Chapitre 6
Robert avait capté l'attention de tout le monde et semblait avoir apaisé les tensions. O'Connor et Selena échangèrent un bref regard avant de prendre place en face de Robert et elle. Tous les trois avaient un air grave, légèrement différent. O'Connor cachait mal son énervement, Selena paraissait plus inquiète et Robert se voulait rassurant mais tous revêtissaient ce voile de responsabilités qui ne lui présageait rien de bon. Rien n'avait de sens pour l'instant alors Cassiopée brûlait d'impatience qu'on lui explique, parce que pour l'instant, elle avait peur d'apprendre qu'elle puisse faire l'objet d'un...
— Oh mon dieu. C'est un enlèvement organisé, c'est ça ? s'écria-t-elle. Vous voulez faire du chantage à ma mère et –
O'Connor reprit l'air qu'elle lui avait toujours connu depuis qu'ils se connaissaient :
— Mais t'es encore plus idiote que je le pensais, c'est pas vrai ! Franchement, qui voudrait de toi en otage ? Tu n'es pas bonne à marchander.
— Alex, explique-lui au lieu de faire des siennes, le calma Selena.
Cassiopée posa son regard sur Robert qui gloussait.
— Bon, tu m'écoutes Wilson ? Je...
Il s'interrompit ne sachant visiblement pas par où commencer. En même temps, comment expliquer toutes les choses irréalistes qui venaient de se passer ?
— Il existe sur Terre des gens qui sont différents, se reprit-il. Ils ont des capacités que d'autres n'ont pas.
— Oui comme tout le monde, stipula Cassiopée. On ne peut pas avoir des compétences dans tous les domaines.
— Mais non, pas dans ce sens-là, sombre idiote.
Il semblait agacé par sa compère et laissa Selena reprendre les explications :
— On parle ici de capacités extra-ordinaires. Ceux dépourvus de ce genre d'aptitudes appellent cela de la magie ou des pouvoirs, comme tu veux, mais ce sont des compétences innées chez certains.
— Et tu connais certaines de ces personnes, compléta Robert.
En se tournant vers lui, Cassiopée fut frappée de stupéfaction ce qui provoqua immédiatement un fou rire chez elle. Comprenant que ses amis restaient indifférents face à sa réaction, elle leur demanda :
— Vous voulez dire que toutes les histoires que mon père me racontait sont vraies ? Que des gens ont des pouvoirs et que vous aussi ?
Son père lui avait maintes fois raconté une version différente de l'Histoire du monde, celle où des personnes aux pouvoirs surnaturels s'étaient cachées parmi la foule. Pendant longtemps elle y avait cru jusqu'à ce que son côté cartésien ne reprenne le dessus. Au fond, elle avait toujours voulu y croire. Combien de fois s'était-elle imaginée capable de déplacer un objet rien que par la pensée ? Combien de fois avait-elle observé un feu en se demandant si elle pouvait être capable de le maîtriser ?
C'était bizarre d'accepter que ces légendes soient réelles. D'un côté, elle était ravie d'apprendre qu'un monde différent et exaltant existait mais d'un autre, la frustration se faisait sentir : pourquoi le lui en avait-on parlé comme s'il ne s'agissait que de futiles balivernes créées à l'attention des rêveurs. O'Connor rompit le fil de sa pensée :
— Et comment tu expliques l'apparition soudaine de Sel ? Les transformations de Robert ?
Comme si son cerveau s'était illuminé, la jeune fille se tourna vers son ami à la masse capillaire bouclée :
— Alors tu es...
— Métamorphe, compléta-t-il fièrement. Pour vous servir gente demoiselle. J'espère que je n'étais pas trop lourd.
C'est pour ça ! C'est pour ça que sa robe pesait des tonnes. Elle portait Robert. En tant que jeune homme il est vrai qu'il était plutôt maigrichon mais de là à le porter comme jupe toute une soirée...c'était plutôt inattendu. Cela expliquait également les comportements étranges de Monique et O'Connor dans l'atelier de couture. Tout prenait un autre sens : le passage obligé pour mettre sa jupe par exemple. Il fallait une certaine technique pour porter Robert transformé. Et c'était bien lui qu'elle avait entendu. Il avait parlé de Selena et...elle repensa à la plume arrachée par O'Connor, ce qui la fit rire.
— Pourquoi tu jacasses comme une bécasse, Wilson ?
— Alex, le sermonna Selena.
— Mais pourquoi une jupe ? questionna Cassiopée tout en ignorant O'Connor.
— A la base, commença Robert, je devais faire toute la robe, mais bon...c'était un peu gênant d'être près de toi de cette façon.
