Chapitre 37


Cassiopée commença à se concentrer sans trop savoir sur quoi. Elle plissa des yeux comme si cela allait faire apparaître les fameux fils, mais rien. Elle fit le vide dans son esprit, tentant de se calmer, mais rien ne se produisit. Au bout d'un certain temps sans tentative réussie, elle souffla de frustration. Les deux fois où elle avait fait apparaître des illusions, elle avait été en colère. Mais ici, il n'y avait pas de quoi la rendre colérique. Elle pesta contre elle-même. Pendant ce temps, en face d'elle, Athéna ne bougeait pas d'un poil, tout comme Ludmille et O'Connor à ses côtés. 

Il fallait qu'elle provoque cette colère elle-même, alors Cassiopée ferma les yeux et repensa à ce que son frère avait subit pour elle. Il ne fallut pas deux secondes pour que la rage chatouille son corps et lorsqu'elle rouvrit les yeux, de petits filaments flottaient autour d'Athéna et de Ludmille.

- C'est bon je les vois, signala Cassiopée.

- Bien, Valentin m'a parlé de couleurs, c'est ça ? voulut confirmer Athéna.

Cassiopée enchaîna :

- Il y en a un rouge, un noir, un blanc, un beige et un gris.

- Ludmille ? demanda Athéna

Cette dernière fixa la professeure qui lui faisait face. Cassiopée l'observa tiquer plusieurs fois de la tête, ça devait être sa manière de sonder. Au bout d'un certain temps elle lista :

- Vous avez peur de vieillir, de la douleur...

Elle tiqua à nouveau :

- De la maladie...non d'avoir un cancer.

Un nouveau spasme de la tête puis elle conclut :

- Enfin une peur des dentistes... et des églises.

- Très bien Cassiopée, choisis une couleur.

- Le rouge, décida-t-elle.

Sans attendre de réponse, elle tira mentalement dessus avec la colère qui coulait dans ses veines. La seconde d'après un rond gris et rouge se développa au niveau du cou d'Athéna. La tâche cendre et sang se propagea sur tout le corps du professeur. Elle semblait souffrir, suffoquer et posa un genou à terre. Cassiopée trouva cela presque beau et artistique de voir ce "liquide" se diffuser comme une goutte d'encre déposée sur un tissu. Elle ne voyait pas le corps cancéreux de l'invincible, juste la beauté du mal prenant possession de la femme.

Une main se posa sur son épaule et elle se sentit envahie de dégoût par elle-même et par le corps malade d'Athéna. Le cancer qui s'était répandu disparut et laissa place à une femme forte qui se releva immédiatement.

- Tu as simplement « tiré » sur le fil, tu n'as rien fait d'autre ? demanda la professeure.

- Non juste tiré sur le fil rouge.

- Où est passé ce fil après ? 

Elle réfléchit un instant :

- Je ne sais pas.

- Bien, conclut Athéna. Ludmille, tu devrais peut-être lui expliquer comment le tien fonctionne.

La fille aux yeux toujours étonnés se tourna vers Cassiopée :

- Là où toi tu vois des fils moi je vois comme des billes qui tournent autour de la personne. Il faut que je les ouvre mentalement mais doucement pour comprendre la peur qu'elle renferme. Une fois cette bille ouverte, je décrypte des symboles qui correspondent à des peurs. Il m'a fallu du temps et de l'entraînement pour décrypter les peurs. Peut-être que ce sera la même chose avec toi.

Cassiopée hocha de la tête, sur le point de répondre, mais fut interrompue par Athéna :

- Recommence, sur le rouge. Prends ton temps.

Cassiopée inspira et tenta simplement d'attraper la ficelle en évitant de tirer dessus. Sans succès. La tache cancéreuse se propagea à nouveau instantanément. Elle recommença plusieurs fois et chaque essai n'était qu'un échec. Énervée, Cassiopée arracha avec rage une autre cordelette, la noir. Un cri déchira l'air et elle vit le visage crispé de douleur de sa professeure.

- La peur de la douleur, énonça Ludmille.

- Cassie...articula Athena...cherche le même fil... et tire ...encore dessus.

