Chapitre 34


Sans trop savoir pourquoi elle l'enlaça.

O'connor répondit à son embrassade en l'encerclant de ses bras. La tête collée contre son torse, elle entendit son cœur qui battait. C'était une preuve qu'elle ne rêvait pas, elle était en vie, mais...

- Taylor ?

- Ne t'inquiètes pas, Louis s'occupe de lui. Répondit-il d'une voix apaisée.

Elle entendit des pas s'approcher d'eux et la seconde d'après elle se retrouva dans sa chambre dans les bras d'O'connor. Selena les avait téléporté.

- Tu es épuisée, il faut que tu dormes.

- Non, je veux voir mon frère, insista-t-elle.

Il se détacha d'elle pour la regarder dans les yeux d'un regard posé :

- Louis peut guérir n'importe quelle blessure, c'est pour ça qu'Ervelyne et Skady ont pu...Tout faire. Alors ne t'en fais pas il va bien.

Cassiopée hocha la tête, rassurée.

- Aller, maintenant au lit.

Elle se glissa dans son lit, encore sonnée.

Lorsqu'elle se réveilla, elle remarqua Alex, assis sur sa chaise de bureau en train de lire. Il dut sentir son regard car il posa son livre :

- Comment tu te sens ?

Comment ? Il lui fallut quelques secondes pour faire le point.
Elle allait bien. Elle avait l'impression d'être plus légère et d'être apaisée. Mais elle se sentait aussi différente sans trop savoir pourquoi. À y réfléchir, il lui manquait un tout petit truc pour être parfaitement bien, mais ne pouvait poser un nom dessus.

Elle releva la tête vers O'connor. D'habitude, il aurait fait une remarque à son égard, mais là, il la regardait simplement.

- Je n'arrive pas à... 

Elle ne trouvait pas les mots.

- ... Différente, je me sens différente.

Il hocha de la tête et sourit. Un calme régnait dans la chambre.

- Bien, commença-t-il.

Sa voix était posée.

- Tu es prête à réessayer ? lui proposa-t-il

- Pourquoi ?

- Parce qu'on n'est pas sûr de ta faculté, avoua-t-il.

Elle hocha la tête et ils sortirent. Sur son chemin, toutes les personnes qu'elle croisait lui paraissaient différentes, comme s'il y avait des détails qu'elle n'avait jamais vu. Le trajet se fit en silence jusque dans les sous-sols. Sans savoir comme ils avaient été prévenus, elle retrouva tout un groupe de personnes : Peeter, Robert, Selena, Ervelyne, Skady, Sir Valentin et son frère. Elle courut vers ce dernier pour s'assurer qu'il était bien en vie. Cette embrassade lui fit un bien fou.

- J'ai cru que...

- Il va en falloir plus pour tuer un Wilson. Plaisanta-t-il.

Elle ne pouvait pas rire. Elle regarda les gens aux alentours, ils avaient l'air d'attendre.

- Ne me dites pas qu'on va recommencer la même torture que tout à l'heure...

- Ne t'en fais pas Cassiopée, la rassura Ervelyne.

Elle l'avait complètement oublié, elle et Skady. Sur le coup, elle était contente de les avoir fait souffrir, mais maintenant plus rien. Elle ne les avait pas tués, Louis avait dû les soigner. Elle reprit :

- Nous ne sommes pas certains de ta faculté, alors il faudrait que tu recommences. Sur moi.

- Quoi ? Sortit Cassiopée, surprise

Elle l'avait brûlée, elle et Skady, quoi de plus évident ?

- Entrons, veux-tu ?

Sa voix était toujours aussi douce.

Sans poser plus de questions, elle suivit la main d'Ervelyne, qui l'invitait à rejoindre la salle d'entraînement. Elle jeta un regard vers O'connor et Taylor, qui la rassurèrent d'un sourire.

La tente avait disparu, il n'y avait plus que la paroi en métal gris clair. Les deux femmes se firent face.

- Et maintenant ? Demanda Cassiopée

- Maintenant à toi de jouer. Il faut que tu retrouves ce que tu as senti ou vu et qui a déclenché ce feu.

Elle avait beau réfléchir, mais ne comprenait pas comment.

- Remémores toi ce qui s'est passé, l'aida Ervelyne.

