité m'étreint en caressant les sculptures des feuilles, j'ai presque l'impression que Tom est là et me souffle ses consignes.

Evan n'a rien dit, il a monté nos sacs pour me laisser tranquille découvrir l'ouvrage.

Plus tard il m'appelle.

─ Nine tu viens ? Je vais te montrer les chambres ?

Il m'entraine dans une grande chambre et m'explique :

─ C'est celle de nos parents. La petite à côté c'est celle de Tom. Nous n'y avons jamais touché.

Nous y rentrons tous les deux. Les murs sont en pierre et en chaux, le dessus de lit brodé bleu est très local, les meubles en bois blanc sont anciens. Evan va ouvrir la fenêtre qui donne sur la mer. Sur une étagère il y a encore des jouets de Tom, des coquillages.

─ Il est venu quand la dernière fois ?

─ Apres la fête du lycée et il rêvait à toi, tout le temps.

─ Comment tu peux le savoir ?

─ J'ai vu qu'il était amoureux et c'était toi ! ça a toujours été toi !

─ Merci.

─ Viens voir ma chambre.

Il m'entraine à l'étage, dans une chambre avec une terrasse, elle est beaucoup mieux que celle de Tom, plus grande, ce n'est pas juste. Je ne peux m'empêcher d'en faire la remarque.

─ C'est vrai ! C'est le privilège de l'ainé et il t'a eu toi à la place. Tom n'a pas été perdant.

─ Merci pour l'escalier Evan, c'est tellement sa place ici. Je suis sûr que Tom en est très heureux.

─ Nous avons dépensé une fortune et ça a été du boulot, mais je suis content aussi.

─ Tu sais Eve, j'ai l'impression que Tom me donnait sa bénédiction dans la pièce en bas.

─ Ah oui, il est d'accord pour que je m'occupe de toi ?

─ Oui mais il me semble qu'il m'a soufflé quelques trucs, c'est tellement bizarre.

Evan se déshabille, et me fait signe de faire pareil.

─ On a un accès à la mer et à une piscine naturelle et c'est une tradition avec Tom on va toujours piquer une tête quand on arrive. Et au passage petit canaillou tu peux nager nu, il n'y aura que nous deux.

Je crois que je viens de comprendre la valeur de la maison : un accès direct à la mer par une crique privée, c'est la classe.

─ Génial !

Je commence d'ouvrir ma chemise en remarquant parfaitement son regard lubrique sur mon torse.

─ On pique une tête ?

─ Oui et on peut faire pleins de chose dans l'eau aussi.

─ D'accord, écoute juste les consignes de Tom.

─ J'écoute.

─ J'ai vu l'image d'un mariage, comme s'il me soufflait de nous marier. J'ai eu l'impression d'avoir sa bénédiction. Tu me trouves cinglé ?

─ Non, je comprends Tom. Il a dit autre chose ?

─ J'ai eu l'image d'une ribambelle d'enfants. Je te jure ce sont les pensées qui m'ont traversées la tête en bas.

Je rougis me demandant si je deviens cinglé, mais vraiment j'ai eu l'impression De voir ces images. Peu importe, je suis si content que l'ouvrage de Tom soit là sur cette ile qu'il aimait tellement. J'ai retiré ma chemise et mon pantalon, je suis en slip rouge. Je pourrais y aller en slip, mais comme le savent les deux frères, j'aime la nudité.

Evan rigole et m'enlace.

Un escalier étroit de pierre blanche donne directement sur une minuscule plage de galet et sur un accès à la mer la plus transparente possible, les fonds sont si beaux.

Dans l'eau nous nageons et je regarde la maison quand je remarque les guirlandes colorées qui l'éclairent et qui affichent un message que je lis, amusé : "Marry me ?"

─ Tu voulais épouser qui ? je demande moqueur.

─ Devine ! je vais t'aider, il m'attrape et me serre contre lui, le mec est nu, dans l'eau, avec moi. Tu crois que tu vas arriver à trouver ?

Je viens de comprendre, horrifié.

─ Tu comptais me faire ta déclaration ?

─ Oui et tu m'as court-circuité ou Tom ou les deux. C'est parfait et je suis le plus heureux des hommes Nine.

Je me serre contre lui, je l'aime tellement.

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