La professeure se tenait les entrailles, les genoux tremblant et se mordant la lèvre pour empêcher d'hurler. Cassiopée chercha dans tous les recoins de la pièce cette cordelette noire mais elle avait disparu. 

- Ferme les yeux, lui conseilla Alex, c'est comme ça que je visionne les différentes voix.

Elle s'exécuta, et elle y perçut un voile noir qui flottait autour de l'image de sa professeure dans sa tête. Lorsqu'elle les rouvrit, elle apercevait simplement celle qu'on surnommait l'invincible se tortionnant de douleur. Alors elle referma les yeux et imagina ce voile embrassant la femme à la peau d'ébène. Quand elle ouvrit les yeux, le drap noir s'était matérialisé et emprisonnait le corps à terre qui lui faisait face. Elle se demanda ce qui se passerait si le tissu se serrait et elle eut sa réponse. Des cris effroyables sortirent du corps qui se mit à trembler. Cassiopée vit du mouvement sur sa droite mais Athéna le stoppa:

- Non Alex ! Laisse-la ! parvint-elle à dire.

Cassiopée devina qu'Alex avait tenté d'intervenir mais elle se sentait si vivante et puissante qu'elle l'ignora, préférant serrer mentalement de toutes ses forces ce voile noir qui épousait les formes de la femme qui lui était soumise. Les traits de son visage se déformaient au point de ne plus la reconnaître, ses cris commençaient à gêner Cassiopée. Elle ne trouvait pas ça désagréable à entendre, juste... trop fort. Cassiopée voulait qu'elle arrête parce que cela la dérangeait. C'était comparable à la gêne qu'on pouvait ressentir quand les oreilles sifflaient. Alors elle imagina le voile étouffer le plus naturellement du monde la femme au sol. Elle entendit un crac et le corps cessa de bouger. Elle se sentait mieux, soulagée et libérée du bruit désagréable.

La même main qu'auparavant se posa à nouveau sur son épaule. Elle se tourna sur sa droite pour voir Alex, figé et ébahi. Elle se retourna encore pour porter son regard sur le corps sans vie à terre. Elle fut parcourue d' un frisson quand elle réalisa ce qu'elle venait de faire. Comment avait-elle pu laisser faire ça ? Quand elle repensa à la raison qui l'avait poussée à...tuer Athéna : une simple question de gêne de cris de douleur, elle avait envie de vomir. Elle se dégoûtait pour avoir commis cet acte impardonnable. Elle sentit la bile remonter et des larmes couler sur son visage. Ludmille, sur sa gauche, paraissait encore plus surprise qu'au naturel. Cassiopée fit la même conclusion que celle que Ludmille devait faire : elle était un monstre.

Des craquements se firent entendre sur le sol, quelque chose d'invisible semblait courir sur le corps recroquevillé qui gisait à terre. Au bout d'un certain temps, le souffle de la vie envahit Athéna. Elle se releva comme si elle était prête au combat. Quand elle comprit où elle se trouvait, aucun ressentiment ne s'affichait dans les yeux vifs de la professeure. Elle s'exprima d'une voix calme :

- On avance, c'est bien ! Tu sais que tu es capable de tuer.

- Je ne sais pas si c'est une bonne chose... avoua Cassiopée.

- Justement Cassiopée... cela fait de toi quelqu'un de redoutable.

Elle n'était pas d'accord. Son don était plus un fléau qu'un cadeau de la génétique. Pourquoi ne pouvait-elle pas se changer en objet comme Robert ou se déplacer instantanément comme Selena ? 

- On re-essaye ! s'exclama Athéna

- Quoi ? Mais Athéna, je viens de vous tuer ! Vous ne pouv-

- On recommence, jusqu'à ce que tu arrives à contrôler ton don. Il faut que tu puisses anticiper tes illusions, savoir de quoi il en ressort et voir si tu peux les contrôler comme tu viens de le faire.

- Mais...

- Pas de "mais". On repart sur le rouge. Nous savons que c'est celui du cancer.

C'était vraiment une femme forte pour accepter de souffrir ainsi, pensa Cassiopée. Et tout ce qu'elle faisait c'était la torturer...Quelle horrible chose de l'entraîner à mieux faire souffrir.

- N'aie pas peur Cassiopée, lui chuchota Ludmille.