C'était facile, on avait torturé son frère de différentes manières, simplement pour l'énerver et déclencher sa Révélation. Elle entendit une voix dans sa tête : « Concentre-toi sur les dernières secondes avant le feu ». Elle se tourna vers la baie vitrée : Sir Valentin. Il avait le point couvrant son menton et sa bouche. Il hocha de la tête pour confirmer que c'était lui qui avait parlé.

- On peut à nouveau faire joujou avec ton frère si besoin.

La phrase fit un quart de tour dans son cerveau, et la colère fusa dans son esprit. Lorsque Cassiopée jeta un coup d'œil à Ervelyne, cette dernière prit feu. On aurait dit une sorcière sur un bûcher. Les flammes jaunes dansaient autour des vêtements rouges de cette dernière. Elle se mit à crier comme auparavant et l'odeur de brûlé se fit sentir. Quand elle repensa à ce qu'elle avait dit, Cassiopée sentit sa colère augmenter tout comme les flammes qui faisaient rôtir la peau du cou de sa professeur. Des cloques commençaient à apparaître sur les joues d'Ervelyne.

Une main puissante lui attrapa le bras pour la retourner. Elle retrouva ces yeux bleus aux taches de marron qu'elle trouvait de plus en plus beaux. Et les cris s'arrêtèrent, l'odeur et les flammes disparurent. Le contact de ces yeux se brisa, et O'connor semblait regarder derrière elle. En se retournant, Cassiopée y découvrit une masse de rouge à terre, essoufflée. Elle réalisa l'horrible acte qu'elle venait de commettre. O'connor lui lâcha le bras.

Peeter entra en trombe dans la salle pour relever sa femme. Aussi surprenant, cela fut il, elle n'avait aucune marque, aucune brûlure. Physiquement, elle semblait aller bien. À y regarder de plus près elle les remarqua. Elle en avait vu un sur la tente quand son frère était sur le point de mourir. C'était de minuscules petits fils de plusieurs couleurs qui flottaient autour du corps d'Ervelyne. Il y en avait un rouge, un bleu presque transparent, un gris et pleins d'autres. Elle se rappela avoir eu l'impression de tirer sur un de ces fils quelques heures auparavant, juste avant que le feu ne se déclenche dans la tente. Par curiosité, elle tira mentalement sur le bleu. Un bruit sourd se fit entendre. Peeter et Ervelyne se figèrent. 

Ils regardèrent dans tous les sens à la recherche de l'origine du bruit, tandis que Cassiopée restait droite comme un i. Elle identifia avant eux, le bruit comme étant une vague qui déferlerait sur la pièce. Tandis qu'elle imaginait ce tsunami dans sa tête : énorme et puissante, une eau bleu foncée et tandis qu'elle imaginait les détails, il se réalisa. Une immense vague surgit de nulle part et s'abattit sur le couple. Tétanisés, ils se mirent tous les deux à nager pour se maintenir hors de l'eau. L'eau bleu agitée avait envahit la pièce circulaire sauf un carré transparent ou se tenaient Cassiopée et Alex. Sans savoir pourquoi, Cassiopée se demanda si elle pouvait remplir entièrement la salle. La seconde d'après le niveau commençait à monter. Entre temps Peeter et Ervelyne, s'étaient enlacés tenant de résister au courant de l'eau, mais elle n'en avait que faire. Ils étaient secondaires voire insignifiants à sa scène. L'eau continuait à remplir la salle circulaire.

Pendant qu'elle les observait, Cassiopée vit deux fils gris clignoter sur chacun des Wagens de la Matière. Une fois de plus, elle s'imagina tirer dessus, la seconde d'après Peeter se transforma en statue de métal. Comme la logique le veut, il coula instantanément au fond de l'eau :

- Peeter !

La voix d'Ervelyne déchirait le peu d'air qui restait dans la salle. Dans leur cabine transparente, Cassiopée pouvait voir le biker se débattre en vain pour remonter à la surface.

- Peeter !!

Les larmes de sa professeur se mélangeaient à l'eau aussi agitée qu'un jour de tempête tandis que Peeter semblait avoir du mal à respirer. Il commençait à manquer d'air d'après son expression faciale. Mais cela n'atteignait pas Cassiopée.

Une voix ferme mais douce lui chuchota :

- Cassiopée.

