Chapitre 30
Les deux derniers jours de la semaine furent similaires à ce qu'elle avait connu : des cours normaux le matin, des options fascinantes et des stimulations stressantes avec Peeter sans succès. Jeudi, elle retrouva Ludmille, la nilée qui détecte les peurs, et Finner, le séduisant roussalka, où une simulation de noyade avait eu lieu dans la rivière. A part en sortir trempée sous les rires d'O'Connor, rien n'avait changé chez Cassiopée. Le vendredi ce fut Perséphone, qui joue avec la météo et à nouveau Ludmille qui assistèrent à sa congélation dans la salle d'entrainement, en vain. Aussi frustrée que Peeter, ce dernier accorda une journée de répit avant de « s'y coller d'une autre façon » dimanche, selon ses dires. Tous les jours elle s'était vue mourir d'une façon différente pour la provoquer. Mais Cassiopée commençait à désespérer et se demandait si elle n'était pas réellement une ex nihilo.
Alors que la semaine touchait à sa fin tout comme leur diner, Selena attrapa la main de sa coloc de l'autre côté de la table :
- On y va ? proposa-t-elle avec un sourire d'enfant
- On va où ? demanda Cassiopée, intriguée
- Ce soir on fête la rentrée, qui est l'une des plus grosses fêtes de l'année .
- Mais attend, une fête pour tous les étudiants ? Lycéens et collégiens ?
- Non, répondit Selena. Cette salle est réservée aux lycéens, les collégiens en ont une autre, avec des soirées plus sobres.
- Mais comment peuvent-ils savoir qui est qui ?
Selena reprit son air d'étudiante pour faire une leçon à Cassiopée:
- Mme Adelaïde, professeur à l'école, a crée des filtres de restrictions. C'est son don. Tu traverses la salle de fête des lycéens alors que tu es un collégien et tu te fais expulser à l'autre bout du couloir. C'est le même filtre qui empêche les garçons d'entrer dans notre couloir après 22h ou le filtre qui empêche Alex de lire dans les pensées des profs.
- J'adore son pouvoir ! commenta Cassiopée
Cependant elle n'avait pas le cœur à faire la fête, elle voulait juste se changer les idées. Un gros bouquin marron l'attendait là-haut et elle voulait passer sa soirée avec.
- C'est gentil, mais je préfère me reposer avant demain, j'ai une nouvelle tentative de Révélation.
- Aller Cassie ! Tu te reposeras demain matin !
Même si son amie insistait, elle déclina l'offre.
Une fois dans sa chambre avec sa coloc qui se préparait, Cassiopée s'installa sur le rebord de sa fenêtre, qui donnait vue sur le coucher du soleil. Selena tenta à nouveau de la convaincre, mais rien n'y faisait, elle n'était pas d'humeur. Quand elle se retrouva seule, elle récupéra « Mythologie niléenne » et redescendit dans la bibliothèque vide à une heure aussi tard. Elle monta à l'étage pour s'installer sur l'un des divans sous les fenêtres. Elle ouvrit le sommaire à la recherche du chapitre qui pourrait l'aider mais fut attirée par le titre d'un dernier chapitre : « Les Genetical Warriors ». Elle avait entendu ce mot à plusieurs reprises ayant eu une explication rapide mais elle avait envie, ce soir, d'en apprendre plus sur ce type de personnes mythiques semblait-il puisqu'ils étaient dans le livre.
Le chapitre commençait par une explication similaire à celle d'Ervelyne. Sur Terre, se trouve des personnes qui se complètent en terme d'ADN. L'un des signes visible de cette complétude est la complémentarité ou l'opposition de leurs facultés. Le livre expliquait bien que chacun pouvait rencontrer un nilée avec une faculté qui lui était opposée mais cela ne signifiait pas qu'ils étaient des genetical warriors.
« Deux wagens, doivent être compatibles jusqu'au plus profond de leur être, jusque dans l'ADN parfaitement opposé. L'ADN et ses composants étant extrêmement compliqués, les wagens étaient très rare. »
Le chapitre se poursuivit par l'héritage terrestre qui avait su créer différents mythes : la légende du fil rouge du destin en Asie qui raconte qu'un fil relie deux être destinés à s'aimer, quelle que soit la distance ou même les différences de richesse. Ce fil invisible peut s'étirer ou s'emmêler mais jamais il ne cassera.
Plus loin, elle lut la description de la notion d'âme sœur de Platon. Dans ses écrits il raconte qu'auparavant nous avions une tête à deux visages, quatre jambes et quatre mains parfaites : chacun avait le partenaire idéal cousu à lui même.
« A cette époque, Platon rapporte que le manque n'existait pas ni le désir d'une autre personne puisque chacun était satisfait. L'orgueil poussa les dieux à couper par la moitié tous ces êtres, rendant les gens misérables et tristes. De cette manière les dieux voulaient infliger la pire des sensations aux hommes : l'incessante sensation d'incomplétude. C'est ainsi que les humains passeraient leur vie à chercher inlassablement cette autre moitié. »
Le chapitre continua ainsi relatant les différentes versions des genetical warriors, ou wagens pour faire court, qui existaient dans le monde. Il était écrit explicitement qu'en transmettant cette légende, les terrestres avaient associé les wagens à de l'amour et non plus à la notion de complétude parfaite. Bien que la plupart des wagens connus s'étaient unis dans l'amour, cela n'était pas une obligation. Après avoir lu toutes ces versions terrestres des wagens, elle avait besoin de souffler.
