Chapitre 7


Comme s'il avait compris l'interrogation de Cassiopée, il enchaîna :

— C'est là-bas que se trouve notre école. Parce que c'est bien beau d'avoir une faculté mais la maîtriser c'est autre chose.

Pendant qu'elle se demandait bien pourquoi leur école était aussi loin, Robert poursuivit les yeux pétillant de malice :

— Il faut que tu rencontres Isadora. Elle peut reproduire tout ce qu'elle voit et une fois, on a regardé un film d'horreur et du coup-

— Robert, intervint Selena.

Son regard annonçait déjà ce qu'elle s'apprêtait à lui dire :

— Ne luis fais pas peur comme ça s'il-te-plait.

En voyant son amie, Cassiopée réalisa qu'elle n'était pas certaine de sa faculté :

— Selena ? Toi, tu peux te déplacer où tu veux c'est ça ?

— Oui, je me téléporte dans n'importe quel endroit que je connais et avec autant de personnes que je veux. Mais j'évite de faire des grands trajets comme Cameroun-Australie car ça m'épuise.

— Je vois. Et toi, O'Connor ? Quel est ton pouvoir ?

— Lire dans les pensées, déclara-t-il en affichant un sourire narquois.

À ces mots, Cassiopée tenta de faire le vide dans son esprit mais d'un coup elle se souvint de tout ce qu'elle avait pu penser en sa compagnie. Toutes les fois où elle s'imaginait des manières de le frapper ou des réflexions personnelles sur son physique comme le fait qu'elle était persuadée qu'il se teignait les cheveux. Et voilà qu'elle y pensait maintenant. Il devait voir le fond de sa pensée et elle devait l'en empêcher, c'en était un cercle vicieux ! O'Connor pouffa de rire avant de reprendre :

— Mais ne t'en fais pas, Wilson. Ça ne marche pas sur toi. Et de toute manière, je n'en ai pas besoin pour savoir que je suis l'être le plus magnifique qu'il te fût permis de voir.

— Calmes-toi Quasimodo. Et pourquoi ?

— Pourquoi je suis le plus beau ? Eh bien...

Il était sur le point de se vanter quand elle l'en empêcha :

— Mais non, imbécile. Pourquoi pas sur moi ?

Un silence s'installa pendant lequel il la fixait de ses grands yeux bleus aux reflets noisette. Ce regard perçant et tenace comme s'il tentait d'entrer dans son esprit...Cassiopée percuta :

— C'est pour ça que tu me dévisages comme ça depuis le début ! Tu essayes de lire dans mon esprit sans succès.

— N'importe quoi. Ne te crois pas exceptionnelle, Wilson. On ne peut simplement pas définir son don. Robert se limite à la transformation d'objet, il ne peut pas prendre l'apparence d'un être humain. Selena ne peut pas aller dans des endroits qu'elle ne connaît pas et moi, je ne peux pas lire dans les pensées de tout le monde.

O'Connor se leva, son air frustré toujours collé au visage. Il commençait à transformer l'un des sièges en lit lorsqu'il s'adressa à nouveau à elle :

— Tu devrais te reposer, demain sera une dure journée.

Robert et Selena imitèrent le télépathe mais Cassiopée n'aimait pas le ton sur lequel il lui avait parlé :

— Je n'ai pas d'ordre à recevoir de ta part.

— Fais comme tu veux, je m'en fiche.

Les bras croisés, elle observa ses amis se coucher. À force d'accumuler les réponses, elle ne s'était pas rendue compte qu'elle avait aussi emmagasiné beaucoup de fatigue. Un peu de repos ne lui ferait pas de mal, cela lui permettrait de digérer les nouvelles qu'elle venait d'apprendre. Elle regarda ses compagnons qui somnolaient déjà et s'installa à côté de Robert.

Au bout d'un certain temps qu'elle n'aurait pu définir, elle se retourna dans son lit pour la énième fois avant de capituler : le sommeil avait disparu. Elle sursauta lorsqu'elle reconnut la voix enfantine de Robert :

— On n'arrive pas à dormir ?

— Pas vraiment, avoua Cassiopée.

— C'est normal, tu viens de découvrir que l'on t'a menti toute ta vie.

— Merci Robert. C'est gentil de me le faire remarquer...

N'ayant sûrement pas saisi l'ironie de son amie, il sourit et se contenta d'un « de rien ».

— Robert, tu veux bien m'en dire plus sur ce monde et sur les...

— Nilées ?

Les quatre adolescents n'avaient pas pris la peine de baisser les volets de l'avion, alors la lumière nocturne suffisait à éclairer le visage de son ami, en pleine réflexion.

