Chapitre 42
Tous se retournèrent vers elle, interrogateurs :
- Adrastée, énonca-t-elle tout simplement.
Pendant que les autres approuvèrent l'idée de Selena, Cassiopée demanda :
- Et qui est Adrastée ?
- C'est une ancienne élève qui m'a aidé pendant mes entraînements. Elle est capable de localiser n'importe quel nilée. Quand je me téléportais mal, elle savait où me trouver.
Cassiopée était toujours autant émerveillée face à la découverte d'un nilée et Selena avait raison : demander à Adrastée de retrouver le 4e nilée pourrait résoudre le problème.
- Et elle est où Adrastée ? posa Robert.
- C'est là le problème, déplora Selena, elle était obsédée par le Mu immergé, l'Atlantide, et la dernière fois qu'elle m'a écrite, c'était pour me dire qu'elle l'avait trouvé et qu'elle en était comblée. J'ai considéré ça comme une ineptie et je ne lui ai jamais répondu.
- Tu veux dire, reformula Alex, que celle à qui personne ne peut échapper se trouve sur le continent qui échappe à tout le monde ?
- En quelque sorte.
- L'Atlantide n'échappe pas à tout le monde, affirma Cassiopée.
Tous se retournèrent vers elle, un peu amusés par ses propos.
- Dans le livre « Mythologie niléenne », lorsque le mythe des Wagens des éléments est expliqué le livre cite certains experts qui auraient réussi à y accéder. Ils parlent de passages via le lac Lalo Lalo à Wallis-et-Futuna et les vagues de Teahuppoo en Polynésie française.
- Et tu veux qu'on suive des théories écrites par des dingos et citées dans un bouquin sur la mythologie, où rien n'existe avec certitude ? railla Alex
- Nous, on existe bien O'Connor, contrecarra Cassiopée, alors pourquoi pas ces portes d'entrée ?
- Elle n'a pas tort, renforça Taylor.
- Alors soit-on va à Wallis-et-Futuna, soit on va à Tahiti c'est ça ? Pour retrouver le continent que personne n'a réussi à prouver avec certitude qu'il existait. Pour y rencontrer hypothétiquement Adrastée, qui saura normalement retrouver le 4e nilée prophétique ? demanda Robert avec un sourire
- C'est ça, confirma Selena.
- Vous êtes surs qu'elle peut trouver ce 4e ? répéta Cassiopée
- Crois-moi Cassie, si Adra a su me trouver, elle saura trouver le 4e. la rassura Selena
- Et comment on s'y rend ? questionna Taylor
- Moi, je ne peux pas nous y téléporter, je n'y suis jamais allée.
- J'ai peut-être une idée toute bête : on s'y rend en avion ! s'exclama Alex. Je peux demander à mon père de nous y emmener avec l'un de ses avions.
- Certainement pas, rétorqua rapidement Cassiopée. L'E.G.N nous a trouvés, ils sont à notre recherche. Le mieux pour nous c'est de ne pas se faire remarquer. Nos parents comprendront qu'il est mieux pour nous de se cacher.
- Oui, soutint Selena. Quant à moi j'écrirai une note pour mes parents. Et toi Robert, tu peux appeler ton père depuis chez moi. Il suffira juste de passer par les services d'annuaires pour éviter d'être tracé tout de suite.
- Alors si l'avion personnel est exclu, pourquoi pas réserver des vols normaux ? Je vais retirer suffisamment d'argent pour nous et ensuite nous pourrons disparaître, proposa Alex.
Tout le monde fut d'accord avec cette idée. Il fut également décidé que cette journée serait la dernière où chacun pouvait potentiellement être tracé. Il valait mieux pour eux de disparaître pour ne pas être repéré par l'E.G.N. C'est ainsi que Taylor et Alex se rendirent à une banque pour retirer le maximum d'argent possible et allèrent dans une agence de voyage pour booker des vols jusqu'à Wallis-et-Futuna. Le passage par les vagues de Teahupoo avait été jugé trop dangereux et trop touristique. Pendant ce temps, Robert avait appelé son père, Selena avait laissé un mot à ses parents avant de s'atteler à préparer des sacs de voyage avec Cassiopée. Ils y réunirent le strict minimum pour tenir un voyage d'une durée indéterminée puisqu'une fois qu'ils auraient localisé le 4e, il faudrait partir à sa rencontre et faire en sorte que la prophétie ne se réalise pas en combattant l'E.G.N.
Lorsque les garçons rentrèrent, ils avaient fait un détour par une librairie pour acheter un guide sur les fameuses îles. Par chance, ils avaient eu un vol le soir jusqu'à Nouméa en Nouvelle-Calédonie puis une correspondance jusqu'à Mata Utu, la capitale de Wallis. Le groupe resta aussi longtemps qu'ils le purent dans la maison de Selena pour profiter du confort.