Son regard se dirigea vers la fenêtre où elle observa le jardin éclairé par la lune. Elle n'y voyait presque rien et regarda le ciel, il était magnifique. La lumière de la Lune couvrait la majorité des étoiles mais quelques unes résistaient avec leur propre lueur. Cela faisait déjà un moment qu'elle était ici car la lune avait complètement changé de position . Elle fut arrachée à sa contemplation par quelqu'un qui s'installa nonchalamment à l'opposé d'elle. Les pieds du nouvel arrivant reposaient près du buste de Cassiopée et vice versa. Il prit ses aises et la regarda d'un sourire cynique dessiné sur le visage :
- On bosse toute la semaine ; le seul moment où l'on relâche tous la pression c'est ce soir et toi tu viens encore étudier.
- Tu n'as qu'à y rester à ta soirée O'connor, rétorqua Cassiopée, mécontente.
- Je te dérange ?
- Non pas du tout, répondit-elle ironiquement.
- Tu lis quoi ?
- « Comment torturer un imbécile malotru qui mérite plus que des claques ».
Il ne dit rien.
Ayant replié ses jambes, O'connor ne pouvait voir la couverture de son livre. Profitant de l'espace libérée par les jambes de Cassiopée, il se replaça sur le divan pour être plus à l'aise. Comme elle l'ignora, Il s'assit pour attraper le bouquin que Cassiopée tenait entre les mains, quand il reconnut le livre marron. Il afficha un sourire bizarre et s'allongea à nouveau. Cassiopée trouvait cette attitude plutôt étrange de la part de son camarade. Elle l'observa pendant de longues secondes tandis qu'il faisait semblant de se concentrer sur quelque chose dehors.
- Tu comptes retourner à la fête ?
- Pas pour l'instant.
- Dans ta chambre alors ? tenta Cassiopée pour lui montrer qu'elle ne voulait pas de lui ici.
- Pas pour l'instant, répéta-t-il.
- Qu'est-ce que tu m'agaces, souffla-t-elle entre ses dents.
- Je ne fais rien à ce que je sache, dit-il sur un ton calme.
D'habitude il l'aurait dit sur un ton méprisant mais le son de sa voix apaisée la perturbait encore plus :
- Tu m'agaces juste à être là, je sais pas ce que tu mijotes mais je ne me ferai pas avoir !
Il pouffa et reporta son attention dehors. Elle aurait pu changer de divan mais elle était là la première donc hors de question. Et puis après tout il ne faisait rien alors autant reprendre la lecture.
La suite du livre expliquait que sept branches de wagens étaient répertoriées. Des duos aux pouvoirs similaires se réincarnaient tout au long de l'histoire et pouvaient donc être rattaché à l'une des sept branches. Il ne pouvait exister qu'une réincarnation d'une branche à la fois. Jusqu'à présent, la réincarnation des sept wagens n'avait encore jamais existé en même temps. Encore, le livre répétait que deux facultés opposées ou complémentaires ne suffisaient pas à identifier des wagens. S'en suivit une description de chaque branche et des duos de wagens les plus connus :
« Première branche : la matière
Couple le plus connus : Meng Jiang Nu (F) et Fan Xiliang (M)
L'histoire raconte la vie du couple chinois Meng Jiang Nu et Fan Xiliang, plusieurs siècles avant J.C. Ils vécurent heureux pendant plusieurs années, notamment grâce à la capacité de Fan Xiliang à maîtriser plusieurs matières. Il construisit pour son foyer une maison en bois, renforcée quelques années plus tard avec du métal. Avec de la soie et de la laine il fabriqua de magnifiques vêtements pour sa femme Meng Jiang Nu.
Un jour, Fan fut envoyé de force pour construire la Muraille de Chine. Après avoir attendu trois mois le retour de son cher mari, Fan Xiliang, Meng Jiang Nu décida d'aller à la Grande Muraille le chercher. Elle marcha des jours entiers jusqu'à user ses chaussures et souffrir de mille maux. Quand elle arriva devant la Muraille de Chine elle découvrit tous les hommes qui se tuaient à la tache. Lorsqu'elle demanda à voir son mari, elle apprit qu'il était mort trois jours auparavant et qu'il fut enseveli dans les fondations de la Muraille. Dévastée, Meng Jiang Nu se rendit à l'endroit où il était enterré. Elle s'avachit sur la pierre et pleura toutes les larmes de son corps, si meurtrie de ne pouvoir voir son mari une dernière fois. Elle pleura tellement de désespoir que la pierre s'effondra là où elle se trouvait, et sous ses yeux apparu le corps sans vie de son mari. C'est ainsi qu'elle découvrit qu'elle contrôlait la pierre, seule matière que son mari ne pouvait maîtriser. »
Cassiopée était bouleversée par ce qu'elle venait de lire. Elle ne savait pas par quoi commencer. Elle avait toujours entendu parler de la Grande Muraille de Chine, si célèbre pour avoir défendu l'Empire chinois contre les invasions mais elle n'avait jamais entendu parler de cette histoire si triste et si belle.
- Le chagrin, sortit-elle d'un coup.
Sortant de ses gonds, O'Connor se tourna vers elle l'interrogeant du regard.
- Le chagrin c'est ce qui la révélé, poursuivit Cassiopée le regard dans le vide.
- Le premier couple de wagens, en déduisit O'connor.
**************************************************************
En ce qui concerne les mythes employés ici, ils existent tous et ont simplement été légèrement modifiés : Le Fil Rouge, l'âme sœur de Platon et le mythe de la Muraille de Chine. :)
Ariel
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top