Instantanément, l'eau disparut, Ervelyne retrouva le sol et Peeter reprit sa forme humaine. Cassiopée réalisa à nouveau ce qu'elle venait de faire, c'était affreux. Comment avait-elle pu ? Ils s'enlacèrent et pleurèrent ensemble dans leurs vêtements secs. Même le biker menaçant pleurait à chaudes larmes.

- J'ai cru que tu allais mourir... Confessa Ervelyne.

Elle tentait de calmer ses pleurs pour parler, nichée dans le cou de son mari.

- J'ai cru que j'allais te perdre... Continua-t-elle.

Même s'il pleurait aussi, Peeter tenta de rassura son âme sœur :

- Je suis là, pour toujours et à jamais, Erv.

C'en était touchant. Cassiopée se tourna vers le blondinet à ses côtés :

- Qu'est-ce que j'ai fait Alex ?

Celui-ci obnubilé par la scène de ses professeurs, les sourcils froncés ne répondit pas tout de suite. Cassiopée ne sachant quoi faire, se tourna vers le couple :

- Ervelyne, Peeter, je suis désolée, je...

Elle commença à s'approcher d'eux, mais Peeter lui fit stop de la main :

- Tu devrais t'en aller Cassiopée Wilson.

Ces mots furent comme un poignard. Elle savait qu'elle était responsable de ce qui venait de se passer, mais elle ne l'avait pas senti sur le coup. Elle n'avait rien senti. Déconcertée, elle se dirigea tel un robot vers la porte. Elle retrouva Robert, Selena, Sir Valentin et Taylor, silencieux. Elle les regarda comme si elle attendait que l'un d'entre eux dise quelque chose, mais ce ne fut pas le cas. Tout ce qu'elle voyait, c'était le regard effrayé de Robert et Selena, l'incompréhension de son frère et l'abscence d'expression du directeur.

 Gênée, elle s'enfuit vers le seul endroit qu'elle trouvait réconfortant : le divan de la bibliothèque. Une fois assise et essoufflée, tout ce qu'elle aurait du ressentir afflua : elle ressentit de la colère pour s'être emporté comme ça, du dégoût pour elle-même qui avait fait subir ça à ses professeurs et de la honte de n'avoir pu s'arrêter. Elle se sentait mal, elle était en manque, mais de quoi ?

C'était le pire des sentiments, être en manque de quelque chose qu'elle ignorait, ce même sentiment bizarre qui vous envahissait quand vous aviez oublié quelque chose sans trop savoir quoi. La tête enfouie dans ses genoux repliés, elle l'entendit arriver, nul besoin de relever la tête pour savoir qu'il s'agissait d'un blond télépathe. Étonnamment, sa présence la réconfortait un peu dans ce torrent de sentiments. Cette fois-ci, elle ne lui fit pas de place, mais il réussit à en trouver en face d'elle, là ou ses jambes auraient dû s'étendre. 

- Et là, comment vas-tu ?

- Qu'est-ce que ça peut te faire O'connor ? Railla-t-elle, la tête toujours enfouie.

Elle s'était peu à peu apaisée même si quelques reniflements s'échappaient.

- Bon, il est évident que tu ne vas pas bien. Mais... tu vas mieux depuis une minute non ?

Elle fit un tour de son état émotionnel. Ses sentiments s'étaient légèrement apaisés, mais il y avait toujours cette gêne comme s'il lui manquait ce quelque chose... Elle hocha de la tête et il poursuivit:

- Qu'est-ce que tu as ressenti dans la salle tout à l'heure ?

Elle releva la tête, à la recherche d'un indice de ce qu'il sous-entendait. Mais rien. Aucune émotion ne transparaissait de son visage.

- Que veux-tu...

- Quand tu as fait apparaître cette vague et quand tu as compris ce que tu faisais, qu'est-ce que tu as ressenti ?

Elle réfléchit.

- Rien, je n'ai rien ressenti, c'est bizarre et horrible, je sais, mais...

Le regard d'O'connor se reporta sur le jardin dehors, il semblait réfléchir.

- Tu n'es pas intriguée par ta faculté ?

- Je ne veux pas savoir, elle est horrible et fait de moi quelqu'un sans cœur.

- Et tu veux savoir pourquoi tu ne ressens rien ?

- Tu le sais ? Demanda-t-elle intriguée

- Je pense...


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