Une fois à l'aéroport, dans la salle d'embarquement, ils en profitèrent pour se renseigner sur l'île. Ou du moins les îles : Wallis et l'autre Futuna. Lors de cette découverte, Cassiopée eut le droit à une remarque cinglante d'Alex comme quoi le nom des deux était évident.
Le premier vol fut plus court que leur escale, mais ils sentirent de suite la différente avec l'Australie. Le climat était plus humide en Nouvelle-Calédonie, l'air sentait la chaleur d'été et les gens étaient plus accueillants.
- Juste une question, demanda Selena, vous savez comment on fera une fois sur place ?
- Sel', souffla Alex, c'est toi l'intello du groupe, je pensais que tu avais anticipé ?
- Je n'ai pas solution à tout !
- On avisera sur place, glissa Robert avant que cela ne dégénère.
Tout le monde était stressé par ce qu'ils avaient vécu et ce qui les attendait.
Ils attendirent longtemps à leur escale à Nouméa en Nouvelle-Calédonie. Pour faire passer le temps, Alex et Cassiopée s'amusèrent à découvrir les pensées des voyageurs :
- La fille là-bas, en jaune, montra Cassiopée.
- Elle stresse parce qu'elle a un peu trop bu la veille et qu'elle a peur de vomir dans l'avion. Mais elle ne veut pas vomir dans les toilettes de l'aéroport.
Cassiopée rigola.
- Ah, poursuivit Alex, elle a peur que l'avion s'écrase et qu'elle finisse noyée.
- Ma parole ! Mais elle va finir par mourir de stress si ça continue.
Ils se sourirent l'un à l'autre. Elle était quand même bien contente qu'il puisse lire dans les pensées des autres, cela les occupait.
- Le gars en face avec la valisette grise, pointa Cassiopée.
- Il ...
Alex pinça les lèvres comme s'il se retenait de rire.
- Il te trouve jolie. Et celui-là au bar aussi.
Cassiopée esquissa un sourire.
- Ne commence pas à te prendre pour Miss Monde, Wilson, ce sont justes deux inconnus.
- Figures toi O'Connor, que je rigole, car je pensais être la seule à regarder les voyageurs passer et dire si je les trouvais beau ou non.
Alex ignora son commentaire et se mordit la lèvre pour se retenir de rire à nouveau.
- Quoi encore ? s'offusqua Cassiopée
- Le gars en face se demande comment t'aborder.
- N'importe quoi !
Si c'était pour l'embêter ainsi, Cassiopée ne voulait plus jouer.
- Tu peux aller le voir. Pour une fois qu'un mec s'intéresse à toi.
- Non merci, je suis très bien là où je suis.
- Tu veux dire que tu es très bien là, avec moi ?
Elle croisa les bras et le toisa d'un regard froid. Fidèle à son côté moqueur, il plaça un bras autour de ses épaules :
- Qu'est-ce que tu fais O'Connor ?
- Je lui montre que tu es en charmante compagnie.
Elle aurait voulu tout faire pour lui casser les dents et ainsi l'empêcher de sourire comme il le faisait actuellement, mais n'en fit rien et le laissa faire. Quand ils étaient en contact, elle avait l'impression d'être une accro qui goûtait à nouveau à sa drogue préférée. Soudainement, son attitude changea et il retira son bras.
- Pourquoi tu l'as enlevé ?
- Je sais à quel point tu m'adores, mais j'ai d'autres plans. La brune en bleu, tu vois ? Elle a des vues sur moi, donc je ne vais pas lui laisser penser qu'il y a quelque chose entre nous.
Elle n'en revenait pas. O'Connor considérait l'aéroport comme une plateforme de rencontres. Pendant qu'elle hallucinait devant son comportement, elle remarqua qu'il était à la limite de faire une parade amoureuse avec la brune qui le lorgnait du regard. Étant donné qu'il était capable de voir dans son esprit, ce devait être plus facile pour lui. Sauf que ce qu'il n'avait pas prévu, c'était Cassiopée. Elle aussi voulait l'embêter alors sans qu'il s'y attende, elle s'assit sur ses genoux et plaça ses bras autour de son cou.
- Tu fous quoi là Wilson ?
Un sourire carnassier se dessina sur son visage alors qu'elle passait la main dans les cheveux de son acolyte.
- Je lui montre que tu es en charmante compagnie.
Avant qu'il ne puisse répondre, elle prit son visage de ses mains, couvrant la bouche d'Alex de ses deux pouces qu'elle embrassa. Du point de vue de la brunette qui tournait autour d'Alex, le baiser paraissait réel. Cassiopée avait réussi son effet de surprise. Quand elle croisa les iris bleus-marrons de son wagen, ceux-ci étaient ébahis et tout son corps s'était paralysé. Lorsqu'elle se retourna vers la cible d'Alex, celle-ci semblait offusquée et ne daigna plus les regarder. Pour fêter sa victoire, elle rit aux éclats et regagna sa place.
