Chapitre 10


Le monde s'était arrêté de tourner tout comme son cerveau. Qu'est-ce que ses parents lui avaient encore caché ? Quelle était la prochaine surprise comme le disait Robert ? Taylor tenta de la rassurer :

— Je sais que ça n'est pas facile...

— Évidemment que ça n'est pas facile ! Je me fais kidnapper en pleine soirée, je portais un mec comme vêtement, je me retrouve le lendemain en Australie pour découvrir que vous avez tous des super pouvoirs. Maintenant je découvre un frère caché, c'est quoi la suite ? Je vais devoir me marier avec le goujat de service ? finit-elle en montrant vulgairement O'Connor de la main.

Elle était à la limite du pétage de plomb. Cassiopée avait tenté d'être calme et compréhensive face à tout ce qui lui arrivait mais là c'en était trop et elle s'en rendit compte lorsque plus aucun bruit ne se produisit dans le réfectoire.

— De un, je ne t'ai pas kidnappé, je t'ai déjà dit que personne ne voudrait de toi. De deux, d'où je suis un goujat ? Et de trois, je ne me marierai jamais avec toi, plutôt crever !

Elle n'en revenait pas, après tout ce qu'elle traversait, il osait encore la rabattre. Selena les prit de court :

— Allons parler de tout ça ailleurs, s'il vous plaît.

La brunette attira tout le monde dehors, dans une partie du jardin près de la rivière. Il n'y avait personne aux alentours, étant donné l'heure. Seul le clapotis de l'eau contre les quelques rochers se faisait entendre. Cassiopée fixait celui qui clamait être son frère jumeau.

— Qu'est-ce qui me prouve que tu l'es vraiment ?

— Euh...intervint Robert. C'est évident, je l'avais dit quand je t'ai vu Cassie, vous vous ressemblez, il n'y a aucun doute.

La scène de leur rencontre lui revint en mémoire et cela expliquait les réactions étranges de ses amis à ce moment. C'était fou comme tout prenait sens au fur et à mesure qu'elle en apprenait plus sur ce monde.

— On va vous laisser un peu, annonça Selena.

Robert et O'Connor la suivirent en s'éloignant quelque peu, leur laissant une certaine intimité.

— Will et Lawrence Wilson sont nos parents. Tu es né un quinze avril deux mille douze, comme moi. Tu passes l'année avec notre mère et les vacances avec notre père et moi l'inverse.

Taylor cherchait de quoi la convaincre mais il semblait avoir des difficultés :

— Tu as attrapé la malaria quand tu étais petite et c'est à ce moment que j'ai appris ton existence. C'était par inadvertance, je n'aurais jamais dû mais le mal avait été fait. Depuis, je sais beaucoup de choses sur toi. Tu aimes le calme malgré ton tempérament de feu, tu n'aimes pas les petits pois, tu...tu es plus proche de papa que de maman contrairement à moi. Je ne sais pas, peut-être que c'est parce que nous voyons l'autre parent moins fréquemment.

C'était une sensation très étrange de l'entendre dire ça, comme si on l'avait épié toute sa vie et qu'on lui faisait vent de ses habitudes et de son mode de vie. Un frisson de gêne lui parcourut l'échine.

— C'est injuste, déclara-t-elle frustrée. Pourquoi tu savais que j'existais et pas moi.

— Je te l'ai dit, ce n'était pas prévu. C'était l'été où tu es tombée malade, j'ai surpris une conversation de nos parents et j'ai découvert qui tu étais. C'est d'ailleurs toi qui m'as révélé, sourit-il.

N'ayant pas encore assimilé toutes les notions, la confusion dû se lire sur son visage :

— Quand j'ai appris que j'avais une sœur, je suis entré d'une fureur telle que ma faculté s'est révélée. Je rageais contre nos parents de m'avoir caché ton existence et cela s'est répercuté sur maman qui a subit mon don.

— Et quel est-il ?

Bien que tendue, Cassiopée sentit d'un seul coup qu'elle s'apaisait, elle se sentait bien comme dans un cocon de nuage, déclenchant un sourire béa :

— Je contrôle les émotions. Si je veux que tu te sentes bien, j'en suis capable, tout comme d'influer de la colère chez quelqu'un.

Rapidement ce sentiment disparut mais Cassiopée commençait à se détendre. Le fait qu'elle se sente insensible comme vide émotionnellement parlant venait sûrement de sa séparation avec Taylor, c'était forcément lié. Malgré tout, elle avait du mal à assimiler l'idée. Quand une illumination se déclencha dans le regard de son interlocuteur :

— La porte à clé. Chez papa, comme chez maman quand j'y allais. Il y a toujours une porte à clé quand tu y vas n'est-ce pas ? Il s'agit de ma chambre. Avant, ils faisaient pareil avec la tienne, à l'époque où je ne savais pas que tu existais.