Bizarrement ses grands yeux verts la rassurèrent. Contrôler sa faculté. Elle essuya ses larmes et remit ses esprits en ordre. Les fils flottaient toujours autour de sa mentor. Rouge, noir, blanc, gris et beige. Se concentrer sur le rouge. C'est ce qu'elle devait faire, mais elle n'avait qu'une envie, c'était de tirer sur un autre ou de tirer sur tous en même temps, juste pour voir de quoi elle était capable. Elle se reconcentra sur le rouge. Elle tenta simplement de le toucher et elle sentit la différence. 

Le filament rouge, tel un serpent entoura ses deux mains et elle eut une image prenante en tête : un cancer qui se répand. Elle vit à quoi ressemblait un cancer à l'intérieur comme à l'extérieur. Elle eut des images de différents cancers : au cerveau, aux poumons. Elle eut même la vision d'une leucémie et étrangement elle trouvait ça attrayant. Plusieurs possibilités s'offraient à elle. La gorge, c'est ce qu'elle voulait voir. Alors sous ses yeux se produisit ce qu'elle imaginait : une boule rouge apparaissant sur la peau noire de son cobaye. La peau perça à cet endroit pour laisser apparaître une tumeur grise qui gonfla encore et encore jusqu'à forcer son sujet à pencher en arrière la tête. 

Cassiopée tenta de refréner un sourire quand elle s'imagina faire exploser cette tumeur pour y voir le sang couler. La grosseur explosa dans un bruit immonde et un liquide noir visqueux coula sur les vêtements de son sujet de divertissement. Satisfaite, elle voulut, ensuite, voir sa professeur avoir un cancer de l'estomac. En réaction, son cobaye se plia en deux jusqu'à ce que la tumeur s'extériorise et lui retire la vie dans un silence de mort. 

Une fois de plus, elle réalisa de quoi elle était capable qu'une fois ses illusions finies. Comment Athéna pouvait accepter un tel supplice ? Le monstre qu'elle est ne mérite aucun entraînement pour développer un tel pouvoir. Les vêtements de son mentor n'étaient pas tâchés lorsqu'elle rescucita.

- J'ai une question Athéna, commença Ludmille, pourquoi mourrez vous alors que ce ne sont que des illusions ?

- Il arrive que la peur soit si importante que l'on en meurt et c'est ce qui m'arrive. Je meurs littéralement de peur. Cela témoigne de la puissance de son pouvoir.

Elle parlait comme si rien d'affreux ne s'était passé. L'invincible se tourna vers la nouvelle nilée :

- Alors Cassiopée, que s'est-il passé ?

Elle tenta de passer outre son ressentiment envers elle-même et de prendre du recul sur ce qu'elle avait fait :

- Les fils se sont enroulés autour de mes bras et j'ai eu comme...des visions.

- De quoi ?

- De tumeurs, de cancers se propageant, pleins de possibilités.

- Bien, conclut Athéna. On progresse, tu commences à voir ce que chaque fil peut te proposer. On continuera jeudi. J'ai beau être increvable, j'en reste exténuée! Allez vous préparez les jeunes pour ce soir et repos pour demain.Ludmille, Alex, merci pour votre aide.

Athéna sortit, suivie de près par Ludmille qui les enlaça en les félicitant pour le travail effectué. Quand ils se retrouvèrent entre wagens, Cassiopée demanda :

- Se préparer pour quoi ?

- C'est férié demain, on célèbre le sacrifice de Mausole. Alors il y a un bal avec tous les étudiants et professeurs.

- Ah...super...

Alex revetit un sourire taquin sur son visage et de ses yeux malicieux il lui demanda :

- On n'aime pas les bals ?

- Je garde plutôt un mauvais souvenir du dernier O'connor.

Il ne dit rien et sortirent de la salle. Cassiopée était exténuée et elle eut énormément de mal à suivre les cours optionnels.

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ON A ATTEINT LES 5K VUES MES CHERS ET TENDRES LECTEURS !!!! 

Je ne vous remercierai jamais assez! Je vous aime trop ! 

Bon je ne suis pas très satisfaite de ce chapitre, il faudrait que je le retravaille donc n'hésitez pas à me dire si c'est confus, si c'est lourd en répétition ou autre :)

A jeudi!

Ariel

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