- Tu l'avais cherché O'Connor.
Ce dernier se tut jusqu'à l'embarquement, et Cassiopée considéra qu'il était offusqué. Mais elle n'en avait que faire, trop contente de ce qu'elle avait fait.
Leur second avion était le plus petit qu'elle ait jamais pris et lorsque celui-ci amorça sa descente vers l'aéroport de Mata Utu à Wallis, Cassiopée retrouva les mêmes sensations que le soir où elle fit la rencontre d'Alex. Son cœur se mit à palpiter, elle ne savait pas à quoi s'attendre ni ce qu'ils devaient faire. Tous les cinq s'étaient engagés dans une sorte de quête sans queue ni tête, mais il fallait au moins qu'ils essayent. Par la fenêtre, elle apercevait un océan bleu clair et quelques parcelles de terre verdoyantes. Le lagon qui entourait les îlots apparaissait comme une forteresse. Le mythe du continent Mu et son naufrage lui revinrent en tête, et cela, accéléra son rythme cardiaque. C'était presque irréel ce qu'elle était en train de vivre. Une main se posa sur la sienne et elle se sentit envahie d'un voile de chaleur. Maintenant elle avait presque envie de dormir, alors elle ferma les yeux, ce qui ne l'empêcha pas de l'entendre :
- Ne stresse pas Berluette.
De toute façon le stress s'était évaporé à l'instant où sa peau entra en contact avec la sienne. Elle ne vit donc pas l'atterissage mais elle le sentit sans que son cœur ne fasse de bond, grâce au blondinet qui lui tenait toujours la main. Lorsqu'elle sortit de l'avion, elle fut dépaysée. Cela ne ressemblait pas vraiment à un aéroport. C'était tout petit. Sans la piste d'avion, Cassiopée aurait pu croire à une villa de vacances en bois. Seul l'écriteau « Aéroport de Wallis Hihifo » lui confirmait qu'elle était au bon endroit. Elle fut envahie par la chaleur humide et l'odeur de fleurs qui planaient dans l'air.
Un peu désorientés, les cinq étudiants récupèrent leurs sacs de voyage. En voyant l'intérieur, Cassiopée se fit la remarque que l'aéroport était plus petit qu'un étage à Senner et moins développé que tout aéroport qui lui fut permis de voir. Rapidement, ils se retrouvèrent à la sortie de l'aéroport. Ce qu'ils virent les fascinèrent : des familles entières vêtues de vêtements amples et colorés accueillaient leurs proches avec des colliers de fleurs aussi multicolores que leurs vêtements. À chaque mouvement des habitants, un effluve de fleurs différentes leur parvenait. Mais ce qui les choqua plus fut autre chose :
- Je le dis sans méchanceté et ironie, entama Alex, mais c'est fou comme ces gens vous ressemble, Tay et Cassiopée...
En effet les locaux avaient cette même couleur caramel qu'eux et des traits de visages similaires aux leurs : un nez rond et légèrement retroussés, des yeux en amande, des joues et un visage rond. Les femmes arboraient toutes une fleur sur une oreille, donnant une touche de couleur dans leurs longs cheveux noirs.
- C'est... tenta Cassiopée.
- Perturbant, compléta Taylor.
- Vous n'avez pas des origines d'ici ? s'intéressa Selena
Les jumeaux se concertèrent d'un regard avant que Taylor ne confirme ce qu'ils pensaient :
- Pas qu'on sache...
- Incroyable quand même ! observa Robert
- Bon, il faut qu'on trouve un moyen de se rendre au Lac Lalo Lalo. Je pensais qu'il y aurait une agence de location de voitures, mais on dirait que non, réalisa Taylor.
Chacun regarda aux alentours, à la recherche d'un taxi, d'un arrêt de bus ou d'une solution.
- Malo le Ma'uli, chanta une voix, vous avez l'air perdu. Je peux vous aider ?
En se retournant vers la voix, Cassiopée eut l'impression de faire face à quelqu'un de sa famille. Il était bien bâti, un débardeur laissant entrevoir ses bras couverts de tatouages maori et un sourire chaleureux sur son visage. Face au silence des jeunes arrivants, l'homme poursuivit :
- Ce n'est pas tous les jours qu'on voit débarquer des papa lagnis, des touristes quoi, c'est la première fois au fenua ?
- Au quoi ? demanda Cassiopée
- Au fenua, le pays. Ici.
Son accent était plaisant à entendre, comme une mélodie qu'on chantait dans laquelle transparaissait la bienveillance que portait son regard.
