Chapitre 35




Il se concentra comme il avait l'habitude de le faire quand il regardait les étoiles avant de continuer :

- Tu sais pourquoi j'enchaîne les filles ?

Elle pouffa. Il était vraiment schizophrène ca n'était pas possible. Mais le regard d'O'connor était sérieux, ce qui fit disparaître son sourire.

- Parce que ça te plaît ? Tenta-t-elle.

Il plaça sa main dans ses cheveux, le regard perdu.

- Personne ne le sait, même pas ton frère... Je...

Il souffla, apparemment gêné de ce qu'il allait dire

- Tu vas rire...

- Certainement pas, je te le promets.

Il fallait qu'elle fasse attention à préserver le vrai Alex et non pas le personnage public qui l'enverrait bouler. Il porta sur elle un regard presque fragile. Ses yeux oscillaient entre les deux iris marron de Cassiopée puis il déclara :

- Je suis incapable de ressentir de l'amour.

Il attendit la réaction de sa camarade, mais celle-ci ne réagit pas, attendant la suite.

- Je me suis rendu compte que je n'ai jamais ressenti l'amour avec un grand A. Je suis capable de ressentir de l'affection, de la tendresse, mais pas l'amour comme tout le monde en parle. Mais je me suis dit que je n'étais pas un cas désespéré alors j'ai décidé d'enchaîner les filles pour voir si...

- Ce sentiment allait naître chez toi, termina Cassiopée

Il hocha de la tête avec ce regard prêt à casser tout son être à n'importe quel moment.

- Et toi, tu es incapable de ressentir quoique ce soit quand tu utilises ton don...

Elle ne voyait pas où il voulait en venir. Il se gratta la tête comme s'il tentait de résoudre une énigme.

- Qu'est-ce que tu en conclus Alex ?

- Que je ne m'étais pas trompé

- Arrête de tourner autour du pot veux-tu ! S'impatienta-t-elle

- Toi et moi... Nous sommes sous l'influence de ton frère qui contrôle les émotions, tout comme je suis sous ton influence, car je ne peux pas lire dans tes pensées. De la même manière, tu es sous mon influence, car tu ne peux rien me faire.

Le temps qu'elle assimile ce qu'il venait de dire, il enchaîna les explications :

- Tout à l'heure lors de ta Révélation, quand la tente était en flamme, je n'ai pas pris feu et pourtant tu me regardais. Et quand tu m'as regardé dans les yeux, tu ne l'as pas vu ni entendu, mais le feu s'est arrêté. Et là, il a suffi que tu me regardes pour que le feu disparaisse à nouveau et que je t'appelle par ton prénom pour que ta vague disparaisse. Tout comme quand je te regarde, je ne peux pas lire tes pensées.

- Tu veux dire que... le don de mon frère nous ôte certains sentiments et que nos deux facultés...S'annulent ? Tenta-t-elle, peu sûre.

Il lui donna une réponse positive, les lèvres pincées.
Elle n'était pas sûre de la conclusion...

- Quand tu t'es réveillée, tu étais bien n'est-ce pas ? Mais tu n'avais pas l'impression d'avoir oublié quelque chose ?

La surprise dut se lire sur son regard car il enchaîna :

- Et là, c'est la même chose non ? Avant que je n'arrive, tu n'étais pas bien n'est-ce pas ? Et depuis que je suis là cela s'est apaisé... Mais tu as toujours cette impression de manque hein ?

- Comment tu...

- Le seul moyen de te sentir parfaitement bien, c'est...

Sa main bougea mais il réfreina son geste peu sur. Il la regarda droit dans les yeux et sa main hésita avant de se poser sur la cheville de Cassiopée. Ce fut l'élément déclencheur, ce contact lui provoqua une attitude de bien-être, comme un premier jour de vacances d'été, comme si plus aucun poids aucune responsabilité ne reposait sur elle.

- D'être en contact avec moi. Conclut-il.