Bizarrement ce fut l'information de trop. C'en était trop à accumuler, désormais elle ne voulait qu'une chose c'était se réveiller de ce doux cauchemar. Elle avait la tête pleine d'informations qu'elle ne voulait que recracher. La bile lui montait dans la gorge et la nausée se faisait plus forte. Il fallait qu'elle change d'air. Cassiopée se tenait déjà à l'extérieur du château, mais elle avait l'impression d'étouffer. C'était un autre air frais qu'il lui fallait. Taylor dut ressentir qu'elle n'allait pas bien car Cassiopée remarqua un échange silencieux entre lui et leurs amis postés plus loin. La seconde d'après, Selena se matérialisa :

— Viens.

À peine eut-elle le temps de cligner des yeux, qu'elles se trouvaient dans une clairière. L'ambiance était différente notamment grâce aux arbres vertigineux suffisamment espacés pour y laisser pénétrer la lumière. Un petit coin d'eau lui faisait face ce qui fit comprendre à Cassiopée qu'elle était assise sur un banc en pierre, au rebord de ce bassin d'eau clairvoyant.

— Le château est là-bas.

Son amie pointa du doigt l'immense bâtisse derrière elle.

— Prends ton temps.

Selena lui adressa un dernier sourire rassurant avant de se volatiliser. Un silence vivant résonnait autour d'elle, cela provenait de sa respiration mais aussi de celle des animaux et de la végétation. Selena avait trouvé l'endroit idéal pour qu'elle s'apaise et Cassiopée réalisa que c'était la première fois depuis un long moment qu'elle était seule. En dehors des moments où elle dormait, elle avait toujours été accompagnée par quelqu'un, cela ne l'avait pas dérangé auparavant mais maintenant elle se rendait compte à quel point cela lui faisait du bien d'être seule et de lâcher prise.

La jeune fille ferma les yeux se concentrant sur l'eau, les mouvements de la faune et de la flore. Peu à peu son esprit divagua, retraçant les évènements, ces dernières acquisitions. Elle avait un frère jumeau qu'on lui avait caché. Mais pourquoi ? Encore une question sans réponse pour l'instant. Comment devait-elle agir en sa présence ? Que devait-elle lui dire ? Cassiopée chassa toutes ces questions de son esprit, le vidant complètement. C'était apaisant.

Jusqu'à ce qu'un craquement sonore se fasse entendre, comme une branche qui cède sous la pression. Cassiopée se retourna. Pour la première fois, elle sentit le sang battre contre sa tempe. C'était étonnant, comme si ses émotions prenaient peu à peu vie.

Elle balaya les alentours sans aucun signe de vie autre que les animaux invisibles. Ce bruit n'était rien mais il suffit à Cassiopée pour qu'elle retourne au château.

Une fois dans le hall, à sa grande surprise, Taylor l'attendait l'air penaud mais le sourire bienveillant. Elle ne savait pas trop quoi lui dire alors elle se contenta de l'éviter dans le but de rejoindre sa chambre mais c'était sans compter son frère qui la retint :

— Écoute Cassiopée, je sais ce que ça fait d'atterrir dans un monde qui nous est étranger, où l'on se sent trahi. J'étais en colère comme toi d'apprendre ton existence, d'apprendre la vérité sur tous ces mensonges mais...je suis là et cette fois-ci pour toujours. Nous sommes enfin réunis, plus fort qu'avant et plus rien ne pourra nous séparer maintenant. J'en suis intimement convaincu et j'espère que tu le seras aussi.

En fin de compte, elle avait toujours su qu'il lui manquait quelque chose, alors oui, elle le sentait au fond que Taylor était cette partie manquante mais elle n'était pas encore prête à l'accepter.

— Je pense que je vais aller me coucher.

— Bien sûr, prends ton temps. Est-ce que je peux au moins t'accompagner ?

La jumelle acquiesça et le trajet jusqu'aux dortoirs se fit dans le silence le plus complet. Intérieurement elle le remerciait de n'avoir rien dit de plus, elle n'aurait pas supporté une autre information à l'heure actuelle. Tout ce qu'il lui fallait c'était un peu de repos pour tout assimiler avant de passer à autre chose. Taylor la laissa devant sa porte et Cassiopée se coucha dans son nouveau lit, sombrant dans un sommeil qu'elle espérait réparateur.


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Statut : réécrit - en attente de correction

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