- Ah, oui, sourit Taylor. On vient visiter pour la première fois Wallis-et-Futuna, en particulier le Lac Lalo Lalo.
- Ayawé, si c'est la première fois, venez. Vous avez un endroit où dormir ? Une caisse pour vous déplacer ?
- A vrai dire, confessa Alex, nous n'y avions pas pensé. On a un peu débarqué... à l'improviste.
- Alors venez, ici, on ne laisse pas les papa lagni perdus.
Les cinq se regardèrent. Devaient-ils suivre un inconnu ? Et s'il était membre de l'E.G.N. ? L'homme en face d'eux dut comprendre leur hésitation :
- N'ayez pas peur, c'est comme ça ici. Si ce n'est pas moi qui vous propose, ce sera un autre. Et puis si vous ne savez pas où aller, autant venir avec moi.
L'aura gentille de l'homme suffisait à les convaincre pour les suivre. Certes, ils avaient un peu d'appréhension, mais s'ils doutaient constamment, ils n'arriveraient pas à destination. Et puis qui de mieux qu'un local pour les guider jusqu'au lac ?
C'est ainsi qu'ils suivirent l'homme bien plus costaud qu'eux tous réunis.
- Au fait moi c'est Penicio.
Les jeunes se présentèrent à tour de rôle.
- O'i, je ne sais pas si je vais tout retenir.
Son rire était aussi chantant que sa voix. Ils montèrent tous dans son grand 4x4, Robert et Cassiopée devant. Quand Penicio se plaça à son siège, elle remarqua qu'il avait retiré ses claquettes pour conduire. Penicio remarquant son regard lui expliqua :
- Ne t'en fais pas, nous sommes plus à l'aise sans chaussures.
Elle lui rendit son sourire et ils se mirent en route.
- Vous avez de la chance, ce soir il y a une fête patronale, vous allez voir nos cérémonies ! Vous dormez à la case et demain je vous amènerai au Lac, ça vous va ? Bien alors qu'est-ce qui vous amène ici ?
Pendant que tous échangèrent, Cassiopée prit le temps d'admirer le paysage. L'île était plate ce qui aurait dû éviter bon nombre de virages et de montées. Mais comme peu de routes étaient goudronnées, les chemins en terre étaient parsemées de nid de poules ce qui faisaient que la voiture bougeait pas mal. Les couleurs étaient sublimes : un parfait équilibre entre le vert clair des arbres et en arrière-plan le bleu turquoise de la mer. De temps à autre, on pouvait y voir des arbres fleuries, tachés de blancs, jaunes ou rouge. Les maisons alternaient en terme d'architecture : il y avait autant de maisons construites en bétons sans être achevées puisqu'elles n'étaient pas forcément peintes, et des cases en bois plus épurées et aérées.
C'est dans l'une d'elles qu'ils arrivèrent. Plusieurs personnes aux traits familiers s'y trouvaient. Tous semblaient s'apprêter pour un événement. Une femme forte s'approcha d'eux. Elle avait tressé ses cheveux, mais portait toujours une fleur sur son oreille gauche. Elle les accueillit avec un sourire :
- Malo le Ma'uli, bienvenue.
- Voici ma femme, Telesia, présenta Penicio. Tele, j'ai trouvé ces papa lagni à l'aéroport, ils veulent se rendre au Lalo Lalo, je les y emmènerai demain.
- Mais bien sûr !
Ses yeux bienveillants et son visage doux rassurèrent le groupe.
- Vous dormez chez nous n'est-ce pas ? O'Fao'a! pas de questions, je vais vous préparer un lieu où dormir.
Un dernier sourire à leur égard et la femme partit. Penicio les dirigea vers une femme plus âgée, d'après les quelques fils blancs qui parsemaient ses longs cheveux :
- Malia est ma belle-mère.
À nouveau, ils se présentèrent à la femme.
- Je vous laisse quelques minutes, le temps d'enfiler quelque chose de plus présentable, annonça Penicio.
À peine son gendre partit, que Malia déclara :
- Vous venez pour le Lac n'est-ce pas ?
- Oui, sourit Robert.
- Plongez-y la tête la première, suggéra la vieille femme.
- Quoi ?
- Vous m'avez bien entendu. La tête la première pour rejoindre Mu.
- Vous êtes une... soupconna Taylor.
- Une nilée oui et je sais qui vous êtes.
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Et voici nos chers personnages qui voyagent! A
Je vous parlerai de Wallis-et-Futuna lundi avec un chapitre dédié dans "Nilées : mes inspirations", car il y a beaucoup à dire. Mais sachez que les mots "inconnus" que vous voyez dans ce chapitre seront traduits lundi, même s'ils n'ont pas de réelle importance.
A lundi!
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