Elle ne pouvait parler, car elle venait d'atteindre un bien-aise incommensurable, mais il rompit le contact, ce qui stoppa cette sensation.

- C'est la même chose pour moi, confessa-t-il

- Ca veut dire que... toi... et moi... Hésita-t-elle.

Il rigola doucement

- Oui Cassiopée, nous sommes des wagens. Mais ton frère est en quelques sortes un wagen pour nous deux. Je ne peux pas ressentir de l'amour, mais quand je t'ai pris le visage dans les mains, je l'ai ressenti. J'ai ressenti une émotion inconnue : de l'amour.

Avant qu'elle ne fasse une conclusion hâtive il poursuivit:

- Pas pour toi ne t'inquiètes pas ! J'ai ressenti l'amour que j'avais envers ton frère et envers mes parents. Alors j'imagine que quand je t'ai touché, tu as aussi ressenti ce que tu aurais dû sentir, je me trompe ?

Elle se remémora les évènements. Il est vrai que les deux fois où elle avait « joué » avec son don elle n'avait rien ressenti, mais lorsqu'il l'avait touché, soudainement elle réalisait ce qu'elle avait fait et quelle personne horrible elle était. C'était donc ça, le mec qu'elle supportait le moins au monde était son wagen... Elle était condamnée à vivre à ses côtés pour ne pas ressentir de manque. Elle fit une autre conclusion :

- C'est pour ça que tu étais toujours avec moi sur ce divan n'est-ce pas ?

- Oui, cela me fait mal au cœur de le dire, mais... je ressentais un manque, comme un drogué, qui s'apaisait quand tu étais aux alentours.

- Je suis ta drogue alors, plaisanta Cassiopée en souriant

- Tout comme je suis la tienne Cassiopée.

Un sourire taquin apparut sur sa face de pigeon, cela lui avait manqué, bizarrement.

Elle rigola sans trop savoir pourquoi, peut-être était-ce une réaction illogique à sa Révélation, à la découverte qu'elle aussi avait un wagen, que son frère et elle était peut-être...

- Attends, Alex. Ca veut dire que nous sommes les nilées de...

- La prophétie ? J'ai bien peur que oui. Il faudrait que j'en parle avec mon père, il pourra analyser nos ADN et en savoir plus.

Un ange passa à nouveau pendant lequel ils se regardèrent dans le blanc des yeux. Puis Cassiopée éclata à nouveau de rire :

- Désolée O'connor, mais j'ai du mal à croire que ce soit toi qui soit mon opposé génétique.

- Et tu crois que ça me fait quoi Wilson ? J'aurai pu tomber sur une fille ultra belle, super agréable à vivre et je me retrouve avec un laideron insupportable et bas de plafond !

Elle le frappa pour qu'il ait mal, mais cela eut l'effet inverse, elle fut parcourue d'un frisson de sérénité total lorsque leurs peaux entrèrent en contact. Elle comprit qu'il avait ressenti la même chose, alors il tenta de changer de sujet :

- Tu ne veux pas savoir quel duo nous sommes ? Questionna-t-il pour changer de sujet.

Percutant, elle se releva prête à remonter dans sa chambre. Comme s'il avait deviné, il lui fit remarquer :

- Tu sais qu'il y a d'autres exemples de ce manuel ici...dans la bibliothèque ?

- T'es pas sensé avoir des entraînements ou des cours toi ou lieu de venir m'embêter ?

- Si, mais je suis dispensé grâce à toi, pour une fois que tu sers à quelque chose ! Et puis je pense qu'Ervelyne ne fera pas cours et que Polyatis sera avertie de...notre situation.Je pense...non je suis sûr qu'on va être convoqué dans le bureau de Sir Valentin, à cause de notre...condition.