— Il fallait quelque chose qui te couvre, intervint Selena. Si l'on t'attaquait, tu devais avoir comme...un gilet pare-balles entier. Le haut de ta robe en est un, mais pour le bas cela aurait été contraignant, tu n'aurais pas pu bouger, alors on n'avait pas d'autres solutions que Robert.
Abasourdie par cette explication, Cassiopée poursuivit :
— Mais c'est horrible. Ca ne dérange que moi d'avoir un bouclier humain, avec un cœur qui bat et qui aurait pu mourir ?
Les trois se concertèrent et d'un haussement d'épaules montrèrent leur indifférence.
— Ce qu'il faut savoir, le rassura Robert, c'est que tu valais la peine qu'on meurt pour toi.
Tandis qu'elle rigolait face aux propos bien trop chevaleresques de son ami, O'Connor le fit aussi savoir à sa façon :
— Tu en fais un peu trop là, Robert.
— Alors expliquez-moi, qui étaient ces personnes et pourquoi mon père m'a dit qu'ils venaient pour moi ?
A nouveau, ils se regardèrent, quelque peu perplexes, avant que le seul blond de la troupe ne se résigne à lui expliquer :
— Il s'agit d'une organisation qui recherche des gens comme toi.
— Comment ça ?
Une fois de plus, ils se consultèrent de façon indécise.
— C'est compliqué à expliquer, débuta O'Connor. Je ne suis pas sûr que nous soyons en mesure de t'en parler de façon claire, tout ce que l'on peut te dire c'est que nous devions assurer ta sécurité cette semaine. Et c'est aussi pour ça que ton père voulait que tu partes en safari : c'est pour ne pas que l'on te retrouve.
Cassiopée voyait de plus en plus clair. Tout devenait évident au fur et à mesure qu'elle recevait les explications.
— Malheureusement, poursuivit-il, Warwick et sa bande, ceux aux mauvaises intentions, t'ont retrouvée tout à l'heure. Nous savions qu'ils t'avaient repéré mais nous pensions qu'ils attaqueraient plus tard. Selena surveillait l'entrée de l'hôtel au moindre mouvement suspicieux quant à Robert et moi, nous étions ta garde rapprochée. Et la suite, tu la connais...
— Mais pourquoi mon père n'est pas venu avec nous ?
— Ton père est un éminent Nilée reconnu dans le monde pour ses travaux sur la génétique. S'il n'est pas venu, c'est pour semer Warwick, les emmener vers une autre piste et te protéger.
Cassiopée était impressionnée par ce que O'Connor lui disait. Elle ne pouvait qu'être fière de savoir que son père était connu pour ce qu'il faisait mais aussi par le fait qu'il accepte de se sacrifier en quelque sorte, pour elle. Puis elle percuta :
— Un éminent quoi ?
— Nilée, répéta Selena. C'est comme ça qu'on appelle les gens aux « pouvoirs ». Entre nous, nous parlons plutôt de don ou de faculté que de pouvoirs ceci dit.
— Et tu en es une, Cassie, s'enthousiasma Robert.
Son corps se bloqua quelques secondes, tout comme ses neurones l'empêchant un instant de faire des connexions logiques.
— Quoi ?
— Ben quoi, pestiféra O'Connor. Tu crois que Warwick, ton père et nous, faisions des pieds et des mains pour quelqu'un d'anodin, sans faculté ? Mais réfléchis un peu !
Lorsqu'il roula des yeux, Cassiopée eut envie de rire. Effectivement, cela semblait normal qu'elle fasse partie des...Nilées, son père l'avait bercée de ses histoires, ses amis en étaient, sûrement ses parents aussi. Mais sur le coup, elle avait été surprise par la franchise de Robert. Ne sachant quoi dire ou comment réagir face à cette révélation, autre chose lui vint en tête :
— T'es vraiment gonflé, O'Connor, tança Cassiopée. Dois-je te rappeler, que tu te moquais de moi quand je parlais de Louis XIV et-
— J'ai réagi comme n'importe quel terrestre l'aurait fait, la coupa-t-il.
Elle souffla d'exaspération face à l'indifférence de son interlocuteur, puis elle se souvint :
— Terrestre...c'est de ça dont parlait ton père ! Il avait mentionné ces « vauriens de terrestres », il parlait de personnes... dénués de pouvoirs, élucida-t-elle.
Rien qu'à son regard, Cassiopée pouvait comprendre que c'était sa façon de lui répondre, de lui dire ironiquement : « Bravo, bien deviné ». Mais elle passa rapidement à autre chose tellement les questions se bousculaient dans son esprit :
— Et d'ailleurs on va où ?
— En Australie ! s'exclama Robert.
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Statut : réécrit - en attente de correction
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