Chapitre 31 ➳ Le jour fatidique
PDV de Jojen
Je me débattis comme je le pus, tentant de m'accrocher à n'importe quoi qui traînerait sur le sol enneigé, en vain. Je commençais à paniquer malgré le fait que cela faisait des mois pour ne pas dire un an que je me préparais à cette journée fatidique. Néanmoins la peur de mourir restait présente, me demandant de m'accrocher à la vie.
J'entendis les cris de ma sœur, Bran et Hodor, ainsi que le hurlement de Cora. Il me semblait avoir entendu un autre hurlement dans la mêlée, mais je n'en étais pas du tout certain à cause des sons rauques que poussaient les Marcheurs Blancs.
La fourrure de mon manteau était pleine de poudreuse et un peu de neige vint même s'infiltrer dans ma bouche, laissant ma langue et mon palais plus froids que jamais. Je me retournais et écarquillais les yeux d'horreur en voyant le Marcheur Blanc qui me tirait m'attendre depuis son trou. Il semblait sourire de contentement.
Soudain, des bras m'attrapèrent, me tirant en avant tandis que j'étais toujours tiré en arrière. Je levais les yeux pour voir Osha me tenir. Bientôt, Hodor vint l'aider et il me sembla que la prise sur ma cheville s'atténuait. Du coin de l'œil je vis Meera s'approcher de mon agresseur, un couteau à la main. Mais d'un geste vif, il envoya son arme valser quelques mètres plus loin, laissant ma sœur stupéfaite. Elle me jeta un coup d'œil apeuré, d'autant plus lorsque le Marcheur Blanc me tira d'un coup en arrière, faisant lâcher Osha et partir en avant Hodor.
- Lâchez-moi ! Il va vous tuer ! leur criais-je.
- Jamais ! hurla ma sœur.
Elle vint se placer auprès de Hodor, l'aidant malgré sa faible force. Je distinguais du mouvement du coin de l'œil et priait pour qu'il ne s'agisse pas d'autres Marcheurs, auquel cas nous serions tous perdus. Lorsque la flèche siffla dans les airs avant de venir se ficher en plein dans l'œil glacé de mon agresseur, mon cœur fit un bond dans ma poitrine. Je restais étendu sur le sol enneigé, sous le choc. Mes amis me secouèrent avant de me relever. J'étais à peine sur pieds que des lèvres bien connues se posaient sur les miennes avec ardeur. Mais je n'eus pas le temps de réagir car elles quittèrent mes lèvres aussi vite qu'elles les avaient collées. Je titubais légèrement tandis que Luna me tournait déjà le dos, tirant sur d'autres Marcheurs Blancs qui venaient droit sur nous. Elle nous fit signe de la suivre en restant près d'elle et alors qu'un autre Marcheur surgissait de nulle part pour m'attaquer, Mystic déboula et lui sauta dessus, le déchiquetant. Cora retroussa les babines lorsqu'un autre s'essaya à son tour. Ainsi, nous formions un petit groupe, entourés par les deux loups géants, Luna ouvrant la voie devant nous. Meera la rejoignit afin de l'aider car nos ennemis se faisaient de plus en plus nombreux. Elles visaient juste, comme poussées par une force invisible.
- Ma force, c'est toi.
Je frissonnais à l'entente de cette voix dans ma tête. Ses pouvoirs s'étaient encore améliorés puisque maintenant elle arrivait à lire dans mes pensées. Elle était incroyable.
Je revins rapidement à la réalité lorsqu'une explosion retentit non loin. C'était des Marcheurs Blancs qui se matérialisaient de parts et d'autres de la clairière, courant ensuite vers nous. Luna et Meera avaient de plus en plus de mal à tenir le rythme effréné que leur imposaient les Marcheurs, leurs flèches quittant leurs carquois à une vitesse ahurissante. Je voyais leur stock s'amenuiser de plus en plus. Bientôt, il ne resterait plus aucun moyen de défense.
- Courez ! On vous couvre ! hurla Luna en se tournant vers nous.
Ni une ni deux nous passâmes devant elles, nous précipitant vers le fond de la clairière où, je le savais, se tenait l'Arbre Sacré. Lorsque je passais à côté de Luna, je ne pus m'empêcher de serrer sa main durant de brèves secondes. Nos regards se croisèrent et je ne pourrais dire lequel de nous deux cherchait le plus de réconfort dans le regard de l'autre.
Hodor courait plusieurs mètres devant moi, Bran sur son dos. Osha les suivait de près, tandis que Cora me collait toujours, prenant soin de moi telle une mère louve avec son petit. Mystic restait près de Luna, la protégeant, même si je voyais qu'il gardait un œil sur nous. Sans doute Luna lui avait-elle demandé.