Sans poser plus de questions, Cassiopée arpenta les allées de la bibliothèque pour trouver un autre exemplaire de « Mythologie niléenne » pour reprendre sa lecture :

« Troisième et quatrième branches : la création et l'art
Couples les plus connus : Émirats (F) Mausole (M) Artémis (F) Rhodes (M)

Émirats et Mausole avaient des facultés complémentaires. Émirats pouvait donner vie aux objets tandis que son mari était capable de créer ce qu'il voulait. Sa seule limite était son imagination.
La sœur jumelle de Mausole, Artémis avait le pouvoir d'enchanter avec sa voix.
C'est là que l'histoire se complique. Un jour, Mausole créa à partir de son don, la statue en bronze de l'homme parfait à ses yeux. Un homme si grand qu'il fut placé à l'entrée du grand port de la ville, comme « porte d'entrée » . Artémis, sa soeur en tomba amoureuse et demanda à Émirats de lui donner vie. Émirats savait que cela ne présageait rien de bon, mais sous la pression de sa belle-soeur, elle accomplit son vœu le plus cher. C'est ainsi que le colosse de Rhodes est né, en taille humaine, de la main de Mausole et Émirats. Il n'était qu'un simple terrestre, mais vivait paisiblement avec Artémis, sa femme.

À cette époque, la prophétie était déjà connue. Rapidement, tout le monde fut persuadé qu'ils étaient les jumeaux et wagens prophétiques, ne sachant pas que Rhodes, la statue vivante, était un terrestre. Ils furent poursuivis des années durant. Les quatre étaient à bout sans savoir quoi faire. Alors Mausole déclara à sa sœur, Artémis, qu'il avait accompli la plus belle réalisation de sa vie, et maintenant, il fallait qu'il se sacrifie. C'est ainsi que pour éviter d'être persécuté par cette réputation de la prophétie, Mausole se donna la mort. Pour que sa sœur soit heureuse avec son terrestre. En hommage à ce sacrifice, Émirats, sa femme et Artémis, sa jumelle, décidèrent d'ériger un monument à son effigie : le mausolée.

Les croyances terrestres pensent que la femme et la sœur de Mausole étaient une seule et même personne, ce qui est faux. Les deux femmes portaient simplement un prénom dont l'anagramme donnait le prénom de l'autre. De même, les terrestres pensent que le Colosse de Rhodes a disparu lors d'un tremblement de terre, alors qu'en réalité, il fut changé en humain par Mausole et Émirats.

Voilà pourquoi ces deux branches sont liées. Ils auraient été les premiers Nilées hypothétiquement prophétiques. »

Elle leva la tête pour lui demander :

- C'est vrai ?

- De quoi ? demanda aussi O'connor

- Ils sont à l'origine du Colosse de Rhodes et du mausolée ?

Il hocha la tête.

- Et... poursuivit Cassiopée... ils auraient été les nilées prophétiques ?

Il la sonda un instant avant de répondre :

- Personne ne peut l'assurer. Cette prophétie est très compliquée à comprendre et plusieurs hypothèses existent. Avec cette histoire de Rhodes et Mausolée, certains pensent qu'un terrestre pourrait être un wagen sans être un nilée. Les théories fusent de tous les côtés, surtout en termes de génétique. Et puis...si nous sommes effectivement les nilées prophétiques alors... il faudrait expliquer le fait que toi et moi – ça me tue de le dire, mais – nous sommes de parfaits wagens alors que ton frère est un « demi-wagen » pour nous deux. On peut se demander aussi s'il existe un autre « demi-wagen ».

- C'est compliqué cette prophétie...

- Tu l'as dit.

Il tendit l'oreille comme s'il avait entendu quelque chose puis continua :

- Qu'est-ce que je t'avais dit, Valentin nous attend dans son bureau.

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Beaucoup d'infos à accumuler, alors? alors? :D

Bon je n'ai plus besoin de vous dire que le mythe de Mausole "existe" vraiment ;)

Et merci à LawleyClifford pour sa pub/avis! Ravie que cela te plaise ! :)


A jeudi !

Ariel

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