— Comme te l'a expliqué Alex, les nilées sont des gens sur Terre ayant des capacités en plus. En règle générale, notre identité n'est pas connue des terrestres car nous sommes différents et...

— ...ce qui est différent effraie l'homme, compléta Cassiopée.

Le brun parut surpris.

— Ma mère me répétait souvent ça, élucida-t-elle.

Un petit silence commençait à s'installer entre les deux avant que Cassiopée ne lui pose une autre question :

— Et donc, pourquoi votre école est en Australie ?

— En fait, il y en a une par continent mais les meilleures sont celle de l'Afrique, Haile et celle du Pacifique, Senner. Il y a comme une concurrence entre les deux. Après tout n'est qu'une question de circonstances.

Sa manière de parler, les mots qu'il employait s'accordait avec son âge mais contrastait avec son air de petit garçon.

— Sel' est Australienne, c'était donc en toute logique qu'elle y aille. Ses deux parents sont des terrestres et apparemment elle aurait hérité sa modification génétique d'une grand-mère. Alex a un père tout aussi influent que le tien et il paraît qu'il a fait des pieds et des mains pour qu'il aille dans l'école que dirige Valentin.

Comme s'il avait compris son interrogation, Robert approfondit ses explications :

— Sir Valentin Coden est notre directeur, c'est un chouette gars.

A sa remarque Cassiopée ne put s'empêcher de glousser, il parlait d'une figure d'autorité comme s'il s'agissait d'un de ses amis, et il n'y avait que Robert pour faire ça.

— Mais ces écoles...elles sont normales ? Je veux dire si vous vous cachez aux yeux de tous, est-ce que vous cachez aussi vos infrastructures ?

— Oui, par un charme d'illusion, c'est souvent dans les coins reclus du monde. Par exemple, en Australie, l'école Senner se trouve en plein désert, on a peu de risque d'être détecté, comme toutes les écoles. Et de surcroît, les nilées mineurs scolarisés sont très protégés. Comme personne ne sait où se trouve exactement les écoles, il y a des gens comme Joe qui sont accrédités pour nous y emmener.

Cela faisait beaucoup d'informations mais Cassiopée était friande de ces découvertes.

— Tu m'as dit que l'école servait à maîtriser vos dons.

Robert hocha de la tête avant de la laisser poursuivre :

— Et donc vous ne passez vos journées qu'à faire mumuse avec vos facultés ?

— Si seulement, plaisanta-t-il. On suit un cursus scolaire mixte. Le matin est consacré aux cours terrestres, selon le schéma d'un lycée international et l'après-midi est consacré à nos cours et entraînements niléens. C'est assez dense sans qu'il n'y paraisse.

Comme si cela allait l'aider à emmagasiner toutes ces nouvelles données, Cassiopée se rassit sur son lit. Patient, son ami lui laissa le temps d'analyser le tout pour préparer sa prochaine question, qu'elle demanda tout simplement :

— Et toi ? Tu m'as dit pourquoi Sel' et O'Connor étaient scolarisés à Senner mais pas toi.

Les yeux de son interlocuteur s'assombrirent et au bout de quelques secondes il se ressaisit :

— Mon père terrestre m'a annoncé ma vraie nature que j'avais héritée de ma mère. Comme elle avait été dans cette école, il a tenu à ce que j'y aille aussi...

Il avait dit cela avec une pointe de tristesse et de fierté. Cassiopée commença alors à sentir un malaise entre les deux :

— Dis-moi Robert, ta mère...

Comme s'il avait compris, il fut franc :

— Elle est morte.

Il l'avait dit avec une telle rapidité qu'elle pensait avoir mal entendu.

— Elle a été tuée par ce dégénéré de Warwick, balança-t-il sur un ton hargneux.

— Mais qu'est-ce qu'il recherche exactement ?

Les yeux de Robert s'étaient figés, comme cherchant dans les moindres recoins de son cerveau la réponse adéquate.

— Je ne peux t'en dire plus. Il faudra attendre qu'on arrive à l'école. Bonne nuit !

Ce dernier lui tourna le dos pour mettre fin à leur discussion.

— Robert ? Explique-moi. Robert !

Comprenant qu'elle n'obtiendrait pas plus d'explication, elle s'enfonça dans son lit. D'abord, elle avait été bouleversée et choquée par les évènements et révélations de la soirée, mais comme à son habitude, tout ceci n'avait été que passager. Rapidement la curiosité avait pris place, et tout ce qu'elle savait, c'est qu'elle était recherchée et protégée dans un monde auquel elle avait cessé de croire : celui des gens aux pouvoirs surnaturels.


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Statut : réécrit - en attente de correction

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