Nous arrivions au bout lorsque Hodor trébucha, faisant tomber Bran de son dos. Le petit leur ordonna de continuer mais ils ne l'écoutèrent pas. Osha fut la première à le rejoindre. Mais lorsqu'elle essaya de le porter, une sorte de liane l'attrapa, le tirant violemment en arrière. Bran et moi crièrent son nom mais je me résignais à l'aider lorsque je vis que c'était un Marcheur Blanc qui l'avait eue et que j'étais trop loin pour arriver à temps. Elle criait, tentant de s'accrocher à quelque chose comme je l'avais fais. Mais tout ce qu'elle réussissait à faire, c'était griffer la poudreuse, laissant un trait fin derrière elle.
Je me ruais vers Bran et le soulevais rapidement, le mettant sur le dos de Hodor.
- Laisse-moi aller l'aider ! me cria-t-il.
- Je suis désolé, c'est trop tard Bran, répondis-je dans un souffle.
Et sous nos yeux, le Marcheur Blanc tua Osha, qui nous regarda une dernière fois avec que sa tête ne s'écroule dans un fracas sinistre. Bran hurlait et je sentis une main attraper la mienne.
- Jojen il faut y aller, on n'a plus de flèches ! s'alarma Luna en me tirant.
Je hochais la tête, encore sous le choc. Une amie était morte, et je n'avais pas pu l'aider. Je regardais Luna. Elle non plus, je ne pourrais pas l'aider comme je l'avais voulu. Je m'arrêtais brusquement de courir et la brune manqua tomber.
- Qu'est-ce que tu fous ? Cours ! me pressa-t-elle.
- Ça ne sert à rien Luna, regarde.
Elle tourna la tête vers l'endroit que je lui montrais, c'est à dire tout autour de nous. Les Marcheurs Blancs nous encerclaient. L'accès à la grotte menant à l'Arbre était bien sûr dégagé, mais je savais que tant que l'un d'entre nous n'aurait accompli aucune action, les Marcheurs nous bloqueraient, nous tombant dessus.
- Aujourd'hui tu m'as prouvé qu'on pouvait modifier le cours des choses. Mais on ne peut pas échapper indéfiniment à son destin Luna.
- Que... Qu'est-ce que tu veux dire ?
- Je dois mourir. C'était écrit comme ça. Et même si ce n'est pas comme dans le rêve, il faut que ça se passe. Je dois me sacrifier, pour que vous arriviez au bout de votre quête.
- Jojen, tu ne peux pas faire ça ! Ma seule quête était de te maintenir en vie.
- Et tu l'as très bien réussi. Mais c'est mon choix Luna. Tant que je serai là, tu ne pourras pas accomplir ta véritable quête.
Elle n'eut pas le temps de protester, je me dirigeais déjà vers les Marcheurs d'un pas décidé. Je l'entendis crier mon prénom mais d'un geste de la main je la bloquais avec mes pouvoirs, créant un mur de feu.
Plus j'avançais et plus la peur se faisait sentir dans tout mon être. Mon corps me criait de faire demi-tour, de prendre mes jambes à mon coup. Mais j'étais obstiné, c'était bien connu. Surtout lorsqu'il s'agissait de protéger ceux que j'aimais.
Alors je me plantais devant les monstres, mes pieds bien ancrés dans le sol.
- Allez, venez ! hurlai-je, la voix rageuse mais légèrement tremblante.
Ils ne se firent pas prier et me foncèrent dessus. Et, au dernier moment, je tournais la tête vers Luna, désolé. Lorsque le couteau s'enfonça dans mon dos, je me retins de crier, ce que Luna ne fit pas. Je tombais tandis que le bruit des flammes s'était coupé. Bientôt, j'entendis les Marcheurs Blancs tomber à leur tour et je tournais légèrement la tête sur le côté pour les voir carbonisés.
Quelques instants plus tard quelqu'un me retourna sur le dos et s'accroupit, posant ma tête sur ses cuisses. Je souris, sachant pertinemment de qui il s'agissait.
- Tu as réussi..., murmurais-je avant de m'étouffer.
- Chhhhht, tais-toi, garde des forces ! me supplia-t-elle en sanglotant.
- Ça ne sert à rien Luna, tu le sais aussi bien que moi.
- Jojen... Tu peux pas... Tu peux pas m'abandonner. J'ai besoin de toi, pleure-t-elle.
Je souris et passe ma main derrière la nuque de la brune, qui se penche alors, sous la pression qu'exerce ma main sur son cou. Des larmes coulent sur mes joues. Encore une fois, je n'arrive pas à rester fort alors qu'elle en a besoin.
- Je ne t'abandonnerai jamais. Je serais toujours auprès de toi, lui murmurais-je.
Et, dans un dernier effort, je me redressais péniblement, sentant mon esprit devenir vide, et posais délicatement mes lèvres sur celles de celle que j'aimais, profitant de ce dernier moment auprès d'elle.
- Merci..., susurrais-je contre ses lèvres.
Et je fermais les yeux pour de bond, quittant la vie. Ma vie.
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